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Editorial |
Eric Bruillard Rédacteur en chef
Que dire de l’année 2011 en termes de nouveautés dans le
domaine couvert par STICEF ? Indubitablement, le succès des smartphones et des tablettes est à retenir. Alors
qu’à propos des technologies informatiques dans
l’éducation l’intérêt politique
commençait à diminuer, ces objets mobiles l’ont
relancé. On ne compte plus les opérations destinées
à promouvoir ou observer l’intérêt éducatif de
ces objets communicants, vecteurs d’espoir de changements des
systèmes d’enseignement et de formation. Ils permettent de
renouveler les thématiques de recherche sur les technologies
éducatives one to one, c’est-à-dire dans un contexte
où chaque apprenant possède son propre dispositif, pendant que se
poursuivent le déploiement massif des instruments de présentation
collective que sont les tableaux numériques interactifs (TNI ou TBI) et
la généralisation croissante, dans tous les segments de
l’éducation, des portails ou systèmes d’information
que sont les environnements numériques de travail (ENT). La diffusion
d’instruments individuels mobiles, leur utilisation tant dans les
établissements de formation qu’à l’extérieur,
peuvent conduire à repenser nos cadres de recherche. En tous cas, elles
invitent à des recherches pluridisciplinaires ou interdisciplinaires,
caractéristiques de notre champ.
D’autres éléments de nouveauté peuvent
également être soulignés, comme le développement des
questions de pédagogie universitaire, souvent associé à
l’utilisation des technologies informatiques, ainsi que la prise en compte
de l’enseignement de l’informatique en lycée et
peut-être prochainement au collège. Ces deux thématiques
sont explorées dans le présent recueil, par ailleurs plus fourni
que ceux des années précédentes.
Ajoutons que sur la question de l’enseignement de l’informatique,
il peut être utile de consulter la revue Epinet qui donne
régulièrement des informations sur les initiatives en cours et
propose de nombreux articles. Le concours Castor informatique, lancé en
France en novembre 2011 et qui a concerné plus de 46 000
élèves, aurait pu être présenté dans ce
recueil, mais il a donné lieu à des articles sur d’autres
supports, notamment dans un e-dossier de l'audiovisuel de l’INA
consacré à « l'éducation
aux cultures de l'information ». Par ailleurs, ce e-dossier
propose d’autres contributions qui permettent de situer
l’informatique, en tant que discipline, et sa didactique ; elles
pointent aussi des relations à établir entre culture informatique,
culture des médias et culture informationnelle.
Contenu du recueil 2011
Le recueil 2011 s’ouvre sur le compte rendu de l’atelier
prospective PREA2K30, c’est-à-dire prêt pour 2030,
soutenu par l’agence nationale de la recherche (ANR) et dans lequel
l’ATIEF était partenaire. Il s’agissait de proposer des
pistes de réflexion sur les questions d’apprentissage, savoirs et
outils, à l’horizon 2030, tenant compte de leurs dimensions
sociales, économiques et industrielles. A partir d’une analyse du
passé récent et des tendances actuelles, des scénarios
prospectifs contrastés ont été conçus. Ils
permettent de comprendre comment les directions de développement que
l’on peut percevoir actuellement peuvent se conjuguer et conduire à
de nouvelles formes d’organisation des systèmes de formation.
Georges-Louis Baron et Jean-Marie Burkhardt présentent le
déroulement, les choix méthodologiques et les principales
conclusions tirées du travail effectué. Des thématiques de
recherche jugées importantes ont été identifiées et
une liste de grands axes de recherche est proposée ; des
thèmes ou objets de recherches sous investis ont été
pointés. Cette identification est jugée très difficile par
les auteurs, du fait de l’absence de cartographie d’ensemble
détaillée et complète des travaux menés dans les
différentes communautés de recherche.
Une telle cartographie devrait se construire dans le cadre d’un travail
demandé par le ministère de l’enseignement supérieur,
dans lequel l’ATIEF et STICEF sont associés. Il s’agit de
faire un état des lieux des équipes et thèmes de recherche
en e-éducation en France. Nous devrions en rendre compte dans une
rubrique de la revue au cours de l’année 2012 et dans notre
prochain recueil.
La deuxième rubrique, d’Anne Boyer, présente le
déroulement et les résultats d’une étude menée
au cours de l’année universitaire 2010-2011, sur les
universités numériques thématiques (UNT). Si plus de 20 000
ressources labellisées sont librement accessibles, leur usage,
bien qu’effectif, est jugé encore trop limité.
L’étude montre que la connaissance des UNT par les enseignants et
les étudiants est encore faible ; il ne semble pas trop difficile de
remédier à cette carence. Mais au-delà du fait
d’avoir conscience de leur existence, les ressources doivent d’une
part être détachées d’un contexte trop restreint de
production et d’autre part pouvoir être recontextualisées
dans des parcours effectifs de formation avec des étudiants. Comment de
telles ressources peuvent-elles rester vivantes ? Si leur utilité
est réclamée, il n’est pas sûr qu’elle soit
perçue de la même manière par les étudiants et par
les enseignants. En tous cas, les UNT constituent un chantier important et
complexe, qui devrait donner lieu à des travaux de recherche.
Les deux rubriques suivantes traitent de l’apprentissage de la
programmation, dans l’enseignement secondaire ou à
l’université.
Plus exactement, Robert Cabane décrit des enseignements dits
d’informatique et de sciences (ou technologies) du numérique, non
limités à l’apprentissage de l’algorithmique et de la
programmation, menés dans une vingtaine de classes de Seconde de
lycée durant l’année 2009-2010. Ces expérimentations
ont permis d’explorer de nouveaux enseignements et leur observation a
permis de tirer des réflexions très utiles, notamment
s’agissant de la mise en place de formations « informatique et
sciences du numérique » en lycée. Ce compte-rendu montre
la diversité des thèmes abordés et fournit un aperçu
de leur complexité pour les enseignants et les élèves.
L’auteur conclut sur la grande importance de la mise en activité
des élèves et sur celle de la pluridisciplinarité des
démarches.
David Janiszek et ses collègues, quant à eux, relatent la mise
en œuvre d’une pédagogie de projet afin d’enseigner
l'intelligence artificielle à des étudiants de licence en
informatique. Plus précisément, il s’agissait de montrer la
faisabilité des projets de robotique dans une université dont ce
n’est pas la spécialité. Les résultats obtenus sont
jugés encourageants par les auteurs. D’après les retours
qu’ils ont pu recueillir, ils ont su intéresser les
étudiants, rendre les formations d’informatique plus attractives.
Des collaborations scientifiques ont pu également se nouer entre
différents chercheurs de l’U.F.R. de mathématique et
d’informatique, ainsi qu’avec des chercheurs en sciences de
l’éducation. Une expérience à suivre.
Numéro spécial issu du colloque TICE
La majeure partie du recueil 2011 de STICEF est constituée par un
numéro spécial, formé par des contributions issues du
colloque TICE qui s’est déroulé en décembre 2010
à Nancy et à Metz. La genèse de ce numéro
spécial et les contributions retenues sont présentées par
les coordonnateurs, Pierre-André Caron et Serge Garlatti, dans leur
introduction. Notons simplement la diversité des thèmes
traités et le fait que la majorité des textes concerne
l’enseignement supérieur.
Sélectivité de la revue
S’agissant du numéro spécial, le processus consistait
à proposer aux meilleures soumissions acceptées au colloque TICE
de faire une version étendue soumise à la revue. Un texte présentant le bilan du colloque TICE fait état de 105
communications scientifiques reçues et d’un taux
d’acceptation de 24%. 13 soumissions ont été reçues
pour ce numéro et seulement 6 articles et 2 rubriques ont
été finalement acceptés.
En ce qui concerne les soumissions en dehors du numéro spécial,
nous avons traité 12 propositions qui n’ont conduit
qu’à une seule parution en 2011 en rubrique. La moitié est
en attente d’une nouvelle soumission.
Ces chiffres confirment la grande sélectivité de STICEF et
conduisent à faire de nouveau le constat que l’alimentation de la
revue est principalement assurée par les numéros
thématiques ou spéciaux. Ils sont pourtant plus contraignants
puisqu’ils nécessitent le respect d’un calendrier, mais il
semble que les auteurs arrivent plus facilement à s’inscrire dans
des calendriers préétablis.
Enfin, remercions tous nos relecteurs et en particulier ceux qui ne font pas
partie de nos comités et qui ont travaillé pour
sélectionner les articles de ce recueil, en présentant mes excuses
pour un éventuel oubli : Nabila Bousbia, Bernadette Charlier, Lilia
Cheniti, Cédric Fluckiger, Sébastien Iksal, Bernard Lefebvre,
Daniel Lemire.
Un partenariat qui évolue
Après la création de l’institut français
d’éducation (IFÉ) en avril 2011, le service des publications
de l’ex-INRP n’a pas été intégré
à cet institut mais a rejoint le pôle édition de
l’école normale supérieure de Lyon. C’est ce
pôle qui s’est chargé de l’édition de ce
recueil. Serge Pinche, qui a participé au lancement du recueil annuel, il
y a maintenant 9 ans, en assure la continuité ; qu’il en soit
remercié. Nous espérons que ce partenariat pourra se prolonger
afin que STICEF continue à exister dans le monde des publications sur
support papier.
Références sur le web
Revue Epinet, sommaire : http://www.epi.asso.fr/revue/articsom.htm
Concours Castor informatique : http://castor-informatique.fr/
E-dossier de l'audiovisuel de l’INA consacré à
« l'éducation
aux cultures de
l'information »http://www.ina-sup.com/ressources/dossiers-de-laudiovisuel/les-e-dossiers-de-laudiovisuel/e-dossier-leducation-aux-cultures
Bilan du 7ème colloque TICE Nancy Metz, 6 au 8 décembre 2010
(consulté le 12 février 2012) : http://www.tice2010.nancy-universite.fr/fileadmin/dossier_presse/BilanTICE_2010V2.pdf.
Référence de l'article :
Eric Bruillard , Editorial, Revue STICEF, Volume 18, 2011, ISSN : 1764-7223, mis en ligne le 12/03/2011, http://sticef.org
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