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Volume 13, 2006
Editorial



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Editorial
Recueil 2006

Avec ce recueil, STICEF conclut en quelque sorte son premier contrat quadriennal, et, puisque STICEF a pris la suite de STE (Sciences et techniques éducatives), le présent volume est déjà le treizième. Cette longévité témoigne de la vitalité de notre domaine scientifique et du sérieux de notre politique éditoriale. On peut donc dresser un bilan très positif du travail accompli par toute l’équipe du comité de rédaction ainsi que par les relecteurs. Du point de vue des statistiques, nous avons traité cette année un total de 40 soumissions, avec un taux d’acceptation de 40%.

Toutefois, nous ne pouvons pas encore nous considérer comme une organisation durable. En effet, le choix de publier un journal scientifique en ligne, en accès libre et gratuit, demande à être assumé collectivement. Les auteurs ne paient pas, les lecteurs non plus, sauf s’ils souhaitent le recueil papier, dont le prix est modique comparativement à nombre de publications scientifiques. Il nous faut trouver des financements pour assurer notre fonctionnement. STICEF étant la revue de l’ATIEF (www.inrp.fr/atief/), c’est l’association ainsi que les laboratoires de rattachement des membres du comité de rédaction qui assument les frais d’édition, principalement la prise en charge des déplacements pour les réunions, le secrétariat et la gestion du site. Des solutions pérennes devront être trouvées rapidement pour que le travail entrepris puisse se poursuivre dans de bonnes conditions.

Concernant la réalisation du présent recueil, nous tenons à remercier, outre les membres des divers comités de STICEF, les relecteurs extérieurs qui ont contribué à la sélection et à l’amélioration des propositions d’articles : Jean-Marie Burkhardt, Michel Caillot, Brigitte Grugeon, Viviane Guéraud, Peter Hanappe, Eric Jamet, François Xavier Jollois, Gisèle Lemoine, François Mangenot, Thierry Nodenot, Jean-Pierre Pécuchet, Christophe Reffay, Emmanuel Sander. Nous remercions également le service des publications de l’INRP qui assure publication et diffusion.

Ce recueil 2006 offre un bon éventail des recherches menées dans le domaine des EIAH, dans les disciplines représentées – français langue étrangère, musique, sciences, psychologie, mathématiques et même expression graphique – dans les publics concernés – aussi bien de jeunes élèves que des étudiants – enfin dans les approches adoptées.

Commençons par la fin. Elle correspond à un numéro spécial consacré aux forums de discussion en éducation. Nous renvoyons le lecteur à l’éditorial correspondant, qui présente en quoi cette thématique constitue une sorte de cas d’école pour les recherches en EIAH.

Les autres articles et rubriques couvrent, comme je l’ai dit, une bonne partie du spectre des recherches dans le domaine des EIAH, aussi vais-je tenter de les présenter brièvement en les articulant entre eux.

La finalité des recherches est bien l’apprentissage humain, il est donc important d’étudier si, et en quoi, les potentialités proposées par les technologies de l’information et de la communication peuvent être exploitées dans des activités éducatives.

Perrine Martin et Jean Ravestein montrent, s’agissant d’instruments de production graphique, qu’ils ne constituent pas un frein à une représentation correcte et qu’au contraire, pour des enfants de 10 ans, ils peuvent être « un libérateur de tensions et donc un moyen pour favoriser l'aptitude à la créativité ». Mais pour ce faire, il faudra certainement trouver ou inventer des conditions d’utilisation propices.

Aurélie Lainé et ses collègues étudient, de manière comparative, différentes conditions d’utilisation d’un logiciel, pour des populations contrastées. Analysant l’activité de groupes d’étudiants et de collégiens dans des tâches de construction d’une carte conceptuelle, ils comparent deux modalités de communication : en face et face et en synchrone à distance. Ils constatent un impact du mode de communication sur la structure des échanges, peu sur leur contenu même. Ils observent également une absence de réelle collaboration entre les collégiens dans la modalité de communication à distance, contrairement à ce qui se passe avec les étudiants.

Engager des apprenants dans une activité collective à distance, susceptible d’être profitable en terme d’apprentissage, n’est pas si simple. Du côté de l’université, l’impact de sites web pédagogiques est aussi en question.

Jean-Pierre Hierle observe que, malgré la mise en ligne de ressources pédagogiques, le travail des étudiants change peu. S’il y a une demande croissante pour de telles mises en lignes, et si elles s’avèrent très utiles pour certaines populations d’étudiants, il reste encore difficile d’établir, dans la relation à distance, une dynamique de groupe d’une efficacité comparable à ce qu’elle est généralement en présence.

En écho à cette analyse, Mônica Macedo-Rouet et ses collègues essayent d’évaluer l’avantage éducatif de sites web pédagogiques à l’université. Les étudiants se déclarent plutôt satisfaits de ce qu’on leur propose en ligne, mais lorsque l’on étudie l’usage particulier d’un site web dans la recherche d'informations pour répondre à des questions, ceux qui utilisent le site ont de moins bons résultats que ceux qui utilisent les polycopiés. Par ailleurs, la majorité des étudiants indiquent préférer imprimer le cours plutôt que le consulter en ligne. Les auteurs interrogent l’éventuelle nécessité d’un changement de pédagogie pour tirer parti de dispositifs en ligne, ainsi que l’amélioration de l’ergonomie de ces dispositifs.

En effet, si les conditions d’utilisation d’un logiciel ou d’un site éducatif jouent un rôle central, la conception même des ressources intervient dans leur potentialité éducative. S’agissant d’évaluer un dispositif en tant que système d'informations, Éric Jamet propose une revue des principales méthodes issues de la psychologie cognitive concernant des situations d’apprentissage par instruction via un document électronique. Dans ce contexte, l’évaluation repose sur l’analyse de la qualité de l’interaction entre l’utilisateur et le document et sur les conséquences de cette interaction, l’apprentissage. L’auteur distingue les méthodes a posteriori et les recueils en cours d’activité ; il les décrit rapidement, donnant au passage différents résultats. Il insiste sur l’intérêt de la prise en compte des méthodes et résultats présentés dans la conception des documents pédagogiques.

C’est la démarche adoptée par Sandra Nogry et ses co-auteurs, dans le cadre d’une conception itérative, cherchant à combiner l’analyse de l’activité des apprenants avec le logiciel et son impact sur l’apprentissage. Le logiciel ainsi élaboré, AMBRE-add, a pour objectif de conduire des élèves de l’école primaire à acquérir des classes de problèmes additifs et les techniques de résolution associées. Les auteurs tirent de leur expérience différentes recommandations pouvant guider les concepteurs prêts à suivre une démarche itérative.

La conception d’environnements organisant et facilitant des apprentissages est un des aspects essentiels des travaux en EIAH. Outre AMBRE-add, ce recueil propose deux exemples contrastés.

Jérôme Lehuen et Sylwia Kitlinska, souhaitant développer des pratiques communicatives pour l’apprentissage du français langue étrangère, dans le cadre de ce qu’ils appellent une simulation globale en réseau, proposent une plate-forme permettant à des apprenants, à des enseignants et à des agents logiciels, d’agir et d’interagir à distance dans un monde virtuel partagé. C’est la collaboration au sein d’un groupe d’apprenants encadrés par un réseau de tuteurs qui est visée. De premières mises à l’essai donnent des résultats encourageants.

Jean Bresson et ses collègues ont conçu un logiciel, nommé Musique Lab Maquette, destiné à mettre en place une approche interactive des processus compositionnels en pédagogie musicale. La notion de document pédagogique, dans le domaine musical, leur apparaît comme permettant d’intégrer différents processus : la création et la manipulation de matériaux et d'objets musicaux, les processus de transformation de ces objets et leur organisation à l'intérieur de formes musicales. L’environnement, qu’ils ont conçu et développé, supporte une démarche que les auteurs jugent complète dans la démonstration des concepts musicaux.

On verra ce que l’avenir va réserver à ces environnements prometteurs. Il est en effet difficile de prédire la trajectoire dans les institutions éducatives de produits qui, une fois édités, échappent largement à leurs concepteurs.

Joana Peixoto présente une analyse de l’évolution de l’informatique éducative au Brésil. Elle montre que cette évolution résulte de résolutions progressives de différentes contradictions. Elle interroge la position de la Banque Mondiale qui favorise un modèle donnant « plus d’importance aux moyens d’enseigner qu’aux médiations pédagogiques », ce qui ne peut laisser indifférents  les chercheurs en EIAH.

Enfin, il est toujours difficile de résister à l’attrait de la modernité. Jacques Wallet nous convie à nous intéresser à de vieilles images, rappelant avec humour que l’innovation technologique ne garantit en rien l’innovation pédagogique.

Éric BRUILLARD
Rédacteur en chef de STICEF
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Mise à jour du 25/03/07