These-Paukovics
La recherche orientée par la conception (Sanchez & Monod-Ansaldi, 2015) et l’ingénierie didactique coopérative (Sensevy et al., 2013 ; Sensevy & Mercier, 2007) sont toutes deux des méthodes de conduite de la recherche collaborative visant tant le développement de pratiques éducatives que la construction de modèles théoriques en sciences de l’éducation. Des solutions didactiques ou technopédagogiques sont conçues, déployées et testées de façon itérative et collaborative dans le but de mettre à l’épreuve et de faire évoluer les modèles théoriques en didactiques disciplinaires et en sciences de l’éducation.
Se positionnant comme alternatives aux approches expérimentales, les recherches-développements collaboratives en éducation sont en plein essor (Cividatti et al., 2021). Cet avènement rencontre plusieurs défis, notamment celui de rendre visibles les savoirs produits et leur nature, celui de soutenir la collaboration entre plusieurs professions du secteur de l’éducation ou encore celui de repenser les rôles des professionnels et leur rapport à la production de savoirs et de connaissances en sciences de l’éducation et en didactique.
S’inscrivant dans la continuité des travaux sur les recherches collaboratives en éducation (Bednarz, 2013 ; Desgagné, 1997; Desgagné et al., 2001; Ligozat et al., 2016; Morrissette, 2013; Sanchez & Monod-Ansaldi, 2015 ; Sensevy, 2011; Sensevy et al., 2013; Wang & Hannafin, 2005 ; Arzarello et al., 2014), cette thèse de doctorat porte sur les processus de co-construction des savoirs et le positionnement des professionnels impliqués dans ces recherches-développements collaboratives en éducation (RDC). Notre cadre conceptuel articule des éléments du cadre de la transposition méta-didactique et de la théorie de l'action conjointe, mobilisant notamment les concepts d'objet frontière (Leigh Star, 2010), d'objet biface (Marlot & Roy, 2020), de transaction de savoirs (Carlile, 2002) et de posture des acteurs (Lameul, 2016).
Notre méthode de conduite de la recherche repose sur l’analyse de cas multiples en observation participante (Albarello, 2011 ; Gagnon, 2012) à travers cinq enquêtes successives qui permettent respectivement l'analyse préliminaire des savoirs en jeu (enquête 1, chapitre 5), l'étude du partage d'objet en réunion de travail collaborative (enquête 2, chapitre 6), plus spécifiquement des transactions de savoirs (Carlile, 2002) et du partage des responsabilités (Marlot, 2008 ; 2010) (enquête 3, chapitre 6), du rapport des acteurs aux savoirs construits en termes de croyances, intentions et comportements (enquête 4, chapitre 7), et, pour terminer, de la mise en perspective des contextes étudiés et le retour théoriques sur les concepts mis à l'épreuve dans notre travail, notamment le concept d'objet-frontière (enquête 5, chapitre 8).
Nos apports théoriques à travers ce travail résident notamment dans la formalisation de quatre catégories de savoirs de différentes natures travaillés dans les RDC, la caractérisation des processus de traduction (explicite-implicite et unilatéral-multilatéral), l’élaboration et la mise à l’épreuve d’un modèle d’analyse des objets partagés en réunion de travail, la découverte de tensions dans les postures épistémiques, notamment concernant les responsabilités des acteurs quant aux savoirs en construction.
Eric Sanchez
Corinne Marlot
Charlier Bernadette, professeure, Université de Fribourg
Lussi Borer Valérie, professeure associée, Université de Genève
Meyer Florian, professeur, Université de Sherbrooke
Sensevy Gérard, professeur, Université de Bretagne Occidentale
Dernière mise à jour : 30 octobre, 2023 - 10:22