Contact :
infos@sticef.org
|
Pratique contextualisée des tablettes tactiles :
une intentionnalité empêchée ?
Gaëlle LEFER SAUVAGE (CUFR de Dembeni, Mayotte)
|
RÉSUMÉ : Le
contexte numérique dans la sphère scolaire et universitaire
présente dans l'académie de Mayotte de fortes contraintes que les
outils mobiles pourraient pallier. L'intentionnalité de pratique des
tablettes tactiles par les professeurs des écoles stagiaires est alors
questionnée. A la suite d'une enquête par questionnaire, 87
réponses sont analysées. L’intentionnalité est
expliquée par l'importance du sentiment de compétences dans le
contexte universitaire. Des analyses de profils mettent en valeur le poids de la
possession d’une tablette personnelle sur l’intentionnalité
contextualisée de la pratique de la tablette tactile. En conclusion, la
modélisation de l'intentionnalité est débattue et les
enjeux des enseignements autour des tablettes tactiles en formation initiale
sont discutés.
MOTS CLÉS : Intentionnalité,
pratiques enseignants, Mayotte, usages. |
Contextualized practice of digital tablets: A prevented intentionality? |
|
ABSTRACT : The
digital context in school and university presents significant constraints in the
Mayotte academy. Mobile tools could overcome these constraints. We study the
intentionality of practicing with digital tablets during initial teachers
training. A questionnaire survey is proposed. 87 responses are analyzed.
Intentionality is explained by the importance of a self-efficacity in the
academic context. Profile analyses reveal the importance of personal tablet
owning on the contextualized intentionality of tablet practice. In conclusion,
the intentionality modelling is debated and the challenges of initial teaching
training about digital tablets are discussed.
KEYWORDS : Intentionality,
teacher practices, Mayotte, uses. |
1. Injonction au numérique versus usage réel : enjeu de
la formation universitaire
Le ministère de l’Éducation
Nationale met en place depuis la rentrée 2019, l’obligation
d’une certification numérique des élèves dans le
primaire et le secondaire sur la base du référentiel des
compétences numériques (CRCN, 2019). Les
enseignants et enseignantes1 stagiaires en formation aux métiers de l'enseignement, de
l'éducation et de la formation (MEEF) échappent jusqu'à
présent (en 2022) à cette certification obligatoire. Ce
référentiel n'étant ni basé sur un modèle
scientifique, ni le garant d'un usage généralisé des
pratiques numériques en classe et hors classe, nous pouvons nous
questionner sur la pertinence de l'injonction à cette certification des
élèves, et potentiellement bientôt, à la
certification des enseignants stagiaires en formation. Cerisier (Cerisier, 2020) signale que l’injonction à l'usage est une forme de
défaillance du système institutionnel français à
garantir l’équité éducative en matière de
pratiques, de compétences et d’usages numériques.
D'ailleurs, l'OCDE souligne depuis 2015 que « pour réduire
les inégalités dans la capacité à tirer profit des
outils numériques, les pays doivent avant tout améliorer
l’équité de leur système
d’éducation » (OCDE, 2015, p. 6).
Cerisier questionne alors la force de la politique à pouvoir accompagner
les professionnels et les enfants dans un dialogue des usages numériques
scolaire et hors scolaire.
Les chercheurs montrent depuis près de 30 ans que, quand bien
même elle est importante, la formation initiale ne peut remédier
à l'ensemble des difficultés liées aux dynamiques du
développement de l'informatique à l'école (Baron et Bruillard, 2008).
L’utilisation des Technologies de l'information et de la communication en
éducation (TICE) est souvent très faible en formation initiale,
bien qu'elle augmente sur le long terme (Betrancourt, 2007), (Peraya, 2018), (Peraya et al., 2008).
Quand bien même les étudiants considèrent important
d’utiliser les nouvelles technologies dans les apprentissages (Attenoukon et al., 2015),
la réalité de la classe et le manque de temps, liés au
manque d’expérience en classe, amènent les jeunes
professionnels à ne pas privilégier les nouvelles technologies (Peraya et al., 2008).
On sait aussi que les
compétences développées à l’université
en matière de maîtrise du numérique et celles
réexploitées en classe par les enseignants sont très
distinctes (Béziat, 2012), (Béziat et Villemonteix, 2016).
La maîtrise technique instrumentale est nécessaire pour les
étudiants en formation universitaire, mais,
décontextualisée des apprentissages, elle n’est pas
suffisante ; elle peut même être dangereuse, le risque
étant de considérer la formation comme prescriptive et de
renforcer les écarts dans l’usage réel (Béziat, 2012), (Peraya et al., 2008).
Au-delà d'une maîtrise instrumentale, ce sont les
compétences numériques qui sont inscrites en contexte. Fluckiger (Fluckiger, 2008) a montré que les collégiens adoptent des schèmes
différents selon les contextes qui restent peu transférables d'un
contexte à l'autre : « les compétences
techniques limitées dont font preuve beaucoup de collégiens,
montrent que ni les familles ni l’usage scolaire d’outils
informatiques ne suffisent à former des futurs citoyens capables de
comprendre les débats sur les technologies
numériques »
(p. 59). Aussi, les enjeux de la formation initiale sont probablement, non
seulement, de former les étudiants à des compétences
numériques (dans la condition où elles seraient basées sur
un modèle scientifique), mais aussi de tenir compte du risque du rapport
techniciste aux outils, en privilégiant par exemple un rapport humaniste
aux outils (Plantard, 2014).
En ce sens, l’intention d'usage et de pratiques des outils et l'importance
perçue accordée aux outils est intéressante.
Cet article complète une communication présentée au
colloque EIAH-2021 (Lefer Sauvage, 2021a) qui a permis de mettre en valeur une modélisation de l’intention de
pratique des tablettes tactiles au Centre Universitaire de Formations et de
Recherches (CUFR). Elle sera reprise ici sur le plan statistique et
affinée sous l’angle des processus qui participent à
l’intention d’usage. Après avoir défini sous
l’angle psychologique la construction de l’intentionnalité,
nous contextualiserons cette question dans les problèmes
rencontrés par les étudiants dans le contexte universitaire de
Mayotte.
2. Anticipation projetée des pratiques numériques :
l'intentionnalité en question
L'intention de pratique est définie comme une
anticipation projetée de l'usage (Davis, 1989), (Lefer Sauvage, 2021a).
Plusieurs modèles d'intentionnalité ont été
décrits (Dubois et Bobillier-Chaumon, 2009), (Lefer Sauvage, 2021a), (Tricot et al., 2003), (Venkatech, 2000), (Venkatech et Davis, 1996).
Le modèle princeps de Davis (Davis, 1989) met
en valeur deux dimensions qui participent à
l'intentionnalité : la facilité perçue et
l'utilité perçue. Ce modèle a été enrichi par
Venkatech (Venkatech, 2000) avec un ensemble de variables psychologiques (motivation intrinsèque,
influence sociale, émotion, attente d'effort, etc.) qui ont des effets
modérateurs, médiateurs et directs sur l'intention. Dix ans plus
tard, le modèle a été transformé par Dubois et
Bobillier-Chaumon (Dubois et Bobillier-Chaumon, 2009) qui considèrent que l'intention s'élabore dans la pratique
réelle et que c'est à travers l'appropriation (Rabardel, 1995) de la nouvelle technologie que l'intention se transforme. Dans ce cadre, les
auteurs identifient cinq dimensions (intra-personnelle, inter-individuelle,
socio-organisationnelle, biographique et technique) qui participent à
cette intention. L'évolution des modèles est intéressante
et amène à une réelle prise en compte de la dimension
psychologique dans l'intentionnalité. C'est à travers une analyse
des définitions des termes et une mise en évidence de zones
d'ombres que cette recherche se positionne.
L'intention est considérée comme une disposition de l'esprit
pour tendre vers un but, ici la pratique de la tablette tactile. Il s'agit de
recenser les scénarios et les paramètres possibles en vue de
programmer cette pratique (on se situe dans une démarche cognitive). Mais
Georges (Georges, 1964) apporte une nuance intéressante dans la notion d'anticipation, puisqu'il
signale qu'anticiper n'est pas seulement identifier les possibles, c'est aussi
s'engager dans l'identification des exigences et des contraintes liées
à la pratique. Cette anticipation projetée de l'usage
entraîne alors des activités de mentalisation sur le soi et
d'articulation des paramétrages de la tablette tactile, pour faire en
sorte que rien n'entrave la pratique projetée. En ce sens, Georges
évoque la notion de schèmes opérationnels qui
« règlent la nature et la succession des différents
gestes requis par les tâches usuelles » (Georges, 1964, p. 64).
L'auteur explique qu'il y aurait plusieurs niveaux d'anticipation, l'un dit
superficiel, dans lequel le sujet opère, par prudence, une exploration
succincte de la pratique projetée, l'autre reposant sur des
tâtonnements successifs permettant de tendre vers une compréhension
générale et en profondeur de la pratique projetée. Cette
première nuance théorique apportée par Georges est
d'ailleurs récemment questionnée dans la genèse
instrumentale de Rabardel, car des chercheurs ont montré qu'il pouvait y
avoir une phase d'instrumentation superficielle, une phase d'instrumentation en
profondeur ainsi qu'une phase de dés-instrumentation (Lefer Sauvage et al., 2021).
De plus, dans la notion d'anticipation projetée (dite
d'intentionnalité), les travaux en psychologie de l'orientation
permettent de mieux comprendre les processus mis en œuvre par les personnes
(adolescents ou adultes notamment) lorsqu'elles se projettent dans un espace
temporel futur. Dans notre recherche, nous tentons de voir
l'intentionnalité de la pratique de la tablette tactile
comme2 un processus identitaire de
projection de soi dans une pratique de l'outil dans l'avenir. Guichard (Guichard, 2004) argue que cette construction identitaire dynamique passe par deux processus
réflexifs qui interagissent de façon itérative et
continuelle, la « réflexivité duelle » et la
« réflexivité ternaire ». La première
renvoie à une forme d'identification, une image unifiée d'un soi
idéal, et en même temps, une image rejetée de soi qu'on ne
souhaite pas faire apparaître dans le futur. La seconde renvoie à
un dialogue avec des autrui significatifs pour mettre à distance des
rapports temporels entre un soi passé, présent et futur
anticipé. Guichard (Guichard, 2004) rappelle aussi que le contexte joue un rôle essentiel dans la
structuration de ces nouvelles formes identitaires.
Ainsi, l'intentionnalité n'est pas seulement une identification aux
pratiques possibles, ni seulement un engagement qui tient compte des exigences
et des contraintes, c'est aussi la capacité de se représenter
soi-même en train de réaliser cette pratique de la tablette
tactile. D'ailleurs, Caradec (Caradec, 1999) avait déjà montré que cette dimension était
essentielle dans l'usage de nouvelles technologies. En travaillant auprès
de personnes âgées, il montre que le fait d'utiliser une nouvelle
technologie pouvait entrer en concurrence avec un soi antérieur ou des
compétences non technologiques antérieures. A travers l'exemple de
personnes qui se construisent une identité sociale comme « le
fait d'être femmes au foyer », Caradec explique que les
innovations technologiques peuvent remettre en cause « leurs
compétences et ce qu'elles considèrent comme relevant de leurs
prérogatives » (Caradec, 1999, p. 58).
Ce détour théorique permet de s'éloigner des
modèles habituellement convoqués pour traiter de
l'intentionnalité dans l'usage et de les enrichir. Il semble
désormais qu'on puisse imaginer que l'intention de pratique naisse dans
des perspectives temporelles futures, qui ont deux dimensions,
désirée et redoutée (Guichard, 2004),
possiblement trois : désirée, redoutée et attendue (Lefer, 2012), et
qu'elle ait deux niveaux d'engagement : superficielle et profonde.
Les notions « d'usage » et de
« pratique » sont ici entendues au sens de Plantard (Plantard, 2014),
l'usage étant un ensemble de pratiques socialisées qui fondent de
nouvelles normes et interrogent les techno-imaginaires. Les pratiques sont
définies comme une « dialectique entre individualisation et
socialisation, située dans des espaces » (p. 60) et
issues des représentations sociales. En ce sens, ces définitions
sont strictement opposées à celle de Peraya et Bonfils (Peraya et Bonfils, 2014),
mais l'enjeu demeure le même entre les auteurs : dégager les
conceptions culturelles et les mythes rattachés à la pratique
d'outils numériques.
3. Contextes numériques scolaire et universitaire : l'intention
de pratique des tablettes tactiles est-elle possible ?
Déjà en 2013, dans le Schéma
Directeur Territorial d’Aménagement Numérique du
Département de Mayotte (Conseil départemental de Mayotte, 2013),
le Conseil départemental de Mayotte montre que
« l’ensemble des établissements mahorais concentrait
de l’ordre de 83 000 élèves en 2011 et un personnel de
3 000 personnes, soit un total de 86 000 personnes représentant
44 % de la population de Mayotte. Le département de Mayotte compte
environ 3 000 à 4 000 élèves de plus chaque
année. [...] Le raccordement de ces établissements à
haut débit et très haut débit va devenir une exigence de
premier plan au cours des prochaines années » (p. 22).
La synergie et l’émulation continuelles autour du
développement numérique sur le territoire Mahorais ont
porté leur fruit : création d’une technopole,
création d'un laboratoire d'innovation numérique, création
d’un cluster numérique regroupant des entreprises du
numérique, raccordement à la fibre optique sur tout le territoire.
Ces structures et dispositifs sont des indicateurs d'un fort contexte de
développement dans l'académie, l’inscrivant comme
priorité stratégique pour son développement, dans un
paradigme systémique, lors des Assises du numérique (Lefer Sauvage, 2021b).
Malgré tout, les usages dans les familles restent très
contraints : l'INSEE (Audoux et Mallemanche, 2020) montre que même si les familles ont le même taux
d’équipement en téléphone portable qu’au niveau
national (à savoir 93 % en métropole, 91 % en
Guadeloupe, 90 % en Martinique et en Guyane, 92 % à La
Réunion et 91 % à Mayotte), l'écart augmente lorsqu'il
s'agit de l'équipement en tablettes et PC (taux d'équipement de
17 % dans les familles à Mayotte contre 42 % dans les familles
en métropole), et surtout, le revenu mensuel des familles étant
très faible sur l'ensemble du territoire, les investissements en
numérique sont moindres.
Dans ce contexte ambivalent, entre développement technique exponentiel
rapide et freins liés aux contraintes, des recherches (Lefer Sauvage, 2021a), (Lefer Sauvage et Bachelot, 2021) ont montré que l'intention de pratiques des tablettes tactiles par les
enseignants travaillant à Mayotte était limitée par un
ensemble de dynamiques locales sur le territoire. Des conditions
matérielles et logistiques apparaissent au premier abord et rappellent
les résultats d’une enquête pour le CNESCO (Blanchard-Schneider et al., 2018) :
« en 2016, le nombre d’ordinateurs pour 100
élèves dans les écoles élémentaires va de 1
à Mayotte à 30 en Lozère. [...] À Paris, en
Guyane ou à Mayotte, ce sont quatre écoles sur cinq qui ne
possèdent pas de Tableau Blanc Interactif » (p. 33).
La recherche de Lefer Sauvage et Bachelot (Lefer Sauvage et Bachelot, 2021),
menée à partir d’entretiens semi-directifs auprès de
quatre enseignants spécialisés à Mayotte présente la
complexité des contraintes écosystémiques (Villemonteix et al., 2014).
Par exemple, les circonscriptions régulent strictement les emprunts, en
demandant, pour certaines, de rédiger un projet pédagogique avant
d'utiliser les tablettes, pour d'autres, d'emprunter le matin et de ramener les
tablettes tactiles après la journée en classe, ce qui conditionne
fortement la non-appropriation et le non-usage. Ces freins massifs et
fréquents dans les circonscriptions interrogent alors des aspects
symboliques : les enquêtés déclarent ne pas se sentir
en sécurité lorsqu'ils possèdent une tablette tactile et
arguent le fait de risquer de se faire agresser ou de se faire voler les
tablettes (au regard des conditions sociales de l'île). Dans une recherche
complémentaire à cet article (Lefer Sauvage, 2021a) menée auprès de 87 enseignants stagiaires de Mayotte,
d’autres contraintes matérielles relevant également de
l’écosystème, sont très fortement présentes.
Lefer Sauvage va jusqu’à interpréter cette
insécurité matérielle comme une insécurité
psychique des enseignants face aux outils peu utilisés et utilisables,
qui entraîne des fantasmes et empêche la genèse instrumentale (Rabardel, 1995).
Au CUFR de Mayotte, le projet d'établissement pour la période
2017 à 2021, mentionne des tensions fortes entre l’offre de
formation, les demandes des bacheliers, la limitation des espaces et des
infrastructures des bâtiments, et des pédagogies qui doivent
s’adapter à une grande diversité des publics, notamment
précaires (limitant ainsi, par exemple, le déploiement de
l'hybridation des apprentissages). Le rapport de l'HCERES de février 2020
souligne « le déficit criant
d’infrastructures » tant au niveau administratif,
pédagogique, de recherche, qu’à destination des
étudiants3 (absence de Wifi sur
le site par exemple). Ces éléments sont également mis en
évidence dans des recherches récentes menées au CUFR. Lefer
Sauvage (Lefer Sauvage, 2021a) rappelle les conditions matérielles et informatiques dans lesquelles se
trouvent les étudiants (pas d'accès wifi à
l'université, pas de salle de classe avec des connexions possibles), qui
freinent les intentions de pratique des tablettes tactiles. Cette chercheuse
montre d'abord que l'intention de pratique de l'outil tablette à
l'université n'a pas de sens car elle ne répond pas à un
besoin, mais certains leviers ont été identifiés et doivent
faire l'objet d'analyses statistiques inférentielles
complémentaires. Par ailleurs, des zones d'ombre autour des attentes et
des espoirs lorsqu'ils arrivent en formation initiale doivent être
explorées dans cette nouvelle enquête pour mieux cerner les enjeux
qu'engendrent la pratique des tablettes tactiles en formation initiale et des
effets potentiels d'une pratique en classe avec des élèves.
4. Problématique de recherche
Les travaux de recherche menés autour des
usages et des représentations sociales des usages des tablettes tactiles (Karsenti et Fievez, 2013), (Villemonteix et al., 2014) montrent que cette nouvelle technologie apporte des opportunités et des
contraintes nouvelles sur l’activité de l’enseignant. Souvent
utilisées pour des activités spécifiques (exerciseurs,
ressources documentaires, production), elles posent des problèmes
techniques (besoin du réseau Wifi, manque d’espace de
dépôt...). Elles modifient l'organisation cognitive de
l'apprentissage (gestion de fenêtres multiples, organisation des
données sous forme d’organigramme, absence de visibilité du
processus d’élaboration cognitive des élèves). Elles
présentent des nouvelles contraintes institutionnelles (écarts
entre les directives ministérielles et les financements de communes qui
ne répondent pas aux besoins des activités des enseignants), mais
surtout, des contraintes écosystémiques (environnements technique,
technologique, ergonomique, économique et infrastructures
matérielles). Malgré cela, la pratique des tablettes offre des
opportunités pédagogiques spécifiques. Elle favorise
l’entrée dans l’activité (Karsenti et Fievez, 2013) notamment par le jeu (Hamon et Villemonteix, 2015),
est une aide à la planification, un support à la communication et
à l'interaction entre les pairs (Mercier, 2020).
L'enjeu de l'usage interroge le poids de la formation initiale des enseignants
dans cette transformation des pratiques. Or, les recherches menées dans
le cadre universitaire montrent que l'usage des nouvelles technologies en
formation initiale n'a pas d'effet à court terme, mais possiblement
à long terme, et que les compétences sont fortement
contextualisées (Betrancourt, 2007), (Fluckiger, 2008), (Peraya, 2018), (Peraya et al., 2008).
A Mayotte, les contraintes quant à l'accès aux infrastructures et
aux matériels demeurent importantes, et freinent les usages des familles
et des enseignants en classe. Dès lors, dans une approche psychologique
et ergonomique, notre recherche exploratoire s’inscrit dans les travaux
sur l’intentionnalité de pratiques numériques, issus
d’abord de Davis (Davis, 1989),
pour ensuite mieux identifier les facteurs qui pourraient participer à
cette intention dans le contexte et la culture spécifique de Mayotte.
Aussi la dimension anthropologique et techno-imaginaire sera utilisée de
façon sous-jacente pour tenter de comprendre les significations des
usages à travers l’intention de pratiques. Nous faisons trois
hypothèses :
- 1) des facteurs psychologiques (sentiment de compétences et
anxiété à l’égard de la tablette tactile,
maîtrise instrumentale) et techniques participent à
l’intentionnalité ;
- 2) les contextes participent à des valences
différentes (craintes, désirs) des dimensions psychologiques de
l’intentionnalité ;
- 3) l’intention de pratique des tablettes tactiles dans un
certain contexte (à l’université) pourrait médiatiser
l’intention de pratique des tablettes tactiles dans un autre contexte (en
classe devant les élèves).
La médiatisation est entendue au sens de Rézeau (Rézeau, 2002) qui lui-même s’appuie sur la définition de
l’instrumentalisation de Rabardel c’est à dire la
« sélection, le regroupement, la production et
l’institution de fonctions, détournements, attribution de
propriétés, transformation de l’artefact, de sa structure,
de son fonctionnement etc. jusqu’à la production intégrale
de l’artefact par le sujet » (Rabardel, 1995, p. 5).
Le focus sur les tablettes tactiles est priorisé considérant que
c'est un objet mobile qui peut être utilisé dans les deux contextes
étudiés.
5. Méthodologie
5.1. Outils de recherche
Un questionnaire en ligne a été soumis
aux enquêtés. Le détail du questionnaire est
mentionné dans deux recherches antérieures (Lefer Sauvage, 2021a), (Lefer Sauvage et Bachelot, 2021).
Le questionnaire reprend les principales dimensions identifiées par Davis (Davis, 1989) dans
l'évaluation de l'intention de pratique : facilité
perçue, utilité perçue, sentiment de compétences,
craintes : « Pensez-vous que l’utilisation des tablettes
puisse être utile [en classe avec des élèves/dans vos
propres cours au CUFR] ? » ; « Avez-vous des
craintes par rapport à l’utilisation des tablettes [en classe avec
des élèves/dans vos propres cours au
CUFR] ? » ; « Vous sentez-vous compétent
pour utiliser les tablettes [en classe avec des élèves/dans vos
propres cours au CUFR] ? » ; « Pensez-vous que
l’utilisation des tablettes puisse être facile [en classe avec des
élèves/dans vos propres cours au CUFR] ? ». Pour
chacune des questions, il est proposé une modalité de
réponse en 4 points, allant de « Tout à fait
d’accord » (score de 4) à « Pas du tout
d’accord » (score de 1). Chacune d’elles est
accompagnée d’une question ouverte
« pourquoi ? ».
La possession matérielle et
les usages possibles sont recueillis à partir d’un item :
« Avez-vous une tablette chez vous ? »
(modalité : OUI/NON) et de 3 questions ouvertes « Quelles
applications seriez-vous tenté de tester [auprès de vos
élèves/au CUFR] ? », « Dans un monde
idéal, qu’est-ce que vous pourriez tester avec la tablette [en
classe avec vos élèves/au CUFR] ? »,
« Quelle question vous posez-vous quand on vous propose des
enseignements au CUFR sur la tablette ? ».
Des informations sociogéographiques classiques (âge, sexe, temps
passé à Mayotte) sont aussi recueillies. L’ordre des
questions est contrôlé pour éviter le biais
d’habituation aux questions.
5.2. Population
Sur les 182 professeurs des écoles stagiaires en Master 1, seuls 87
ont accepté de répondre au questionnaire.
L’échantillon comporte 59 % de femmes (N=51) et 41 %
d’hommes (N=36). Les enquêtés ont entre 18 et 30 ans
(50 %), puis entre 30 et 40 ans (38 %), les 12 % restant ont plus
de 40 ans. Un peu moins de la moitié de l’échantillon vit
à Mayotte depuis plus de 10 ans (43 %), 15 % des personnes
interrogées vivent à Mayotte depuis quelques mois, 24 %
vivent à Mayotte depuis moins de 4 ans et 18 % depuis 4 à 10
ans. Enfin, 38 % des personnes interrogées disent posséder
une tablette tactile à leur domicile.
5.3. Protocole
Le détail du protocole est mentionné dans une recherche
antérieure (Lefer Sauvage, 2021a).
En quelques mots, le questionnaire a été proposé aux
enseignants stagiaires en formation initiale lors du second semestre 2020 (avant
le second confinement total de l'île du fait de la pandémie
mondiale de COVID-19). Il a été déposé sur une
plateforme, utilisée quotidiennement par les étudiants. Les
étudiants étaient invités à remplir le questionnaire
tout au long du semestre, avant les premières séances formatives
autour des tablettes tactiles.
6. Résultats
Les données de l'enquête ont
été traitées à partir du logiciel SPSS 16 pour les analyses descriptives et inférentielles. Les analyses
lexicométriques ont été effectuées à partir
du logiciel Antidote. Les résultats présentent d'abord, en
complément d'une recherche antérieure, les analyses descriptives
de l'ensemble des items, mais aussi des analyses de corrélations avant
des analyses de régression. Pour rappel, avant d'effectuer une
régression linéaire, il faut vérifier la pertinence du
modèle de prédiction à partir d'une analyse de variance
(ANOVA). Ensuite, des analyses de profils seront dégagées à
partir d'indicateurs lexicométriques.
6.1. Intentionnalité de pratique des tablettes tactiles en classe et
au CUFR : analyses descriptives et corrélations entre les
variables
Les analyses descriptives (tableau 1) réalisées avec SPSS montrent que les scores d'évaluation de l'intention de
pratique (utilité et facilité perçues) et des variables
dépendantes (sentiment de compétences et craintes) ne
présentent pas de différence majeure selon les contextes, aussi
bien au niveau des moyennes des scores que de la répartition des scores
(écart-types).
Tableau 1 • Analyse descriptive des
moyennes des scores des indicateurs (sentiment de compétences, craintes,
facilité et utilité perçues) selon les contextes (en classe versus au CUFR)4
|
En classe
Moyenne des scores (écart-type) |
Au CUFR
Moyenne des scores
(écart-type) |
Sentiment de compétences |
3,14 (0,77) |
3,1 (0,88) |
Craintes de pratique |
2,71 (1,2) |
1,95 (1,1) |
Facilité perçue |
2,86 (0,86) |
2,86 (0,94) |
Utilité perçue |
3,77 (0,45) |
2,53 (1,15) |
Les étudiants enquêtés se considèrent relativement
compétents dans la pratique d'une tablette tactile en classe (X=3,14) et
au CUFR (X=3,1). Ils se déclarent moyennement anxieux par une pratique en
classe (X=2,71) et au CUFR (X=1,95). Ils considèrent aussi que
l'utilisation d'une tablette est relativement aisée en classe (X=2,86) et
au CUFR (X=2,86), mais sensiblement plus utile en classe (X=3,77) qu'au CUFR
(X=2,53).
Les analyses de corrélations effectuées avec l'ensemble des
variables montrent que l'intentionnalité de pratique en classe n'est
liée à aucune variable sélectionnée.
L'intentionnalité de pratique des tablettes tactiles au CUFR est en
revanche liée à certaines variables dépendantes (tableau
2).
Tableau 2 • Corrélations
significatives entre intentionnalité de pratique (facilité et
utilité perçues) et variables dépendantes
|
r |
p |
Facilité perçue au CUFR
* sentiment de compétences classe
* utilité perçue CUFR
* sentiment de compétences CUFR |
0,26
0,41
0,63 |
0,02
< 0,00001
< 0,00001 |
Utilité perçue au CUFR
* facilité perçue CUFR
* sentiment de compétences CUFR |
0,41
0,24 |
< 0,00001
0,32 |
Ces premières corrélations montrent un lien fort entre les deux
dimensions de l'intentionnalité et avec le sentiment de
compétences de pratique des tablettes tactiles au CUFR. Dans les deux
dimensions de l'intentionnalité de pratique des tablettes tactiles au
CUFR, le sentiment de compétences apparaît comme variable
liée. Dès lors, il s'agit de comprendre de possibles effets
médiateurs ou modérateurs de l'intentionnalité par le
sentiment de compétences.
6.2. Régression linéaire de l'intentionnalité de
pratique des tablettes tactiles en classe et au CUFR
Lorsque l’on croise les différentes variables pour
déterminer le poids du contexte sur les intentions d’usage, il
semble que certaines frontières des contextes puissent dépasser
les intentions d’usages. Certes, si l’on cherche à comprendre
l’intention d'utilisation des tablettes en classe (utilité et
facilité) à travers des intentions de pratiques au CUFR, en
croisant ou non avec l’ensemble des variables psychologiques explicatives,
aucun lien significatif n’apparaît. Cependant, le sentiment de
compétences en classe (Khi²(8) = 16,6, p < .05) et l’utilité perçue de la
tablette en classe (Khi²(8) = 11,5, p < .10)
participent à la genèse de l’utilité perçue au
CUFR.
La première régression linéaire concerne
l'utilité perçue (avec une seule variable indépendante, le
sentiment de compétences au CUFR) et la seconde régression
concerne la facilité perçue (avec deux variables
indépendantes, le sentiment de compétences au CUFR et en classe).
Même si le modèle de régression effectué ici est
limité (une ou deux variables indépendantes), ces premières
analyses permettront de confirmer le poids du sentiment de compétences
dans l'utilité perçue et la facilité perçue, en
contrastant avec le modèle initial de Lefer Sauvage (Lefer Sauvage, 2021a).
Dans notre recherche, nous obtenons les résultats suivants :
F(1,76) = 4,75, p = 0,32,
R²ajusté = 0,046. Ainsi, il y a une relation
statistiquement significative entre l'utilité perçue de la
pratique au CUFR et la variable indépendante (sentiment de
compétences au CUFR), cette dernière expliquant 4,6 % de la
variation de l'utilité perçue.
Dans le second modèle, l'ANOVA n'est pas significative. En excluant le
sentiment de compétences en classe, l'ANOVA devient significative :
F(1,76) = 23,43, p < 0,001,
R²ajusté = 0,367. Ainsi, il y a une relation
statistiquement significative entre la facilité perçue de la
pratique au CUFR et le sentiment de compétences au CUFR, cette
dernière expliquant 36,7 % de la variation de la facilité
perçue.
Dès lors, est-ce que cette première structuration de
l'intentionnalité met en valeur des profils de réponses chez les
étudiants ?
La seule variable indépendante (parmi le sexe, le temps passé
à Mayotte, la possession de tablette tactile personnelle et le nombre
d'applications citées) qui apparaît significative dans les
corrélations, est la possession ou pas d’une tablette tactile
personnelle, en lien avec le sentiment de compétences pour une pratique
en classe (r = - 0,34, p = 0,002). La
plupart des étudiants enquêtés questionnés
n’ont pas de tablettes. Les personnes qui possèdent une tablette
personnelle (N=33) considèrent que c’est un outil plutôt
utile ou utile en classe (N=32) et que c’est facile ou plutôt facile
à utiliser en classe (N=28). Les étudiants qui possèdent
une tablette personnelle n’ont pas de craintes par rapport à la
pratique en classe (N=20) et se sentent compétents ou plutôt
compétents (N=31). La moitié de ce sous-échantillon (N=16)
considère que c’est utile au CUFR quand l’autre moitié
considère que ce n’est pas utile au CUFR. La plupart
considère que ce n’est pas facile à utiliser au CUFR
(N=20)5. Parmi les
enquêtés qui ne déclarent ne pas posséder une
tablette (N=54), la plupart (N=37) a des craintes par rapport à la
pratique en classe tout en se sentant compétents ou plutôt
compétents (N=40).
Le faible nombre de sujets par sous-groupe ne permet pas de réaliser
une ANOVA ou une régression, mais il semble que le fait de
posséder une tablette tactile chez soi pourrait agir symboliquement,
comme un objet transitionnel entre les contextes d'usage (Mercier, 2020) qui faciliterait les liens entre les intentions d'usage au CUFR et ceux en
classe. La non-possession personnelle d’une tablette agirait sur
l'augmentation des craintes par à rapport à l’intention
d'utilisation en classe (mais pas sur une meilleure connaissance
déclarée de l’outil tablette, ni des applications
existantes). Le sentiment de compétences reste très lié
à l’utilité perçue de la pratique,
indépendamment des contextes d’exercice, même s'il ne permet
pas de discriminer des profils d'intention d'utilisation. L'intention de
pratique au CUFR semblerait plus explicative des intentions en classe
plutôt que l'inverse.
6.3. Applications numériques pratiques en classe et au CUFR :
vers des usages déduits idéaux et redoutés
Dans l’ensemble de l’échantillon des 87 étudiants
interrogés, plus d’un tiers (N=33) déclare posséder
une tablette personnelle, 19 déclarent ne connaître aucune
application précise à utiliser en classe, et 76 déclarent
ne connaître aucune application précise à utiliser au CUFR.
Par rapport aux questions sur les applications connues et qui pourraient
être potentiellement testées en classe auprès des
élèves, le logiciel Antidote mentionne 737 mots
utilisés pour évoquer des applications susceptibles d'être
testées en classe (« prêt à tester en
classe »), 882 mots pour évoquer des applications
« qu'on peut utiliser en classe », et 183 mots pour
évoquer des applications que les étudiants seraient
« prêts à tester » au CUFR. Sur l'ensemble de
ces mots, nous comptabilisons la diversité des applications
citées, le nombre de réponses « je ne sais
pas » ou « non », mais aussi le nombre
d'applications citées différentes (tableau 3).
Tableau 3 • Nombres d'applications
sur tablettes citées dans le cadre du contexte de la classe et du
CUFR
|
Je ne sais pas ou je ne connais pas |
Applications précises citées |
Applications citées différentes |
Pour la classe |
9 |
143 |
72 |
Prêt à tester en classe |
19 |
70 |
35 |
Pour le CUFR |
76 |
12 |
5 |
Pour cela, nous regroupons dans une seule dimension les données
redondantes (par exemple, sont comptabilisés comme une seule application
les éléments suivants : « Multiplication avec Math
Mathews » et « Calcul Mental avec Math Mathews »).
Deux types d'informations ne sont pas comptabilisées dans les
applications (N=8 réponses) : une erreur apparente entre la notion
« d'applications » et de « site
internet » (par exemple, « La littérature courte
interdite aux parents » ou encore « 34 outils pour
l'école »), et des approximations comme : « faire des
jeux de logique », « androïde »,
« jeux pour lire », « jeux de
mémory », « jeux de lecture », « jeux
de graphisme ».
A la suite de ces résultats chiffrés (tableau 3), les verbatims
permettent de préciser les usages potentiels ou souhaités.
6.3.1. Usages idéaux et usages empêchés au CUFR
A l'université (CUFR), les principales applications citées sont
essentiellement des applications du « constructeur »,
disponibles directement sur les tablettes (donc ne nécessitant pas un
téléchargement particulier), notamment
« photos » pour « prendre des photos des
cours », « son » pour enregistrer les
enseignements ou encore « internet ». Trois applications
téléchargées6 a priori sont mentionnées : « Youtube »,
« prise de notes » et « Moodle ». En
complément, les pratiques idéales d'apprentissage (en tant
qu'étudiant) envisagées avec les tablettes tactiles
nécessitent 3 types de compétences :
- La gestion des données, avec le stockage « Tous
les documents qu'on nous distribue en version papier numérisé,
stocker dans un cloud facile d'accès pour limiter les impressions. Des
applications moodle, boite mail univ et hyperplanning qui sont accessibles
facilement. Et buguant le moins possible ».
- La création de contenus multimédias, avec de
nombreux détails (logiciel, paramètres) bureautiques :
« Enregistrer les cours et les ranger par bloc ensuite par
discipline », « Prendre des notes »,
« Prendre des photos de cours ».
- La collaboration et le partage : « Le travail
collaboratif », « Partage et échange sur nos travaux
et nos pratiques », « Utilisation de PAD pour les travaux en
groupe ».
Ces compétences répondent à des besoins particuliers,
notamment économiques : « Enregistrement vocal de mes
propres prises de note des cours pour aller plus vite », ergonomiques
(plus léger, performant, transportable) : « La tablette
prendrai[t] des notes de synthèse du cours », et sont soumises
à des accès techniques au sein du CUFR : « Avoir la
connexion au CUFR », « Avoir un réseau au
CUFR ». Trois réponses renvoient directement à des
mythes d'un idéal d'usage, et sont de l'ordre de la dévolution du
travail d'apprentissage à la tablette tactile : « La
tablette idéale répondrait à toute mes attentes, sur
demande », « Je vis dans "un monde idéal" et je serai
prêt à tout tester avec ma tablette ». Les
étudiants témoignent ici d'un idéal technologique où
l'apprentissage ne subit aucune frustration puisqu'il est dévolu à
la tablette tactile. La prise de notes reste un besoin essentiel dans la vie
d'un étudiant et la tablette pourrait y répondre.
6.3.2. Usages idéaux et usages empêchés en classe
A l'école, les principales applications citées sont d'abord des
applications disciplinaires ciblées, en majorité le
français (apprentissage de la langue française, lecture,
écriture, compréhension) et les mathématiques
(géométrie, algèbre, calcul), dont une trentaine renvoie
à des applications précises : « Scratch,
Géogebra, J'écris En Cursive, Kaligo, Dire, Lire, Écrire,
BookCreator ».
Sur les 107 applications très spécifiques sur l'ensemble des
verbatims « Gcompris, Pays du monde, L'abc des animaux,
Domino », etc., finalement, on identifie 4 applications exclusives,
non connues et que les étudiants sont prêts à tester
« Babel, 50 langues, AB math, Puzz and road ». Les deux
premières visent un apprentissage des langues, les deux suivantes visent
un entraînement au calcul mental et à la logique
mathématique.
Contrairement aux usages idéaux et aux usages empêchés au
CUFR, les applications téléchargées destinées au
contexte de la classe sont beaucoup plus nombreuses que les applications
« constructeur ». L'explicitation de l'objectif
pédagogique visé est également détaillée (29
et 14 occurrences à la préposition « pour »
selon les questions « connues pour la classe ou prêt à
tester »), là où l'objectif d'apprentissage au CUFR
l'est rarement. Pour la classe, quatre critères sont mentionnés
comme affectant les choix d'application : une discipline ciblée, un
apprentissage spécifique « amélioration de la fluence et
apprentissage de la lecture sans oublier qu'il faudrait qu'ils soient
ludiques », une pédagogie générale
« différenciée » et une population
particulière (quatre mentions d'élèves en maternelle, deux
en cycle 3 et un en CP).
7. Conclusion et discussions
L’objectif de cette recherche est de
comprendre, à travers une conceptualisation enrichie de
l'intentionnalité de pratiques des tablettes tactiles (telle que nous
l'avons évoquée), les facteurs psychologiques qui pourraient
participer à cette intention de pratique, en faisant l'hypothèse
que l’intention de pratique des tablettes tactiles dans un certain
contexte (à l’université) peut médiatiser
l’intention de pratique des tablettes tactiles dans un autre contexte (en
classe devant les élèves). La méthodologie a une
visée réflexive : interroger les enseignants stagiaires sur
leur propre intention de pratique des tablettes tactiles. Au total, 87
étudiants sont enquêtés à partir d’un
questionnaire, disponible en ligne. Les résultats de cette enquête
ont été mis à disposition des enquêtés, et les
données issues de ces analyses sont intégrées dans le
dispositif de formation, pour améliorer la formation par la
recherche.
Un des premiers éléments importants de cette recherche est que
l’outil tablette tactile (au sens de l’artefact, selon Rabardel, 1995) n’est pas considéré de la même façon selon le
contexte université versus école (hypothèse 3 non
validée). Une grande partie des étudiants ne possède pas de
tablette tactile personnelle et n’en fait pas usage dans leur quotidien.
Les besoins d’outils numériques en formation initiale sont
réduits au premier abord à une prise de notes. La tablette ne
permet pas d’y répondre aisément et entre en concurrence
avec d’autres outils considérés comme plus performants
(ordinateurs portables, papier/crayon). Des besoins liés à des
problématiques techno-ergonomiques sont majoritairement mentionnés
(prise de notes, artéfact léger, stockage des données),
ainsi qu'une pratique multimédia de la tablette (effectuer en même
temps une vidéo des enseignements, une prise de notes des enseignements,
un enregistrement audio). Ces éléments témoignent d'une
faible possibilité d'implication des étudiants dans leur contexte
et formation universitaire par rapport à leur formation professionnelle
en classe. Ces éléments questionnent l’importance du
« pouvoir d’agir » (Rabardel, 1995) des étudiants dans leur pratique des outils dans leur formation
universitaire.
Un second résultat de cette enquête est que la possession de
matériel (tablette) favorise l’intention d'utilisation en classe
auprès des élèves ou au CUFR. Les résultats tendent
à montrer que cette variable agit comme un facilitateur des liens entre
les contextes d'intention de pratique.
Mais la variable centrale dans le modèle de régression
esquissé demeure le sentiment de compétences au CUFR, qui agit
directement sur l'utilité perçue et la facilité
perçue au CUFR. Or, l'intentionnalité de pratique des tablettes en
classe n'est pas liée aux variables psychologiques prises en compte dans
cette recherche (notamment au sentiment de compétences), ni
dépendante de celles-ci. Aussi, ces premiers résultats interrogent
le fait que l'intentionnalité se construise avec les mêmes
processus selon les contextes (hypothèse 2 validée). Plus encore,
nos résultats amènent à revoir les dimensions de
l'intentionnalité, puisque selon les contextes, elle se définit
soit par les deux dimensions (déjà identifiées par Davis en
1989, à savoir l'utilité perçue et facilité
perçue), soit par aucune des deux directement. Ces résultats
laissent penser qu'on pourrait avoir des formes et des modélisations
différentes (avec des effets médiateurs dans certains contextes,
mais pas dans d'autres) et des processus variés (entre
identification/idéalisation, dés-identification et craintes) dans
la genèse de l’intentionnalité. D'ailleurs, ces
résultats vont dans le sens des travaux de Nogry et Sort (Nogry et Sort, 2016),
recueillis avec une méthodologie qualitative, qui montrent que
l’intention de pratiques reste un facteur important à
étudier, dans certains cas, un préalable à
l’appropriation et l’usage réel d’une technologie. Mais
les chercheuses notent aussi que l’utilité perçue est un
indicateur plus pertinent que la facilité perçue, et que le
sentiment de compétences peut être déterminant à
l’usage et à l’intention de pratiques.
Une troisième analyse a été effectuée sur la base
de contrastes dans la population enquêtée et, notamment, la
possession d'une tablette dans la sphère personnelle. Les
résultats tendent à montrer que cette variable agit non seulement
comme un facilitateur des liens entre les contextes d'intention de pratiques des
tablettes tactiles (hypothèse 1 validée), mais surtout, comme une
variable dépendante pouvant impacter le sentiment de compétences.
A travers les justificatifs des étudiants enquêtés quant
à la pratique de certaines applications par rapport à d'autres,
certains explicitent leur choix d'application soit pour agir
« sur » (les aspects disciplinaires), soit pour agir
« pour » (l'apprentissage par exemple). Or, cette dichotomie
pourrait faire référence à la genèse instrumentale
de Rabardel (Rabardel, 1995) :
les justificatifs « agir sur » concernent les
compétences en lien avec l’utilisation et l'enrichissement de
l'activité par l'outil numérique (instrumentalisation), alors que
les justificatifs « agir pour » renvoient essentiellement
à la modification de l’activité par le sujet pour utiliser
les fonctionnalités des tablettes et des applications ciblées
(instrumentalisation). Le fait de considérer que les compétences
numériques (en lien avec le CRCN) puissent renvoyer à des besoins
spécifiques en termes de genèse instrumentale reste à
approfondir mais demeure une piste innovante de recherches esquissée
très récemment (Mercier et Lefer Sauvage, 2022).
Pour finir, les résultats mettent en valeur un ensemble de mythes
autour du numérique, notamment la toute-puissance de l'humain grâce
à l'outil, mais aussi que l'outil réponde à toutes les
frustrations et aux besoins des étudiants, ce que Amadieu et Tricot ont
montré depuis 2014 (Amadieu et Tricot, 2014).
Certes, on peut imaginer que la technophilie affichée des
étudiants réponde à un contrat didactique avec le
formateur, d'autant que cette enquête a été proposée
dans le cadre des enseignements universitaires et en période de
pandémie mondiale, ce qui constitue deux limites à cette
recherche, mais la question demeure quant aux conséquences de
l'évolution numérique et matérielle exponentielle sur le
territoire dans les usages et l'inconscient collectif de la population
Mahoraise. Lefer Sauvage et Kerneis (Lefer Sauvage et Kerneis, 2021) ont montré que la mise en place de collectifs étudiants-chercheurs
à Mayotte pouvait renforcer des inégalités
déjà patentes et maintenir des pratiques assujettissantes entre
les populations, qui sont interprétées sur le plan culturel comme
une forme de colonisation. Aussi, pour éviter un sentiment similaire
lorsqu’on travaille en formation initiale à partir des outils
numériques, il semble que le « pouvoir d’agir » (Rabardel, 1995) des acteurs sur les outils numériques reste une variable fondamentale
dans l’intentionnalité de pratique des TICE.
En conclusion, ces éléments doivent être
complétés pour aller dans le sens d’un meilleur
accompagnement pédagogique universitaire, au plus proche des besoins des
étudiants, et encouragent même la conception des apprentissages
universitaires avec eux. L’intentionnalité de pratique est un
facteur essentiel dans l’appropriation, mais la démarche inclusive
des enseignants dans cette pratique (dans une conception bottom-up rendant
possible le pouvoir d’agir) reste fondamentale pour éviter la
désimplication et tenter un changement de posture et de rapport à
la technologie (Picard-Gallart, 2019).
La mise en place de la plateforme d'auto-formation et de certification PIX
auprès des enseignants stagiaires à partir de septembre 2021 au
CUFR de Mayotte et une possible généralisation sur l'ensemble de
la formation initiale interrogent. Les espaces de frontières entre les
identités estudiantines et professionnelles semblent difficilement
communiquer, sans pour autant créer un espace
« d’inter-métier » (Thomazet et Merini, 2015).
Soutenir les enseignants stagiaires dans leur capacité
méta-réflexive en proposant des situations qui permettent de
créer des attentes quant à leur pratique de la tablette en
situation didactique semble alors être une phase essentielle de leur
construction identitaire et de maîtrise des TICE. Un des risques forts
quant à l’usage de la tablette tactile est de considérer que
cet outil « miracle » va aider les élèves en
difficulté puisqu’il va les réinscrire dans une dynamique
d’apprentissage. Or, cette conception demeure un mythe autour de la
pratique des tablettes tactiles au détriment de l’analyse
didactique et d’une prise en compte du collectif dans
l’apprentissage.
À
propos de l’auteur
Gaëlle LEFER-SAUVAGE est
Maîtresse de Conférences en Sciences de l’Éducation au
CUFR de Mayotte, membre associée au CREN (EA2661). Ses travaux de
recherche portent sur la construction identitaire professionnelle, la pratique
et l'appropriation des outils numériques (notamment mobiles) et la
médiation des outils instrumentés dans l’apprentissage. Ses
travaux récents s’engagent dans une compréhension culturelle
des usages, des artefacts et des identités. Elle est coordinatrice sur
Mayotte du réseau Unires (Réseau des Universités pour
l’Éducation à la Santé).
Adresse : Centre Universitaire de
Formation et de Recherche de Mayotte (CUFR), Route nationale 3, BP 53, 97660
DEMBENI
Courriel : Gaelle.lefer-sauvage@univ-mayotte.fr
RÉFÉRENCES
Amadieu, F. et Tricot, A.
(2014). Apprendre avec le numérique : mythes et
réalités. Retz.
Attenoukon, S. A., Karsenti, T. et Lepage, M. (2015).
L’apprentissage avec des supports mobiles dans l’enseignement
supérieur au Bénin : analyse des usages des apprenantes. Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire /
International Journal of Technologies in Higher Education, 12(3),
62–74.
Audoux, L. et Mallemanche, C. (2020). L’équipement courant des ménages des DOM proche de ceux
de métropole, hormis à Mayotte (Rapport Insee, n°181,
janvier).
Baron, G.-L. et Bruillard, E. (2008). Technologies de
l’information et de la communication et indigènes
numériques : quelle situation ? Revue Sticef —
Sciences et technologies de l’information et de la communication pour
l’éducation et la formation, 15. Disponible sur internet.
Betrancourt, M. (2007). L'ergonomie des TICE : quelles
recherches pour quels usages sur le terrain ? Dans B. Charlier et D. Peraya
(dir.), Regards croisés sur la recherche en technologie de
l’éducation (p. 77-89). De Boeck.
Béziat, J. (2012). Former aux TICE : entre
compétences techniques et modèles pédagogiques. Revue
internationale des technologies en pédagogie universitaire/International
Journal of Technologies in Higher Education, 9(1-2), 53-62.
Béziat, J. et Villemonteix, F. (2016). Les TICE au
quotidien : suffit-il d’en faire ? Le cas de
l’école primaire en France. Education & Formation,
304(2), 41-52.
Blanchard-Schneider, A., Botton, H., Mileto, V. et Caro,
P. (2018). Panorama des Inégalités scolaires d’origine
territoriale en France (Rapport Cnesco).
Caradec, V. (1999). Vieillissement et usage des
technologies. Une perspective identitaire et relationnelle. Réseaux, 17(96), 45-95.
Cerisier, J-F. (2020). Injonctions
numériques : entre techno-enthousiasme et pratiques collectives [communication orale]. Ludovia, Ax-les-Thermes, France. Disponible sur internet.
Conseil Départemental De Mayotte (2013). Schéma Directeur Territorial d’Aménagement
Numérique du Département de Mayotte. Disponible sur internet.
CRCN. Décret n° 2019-919 du 30 août
2019 relatif au développement des compétences numériques
dans l'enseignement scolaire, dans l'enseignement supérieur et par la
formation continue, et au cadre de référence des
compétences numériques. (août, 2019). Disponible sur internet.
Davis, F. (1989). Perceived usefulness, perceived ease of
use, and user acceptation of information technology. MIS Quarterly,
32(4), 319-340.
Dubois, M. et Bobillier-Chaumon, M-E. (2009).
L’acceptabilité des technologies : bilans et nouvelles
perspectives. Le travail Humain, 72(4), 305-310.
Fluckiger, C. (2008). L’école à
l’épreuve de la culture numérique des élèves. Revue française de pédagogie, 163, 51-61. Disponible sur internet.
Georges, C. (1964). L'anticipation dans la
résolution d'une tâche complexe. L'année
psychologique, 64(1), 83-10.
Guichard, J. (2004). Se faire soi. L’Orientation
Scolaire et Professionnelle, 33, 499-534.
Hamon, D. et Villemonteix, F. (2015). Le rapport des
élèves et des enseignants aux tablettes numériques à
l’école primaire : vers une évolution de la forme
scolaire ? Distances et Médiations des Savoirs, 11. Disponible sur internet.
HCERES (2020). Rapport d’évaluation du
centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) de
Mayotte : campagne d'évaluation vague E, 2018-2019. Disponible sur internet.
Karsenti, T. et Fievez, A. (2013). L’iPad
à l’école : usages, avantages et défis.
Résultats d’une enquête auprès de 6057
élèves et 302 enseignants du Québec (Canada). CRIFPE.
Lefer, G. (2012). Les « sois possibles »,
développement des espoirs et des peurs chez les élèves de 8
à 10 ans, liens avec le soi scolaire et les performances
académiques [Thèse de doctorat en psychologie,
Université de Nantes, France].
Lefer Sauvage, G. (2021a, juin). Intention d'usage des
tablettes en formation initiale d'enseignants à Mayotte. Dans Actes de la 10e Conférence sur les Environnements Informatiques pour
l’Apprentissage Humain (EIAH 2021) (p. 106-117). Disponible sur internet.
Lefer Sauvage, G. (2021b, novembre). Numérique
pédagogique [communication]. Assises du numérique à
Mayotte, Mamoudzou, Mayotte.
Lefer Sauvage, G. et Bachelot, S. (2021). Étude
exploratoire de l'intention d'usage des tablettes tactiles par des
enseignant.e.s d'ULIS-école à Mayotte. Dans M. Priolet (dir.), L'école à Mayotte : approches plurielles (p. 121-154).
Sépia.
Lefer Sauvage, G., Genevois, S. Wallian, N. et Mercier,
C. (2020). Les « co-errances » identitaires professionnelles
chez les enseignant.e.s stagiaires à l’épreuve de la
COVID-19. Formation et profession : revue scientifique internationale en
éducation, 28(4, hors-série), 1-12.
Lefer Sauvage, G. et Kerneis, J. (2021, juin). Des
ingénieries coopératives de type étudiant.e.s-chercheur.e.s
à Mayotte en 2020 : entre utopies et
hétérotopies ? [communication]. 2ème
congrès international de la Théorie de l'action conjointe en
didactique : pour une reconstruction de la forme scolaire
d'éducation, Nancy, France. Disponible sur internet.
Lefer Sauvage, G., Mercier, C., Lopez-Cazaux, S. et
Vannier, M-P. (2021, avril). Étude exploratoire de
l’étayage instrumenté dans le domaine de
l’éducation à la santé pour des adolescents avec
autisme [communication]. 8e Colloque international en
éducation, CRIFPE, Montréal, Canada.
Mercier, C. (2020). Accompagner les élèves
avec autisme dans des espaces coéducatifs avec un outil numérique
de planification. Journal of Translation and Languages, 19,
101–116.
Mercier, C. et Lefer Sauvage, G. (2022). Facteurs de
protection et modélisation du bien-être universitaire des
étudiants en formation à distance. Dans P.-O. Weiss et M. Ali
(dir.), L’éducation aux marges en temps de pandémie.
Précarités, inégalités et fractures
numériques (p. 226-241). Presses Universitaires de Provence.
Nogry, S. et Sort, C. (2016). Le temps de
l’appropriation d’une classe mobile par les enseignants à
l’école primaire. Distances et médiations des
savoirs, 16. Disponible sur internet.
OCDE. (2015). Connectés pour apprendre ?
Les élèves et les nouvelles technologies [rapport]. Disponible sur internet.
Peraya, D. (2018). Technologies, innovation et niveaux de
changement : les technologies peuvent-elles modifier la forme
universitaire ? Distances et médiations des savoirs, 21. Disponible sur internet.
Peraya, D. et Bonfils, P. (2014). Détournements
d'usages et nouvelles pratiques numériques :
l’expérience des étudiants d’Ingémédia
à l’Université de Toulon. Revue des sciences et
techniques de l'information et de la communication pour l'éducation et la
formation, 21, 239-268.
Peraya, D., Lombard, F. et Betrancourt, M. (2008). De la
culture du paradoxe à la cohérence pédagogique. Bilan de 10
années de formation à l’intégration des TICE pour les
futur-e-s enseignants du primaire à Genève. Formation et
pratiques d'enseignement en question, 7, 11-28.
Picard-Gallart, A. (2019). L’intégration
des technologies numériques à l’École : discours
et pratiques en tension. Étude d’une expérimentation
« tablettes » en collège [thèse de
doctorat, Université de Bourgogne, Dijon, France]. Disponible sur internet.
Plantard, P. (2014). Usages des technologies
numériques : innovations et imaginaires. Dans P. Musso
(dir.), Industrie, imaginaire et innovation (p. 57-68). Manucius. Disponible sur internet.
Rabardel, P. (1995). Les hommes et les technologies.
Approche cognitive des instruments contemporains. Armand Colin.
Rezeau, J. (2002). Médiation, médiatisation
et instruments d’enseignement : du triangle au
« carré pédagogique ». ASp, 35-36, 183-200. Disponible sur internet.
Thomazet, S. et Merini, C. (2015). L’école
inclusive comme objet frontière. La nouvelle revue de l'adaptation et
de la scolarisation, 70-71(1-3), 137-148.
Tricot, A., Plégat-Soutjis, F., Camps, J-F.,
Amiel, A., Lutz, G. et Morcillo, A. (2003). Utilité,
utilisabilité, acceptabilité : interpréter les
relations entre trois dimensions de l'évaluation des EIAH. Dans Actes
de la Conférence Environnements Informatiques pour l’Apprentissage
Humain (EIAH 2003) (p. 391-402). Disponible sur internet.
Venkatesh, V. (2000). Determinants of perceived ease of
use: Integrating control, intrinsic motivation, and emotion into the technology
acceptance model. Information system research, 11(4), 342-365.
Venkatesh, V. et Davis, F. D. (1996). A model of the
antecedents of perceived ease of use: Development and test. Decision
Sciences, 27(3), 451-481. Disponible sur internet.
Villemonteix, F., Hamon, D., Nogry, S.,
Séjourné, A., Hubert, B. et Gélis, J.-M. (2014). Expérience tablettes tactiles à l’école
primaire – ExTaTE [rapport de recherche]. Laboratoire
EMA - Université de Cergy-Pontoise. Disponible sur internet.
Wittgenstein, L. (2004). Recherches philosophiques [Philosophische Untersuchungen] (F. Dastur, M. Élie, J.-L. Gautero, D.
Janicaud et É. Rigal, trad.). Gallimard. (Ouvrage original publié
en 1953.)
1 La terminologie masculine n'est
privilégiée que pour des raisons d’ergonomie
d'écriture inclusive et pour éventuellement, faciliter la lecture.
De même, la population enquêtée est constituée
d’enseignants stagiaires (ou professeurs des écoles stagiaires).
Les terminologies « enseignants stagiaires, étudiants,
enquêtés » seront privilégiées pour soulager la
lecture en diversifiant les termes, même si ces identités sont
différentes (Lefer Sauvage et al., 2020).
2 Le « voir comme » est
entendu au sens de Wittgenstein (Wittgenstein, 1953/2004)
3 « Les étudiants
n’ont aucun autre endroit pour travailler entre les cours, alors
même que la majorité d’entre eux sont tributaires des
transports scolaires (rotation le matin entre 6h30 et 7h et le soir à
17h30, calquées sur les horaires des collèges et
lycées) ; il est constant de les voir travailler dans les escaliers,
sur le parking, sur des bancs à l’extérieur alors que le
climat est rude (températures supérieures à 30
degrés, pluies diluviennes), en l’absence de
préau. » (HCERES, 2020, p. 15).
4 Rappel : L’échelle
qualitative comporte 4 modalités de réponses de « Tout
à fait d’accord » (score de 4) à « Pas
du tout d’accord » (score de 1)
5 Aucun répondant n’a choisi la
modalité «pas du tout facile»
6 Très probablement, même si cela
dépend du constructeur et que nous n'avons pas cette information à
disposition.
|