Contact :
infos@sticef.org
|
L’utilisation du manuel numérique en contexte
postsecondaire : avantages et inconvénients
Chantal ROUSSEL (Université du Québec à Rimouski),
Marie-Michèle LEMIEUX (Université du Québec), Normand
LANDRY (TÉLUQ), Ghislain SAMSON (Université du Québec
à Trois-Rivières)
|
RÉSUMÉ : Ce
texte présente des résultats tirés d’une
synthèse des connaissances réalisée en 2015, concernant
l’utilisation du manuel numérique en contexte postsecondaire. Les
études répertoriées se concentrent sur des applications en
milieu universitaire, bien que quelques-unes d’entre elles
réfèrent à une formation équivalente à celle
du secteur collégial technique québécois. Les articles
retenus lors de cette recension proviennent de revues scientifiques
essentiellement anglo-saxonnes. Le travail d’analyse a permis de mettre en
exergue des avantages et des inconvénients perçus ou vécus
en relation avec l’usage du manuel numérique par des enseignants et
des étudiants. Les principaux résultats indiquent que
l’utilisation du manuel numérique se révèle
particulièrement positive quant aux formes d’interactivité
qu’il permet. En revanche, différents obstacles se dressent lorsque
vient le moment d’accéder à l’outil et de
l’utiliser.
MOTS CLÉS : Manuel
numérique, synthèse de connaissances, postsecondaire. |
The use of the e-textbook in higher education: Advantages and disadvantages |
|
ABSTRACT : The
results of this text draw on a synthesis of knowledge, done in 2015, surrounding
the use of the e-textbook in higher education. The studies examined largely
focus on applications in universities, even though a few among the studies refer
to an equivalent education to Quebec technical college. In the synthesis of
knowledge, the chosen articles mainly came from English scientific journals. The
analysis highlighted the perceived or real advantages and disadvantages of using
an e-textbook for both teachers and students. The main findings indicate that
using an e-textbook provides particular advantages due to its interactivity.
However, access and difficulties related to using the tool as such seem to
present disadvantages.
KEYWORDS : e-textbook,
knowledge synthesis, higher education. |
1. Introduction et problématique à
l’étude1
Depuis un certain nombre
d’années, à une époque marquée par
l’exigence de préparer les apprenants à évoluer au
sein d’une société du savoir, les médias
numériques pénètrent massivement les lieux
d’enseignement, du primaire à l’université.
C’est dans ce contexte qu’enseignants et apprenants recourent sur
une base régulière à des tablettes, des tableaux
numériques interactifs, des ordinateurs et, de façon croissante,
des manuels numériques dans le cadre de formations.
Les travaux réalisés dans le cadre de cette synthèse de
connaissances se concentrent sur le manuel numérique. Ils mettent en
évidence plusieurs divergences relatives au concept et à sa
définition. En effet, ce dernier évoque diverses appellations dans
la littérature : electronic book, e-book, digital
book(s), etext(s) (e-text), electronic textbook, electronic
text book, etextbook (e-textbook, eTextbook), digital book(s), digital e-books, digital textbook. Alors
que certains termes font référence au livre (book) ou au
manuel (textbook), d’autres font plutôt état du type
de format utilisé (numérique : e/electronic/digital)
ou renvoient à sa disponibilité sur le Web (online).
L’analyse des écrits recensés ne permet pas
d’effectuer une distinction claire entre le concept de livre et celui de
manuel numérique, considéré en tant qu’ouvrage
utilisé à des fins d’enseignement et d’apprentissage.
Les manuels numériques sont fréquemment considérés
comme de simples reproductions numériques des manuels imprimés (Shin, 2014).
Relativement peu d’auteurs abordent le livre ou le manuel numérique
en le reliant au monde scolaire, c’est-à-dire aux apprentissages
qu’il serait susceptible de soutenir (Dobler, 2015), (Shepperd et al., 2008), (Sun et al., 2012).
(Martin et Quan-Haase, 2013) rendent bien compte de la confusion qui existe autour de la définition de
manuel numérique. Pour ces auteurs, cette ambiguïté
proviendrait surtout du besoin de considérer séparément le
texte numérique de l'appareil employé pour le visualiser.
Considérant diverses appellations et caractéristiques
attribuées à ce type d’outil, les auteurs du présent
article comprennent le manuel numérique comme suit : le manuel
numérique désigne un « ouvrage didactique,
c’est-à-dire comprenant le contenu à
acquérir/enseigner, les objectifs, les méthodes et les moyens
pédagogiques, ainsi que des évaluations possibles. Il est
édité et diffusé sous forme numérique, et
destiné à être lu à l’écran » (Université du Québec, 2013).
Cette définition met l’accent sur des caractéristiques et
des contenus consacrés à l’enseignement et à
l’apprentissage d’un sujet donné, tout en considérant
sa caractéristique immatérielle, c’est-à-dire sa
forme numérique.
En milieu postsecondaire, l’introduction du manuel numérique est
relativement récente et suscite de nombreuses questions quant à
son utilisation concrète en mode présentiel ou en formation
à distance. Ce phénomène exige donc la compréhension
des bénéfices et des obstacles relatifs à son usage lors de
formations, en particulier concernant les stratégies pédagogiques
et les méthodes d’apprentissage à privilégier dans
une société dite « du savoir ».
Les travaux menés depuis trois ans par notre équipe de
recherche ont mis en exergue de nombreuses problématiques et perspectives
à considérer au sujet des applications pédagogiques du
manuel numérique (Université du Québec, 2013).
Les résultats de la synthèse des connaissances
présentés dans cet article sont circonscrits à un contexte
de formation postsecondaire et permettent à la fois de documenter,
d’analyser et de contextualiser les enjeux de l’intégration
du manuel numérique dans des pratiques enseignantes.
Une recension d’écrits sommaire (Samson et Fournier, 2014) a servi de base à nos travaux communs. Celle-ci a mis au jour des
intérêts de recherche multiples ou récurrents dans la
littérature. Entre autres, elle rapporte des enjeux liés à
la conception du manuel numérique, aux stratégies
pédagogiques à employer, aux compétences exigées des
enseignants et des étudiants, ainsi qu’à
l’efficacité de cet outil en contexte postsecondaire.
À titre d’exemple, plusieurs auteurs examinent les
différences entre les usages d’un manuel papier lorsque
comparés à ceux préconisant le manuel numérique (Chulkov et Van Alstine, 2013), (Dennis, 2011), (Rockinson-Szapkiw et al., 2013), (Shepperd et al., 2008), (Weisberg, 2011), (Woody et al., 2010).
Les résultats obtenus montrent qu’il n’existe
généralement pas de différence significative en ce qui a
trait à l’utilisation de l’un ou de l’autre par rapport
à la qualité des apprentissages réalisés.
D’autres chercheurs (Asunka, 2013), (deNoyelles et Seilhamer, 2013), (Elias et al., 2012), (Ji et al., 2014), (Kissinger, 2013), (Kouis et Konstantinou, 2014), (Marques de Oliveira, 2012), (Mizrachi, 2015), (Petrides et al., 2011), (Rambe et Nel, 2013) ont examiné les préférences d’étudiants
relatives au format imprimé ou numérique des manuels qu’ils
utilisent. Dans une forte mesure, les usagers affirment apprécier
davantage le manuel papier. Lorsque les manuels numériques sont
privilégiés, les motifs évoqués demeurent souvent
paradoxaux et plus généralement liés à des aspects
de commodité (prix d’achat, faible masse, possibilité de
conservation ou de revente, fonctionnalité de prise de notes,
économie de déplacement à la bibliothèque). Quant
à la valeur pédagogique et au potentiel
d’interactivité qu’offre l’outil, ces critères
de préférence demeurent marginaux.
En regard de travaux discutant de la satisfaction et de
l’utilité perçues du manuel numérique, (Stone et Baker-Eveleth, 2013a) expliquent qu’une première utilisation en influence de
manière significative l’usage futur. (Woody et al., 2010) ajoutent que le niveau de satisfaction éprouvé lors de
l’usage initial s’accroit avec des expériences
ultérieures et que le degré d’aisance augmente (Dennis, 2011).
Dans d’autres études, des chercheurs estiment que le premier usage
d’un manuel numérique est synonyme de difficultés pour la
majorité des étudiants (Cornell University et al., 2012).
Devant de tels constats, des facteurs concernant la décision
d’opter pour le manuel numérique, le niveau de satisfaction
éprouvé en l’employant, de même que l’aisance
toujours grandissante à l’utiliser constituent des
éléments qu’il convient de mieux comprendre et de
considérer dans des contextes de formation.
Quelques études se sont également penchées sur
l’emploi des fonctionnalités du manuel numérique à
des fins d’apprentissage, mais offrent des points de vue composites. Elles
avancent que l’annotation et la prise de notes dans le manuel
numérique ne seraient pas couramment utilisées par les
étudiants (deNoyelles et Seilhamer, 2013), (Laosethakul et Yajiong, 2011), (McFall, 2005), (Woody et al., 2010),
alors que la fonction de recherche et la table des matières
« cliquable », seraient employées plus couramment,
voire fréquemment (Cornell University et al., 2012).
D’autres études montrent que les étudiants font une
utilisation dite traditionnelle du manuel numérique (Cuillier et Dewland, 2014),
c’est-à-dire similaire à l’emploi d’un manuel
imprimé en ce qui a trait au surlignage dans le manuel et à la
prise de notes.
Les constats observés lors de cette recension d’écrits
sommaire ont conduit l’équipe de chercheurs à une analyse
critique beaucoup plus approfondie de la littérature. Celle-ci a
été menée dans le cadre d’une étude (Samson et al., 2015) subventionnée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada
(CRSH) et se structure autour de cinq éléments jugés
essentiels à la compréhension des contributions et des impacts de
l’usage du manuel numérique en milieu postsecondaire. Il
s’agit :
- 1) des enjeux inhérents à la conception du
manuel numérique avec la prise en compte de dimensions
pédagogiques (approches et stratégies retenues), les formats et
les fonctionnalités du manuel ;
- 2) des compétences techno-pédagogiques des
enseignants, de leurs impacts sur les méthodes d’apprentissage
privilégiées et des stratégies pédagogiques
mobilisées ;
- 3) des méthodes d’apprentissage et des
stratégies pédagogiques à proprement parler ;
- 4) des compétences des usagers à utiliser le
manuel numérique ;
- 5) de l’appréciation des méthodes
d’apprentissage et des stratégies pédagogiques reposant sur
l’emploi du manuel numérique en contexte postsecondaire.
Les résultats des différentes études recensées
mettent en évidence certains avantages et inconvénients
perçus ou empiriquement vérifiés de l’usage du manuel
numérique à des fins d’apprentissage. Ils sont entre autres
issus des préférences manifestées ou du niveau de
satisfaction éprouvé lors de l’usage du manuel
numérique par rapport à l’utilisation du manuel papier.
Sur la base de cette recension, le présent article distingue ces deux
points en se consacrant à l’intégration du manuel
numérique au sein de l’éducation postsecondaire (Samson et al., 2015).
Il montre d’abord, dans une moindre mesure, les avantages et les
inconvénients de l’utilisation du manuel numérique en
examinant le point de vue des enseignants. Ensuite, ce texte met l’accent
sur l’appréciation et les perceptions des étudiants à
l’égard du manuel numérique, les recherches ayant davantage
interrogé ce public. En outre, ces perceptions se précisent
à travers des dimensions d’interactivité,
d’accessibilité, de design, ainsi que de caractéristiques
matérielles du manuel numérique. L’article se termine en
exposant des perspectives de formation, des possibilités
d’utilisation pédagogique du manuel numérique et des moyens
de contrer certains écueils relatifs à ses usages.
2. Choix méthodologiques
La synthèse de la
documentation scientifique menant à ces résultats a
été réalisée entre les mois de mai et
d’août 2015. Lors de cette recension, un repérage de plus de
600 documents scientifiques a été effectué. Ces textes ont
successivement été classés, triés, analysés
et rejetés en fonction de critères détaillés dans la
partie qui suit. Les étapes proposées par (Fink, 2010) ont
balisé la démarche retenue. Ces étapes ont
été reprises et modulées en fonction des résultats
obtenus et de l’état d’avancement des travaux. Il
s’agissait :
- 1) d’effectuer la sélection des bases de
données à fouiller ;
- 2) de dresser l’inventaire des mots-clés et des
descripteurs à utiliser en adéquation avec les dimensions
pédagogiques à explorer ;
- 3) d’utiliser des stratégies pour raffiner sa
recherche ;
- 4) d’appliquer les critères de sélection
de la littérature pertinente et d’en considérer de nouveaux,
le cas échéant ;
- 5) de prendre connaissance du contenu des textes (pour
l’étape suivante) ;
- 6) d’analyser, classer et rédiger une
synthèse des écrits recensés.
Le codage des articles a été réalisé à
l’aide du logiciel de traitement de données qualitatives NVivo.
2.1 Sélection des bases de données
Cette première étape consistait
à explorer, puis à sélectionner les bases de données
spécialisées et multidisciplinaires suivantes : Scopus
(Elsevier), Francis (EBSCO), Web of Science, Sudoc, Proquest Dissertation and
Theses, Emerald Journals, Education Research Abstracts Online, CAIRN,
Érudit, Computers & Applied Sciences Complete, PsychINFO, Computer
Database (Gale), Applied Science & Technology Source, Springer Link,
Education Source, Education Research Complete, Eric (EBSCO) et Persée.
2.2 Inventaire des mots-clés et des descripteurs à utiliser
Les mots-clés initiaux manuel
numérique, e-textbook, e-manuel, digital textbook et electronic
textbook ont été saisis dans différentes bases de
données afin d’observer la valeur et l’ampleur des
résultats obtenus. Certains mots-clés ont été
supprimés (notamment e-manuel) parce qu’ils
généraient des résultats inappropriés aux objectifs
poursuivis. La démarche a permis de faire émerger d’autres
mots-clés importants (e-textbook, e-book). Les résultats
obtenus ont également enjoint les chercheurs à concentrer les
activités de recherche au sein de bases de données
spécialisées, celles-ci regroupant la vaste majorité des
résultats émergeant des requêtes effectuées.
2.3 Utilisation de stratégies de raffinement de la recherche
La recherche et la sélection des
écrits a débuté par l’emploi des descripteurs
suivants : digital textbook, e-textbook, etextbook, electronic
textbook. La procédure s'est raffinée par l’inclusion de
mots-clés secondaires en référant au contexte
« universitaire », par exemple, ou au terme
« education ». À l’issue de la
recension, 652 références ont été
générées et conservées dans la bibliothèque Endnote pour un traitement ultérieur.
2.4 Application des critères de sélection pertinents
Un premier tri des documents présents dans Endnote a été effectué afin d’éliminer
les textes ne répondant pas au critère « article
scientifique », celui-ci se définissant comme une publication
universitaire de nature scientifique révisée par des pairs. Le
titre et le résumé de chaque texte ont été parcourus
afin de classer les articles retenus au sein de leurs catégories
d’appartenance. Les sections méthodologiques de chaque article ont
été lues afin de valider la nature scientifique de la revue.
Puisque ces documents n’appartiennent pas à la catégorie
« articles scientifiques », les thèses, les chapitres
de livres, les livres et les communications ont ainsi été
retirés de la liste. Au total, 158 entrées ont été
éliminées, portant à 494 le nombre de documents
répertoriés.
Ces documents, classés par auteurs, ont fait l’objet d’un
nouveau tri utilisant les critères d’exclusion suivants, à
savoir le traitement du manuel numérique dans :
- a) un contexte autre que postsecondaire ;
- b) des aspects et dimensions ne correspondant pas aux
catégories d’investigation retenues (par ex. : utilisation du
critère plus spécifique contexte d’enseignement) ;
- c) une publication au sein d’une revue non
arbitrée par des pairs ayant échappé au premier tri.
À la suite de ces éliminations, la bibliothèque Endnote comptait 288 articles. Une nouvelle bibliothèque
contenant les articles rejetés a été créée
ainsi qu'un fichier précisant le degré de pertinence et les motifs
du rejet pour chacun des articles.
Au 3e tri, une lecture plus approfondie du résumé et
de la méthodologie a permis de resserrer le bassin d’articles
considérés. En effet, certains articles ne correspondaient pas aux
caractéristiques d’un article scientifique car ils ne
présentaient aucun détail méthodologique, mais
s’inscrivaient davantage dans un récit d’expérience.
D’autres encore n’ont pas bénéficié d’une
évaluation par les pairs. Ce troisième tri a permis
d’éliminer les articles pour lesquels les données
pertinentes présentées en introduction ou dans la
problématique étaient issues du travail de recension de la
littérature par les auteurs. Cette élimination avait pour objectif
d’éviter l’effet de dédoublement des données,
une mauvaise interprétation ou une citation erronée des propos
originaux. Au terme de ce nouveau tri, la bibliothèque conservait 189
textes.
Une lecture minutieuse des articles retenus a été
effectuée préalablement à leur traitement dans le logiciel NVivo. Il s’en est suivi un nouveau tri de raffinement. Un nombre
important de textes a alors été rejeté en raison de
l'application de critères plus fins résultant d’un examen
approfondi des textes. Entre autres, les articles ne traitant pas
spécifiquement du manuel numérique dans un contexte
d’enseignement postsecondaire ont été retirés (par
ex. en recherche documentaire), de même que ceux qui abordaient les enjeux
associés à la lecture sur support numérique sans se
consacrer explicitement au manuel numérique. Les articles portant sur les
usages du livre (et non du manuel) numérique en milieu postsecondaire ont
également été éliminés. Au terme de cette
dernière sélection, 78 textes ont finalement été
retenus et encodés. La figure suivante reprend, en synthèse, les
étapes du processus de tri.
Figure
1 • Critères utilisés et nombre
d’articles découlant de chaque étape du processus de
tri
2.5 Lecture du contenu des textes et codage
Le traitement réservé aux articles retenus a été
organisé autour de l’analyse des cinq catégories
d’investigation (Samson et al., 2015) suivantes :
- les enjeux de conception du manuel numérique ;
- les stratégies pédagogiques et les méthodes
d’apprentissage qui lui sont propres ;
- l’impact des compétences techno-pédagogiques
des enseignants ;
- l’impact des compétences des étudiants,
l’efficacité des stratégies pédagogiques et des
méthodes d’apprentissage reposant sur son utilisation ;
- l’efficience du manuel numérique en éducation
postsecondaire.
Dans la section suivante, nous reprenons des résultats touchant les
avantages et les inconvénients relevés dans les écrits.
À la suite de ces résultats, nous présentons des pistes de
réflexion et d’action.
3. Résultats
La littérature offre un grand nombre
d’articles abordant, parfois directement (Bossaller et Kammer, 2014), (Buzzetto-More et al., 2007),
mais souvent implicitement (Baker-Eveleth et Stone, 2015),
les bénéfices et les obstacles liés à
l’usage du manuel numérique en contexte d’enseignement
postsecondaire. Ces attributs se décèlent simultanément
dans l’exposé des pour et des contre de
l’adoption du manuel numérique ; à travers des
descriptions d’attitudes, de perceptions et d’expériences des
utilisateurs ; parmi des facteurs d’adoption ; dans
l’estimation du niveau de performance des usagers ; concernant des
dimensions financières investiguées ; ainsi que de la
satisfaction manifestée lors de l’usage (deNoyelles et Seilhamer, 2013), (Rockinson-Szapkiw et al., 2013).
Parmi les recherches répertoriées, il faut noter que les
contextes de ces études varient considérablement en termes de
population (taille), de méthodologies (en majorité quantitatives,
qualitatives ou mixtes) et d’objets d’investigation (Samson et al., 2015).
Les travaux d’analyse se sont concentrés sur les points de
consensus en recherche quant aux avantages et inconvénients de
l’emploi pédagogique du manuel numérique, et sur les usages
en émergence.
3.1 Avantages et inconvénients du point de vue des enseignants
Les avantages soulevés par les enseignants concernent la
facilité d’utilisation perçue (perceived ease of
use) qui ressort comme critère déterminant de l’adoption
du manuel numérique utilisé en tant qu’outil
pédagogique (Kim et al., 2012), (Petrides et al., 2011).
Ils mettent également en exergue les possibilités
pédagogiques liées aux fonctionnalités du manuel
numérique et l’interactivité accrue qu’il peut offrir (Elias et al., 2012), (Kruger et Bester, 2014), (McFall, 2005), (Petrides et al., 2011), (Precel et al., 2009), (Reid et Morrison, 2014).
Souvent amalgamés aux défis technologiques, certains
écrits scientifiques rapportent que les aspects pédagogiques
représentent un souci particulier pour les enseignants. En effet, ces
derniers affirment devoir adapter leur enseignement pour que le manuel
numérique soit utilisé à son plein potentiel (Bode et al., 2013), (Hao et Jackson, 2014), (Knight, 2015), (Kruger et Bester, 2014), (Parsons, 2014), (Precel et al., 2009), (Schugar et al., 2011), (Sellnow et al., 2005).
Une ressource favorisant cette adaptation a trait aux fonctions statistiques
générées dans certains environnements d’apprentissage
hébergeant le manuel numérique. En effet, elles fourniraient des
données permettant de mieux cerner les besoins des usagers, entre autres,
en suivant l’évolution de l’étudiant à travers
les tâches proposées dans le manuel (Bossaller et Kammer, 2014) et en examinant les difficultés qui se présentent durant son
parcours. De plus, ces statistiques constitueraient des indices de
l’intérêt manifesté et de l’utilité
« vécue » par l’étudiant. Pour le
formateur, des analyses tirées de ces usages peuvent être mises
à profit pour modifier, voire améliorer l’enseignement
offert.
Un frein à l’achat fréquemment relevé dans la
littérature concerne le coût associé au manuel
numérique (Bossaller et Kammer, 2014), (Chulkov et Van Alstine, 2013), (Selby et al., 2012), (Terpend et al., 2014).
En fait, ce choix peut entraîner une charge économique importante,
notamment lorsqu’il est question de se procurer les dispositifs
informatiques donnant accès au manuel (ordinateur, tablette
électronique, etc.). D’autres inconvénients
réfèrent à des conditions imposées par les
plateformes commerciales distribuant le manuel numérique, entre autres
les délais et les coûts de mise à jour, ou des restrictions
qui limitent les usages et le partage (Cuillier et Dewland, 2014), (Laosethakul et Yajiong, 2011), (Vernon, 2006).
Face aux limites et aux restrictions imposées, certains enseignants
préfèrent produire leur propre manuel de cours numérique
non édité (Bossaller et Kammer, 2014), (Knight, 2015).
De cette façon, ils s’épargnent, ainsi qu’à
leurs étudiants, des obstacles économiques et
d’accessibilité.
3.2 Avantages et inconvénients du point de vue des
étudiants
Les avantages et les inconvénients vécus ou observés par
les étudiants se retrouvent en plus grand nombre dans la documentation et
couvrent une grande diversité de situations et d’objets. Afin de
mieux rendre compte des résultats répertoriés, ils sont
classés sous différentes rubriques incluses aux tableaux 1
(avantages) et 2 (inconvénients).
En comparant ces deux tableaux, il ressort que la liste des avantages est
plus étendue et détaillée lorsque comparée à
celle des inconvénients.
Une majorité des avantages répertoriés se trouve dans la
catégorie Interactivité, celle-ci étant
composée de trois sous-ensembles inférés des données
collectées, dont la fonctionnalité, les composantes
intégrées et l’interaction sociale. Les autres se
déclinent à l’intérieur de trois autres rubriques
principales, soit l’Accessibilité, le Design et les Caractéristiques matérielles.
Du côté des inconvénients, les grandes catégories
présentées restent relativement similaires aux
précédentes (touchant les avantages), exception faite de la
dernière. Celles-ci offrent cependant des sous-catégories
différentes : l’Interactivité (usage de
l’outil), l’Accessibilité (connexion), le Design (adaptation au contenu) et les Caractéristiques
matérielles (configuration de l’interface). Enfin, une
nouvelle catégorie se distingue des précédentes, soit celle
de la Littératie médiatique (niveau de connaissance) de
l’utilisateur.
Par ailleurs, dans le premier tableau apparaissent les rubriques
Fonctionnalités, Possibilités/utilité/appréciation
et Auteurs. Dans le second tableau sont présentés
respectivement : Usage de l’outil, Conséquences potentielles
et Auteurs. Précisons que la colonne Auteurs détermine, en quelque
sorte, l’ampleur du résultat obtenu. Le lecteur peut ainsi, en
visualisant ce nombre, apprécier son importance lorsque comparée
à l’ensemble des éléments
présentés.
Tableau 1 • Avantages liés à
l’utilisation du manuel numérique
Lexique (ou définition des concepts) |
Permet de retrouver les définitions des principaux concepts
présents dans le manuel. |
(Chaudhri et al., 2013), (Falc, 2013), (Johnston et al., 2015), (Muir et Hawes, 2013), (Parsons, 2014), (Schugar et al., 2011) |
Recherche |
Offre la possibilité de rechercher et de repérer rapidement des
mots-clés ou des phrases dans l’ensemble du manuel. Permet de
gagner du temps. |
(Elias et al., 2012), (Falc, 2013), (Muir et Hawes, 2013), (Parsons, 2014), (Schomisch et al., 2012), (Shin, 2014) |
Intraliens (à l’intérieur du texte du manuel) |
Permettent de naviguer d’une section à une autre, par exemple,
lorsqu’un paragraphe réfère à une figure ou à
une section d’un autre chapitre. L’étudiant peut
« sauter » immédiatement à une section
pertinente du document. |
(Falc, 2013), (Muir et Hawes, 2013), (Petrides et al., 2011), (Precel et al., 2009), (Rockinson-Szapkiw et al., 2013), (Schomisch et al., 2012) |
Hyperliens (à l’extérieur du texte, sur le
web) |
Permettent les liens vers des sources externes et promeuvent la recherche
à partir de liens externes. |
(Baeck et Monaghan, 2013), (Rockinson-Szapkiw et al., 2013),
(Shin, 2014;), (Woody et al., 2010) |
Menus contextuels (mouse over function) |
Donnent la possibilité d’expliquer le sens d’un terme
particulier. Une boite de dialogue apparait lorsque le curseur pointe un mot ou
une expression inclus au manuel numérique. |
(Muir et Hawes, 2013) |
Annotation et de prise de notes (annotations, sticky notes) |
Permettent la prise de notes individuelles dans le manuel ou le partage entre
différents usagers. Les étudiants aiment voir les notes prises par
les autres étudiants (Dobler, 2015) et
par l’enseignant (dans des environnements numériques
d’apprentissage). |
(Cuillier et Dewland, 2014), (Dobler, 2015), (Marques de Oliveira, 2012), (Millar et Schrier, 2015), (Parsons, 2014),
(Rockinson-Szapkiw et al., 2012;), (Shin, 2014) |
Surlignement |
Permet la mise en évidence de passages importants du texte. Est
fréquemment utilisé par les étudiants. |
(Cuillier et Dewland, 2014), (Elias et al., 2012), (Gil-Rodríguez et Planella-Ribera, 2008), (Johnston et al., 2015), (Marques de Oliveira, 2012), (Parsons, 2014), (Rockinson-Szapkiw et al., 2012), (Shin, 2014) |
Marque page (signet) |
Permet de marquer une page en particulier. |
(Cuillier et Dewland, 2014), (Elias et al., 2012), (Gil-Rodríguez et Planella-Ribera, 2008), (Johnston et al., 2015), (Kissinger, 2013), (Marques de Oliveira, 2012), (McFall, 2005) |
Zoom |
Offre la possibilité d’adapter le contenu du texte à
l’écran ou à ses capacités de lecture. Grande
utilité perçue. |
(Schomisch et al., 2012) |
Impression |
Permet d’imprimer de petites ou de grandes sections du manuel
numérique. |
(Bossaler et Kammer, 2014), (Cuillier et Dewland, 2014), (Ji et al., 2014), (Johnston et al., 2015), (Laosethakul et Yajiong, 2011) |
INTERACTIVITE : Composantes intégrées |
Fonctionnalités |
Possibilités/utilité |
Auteurs |
Figure interactive |
Favoriserait l’apprentissage lorsqu’utilisée pour certains
types de contenus (calculus concepts), mais peu d’étudiants
l’utilisent. |
(Bode et al., 2013) |
Quiz, vidéos, jeux, baladodiffusion |
Permettent de varier les stratégies utilisées. |
(Falc, 2013), (Liu, 2011), (Parsons, 2014) |
Animations |
Sont considérées comme intéressantes par les
usagers. |
(Liu, 2011), (Muir et Hawes, 2013), (Rockinson-Szapkiw et al., 2013) |
Quiz avec rétroaction instantanée, musique, vidéo,
narration, guides pour les devoirs avec rétroaction |
Ces composantes aident les étudiants à une meilleure
compréhension du contenu et contribuent à un sentiment de
satisfaction. |
(Baeck et Monaghan, 2013) |
Exercices de mémorisation, tâches de
performance |
Ces composantes seraient en accord avec les principes de l’approche
constructiviste de l’apprentissage (autonomie, développement
d’habiletés de niveaux supérieurs). |
(Precel et al., 2009) |
Assistant aux devoirs (homework helper) |
Il s’agit d’une composante du système en ligne
arrimée au manuel numérique offrant un soutien. La plus populaire
auprès des étudiants. |
(Bode et al., 2013) |
Dictionnaire intégré |
Permet la recherche de mots inconnus pour en saisir le sens. |
(Schugar et al., 2011) |
|
Permet la recherche de mots d’une autre langue (étude de
l’anglais). |
(Martinez-Estrada et Conaway, 2012) |
INTERACTIVITÉ : Interaction sociale |
Fonctionnalités |
Possibilités/utilité (Dépendent des environnements
utilisés) |
Auteurs |
Partage de son texte surligné ou de ses notes |
Permet le partage par l’enseignant (beaucoup apprécié des
étudiants). |
(deNoyelles et Seilhamer, 2013), (Parsons, 2014) |
|
Permet le partage d’idées et d’informations entre
étudiants. |
(Marques de Oliveira, 2012), (Shin, 2014) |
Forums |
Permet l’interaction sociale entre étudiants –
comportement proche de leurs habitudes. |
(Dobler, 2015;), (Kissinger, 2013), (Lim et Hew, 2014), (Shin, 2014), (Sun et al., 2012) |
ACCESSIBILITÉ |
Fonctionnalités |
Possibilités/utilité |
Auteurs |
À partir de différents ordinateurs |
Peuvent utiliser le manuel numérique en différents lieux sur
des ordinateurs. |
(Parsons, 2014) |
Acquisition facile |
Pas besoin de se déplacer en bibliothèque. |
(Parsons, 2014) |
Accès instantané |
Téléchargement à partir d’un site
éditeur. |
(Marques de Oliveira, 2012) |
Conditions d’accès |
Fixées par les éditeurs ; balisent en quelque sorte comment et
où les étudiants ont la possibilité de
« lire » leur manuel (durée de
l’abonnement). |
(Bossaler et Kammer, 2014) |
DESIGN |
Fonctionnalités |
Possibilités/utilité |
Auteurs |
Qualité de présentation |
Rend plus convivial. |
(Shin, 2014) |
Page synthèse de concept |
Fournit la définition conceptuelle et des informations
permettant de comprendre le concept, une figure illustrative du concept,
ainsi que des questions d’exploration (ex : la membrane
plasmique). Est appréciée des étudiants de biologie. |
(Chaudhri et al., 2013) |
Outils de navigation adéquats |
Facilitent la navigation à travers le texte. |
(Johnston et al., 2015) |
CARACTERISTIQUES MATERIELLES |
Fonctionnalités |
Possibilités/utilité |
Auteurs |
Qualité de l’écran |
Facilite la lecture (dépend du type d’appareil
utilisé). |
(Marques de Oliveira, 2012) |
Immatérialité de l’objet |
Facilite le transport (notion de portabilité) Stockage (prend peu
d’espace physique). |
(Marques de Oliveira, 2012) |
Tableau 2 • Inconvénients liés
à l’utilisation du manuel numérique
INCONVÉNIENTS |
INTERACTIVITÉ |
Usage de l’outil |
Conséquences potentielles |
Auteurs |
Annotation et prise de notes |
Jugé utile pour les tâches dites de courte durée. |
(Muir et Hawes, 2013) |
Ne facilite pas l’annotation ou la prise de notes (difficile à
utiliser comparativement au manuel papier).
Non-utilisation par les étudiants. |
(deNoyelles et Seilhamer, 2013), (Laosethakul et Yajiong, 2011), (McFall, 2005), (Woody et al., 2010) |
Interaction sociale vs motivation |
L’usage de l’outil ne constitue pas (à lui seul) une
source de motivation à la lecture ou à l’interaction. |
(deNoyelles et Seilhamer, 2013) |
Temps d’étude |
Pas de réduction du temps d’étude. Constitue un irritant
pour les usagers. |
(Falc, 2013) |
Lecture à l’écran |
Occasionne de la fatigue oculaire. |
(Asunka, 2013), (Atlas, 2013), (Baek et Monaghan, 2013), (Cuillier et Dewland, 2014), (Daniel et Woody, 2013), (Dobler, 2015), (Dwyer et Davidson, 2013), (Elias et al., 2012), (Falc, 2013), (Kouis et Konstantinou, 2014), (Laosethakul et Yajiong, 2011), (Marques de Oliveira, 2012), (Millar et Schrier, 2015), (Parsons, 2014), (Philip et Moon, 2013), (Rockinson-Szapkiw et al., 2013), (Schoch et al., 2006), (Vernon, 2006) |
Multitâche (concentration) |
Nombreuses stimulations provenant de l’interactivité.
Distraction du but d’apprentissage. Les étudiants envoient des
messages texte, surfent sur le net ou socialisent avec d’autres. |
(Daniel et Woody, 2013), (Falc, 2013), (Marques de Oliveira, 2012), (McGowan-Koyzis et Koyzis, 2012) |
ACCESSIBILITÉ |
Connexion |
Conséquences potentielles |
Auteurs |
Interruption de connexion d’accès de la plateforme |
Génère de l’inquiétude pour certains
étudiants. Peur d’être exclu d’une session de travail
avec le manuel numérique. |
(Muir et Hawes, 2013) |
Connexion inappropriée |
Lorsque insuffisante, la connexion à Internet provoque la lenteur de
chargement des pages. |
(Muir et Hawes, 2013) |
Connexion Wi-Fi insuffisante |
Cause de la frustration chez les usagers. |
(Kruger et Bester, 2014) |
DESIGN |
Adaptation au contenu |
Conséquences potentielles |
Auteurs |
Mauvaise adaptation au type de contenu enseigné |
Inapproprié pour certains domaines (histoire et
mathématiques). |
(Baeck et Monaghan, 2013), (Martin et Quan-Haase, 2013), (Martinez-Estrada et Conaway, 2012) |
CARACTÉRISTIQUES MATÉRIELLES |
Configuration de l’interface |
Conséquences potentielles |
Auteurs |
Manque de standardisation de l’interface - boutons (commandes)
sont situés à des endroits différents d’une à
l’autre |
Difficultés de s’approprier les différentes plateformes
sur lesquelles on est appelé à naviguer. |
(Muir et Hawes, 2013) |
Problématiques avec l’usage de la tablette pour certaines
applications standard |
Impossibilité de les faire fonctionner correctement. |
(Kruger et Bester, 2014) |
LITTÉRATIE MÉDIATIQUE |
Niveau de connaissance |
Conséquences potentielles |
Auteurs |
Inadéquation à l’usage de l’outil |
Provoque des difficultés d’utilisation de l’outil. |
(Kruger et Bester, 2014) |
Perte de certains savoirs |
Usage impossible de la tablette pour l’enseignement et
l’apprentissage dans certains contextes. |
(Martin et Quan-Haase, 2013) |
La discussion placée immédiatement à la suite des
avantages et des inconvénients concernant l’utilisation du MN mise
sur différents moyens d’exploitation pédagogique du manuel
numérique en milieu postsecondaire
4. Discussion
La documentation souligne que le manuel
numérique, souvent jugé en tant qu’outil pédagogique
prometteur (Samson et Fournier, 2014),
demeure l’objet de critiques de la part d’enseignants et
d’étudiants. L’usage du manuel numérique en milieu
postsecondaire présente plusieurs défis, et ce, tant sur les plans
techniques que pédagogiques. Selon (Poellhuber et St-Laurent, 2014),
« la question n’est pas tant de savoir si les technologies sont
incontournables pour l’éducation, mais de savoir comment mettre
à profit leur potentiel didactique et pédagogique » (p.
160). La discussion présentée ici aborde ces
éléments en tablant sur les connaissances fournies par la
littérature pour favoriser une utilisation pédagogique
réelle du manuel numérique. Qu’est-il alors possible
d’inférer des avantages et des inconvénients
répertoriés, afin de proposer des applications pédagogiques
profitables lors de l’usage du manuel numérique et
d’accroitre le niveau de motivation de l’étudiant et de
l’enseignant lors de son usage ?
Le passage du manuel imprimé au manuel numérique exige des
efforts multiples et diversifiés, tant de la part des enseignants que des
étudiants. En examinant les résultats des recherches
répertoriées, la formation à l’utilisation du manuel
numérique (Bode et al., 2013), (Schugar et al., 2011) demeure un enjeu fondamental pour des usagers potentiels. À ce
chapitre, l’enseignant se voit principalement interpelé. Les
formations offertes doivent se construire autour des dimensions structurantes
d’une utilisation pédagogique du manuel numérique :
choix et conception ; stratégies à préconiser ;
compétences des usagers et moyens de contrer les écueils.
4.1 La nécessité de formation des enseignants
Au moment où l’enseignant opte pour le manuel numérique,
il doit pouvoir en évaluer les conditions d’acquisition et
d’accès, puisqu’elles influencent le coût de
l’outil, ainsi que les bénéfices escomptés. Lors de
la sélection d’un manuel numérique, l’enseignant doit
tenir compte des caractéristiques matérielles et du design de
l’outil. Ces deux facteurs auront un impact sur le plaisir
d’utilisation et seront susceptibles de favoriser un usage
ultérieur par les étudiants. En lien avec ces
éléments, (Muir et Hawes, 2013) insistent sur différents points relevés par les étudiants
concernant l’efficacité de l’outil. Ces derniers notent,
à titre d’exemple, l’amélioration de la fonction
« recherche », une plus grande aisance de lecture en mode
« vue de page », une meilleure navigation dans
l’ouvrage, de même que l’élimination des
problèmes d’accès.
Par ailleurs, l’enseignant sélectionne les contenus
intégrés au manuel numérique sur la base de leur pertinence
en termes d’apprentissages, tout en analysant la façon dont ils
sont organisés seuls et entre eux à l’intérieur de
l’outil. Il doit également être en mesure d’estimer les
fonctionnalités adaptées aux contenus et aux types
d’apprentissages visés. À ce titre, les formations offertes
aux enseignants doivent comporter des dimensions technologiques et
pédagogiques permettant d’effectuer un maillage adéquat
entre le type de contenu, les apprentissages ciblés, ainsi que les
modalités technologiques permettant d’atteindre les objectifs
prévus.
4.2 Des usages pédagogiques à préconiser
La littérature met en évidence les besoins de formation des
enseignants en lien avec les aspects pédagogiques à
considérer lors de l’utilisation du manuel numérique. Il est
précisé dans (deNoyelles et Seilhamer, 2013) que les formateurs doivent connaître les fonctions contribuant à
l’accroissement des performances, afin de capitaliser sur elles. De plus,
les enseignants devraient s’assurer de la disponibilité de ces
fonctionnalités afin qu’elles conviennent aux besoins
d’apprentissage des étudiants (Hao et Jackson, 2014).
Les recherches demeurent cependant peu loquaces quant aux initiatives mises de
l’avant pour ce faire.
Ces conclusions impliquent que l’enseignant, en plus de connaître
les possibilités technologiques des fonctionnalités du manuel
numérique, imagine et aménage diverses activités et
tâches nécessitant leur utilisation, tout en offrant, implicitement
ou explicitement, de la formation aux apprenants. Par exemple, sachant que la
fonction de surlignement employée seule est peu efficace pour
améliorer la performance de l’apprenant (Dunlosky et al., 2013),
l’enseignant ferait en sorte de combiner celle-ci à une autre lors
d’une tâche précise. Il pourrait proposer à
l’étudiant de compléter un canevas schématique en
repérant, à l’aide de la fonction surlignement, des concepts
et des savoirs fondamentaux d’un chapitre ou d’une section du
manuel. Cette schématisation permettrait, entre autres, d’organiser
les concepts entre eux et de les structurer logiquement afin de créer du
sens aux yeux des étudiants. Une fois complété, ce
schéma serait employé ultérieurement pour soutenir
l’étude en vue d’une épreuve
d’évaluation. En définitive, lorsque l’enseignant
soumet différentes tâches à l’étudiant (des
exercices et des activités), il « sensibilise » et
« entraine » à l’usage approprié des
fonctionnalités du manuel numérique.
Un deuxième exemple concerne la fonction d’annotation qui
semble assez peu utilisée par les étudiants. Afin de
démontrer sa pertinence et d’inciter les utilisateurs à y
recourir, l’enseignant pourrait sélectionner les concepts les plus
complexes et les plus difficiles à comprendre (sur lesquels les
étudiants butent) et leur demander d’employer la stratégie
d’autoexplication des contenus (Université du Québec, 2013) en annotant, dans le manuel, l’explication qu’ils se font à
eux-mêmes du concept étudié. Dans ce cas particulier, la
tâche d’apprentissage vise à influencer les comportements de
l’étudiant à différents niveaux :
- elle imprime une utilité à la fonctionnalité
« annotation » durant son usage ;
- elle permet la mise en œuvre d’une stratégie
d’ancrage des apprentissages en mémoire (autoexplication), tout en
rendant l’étudiant actif ;
- elle entraine l’apprenant à l’utilisation de
différentes stratégies cognitives et métacognitives pouvant
être réutilisées ultérieurement pour apprendre ;
- elle « force » la réflexion (auto) sur
certains concepts en cours d’apprentissage.
Dans ce contexte, l’enseignant souhaite rendre l’usager plus
compétent, car il mise sur l’appropriation des
fonctionnalités technologiques à des fins précises
d’apprentissage. Comme le suggèrent Hao et Jackson (2014), le fait
d’enseigner les fonctionnalités du manuel numérique
représente un facteur de rehaussement du degré de satisfaction de
l’étudiant-usager qui l’utilise.
Ces façons de faire de l’enseignant encouragent une utilisation
active et plus autonome du manuel numérique, deux buts fréquemment
relevés dans les propos d’auteurs (Baeck et Monaghan, 2013), (Bode et al., 2013), (Dwyer et Davidson, 2013), (Falc, 2013), (Hao et Jackson, 2014), (Laosethakul et Yajiong, 2011), (McFall, 2005), (McGowan-Koyzis et Koyzis, 2012), (Millar et Schrier, 2015), (Ngafeeson et Sun, 2015), (Sellnow et al., 2005), (Stone et Baker-Eveleth, 2013b), (Sun et al., 2012).
En guidant les étudiants lors de la navigation dans le manuel, les
enseignants peuvent les aider à comprendre les diverses
possibilités offertes (Dobler, 2015).
4.3 Des moyens de contrer différents écueils
Nombre d’auteurs indiquent que l’interactivité
représente un attrait particulier de l’utilisation du manuel
numérique. Toutefois, les multiples possibilités qu’elle
permet comportent des risques pour les usagers, car le travail multitâche,
l’errance, le butinage, sont des écueils fréquemment
répertoriés dans les écrits scientifiques. Concernant ces
dérives potentielles, une utilisation réfléchie du manuel
numérique repose sur l’appropriation de stratégies
autorégulatrices et métacognitives par les apprenants (Reid et Morrison, 2014).
En effet, il convient de les amener à prendre conscience des actions
posées en cours de navigation dans le manuel, afin de les
autocontrôler. Ce faisant, les apprenants deviennent capables de se
détourner seuls de leurs comportements erratiques et de les
réaligner aux finalités de l’apprentissage.
Dobler (Dobler, 2015) défend bien cette position lorsqu’elle dit que
l’autorégulation peut aider l’apprenant pour toute situation
de lecture, mais particulièrement lorsque ce dernier se retrouve en mode
interactivité, alors qu’il alterne entre médias, liens Web
et le texte du manuel. L’auteure illustre d’ailleurs cette prise de
conscience des stratégies autorégulatrices à l’aide
des propos d’une étudiante sondée lors de sa
recherche : « I tended to open up links so I was easily
distracted. As a reader, next time I should be stricter on myself and not allow
myself to browse on other sites while reading » (p. 489).
4.4 Et le sentiment d’autoefficacité ?
Plus l’enseignant et l’étudiant explorent les
fonctionnalités et les possibilités liées à
l’utilisation du manuel numérique, plus grandes seront les chances
que le sentiment d’efficacité de l’usager augmente. À
travers l’emploi du manuel numérique, l’enseignant
découvre les stratégies et les usages
préférés des étudiants de même que ceux qui
exigent le plus d’investissement et d’effort de leur part sur le
plan cognitif. Selon (McFall, 2005),
le changement d’habitude qu’exige l’utilisation du manuel
numérique peut prendre du temps. En réalité, même si
les étudiants sont souvent considérés comme des
« utilisateurs numériques » (digital users), ils ne
sont pas nécessairement des « apprenants
numériques » (digital learners). En effet lors de
l’utilisation du manuel numérique, ils auraient tendance à
reproduire des usages qui s’apparentent à leurs pratiques
communicationnelles (Dobler, 2015).
5. Conclusion
Les résultats publiés dans cet article
apportent des éclairages nouveaux au sujet des usages, des avantages et
des inconvénients associés au manuel numérique. La
documentation scientifique consultée présente néanmoins une
lacune importante, se cantonnant principalement dans l’analyse des
perceptions d’enseignants et d’étudiants. Ces
dernières relèvent d’aspects positifs et négatifs
ayant trait, notamment, aux facteurs d’adoption, au niveau de performance
des usagers et à la satisfaction manifestée lors de l’usage
du manuel numérique. En matière d’efficience du manuel
numérique pour l’apprentissage, les études recensées
expriment des positions contradictoires. Certaines montrent une
corrélation significative entre l’utilisation d’un manuel
numérique dans le cadre d’un enseignement et les performances des
étudiants (Chaudhri et al., 2013), (Rockinson-Szapkiw et al., 2012), (Rowhani et Sedig, 2005),
alors que d’autres ne constatent aucune corrélation (Chulkov et Van Alstine, 2013), (Daniel et Woody, 2013), (Fouh et al., 2014).
Les études empiriques et démonstratives demeurent rares. Le plus
souvent, elles se limitent aux préférences manifestées et
au niveau de satisfaction éprouvé lors de l’usage du manuel
numérique par rapport à l’utilisation du manuel papier. Il
semble donc pertinent, à l’intérieur de méthodologies
de recherches ultérieures, de recourir à des séries
d’observations (deNoyelles et Seilhamer, 2013) et d’entrevues en profondeur auprès des usagers afin de discerner,
concrètement, comment les enseignants travaillent avec le manuel
numérique dans l’optique d’exploiter de nouvelles avenues
d’utilisation pour enseigner et faire apprendre. Ces méthodes
permettraient de décrire les tâches qu’ils accomplissent au
moment de leur exécution. Les observations permettraient de valider la
portée des résultats publiés dans cet article et
offriraient de nouvelles pistes de recherche, parce qu’elles seraient
issues de collectes de données contextualisées.
Remerciements
Nous tenons à remercier les assistants de
recherche Sylvie Fortier, Pierre-Olivier Garand, Katia Renaud ainsi Mamadou
Siradjo Diallo pour leur contribution à l’analyse des textes. Nos
remerciements s’adressent également à madame Odette Larouche
pour la révision linguistique de cet article. Enfin, nous remercions le
Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) pour la subvention
accordée à l’équipe Samson, Roussel et Landry
(2015-2016) dans le cadre du programme de synthèse de connaissances et
portant le numéro 421-2014-2057.
À
propos des auteurs
Chantal Roussel, titulaire d’un doctorat (Ph.D.) en
sciences de l’éducation, est professeure au Département des
sciences de l’éducation de l’Université du
Québec à Rimouski. Elle s’intéresse à la
recherche touchant la profession enseignante, l’enseignement
supérieur, la formation professionnelle au secondaire, les aspects
pédagogiques liés à l’évaluation des
apprentissages et des compétences effectuée en mode
présentiel et à distance, ainsi que l’utilisation du manuel
numérique. Elle enseigne en formation à l’enseignement
professionnel, programme offert en ligne où l’utilisation du
numérique (environnement numérique d’apprentissage,
documents numériques, etc.) pour l’enseignement et
l’évaluation est omniprésente. Elle a publié, depuis
le début de sa carrière universitaire en 2003, différents
articles sur l’insertion professionnelle des enseignants de la formation
professionnelle et a produit différents écrits en pédagogie
universitaire (Portail de soutien à la pédagogie universitaire)
abordant des thématiques liées à la profession enseignante
et à l’évaluation.
Adresse : Département des sciences
de l'éducation, Université du Québec à Rimouski
300, allée des Ursulines, Rimouski (Québec) Canada, G5L
3A1
Courriel : Chantal_Roussel@uqar.ca
Marie-Michèle Lemieux occupe la fonction de
professionnelle de recherche pour la Direction du soutien aux études et
des bibliothèques à l’Université du Québec.
Elle soutient, coordonne et participe à divers projets relatifs à
la pédagogie universitaire, ainsi qu’au développement des
compétences informationnelles des étudiants du réseau de
l’Université du Québec. Diplômée de
l’UQAR dans les programmes de baccalauréat et de maitrise en
sciences de l’éducation, elle amorce actuellement des études
doctorales dans le même domaine d’études.
Adresse : Université du
Québec, siège social, 475, rue du Parvis, Québec
(Québec) Canada, G1K 9H7
Courriel : Marie-Michele.Lemieux@uquebec.ca
Normand Landry est professeur à la TÉLUQ et
titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éducation aux
médias et droits humains. Il oriente ses travaux autour de la notion de
« littératie médiatique » et
s’intéresse au rapport entre médias numériques et
l’institution scolaire. Il a obtenu un financement FQRSC pour des travaux
en éducation aux médias (Landry et Basque, 2015),
rédigé et publié plusieurs articles, chapitres et rapports
sur cet objet, en plus de diriger, depuis 2013, les travaux financés
d’une équipe bidisciplinaire en éducation aux médias
regroupant des spécialistes de trois universités
québécoises (UQAR, UQTR, TÉLUQ, UQAM). Normand Landry
participe activement aux grandes conférences internationales en
éducation aux médias et s’investit dans les regroupements
spécialisés qui s’y consacrent.
Adresse : TÉLUQ, 5800, rue
Saint-Denis, bureau 1105, Montréal (Québec) Canada,
H2S 3L5
Courriel : Normand.Landry@teluq.ca
Titulaire d’un doctorat (Ph.D.) en didactique des
sciences au secondaire (Université du Québec à
Trois-Rivières/UQAM), Ghislain Samson était, jusqu’à
tout récemment, professeur au Département des sciences de
l’éducation de l’UQTR. Actuellement, Ghislain Samson est
Doyen de la gestion académique et des affaires professorales dans la
même Université. Spécialiste de la didactique des sciences
et du transfert des apprentissages en mathématiques et en sciences, il
s’intéresse aussi aux questions relatives au curriculum scolaire,
à l’interdisciplinarité et à l’éducation
relative à l’environnement. Outre ses intérêts de
recherche en éducation scientifique, il conduit également des
recherches sur les élèves en difficulté,
l’employabilité et l’insertion socioprofessionnelles des
jeunes, sur les effets de la pédagogie entrepreneuriale et plus
récemment, sur le tableau numérique interactif.
Adresse : Décanat de la gestion
académique des affaires professorales, Université du Québec
à Trois-Rivières,
3351, boul. des Forges, C.P. 500, Trois-Rivières (Québec)
Canada, G9A 5H7
Courriel : Ghislain.Samson@uqtr.ca
__________________
1 Cet article est une contribution originale. Il adapte et reprend
néanmoins certains résultats provenant du rapport de Samson,
Roussel, Landry et Lemieux (Samson et al., 2015).
Références
ASUNKA,
S. (2013). The Viability of E-Textbooks in Developing Countries: Ghanaian
University Students' Perceptions. Open Learning, 28(1), 36-50.
doi: 10.1080/ 02680513.2013.796285
ATLAS, M. C. (2013). Are Medical School Students Ready for E-Readers? Medical Reference Services Quarterly, 32(1), 42-51. doi:
10.1080/02763869.2013.749115
BAEK, E.-O. et MONAGHAN, J. (2013). Journey to Textbook Affordability: An
Investigation of Students' Use of eTextbooks at Multiple Campuses. International Review of Research in Open & Distance Learning, 14(3), 1-26.
BAKER-EVELETH, L. et STONE, R. W. (2015). Usability, expectation,
confirmation, and continuance intentions to use electronic textbooks. Behaviour & Information Technology, 34(10), 1-13. doi:
10.1080/0144929X.2015.1039061
BODE, M., KHORAMI, M. et VISSCHER, D. (2013). A Case Study of Student and
Instructor Reactions to a Calculus E-Book. PRIMUS, 24(2), 160-174.
doi: 10.1080/10511970.2013.856973
BOSSALLER, J. et KAMMER, J. (2014). Faculty Views on eTextbooks: A Narrative
Study. College Teaching, 62(2), 68-75. doi:
10.1080/87567555.2014.885877
BUZZETTO-MORE, N., SWEAT-GUY, R. et ELOBAID, M. (2007). Reading in A Digital
Age: e-Books Are Students Ready For This Learning Object? Interdisciplinary
Journal of Knowledge & Learning Objects, 3, 239-250.
CHAUDHRI, V. K., CHENG, B. H., OVERHOLTZER, A., ROSHELLE, J., SPAULDING, A.,
CLARK, P., GREAVES, M. et GUNNING, D. (2013). Inquire Biology: A Textbook that
Answers Questions. AI Magazine, 34(3), 55-72.
CHULKOV, D. et VAN ALSTINE, J. (2013). College Student Choice among
Electronic and Printed Textbook Options. Journal of Education for
Business, 88(4), 216-222. doi:
10.1080/08832323.2012.672936
Cornell University, Indiana University, University of Minnesota, University
of Virginia, et University of Wisconsin. (2012). Internet2 eTextbook Spring
2012 Pilot Final Project Report. Disponible sur Internet.
CUILLIER, C. A. et DEWLAND, J. C. (2014). Understanding the Key
Factors for E-textbook Integration Into a Business Course: A Case Study. Journal of Business & Finance Librarianship, 19(1), 32-60.
doi: 10.1080/08963568.2013.824338
DANIEL, D. B. et WOODY, W. D. (2013). E-textbooks at what cost?
Performance and use of electronic v. print texts. Computers &
Education, 62, 18-23. doi: 10.1016/j.compedu.
2012.10.016
DENNIS, A. (2011). e-Textbooks at Indiana University: A Summary of Two Years
of Research. Bloomington, IN : University of
Indiana.
DENOYELLES, A. et SEILHAMER, R. (2013). eTextbook access, usage, and
beliefs: implications for adoption in higher education. Journal of Applied
Research in Higher Education, 5(2), 189-201. doi:
10.1108/JARHE-12-2012-0065
DOBLER, E. (2015). E-textbooks: A Personalized Learning Experience or a
Digital Distraction? Journal of Adolescent & Adult Literacy, 58(6), 482-491.
DUNLOSKY, J., RAWSON K. A., MARSH, E. J., NATHAN, M. J. et WILLINGHAM, D. T.
(2013). Improving Students’ Learning With Effective Learning Techniques:
Promising Directions From Cognitive and Educational Psychology. Psychological
Science, 1(14), 4-58. doi:
10.1177/1529100612453266
DWYER, K. K. et DAVIDSON, M. M. (2013). General Education Oral
Communication Assessment and Student Preferences for Learning: E-Textbook versus
Paper Textbook. Communication Teacher, 27(2), 111-125. doi:
10.1080/17404622.2012.752514
ELIAS, E. C., PHILLIPS, D. C. et LUECHTEFELD, M. E. (2012).
E-books in the classroom: A survey of students and faculty at a school of
pharmacy. Currents in Pharmacy Teaching and Learning, 4(4),
262-266. doi: 10.1016/j.cptl.2012.05.009
FALC, É. O. (2013). An Assessment of College Students' Attitudes
towards Using an Online E-textbook. Interdisciplinary Journal of E-Learning
& Learning Objects, 9, 1-12.
FINK, A. (2010). Conducting Research Literature Reviews: From the
Internet to Paper (3e édition). Thousand Oaks, CA :
Sage Publications.
FOUH, E., Breakiron, D. A., Hamouda, S., Farghally, M. F. et Shaffer, C. A.
(2014). Exploring students learning behavior with an interactive etextbook in
computer science courses. Computers in Human Behavior, 41, 478-485. doi:
10.1016/j.chb.2014.09.061
GIL-RODRÍGUEZ, E. P. et PLANELLA-RIBERA, J. (2008). Educational
Uses of the e-Book: An Experience in a Virtual University Context. Dans A.
Holzinger (dir.), HCI and Usability for Education and Work, Proceedings USAB
2008 (LNCS vol. 5298, p. 55-62). Berlin Heidelberg : Springer. doi:
10.1007/978-3-540-89350-9_5
HAO, Y. et JACKSON, K. (2014). Student satisfaction toward e-textbooks in
higher education. Journal of Science and Technology Policy Management, 5(3), 231-246. doi:
10.1108/JSTPM-04-2014-0016
JI, S. W., MICHAELS, S. et WATERMAN, D. (2014). Print vs. electronic
readings in college courses: Cost-efficiency and perceived learning. The
Internet and Higher Education, 21(0), 17-24. doi:
10.1016/j.iheduc.2013.10.004
JOHNSTON, D. J., BERG, S. A., PILLON, K. et WILLIAMS, M. (2015).
Ease of use and usefulness as measures of student experience in a multi-platform
e-textbook pilot. Library Hi Tech, 33(1), 65-82. doi:
10.1108/LHT-11-2014-0107
KIM, M.-R., CHOI, M.-A. et KIM, J. (2012). Factors influencing the Usage and
Acceptance of Multimedia-based Digital Textbooks in Pilot School. KSII
Transactions on Internet and Information systems, 6(6), 1707-1717.
doi: 10.3837/tiis.2012.06.012
KISSINGER, J. S. (2013). The Social & Mobile Learning Experiences
of Students Using Mobile E-Books. Journal of Asynchronous Learning
Networks, 17(1), 155-170.
KNIGHT, B. A. (2015). Teachers’ use of textbooks in the digital
age. Cogent Education, 2(1), 1015812. doi:
10.1080/2331186X.2015.1015812
KOUIS, D. et KONSTANTINOU, N. (2014). Electronic textbooks advantages and
challenges for the Hellenic higher education and publishing community. Library Review, 63(6/7), 531-543. doi:
10.1108/LR-06-2014-0074
KRUGER, M. et BESTER, R. (2014). Mobile Learning: A Kaleidoscope. Electronic Journal of e-Learning, 12(1), 52-76.
LAOSETHAKUL, K. et YAJIONG, X. (2011). A Preliminary Investigation of
Intention to Use of an Electronic Textbook. Ubiquitous Learning: An
International Journal, 3(4), 113-126.
LIM, E.-L. et HEW, K. F. (2014). Students’ perceptions of the
usefulness of an E-book with annotative and sharing capabilities as a tool for
learning: a case study. Innovations in Education and Teaching
International, 51(1), 34-45. doi: 10.1080/14703297.2013.
771969
LIU, H. (2011). What Do the College Millennial Learners Say about an Open
Source Digital Textbook for a Teacher Education Course? Journal of Technology
Integration in the Classroom, 3(1), 17-21.
MARQUES DE OLIVEIRA, S. (2012). E-textbooks usage by students at Andrews
University. Library Management, 33(8/9), 536-560. doi:
10.1108/01435121211279894
MARTIN, K. et QUAN-HAASE, A. (2013). Are e-books replacing print books?
Tradition, serendipity, and opportunity in the adoption and use of e-books for
historical research and teaching. Journal of the American Society for
Information Science & Technology, 64(5), 1016-1028. doi:
10.1002/asi.22801
MARTINEZ-ESTRADA, P. D. et CONAWAY, R. (2012). EBooks: The Next Step in
Educational Innovation. Business Communication Quarterly, 75(2),
125-135. doi: 10.1177/ 1080569911432628
MCFALL, R. (2005). Electronic textbooks that transform how textbooks are
used. The Electronic Library, 23(1), 72-81. doi:
10.1108/02640470510582754
MCGOWAN-KOYSIS, S. et KOYSIS, A. (2012). Optimizing Learning with Digital
Readers. Online Submission, 9.
MILLAR, M. et SCHRIER, T. (2015). Digital or Printed Textbooks: Which do
Students Prefer and Why. Journal of Teaching in Travel & Tourism, 15(2), 166-185. doi:
10.1080/15313220.2015.1026474
MIZRACHI, D. (2015). Undergraduates' Academic Reading Format Preferences and
Behaviors. The Journal of Academic Librarianship, 41(3), 301-311.
doi: 10.1016/j.acalib.2015.03.009
MUIR, L. et HAWES, G. (2013). The Case for e-Book Literacy: Undergraduate
Students' Experience with e-Books for Course Work. The Journal of Academic
Librarianship, 39(3), 260-274. doi:
10.1016/j.acalib.2013.01.002
NGAFEESON, M. N. et SUN, J. (2015). The Effects of Technology
Innovativeness and System Exposure on Student Acceptance of E-Textbooks. Journal of Information Technology Education: Research, 14, 55-71.
PARSONS, K. M. (2014). What Are They Thinking? Dental Assisting
Students' Feelings About E-Books. TechTrends, 58(2), 78-86. doi:
10.1007/s11528-014-0738-5
PETRIDES, L., JIMES, C., MIDDLETON-DETZNER, C., WALLING, J. et WEISS, S.
(2011). Open textbook adoption and use: implications for teachers and learners.
Open Learning: The Journal of Open, Distance and e-Learning, 26(1), 39-49. doi:
10.1080/02680513.2011.538563
PHILIP, G. C. et MOON, S.-Y. (2013). An Investigation of Student
Expectation, Perceived Performance and Satisfaction of E-textbooks. Journal
of Information Technology Education: Innovations in Practice, 12,
287-298.
POELLHUBER, B. et ST-LAURENT, S. (2014). Les TIC pour favoriser et soutenir
l'apprentissage. Dans L. Ménard et L. St-Pierre (dir.), Se former
à la pédagogie de l'enseignement supérieur (p.
157-207). Montréal : AQPC.
PRECEL, K., ESHET-ALKALAI, Y. et ALBERTON, Y. (2009). Pedagogical and Design
Aspects of a Blended Learning Course. International Review of Research in
Open and Distance Learning, 10(2), 1-16.
RAMBE, P. et NEL, L. (2013). Student Perceptions on the Usefulness of
Educational Technologies at a South African University. Proceedings of the
International Conference on e-Learning, 411-419.
REID, A. J. et MORRISON, G. M. (2014). Generative Learning
Strategy Use and Self-Regulatory Prompting in Digital Text. Journal of
Information Technology Education: Research, 13, 49-72.
ROCKINSON-SZAPKIW, A. J., COURDUFF, J., CARTER, K. et BENNETT, D.
(2012). Electronic versus traditional print textbooks: A comparison study on the
influence of university students learning. Computers & Education, 63, 259-266. doi:
10.1016/j.compedu.2012.11.022
ROCKINSON-SZAPKIW, A. J., WENDT, J. et LUNDE, R. (2013). Electronic Versus
Print Textbooks: The Influence of Textbook Format on University Students’
Self-Regulated Learning Strategies, Motivation, and Text Anxiety. American
Journal of Distance Education, 27(3), 179-188. doi:
10.1080/08923647.2013.796230
ROWHANI, S. et SEDIG, K. (2005). E-Books Plus: Role of Interactive Visuals
in Exploration of Mathematical Information and E-Learning. Journal of
Computers in Mathematics and Science Teaching 24(3): 273-298.
SAMSON, G. et FOURNIER, T. (2014, décembre). Le manuel
numérique : état des connaissances. Communication
présentée au colloque « Le manuel numérique
à l’université : un outil d’interactivité
au service de l’apprentissage », Université du
Québec à
Trois-Rivières.
SAMSON, G., ROUSSEL, C., LANDRY, N. et LEMIEUX, M.-M. (2015). Le manuel
numérique en contexte postsecondaire : stratégies
pédagogiques, nouvelles méthodes d’apprentissage, potentiel
et limites (rapport final). Ottawa, Canada : Disponible sur Internet.
SCHOCH, H. P., TEOH, H. Y. et KROPMAN, M. (2006). Adopting an
Electronic Text Book for a Postgraduate Accounting Course: An Experiential
Study. Australasian Journal of Educational Technology, 22(2),
166-188.
SCHOMISCH, S., ZENS, M. et MAYR, P. (2012). Are e-readers suitable tools for
scholarly work? Results from a user test. Online Information Review, 37(3), 388-404. doi: 10.1108/
OIR-12-2011-0221
SCHUGAR, J. T., SCHUGAR, H. et PENNY, C. (2011). A Nook or a Book? Comparing
College Students' Reading Comprehension Levels, Critical Reading, and Study
Skills. International Journal of Technology in Teaching & Learning, 7(2), 174-192.
SELBY, R. D., CARTER, K. P. et GAGE, S. H. (2012). Survey concerning
electronic textbooks. International Journal of Sustainability in Higher
Education, 15(2), 142-156. doi:
10.1108/IJSHE-03-2012-0022
SELLNOW, D. D., CHILD, J. T. et AHLFELDT, S. L. (2005).
Textbook Technology Supplements: What Are They Good For? Communication
Education, 54(3), 243-253. doi: 10.1080/
03634520500356360
SHEPPERD, J. A., GRACE, J. L. et KOCH, E. J. (2008).
Evaluating the Electronic Textbook: Is It Time to Dispense with the Paper Text? Teaching of Psychology, 35(1), 2-5. doi:
10.1080/00986280701818532
SHIN, S. (2014). E-Book Usability in Educational Technology Classes:
Teachers and Teacher Candidates' Perception toward E-Book for Teaching and
Learning. International Journal of Distance Education Technologies, 12(3),
62-74.
STONE, R. W. et BAKER-EVELETH, L. (2013a). Factors Influencing
Students' Likelihood to Purchase Electronic Textbooks. Interdisciplinary
Journal of E-Learning & Learning Objects, 9, 89-103.
STONE, R. W. et BAKER-EVELETH, L. (2013b). Students' expectation,
confirmation, and continuance intention to use electronic textbooks. Computers in Human Behavior, 29(3), 984-990. doi:
10.1016/j.chb.2012.12.007
SUN, J., FLORES, J. et TANGUMA, J. (2012). E-textbooks and students’
learning experiences. Decision Sciences Journal of Innovative Education, 10(1), 63-77. doi:
10.1111/j.1540-4609.2011.00329.x
TERPEND, R., GATTIKER, T. F. et LOWE, S. E. (2014). Electronic
textbooks: Antecedents of students' adoption and learning outcomes. Decision
Sciences Journal of Innovative Education, 12(2), 149-173. doi:
10.1111/dsji.12031
UNIVERSITÉ DU QUÉBEC. (2013). Guide de conception et
d'utilisation du manuel numérique universitaire. Presses de
l'Université du Québec. Disponible sur Internet.
VERNON, R. F. (2006). Paper or Pixels? An Inquiry into How Students
Adapt to Online Textbooks. Journal of Social Work Education, 42(2), 417-427.
WEISBERG, M. (2011). Student Attitudes and Behaviors Towards Digital
Textbooks. Publishing Research Quarterly, 27(2), 188-196. doi:
10.1007/s12109-011-9217-4
WOODY, W. D., DANIEL, D. B. et BAKER, C. A. (2010). E-books
or textbooks: Students prefer textbooks. Computers & Education, 55(3), 945-948. doi: 10.1016/j.compedu.2010.04. 005
|