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Analyse des comportements sociaux dans le cadre d’un
apprentissage collectif de la programmation d’un robot de sol
Albert STREBELLE, Lionel MÉLOT, Amandine DUCARME, Christian DEPOVER
(Unité de Technologie de l’Éducation, Université de
Mons)
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RÉSUMÉ : Cet
article a trait à l’apprentissage collectif mis en place dans le
cadre d’activités de programmation du robot de sol Bee-Bot
réalisées en contexte scolaire. Nous y proposons une
méthode d’analyse des comportements sociaux de jeunes enfants
amenés à collaborer au sein de groupes de travail de taille
restreinte. Cette méthode a été mise en œuvre dans le
cadre d’une observation participante dont l’objet était
d’analyser l’investissement personnel de chacun des vingt et un
sujets d’un échantillon d’élèves du primaire
âgés de cinq à six ans et de déterminer la
manière dont la collaboration intra-groupe s’opère à
l’occasion de situations de manipulations communes du jouet programmable.
Les résultats de la recherche ont permis de déterminer cinq types
de profils : les comportements de compétiteurs, de leaders, de
conciliants, de suiveurs et de désinvestis ainsi que de mettre en
évidence des dynamiques collectives en fonction de la combinaison des
profils.
MOTS CLÉS : Apprentissage
collectif, interactions sociales, profils de comportements sociaux, enseignement
fondamental, robotique éducative |
Analysis of social behaviours in the frame of collaborative learning of a floor robot programming activities |
|
ABSTRACT : The
article focuses on collaborative learning in the frame of programming activities
of the Bee-Bot floor robot in school. We propose a method to analyse social
behaviour of young children when they collaborate in small groups. This method
took place in the frame of a participative observation whose goal was to analyse
personal investment of the twenty-one subjects of a sample of pupils in primary
school, aged five to six, during common manipulations of the programmable toy.
On the other hand, the focus is set on determination of the way the intra-group
collaboration operates. One of the outcomes of the research is the determination
of fives behaviour profiles: competitors, leaders, conciliators, followers, not
implicated ones and of collaborative dynamics based on combinations of profiles.
MOTS CLÉS : Collaborative
learning, social interactions, social behaviour profiles, fundamentally school,
educative robotic |
1. Introduction
1.1. Apprentissage collectif
L’objet de la recherche
que nous allons présenter ici concerne les interactions sociales entre
apprenants dans le cadre de l’exploitation d’un outil technologique
conçu pour l’apprentissage des jeunes enfants âgés de
quatre à sept ans. Des activités collectives ont été
conçues et mises en place de manière à favoriser les
interactions entre apprenants au sein de groupes de travail de taille restreinte
dans un contexte scolaire. La finalité de ces activités
réside en un partage de connaissances et une construction commune de
compétences. Dans cette perspective, la scénarisation
pédagogique vise la mise en place de conditions propices à un
apprentissage collectif défini comme « un mode de partage et de
construction de connaissances se réalisant lors de l’interaction
entre apprenants » (George, 2004, p. 2).
Ce type d’apprentissage se fonde sur les approches socio-culturelle (Vygotsky, 1978), (Vygotsky, 2013) et socio-constructiviste (Doisy et Mugny, 1981), (Doisy et Mugny, 1997) de la psychologie du développement. Dans le cadre de ces approches,
l’enseignant initie des activités collectives qui sont susceptibles
de favoriser l’apprentissage. Par ailleurs, il intervient au cours des
activités en tant que facilitateur et en tant que régulateur des
interactions entre pairs. Pour viser un apprentissage collectif, certaines
conditions sont à respecter lors du design des activités comme la
mise en œuvre d’un apprentissage par l’action, la
création d’une interdépendance entre apprenants et la mise
en place d’activités qui doivent aboutir à une production
commune (George, 2004).
1.2. Profils de comportements sociaux
Lorsque des élèves sont mis en situation d’apprentissage
collectif au sein de groupes de taille restreinte, une organisation se met en
place de manière spontanée. Les partenaires se positionnent les
uns par rapport aux autres de sorte que chacun trouve sa place (Pléty, 1998).
L’observation de ces comportements sociaux par l’enseignant lui
fournit des indicateurs pour comprendre, réagir et intervenir de
manière à réguler la collaboration au sein du groupe (George, 2004).
L’analyse des échanges au sein d’un groupe permet de
déterminer des profils de comportements caractéristiques chez les
partenaires. Ainsi sur la base d’une combinaison d’observations de
différentes natures, Pléty fait ressortir des profils de
comportements sociaux qui fondent des dynamiques d’appartenance, de
cohésion et de leadership (Pléty, 1998).
Fournir aux partenaires d’un apprentissage collectif des informations sur
leurs propres profils permet de leur faire prendre conscience de la dynamique
comportementale du groupe ce qui est de nature à leur permettre
d’autoréguler leur processus de travail en commun (Jermann, 2004), (George, 2004), (Temperman, 2013).
1.3. Robotique pédagogique
Ces dernières années, la robotique pédagogique dont
Papert a été l’initiateur au début des années
quatre-vingts (Papert,1981) s’est tournée vers un public de plus en
plus jeune, grâce notamment à la conception de nouveaux outils qui
comportent un aspect ludique. C’est le cas des jouets programmables qui
mémorisent une suite de commandes qu’ils exécutent ensuite
de manière séquentielle. Les interfaces tangibles de ces jouets
favorisent un usage précoce des concepts propres à la robotique
chez les enfants les plus jeunes (Komis et Misirli, 2013).
Ces jouets constituent des dispositifs technologiques tangibles que les enfants
peuvent directement manipuler et qui peuvent stimuler la résolution de
problèmes (Pekárová, 2008), (Greff, 2001). Ce
sont de véritables outils de médiation, qui permettent aux enfants
de s’y identifier par un effet miroir (Depover et al., 2007).
La robotique pédagogique est en adéquation avec le
modèle constructiviste de l’apprentissage. Elle constitue un outil
qui offre la possibilité de développer des compétences
cognitives de haut niveau (Depover et al., 2007).
Elle permet également à l’enfant d’explorer
l’espace par l’intermédiaire de la technologie ou de simuler
une expérimentation (Leroux et al., 2005).
Pour Papert (Papert, 1981) et
Greff (Greff, 1998),
dès le plus jeune âge, l’enfant doit être initié
à la pensée algorithmique. Le fait de concevoir un algorithme, de
développer un programme et de le tester lui permet d’entrer en
contact avec l’ordinateur. L’apprenant communique avec la machine
dans un langage intelligible. Dans ce paradigme, les enfants sont les
« bâtisseurs de leur savoir », de leurs propres
structures intellectuelles et ils sont épistémologues
c’est-à-dire qu’ils ont la capacité d’effectuer
une étude critique de leur propre réflexion. Ainsi, la
programmation d’un robot oblige l’apprenant à
réfléchir à ses propres actions. Il doit se mettre à
la place du robot. Il doit réfléchir à sa propre
manière de se déplacer afin de le programmer correctement (Blanchet, 1991).
Dans cette perspective, le robot peut être utilisé à
l’école comme un outil permettant d’agir de manière
efficace sur le développement cognitif des enfants. Il constitue
également « un objet technologique dont il ne faudrait pas
négliger la portée pédagogique en tant qu’artefact
d’appropriation de connaissances techniques » (Komis et Misirli, 2012, p. 2).
2. Apprentissage collectif avec jouet programmable
2.1. Le robot de sol Bee-Bot
Le Bee-Bot, illustré à la
figure 1, est un robot de sol (ou robot de plancher) programmable en forme
d’abeille qui convient pour les enfants dès la maternelle jusque
dans les premières années de l’école primaire (Beraza et al., 2010), (De Michele et al., 2008), (Komis et Misirli, 2012).
Le contrôle des actions se réalise à partir d’une
interface tangible qui se situe sur le dos du jouet. Cette interface est
constituée de sept boutons qui permettent à l’utilisateur de
programmer directement une succession d’instructions simples que le jouet
va exécuter de manière séquentielle. Une rétroaction
sonore est déclenchée à chaque fois qu’une commande
est enregistrée par pression d’un de ces boutons. La mémoire
de ce jouet programmable accepte jusqu’à quarante instructions
consécutives.
Figure 1 • Bee-Bot avec son
interface de manipulation
Quatre boutons de cimages/24.1.8.strebelle01.jpgouleur orange représentent des flèches. Deux
d’entre eux ont pour fonction de gérer les déplacements avec
les instructions « avance d’un pas » et
« recule d’un pas », le Bee-Bot étant
capable de se déplacer sur une surface plane à intervalle constant
de 15 cm qui correspond à sa longueur. Les deux autres boutons orange
permettent de gérer les rotations avec les instructions
« tourne à gauche » et « tourne à
droite », le robot pouvant effectuer une rotation sur place de
90°.
Un bouton central de couleur verte sur lequel est inscrit
« GO » permet de demander au robot de sol
d’exécuter la série des instructions qui ont
été automatiquement enregistrées après chaque
pression d’un bouton orange. Une fois le parcours entamé, le Bee-Bot marque une courte pause entre chaque opération. A la fin
du parcours, ses yeux clignotent et un son est émis pour informer
l’utilisateur du fait que la séquence d’instructions est
terminée. Le bouton « GO » permet
également d’arrêter la progression du jouet avant que la
séquence d’instructions ne soit finie.
Deux autres boutons sont de couleur bleue : l’un lance
l’instruction « nettoie » qui sert à effacer
toutes les instructions qui ont été enregistrées au
préalable ; l’autre correspond à l’instruction
« pause » qui offre la possibilité de marquer un
temps d’arrêt en interrompant de manière momentanée
l’exécution des commandes.
Plusieurs accessoires sont disponibles pour diverses activités,
notamment des tapis de sol représentant une ville, une île au
trésor (cf. la figure 4) ou une ferme ainsi que des tapis conçus
pour l’apprentissage des lettres et des chiffres.
2.2. Programmation collaborative
La réflexion critique que nécessite l’apprentissage de la
programmation d’un robot de sol par de jeunes enfants peut être
activée dans le cadre d’activités collaboratives
centrées sur la confrontation de solutions alternatives entre pairs (Denis et Baron, 1993), (Leroux et al., 2005).
L’apprentissage collectif est en effet particulièrement
adapté à des problèmes qui exigent de nouvelles approches
conceptuelles (Baudrit, 2007).
Dans ce cadre, les apprenants se trouvent confrontés à des
situations pour lesquelles ils ne sont pas en mesure de mobiliser une solution
immédiate car leurs connaissances individuelles sont insuffisantes.
Essayer, échanger, communiquer leurs propositions va les pousser à
« avoir une conscience plus aiguë d’idées qui,
à l’origine, relèvent seulement de
l’intuition » (Baudrit, 2007, p. 68).
La collaboration entre élèves peut être un moyen
approprié pour faciliter l’acquisition de certaines techniques de
contrôle de la pensée (Gurtner et al., 1991), (Palincsar et Brown, 1984), (Perret-Clermont, 2000).
Selon la thèse vygotskienne, ces aptitudes sont d’abord apprises en
interaction avec d’autres sujets avant de pouvoir les appliquer seul (Baudrit, 2007).
Ces auteurs mettent en avant le fait que la mise en œuvre et
l’apprentissage de techniques de contrôle de la pensée seront
plus faciles à opérer dans un premier temps sur un raisonnement
conduit par un pair que sur son propre raisonnement. Dans ce dernier cas, il
sera nécessaire de mener de front production et contrôle (Ducarme, 2014).
La collaboration a été peu étudiée au sein de la
population à laquelle sont dédiés les jouets programmables
du même type que le Bee-Bot. Pourtant certaines études (Gauvain et Rogoff, 1989) montrent que dès cinq ans, les enfants sont en mesure de collaborer
efficacement à la recherche de solutions communes à une situation
problème qui leur est soumise. C’est dans cette perspective que la
recherche que nous nous proposons de décrire ci-après a
été conçue. Elle vise à apporter des
éléments de réponse à une question principale
formulée comme suit : « Quelles interactions sociales sont
mises en œuvre par des enfants de 5 à 6 ans pour réaliser en
petits groupes de 3 à 4 sujets des activités de programmation
collaborative du robot de sol Bee-Bot ? ». La recherche
vise encore à répondre à la question complémentaire
suivante : « La taille de l’équipe (3 ou 4
élèves) influence-t-elle la quantité et la qualité
des interactions au cours d’activités de programmation
collaborative du robot de sol Bee-Bot ? ».
3. Méthodologie de la recherche
3.1. Contexte de la recherche et échantillonnage
La recherche a été menée entre
juin 2013 et avril 2014 en Belgique francophone au sein d’une école
fondamentale fréquentée majoritairement par des enfants issus
d’un milieu socio-économique relativement
défavorisé.
Un échantillon de vingt et un élèves âgés
de 5 à 6 ans a été constitué au début de la
recherche. Ces enfants ont été extraits de deux classes au sein
desquelles aucune activité avec un jouet programmable n’avait
été organisée au préalable : la première
classe comportait seize élèves et la seconde, quatorze. Suite au
refus de leurs parents, neuf de ces trente enfants n’ont pas
participé à la recherche.
Pour la réalisation des activités avec le jouet programmable,
les élèves de l’échantillon ont été
répartis en six groupes : trois équipes de trois sujets et
trois équipes de quatre sujets. Ces six équipes ont
été constituées au sein des deux classes en concertation
avec les enseignants en associant des enfants de niveaux scolaires
différents.
L’entièreté des activités a été
filmée de manière à garder la trace des interactions au
sein de chaque équipe. Les activités terminées, une analyse
des comportements a été effectuée a posteriori. Au terme de
la recherche, chacun des élèves de l’échantillon a
été individuellement interrogé sur sa motivation
générale par rapport à l’école et sur la
manière dont il avait vécu les activités de groupe avec le
robot de sol.
3.2. Scénario pédagogique
Le scénario pédagogique qui a été conçu
dans le cadre de la recherche (Ducarme, 2014) s’appuie sur une séquence d’activités qui est
structurée en quatre séances qui se déroulent sur un total
de soixante-dix à cent minutes : une première séance
de découverte et de familiarisation avec le jouet, une deuxième
séance de déplacements pas-à-pas et deux séances de
programmation d’un parcours. Chacune des équipes a
réalisé ces séances séparément sous le
contrôle d’une expérimentatrice qui joue un rôle de
facilitatrice et de co-investigatrice (Komis et Misirli, 2012).
3.2.1. Séance 1 : Découverte du Bee-Bot (10 à 15
minutes)
La première séance est introductive. Elle se décline en
deux phases. Dans un premier temps, un jouet Bee-Bot est
présenté à l’équipe.
L’expérimentatrice demande aux enfants de l’observer et de le
décrire à tour de rôle. Dans un second temps, chaque enfant
reçoit un robot qu’il peut manipuler à sa guise.
Après quelques minutes, l’expérimentatrice organise une mise
en commun orale des découvertes, centrée sur la fonction de chacun
des sept boutons disposés sur le dos du jouet.
3.2.2. Séance 2 : Déplacements sur la
représentation d’une route (20 à 30 minutes)
La deuxième séance se décline en trois phases
successives. Dans un premier temps, la représentation d’un
tronçon de route rectiligne est disposée au centre d’une
table (cf. la figure 2). Un Bee-Bot est placé à une
extrémité de la route et un bonbon à l’autre. Une
remorque est attachée à l’arrière du jouet.
La consigne est de programmer le robot de sol en équipe pour
qu’il se rende pas à pas au bout de la route. Lorsque le bonbon est
atteint, un enfant peut déposer le bonbon dans la remorque.
L’équipe doit alors programmer le robot pour qu’il effectue
le parcours en sens inverse afin de retourner au point de départ au
début de la route.
Figure 2 • Parcours rectiligne du Bee-Bot avec remorque
Dans un deuxième temps, un nouveau bonbon est placé au bout
d’un deuxième tronçon de route qui est disposé dans
le prolongement du premier, ce qui allonge le parcours que doit réaliser
le Bee-Bot. La consigne est de programmer le robot de sol en
équipe pour qu’il rejoigne le plus rapidement possible
l’endroit où est placé le bonbon. Des pauses en cours de
route sont autorisées.
Figure 3 • Parcours du Bee-Bot avec rotation à gauche
Dans un troisième et dernier temps, un autre bonbon est placé
au bout du deuxième tronçon de route qui est cette fois
disposé à angle droit par rapport au premier (cf. la figure 3).
Cette étape permet aux enfants d’acquérir la notion de
rotation. La même consigne est répétée.
3.2.3. Séance 3 : Recherche d’un trésor sans
étape (20 à 30 minutes)
Le tapis de sol « L’île au trésor »,
quadrillé en seize cases (cf. la figure 4) est disposé sur une
table. Un trésor est figuré sur une des cases de cette carte
figurative. L’expérimentatrice place le Bee-Bot sur une
autre case située en diagonale par rapport à la case du
trésor.
La consigne est de programmer le jouet en équipe pour qu’il se
rende, sans interruption, à la case au trésor. Un seul changement
de direction peut être effectué durant l’itinéraire.
Avant de commencer à manipuler le robot, quelques minutes sont
consacrées à nommer les différents endroits particuliers
représentés sur la carte de l’île au
trésor.
Figure 4 • Tapis de sol
quadrillé « L’île au
trésor »
3.2.4. Séance 4 : Recherche d’un trésor avec
étape (20 à 30 minutes)
Le tapis de sol « L’île au trésor »
(cf. la figure 4) est à nouveau disposé sur une table. Cette fois,
il est accompagné d’une série de cartes à jouer. Ces
cartes, en papier plastifié de douze centimètres sur quinze,
reproduisent à l’identique chacune des seize cases de la carte de
l’île. Quelques minutes sont consacrées à
l’explicitation du rôle des cartes à jouer.
Trois des cartes sont tirées au sort : une première
désigne la case de départ (A) ; une deuxième
désigne un endroit de passage obligé (case B) et une
troisième représente la destination à atteindre (case C).
Un élève doit poser le Bee-Bot sur la case
désignée par la première carte. Les membres de
l’équipe reçoivent la consigne de se mettre d’accord
sur la succession de boutons à pousser pour programmer le robot de
manière à ce qu’il effectue un parcours qui passe
obligatoirement par la case B avant de se diriger vers la case au trésor
(C).
3.3. Méthodologie d’analyse du comportement des partenaires
d’un apprentissage collectif
3.3.1. Analyse unifiée des actions posées et des messages
échangés
Pour effectuer l’analyse de la collaboration entre les partenaires de
l’activité de programmation du robot de sol, nous avons
adopté une méthodologie (Strebelle et Depover, 2013) qui se centre à la fois sur l’analyse des dialogues entre les
acteurs de la collaboration et sur les objets de l’environnement
exploités par les apprenants dans le cadre des tâches qui leur sont
proposées. Cette méthode réside dans une analyse
unifiée (« unified analysis ») des actions
effectuées par les partenaires de l’activité et des messages
échangés par ces derniers au cours de leurs interactions (Avouris et al., 2003).
Le formalisme mis en œuvre se fonde donc sur deux considérations de
base : d’une part, une perspective « orientée
objet » des rôles tenus par les partenaires impliqués
dans une activité et, d’autre part, une analyse concomitante des
dialogues et des actions sur les objets.
Le but de cette méthode d’analyse consiste à identifier
des séquences fonctionnelles directement reliées aux objets
utilisés par les partenaires d’une production
co-élaborative élaborée dans le cadre d’une
activité de résolution de problème. Dans le cadre du
dispositif décrit ici, nous appelons « séquence
fonctionnelle » une suite d’interventions (actions et/ou
actes de paroles d’un ou plusieurs partenaires) qui ont trait à la
conception, à la réalisation et à l’évaluation
d’une série d’instructions sur le Bee-Bot. Une
séquence fonctionnelle est dite symétrique lorsque dans la
suite d’interventions, au moins deux d’entre elles sont
complémentaires, autrement dit, lorsqu’au moins une intervention
d’un des membres de l’équipe est directement liée
à une intervention d’un de ses partenaires. L’identification
des séquences fonctionnelles que nous présentons ici de
manière succincte s’effectue en deux temps : un codage de
niveau 1 suivi d’un codage de niveau 2.
3.3.2. Codage de niveau 1 : classification des actions et des actes de
parole
Les opérations effectuées par les partenaires d’une
équipe pour réaliser une activité sont définies
comme des interventions qui sont soit des modifications significatives
apportées au Bee-Bot comme sa manipulation ou la pression sur un
bouton, que nous appellerons « actions » dans la
suite de ce texte, soit des paroles émises par les partenaires de
l’activité. Cette dimension est appréhendée selon
deux systèmes de classification spécifiques condensés dans
une grille de codage des interventions.
Le premier système de classification concerne les actions
effectuées dans le cadre des activités. Elles y sont
classées en dix catégories dites secondaires regroupées en
trois classes principales ou catégories primitives (Ducarme, 2014) :
- les actions en lien direct avec la programmation du robot de sol
sont associées au code AP ; par exemple le fait d’actionner
les boutons de programmation du Bee-Bot est codé APab ;
- les autres actions en rapport avec l’activité
reçoivent le code AA ; par exemple le fait de montrer avec le doigt
le déplacement que le robot va devoir effectuer sur la carte au
trésor est codé AAmd ;
- les actions hors propos sont notées AH ; par exemple,
le fait de déplacer un autre objet que ceux qui participent à
l’activité, comme une chaise, est codé AHau.
Le second système de classification concerne les messages
échangés entre les élèves. Ces messages sont
décryptés suivant les principes d’une analyse de contenu du
type de l’analyse conversationnelle. A l’instar de plusieurs
chercheurs (Paulus, 2005), (Nastri et al., 2006), (Weinberger et Fisher, 2006), (Quintin, 2008), (Strebelle et Depover, 2013),
nous adoptons l’acte de parole comme unité
d’analyse : « Un acte de parole est un acte de
communication qui consiste en la mise en relation d’un projet
d’action communicationnelle et d’une énonciation
langagière qui sert de support à une visée intentionnelle
d’action... Un acte de parole, au-delà de sa fonction de dire ou
vouloir dire quelque chose, constitue un acte social au moyen duquel les acteurs
sociaux interagissent » (Bromberg et Chabrol, 1993, p. 296).
Les actes de parole constituent pour les acteurs sociaux des moyens interactifs
de maîtriser ou de résoudre des problèmes concrets ou
symboliques. Dans notre corpus de données, l’acte de parole
correspond le plus souvent au message dans sa globalité, mais quand le
message analysé comporte plusieurs intentions de communication, le codeur
est amené à le segmenter en différents actes de paroles et
donc en plusieurs unités de codage. Dans ce dispositif,
l’interprétation de chaque message et la décision
éventuelle de le segmenter en plusieurs actes de parole tiennent compte
des messages émis antérieurement et ultérieurement par les
acteurs (élèves ou enseignant) ainsi que des actions menées
en parallèle par ces derniers.
Concrètement, il s’agit de caractériser chaque
unité de codage, chaque acte de parole donc, en le classant dans un
premier temps au sein d’une catégorie déterminée
parmi sept catégories principales ou primitives et en la classant dans un
deuxième temps au sein d’une catégorie secondaire. Au
premier niveau, les actes de parole sont catégorisés en
informatifs, actionnels, évaluatifs, communicationnels, interactionnels,
socio-affectifs ou hors propos. Chacune de ces catégories principales est
définie ci-après.
- Nous appelons acte de parole informatif tout message ou
partie de message qui vise à décrire, caractériser, rendre
compte, de manière non évaluative, des éléments de
la situation et de leurs relations ou à solliciter des informations
relatives à la situation. Les actes de parole informatifs sont
associés au code PF. La classe des actes de parole informatifs comporte
10 catégories secondaires.
- Un acte de parole actionnel est un message, ou une partie
de message, relatif à une action qui est à effectuer, qui est en
cours d’accomplissement ou qui a été effectuée. Ce
type d’acte de parole reçoit le code PA. Selon la terminologie de
Chabrol et Bromberg (Bromberg et Chabrol, 1993, p. 305),
il a trait « au faire, au faire faire, au devoir faire, au pouvoir
faire ou au vouloir faire ». Concrètement, un acte de parole
actionnel vise, dans le cadre de la situation, à proposer
d’effectuer une action, à inciter à effectuer une action,
à s’engager à effectuer une action, à refuser
d’effectuer une action, à déclarer effectuer ou avoir
effectué une action, à déclarer observer les
résultats d’une action ou encore à demander des
éléments d’information à propos d’une action ou
à solliciter une information relative à une action. La classe des
actes de parole actionnels comporte six catégories secondaires.
- Nous appelons acte de parole évaluatif et codons PE
tout message ou partie de message qui vise à exprimer ou à
solliciter un jugement ou une appréciation sur les éléments
de la situation, sur les résultats des actions accomplies par les
partenaires dans le cadre de la situation ou encore sur les modalités et
l’efficacité de la collaboration au sein de l’équipe.
L’évaluation peut être positive, un marqueur « p »
est alors associé au code, ou négative, un marqueur « n
» est alors associé au code. La classe des actes de parole
évaluatifs comporte huit catégories secondaires.
- Nous appelons acte de parole interactionnel et codons PI,
tout message ou partie de message qui vise à la co-élaboration des
identités des partenaires et à la co-gestion de leurs relations,
selon la situation ou les enjeux, pour les améliorer ou les remettre en
cause. La classe des actes de parole interactionnels comporte quinze
catégories secondaires.
- Nous appelons acte de parole communicationnel et codons PC,
tout message ou partie de message qui a pour visée la gestion ou la
régulation de la communication en fonction des buts et des enjeux
d’action et en fonction d’un contrat de communication
éventuellement implicite. La classe des actes de parole communicationnels
comporte huit catégories secondaires.
- Nous appelons acte de parole socio-affectif et codons PSA
tout message ou partie de message qui traduit ou sollicite un affect positif ou
négatif en rapport avec la situation. Les actes de parole socio-affectifs
sont classés en une des trois catégories secondaires.
- Nous classons dans la catégorie « actes de parole
hors propos » et codons PH, les actes de parole n’ayant pas
directement trait à la situation comme faire allusion à un
événement survenu dans un autre cadre, parler d’un tiers
sans que cela ait un rapport direct avec la situation ou encore demander pour
aller aux toilettes. Nous ne distinguons pas de catégorie secondaire pour
ce type d’acte de parole.
La vérification de la fidélité du classement des actes
de parole a fait intervenir trois codeurs à l’occasion de sessions
de codage successives entre lesquelles un accompagnement a été mis
en place en vue de clarifier certains principes et certaines catégories
de codage. Comme le montrent les tableaux 1 et 2, une amélioration
substantielle a pu être obtenue à travers cet effort de
clarification jusqu’à observer une valeur de concordance de 0.820
qui, selon les critères les plus souvent utilisés, peut être
considérée comme très bonne.
Tableau 1 • Coefficients de Kappa
à trois sessions de tests impliquant les codeurs A et B
(catégories principales)
Session |
K de Kappa |
Taux de signification (p.) |
Accord |
Test 1 |
0.64 |
0,00 |
0.61 < K < 0,68 |
Test 2 |
0.67 |
0,00 |
0.61 < K < 0,68 |
Test 3 |
0.68 |
0,00 |
0.68 < K < 0,80 |
Tableau 2 • Coefficient de Kappa
à deux sessions de tests impliquant les codeurs A et C (catégories
principales)
Session |
K de Kappa |
Taux de signification (p.) |
Accord |
Test 1 |
0.63 |
0,00 |
0.61 < K < 0,68 |
Test 2 |
0.82 |
0,00 |
K > 0,80 |
En complément des tests de Kappa sur les catégories
principales, nous avons éprouvé la concordance des classements
pour les catégories secondaires pour les codeurs A et C. Les
résultats obtenus sont comparables à ceux correspondant aux
catégories principales pour la première session de test (cf. le
tableau 3).
Tableau 3 • Coefficient de Kappa
à une session de tests impliquant les codeurs A et C (catégories
secondaires)
Session |
K de Kappa |
Taux de signification (p.) |
Accord |
Test 1 |
0.65 |
0,00 |
0.61 < K < 0,68 |
3.3.3. Codage de niveau 2 : écriture synthétique des
séquences fonctionnelles
Le second niveau de codage permet d’analyser de quelle manière
se succèdent et s’imbriquent les différentes interventions
effectuées par les partenaires d’une production
co-élaborative commune. Il consiste à regrouper en
séquences fonctionnelles les interventions relatives à une
même tâche de programmation du robot de sol et à les
écrire sous la forme synthétique d’une formule (cf. le
tableau 4). Cette écriture synthétique des interventions au sein
des équipes permet aux chercheurs de repérer des séquences
symétriques ainsi que des patterns d’interactions relatifs à
des modes de fonctionnement collaboratif des partenaires au sein des
équipes.
Chaque sujet de l’échantillon est désigné par un
code allant de S1 à S21 (cf. le tableau 7 pour la
répartition des sujets par équipe). L’enseignant est
désigné par le code ENS. Le code de l’action ou
de l’acte de parole que le sujet réalise suit le code de
l’émetteur. Pour en faciliter la distinction entre actes de parole
et actions, les codes de ces dernières sont notés en
caractères gras dans la formule. Par exemple, le code S10APab présent dans le premier extrait du tableau 4
traduit « le sujet 10 réalise une action en rapport avec la
programmation du robot (AP) qui consiste à actionner (a) les boutons du Bee-Bot (b) ». Quand le récepteur d’un acte de
parole est clairement identifié, son code est noté entre
parenthèses après le code de l’émetteur. Par exemple,
ENS(S14)PIso traduit « l’enseignant
émet un acte de parole en lien avec les interactions (PI) en sollicitant
le sujet 14 ».
Tableau 4 • Extraits de formules de
codage des séquences fonctionnelles symétriques observées
dans le cadre d’activités de programmation collaborative avec le
Bee-Bot
Extrait de formules de séquences fonctionnelles
symétriques |
Interprétation |
ENS(S10)PApm, S10APab |
L’enseignant pose un acte de parole actionnel qui consiste à
proposer au sujet 10 de manipuler le Bee-Bot, le sujet 10 effectue une action en
lien avec la programmation qui consiste à actionner les boutons du
Bee-Bot. |
ENS(E2)PIso, S6(ENS)PIrd, ENS(E2)PIso, S7(ENS)PIrd |
L’enseignant pose un acte de parole interactionnel qui consiste
à solliciter l’équipe 2, le sujet 6 pose un acte de parole
interactionnel qui consiste à répondre à
l’enseignant, l’enseignant sollicite à nouveau
l’équipe 2 sur le plan interactionnel, le sujet 7 lui
répond. |
ENS(E4)PIso, S15(ENS)PIrd, S15APab |
L’enseignant sollicite l’équipe 4 sur le plan
interactionnel, le sujet 15 lui répond tout en actionnant les boutons du
Bee-Bot. |
Les caractères soulignés signifient que les interventions
(actions ou actes de paroles) sont réalisées simultanément.
Par exemple, S13APab S14APab traduit
« les sujets 13 et 14 actionnent les boutons du Bee-Bot en
même temps » ou S15PIrd
S15AAm, « le sujet 15 répond à la
question posée en réalisant un autre type d’action (AA) qui
n’a pas directement trait à la programmation et qui consiste
à montrer (m) les boutons du Bee-Bot ».
4. Analyse des résultats
4.1. Analyse inter-équipes
Les six équipes de notre échantillon
ont été en mesure d’effectuer avec succès et dans le
temps imparti l’ensemble des activités prévues au sein de
chacune des trois séances du scénario pédagogique qui
prévoient la programmation d’un parcours du Bee-Bot. Les
données du tableau 5 permettent de comparer les chiffres des
réussites et des échecs des parcours programmés par les
différentes équipes. Globalement, sur l’ensemble des
séances qui comportent des consignes explicites de programmation (les
séances 2 à 4), on observe un peu plus du double
d’échecs (215) que de réussites (104). Par ailleurs, le taux
de réussite progresse de séance en séance et tout
particulièrement au sein de l’équipe E5. Nous pouvons en
conclure que le dispositif mis en place permet de développer les
compétences de programmation du robot de sol quelles que soit la
dynamique collective propre à chaque équipe.
Tableau 5 • Parcours du Bee-Bot programmés par séance du scénario
pédagogique
|
Séance 2 |
Séance 3 |
Séance 4 |
Séances 2 à 4 |
Equipe |
Réussite |
Echec |
Réussite |
Echec |
Réussite |
Echec |
Réussite |
Echec |
E1 |
8 |
13 |
4 |
14 |
4 |
6 |
16 |
33 |
E2 |
5 |
15 |
12 |
11 |
5 |
9 |
22 |
35 |
E3 |
6 |
15 |
11 |
8 |
4 |
9 |
21 |
32 |
E4 |
8 |
13 |
3 |
20 |
5 |
12 |
16 |
45 |
E5 |
5 |
12 |
1 |
11 |
7 |
7 |
13 |
30 |
E6 |
7 |
15 |
4 |
14 |
5 |
11 |
16 |
40 |
Total |
39 |
83 |
35 |
78 |
30 |
54 |
104 |
215 |
Il convient quand même de remarquer que les résultats à
la séance 3 sont fort contrastés avec un taux de réussite
très faible au sein des équipes E1, E4, E5 et E6 alors que ce taux
de réussite est particulièrement élevé au sein des
équipes E2 et E3 (cf. les données surlignées dans le
tableau 5).
Par ailleurs, les données du tableau 6 permettent de comparer le
fonctionnement des équipes, notamment celles qui sont constituées
de quatre élèves (soient les équipes E1, E2 et E3) avec
celles qui n’en comptent que trois (soient les équipes E4 ; E5
et E6). En comparant globalement les chiffres des interventions centrées
sur la tâche (cf. le tableau 6 dans lequel nous n’avons pas tenu
compte des actes de parole hors propos), c’est-à-dire en cumulant
les actions de programmation (AP) et les autres actions (AA) avec les actes de
parole, on constate qu’ils varient peu : de 330 pour
l’équipe E5 à 451 pour l’équipe E2. Les
interventions sont en moyenne plus nombreuses dans les équipes de quatre
que dans les équipes de trois, mais la moyenne des interventions par
élève est de l’ordre de 15 % plus élevée au
sein des équipes de trois qu’au sein des équipes de
quatre.
De manière transversale, le nombre brut d’actes de parole
centrés sur la tâche qui ont été comptabilisés
au sein d’une équipe est toujours plus grand que le nombre
d’actions sur le robot de sol. Si cette différence est fort
marquée au sein de cinq des six équipes qui constituent
l’échantillon, elle est moindre au sein de l’équipe E4
qui a un comportement atypique puisqu’on y dénombre le plus
d’actions sur le Bee-Bot (184) et le moins d’actes de parole
(188). La dynamique particulière de cette équipe E4 sera
discutée à la section 4.3. Dans l’ensemble, à
l’exception de l’équipe E4, les verbalisations ont donc pris
une place déterminante dans la réalisation collaborative des
activités.
Tableau 6 • Occurrences des
interventions et des séquences fonctionnelles symétriques en
fonction de la taille de l’équipe
Nombre d’élèves par équipe |
4 |
3 |
Equipe |
E1 |
E2 |
E3 |
E4 |
E5 |
E6 |
Interventions (Actions + Actes de parole) |
391 |
451 |
353 |
372 |
330 |
332 |
Moyenne des interventions par équipe |
398 |
345 |
Moyenne des interventions par élève |
99 |
115 |
Actions (A) |
149 |
178 |
152 |
184 |
138 |
114 |
Moyenne des actions par équipe |
160 |
145 |
Moyenne des actions par élève |
40 |
49 |
Actes de parole (P) |
242 |
273 |
201 |
188 |
192 |
218 |
Moyenne des actes de parole par équipe |
239 |
199 |
Moyenne des actes de parole par élève |
60 |
66 |
Séquences fonctionnelles symétriques (SFS) |
17 |
22 |
12 |
24 |
15 |
16 |
Moyenne des SFS par équipe |
17 |
18 |
Les moyennes par élève des actions (quarante pour les
équipes constituées de quatre sujets contre quarante-neuf pour les
équipes de trois) et des actes de parole (soixante pour les
équipes constituées de quatre sujets contre soixante-six pour les
équipes de trois) sont influencées par la taille de
l’équipe puisqu’elles sont respectivement de près de
23 % et de 10 % plus élevées dans les équipes de trois
individus que dans les équipes de quatre.
Le codage des données nous a permis de comptabiliser les
séquences fonctionnelles symétriques (SFS) au sein des
différentes équipes. Les résultats sont très
variables puisque le nombre de ces SFS passe du simple au double avec un minimum
de douze séquences SFS pour l’équipe E3 et un maximum de
vingt-quatre pour l’équipe E4. Cependant, la moyenne des
séquences SFS des équipes qui comportent trois membres (18
séquences) est similaire à celle des équipes de quatre
sujets (17 séquences). Dans le cadre de notre étude, ces chiffres
ne nous permettent pas de formuler une quelconque hypothèse quant
à une éventuelle influence de la taille de l’équipe
sur le nombre de séquences fonctionnelles symétriques
observées par équipe.
Les séquences fonctionnelles symétriques ont été
analysées de manière qualitative sur la base de la taxonomie de
Verba (Verba, 1994). Les
séquences observées se rapportent tantôt à de
l’observation-élaboration lorsque le comportement d’un
sujet provoque un comportement chez un autre sujet, tantôt à de la co-construction lorsque des partenaires au sein d’un groupe
confrontent leurs idées pour élaborer un objectif commun et
tantôt, à de l’activité guidée lorsqu’un sujet reçoit de l’aide d’un de ses pairs
ou lui en propose.
A titre d’illustration, nous reproduisons ci-après la formule
d’une séquence fonctionnelle symétrique qui résulte
d’une analyse des traces des interactions, au cours d’une
tâche de programmation entre trois des quatre partenaires de
l’équipe E2 au cours de la séance 2, un des membres de cette
équipe, le sujet S7, n’ayant pas participé à la
séquence.
S5PApq, S5APab, S8PAsu, S8AAmb, S5AAmb, S6APab, S8APab, S8PAex,
S5PEco+
Cette séquence fonctionnelle symétrique se traduit de la
manière suivante : le sujet 5 émet un acte de parole
actionnel, qui consiste à poser une question à propos de la
tâche à effectuer avant d’actionner les boutons du Bee-Bot ; le sujet 8 émet un acte de parole actionnel, qui
consiste à suggérer une action tout en désignant des
boutons sur le robot que le sujet désigne également ; le
sujet 6 et le sujet 8 prennent le relai en actionnant successivement les boutons
du Bee-Bot ; le sujet 8 explicite ses actions ; le sujet 5
émet un acte de parole, en évaluant de façon positive le
résultat du déplacement du robot consécutif à
l’activation de la séquence qui a été
programmée en commun.
4.2. Analyse inter-sujets : profils de comportements sociaux
L’analyse des interactions entre sujets au sein des équipes nous
a conduits à définir cinq profils contrastés de
comportements sociaux chez les élèves. La détermination de
ces comportements se fonde sur une combinaison de quatre ensembles de
données qui ont été collectées au terme des
activités : le volume d’actions (A), le volume d’actes
de parole (P), les types d’actes de parole (P) et la participation aux
séquences fonctionnelles symétriques (SFS). Ce dernier
critère traduit la mesure dans laquelle l’élève
réagit aux interventions de ses partenaires, mais également la
mesure dans laquelle ses partenaires réagissent à ses propres
interventions. Les caractéristiques de ces cinq profils sont
présentées dans le tableau 7.
La répartition de ces profils au sein de nos différentes
équipes, résumée dans le tableau 8, est la
suivante.
4.2.1. Les leaders
Quatre sujets de quatre équipes différentes (E2, E4, E5 et E6)
se sont investis de manière quantitativement plus importante que leurs
partenaires, et ce, de manière récurrente au cours des
différentes activités. Ils ont exercé une forme de
leadership bienveillant au sein de leur équipe tout en montrant une
tendance à vouloir monopoliser le jouet. Ce sont
généralement des élèves qui obtiennent des
résultats scolaires au-dessus de la moyenne de leur classe. Au terme de
la séquence d’activités, trois de ces quatre
élèves qualifiés de leaders ont déclaré
qu’ils auraient apprécié programmer seuls le robot
plutôt qu’en équipe.
Tableau 7 • Profils comportementaux
des élèves au cours d’activités de programmation
collaborative du Bee-Bot en petits groupes
Profil |
Actions (A) |
Actes de parole (P) |
Séquences fonctionnelles symétriques (SFS) |
Volume (A) |
Volume (P) |
Types (P) |
Participation (SFS) |
Leader |
important |
important |
variés, principalement actionnels, évaluatifs (positifs comme
négatifs) et informatifs |
importante |
Compétiteur |
important |
assez important |
principalement évaluatifs négatifs et interactionnels |
assez importante |
Conciliant |
assez important |
assez important |
principalement actionnels et évaluatifs positifs |
peu importante |
Suiveur |
peu important |
peu important |
(pas de type dominant) |
faible |
Désinvesti |
faible |
faible |
parfois hors propos |
faible à nulle |
4.2.2. Les compétiteurs
Six sujets de trois équipes différentes (E1, E3 et E5) ont fait
preuve de comportements de compétition. Lorsqu’ils manipulaient le
jouet, ils avaient tendance à ne pas prendre en considération les
actions réalisées au préalable par leurs partenaires. La
plupart du temps, ils refusaient qu’un autre membre de
l’équipe intervienne pour les aider ou ils ne tenaient pas compte
de leurs propositions. Quand un de ces élèves réalisait une
séquence de programmation qui s’avérait efficiente, il ne
faisait pas spontanément part de ses démarches à ses
partenaires. Trois de ces six élèves se sont à plusieurs
reprises moqués des essais infructueux de leurs partenaires. Pourtant, au
terme de la séquence d’activités, un seul de ces six
élèves qualifiés de compétiteurs a
déclaré qu’il aurait préféré travailler
seul avec le Bee-Bot plutôt qu’en équipe.
4.2.3. Les conciliants
Trois sujets de deux équipes différentes (E1 et E2) ont
participé aux activités de façon active, mais
légèrement en retrait par rapport aux autres membres de leur
équipe respective. Ils ont rapidement compris le principe de la
programmation, mais ils laissaient leurs partenaires faire des essais. Ils
n’hésitaient pas à les aider, mais sans imposer leurs points
de vue. Ces trois sujets ont de très bons résultats scolaires.
4.2.4. Les suiveurs
Six sujets de quatre équipes différentes (E1, E4, E5 et E6) ont
éprouvé des difficultés à programmer le robot
correctement. Ils se laissaient aider sans objection. Ils participaient peu aux
discussions. Au terme de la séquence d’activités, cinq
d’entre eux ont déclaré avoir apprécié
travailler en équipe.
4.2.5. Les désinvestis
Deux sujets de deux équipes (E1 et E2) différentes ont
relativement peu participé aux activités. A chaque séance,
leur implication décroissait rapidement au cours du temps
jusqu’à ce qu’ils finissent par se désinvestir
complètement de l’activité. D’après leurs
enseignantes respectives, ce comportement n’est pas propre aux
activités avec le Bee-Bot puisqu’elles déclarent
l’avoir également observé à plusieurs reprises au
cours des activités de classe.
4.3. Dynamiques collaboratives au sein des équipes
D’une séance d’activités à l’autre, et
donc au fur et à mesure que la difficulté grandissait, les
élèves ont eu tendance à davantage collaborer à la
recherche de solutions communes. Ainsi l’implication au sein des
séquences fonctionnelles symétriques a évolué de
manière positive chez dix-sept sujets de l’échantillon alors
qu’elle n’a régressé que chez un seul (S7 qui a un
profil de désinvesti) et est restée stable chez les trois derniers
(S3, S9 et S18).
La combinaison des types de profils observés semble avoir eu une
influence sur la collaboration au sein des équipes. Ainsi, par exemple,
l’équipe E3 composée de quatre sujets exclusivement
compétiteurs a fonctionné quasi continuellement sur le mode de la
confrontation parfois conflictuelle avec une tension nerveuse palpable à
chaque séance. C’est notamment en son sein qu’ont
été observés le moins de séquences fonctionnelles
symétriques (tableau 6) d’une part, et la quasi-totalité des
évaluations négatives et des actes de parole interactionnels,
notamment des moqueries, d’autre part. Cette dynamique peu encline
à la collaboration n’a pas empêché
l’équipe d’être efficace en termes de progression de
ses résultats comme le montre le tableau 5.
Un autre exemple de combinaison particulière est celui de
l’équipe E4 constituée d’un leader et de deux
élèves que nous avons qualifiés de suiveurs. Un climat de
travail serein et fructueux s’est instauré naturellement dans cette
équipe. C’est notamment en son sein que nous avons
enregistré une des moindres proportions d’actes de parole hors
propos. Pour rappel, ce sont les membres de cette équipe qui ont
émis le moins d’actes de parole et qui ont effectué le plus
d’actions. Ces élèves programmaient le robot à tour
de rôle et n’hésitaient pas à demander l’avis de
leurs partenaires, quand ils doutaient des instructions qu’ils
étaient sur le point d’encoder, ou à demander de
l’aide quand un programme s’avérait incorrect au cours
d’un essai. Quand l’un d’entre eux avait la main, les autres
ne tentaient pas de la lui prendre, mais commentaient ses actions et lui
faisaient des suggestions constructives. Comme nous l’avons
déjà noté, c’est l’équipe qui a produit
le plus grand nombre de séquences fonctionnelles symétriques (cf.
le tableau 6). L’occurrence de ces dernières s’est
intensifiée de séance en séance.
Tableau 8 • Répartition des
profils par équipe
Equipe |
Compétiteur |
Conciliant |
Leader |
Suiveur |
Désinvesti |
E1 |
S2 |
S1 |
|
S4 |
S3 |
E2 |
|
S5, S8 |
S6 |
|
S7 |
E3 |
S9, S10, S11, S12 |
|
|
|
|
E4 |
|
|
S15 |
S13, S14 |
|
E5 |
S17 |
|
S16 |
S18 |
|
E6 |
|
|
S21 |
S19, S20 |
|
Un élément à remarquer au sujet des combinaisons de
profils qui sont apparues au sein de notre échantillon consiste dans le
fait qu’un comportement de leader s’est systématiquement
manifesté dans chacune des équipes constituées de trois
élèves alors que ce rôle n’est apparu que dans une
seule équipe de quatre membres, l’équipe E2. Des trois
équipes comptant quatre élèves, c’est cette
équipe E2 qui a produit le plus de séquences fonctionnelles
symétriques (cf. le tableau 6) et qui a le plus progressé en
termes d’interactions collaboratives au cours de la séquence
d’activités. Par ailleurs, l’équipe E3
constituée uniquement de compétiteurs est celle qui a produit le
moins de séquences fonctionnelles symétriques (cf. le tableau
6).
5. Conclusions et perspectives
Les sujets d’un échantillon de vingt et
un enfants âgés de cinq à six ans ont, au sein
d’équipes de trois ou quatre individus, effectué des
activités d’exploration et de programmation avec le robot de sol Bee-Bot dans le cadre de la résolution de situations
problèmes. Les résultats de notre étude rejoignent ceux de
recherches antérieures (Komis et Misirli, 2012), (Komis et Misirli, 2013),
en ce sens que l’application d’un scénario pédagogique
en classes de fin de maternelle et début du primaire montre qu’une
approche des concepts préliminaires de la programmation à
l’aide de ce jouet programmable est possible avec de jeunes enfants. En
effet, avec l’aide didactique de l’expérimentatrice, les six
équipes de notre échantillon ont réussi à mener
à leur terme les activités du scénario dans le timing
prévu. Malgré la difficulté croissante des tâches
proposées dans le scénario pédagogique, seuls deux
élèves se sont peu à peu désintéressés
des activités alors que tous les autres sont restés actifs,
interactifs et productifs tout au long de l’expérience.
Au terme d’une séquence de quatre séances
d’activités, tous les enfants ont déclaré avoir
aimé travailler avec le Bee-Bot. Aucun d’entre eux n’a
exprimé un sentiment de découragement, même ceux qui ont
rencontré des difficultés lors de la programmation du robot et qui
se sont progressivement désinvestis. Tous déclarent avoir
apprécié chercher des solutions avec leurs partenaires même
si une proportion importante d’entre eux déclare qu’ils
auraient préféré programmer le jouet seuls plutôt
qu’en équipe.
Peu de comportements de collaboration spontanés ont pu être
observés. Toutefois, après que l’expérimentatrice ait
systématiquement amené les sujets de l’échantillon
à comparer leurs propres stratégies et procédures avec
celles de leurs partenaires au sein des équipes, des comportements
collaboratifs explicites et plus rarement implicites (Strebelle et Depover, 2013) sont apparus comme de l’observation-élaboration, de la co-construction et de l’activité guidée (Verba, 1994). A
ce propos, l’effet de l’intervention de l’adulte enseignant ou
expérimentateur au sein des groupes mériterait d’être
discuté dans le cadre d’un prolongement de cette étude.
De manière générale, les échanges verbaux ont
été nombreux à l’occasion de discussions
animées. Les élèves ont passé un temps relativement
long à donner leur avis avant de programmer le jouet ainsi
qu’à expliciter leurs démarches après l’avoir
fait.
Comme nous l’avons souligné, les enfants de
l’échantillon n’ont pas collaboré facilement. Un
sentiment de compétition relativement marqué a été
observé au sein de la plupart des équipes et tout
particulièrement chez les équipes comportant un compétiteur
en leur sein ; ce sentiment peut être rapproché de ce que
Piaget décrit comme relevant de la pensée égocentrique (Baudrit, 2007).
C’est avec une certaine difficulté que la plupart des
élèves de notre échantillon sont parvenus à
dépasser cet égocentrisme. Beaucoup ont eu tendance à
vouloir monopoliser le robot de sol tout au moins dans un premier temps. Ainsi,
dans le cadre des premières activités plus faciles à
réaliser, la majorité des enfants refusaient l’aide
proposée par les autres membres de leur équipe. Les
élèves acceptaient plus facilement de l’aide de leurs
partenaires ou la demandaient davantage au fur et à mesure que la
difficulté de la tâche augmentait, principalement au cours des deux
dernières séances. Systématiquement, les
élèves qui commençaient à manipuler le robot
essayaient d’abord de le programmer seuls. Ce n’est
qu’après plusieurs échecs qu’ils acceptaient
l’aide de leurs partenaires et, pour certains, la sollicitaient. La
demande d’aide, et par corollaire de comportements collaboratifs, a donc
émergé de manière davantage spontanée lorsque des
difficultés plus importantes survenaient.
La méthode d’analyse des comportements sociaux que nous avons
mise en œuvre nous a permis de déterminer cinq types de
profils : les comportements de compétiteurs, de leaders, de
conciliants, de suiveurs et de désinvestis. Certains de ces profils
peuvent être comparés à ceux qui ont été
proposés par Pléty (Pléty, 1998) par exemple les leaders ont des caractéristiques communes avec les
animateurs, ou les conciliants avec les indépendants. D’autres sont
plus spécifiques aux comportements de la classe d’âge des
apprenants que nous avons observés. Dans la foulée, nous avons
été en mesure de mettre en évidence des dynamiques
collectives en fonction de la combinaison des profils. Ainsi, dans le cadre de
notre recherche, la taille de l’équipe semble avoir
influencé la collaboration en quantité, mais pas en
qualité. Globalement, les sujets se sont davantage investis
personnellement dans les groupes de trois individus que dans les groupes de
quatre. Le fait qu’un rôle de leader ait systématiquement
été assumé au sein des équipes de trois, mais pas
dans celles de quatre a pu avoir eu une influence positive sur la dynamique
interactive au sein de ces équipes. Ces interprétations nous
conduisent à émettre l’hypothèse que le climat
instauré entre les jeunes partenaires, notamment par la confrontation de
profils, influence la dynamique de programmation collaborative au sein de
l’équipe. La vérification de cette hypothèse offre
des perspectives de recherches ultérieures tout particulièrement
au sein de triades. Il serait notamment intéressant d’analyser dans
quelle mesure des coalitions de deux individus (Caplow, 1984), (Cartron et Winnykamen, 2004) pourraient avoir tendance à se former en leur sein.
À
propos des auteurs
Albert STREBELLE est maître de conférence
à l'Université de Mons (UMONS). Le contenu des enseignements
qu’il assure a trait à la technologie de l’éducation.
Ses travaux de recherche portent sur les usages pédagogiques des TIC et
des réseaux sociaux, sur les dispositifs de formation à distance
avec une centration particulière sur le tutorat et l'exploitation des
traces, sur l'apprentissage collaboratif, sur le développement de
compétences de modélisation scientifiques à
l’école ainsi que sur l’élaboration de supports
pédagogiques notamment dans le cadre de l’apprentissage mobile.
Adresse : Université de Mons,
Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education, DESTE, 18,
place du Parc, B-7000 Mons - Belgique
Courriel : albert.strebelle@umons.ac.be
Toile : http://ute.umh.ac.be/deste
Amandine DUCARME a une formation initiale
d’institutrice maternelle. Elle est titulaire d’un master en
sciences de l’éducation. Ses travaux de recherche concernent les
technologies éducatives et portent spécifiquement sur
l’analyse des dynamiques collaboratives dans le cadre de
l’apprentissage collectif de la programmation dans l’enseignement
fondamental.
Adresse : Université de Mons,
Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education, DESTE, 18,
place du Parc, B-7000 Mons - Belgique
Courriel : amandine.ducarme@alumni.umons.ac.be
Toile : http://ute.umh.ac.be/deste
Lionel MELOT est détenteur d’un master en
sciences de l’éducation (Université de Mons, 2013) et professeur de sciences pendant 10 ans dans l’enseignement secondaire en
Belgique francophone (niveau collège). En septembre 2014, il a
intégré l’Unité de la Technologie de
l’Éducation de l’Université de Mons en tant
qu’assistant du Professeur Christian Depover. Ses travaux de
prédilection portent sur l’analyse de l’intégration
des nouvelles technologies dans l’enseignement élémentaire
et secondaire. Son travail de thèse porte sur les facteurs
prédictifs de persévérance et d'autorégulation des
étudiants en formation à distance. Il est également auteur
aux éditions Plantyn d’ouvrages scolaires de sciences à
destination des apprenants du collège.
Adresse : Université de Mons,
Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education, DESTE, 18,
place du Parc, B-7000 Mons - Belgique
Courriel : lionel.melot@umons.ac.be
Toile : http://ute.umh.ac.be/deste
Christian DEPOVER est professeur à
l’Université de Mons (UMONS). Il enseigne également à
l’Université libre de Bruxelles (ULB). Il anime un centre de
recherche et de développement consacré aux usages des technologies
en éducation et au E-learning (Unité de Technologie de
l’Éducation). Il partage son temps entre l’enseignement, la
recherche et la consultation auprès d’organisations
internationales.
Adresse : Université de Mons,
Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education, DESTE, 18,
place du Parc, B-7000 Mons - Belgique
Courriel : christian.depover@umons.ac.be
Toile : http://ute.umh.ac.be/deste
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