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Analyse des intentions d’usage d’un ENT chez
les enseignants de lycées professionnels
Ecaterina PACURAR (LISEC, Université de Strasbourg), Nargis ABBAS
(Université de Sargodha, Pakistan)
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RÉSUMÉ : Cette
recherche interroge l’intention d’usage des ENT par des enseignants
du secondaire. Un cadre théorique basé sur des approches de
l’ingénierie pédagogique est utilisé pour proposer un
modèle hypothétique ayant comme variable expliquée
l’intention d’utilisation pédagogique d’une technologie
éducative. Il prend comme variables exogènes la différence
de sexe, les disciplines d’enseignement, l’utilisation des
ordinateurs dans un cadre privé et la maîtrise technique
perçue, afin de mesurer le degré de significativité de ces
dernières sur l’intention d’intégration de l’ENT
à l’école. Le modèle a été testé
à partir des données obtenues suite à une enquête sur
l’usage de l’ENT déployé dans l’Académie
de Strasbourg. Pour le traitement de données nous avons utilisé
les statistiques descriptives, l’analyse de variance (ANOVA) et la
modélisation par équation structurelle. Les résultats
obtenus tendent à mettre en évidence que l’ENT est
perçu par les enseignants de notre enquête, avant tout comme un
« outil de communication » via la messagerie, ou encore
comme moyen de répondre aux usages prescrits par l’institution.
MOTS CLÉS : représentations
des enseignants, attitudes, utilisabilité, utilité |
Professional high school teachers’ intention use of digital work environment |
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ABSTRACT : This
research analyzes the intention use of digital work environment (DWE) by the
secondary school teachers in France. It was investigated if there are
significant correlations between teachers DWE intention use, subject teaching
and gender difference. A theoretical framework is used to propose a hypothetical
model. The gender, the subject teaching, the use of computers at home and the
technical skills are the exogenous variables in this hypothetical model in order
to measure the degree of significance of these variables on the intention use of
DWE in secondary school. A survey research design was adopted to collect
the data on the DWE use from the Academy of Strasbourg Institution. Descriptive
statistics and ANOVA was used to measure the difference among the groups. While
structural equation modeling technique was used to test and validate the
proposed model. The results tend to demonstrate that the DWE is perceived
primarily as a "communication tool“or as a means to achieve the prescribed
uses by the academic institutions.
KEYWORDS : teacher
beliefs, attitudes, usability, usefulness |
1. Contexte, objet de recherche
A partir des premières
initiatives de déploiement des Environnements Numériques de
Travail (ENT) en 2003 et l’introduction du schéma directeur
dès 2006, (MEN, 2008) plusieurs partenariats académies-collectivités territoriales ont
été formalisés autour d’une volonté commune de
généraliser les ENT à moyen terme à l’ensemble
des établissements scolaires (MEN, 2012). Depuis
2003, le développement de l’ENT de l’Académie de
Strasbourg a été réalisé dans le cadre du projet
ENTEA retenu suite à un appel à projets par le Ministère de
l’Education Nationale (Zender, 2011).
De plus, l’Académie de Strasbourg menait déjà une
expérimentation depuis 2002 et présentait un projet ambitieux
d’espace numérique de travail au périmètre
très large, intégrant les activités de toutes les
composantes de l’établissement : la pédagogie, la vie
scolaire, la communication, l’administration et s’adressant à
l’ensemble de la communauté : enseignants, parents, personnels
administratifs. La phase d’expérimentation de l’ENT
développé dans le cadre du projet ENTEA a débuté
avec 15 établissements en 2004 pour s’achever en 2007 avec 45
établissements, avec le concours de l’ENT de la
société mulhousienne Infostance. Puis, en avril 2007, l’ENT
Scolastance, produit d’Infostance, est choisi comme outil de
généralisation. Enfin, le projet ENTEA2 met en œuvre la
généralisation planifiée de 2007 à 2010 et la
dernière vague dans l’Académie de Strasbourg, a
été mise en place à la rentrée 2010 (ENTEA, 2010).
Par ailleurs, en 2010, s’agissant des lycées sur le plan
national, 5 régions avaient un niveau de déploiement de
l’ENT dans plus de 50 % des établissements et 16 étaient en
phase de généralisation (Zender, 2010).
Dans ce contexte de généralisation des ENT sur le territoire
français, des recherches ont été conduites dans plusieurs
académies, comme l’Académie de Grenoble, de Lyon, de Rouen
ou encore celle de Nancy. Elles portaient sur l’étude des
perceptions des enseignants sur ces environnements numériques (Puimatto, 2006) et l’intégration de ces outils dans les pratiques
pédagogiques et de gestion de classe (Genevois et Poyet, 2010) ainsi que leur impact sur la relation des personnels de l’éducation
avec les familles d’enfants scolarisés (Voulgre, 2011), (Schneewele, 2012).
Notre recherche a été réalisée en 2009-2013 dans
le contexte de la généralisation de l’ENT dans
l’Académie de Strasbourg. Elle porte sur l’analyse des
intentions d’intégration de l’ENT Scolastance dans les
pratiques des enseignants de lycées. Par ailleurs, dans
l’Académie de Strasbourg, 15 établissements étaient
doté de l’ENT dès 2003, il y en avait déjà 45
en 2007 et 41 % des établissements disposent de cet outil depuis plus de
4 ans (Zender, 2010).
Une première partie de ce texte introduit le contexte et l’objet
de la recherche. Dans une seconde partie sont passés en revue des travaux
antérieurs sur les perceptions et pratiques des enseignants du secondaire
avec les ENT et d’autres outils numériques tels que Internet, web
2.0. Ces recherches interrogent l’influence de facteurs
extrinsèques (âge, différences de sexe, disciplines
d’enseignement) et intrinsèques (attitude envers
l’ordinateur, autonomie, formation aux outils numériques) sur
l’intégration des outils numériques dans les situations
d’enseignement-apprentissage en classe. Une troisième partie
décrit des éléments de problématique, les objectifs
de recherche ainsi qu’une proposition de modèle hypothétique
construit à partir des questions de recherche. Enfin, la dernière
partie présente la démarche méthodologique ainsi que
l’analyse et la discussion des résultats d’une enquête
quantitative sur l’usage de l’ENT Scolastance et des entretiens
auprès des enseignants, en concluant sur les perspectives de recherches
à court et moyen terme.
2. Environnements numériques et les enseignants du secondaire
2.1. Les ENT à l’école : quelles
fonctionnalités pour quels usages ?
En France, depuis l’introduction du plan
informatique pour tous, le ministère de l’éducation
nationale œuvre à l’intégration de l’outil
informatique dans les enseignements, et « cette action
ministérielle s’est trouvée cadrée dans des plans
d’action gouvernementaux (Programme d’action gouvernementale pour la
société de l’information 1997-2002, Pour une
république numérique dans la société de
l’information 2002-2007) » (Durpaire et al., 2012).
Pour atteindre cet objectif ont été mises en place, dès
2000, les premières opérations de dotation d’ordinateurs
portables pour les élèves : le « cartable
électronique » de Savoie (Ginioux et Narcy, 2002) et le « cartable des Landes » (Jaillet et Daguet, 2002).
D’autres projets visant l’introduction des technologies dans les
établissements scolaires ont contribué à la conception et
au développement des Espaces Numériques de Travail (ENT). Cet
espace numérique intégrateur s’inscrit dans la
continuité des précédents réseaux numériques
d’éducation et favorise le nomadisme en permettant un accès
distant via le web. Censé offrir des « bouquets de services
numériques » (MEN, 2010),
l’ENT apparaît comme un moyen pour moderniser le fonctionnement de
l’établissement scolaire (Bruillard, 2011).
Son principal atout est de constituer un point d’accès unique au
système d’information et à l’ensemble des ressources
de l’établissement scolaire (Puimatto, 2006), (Genevois et Poyet, 2010).
Cependant, des travaux de recherche sur l’intégration de
l’ENT dans les établissements d’enseignement secondaire
contribuent à observer que « sous cette apparente
unicité, l’ENT fait coexister quatre environnements dont les
logiques apparaissent dissemblables » (Genevois et Poyet, 2009).
On retrouve ainsi emboîtés l’environnement informatique
(englobant des fonctionnalités qui reposent sur des métaphores),
celui d’information et de communication, de l’enseignement et de
l’apprentissage, et l’environnement éducatif (qui
dépasse le cadre de l’établissement). Or, comme le
remarquent Genevois et Poyet (Genevois et Poyet, 2010),
les relations entre ces environnements et leurs utilisateurs
révèlent des communautés de pratique dont les logiques
entrent en contradiction. Ces observations amènent ces chercheurs
à interroger les effets d’usage de l’ENT sur le changement de
l’organisation de l’école dans son rapport au temps et
à l’espace.
D’autres recherches menées dans le contexte français
portent sur l’impact des ENT dans les activités
d’enseignement-apprentissage en classe, sur le processus de
déploiement de ces technologies (Puimatto, 2006) ainsi que sur l’étude des discours et des actions des acteurs
impliqués (Voulgre, 2011).
Une cartographie de ces recherches qui se sont déroulées ou qui
sont en cours, est présentée dans une récente
synthèse proposé par Eric Bruillard (Bruillard, 2011).
On y retrouve des recherches s’inscrivant en sciences de
l’information et de la communication (Bruillard, 2011),
en sciences de gestion (Missonier, 2008) et en sciences de l’éducation, notamment avec les travaux
récents d’Emmanuelle Voulgre (Voulgre, 2011) et Manuel Schneewele (Schneewele, 2012).
Situés dans une approche systémique, les travaux de Voulgre (Voulgre, 2011) interrogent les services offerts par l’ENT et la perception de leurs
utilisateurs, enseignants, élèves mais aussi parents, sur
l’utilité pédagogique et également sur la gestion de
la classe et de la relation avec les parents. Le cadre théorique
utilisé s’appuie sur le « carré de
Padi » proposé par Jacques Wallet (Wallet, 2010) avec lequel sont croisées des approches complémentaires telles la
théorie de l’activité (Engeström, 1987) et la théorie instrumentale, pour la mise en évidence des
écarts entre usages prescrits et usages réels (Rabardel, 1995), (Bruillard, 1997).
Les résultats de cette recherche inter-cas (cinq établissements
d’enseignement secondaire) basée sur une approche
méthodologique qualitative, amènent à conclure que le
potentiel pédagogique en lien avec les ENT n’est que partiellement
exploité (Voulgre, 2011).
Dans une même visée concernant le déploiement des ENT et
l’étude de leur impact sur les pratiques pédagogiques, de
gestion de classes et la relation école-famille, Manuel Schneewele (Schneewele, 2012) a conduit ses travaux de thèse sur l’académie de Nancy-Metz.
L’auteur s'est intéressé à comprendre les usages
émergents de l’ENT, en procédant à une
décomposition du processus d'appropriation. Il précise que ces
recherches répondent également à une commande
institutionnelle dont l'objectif politique est tourné vers
l'encouragement et la stimulation des usages de ce type d'outil. Le cadre
théorique s’appuie sur la proposition du modèle DAME
(Modèle Dynamique d’Acceptation pour l’Education) qui est une
extension du modèle d’acceptation d’une technologie (TAM
– Technology Acceptance Model (Davis, 1989) en
prenant en compte les concepts d’utilité,
d’utilisabilité, d’accessibilité et de
représentation sociale de l'ENT. L’étude, basée sur
une approche quantitative prédictive (utilisant la modélisation
par équation structurelle), avait pour objectif d’analyser
l’usage du cahier de textes par les élèves, leurs
enseignants et leurs parents. L’auteur considère que pour favoriser
l'adoption d'un l'ENT et donc son acceptabilité dans le cadre des
activités quotidiennes d'enseignement, il est essentiel que sa prise en
main ainsi que la plus-value liée à son usage soient pleinement
perçues. Ses résultats amènent, entre autres, à
conclure que lorsqu’il y a usage répété,
« une dépendance à l'ENT peut s'installer lorsque
celui-ci devient essentiel au bon déroulement de son activité,
qu'elle soit professionnelle ou d'apprentissage, ce qui est notamment le cas
pour les fonctionnalités : cahier de textes et espace
d'informations » (Schneewele, 2012).
2.2. Disciplines d’enseignement et différence de sexe :
quelle influence sur l’intention d’usage des outils
numériques ?
Les pratiques pédagogiques des enseignants du secondaire avec les
technologies numériques ont été aussi observées par
des chercheurs du domaine, et en particulier l’usage des environnements
pour la gestion des apprentissages (Wozney et al., 2006), (Franklin, 2007), (Sørebø et al., 2009), (Lonn et Teasley, 2009), (Sang et al., 2010), (De Smet et al., 2012) ou encore l’usage d’Internet, du Web 2.0 et des outils interactifs
de projection de supports de cours (Chen, 2010), (Ward et Parr, 2010), (Chien et al., 2012), (Ertmer et al., 2012).
Ces recherches questionnent, selon des approches qualitatives et quantitatives,
les facteurs extrinsèques (le genre, la discipline d’enseignement,
l’expérience d’enseignement avec et sans technologies,
l’âge, l’accès à l’ordinateur,
l’utilisabilité perçue des outils de communication, de
gestion de contenu) et les facteurs intrinsèques (la formation à
l’utilisation des TICE, l’attitude des enseignants envers
l’enseignement et les technologies, l’auto-efficacité avec
les technologies) qui influent sur l’intégration de ces
technologies dans des situations d’enseignement-apprentissage par des
enseignants du secondaire. Elles étaient réalisées en
utilisant des cadres conceptuels issus de la psychologie du comportement humain
telles que la théorie de l’autodétermination (Gagné et Deci, 2005),
la théorie du comportement planifié (Ajzen et Fishbein, 1977) ainsi que des concepts tels que l’attitude, l’utilité,
l’utilisabilité (Tricot et al., 2003) et l’auto-efficacité (Bandura, 1977).
Comme le souligne Bouabeng-Andoh (Bouabeng-Andoh, 2012),
les résultats de ces recherches amènent à observer une
variation du degré de significativité de l’influence de
l’âge et la différence de sexe sur l’intention
d’intégration des outils numériques dans les pratiques
d’enseignement chez les enseignants du secondaire.
Afin de pouvoir poser le questionnement en lien avec notre objet de recherche
nous recentrons le propos, dans ce qui suit, sur la question de
l’influence des disciplines d’enseignement et de la
différence de sexe sur l’intégration de ces environnements
numériques par les enseignants dans leurs activités
pédagogiques.
La question du genre, et en particulier, la relation entre la
différence de sexe et l’utilisation de l’ordinateur par les
enseignants, a été discutée dans de nombreux travaux (Busch, 1995), (Volman et van Eck, 2001), (Adams, 2002), (Norris et al., 2003), (Wozney et al., 2006), (Yukselturk et Bulut, 2009).
Dans les années 2000, les résultats des recherches sur ce
questionnement ont révélé un faible niveau
d’utilisation de l’ordinateur chez les enseignantes. Ceci
s’expliquait par un intérêt et des compétences
limités mais également par des problèmes
d’accès (Volman et van Eck, 2001).
Si les problèmes d’accès étaient bien présents
dans le passé autant dans le milieu urbain que rural des pays
européens et également dans d’autres pays, leur
fréquence a diminué au fil du temps (Becta, 2008). Les
résultats d’autres recherches plus récentes montrent que les
enseignants utilisent plus les outils numériques dans leur processus
d’enseignement et d’apprentissage que les enseignantes (Kay, 2006), (Wozney et al., 2006).
Cependant les résultats sont variables en fonction des attitudes envers
les outils numériques, des contextes culturels et de structure
d’école et de l’équipement en infrastructure
technologique (Hsu et Kuan, 2013).
Ainsi, Kay (Kay, 2006) dans son
étude observe les attitudes des enseignantes et enseignants envers les
outils numériques, avant et après leur implémentation dans
un établissement scolaire. Les résultats de sa recherche montrent
qu’il y avait une relation significative entre la différence de
sexe et l’attitude envers les outils numériques uniquement avant
l’implémentation de la technologie dans
l’établissement scolaire : les enseignants avaient un niveau
d’attitude positive plus élevé que les enseignantes. Wozney,
Venkatesh et Abrami (Wozney et al., 2006) ont interrogé la relation entre la différence de sexe et la
fréquence d’utilisation de certaines fonctionnalités des
ordinateurs. Leur résultats les conduisent à observer que les
enseignants déclarent utiliser plus fréquemment l’ordinateur
pour des activités de communication, d’analyse et de
création, que les enseignantes. En revanche, les enseignantes
déclaraient utiliser l’ordinateur plus fréquemment pour la
préparation de leur activité d’enseignement que les
enseignants (Wozney et al., 2006).
Ces résultats sont également observés dans une
récente étude réalisée par Hsu et Kuan (Hsu et Kuan, 2013) sur l’impact des facteurs multiniveaux sur l’intégration des
outils numériques par des enseignants taiwanais. Hsu et Kuan (Hsu et Kuan, 2013) remarquent que les enseignants obtiennent des scores élevés sur
l’intégration des outils numériques dans leur pratique
tandis que les enseignantes en obtiennent sur l’utilisation d’outils
de traitement de texte et d’Internet. Aucune différence de sexe
n’est observée sur l’utilisation des outils de communication
et sur le développement professionnel (Hsu et Kuan, 2013).
D’autres recherches se sont intéressées à
étudier les relations entre l’attitude des enseignants envers les
outils numériques et l’intégration de ces outils dans leur
disciplines d’enseignement. Ainsi, dans le cadre d’un projet sur les
communautés de pratiques, Sutherland et al. (Sutherland et al., 2004) interrogent le processus d’intégration des outils numériques
dans différentes disciplines d’enseignement telles les
mathématiques, les langues, l’histoire et la géographie. Les
résultats montrent que la plupart des enseignants de mathématiques
étaient prêts à intégrer la technologie dans leur
enseignement. Les enseignants en langues modernes avaient également
développé des stratégies d’intégration de ces
outils dans leur enseignement tandis que le travail avec les outils
numériques en histoire et géographie était plus
varié (Sutherland et al., 2004).
Lors d’une recherche sur l’utilisation des technologies
numériques et des média dans des écoles suédoises,
Jedeskog (Jedeskog, 2005) constate que les enseignants en mathématiques, en sciences et en langues
intègrent plus facilement les technologies dans leur pratique que ceux
d’autres disciplines d’enseignement. Ward et Parr (Ward et Parr, 2010) analysent l’influence des facteurs sociodémographiques sur
différents types d’usage professionnel (préparation et
planification des séances) et personnel des enseignants dans des
écoles secondaires en Nouvelle Zélande. Ces chercheurs observent
des différences significatives entre les disciplines d’enseignement
et l’utilisation des outils numériques dans la préparation
et la planification des séances. Ainsi, en ce qui concerne les
disciplines fondamentales, mathématiques, sciences, langues et sciences
sociales, on constate un faible niveau d’utilisation du numérique
chez les enseignants d’écoles dont les élèves
proviennent de familles aisées par rapport aux autres écoles. Une
autre recherche réalisé par Erixon (Erixon, 2010) dans le contexte académique suédois étudie dans quelle
mesure les enseignants utilisent des technologies numériques dans leur
pratiques d’enseignement et quels impacts elles auraient sur le contenu de
cours. Parmi les disciplines enseignées, celles où l’usage
est le plus fréquent sont l’histoire, la géographie et les
études sociales. Erixon (Erixon, 2010) observe qu’en arts et musique, les enseignants se montraient
également impliqués dans l’utilisation des technologies
telles que le caméscope et les technologies mobiles. Ceci
s’explique par l’ouverture des enseignants participants à
cette étude sur la culture des jeunes et l’utilisation des
technologies modernes (Erixon, 2010).
3. Eléments de problématique et hypothèses
La présente contribution décrit notre
recherche sur l’analyse des intentions d’intégration de
l’ENT Scolastance dans les pratiques des enseignants de lycées.
Elle se situe dans la problématique de généralisation des
ENT dans les établissements d’enseignement secondaire en
interrogeant la relation entre des facteurs tels que discipline
d’enseignement, différence de sexe ou encore la maîtrise
technique perçue, l’usage personnel quotidien et l’intention
des enseignants à intégrer ces technologies dans leurs pratiques.
Comme nous l’avons décrit dans le §2 ci-dessus, ce
questionnement fait l’objet de nombreux travaux en France et dans
d’autres pays. Parmi ces différents travaux, certains contribuent
à une meilleure compréhension du processus d’acceptation et
d’utilisation des fonctionnalités des ENT par les enseignants. Des
résultats de ces travaux ont montré que les enseignants
déclarent utiliser les fonctionnalités de gestion de classe, le
cahier de textes ainsi que l’espace de communication (Genevois et Poyet, 2010), (Schneewele, 2012).
L’intérêt que les parents portent à
l’utilisation du cahier de textes en ligne a également
été constaté (Schneewele, 2012).
Cependant, d’autres résultats font apparaître que le
potentiel pédagogique en lien avec les ENT n’est que partiellement
exploité (Voulgre, 2011).
Ces constatations s’accordent avec celles de nombreuses études sur
l’intégration effective des TIC à l’école (Larose et Jaillet, 2009), (Balanskat et al., 2006), (Karsenti et al., 2008).
D’autres recherches sur l’intégration des technologies
éducatives considèrent que les facteurs exogènes et
endogènes influencent leur usage (Chaptal, 2007), (Drent et Meelissen, 2008).
Ainsi, les résultats des travaux sur la différence de sexe
(facteur exogène) et les attitudes envers les ordinateurs (facteur
endogène) varient en fonction des contextes culturels, de la perception
des enseignants de leurs compétences techniques ou encore des structures
d’écoles (Hsu et Kuan, 2013).
On observe ces dernières années, une réduction de
l’écart entre sexes quant à l’utilisation de
l’ordinateur et plus généralement, des technologies
numériques. Autant les femmes que les hommes en font quotidiennement un
usage personnel voire professionnel (Norris et al., 2003).
Par ailleurs, une perception positive de la qualité d’une
technologie peut contribuer à la réduction des
inégalités de sexe (Kay, 2006).
La discipline d’enseignement est considérée comme un
facteur endogène qui influence la perception des enseignants sur la
plus-value pédagogique des technologies numériques (Ruthven et al., 2005).
La relation entre technologies et disciplines d’enseignement a
été observée comme étant positivement perçue
par des enseignants en arts et musique, en géographie et en langues (Erixon, 2010), (Wikan et Molster, 2011).
En sciences et en mathématiques, les résultats varient en fonction
des perceptions sur l’amélioration de la qualité de
présentation du contenu de cours et sur la plus-value en termes
d’apprentissage (Ward et Parr, 2010), (Wikan et Molster, 2011).
A partir de ces différents constats, quelques questions
émergent en lien avec notre objet de recherche : les
enseignants du secondaire ayant accès à l’ENT Scolastance
font-ils un usage des outils institutionnels ? Quelle place donnent-ils
dans leur pratique aux outils de communication ou encore aux ressources
numériques accessibles depuis l’ENT de leur
établissement ? Y a-t-il des relations d’association entre des
facteurs exogènes (tels que la différence de sexe,
l’expérience d’enseignement) et des facteurs endogènes
(disciplines d’enseignement, utilisabilité, utilité), et
leur attitude par rapport à l’intégration des
fonctionnalités de l’ENT Scolastance dans leur pratique ?
Font-ils un usage pédagogique de l’ENT ? Ces questions ont
contribué à l’élaboration d’hypothèses
et à une proposition de formalisation d’un modèle
hypothétique.
H1) Il y a un effet significatif de la différence de sexe sur la
relation entre l’acceptation de l’utilisation des outils
institutionnels (saisie des notes, saisie des absences, édition des
bulletins de notes et relevé des notes) et l’intention
d’usage effectif de l’ENT.
H2) Il y a un effet significatif de la différence de sexe sur la
relation entre la persévérance dans l’utilisation de
l’ENT (malgré des difficultés techniques rencontrées)
et l’intention de son intégration dans les pratiques
pédagogiques des enseignants du secondaire. A travers la
vérification de cette hypothèse, nous nous sommes
intéressées à observer le comportement des enseignants et
notamment l’intention d’acceptation de l’ENT lorsqu’ils
se trouvent face à des problèmes techniques (par exemple,
difficulté de paramétrage/personnalisation de la page
d’accueil ou encore d’accès aux outils
institutionnels).
H3) Il y a un effet significatif de la différence de sexe sur la
relation entre l’acceptation d’utilisation de l’espace
collaboratif de l’ENT et des outils de communication et l’intention
de son intégration dans les pratiques pédagogiques.
H4) Il y a un effet de causalité des pratiques quotidiennes
avec des environnements numériques (Internet, messagerie
électronique) sur l’intention d’intégration de
l’ENT dans les pratiques pédagogiques.
H5) Il y a une différence significative de la variable
« discipline d’enseignement» sur l’utilisation
des outils institutionnels et de communication.
4. Intention d’intégration d’un ENT : objectifs de
recherche et proposition d’un modèle hypothétique
Afin d’obtenir des éléments de
réponse à nos questions de recherche, nous orientons les
réflexions autour d’un modèle regroupant trois
dimensions : sociodémographique, pédagogique et technique.
L’objectif général de cette recherche est de vérifier
si l’articulation entre ces trois dimensions a une influence significative
sur l’intention des enseignants à intégrer l’ENT
Scolastance dans leur pratique d’enseignement. Deux objectifs
spécifiques ont également été visés.
Premièrement nous souhaitions estimer l’effet de causalité
sur la variable « persévérance des enseignants avec
l’ENT » et observer s’il y a un effet direct ou indirect
de l’ensemble des variables indépendantes sur l’intention
d’acceptation de l’ENT. Deuxièmement cette étude
visait à observer s’il y des effets liés aux
différences de sexe et de discipline enseignée sur
l’intention des enseignants à intégrer l’ENT dans leur
pratiques malgré les difficultés techniques rencontrées.
Pour atteindre ces objectifs, nos hypothèses, présentées
ci-dessus, ont été vérifiées en utilisant
des corrélations entre les variables du modèle
(Tableau 1) ainsi que la modélisation par équation structurelle,
en particulier l’analyse en piste causale (Figure 2). Puis nous avons
testé les effets de causalité de la variable modératrice
« différence de sexe » en utilisant l’analyse
de variance (Figures 3 et 4).
4.1. Quelques apports théoriques
Dimension sociodémographique (DS) : cette dimension prend
en compte les facteurs exogènes tels l’âge, la
différence de sexe, l’expérience d’enseignement
(Figure 1). Lin (Lin, 2008) à
travers ses résultats de recherche, affirme que le sentiment
d’efficacité des enseignants avec ces technologies dépend
largement de leurs expériences et valeurs culturelles et sociales. Les
nombreuses recherches sur la différence de sexe dans la relation des
enseignants avec les technologies font observer des résultats variables
en fonction du contexte et des valeurs culturelles mais également en
fonction des catégories de ces technologies (traitement de texte,
communication, simulation de calcul) et la finalité de l’usage
professionnel ou personnel (Li et Kirkup, 2008), (Hsu et Kuan, 2013).
Cette nature variée des résultats des recherches
antérieures nous amène à nous interroger sur
l’existence d’associations entre la différence de sexe et les
pratiques des enseignants avec l’ENT Scolastance. Ainsi, nous
considérons la différence de sexe et l’âge comme des
variables exogènes intégrées dans le modèle
proposé (Figure 1). A partir de cette dimension sont
intégrés dans le modèle hypothétique les variables
« la différence de sexe » et
« l’âge ».
Dimension pédagogique (DP) : cette dimension prend en
compte, dans la proposition du modèle hypothétique, l’espace
collaboratif et les outils de communication. Plusieurs recherches sur la
relation entre les représentations constructivistes des enseignants et
l’intégration des TICE ont montrées qu’elle sont un
facteur important pour déterminer l’usage de l’ordinateur en
classe, aussi bien chez des enseignants confirmés que des stagiaires (Taylor et al., 1994), (Rhéaume et Laferrière, 2002), (Sang et al., 2010).
Sur ces mêmes questions, Honey et Moeller (Honey et Moeller, 1990),
avaient montré que les enseignants adoptant des approches
pédagogiques centrées sur l’élève,
réussissent à intégrer dans leur pratique, des outils
collaboratifs et des ressources numériques, sauf dans les cas où
l’appropriation par l’enseignant n’est pas effective (Honey et Moeller, 1990).
L’un de nos objectifs était ainsi d’observer si les
enseignants mettent en œuvre des approches d’enseignement
constructivistes lorsqu’ils utilisent l’ENT Scolastance, en
particulier l’espace collaboratif et les outils de communication avec les
élèves. Dans notre modèle, l’espace collaboratif et
les outils de communication sont intégrés dans « Espaces
pédagogiques » (Figure 1). Dans la dimension pédagogique
de notre approche se retrouvent également la variable
« discipline d’enseignement ». Des recherches sur ce
sujet montrent que ces facteurs endogènes ont un effet significatif sur
l’intégration de technologies par les enseignants (O’Dwyer et al., 2004), (Tondeur et al., 2008), (Hsu et Kuan, 2013).
Dimension technique (DT) : cette dimension fait
référence aux concepts de l’utilisabilité
(facilité d’utilisation, de prise en main) et de
l’utilité perçue par les enseignants. Ces concepts ont
été intégrés dans des nombreux travaux sur
l’acceptation des technologies pour la formation (Tricot et al., 2003), (Wozney et al., 2006), (Sorebo et al., 2009), (Schewelle, 2012).
Nous considérons l’environnement technique comme un
pré-requis regroupant l’accès à la technologie, le
soutien en cas de difficultés techniques et la temporalité
nécessaire à l’intégration de la technologie et ceci
dans le but d’en faire un usage effectif. Dans notre étude,
l’utilisabilité de l’ENT Scolastance et le niveau de
persévérance dans son utilisation malgré les
difficultés techniques rencontrées sont des facteurs
significatifs, influant sur l’intention des enseignants à
l’intégrer dans leur pratique. A partir de cette dimension, sont
intégrés dans le modèle les facteurs
« Persévérance avec l’ENT » et
« pratiques quotidiennes » avec l’ordinateur et
d’autres outils.
Rappelons ainsi que les éléments issus des différentes
approches présentées ci-dessus, ont été
utilisés pour la construction du modèle dont la description
suit.
4.2. Proposition d’un modèle hypothétique
Le modèle présenté sur la Figure 1 est basé sur
une approche de modélisation par équation structurelle (Sang et al., 2010), (Chen, 2010).
Il a comme particularité un regroupement des facteurs
sociodémographiques, pédagogiques (disciplines, ressources, espace
collaboratif) et institutionnels (saisie de notes et absence). Par ailleurs, il
prend en compte l’accès à la technologie et en particulier
à l’ENT ainsi que l’usage privé et professionnel qui
en est fait par les enseignants. L’Intention d’intégration
d’un ENT par les enseignants, malgré les difficultés techniques
rencontrées, représente la variable–réponse (variable
expliquée), dans cette approche.
Figure 1 • Proposition d’un
modèle hypothétique basé sur l’articulation des
dimensions contextuelle, pédagogique et technique
Rappelons qu’à travers ce modèle, nous avons
vérifié si l’articulation entre ces dimensions a une
influence significative sur la persévérance des enseignants avec
l’ENT et sur leur intention d’usage effectif de ce même
environnement numérique : y-a-t-il des effets liés aux
différences de sexe, d’âge, de discipline enseignée
sur l’intention de l’intégration de l’ENT dans leur
pratiques ? Pour atteindre cet objectif, nos hypothèses ont
été vérifiées en utilisant les corrélations entre les facteurs ainsi que la
modélisation par équation structurelle, en particulier
l’analyse en piste causale (Figure 2). Puis nous avons testé les
effets de causalité de la variable modératrice
« différence de sexe ».
5. Démarche de méthodologie
Afin de tester nos hypothèses dans des
conditions propices à l’obtention de résultats fiables, nous
avons mis en œuvre une démarche méthodologique mixte
s’appuyant sur des approches empiriques quantitatives et qualitatives.
L’analyse des résultats obtenus suite à
l’enquête quantitative par questionnaires réalisée
auprès des enseignants des lycées professionnels et technologiques
de l’Académie de Strasbourg fait l’objet du présent
texte. L'inférence statistique était basée sur un
échantillonnage aléatoire. Sur 41 établissements
(lycées professionnels et technologiques), sollicités par
mél, 71% ont proposé notre questionnaire à leurs
enseignants. Le taux de retour est de 24, 5%. Notre échantillon valide
était composé de 430 enseignants de lycée ayant
répondu à cette enquête.
En nous appuyant sur le modèle proposé dans le §4 nous
avons construit un questionnaire structuré en trois parties concernant
l’Espace institutionnel (espace de saisie d’absences, de notes,
cahier de texte), l’Espace pédagogique (ressources
numériques et outils de communication, l’espace collaboratif) et la
Persévérance dans l’utilisation de l’ENT Scolastance,
malgré d’éventuelles difficultés techniques
rencontrées par les enseignants interrogés. Le questionnaire
était composé de trente questions portant sur l’usage
quotidien de l’ordinateur, des outils institutionnels et de communication,
et sur l’utilisabilité de l’ENT Scolastance et sa
maniabilité (Tricot et al., 2003), (Betrancourt, 2007).
Les variables endogènes étaient ce que les enseignants disent de
l’usage quotidien de l’environnement numérique, les outils
institutionnels (absences, notes, bulletin de notes, relevé de notes,
cahier de texte en ligne et papier), de communication (messagerie, forum), de
persévérance dans l’utilisation de l’ENT
(difficultés lors de la prise en main de l’ENT, persistance de
difficultés, autonomie dans la résolution des problèmes
techniques) ainsi que l’usage de l’espace collaboratif et de
ressources numériques (Kiosque numérique, BCDI, etc). Les
variables exogènes étaient l’âge, la différence
de sexe, l’expérience avec l’ordinateur, les disciplines
académiques.
Une deuxième étape de notre cadre méthodologique
consistait en une série d’entretiens semi-directifs auprès
de 19 enseignants volontaires sur les 430 participants à
l’enquête par questionnaire. L’objectif de cette
démarche qualitative était d’introduire une approche
complémentaire, compréhensive, dans l’interprétation
des résultats obtenus suite à l’enquête quantitative.
6. Traitement des résultats: approches quantitative et
qualitative
Dans le traitement statistique de ces données
nous avons utilisé les statistiques descriptives, corrélations,
analyse de variance (ANOVA) et modélisation par analyse structurelle (Quinn et Keough, 2002), (Vaus, 2002).
Les traitements statistiques ont été réalisés en
utilisant le logiciel SPSS V. 17 pour les statistiques descriptives et
l’analyse de variance et AMOS V.16 pour l’analyse en piste causale
dans la modélisation par équation structurelle (Arbuckle, 2007).
Précisons que l’analyse de variance ANOVA est utilisée pour
comparer s’il y a différence significative entre deux ou plusieurs
groupes.
6.1. Analyse de corrélations
Une analyse bi-variée entre les différentes variables du
modèle a également été mise en place. Le tableau 1
regroupe les valeurs de la matrice de corrélation, les moyennes ainsi que
les déviations standard (SD), N représentant la part des
répondants sur la totalité de l’échantillon.
|
N
|
Moyenne
|
DS
|
(1)
|
(2)
|
(3)
|
(4)
|
(5)
|
(6)
|
(7)
|
(1)
Outils Institutionnels
|
419
|
1.4487
|
.63707
|
1
|
|
|
|
|
|
|
(2)
Ressource Numérique
|
424
|
.2052
|
.53517
|
.025
|
1
|
|
|
|
|
|
(3)
Espace Communication
|
354
|
2.1977
|
.76791
|
.066
|
.106*
|
1
|
|
|
|
|
(4)
Espace Collaboratif
|
420
|
.3667
|
.48247
|
.177**
|
.209**
|
.266**
|
1
|
|
|
|
Usage quotidien
(5)
|
426
|
2.0822
|
.57009
|
.054
|
.035
|
.412**
|
.128**
|
1
|
|
|
(6)
Persévérance des enseignants avec l’ENT
|
411
|
1.7056
|
1.00654
|
.083
|
.178**
|
.287**
|
.310**
|
.160**
|
1
|
|
(7)
Intention d'acceptation
|
400
|
5.3100
|
1.36512
|
-.097
|
.066
|
.081
|
.072
|
.187**
|
.057
|
1
|
*p < .05
**p < 0.01
Tableau 1 • Moyenne, Déviation
standard, Corrélations entre les variables du
modèle
Comme nous l’observons sur le tableau 1, il y a des relations
significatives positives entre l’usage quotidien de l’environnement
numérique (Internet, ENT) et l’intention d’intégration
de l’ENT par les enseignants malgré les difficultés
techniques rencontrées (Persévérance des enseignants avec
l’ENT). De même, il y a une relation significative positive entre
l’usage qui est fait par les enseignants, des outils de communication et
de l’espace collaboratif, et l’impact de l’ENT sur la
persévérance des enseignants avec l’ENT. Cependant, on
observe sur la Figure 2 qu’il y a une relation significative
négative entre l’usage des outils institutionnels et
l’intention d’acceptation de l’ENT malgré les
difficultés techniques rencontrées.
6.2. Modélisation par équation structurelle
Afin de tester notre proposition, nous avons utilisé une
modélisation par équation structurelle, en occurrence, et
l’analyse en piste causale. Avant de décrire nos résultats
sur le test du modèle proposé, nous donnons quelques
considérations théoriques sur la technique de modélisation
par équation structurelle. Lorsqu’on utilise cette approche pour
tester un modèle, quatre niveaux se distinguent :
spécification, identification, estimation et test (Byrne, 2010), (Hair et al., 2010), (Loehlin, 2004), (Schumacker et Lomax, 2004).
Le premier niveau, la spécification, concerne le modèle
hypothétique qui est construit à partir des questions de recherche
en lien avec une revue de littérature. Ceci implique le processus de
sélection des variables et une proposition de leur relation dans le
modèle (Schumacker et Lomax, 2004),
p.62. Le deuxième niveau se réfère à
l’identification de la structure de données. La validité de
cette étape dépend du résultat d’estimation
(troisième niveau). Le nombre des points (données) doit être
supérieur ou égal aux nombre de paramètres dans le
modèle. Si cette condition n’est pas satisfaite, le logiciel AMOS
n’autorise pas le passage à l’étape de test du
modèle. La dernière étape implique le test du
modèle. Ainsi, lorsqu’on utilise la technique de
modélisation par équation structurelle, l’objectif est
d’explorer le degré de significativité statistique du
modèle proposé. En effet, il s’agit de tester dans quelle
mesure un modèle théorique est supporté et
vérifié par les données de l’échantillon
d’une étude.
Dans notre cas, nous avons traité les données d’un
échantillon de 430 enseignants de lycée de l’Académie
de Strasbourg. Cette taille d’échantillon impose de suivre les
recommandations des chercheurs en statistique, en ne se limitant pas aux seules
valeurs du test du Chi-carré normé. Nous avons donc
intégré dans le processus de test, les valeurs d’autres
indices tels le NFI, CFI, RMSEA, ce qui améliore la qualité
d’ajustement dans le test de notre modèle (Lomax, 1983), (Hair et al., 2010), (Tabachnick et Fidell, 2007).
En effet, nous étions intéressées à
déterminer le meilleur modèle parmi ceux présentés
au Tableau 2.
Figure 2 • Pistes causales du
modèle proposé
L’un de nos objectifs spécifiques était d’estimer
l’effet de causalité sur la variable
« persévérance des enseignants avec
l’ENT » et d’observer s’il y a effet direct et
indirect de l’ensemble des variables indépendantes sur
l’intention d’acceptation de l’ENT. Le χ2 =16,320 (df=11), p<0 ,013 est significatif : il est
évident que pour un grand échantillon comme le nôtre, N=430,
la valeur du chi-carré peut être significative (Tabachnick et Fidell, 2007).
Par conséquent nous constatons que le chi-carré
« normé » (normed chi-square), i.e., χ2 /df =1.484 est dans la limite acceptable. En plus, les mesures
d’ajustement incrémental, l’Index normé
d’ajustement (Normed fit index) NFI=0,923, l’Index
d’ajustement comparatif (Comparative fit index) CFI=0,971 et
l’Erreur moyenne quadratique (Root Mean square error of approximation)
RMSEA=0,033 montrent que nos données valident bien le modèle. En
outre, les coefficients en piste causale pour les variables ressources
numériques, usage de l’espace collaboratif et de communication ont
un effet significatif direct sur la variable
« persévérance dans l’utilisation de
l’ENT» alors que les pratiques quotidiennes avec des outils
numériques et l’utilisation des outils institutionnels ont un effet
significatif direct sur l’intention d’acceptation de l’ENT
dans les pratiques pédagogiques.
Suite aux résultats obtenus, nous pouvons conclure que notre
première hypothèse a été validée. Dans le
modèle de la Figure 2 on observe que parmi les cinq variables
indépendantes, l’usage des ressources numériques, des outils
de communication et de l’espace collaboratif, prédisent
indirectement, à travers la variable
« Persévérance dans l’utilisation de
l’ENT », l’intention d’intégration de
l’ENT dans les pratiques des enseignants, tandis que les variables
« espaces institutionnels » et « pratiques
quotidiennes avec des outils numériques» la prédisent
directement.
Par ailleurs, nos données ont validé plusieurs modèles
(Tableau 2). En appliquant le test de différence de chi-carré (Hair et al., 2010),
les résultats affichés dans le tableau 2 indiquent que les
modèles 2, 4 et 5 sont meilleurs que les autres. Le modèle 4 est
le meilleur de tous.
Tableau 2 • Evaluation de
l’ajustement des modèles valides
6.3. Vérification des hypothèses pour la différence de
sexe et la discipline d’enseignement
Pour la vérification de nos hypothèses, nous utilisons les
pistes causales illustrées sur les Figures 3 et 4 ainsi que les valeurs
des coefficients de régression linéaire indiqués sur ces
mêmes figures. Ainsi, en ce qui concerne la première
hypothèse (H1) « Il y a un effet significatif des
différences de sexe sur la relation entre l’acceptation
d’utilisation d’outils institutionnels (saisie des notes, saisie des
absences, édition des bulletins de notes et le relevé des notes)
et l’intention d’intégration de l’ENT dans les
pratiques des enseignants», les valeurs du coefficient de régression
(β= -15 pour hommes ; β= -07 pour femmes) montrent que la
différence de sexe a une influence négative mais pas significative
pour les relations de causalité entre l’usage des outils
institutionnels et l’intention d’acceptation de l’ENT par les
enseignants. Ceci amène à conclure que lors de la rencontre
d’une difficulté technique, l’abandon est
préféré par les deux catégories de sujets.
Cependant, ce sont plus les femmes qui abandonnent l’usage des outils
institutionnels que les hommes.
Figure 3 • Influence du genre
(catégorie–hommes) sur les relations entre variables
L’hypothèse 2 (H2) « Il y a un effet significatif de
la variable « différence de sexe » sur la relation entre
la persévérance dans l’utilisation
l’ENT (malgré des difficultés techniques
rencontrées) et l’intention de son intégration dans les
pratiques pédagogiques des enseignants du secondaire » est
également vérifiée dans cette étude. Ainsi, comme
montrent les Figures 3 et 4, la variable « différence de
sexe » influe sur l’intégration de l’ENT dans les
pratiques pédagogiques, en ce sens que contrairement aux enseignantes,
cette relation se montre positive mais pas significative pour les enseignants.
Ce contraste peut s’expliquer par le fait que les enseignantes, en
situation de difficulté technique, abandonnent l’utilisation des
fonctionnalités intégrées dans l’ENT. Alors que pour
les enseignants qui déclarent intégrer l’ENT dans leur
pratique pédagogique, l’intention d’usage effectif augmente.
En ce qui concerne l’hypothèse 3 (H3) « Il y a un effet
significatif indirect de la variable ‘différence de sexe’ sur
la relation entre l’acceptation d’utilisation de l’espace
collaboratif de l’ENT et des outils de communication et l’intention
de son intégration dans les pratiques pédagogiques» les
résultats obtenus indiquent l’existence d’une influence
significative directe de l’usage de ces outils sur la
persévérance dans l’intégration de l’ENT dans
les pratiques pédagogiques, autant pour les enseignants que pour les
enseignantes. En revanche, nous n’avons pas trouvé d’effet
significatif indirect sur l’intention d’intégration de
l’ENT par les deux catégories d’enseignants
interrogés. Les résultats obtenus suite à l’analyse
en pistes causales pour tester l’hypothèse 4 (H4) « Il y
a un effet de causalité de pratiques quotidiennes avec des environnements
numériques (comme Internet, courriel) sur l’intention
d’intégration de l’ENT dans les pratiques
pédagogiques » tendent vers la validation de celle-ci (Figure
2).
Figure 4 • Influence du genre
(catégorie- femmes) sur les relations entre variables
L’hypothèse 4 est également validée selon les
résultats illustrés sur les Figures 3 et 4. En effet, pour les
enseignantes, cette relation de causalité est significative pour β=
,31 mais elle ne l’est pas pour les enseignants. Chez les enseignantes,
contrairement aux enseignants, l’usage quotidien de l’ordinateur
augmente le niveau d’intention d’acceptation de l’ENT
malgré les difficultés techniques.
Afin de vérifier la dernière hypothèse (H5) «Il y a
une différence significative de la variable
« disciplines » sur l’usage d’outils
institutionnels et usage d’outils de communication», nous avons
utilisé la technique d’analyse de variance (ANOVA). Les
résultats obtenus nous amènent à considérer
qu’il y a un effet significatif des disciplines
d’enseignement sur l’utilisation des fonctionnalités de
l’ENT et particulièrement sur l’utilisation d’outils de
communication pour F (4, 343) = 3,782, p< ,001. De plus, nous
précisons que, parmi les disciplines, le domaine
« Professionnel » (M = 2,231, SD = ,514) a un effet plus
significatif sur l’usage des outils de communication dans l’ENT. En
revanche, il n’y a pas d’effet significatif de cette même
variable sur l’usage des outils institutionnels.
6.4. Traitement et interprétation des entretiens
Nos résultats obtenus à partir de l’enquête
quantitative sont complétés par une série
d’entretiens menés auprès de dix-neuf enseignants de
lycée professionnels de l’Académie de Strasbourg. Les
entretiens ont été réalisés dans la période
2010-2013. Cet échantillon s’est constitué selon une
approche par « volontariat », les répondants
n’étant pas en conflit d’intérêt avec
l’équipe de chercheurs.
6.4.1. Procédure de traitement
Les entretiens ont été enregistrés puis retranscrits par
nos soins afin de rendre le contenu accessible à une analyse
thématique. Ces données ont été traitées par
analyse catégorielle de contenu (L’Écuyer, 1990).
Une première série de lectures successives du corpus
constitué des retranscriptions de ces dix-neuf entretiens a permis de
dégager des catégories thématiques et de constituer notre
grille d’analyse. Nous avons ainsi pu observer que le discours se
structurait autour de thèmes sur l’utilisation des outils
institutionnels (absences, bulletin de notes), de communication (messagerie
électronique) et pédagogiques, intégrés dans
l’ENT Scolastance.
Dans cette recherche, nous considérons le cahier de texte et
l’espace collaboratif comme éléments pédagogiques de
l’ENT Scolastance.
Nous avons pris en compte les disciplines d’enseignement des
enseignants interrogés et les arguments qu’ils donnaient quant au
choix d’utiliser l’ENT, notamment la fréquence
d’utilisation et le type de pratique qu’ils avaient.
6.4.2. Interprétation des résultats
L’échantillon interrogé regroupait des enseignants en
mathématiques, en histoire-géographie, en langues, en
économie-gestion, en commerce et en physique et biotechnologie. Il
était constitué de 13 hommes et 6 femmes dont
l’expérience d’enseignement variait de sept à
trente-cinq ans. Nous avons constaté à travers les discours, que
la fréquence d’utilisation des outils intégrés varie
de « tous les jours » à
« jamais ». A l’exception de 2/19 enseignants, tous
les autres déclaraient utiliser systématiquement (tous les jours)
l’outil de gestion des absences et le bulletin de notes. Le cahier de
texte était également utilisé par une grande
majorité des interviewés. Parmi les dix-neuf qui
déclaraient l’utiliser systématiquement, deux enseignants
disaient le faire « parce que c’est obligatoire
(ens_9_math ; ens_1_géogr)».
Par ailleurs, les perceptions des enseignants sur la dimension
pédagogique de l’ENT, ont été repérées
dans le contenu des entretiens. Ainsi, le cahier de texte, l’espace
collaboratif et les ressources numériques telles que
l’encyclopédie Kiosque Numérique Educatif (KNE), ont
été perçus par leurs utilisateurs - enseignants
interrogés- comme étant des outils numériques à
finalité pédagogique. En enseignement des langues, les enseignants
disent utiliser le cahier de texte numérique en y intégrant pour
leurs élèves, des pièces jointes de type application
Webquest. Cependant, des problèmes d’incompatibilité
logicielle liés aux documents joints du cahier de texte numérique,
sont évoqués par des enseignants en mathématiques. Ces
enseignants utilisent leurs cahiers de texte en joignant des documents
personnels, spécifiques à leur discipline d’enseignement,
dont le format n’est pas toujours compatible avec les logiciels de
traitement de texte disponibles sur les ordinateurs en classe.
L’espace collaboratif et l’encyclopédie KNE sont
également intégrés dans la pratique pédagogique des
enseignants interrogés notamment en mathématiques, en
économie-gestion et en histoire et géographie. Dans l’espace
collaboratif, les fonctionnalités de stockage et de partage de documents
avec les élèves, sont utilisées pour faire, par exemple,
des corrections de devoirs. En revanche, les enseignants en langues,
déclaraient ne pas utiliser ces fonctionnalités (collaboratives et
espace-ressources KNE) en raison de problèmes techniques
rencontrés en classe ou d’un manque de maîtrise
d’utilisation techno-pédagogique de ces outils numériques.
7. Discussions et limites de recherche
Les résultats de cette étude montrent
que la généralisation de l’ENT Scolastance dans les
établissements d’enseignement secondaire est perçue par les
enseignants participants à notre enquête comme une étape de
transition dans le processus d’intégration des technologies
numériques dans les pratiques d’enseignement et
d’apprentissage. Nous souhaitions savoir quels espaces de l’ENT
Scolastance étaient utilisés et dans quelle mesure les
enseignants– utilisateurs potentiels de cet environnement numérique
– les intégraient dans leurs pratiques pédagogiques. Des
hypothèses liées aux relations entre la différence de sexe
et l’utilisation d’outils intégrés dans l’ENT,
ont été posées et vérifiées par les
résultats obtenus suite à notre enquête quantitative par
questionnaires fermés. L’existence de différences entre les
disciplines d’enseignement en rapport avec l’utilisation
d’outils de communication ou institutionnels, a également fait
l’objet de cette étude.
Les résultats obtenus par rapport à la différence de
sexe montrent que l’utilisation de l’espace collaboratif et des
outils de communication a un effet significatif direct sur l’intention
d’intégration de l’ENT Scolastance autant dans les pratiques
des enseignantes que dans celles des enseignants. Cependant, les enseignantes
qui rencontraient des difficultés de maîtrise technique ou des
problèmes d’accès au matériel informatique,
abandonnaient l’utilisation des fonctionnalités
intégrées dans l’ENT. Alors que chez les enseignants qui ont
déclaré persévérer dans l’utilisation des
fonctionnalités de l’ENT malgré les difficultés de
maîtrise technique rencontrées, l’intention d’usage
effectif augmente. Nous avons également observé chez les
enseignantes, contrairement aux enseignants, que l’usage quotidien de
l’ordinateur augmente le niveau d’intention d’acceptation de
l’ENT malgré les difficultés techniques.
Des résultats similaires ont été observés par
Kay (Kay, 2006) dans
une étude sur le genre et les attitudes des enseignants envers les
technologies numériques. En effet, ses résultats montraient une
influence significative du genre sur les attitudes des enseignants, uniquement
avant l’implantation d’un environnement numérique dans
l’école. Les enseignants interrogés avaient des attitudes
plus positives que les enseignantes envers les technologies (Kay, 2006). Alors
que l’ENT Scolastance était implanté depuis plusieurs
années, des résultats de notre étude amènent
à constater que les enseignants abandonnent moins que les enseignantes
l’utilisation des fonctionnalités de gestion de classe (absences,
cahier de texte, bulletin de notes), de communication et de collaboration.
La perception des enseignants sur l’utilisabilité et
l’utilité du cahier de texte, des espaces d’information et de
communication d’un ENT a également fait l’objet
d’études récentes (Genevois et Poyet, 2010), (Voulgre, 2011), (Schneewele, 2012).
Nos résultats corroborent ces études par des observations sur
l’utilisation du cahier de texte, de la gestion des absences et du
bulletin de notes. Les outils à visée
« pédagogique » tels que l’espace collaboratif
et de ressources de type encyclopédie accessibles via l’ENT
Scolastance ne s’avèrent que partiellement intégrés
par les enseignants interrogés. Les non-utilisateurs soulignent,
notamment dans leurs entretiens, des problèmes
d’utilisabilité et d’utilité pédagogique. En
revanche, les enseignants potentiellement intéressés
précisent vouloir d’avantage les utiliser si leur fonctionnement
devient stable du point de vue technique. Dans une direction similaire à
celle des travaux de Voulgre (Voulgre, 2011),
ces constats amènent à considérer que le potentiel
pédagogique en lien avec les ENT n’est que partiellement
exploité.
La question sur les différences significatives entre les disciplines
d’enseignement et l’utilisation des fonctionnalités de
l’ENT a été traitée dans le cadre de cette
contribution. Les résultats indiquent qu’il y a une
différence significative entre les disciplines d’enseignement et
l’utilisation des outils de communication. Rappelons que parmi les
disciplines des enseignants interrogés, le domaine
« Professionnel » a un effet plus significatif sur
l’usage des outils de communication dans l’ENT. En revanche, il
n’y a pas d’effet significatif de cette même variable sur
l’usage des outils institutionnels. Ce résultat est probablement
lié au profil de lycées, technologique et professionnel,
utilisé dans ce travail. En prenant en compte l’approche
qualitative de ce travail, les discours des entretiens soulignent que les
enseignants des disciplines à visée professionnelle, auxquelles
forment les établissements de notre étude, utilisent souvent
l’espace de communication sur l’ENT pour communiquer avec les
élèves stagiaires se trouvant dans leurs entreprises
d’accueil.
Le lien entre la discipline d’enseignement et l’utilisation
pédagogique de l’espace collaboratif et du cahier de texte fait
aussi l’objet de discussion à partir des résultats des
entretiens. Bien que statistiquement nos données ne
révèlent pas de différences de discipline dans
l’utilisation du cahier de texte numérique, les entretiens nous
font remarquer quelques éléments d’usage chez des
enseignants en géographie et en langues. Ainsi, en langues, histoire et
géographie, les enseignants disent ne pas savoir utiliser techniquement
l’espace collaboratif mais perçoivent l’utilité
pédagogique du cahier de texte numérique, en l’utilisant
avec des applications interactives pour les élèves. De plus, en
langues, les enseignants interrogés perçoivent le potentiel
didactique des ressources numériques et disent en faire un usage
systématique dans leur séance de cours. En revanche, des
enseignants en mathématiques utilisent l’espace collaboratif et de
stockage pour la correction des devoirs ou pour la mise à disposition des
élèves des ressources complémentaires au cours. Ces
observations corroborent celles de Sutherland et al., (Sutherland et al., 2004),
Jedeskog (Jedeskog, 2005) et Erixon (Erixon, 2010).
Limites de cette recherche
Cette contribution présente les résultats d’une recherche
sur les pratiques pédagogiques des enseignants avec les technologies
numériques et en particulier avec l’ENT Scolastance
développé dans le cadre du projet ENTEA2 (Environnement
Numérique de Travail en Alsace). Elle tente d’apporter des
éléments de réponse à des questions liées
à l’influence de différence de sexe et des disciplines
d’enseignements sur l’utilisation de cet ENT par des enseignants de
lycées technologiques et professionnels dans l’Académie de
Strasbourg.
Néanmoins, elle présente des limites conceptuelles et
méthodologiques. En ce qui concerne les aspects conceptuels, notre
recherche utilise les concepts d’utilité, utilisabilité et
pratique pédagogique et interroge les perceptions des enseignants sur ces
trois concepts liés aux technologies numériques. Si
l’étude des deux premiers concepts peut se réaliser selon
une approche quantitative d’enquête par questionnaire, ce
n’est pas le cas dans l’étude des pratiques
pédagogiques. Telles que nous les avons bien définies, les
pratiques pédagogiques sont en lien avec les élèves. Pour
augmenter la fiabilité conceptuelle et méthodologique et la
qualité des résultats d’une recherche similaire, un
protocole d’expérimentation qui intègre les
élèves s’impose donc.
En ce qui concerne les aspects méthodologiques, les limites se situent
au niveau de la taille de l’échantillon pour les entretiens. De
plus une approche mixte (quantitative et qualitative) longitudinale apportera
des éléments pertinents dans la compréhension des
résultats observés sur l’évolution des pratiques
pédagogiques chez les enseignants et les élèves.
8. Conclusion
Nous concluons cette première étude en
soulignant que les résultats obtenus tendent à mettre en
évidence que l’ENT est perçu avant tout comme un
« outil de communication » via la messagerie, ou encore
comme moyen de répondre aux usages prescrits par l’institution
(saisie des notes, des absences, des remarques sur les bulletins, ...). De plus,
ces résultats montrent l’existence d’associations entre sexe
et discipline, d’une part, les outils institutionnels, de communication et
difficultés techniques, d’autre part. L’utilisation des TICE
par les enseignants (femmes et hommes) des différentes disciplines
n’est pas fortement ancrée dans les pratiques pédagogiques
en classe ou dans la conception des supports de cours (Zender, 2010).
Par ailleurs, les résultats de l’analyse thématique des
entretiens auprès d’un échantillon de dix-neuf enseignants
de lycées professionnels nous amène à observer la tendance
de leur argumentation sur le non-usage de l’ENT Scolastance à des
fins pédagogiques (manque de formation pédagogique avec ces
environnements numériques, problèmes techniques rencontrés
pendant les séances en classe). Ainsi, ils regrettent la dimension
verticale dans les usages prescrits qui s’adressent à un enseignant
imaginaire et qui ne répondent pas à des besoins réels
éprouvés et ressentis au quotidien dans leur pratique
pédagogique. A partir de ces considérations, nous interrogeons
l’écart entre la nature prescriptive de l’utilisation et
celle déclarée, à savoir s’il y a un lien entre les
attitudes des enseignants envers l’utilisation des TICE et en particulier
de l’ENT Scolastance et l’intégration de ces outils dans les
pratiques des enseignants. Ou alors, les enseignants ressentent-ils un besoin de
formation pas tant technique que de nature réflexive, visant
l’accompagnement à l’intégration effective dans leurs
pratiques pédagogiques ?
Les résultats de l’analyse de nos entretiens (N=19) ont
montré que les pratiques avec les technologies, y compris avec
l’ENT, sont loin d’être systématiques ou
généralisées. Des enseignants sont passés au «
tout numérique » dans certaines disciplines : histoire et
géographie, langues vivantes, technologie ou sciences physiques.
D’autres n’en font aucun usage, par manque de pratique, par
inexpérience ou par absence de familiarité avec les outils
numériques : un tel manque interroge les élèves et les
parents d’élèves qui ne comprennent pas pourquoi les usages
d’outils aussi performants ne sont pas
généralisés.
Remerciements
Nous tenons remercier chaleureusement Sylvie Zender,
Professeure au Lycée Oberlin à Strasbourg pour sa contribution
très efficace lors de la mise en place de l’enquête ainsi que
tous les enseignants des lycées professionnels de l’Académie
de Strasbourg qui ont participé à cette recherche.
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A
propos des auteurs
Ecaterina PACURAR est depuis 2006 Maître de
conférences en Science de l’éducation à la
Faculté de Science de l’éducation et responsable
scientifique et pédagogique de la formation à distance Licence
Professionnelle Activités et Techniques de Communication de
l’Université de Strasbourg. Elle est membre du laboratoire LISEC EA
2310. Ses activités de recherche et d’enseignement se situent dans
la problématique de conception participative des environnements
numériques pour l’apprentissage et la formation et celle de
l’analyse des usages observés chez les élèves et les
enseignants du primaire et secondaire. Parmi ses projets en cours elle
développe un outil numérique support à
l’autoévaluation des élèves de primaire,
MAENA’Scol. Ce projet se donne comme objectifs d’analyser les
affordances de l’outil ainsi que la perception de
l’autoévaluation chez les élèves de primaire et
d’interroger l’influence de sa mise en pratique sur le concept de
soi, l’estime de soi et la motivation dans la réussite scolaire.
Adresse : Laboratoire interuniversitaire
des sciences de l'éducation et de la communication (LISEC),
Université de Strasbourg, 7 rue de l'Université, 67000
Strasbourg
Courriel : epacurar@unistra.fr
Nargis ABBAS est Maitre de conférences en Sciences
de l’éducation au Département de Sciences Humaines de
l’Université de Sargodha au Pakistan. Elle est titulaire d’un
doctorat en sciences de l’éducation obtenu à
l’Université de Strasbourg. Ses activités de recherches et
d’enseignement se situent dans le domaine de statistiques pour les
sciences humaines et sociales. Parmi ses recherches en cours elle
s’intéresse à la problématique de
l’apprentissage des mathématiques chez les élèves du
secondaire au Pakistan.
Adresse : Department of Education,
University of Sargodha, Pakistan.
Courriel : nabmirza@yahoo.fr
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