Contact :
infos@sticef.org
|
L’expérience autotélique dans les
EIAH : genèse socio-historique, épistémologique et
critique des technologies positives pour l’apprentissage
Jean HEUTTE (CIREL, Université de Lille)
|
RÉSUMÉ : Les
travaux scientifiques concernant l’expérience autotélique
(le flow) dans les environnements informatiques ont été
initiés dès les années 1980. Tout en gardant un esprit
critique quant à l’émergence des technologies positives pour
l’apprentissage, nous pouvons considérer qu’elles constituent
une ramification de la psychologie positive spécifiquement
dédiée à la recherche dans le champ des espaces
d'apprentissage assistés par la technologie, à savoir
l’étude scientifique des conditions et des processus via lesquels
la technologie contribue à l’épanouissement ou au
fonctionnement optimal : 1) des apprenants, personnels de
l’éducation ou de la formation et autres parties prenantes de
l’éducation et de la formation tout au long et tout au large de la
vie ; 2) des communautés (réelles ou virtuelles) dans
lesquelles ils apprennent, jouent ou travaillent ; et 3) des
systèmes, organismes et dispositifs d’éducation, de
formation ou de travail.
MOTS CLÉS : Environnement
d’apprentissage, Émotion, Engagement, Motivation
|
Autotelic experience in TELS: socio-historical, epistemological and critical genesis of positive technologies for learning. |
|
ABSTRACT : The
scientific research concerning autotelic experience (flow) in human-computer
interactions was initiated in the 1980s. It is therefore necessary to keep on a
critical eye on the contemporary emergence of positive technologies for
learning. However, we can consider that it constitutes an offshoot of positive
psychology specifically dedicated to research in the field of
technology-enhanced learning spaces. This field includes the scientific study of
the conditions and processes through which the technology supports the
flourishing or optimal functioning of 1) learners, people working in education
or training, and all stakeholders of the lifelong and life-wide learning; 2)
real life or virtual communities in which they learn or work; and 3) education,
training or working systems, organizations or environments.
KEYWORDS : Learning
Environments, Emotion, Involvement, Motivation |
Différents termes comme positive computing
(Sander, 2011),
positive technology
(Riva et al., 2012),
positive design
(Faust, 2009) ou
encore interaction design for emotional wellbeing
(Calvo et Peters, 2014)
ont été utilisés ces dernières années pour
faire référence aux travaux concernant le potentiel des
technologies pour conforter la santé, le bien-être psychologique,
ainsi que le développement optimal des individus, des groupes et des
organisations : tous ces travaux peuvent être perçus comme une
ramification de la psychologie positive
(Wiederhold, 2012).
C’est la raison pour laquelle avant d’envisager les connexions entre
technologie positive et éducation, il nous semble tout d’abord
nécessaire de clarifier les fondements scientifiques et
épistémologiques de l’émergence de la
préoccupation du développement humain optimal. Ainsi, après
avoir rappelé les différentes vagues de l’histoire de la
psychologie, nous ferons un focus particulier sur la théorie de
l’autotélisme-flow, l’une des théories majeures
de la psychologie scientifique contemporaine, dont les liens avec
l’immersion dans les environnements informatiques pour les apprentissages
humains ont été mis en évidence dans de nombreux travaux
scientifiques dès la fin des années 80
(Ghani et al., 1991),
(Webster, 1989).
Enfin, après quelques éléments de mise en garde liée
à l’émergence du terme valise technologie positive,
nous conclurons en tentant de mettre en évidence le fait que cet
étendard est très probablement porteur de nouvelles
opportunités pour la recherche fondamentale à visée
pragmatique dans le champ des EIAH.
1. Un intérêt scientifique croissant pour le
développement humain optimal
L’émergence de
l’intérêt scientifique pour le développement humain
optimal s’observe dès les origines modernes de la psychologie,
notamment à travers les travaux des chercheurs William James, John Dewey
et Abraham Maslow
(Shaffer, 1978)
dont les points de vue peuvent être qualifiés
rétrospectivement d’humanistes. James, en particulier, est
considéré par certains comme « le premier psychologue
positif de
l’Amérique1 »
(Taylor, 2001, p. 15).
Pour
(Rathunde, 2001),
les approches expérientielles de James, Dewey et Maslow méritent
d’être associées aux philosophies du pragmatisme
(Peirce, 1877),
(Peirce et Hetzel, 1878),
de l’existentialisme
(Kierkegaard, 1843),
(Heidegger, 1927),
(Sartre, 1943) et
de la phénoménologie
(Husserl, 1913).
Ainsi, James
(James, 1902)
s’intéressait non seulement à ce qui était objectif
et observable, mais également à ce qui était subjectif.
Comme le rapporte Rathunde
(Rathunde, 2001),
dès le début du siècle dernier, James soulignait tout
l’intérêt de l’étude du fonctionnement optimal
de l’être humain et de son rapport à
l’expérience : un fil conducteur tissé en commun par de
nombreux auteurs se revendiquant du courant dominant actuel de la psychologie
positive.
En effet, avant la Seconde Guerre mondiale, la psychologie se donnait trois
objectifs : guérir la maladie mentale ; améliorer la vie
normale ; identifier et cultiver les talents. Cependant,
après-guerre, du fait d’une crise de santé mentale sans
précédent, les travaux se sont presque exclusivement
concentrés sur le premier objectif, laissant de côté les
deux autres. Ainsi, pendant plusieurs décennies, la majorité des
productions scientifiques ont été ainsi consacrées à
l’étude des troubles psychiques et à la psychopathologie -
par ex. entre 1967 et 2000, 54 040 articles sur la dépression et 41 416
sur l’anxiété contre seulement 1 710 sur le bonheur et
2 582 sur la satisfaction à l’égard de
l’existence
(Myers, 2000). Sur
la durée, ce déséquilibre a eu de lourdes
conséquences sur de nombreux modèles théoriques
élaborés par les chercheurs : l’interprétation
de certaines données scientifiques en a même été
partiellement biaisée.
Afin de mieux situer l’émergence du courant de la psychologie
positive, il est intéressant de revisiter les courants historiques de la
psychologie qui l’ont précédé.
2. L’histoire de la psychologie : les quatre vagues
La psychologie positive peut être
considérée comme la quatrième vague dans
l’évolution de la psychologie, les trois premières vagues
étant, respectivement le modèle de la maladie, le behaviorisme et
la psychologie humaniste.
2.1. Le modèle de la maladie
Pendant la seconde moitié du XIXe siècle et au début du
XXe siècle, c’est principalement le souhait de guérir les
troubles mentaux qui va être la priorité de la psychologie,
notamment sous l’influence de Jean-Martin Charcot, Pierre Janet, Sigmund
Freud, Alfred Adler ou encore Carl Jung. En soutenant que les raisons
d’une grande part de nos comportements échappent à la
conscience et en faisant de l’inconscient le concept majeur de
compréhension de l’esprit humain, la psychanalyse apporte un point
de vue radicalement différent sur les pratiques thérapeutiques.
Par la suite, notamment sous l’influence des travaux d’Albert Ellis,
Aaron Beck, Albert Bandura et Martin Seligman, ce sont progressivement
plutôt les thérapies cognitives comportementales (TCC) qui sont
majoritairement adoptées par les praticiens sur pratiquement tous les
continents.
Comme le soulignent Seligman et Csikszentmihalyi
(Seligman et Csikszentmihalyi, 2000),
la préoccupation scientifique centrale de la construction d’un
modèle de la maladie mentale a été d’une grande
utilité car ainsi 14 maladies psychiques jusqu’alors incurables ont
pu être traitées avec succès. Cependant, cette centration
excessive a toutefois eu des répercussions négatives dans la
communauté des chercheurs et praticiens en psychologie. Ces derniers sont
devenus des « victimologues » et des
« pathologisateurs » : dans leur hâte et souci de
réparer les dommages psychiques de l’après-guerre, il ne
leur est jamais venu à l’idée de développer des
interventions pour rendre les gens plus heureux
(Seligman et Csikszentmihalyi, 2000).
2.2. Le behaviorisme
Burrhus Frederic Skinner, fut l’initiateur (avec John B. Watson et Ivan
Pavlov) de l’approche comportementale en psychologie. Skinner pensait que
le libre arbitre était une illusion, et que le comportement humain
dépendait majoritairement de la compréhension des
conséquences de nos actions. En souhaitant que la psychologie soit une
discipline scientifique la plus proche possible des sciences qui se disent
« exactes », Skinner s’oppose farouchement à la
psychanalyse : il rejette la méthode introspective, selon lui, trop
« subjective » et revendique la nécessité de
restreindre l’étude les phénomènes mentaux aux seuls
comportements observables. C’est ainsi que suite à de nombreuses
expériences notamment sur l’animal, il développe la
théorie de conditionnement opérant qui repose en particulier sur
des principes de renforcement. Dans la mesure où sur un plan
pédagogique, Skinner recommande vivement de récompenser les
« bons » comportements via différents types de
renforcement et que, de ce fait, il a sérieusement critiqué
l’enseignement traditionnel qui se basait à l’époque
majoritairement sur l’administration de punitions
(Skinner, 1958),
(Skinner, 1971),
(Skinner, 1981),
(Skinner, 1984),
il pourrait presque être considéré comme l’un des
pionniers de l’éducation positive. À ceci près que
ses préconisations concernant l’enseignement programmé et
l’usage des machines à apprendre - les teaching machines
inspirées des travaux de Pressey
(Pressey, 1924)
- et son opposition farouche aux sciences cognitives et ont parfois fortement
brouillé son message auprès de la Commission on Behavioral and
Social Sciences and Education du National Research Council (1984). Pour sa
part, Csikszentmihalyi déplore que progressivement et notamment à
l’apogée du behaviorisme, la psychologie ait été un
peu trop caricaturalement enseignée comme s’il s’agissait
d’une branche de la mécanique statistique. Il regrette surtout
qu’elle ait été incapable de « concilier les
impératifs jumeaux qu’une science du comportement humain doit
inclure : comprendre ce qui est et ce qui pourrait
être2 »
(Seligman et Csikszentmihalyi, 2000, p. 7).
2.3. La psychologie humaniste
A partir du milieu du vingtième siècle, certains chercheurs
comme Abraham Maslow ou Carl Rogers reconnaissent que la psychanalyse et le
behaviorisme ont apporté de grandes contributions à la
connaissance humaine, mais que ni isolément, ni ensemble, ils ne
réussissent réellement à couvrir l’étendue
presque illimitée du comportement, des relations et des
possibilités humaines. C’est dans ce dessein que la psychologie
humaniste s’est développée, en partie pour proposer une
alternative (cf. the "third way") à la psychanalyse et au
behaviorisme, mais surtout pour tenter de combler l’insuffisance de leur
approche des potentialités humaines positives et la réalisation
maximale de ces potentialités,
Ainsi, même si dès le départ, la psychologie positive a
souhaité prendre des distances avec la psychologie humaniste, force est
de constater que la psychologie humaniste en est à
l’évidence une source d’inspiration. Tout d’abord,
parce que la paternité du terme Positive Psychology revient
à Maslow
(Maslow, 1954) :
il s’agit du titre du dernier chapitre de son ouvrage Motivation and
Personality dans lequel il appelait à porter une plus grande
attention aux aspects positifs (vs négatifs) de
l’expérience humaine. Ensuite, parce qu’en poursuivant la
voie ouverte par James en son temps, Maslow et Rogers s’intéressent
tous les deux au fonctionnement optimal de l’être humain, même
si leurs conceptions n’en représentent pas réellement les
mêmes points de vue
(Heutte, 2019a).
Pour sa part, Csikszentmihalyi
(Seligman et Csikszentmihalyi, 2000)
reconnaît que la vision généreuse liée à cette
« troisième voie » a eu un fort impact sur la culture
en général et était très prometteuse. Cependant, il
déplore la faiblesse de sa base empirique cumulative : la
psychologie humaniste a plutôt engendré une myriade de mouvements
d’auto-assistance pseudo thérapeutique qui parfois mettent beaucoup
trop l’accent sur le développement de soi et encouragent
l’égocentrisme, tout en oubliant trop souvent les
préoccupations liées au bien-être collectif. Seligman et
Csikszentmihalyi
(Seligman et Csikszentmihalyi, 2000)
se sont ainsi posé la question de savoir si ces dérives
étaient liées au fait que Maslow et Rogers étaient trop en
avance sur leur temps, que cela était inhérents à leur
vision originale, ou simplement en raison du manque d’étayage
scientifique de « suivants » trop enthousiastes. Mais ils
constatent que l’un des héritages des années 1960 est
hélas clairement en évidence dans n’importe quelle section
"psychologie" de grandes librairies, dans lesquelles il y a
généralement à peine 10% d’ouvrages qui tentent de
rester conforme à une certaine norme scientifique
(Seligman et Csikszentmihalyi, 2000).
Ainsi, il est facile de comprendre pourquoi, dans un premier temps afin de
clairement marquer son territoire, la psychologie positive a
épistémologiquement souhaité se démarquer de la
psychologie humaniste, principalement plus pour des soucis de forme (notamment
de méthodes d’investigation) que de fond (d’objets
d’étude) : il était impératif de clairement
distinguer la psychologie positive de la vulgate des vendeurs de « pop
psychology » qui surfent avec intérêt sur la
médiatisation excessive de la marchandisation du bien-être et de la
crédulité naïve de ceux qui y sont un peu trop
réceptifs.
2.4. La psychologie positive
Il est désormais admis que l’article co-signé par
Seligman et Csikszentmihalyi
(Seligman et Csikszentmihalyi, 2000)
dans le premier numéro du millénaire de la revue American
Psychologist constitue symboliquement l’acte scientifique fondateur
majeur de la psychologie positive. Au-delà des origines personnelles de
leurs convictions, par l’écriture conjointe de l’article
séminal, ils entendent fonder scientifiquement la psychologie positive,
en rappelant que :
- Le champ de légitimité de la psychologie n’est
pas seulement l’étude de la pathologie, de la faiblesse et des
dommages ; c’est aussi l’étude de la force et de la
vertu ;
- Le traitement n’est pas seulement de réparer ce qui
est cassé ; c’est de favoriser ce qu’il y a de
mieux ;
- La psychologie n’est pas seulement une branche de la
médecine qui s’intéresse à la maladie ou à la
santé ; elle s’intéresse à un domaine beaucoup
plus vaste, notamment : le travail, l’éducation, la
perspicacité, l’amour, la croissance, le jeu...
Et dans cette quête de ce qu’il y a de mieux, « la
psychologie positive ne s’appuie pas sur des vœux pieux, la foi,
l’illusion de soi, les modes ou l’agitation des bras ; elle
essaie d’adapter les meilleures méthodes scientifiques aux
problèmes uniques que présente le comportement humain à
ceux qui veulent le comprendre dans toute sa
complexité »3
(Seligman et Csikszentmihalyi, 2000, p. 7).
Ce postulat fondateur n’a cependant pas empêché la
psychologie positive de faire l’objet de très nombreuses critiques
(par ex.
(Krueger, 2011),
(Phipps, 2011),
(Wong, 2011).
Ainsi, après une jeunesse un peu trop dichotomique
(Ehrenreich, 2009),
(Held, 2002),
(Held, 2004),
(Lazarus, 2003),
dans son adolescence, la psychologie positive adopte désormais une vision
plus nuancée de l’idée même du positif, en
développant une compréhension plus subtile
(Ivtzan et al., 2015),
via une plus grande ouverture méthodologique
(Wissing, 2021),
et probablement moins idéologique
(Heutte, 2020),
(Martin-Krumm et al., 2021),
(Moreno-Jiménez et Aguirre-Camacho, 2017)
du développement humain optimal
(Heutte, 2019b).
Il n’en reste pas moins que la référence à
l’expérience autotélique y tient une place fondatrice
épistémologique importante.
3. La théorie de l’autotélisme-flow : l’une
des théories majeures de la psychologie scientifique contemporaine
Avec mes collègues Marta Bassi, Lucia Ceja,
Teresa Freire, Corinna Peifer et Eleonora Riva, nous en avons
élaboré la définition de consensus suivante qui est
désormais celle retenue par l’European Flow Researchers
Network (EFRN), depuis novembre 2014 : l’expérience
autotélique (le flow) apparaît lorsqu’il y a une
correspondance adéquate (un équilibre optimal) entre les exigences
de la tâche et les compétences (cf. figure 1).
Figure 1 • Expérience optimale
-Flow
(Heutte, 2011, p. 102),
adaptation de
(Csikszentmihalyi, 1990)
Le concept de flow a été décrit pour la
première fois par Mihaly Csikszentmihalyi dans son livre Beyond
Boredom and Anxiety
(Csikszentmihalyi, 1975).
Il s’agit d’un état d’épanouissement lié
à une profonde implication et au sentiment d’absorption que les
personnes ressentent lorsqu’elles sont confrontées à des
tâches dont les exigences sont élevées et qu’elles
perçoivent que leurs compétences leur permettent de relever ces
défis. Le flow est décrit comme une expérience
optimale au cours de laquelle les personnes sont profondément
motivées à persister dans leurs activités. De nombreux
travaux scientifiques mettent en évidence que le flow a
d’importantes répercussions sur l’évolution de soi, en
contribuant à la fois au bien-être et au bon fonctionnement
personnel dans la vie quotidienne4
(EFRN, 2014).
Pendant plus d’un quart de siècle, les travaux de
Csikszentmihalyi, initiés au cours de sa recherche doctorale dès
1965 concernant la créativité
(Csikszentmihalyi, 1996),
(Csikszentmihalyi, 2014a),
puis par la suite ce qui constitue une bonne vie et enfin le flow
(Csikszentmihalyi, 1975),
(Csikszentmihalyi, 1990),
(Csikszentmihalyi, 2014b),
sont peu connus, au-delà d’une communauté restreinte de
chercheurs. C’est au cours de sa présidence de l’APA
(1998-2000) que Seligman va en souligner l’importance, notamment en
décrivant Csikszentmihalyi comme « le leader mondial de la
recherche en psychologie
positive5 »
(Jarden, 2012, p. 136).
Pour le dire autrement, si Seligman est considéré́ comme le
fondateur et « la voix » autoproclamée de la
psychologie positive, Csikszentmihalyi est décrit par Seligman comme
« le cerveau » qui a inspiré la psychologie positive
(Tardio, 2009).
Presque deux décennies plus tard, son livre Flow: The Psychology of
Optimal Experience paru en 1975 a été traduit en 23 langues
(en français en 2004). Csikszentmihalyi est désormais
considéré comme étant l’un des psychologues
contemporains des plus influents au niveau international
(TBS STAFF, 2019) :
il est de plus en plus cité, dans une variété de domaines
liés à la psychologie, l’éducation, le sport, les
arts, le management, le jeu vidéo, les activités en ligne sur
Internet... Historiquement, en Europe, c’est tout d’abord en Italie,
plus particulièrement à l’Université de Milan
(Csikszentmihalyi et Massimini, 1985),
(Massimini et al., 1988),
en Allemagne
(Rheinberg, 1987),
en Norvège
(Vitterso et al., 2001),
au Danemark
(Knoop, 2002),
puis en Grande Bretagne
(Wright et al., 2007)
que sont initiés les premiers travaux scientifiques concernant
l’autotélisme-flow. En France, ainsi que dans toute la
francophonie, la connaissance de ces travaux est cependant longtemps
restée très confidentielle
(Csikszentmihalyi, 2004),
(Csikszentmihalyi et Bouffard, 2007),
(Heutte, 2010),
(Heutte, 2011),
(Heutte, 2019b).
Dans le but de vérifier et de décrire
l’intérêt croissant pour la recherche sur
l’expérience autotélique au cours de ce nouveau
millénaire, une équipe internationale constituée
d’une douzaine de chercheurs issus de l’EFRN
(Peifer et al., 2022)
a produit une synthèse de 256 études empiriques publiées
dans des revues en langue anglaise entre 2000 et 2016. Cette synthèse met
clairement en évidence que le nombre de publications est
régulièrement en nette progression d’année en
année (cf. figure 2) : à l’évidence, il y a un
parallèle à faire entre la progression de cette courbe et
l’émergence ainsi que la croissance actuelle de la psychologie
positive
(Csikszentmihalyi, 2014b).
Figure 2 • L’évolution du
nombre d’articles concernant le flow, publiés dans les
revues scientifiques en langue anglaise, chaque année, entre 2000 et
2016
À l’initiative de nombreux chercheurs européens, les
travaux les plus prometteurs concernent désormais les dimensions sociales
de l’expérience autotélique
(Gaggioli et al., 2011),
(Heutte et al., 2022),
(Pels et al., 2018),
(Salanova et al., 2014).
En choisissant de présenter la psychologie positive comme étant
« la science de l’expérience optimale », dans
un de ses derniers ouvrages publiés en français, Boniwell
(Boniwell, 2012)
confirme cette place si particulière de Mihaly Csikszentmihalyi dans la
communauté scientifique, ce qui fait à l’évidence de
la théorie de l’autotélisme-flow l’une des
théories majeures de la psychologie scientifique contemporaine
(Heutte, 2020).
3.1. Le flow : l’émotion de s’apercevoir que
l’on comprend
Dans la version originale du Positive Psychology Manifesto, Sheldon,
Frederickson, Rathunde et Csikszentmihalyi
(Sheldon et al., 2000)
déclarent que l’éducation est la première des 6
applications potentielles prioritaires de la psychologie positive :
« Améliorer l’éducation des enfants en utilisant
davantage la motivation intrinsèque, l’effet positif et la
créativité au sein des
écoles6 »
(Sheldon et al., 2000, p. 1).
Cependant, nous pouvons convenir que cette intention peut être
étendue à l’apprentissage tout au long et tout au large de
la vie
(Carré, 2005),
puisque le 4e thème mentionné dans le manifeste concernant la vie
professionnelle est : « Améliorer la satisfaction au
travail tout au long de la vie en aidant les gens à trouver un engagement
authentique, à vivre des états de flow et à apporter
de véritables contributions dans leur travail » (ibid.).
Il n’est donc pas surprenant que les applications de
l’expérience autotélique dans le développement humain
et l’éducation occupent une place particulièrement
importante dans The Collected Works of Mihaly Csikszentmihalyi
(Csikszentmihalyi, 2014c).
En effet, l’expérience autotélique permet par exemple
à tout un chacun de ressentir beaucoup de plaisir au cours d’une
activité dans laquelle il perçoit qu’il progresse
au-delà que ce qu’il avait pu imaginer avant de s’y engager,
notamment l’émotion liée au sentiment d’avoir compris
quelque chose de nouveau et d’important pour lui. Ainsi, le flow
est un des déterminants majeurs de la persistance à vouloir
comprendre, apprendre et/ou se former.
Le corpus constitué des 256 études empiriques de la revue de
littérature
(Peifer et al., 2022)
évoquée précédemment a fait l’objet
d’une étude quantitative et qualitative de nature descriptive
(Heutte, 2019b).
Cette analyse met en évidence que l’éducation en est le
thème principal, avec 28,8% des études empiriques concernant le
flow publiées entre 2000 et 2016, consacrées à ce
champ d’investigation (dans un ordre décroissant, les autres
thèmes sont les arts/loisirs 22,0%, la
santé/psychothérapie/physiologie 14,7%, les activités
professionnelles 11,6%, les activités physiques/sport 11,0%, etc.).
Parmi les 256 articles, 94 sont spécifiquement consacrés
à l’éducation. Ceux-ci se concentrent sur les
élèves et l’éducation au niveau primaire (8,2%), le
secondaire (20,4%), l’université (69,4%) et les enseignants
eux-mêmes (2,0%). Une analyse plus qualitative met en évidence que
de nombreux auteurs
(Bassi et Delle Fave, 2012),
(Fulmer et Tulis, 2016),
(Schattke, 2011),
(Schüler et al., 2010)
considèrent que l’expérience optimale correspond à un
état de motivation optimale
(Deci et Ryan, 2008),
(Heutte, 2017a).
Nous pouvons relever que seuls 19 articles concernent spécifiquement
l’éducation et les TIC (dont 10 dans l’enseignement
supérieur) : il apparaît donc que le champ de la e-formation
n’a été que très peu investigué, de plus la
plupart de ces travaux sont relativement récents (9 articles entre 2012
et 2016).
3.2. L’expérience autotélique avec les TIC : Time
flies when you’re having fun
De longue date, la plupart des tentatives d’explications du
comportement individuel des utilisateurs de technologies de l’information
et de la communication (TIC) ont tendance à se concentrer essentiellement
sur les croyances de maîtrise instrumentale, pour comprendre leurs
intentions d’usage des TIC. Cependant, de nombreux travaux
suggèrent que dans l’expérience globale avec la technologie,
l’expérience autotélique-flow est une des variables
explicatives potentiellement importantes dans les théories
d’acceptation de l’usage des technologies
(Agarwal et Karahanna, 2000).
En effet, bien avant l’émergence de la psychologie positive, le
flow est déjà une variable évoquée pour
comprendre les expériences positives dans les interactions homme-machine
(Ghani et al., 1991),
(Webster, 1989),
ainsi que pour ce qui concerne l’usage d’Internet
(Chen et al., 1999),
(Novak et Hoffman, 1996).
Cette théorie a notamment été utilisée, afin de
mieux appréhender l’absorption cognitive
(Agarwal et Karahanna, 2000)
pendant les activités d’exploration
(Ghani et Deshpande, 1994),
(Webster et al., 1993),
de communication
(Trevino et Webster, 1992),
et d’apprentissage
(Ghani, 1995).
La majorité de ces recherches adoptent une vision multidimensionnelle
du concept de flow. Cependant, la modélisation du flow dans
les environnements numériques n’est pas stabilisée. Pour
leur part, Agarwal et Karahanna
(Agarwal et Karahanna, 2000)
proposent le concept d’absorption cognitive (AC) qu’elles
définissent comme un profond état d’engagement à
travers cinq dimensions :
- la dissociation temporelle ou la perte de la notion du
temps ;
- l’immersion ou la concentration totale dans une
tâche ;
- l’intensité du plaisir ;
- le sentiment de contrôle de l’interaction ;
- la curiosité sensorielle et cognitive.
Ces épisodes d’attention totale qui absorbent entièrement
les ressources cognitives au point que plus rien d’autre n’importe
sont des expériences optimales, des états de flow
(Agarwal et Karahanna, 2000).
L’absorption cognitive et ses cinq dimensions sont des
antécédents significatifs de la perception d’utilité
et de l’utilisabilité. Ces deux dimensions sont empruntées
au Technology Acceptance Model (TAM) de Davis
(Davis, 1989) et
sa version actualisée TAM2
(Venkatesh et Davis, 2000).
Selon Agarwal et Karahanna
(Agarwal et Karahanna, 2000),
l’absorption cognitive est donc un état spécifique qui
résulte à la fois de facteurs individuels et situationnels (cf.
figure 3). L’absorption cognitive renforce l’intention
d’utiliser les technologies numériques, elle serait de plus
particulièrement bénéfique au sentiment de
réalisation d’un individu dans le cadre de son travail et, par
conséquent, influencerait sa motivation.
Figure 3 • Le modèle de
l’absorption cognitive, traduit de
(Agarwal et Karahanna, 2000, p. 169)
3.3. L’expérience autotélique et la
téléprésence
Selon Steuer, la téléprésence fait
référence à « l’expérience de la
présence dans un environnement généré par un
média7 »
(Steuer, 1992, p. 76) :
autrement dit, la présence à distance, rendue possible par les
techniques de communication ou encore l’expérience de la
présence dans un environnement virtuel
(Heeter, 1992),
(Jézégou, 2012).
De nombreuses recherches identifient la téléprésence comme
un des éléments susceptibles de contribuer à
l’expérience autotélique
(Chen, 2006),
(Gaggioli et al., 2003),
(Hoffman et Novak, 1996),
(Novak et al., 2000),
(Skadberg et Kimmel, 2004).
La téléprésence présente une grande proximité
avec certaines caractéristiques de l’expérience
autotélique, comme le contrôle, l’immersion,
l’absorption cognitive ou l’absence de préoccupation à
propos du soi. Le flow est d’ailleurs l’ultime variable du
modèle de la présence élaboré par Riva, Waterworth,
Waterworth et Mantovani
(Riva, et al., 2011).
Exploitant les technologies mises en œuvre pour le fonctionnement de
forums de discussion, les premiers jeux d’aventures textuels en
réseau sont apparus dans les réseaux des universités, comme
celle d’Essex, dès 1978 (cf. multi-user dungeon, plus
communément appelé MUD). Ils offraient déjà aux
joueurs la possibilité de prolonger l’expérience optimale de
jeu en se libérant de l’obligation d’une présence
synchrone en présentiel, en leur permettant notamment d’organiser
leur présence à distance via un avatar dont ils assuraient
l’évolution au sein d’un monde virtuel persistant,
lui-même en constante évolution (car la description textuelle et
les règles de fonctionnement pouvaient elles aussi progressivement
s’enrichir au fil du jeu). Actuellement, de nombreuses évolutions
techniques, notamment celles qui concernent la réalité virtuelle,
permettent de renforcer la qualité graphique de l’environnement de
jeu, renforçant ainsi l’immersion et la
téléprésence des joueurs dans des mondes virtuels de plus
en plus réalistes. Il est d’ailleurs parfois amusant de constater
que certains joueurs peuvent passer presque plus de temps à
définir les éléments qui caractérisent
l’apparence de leur avatar qu’à jouer. Certains jeux
intègrent ainsi dans leur conception de nombreux modules additionnels
(qui en tant que tels n’ont aucun lien direct avec le scénario du
jeu), juste pour satisfaire le plaisir des joueurs de se créer un
personnage afin d’être encore mieux identifié par les autres
à distance : le plaisir d’assurer et de maintenir sa
téléprésence dans la communauté.
Ainsi, la téléprésence apparaît comme une
situation pouvant générer une expérience autotélique
liée à l’usage des TIC. En retour, de nombreux travaux
mettent en évidence que le flow est renforcé par
l’expérience subjective de la présence, notamment via
l’usage des réseaux sociaux
(Pelet et al., 2017),
ce qui a pour conséquence de fortement contribuer à
améliorer la qualité de l’expérience dans les
environnements virtuels
(Gaggioli et al., 2003).
Cela ouvre aussi sur des pistes de recherche (fondamentale, comme
appliquée), dans le champ de la cyberpsychologie et des interactions
homme-machine, concernant les usages des technologies pour promouvoir un
fonctionnement optimal des individus, des groupes et des institutions. Cette
approche est tout particulièrement portée par le courant de la
technologie positive - cf. « l’approche scientifique et
appliquée de l’utilisation de la technologie pour améliorer
la qualité de notre expérience personnelle par la structuration,
l’augmentation et/ou le remplacement de celle-ci » selon Riva et
ses collègues
(Riva et al., 2012, p. 69)
-, qui concerne tout particulièrement, dans son niveau
eudémonique, le champ de recherche spécifiquement centré
sur l’étude des environnements numériques qui soutiennent
l’expérience autotélique des apprenants
(Heutte et al., 2014).
Selon Riva et ses collègues
(Riva et al., 2012),
la technologie positive constitue un axe de la psychologie positive
spécifiquement dédié à la recherche dans le champ
des technologies numériques, selon trois caractéristiques de
l'expérience personnelle (cf. figure 4) :
- Hédonique : technologies utilisées pour
induire des expériences positives et agréables ;
- Eudémonique : technologies utilisées
pour aider les individus à vivre des expériences engageantes et
à se réaliser ;
- Social/interpersonnel : technologies utilisées
pour soutenir et améliorer la connectivité entre les individus,
les groupes et les organisations.
Figure 4 • Les trois domaines couverts
par la technologie positive, traduit de
(Riva et al., 2012, p. 71)
De plus, pour chaque niveau, ils identifient des variables critiques -
régulation de l'affect pour le niveau hédonique, flow et
présence pour le niveau eudémonique ; présence
sociale, intentions collectives et flow en réseau pour le niveau
social/interpersonnel - qui peuvent être manipulées et
contrôlées afin de guider la conception et le développement
de technologies positives.
L’expérience subjective de la présence au sein
d’une communauté d’apprenance en ligne est probablement
l’un des meilleurs indicateurs de la qualité du climat
motivationnel en e-formation
(Gaggioli et al., 2003),
notamment d’un climat propice à l’absorption cognitive
(Heutte, 2019b).
Comme le mettent en évidence Riva et ses collègues, il n’est
donc pas surprenant que la théorie de
l’autotélisme-flow occupe une place centrale si importante
parmi les domaines couverts par la technologie positive.
3.4. L’expérience autotélique et la motivation
optimale
Les travaux concernant l’influence de la motivation sur la persistance
dans l’apprentissage sont très nombreux
(Molinari et al., 2016).
La théorie de l’autodétermination (TAD) est l’une des
modélisations régulièrement sollicitées pour
étudier cette influence. Selon Deci et Ryan
(Deci et Ryan, 2002),
(Deci et Ryan, 2008),
trois types de motivations forment le continuum de
l’autodétermination : la motivation intrinsèque, la
motivation extrinsèque et l’amotivation. Le niveau le plus
élevé d’autodétermination se trouverait au niveau de
la motivation intrinsèque, alors que le niveau le moins
élevé serait au niveau de l’amotivation (cf. figure 5).
Figure
5 • Les différents types de motivation selon leur
degré d’autodétermination
(Heutte, 2017a, p. 201),
adapté de
(Deci et Ryan, 2008)
Les auteurs proposent également l’existence de quatre types de
régulations de la motivation extrinsèque plus ou moins
autodéterminées. Ils distinguent ainsi (1) la régulation
externe, (2) la régulation introjectée, (3) la régulation
identifiée et (4) la régulation intégrée. Le seuil
d’autodétermination, entre la régulation introjectée
et la régulation identifiée, permet de distinguer la motivation
contrôlée de la motivation autonome.
Dans le cadre d’un projet financé par la Commission
européenne (Dig-e-Lab), Heutte et ses collègues ont plus
particulièrement étudié les déterminants
psychologiques de la motivation des apprenants dans le MOOC Gestion de projets
(GdP) développé par l’École Centrale de Lille
(Heutte et al., 2016b).
Prolongeant les analyses, Heutte
(Heutte, 2018),
(Heutte, 2019b)
s’est plus particulièrement intéressé aux liens entre
le flow et les différents types de motivations
autodéterminées. Pour ce faire il a notamment
utilisé :
- l’échelle de flow en éducation
(EduFlow-2)
(Heutte et al., 2021)
incluant 4 sous-échelles : contrôle cognitif (FlowD1),
immersion et altération de la perception du temps (FlowD2),
absence de préoccupation à propos du soi (FlowD3),
expérience autotélique (FlowD4)
- l’échelle de motivation en formation des adultes
(EMFA),
(Fenouillet et al., 2015)
avec six sous-échelles, incluant la motivation intrinsèque pour la
connaissance, quatre types de motivation extrinsèque
(c’est-à-dire intégrée, identifiée,
introjectée et externe), et l’amotivation.
Les résultats mettent en évidence que presque toutes les formes
de régulation de l’autodétermination sont
corrélées avec la plupart des composantes du flow (cf.
tableau 1). De plus, comme nous pouvions nous y attendre, pour presque toutes
les composantes du flow, les corrélations suivent
généralement une progression qui correspond au continuum de
l’autodétermination
(Deci et Ryan, 2002).
Le seul écart par rapport à cette observation
générale concerne l’expérience autotélique qui
est davantage liée à la régulation intégrée
de la motivation extrinsèque (r=.62**) qu’à la
motivation intrinsèque (r=.59**), ce qui peut conforter
l’idée que la motivation allocentrée — en congruence
avec les valeurs d’un comportement défini par un contexte social
— est la motivation optimale en contexte éducatif
(Heutte et al., 2016a).
Conformément aux attentes, les résultats (cf. tableau 1)
mettent en évidence que la motivation intrinsèque pour la
connaissance est corrélée avec toutes les composantes du
flow, en importance décroissante : expérience
autotélique (r=.59**), immersion et altération de la
perception du temps (r=.56**), contrôle cognitif (r=.34**)
et à l’absorption cognitive (r=.42**).
Tableau 1 • Les liens entre le
flow et l’autodétermination pour des apprenants adultes dans
un MOOC
(Heutte, 2019b, p. 195)
N = 3 291
|
Absorption cognitive
|
EduFlow
|
FlowD1
|
FlowD2
|
FlowD3
|
FlowD4
|
AM
|
-.353**
|
-.408**
|
-.282**
|
-.443**
|
-.109**
|
-.380**
|
MEext
|
-.009
|
.058**
|
.066**
|
.049**
|
-.094**
|
.174**
|
MEintr
|
.113**
|
.224**
|
.076**
|
.261**
|
-.051**
|
.371**
|
MEident
|
.267**
|
.370**
|
.264**
|
.377**
|
.019
|
.449**
|
MEintég
|
.282**
|
.446**
|
.255**
|
.436**
|
.003
|
.624**
|
MIc
|
.421**
|
.540**
|
.335**
|
.558**
|
.108**
|
.594**
|
IAD
|
.465**
|
.573**
|
.365**
|
.587**
|
.144**
|
.593**
|
Note : AM = amotivation, MEext = régulation
externe, MEintr = régulation introjectée, MEident =
régulation identifiée, MEinteg = régulation
intégrée, MIc = motivation intrinsèque à la
connaissance, IAD = index d’autodétermination
IAD = (3 x MIc) + (2 x MEIntég) + MEident – MEIntroj - (2 x
MEext) - (3 x AM)
FlowD1 = contrôle cognitif, FlowD2 =
immersion et altération de la perception du temps, FlowD3 =
absence de préoccupation à propos du soi, FlowD4 =
expérience autotélique, Absorption cognitive =
FlowD1+FlowD2+FlowD3, EduFlow =
FlowD1+FlowD2+FlowD3+FlowD4.
Ainsi, nous pouvons conclure que l’expérience autotélique
est un très bon indicateur de la motivation autonome et probablement un
excellent prédicteur de la persistance en formation. Il convient
cependant de ne pas perdre de vue la perspective dualistique de
l’expérience autotélique
(Heutte et al., 2018).
3.5. Le côté obscur de la force (Dark Side of Flow)
Malgré ses effets positifs sur le développement personnel et la
qualité de vie, en tant que tel, le flow est amoral
(Nakamura et Csikszentmihalyi, 2002) :
« Comme toute source d’énergie, du feu à la
fission nucléaire, il [le flow] peut tout aussi bien servir des
finalités positives que
destructives8. »
(Csikszentmihalyi et Rathunde, 1993, p. 91).
En effet, il est régulièrement constaté que les individus
« tendent à poursuivre et à reproduire les
activités qui leur procurent du flow, indépendamment des
conséquences, positives, comme négatives, pour eux ou pour la
société9 »
(Delle Fave et al., 2011, p. 187).
Cependant, le flow est toujours une expérience subjective positive
pour celui qui est en état de flow. De ce fait, tout en souhaitant
souligner la pertinence de la perspective dualistique de
l’expérience autotélique, il convient de considérer
que la qualification négative des affects/comportements/effets du
flow résulte d’un jugement social ou culturel :
l’expression Dark Side of Flow
(Partington et al., 2009)
est clairement une facilité de langage.
À notre connaissance, l’une des premières études
scientifiques concernant le côté obscur du flow concernait
les comportements asociaux des Bosozokus, des gangs de motards japonais
(Sato, 1988). Cette
étude mettait en évidence que, lorsque les personnes n’ont
pas l’occasion de vivre d’expérience autotélique dans
d’autres domaines de la vie, elles peuvent chercher le flow dans
des activités destructrices telles que les comportements agressifs, la
violence, voire le crime. Dans une étude concernant les
expériences positives vécues en contexte de guerre, notamment du
sentiment accru d’être en vie qui maximise les capacités
mentales et physiques des soldats, Harari
(Harari, 2008)
met en évidence une forme extrême de flow liée
à la perte de conscience réflexive concernant plus
particulièrement la moralité et des valeurs humaines
lorsqu’on est accaparé par l’action de tuer. Dans des
contextes de sports extrêmes ou de pleine nature Partington et al.
(Partington et al., 2009),
(Schüler et Nakamura, 2013)
ont pour leur part mis en évidence une association entre le flow
et la prise de risque.
Dans un tout autre registre, Chou et Ting
(Chou et Ting, 2003)
mettent en évidence les liens entre le flow et les comportements
excessifs (voir addictifs) dans l’usage des jeux vidéo en ligne.
Pour leur part, Fenouillet, Romo, Chauvin, Kaplan, Kern, Chainon, Heutte,
Vallerand et Csikszentmihalyi
(Heutte, 2019b)
mettent en évidence que les joueurs problématiques
(identifiés via le test Internet gaming disorder
intégré au DSM-V en 2013) et les joueurs réguliers ont
sensiblement le même niveau de flow (significativement plus
élevé que les joueurs occasionnels). Cependant, ce qui distingue
les joueurs problématiques (vs réguliers) c’est la
passion obsessive (vs harmonieuse) pour le jeu, ainsi qu’un niveau
d’anxiété et de dépression plus élevé.
Cela confirme que le flow est toujours une expérience subjective
positive, même quand les conséquences d’un comportement
excessif peuvent être préjudiciables pour la personne.
3.6. L’expérience autotélique et l’illusion
d’avoir compris (l’ignorance de son ignorance)
Dans le prolongement d’une étude concernant les modalités
d’hybridation du MOOC GdP
(Amini et al., 2018),
nous avons constaté
(Heutte, 2018)
que pour les auditeurs libres — des apprenants volontaires sans
obligations ou contraintes académiques — dans ce MOOC, le niveau de
flow est significativement plus élevé (F(3060, 1) =
28,42 ; p. <.001) (cf. figure 6). Cette évaluation a
été réalisée à la fin du parcours (4e semaine
du MOOC), avec l’échelle EduFlow-2
(Heutte et al., 2021).
Figure 6 • Variation de
l’expérience autotélique
(Heutte, 2018) en
fonction de l’âge et du statut (candidats libres (N=2191) vs
étudiants (N=884))
Cependant (cf. figure 7), ce sont les étudiants inscrits dans un
programme académique institutionnel — et pour lesquels les
résultats obtenus dans le MOOC sont pris en compte pour l’obtention
d’un diplôme — qui produisent les meilleurs résultats
d’examen final non surveillé
(Bachelet, 2014)
du MOOC (F(8635, 1) = 141,41 ; p. <.001).
Figure 7 • Réussite à
l’examen final
(Heutte, 2019b, p. 199)
en fonction de l’âge et du statut (candidats libres (N=6932) vs
étudiants (N=1704))
En effet, étant plus souvent confrontés aux connaissances et
savoirs académiques et à la contradiction par leurs enseignants
à l’occasion des cours ou par d’autres étudiants
à l’occasion de travaux personnels en groupes, les étudiants
inscrits par leur université dans le MOOC GdP ont a priori plus de
chances d’avoir dépassé certaines de leurs connaissances
naïves, ce qui est moins probable pour des candidats libres. D’autre
part, cette expérience académique permet a priori aux
étudiants d’avoir un point de vue plus réaliste concernant
ce qu’ils maîtrisent ou pensent maîtriser. Ils sont davantage
conscients de la complexité qui peut se cacher derrière certaines
connaissances académiques, car ils y ont déjà
été confrontés. De ce fait, les étudiants doutent
probablement bien plus de leurs capacités que les candidats libres.
Figure 8 • Pic de
stupidité : l’ignorance de son ignorance
(Heutte, 2021, p. 394),
d’après
(Kruger et Dunning, 1999)
Selon Kruger et Dunning,
(Kruger et Dunning, 1999),
la variation de la confiance dans ses capacités en fonction de
l’expérience est le résultat de biais cognitifs qui
conduisent les personnes les moins compétentes à surestimer leurs
capacités (parce qu’elles sont dans l’ignorance de leur
ignorance) et les plus compétentes à les sous-estimer (parce
qu’elles surestiment la complexité de ce qu’elles doivent
maîtriser).
Cette courbe inversée peut expliquer le découragement des
étudiants tant qu’ils n’ont pas l’expertise suffisante
pour reprendre confiance en leurs capacités. Cela pourrait aussi tout
à fait expliquer l’abandon (drop out) important en
première année à l’université́ et encore
plus massif au cours des premières semaines d’un MOOC. En tant que
tel, le pic de stupidité permet aussi de mieux comprendre les nombreuses
contaminations virales via les fake news, les Trumperies
populistes et autres mêmes liés à diverses théories
complotistes sur le web.
Les candidats libres pour leur part peuvent, en toute bonne foi, avoir
l’illusion d’avoir compris et totalement ignorer leur
ignorance et vivre heureux, en quelque sorte, protégés de
cette ignorance (cf. figure 8). À l’inverse, le doute et
l’inquiétude liés à la connaissance de la
complexité de ce qu’il faut apprendre génère une
entropie psychique qui est préjudiciable à
l’expérience autotélique
(Csikszentmihalyi, 1975),
(Csikszentmihalyi, 1990),
(Csikszentmihalyi, 2004),
(Csikszentmihalyi, 2014c).
Cela ne permet pas aux étudiants d’atteindre des niveaux de
flow aussi élevés que celui des candidats libres,
cependant, même si cela se passe de façon manifestement moins
plaisante pour eux, ils ont une meilleure réussite académique.
Ainsi, il apparaît que sans contrainte, les auditeurs libres vivent une
expérience optimale d’apprentissage plus forte que les
étudiants inscrits dans un parcours universitaire formel, mais au final,
la réussite des auditeurs libres est plus faible que celle des
étudiants. Cela met clairement en évidence que sans un
accompagnement permettant a minima de pointer l’ignorance, un
individu seul a peu de chance de pouvoir prendre conscience de ses erreurs, et
par là même de progresser dans son expertise et ses apprentissages
(Kruger et Dunning, 1999).
Ce constat doit nous rappeler qu’il n’y a pas de lien
systématique entre l’expérience autotélique (par
extension, motivations et émotions positives) en formation et la
réussite dans les apprentissages, et donc nous appeler à
être d’un optimisme prudent concernant la portée pragmatique
des promesses des technologies positives en contexte d’éducation et
de formation
(Heutte, 2020),
(Heutte, 2021).
4. Conclusion et perspectives
L’un de nos premiers objectifs était de
bien remettre en contexte que les travaux scientifiques concernant les liens
entre expérience autotélique et les EIAH ont été
initiés bien avant l’apparition de la psychologie positive. Il
n’est d’ailleurs par totalement surprenant que le terme positive
technology ait été forgé par Riva et ses
collègues de l’université de Milan, près d’une
quarantaine d’années après les premiers travaux concernant
l’expérience autotélique réalisés dans cette
université par Massimini, Delle Fave, Bassi et leurs collègues.
Il semble cependant évident que l’émergence du terme
valise technologie positive est un étendard qui va permettre de
mieux identifier toutes celles et tous ceux qui revendiqueront d’y
contribuer. Cela pourra certainement offrir de nouvelles opportunités de
collaborations porteuses de nouvelles pistes de recherche fondamentale, comme
appliquée, mais cela va aussi probablement cristalliser
l’animosité de toutes celles et tous ceux qui sont, parfois
à juste titre, exaspérés par de potentielles dérives
(idéologiques, mercantiles ou éthiquement douteuses) induites par
la référence ad nauseam au positif. Il faut donc se
préserver d’un risque, celui que technologie positive
devienne juste le prochain educational buzword à la mode. En
effet, portés par des vagues successives incessantes, comme le souligne
Audran, « apparaissent et prolifèrent des termes
génériques sur lesquels chacun semble s’accorder mais qui
traduisent, en fait, des représentations fort différentes de
l’acte de former comme de l’acte d’apprendre, et
confèrent aux dispositifs comme aux pratiques qui les accompagnent des
significations parfois floues »
(Audran, 2007, p. 173).
En cela il convient probablement aussi de se rappeler notamment de la mise en
garde de Charlier quand elle se demande comment nous pouvons encore accepter que
l’émergence de nouveaux termes ou acronymes fassent trop souvent
« écran à une réelle intelligibilité des
dispositifs de formation offerts et à leurs enjeux pour les institutions,
les enseignants et les étudiants ? Pourquoi ? Parce qu’il
s’agit (a minima) de technologies, doit-on ignorer les connaissances
construites depuis près de 60 ans en technologie de
l’éducation ? »
(Charlier, 2014, p. 15).
Il convient à l’évidence de ne jamais oublier que la raison
principale de nombreuses déconvenues tient moins aux outils qu’aux
conceptions de l’acte d’apprendre : une sorte d’impasse
qui interroge l’éventualité d’une technologie
démocratique
(Linard, 2004).
Quoi qu’il en soit, après ces quelques éléments
liminaires de mise en garde, compte tenu du nombre d’outils
psychométriques spécifiquement dédiés à la
mesure des indicateurs du bien-être psychologique et à de nombreux
concepts voisins (émotions, motivations, passions...), il apparaît
clairement que c’est plus particulièrement dans le domaine des
méthodes d’évaluation des dispositifs que les perspectives
prometteuses à courts et moyens termes semblent les plus accessibles (un
grand nombre de ces outils d'évaluation sont notamment disponibles sur le
site de la Fabrique des formations de l’Université de Lille :
https://fabrique-formations.univ-lille.fr/emopi/methodes-et-outils-devaluations).
Parallèlement à l'explosion des intérêts liés
aux big data (Intelligence Artificielle, Educational Data Mining
(EDM), Learning Analytics...), les environnements d'apprentissage en
ligne massivement multi-apprenants (tels que les MOOC) ouvrent notamment de
nouvelles perspectives de recherche. Ils permettent, par exemple, de
modéliser le décrochage dans des conditions expérimentales
idéales. Ces environnements ont le potentiel de permettre de nouvelles
avancées de la recherche en sciences humaines et sociales, comparables
à l'émergence des accélérateurs de particules ou des
cyclotrons pour les physiciens au siècle dernier
(Heutte, 2017b).
Ainsi, l’émergence de ces "nouveaux terrains de jeux" pour la
recherche offre à la fois de nouvelles opportunités (notamment la
validation de modélisations théoriques dans des conditions
méthodologiques jusqu’ici très difficile à
réunir) et aussi de nouvelles contraintes (notamment conception des
modèles théoriques vs big data), ainsi que la
nécessité d’un outillage méthodologique (notamment
conception d’outils d’évaluation spécifiquement
adaptés à ces contextes, dans le respects des règles
légales, éthiques et déontologiques en vigueur) afin de
conforter la recherche empirique concernant les impacts des émotions et
de la motivation dans les EIAH.
Dans leur article fondateur, Riva et ses collègues
(Riva et al., 2012)
suggèrent qu'il est possible d'utiliser la technologie pour manipuler la
qualité de l'expérience, dans le but d'accroître le
bien-être et de générer des forces et une résilience
chez les individus, dans les organisations et dans la société en
général. Selon ces auteurs la technologie peut être
utilisée pour manipuler les caractéristiques d'une
expérience de trois manières distinctes mais
liées :
- En la structurant à l'aide d'un objectif, de
règles et d'un système de retour d'information. Le but donne
aux sujets un sens de l'objectif en focalisant leur attention et en orientant
leur participation à l'expérience. Les règles, en
supprimant ou en limitant les moyens évidents d'atteindre l'objectif,
poussent les sujets à voir l'expérience d'une manière
différente. Le système de retour d'information indique aux
individus à quel point ils sont proches de l'objectif et les motive
à continuer d'essayer.
- En l'enrichissant pour obtenir des expériences
multimodales et mixtes. La technologie permet des expériences
multi-sensorielles dans lesquelles le contenu et son interaction sont offerts
par plus d'un des sens. Il est même possible d'utiliser la technologie
pour superposer des objets virtuels sur des scènes réelles.
- En la remplaçant par une simulation. En utilisant la
réalité virtuelle, il est possible de simuler une présence
physique dans un monde virtuel qui réagit à l'action du sujet
comme s'il était réellement là. En outre, les
possibilités de remplacement offertes par la technologie
s'étendent même à l'induction d'une illusion de
propriété sur un bras ou un corps virtuel.
Toutes ces perspectives semblent globalement potentiellement porteuses de
sens dans le champ de l’éducation et de la formation. Il faut
cependant, garder en tête que les travaux de ces équipes
(Botella et al., 2012)
s’inscrivent principalement dans le domaine de la santé. Ils se
concentrent principalement sur trois variables clés – la
qualité émotionnelle (niveau hédonique), l'engagement/la
réalisation (niveau eudaimonique) et la connectivité (niveau
social) – en vue de manipuler la qualité de l'expérience
dans le but d’améliorer le bien-être, les forces/ressources
psychologiques, ainsi que la résilience. Dans ces contextes, les
postulats concernant les postures, besoins et compétences des patients,
comme des professionnels qui ont à prendre soin d’eux ne sont ni
neutres, ni universellement acceptés
(Diefenbach, 2018).
De ce fait, il convient probablement de rester d’un optimisme prudent
(Wiederhold, 2012)
et de garder un esprit critique — niveaux méthodologiques,
théoriques et/ou épistémologiques — concernant le
développement des courants dominants en psychologie de la santé
(Santiago-Delfosse et Chamberlain, 2008),
comme il en va désormais de soit concernant ceux de la psychologie
positive
(Brown et al., 2017),
(Heutte, 2020),
(Martin-Krumm et al., 2021)
ou de l’éducation positive
(Heutte, 2019b),
(Heutte, 2021),
(Kristjánsson, 2012).
In fine, croisant les définitions de Gable et Haidt
(Gable et Haidt, 2005),
de Riva et de ses collègues
(Riva et al., 2012),
ainsi que de Heutte, Fenouillet et Martin-Krumm
(Heutte et al., 2013),
nous souhaitons conclure que les technologies positives pour
l’apprentissage constituent une ramification de la psychologie positive
spécifiquement dédiée à la recherche fondamentale
à visée pragmatique dans le champ des espaces d'apprentissage
assistés par la technologie, à savoir l’étude
scientifique des conditions et des processus via lesquels la technologie
contribue à l’épanouissement ou au fonctionnement
optimal :
- des apprenants, personnels de l’éducation ou de la
formation et autres parties prenantes de l’éducation et de la
formation tout au long et tout au large de la vie ;
- des communautés (réelles, comme virtuelles) dans
lesquelles ils apprennent, jouent ou travaillent ;
- des systèmes, organismes et dispositifs
d’éducation, de formation ou de travail.
Ce triple niveau d’interrogation (individu, groupe et organisation)
ouvre sur de nombreuses pistes de recherches scientifiques originales dans le
domaine des Learning Sciences
(Sawyer, 2014),
notamment les recherches centrées sur l’environnement optimal
d’apprentissage
(Heutte, 2019b),
(Shernoff et Csikszentmihalyi, 2009),
dont les implications pratiques peuvent à l’évidence
soutenir, et le cas échéant renouveler utilement le pilotage de
l’innovation dans les organisations, dans une perspective plus
contextualisée et plus dynamique de l’apprentissage que
l’approche strictement cognitiviste du traitement de l’information,
en considérant le caractère situé, social et
distribué de la cognition humaine.
À
propos de l’auteur
Jean Heutte est Professeur des universités en
sciences de l’éducation et de la formation au CIREL (ULR
4354) de l’université de Lille, ainsi que Directeur de recherche
associé à la Chaire de recherche Technology-Enhanced Learning
Spaces (I-SITE ULNE / ANR-16-IDEX-0004 ULNE). Il est l'un des chercheurs
référents au niveau européen de la modélisation
théorique de l'expérience optimale (autotélisme-Flow),
ainsi que des dimensions sociales et conatives de la persistance (volition),
dans le champ de l'éducation et de la formation, tout au long et tout au
large de la vie, notamment dans l’enseignement supérieur (depuis
2003). Il est par ailleurs le premier chercheur francophone à avoir
été invité à contribuer aux travaux de l'European
Flow-Researchers’ Network (depuis 2012).
Adresse : Université de Lille, ULR
4354 - CIREL - Centre Interuniversitaire de Recherche en Éducation de
Lille, F-59000 Lille, France
Courriel : jean.heutte@univ-lille.fr
Toile : https://pro.univ-lille.fr/jean-heutte
REMERCIEMENT
L’auteur remercie l’I-Site
Université Lille Nord-Europe (ULNE) pour son soutien via trois
projets/The author thanks the I-SITE Université Lille Nord-Europe
(ULNE) for its support in three projects :
- The Social Dimensions of Flow ;
- La Fabrique des formations de l’Université de
Lille ;
- The Chair on Technology-Enhanced Learning Spaces (TELS).
Ces projets sont réalisés dans le cadre du Programme
« Investissements d’avenir » (I-SITE ULNE /
ANR-16-IDEX-0004 ULNE) géré par l’Agence Nationale de la
Recherche (ANR)./These projects are supported by the French state through the
Programme "Investissement d’Avenir" (I-SITE ULNE / ANR-16-IDEX-0004 ULNE)
managed by the Agence Nationale de la Recherche.
RÉFÉRENCES
Agarwal, R. et Karahanna, E.
(2000). Time Flies When You’re Having Fun: Cognitive Absorption and
Beliefs about Information Technology Usage. MIS Quarterly, 24(4),
665-694.
Amini, A., Heutte, J. et Bachelet, R. (2018). Modes
d’hybridation d’un MOOC dans des établissements
d’enseignement supérieur : quels effets sur les
résultats et la motivation autodéterminée des
étudiants ? Dans A. Jézégou, P.-A. Caron et J.
Heutte (dir.). Actes du 2e colloque e-formation des adultes et des
jeunes adultes. Lille, mars 2018.
Audran, J. (2007). Le dispositif ne fait pas la
situation. Heurs et malheurs des formations en ligne. Dans B. Charlier et D.
Peraya (dir.). Transformation des regards sur la recherche en technologies de
l’éducation (p. 173-188). De Boeck.
Bachelet, R. (2014). La scénarisation
pédagogique des MOOCs. Rencontres nationales sur la
eformation.
Bassi, M. et Delle Fave, A. (2012). Optimal experience
among teachers: new insights into the work paradox. Journal of Psychology,
146, 533-557.
Boniwell, I. (2012). Introduction à la
psychologie positive – Science de l’expérience optimale.
Payot.
Botella C., Riva G., Gaggioli A., Wiederhold B.K.,
Alcaniz M. et Baños, R.M. (2012). The present and future of positive
technologies. Cyberpsychol Behav Soc Netw, 15, 78–84.
Disponible sur internet.
Brown, N. J., Lomas, T. et Eiroa-Orosa, F. J. (2017).
The Routledge international handbook of critical positive psychology.
Routledge.
Calvo, R.A. et Peters, D. (2014). Positive computing:
technology for wellbeing and human potential. The MIT Press.
Carré, P. (2005). L’Apprenance –
Vers un nouveau rapport au savoir. Dunod.
Charlier, B. (2014). Les MOOC : une innovation
à analyser. Distances et médiations des savoirs, 5.
Chen, H. (2006). Flow on the net-detecting web
users’ positive affects and their flow states. Computers in
Human Behavior, 22, 221–233.
Chen, H., Wigand, R. T. et Nilan, M. S. (1999). Optimal
experience of Web activities. Computers in Human Behavior, 15(5),
585–608.
Chou, T.-J. et Ting, C.-C. (2003). The role of
flow experience in cyber-game addiction. CyberPsychology &
Behavior, 6, 663–675.
Csikszentmihalyi, M. (1975). Beyond boredom and
anxiety. Jossey-Bass.
Csikszentmihalyi, M. (1990). Flow: The Psychology of
Optimal Experience. Harper and Row.
Csikszentmihalyi, M. (1996). Flow and the psychology
of discovery and invention. HarperPerennial.
Csikszentmihalyi, M. (2004). Vivre. La psychologie du
bonheur. Robert Laffont.
Csikszentmihalyi, M. (2014a). The Systems Model of
Creativity. Springer.
Csikszentmihalyi, M. (2014b). Flow and the foundations
of positive psychology. Springer.
Csikszentmihalyi, M. (2014c). Applications of Flow in
Human Development and Education. Springer.
Csikszentmihalyi, M. et Bouffard, L. (2007).
L’expérience optimale (flow) : Pour contrer la culture
matérialiste et connaître l’enchantement. Revue
québécoise de psychologie, 28(1), 123-142.
Csikszentmihalyi, M. et Massimini, F. (1985). On the
psychological selection of bio-cultural information. New Ideas in
Psychology, 3(2), 115–138.
Csikszentmihalyi, M. et Rathunde, K. (1993). The
measurement of flow in everyday life: Toward a theory of emergent
motivation. Dans R. Dienstbier et J.E. Jacobs (dir.), Nebraska Symposium on
motivation, 1992 (p. 57-97). Lincoln and London - University of Nebraska
Press.
Davis, F. D. (1989). Perceived usefulness, perceived ease
of use, and user acceptance of information technology. MIS
quarterly, 13(3), 319-340.
Deci, E. L. et Ryan, R. M. (2002). Handbook of
self-determination research. University Rochester Press.
Deci, E. L. et Ryan, R. M. (2008). Favoriser la
motivation optimale et la santé mentale dans les divers milieux de vie.
Canadian Psychology/Psychologie canadienne, 49(1),
24–34.
Delle Fave, A., Massimini, F. et Bassi, M. (2011).
Psychological selection and optimal experience across cultures: Social
empowerment through personal growth. Springer Science & Business
Media.
Diefenbach, S. (2018). Positive technology–A
powerful partnership between positive psychology and interactive technology. A
discussion of potential and challenges. Journal of Positive Psychology and
Wellbeing, 2(1), 1-22.
EFRN (2014). What is Flow - Current Definition.
Disponible sur internet.
Ehrenreich, B. (2009). Smile or die. How positive
thinking fooled America and the World. Granta Books.
Faust, J. (2009). Positive design. J Am Soc Inf Sci
Technol 60(9), 1887-1894. Disponible sur internet.
Fenouillet, F., Heutte, J. et Vallerand, R.-J. (2015).
Validation of the Adult Education Motivation Scale [communication].
4th World Congress on Positive Psychology (IPPA), Orlando, FL,
USA.
Fulmer, S.M. et Tulis, M. (2016). Adding nuance to the
challenge-skill relationship: The interaction of perceived and actual skill.
International Journal of Educational Research, 77, 143-154.
Gable, S. L. et Haidt, J. (2005). What (and why) is
positive psychology? Review of General Psychology, 9(2),
103-110.
Gaggioli, A., Bassi, M. et Delle Fave, A. (2003). Quality
of experience in virtual environments. Dans G. Riva, F. Davide, W. A.
Ijsselsteijn (dir.), Being there: Concepts, effects and measurements of user
presence in synthetic environments (p. 121–135). IOS Press.
Gaggioli, A., Milani, L., Mazzoni, E. et Riva, G. (2011).
Networked Flow: A Framework for Understanding the Dynamics of Creative
Collaboration in Educational and Training Settings. The Open Education
Journal, 4(1), 41–49.
Ghani, J. A. (1995). Flow in human computer
interactions: Test of a model. Dans J. Carey (dir.) Human factors in
information systems: Emerging theoretical bases (p. 291-311). Ablex
Publising.
Ghani, J. A. et Deshpande, S. P. (1994). Task
characteristics and the experience of optimal flow in human-computer
interaction. Journal Of Psychology-Worcester Massachusetts, 128,
381–381.
Ghani, J. A., Supnick, R. et Rooney, P. (1991). The
Experience of Flow in Computer-mediated and in Face-to-face Groups.
ICIS, 91(6), 229-237.
Harari, Y. N. (2008). Combat flow: military,
political, and ethical dimensions of subjective well-being in war. Review of
General Psychology, 12, 253–264.
Heeter, C. (1992). Being there: the subjective experience
of presence. Presence: Teleoperators and Virtual Environments, 1(2),
262–271.
Heidegger, M. (1927/1986). Être et temps.
Gallimard.
Held, B.S. (2002). The tyranny of the positive attitude
in America: Observation and speculation. Journal of Clinical Psychology, 58
(9), 965-991.
Held, B.S. (2004). The negative side of positive
psychology. Journal of Humanistic Psychology, 44(1), 9-46.
Heutte, J. (2010). Mise en évidence du flow
perçu par des étudiants au cours d’un travail collectif en
ligne : Homo sapiens retiolus est-il un épicurien de la
connaissance ? Dans A. Chiadli (dir.), Actes du 26e
congrès de l’Association internationale de pédagogie
universitaire (AIPU) (p. 1-12). Rabat, Maroc.
Heutte, J. (2011). La part du collectif dans la
motivation et son impact sur le bien-être comme médiateur de la
réussite des étudiants : complémentarités et
contributions entre l’autodétermination,
l’auto-efficacité et l’autotélisme [thèse
de doctorat, Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense,
Nanterre]. Disponible sur internet.
Heutte, J. (2017a). Motivations, volition et
expérience du flow : quelques références
théoriques pour l’étude des communautés
d’apprenance. Dans O. Las Vergnas (dir.), Le e-learning informel ?
Des apprentissages diffus, noyés dans la participation en ligne (p.
199-214). Éditions des archives contemporaines.
Heutte, J. (2017b). L'évaluation dans
les environnements ouverts massivement multi-apprenants : une
opportunité historique pour le développement la recherche
fondamentale à visée pragmatique en pédagogie universitaire
[communication]. 3e Rencontres Universitaires du
Numérique, Fès, Maroc.
Heutte, J. (2018). Perspective sociale-conative des
antécédents et des conséquences de l’absorption
cognitive : première proposition de modélisation dans les
environnements en ligne massivement multi-apprenants. Dans A.
Jézégou, P.-A. Caron et J. Heutte (dir.). Actes du
2e colloque e-formation des adultes et des jeunes adultes.
Heutte, J. (2019a). Clarification des fondements
épistémologiques de la recherche fondamentale à
visée pragmatique concernant le fonctionnement humain optimal :
lever quelques ambiguïtés, controverses et/ou polémiques
suscitées par la psychologie positive. Tréma, 52. Disponible sur internet.
Heutte J. (2019b). Les fondement’ de l'éducation
positive : Perspective psychosociale et systémique de
l'apprentissage. Dunod.
Heutte, J. (2020). Psychologie positive et
formation des adultes : le flow ou le plaisir de comprendre
tout au long de la vie. Savoirs, 54(3),
17-61. Disponible sur internet.
Heutte, J. (2021). Le pouvoir de croire que l’on a
compris : perspective dualistique de l’expérience optimale
d’apprentissage tout au long de la vie. Dans C. Martin Krumm et C.
Tarquinio (dir.), Le grand manuel de la psychologie positive :
Fondements, théories et champs d’intervention (p. 379-400).
Dunod.
Heutte, J., Fenouillet, F., Boniwell, I., Martin-Krumm,
C. et Csikszentmihalyi, M. (2014). Optimal learning experience in digital
environments: theoretical concepts, measure and modelisation. Dans
Proceedings of Symposium Digital Learning in 21st Century Universities.
Georgia Institute of Technology.
Heutte, J., Fenouillet, F. et Martin-Krumm, C. (2013).
Contribution de la psychologie positive au pilotage de l’innovation
[communication]. Congrès Francophone de Psychologitive, Metz,
France.
Heutte, J., Caron, P.-A., Fenouillet, F. et Vallerand,
R.-J. (2016a). Étude des liens entre les caractéristiques
instrumentales et les différents types de motivations des participants
dans un MOOC. Revue internationale des technologies en pédagogie
universitaire / International Journal of Technologies in Higher Education,
13(3), 48-59.
Heutte, J., Fenouillet, F., Kaplan, J., Martin-Krumm, C.
et Bachelet, R. (2016b). The EduFlow model - A contribution toward the
study of optimal learning environments. Dans L. Harmat, F. Ø. Andersen,
F. Ullén, J. Wright et G. Sadlo (dir.). Flow Experience :
Empirical Research and Applications (p. 124-143). Springer.
Heutte, J., Fenouillet, F., Martin-Krumm, C., Gute, G.,
Raes, A. Gute, D., Bachelet, R. et Csikszentmihalyi, M. (2021). Optimal
Experience in Adult Learning: Conception and Validation of the Flow in
Education Scale (EduFlow-2) Frontiers in Psychology, section
Educational Psychology, 12, 1-12.
Disponible sur internet.
Heutte, J., Fenouillet, F., Martin-Krumm, C. et
Vallerand, R. J. (2018). Mediating effects of Flow on harmonious passion:
contribution to the exploration of bright side and dark side of Flow
l’educational context [communication]. 9th European
Conference on Positive Psychology (ECPP 2018). Budapest, Hongrie.
Heutte, J., Leontiev, D., Magyaródi, T. et Van den
Hout, J. (2022). Social dimensions of optimal experience: conceptual
advances, methods and applications [symposium]. 10th European Conference on
Positive Psychology (ECPP 2022), Reykjavik, Iceland.
Hoffman, D. L. et Novak, T. P. (1996). Marketing in hypermedia
computer-mediated environments: conceptual foundations. The Journal of
Marketing, 60(3), 50–68.
Husserl, E. (1913/1950). Idées directrices pour
une phénoménologie et une philosophie
phénoménologique pures (Tome Premier). Gallimard.
Ivtzan, I., Lomas, T., Hefferon, K. et Worth, P. (2015).
Second wave positive psychology: Embracing the dark side of life.
Routledge.
Jarden, A. (2012). Positive Psychologists on Positive
Psychology: Mihaly Csikszentmihalyi, International Journal of Wellbeing,
2(2), 136–139.
James, W. (1902). The Varieties of Religious
Experience: A Study in Human Nature. Longman, Green.
Jézégou, A. (2012). La présence en
e-learning : modèle théorique et perspectives pour la
recherche. International Journal of E-Learning & Distance Education/
Revue internationale de l’apprentissage en ligne et de
l’enseignement à distance. 26(1).
Kierkegaard, S. (1843/2000). Crainte et
tremblement. Payot.
Knoop, H. H. (2002). Leg, læring og kreativitet
– hvorfor glade børn lærer mere. Aschehoug.
Kristjánsson, K. (2012). Positive psychology and
positive education: Old wine in new bottles? Educational psychologist,
47(2), 86-105.
Krueger, J.I. (2011). Shock without awe. American
Psychologist, 66(7), 642-643.
Kruger, J. et Dunning, D. (1999). Unskilled and unaware
of it: How difficulties in recognizing one’s own incompetence lead to
inflated self-assessments. Journal of personality and social psychology,
77(6), 1121.
Lazarus, R.S. (2003). Does the positive psychology
movement have legs? Psychological Inquiry, 14(2), 93-109.
Linard, M. (2004). Une technologie démocratique
est-elle possible ?. Savoirs, 5(2), 71-78.
Martin-Krumm, C., Heutte, J. et C. Tarquinio (2021). Les
risques idéologiques de la psychologie positive. Dans C. Martin-Krumm et
C. Tarquinio (dir.), Le grand manuel de la psychologie positive :
Fondements, théories et champs d’intervention (p. 721-745).
Dunod.
Maslow, A. H. (1954). Personality and motivation.
Lonman.
Massimini, F., Csikszentmihalyi, M. et Delle Fave, A.
(1988). Flow and biocultural evolution. Dans M. Csikszentmihalyi et I.
Csikszentmihalyi (dir.) Optimal experience: Psychological studies of flow in
consciousness (p. 60-81). Cambridge University Press.
Molinari, G., Poellhuber, B., Heutte, J., Lavoué,
E., Sutter Widmer, D. et Caron, P. A. (2016). L’engagement et la
persistance dans les dispositifs de formation en ligne : regards
croisés. Distances et médiations des savoirs, 13, 2-23.
Moreno-Jiménez, B. et Aguirre-Camacho, A. (2017).
Positive psychology: Intellectual, scientific, or ideological movement? Dans
N.J.L. Brown, T. Lomas et F.J. Eiroa-Orosa (dir.), The Routledge
International Handbook of Critical Positive Psychology (p. 117-132).
Routledge.
Myers, D. G. (2000). The funds, friends, and faith of
happy people. American psychologist, 55(1), 56.
Nakamura, J. et Csikszentmihalyi, M. (2002). The concept
of flow. Dans C. R. Snyder et S. J. Lopez (dir.), Handbook of positive
psychology (p. 89–105). Oxford University Press.
Novak, T. P. et Hoffman, D. L. (1997). Measuring the
flow experience among web users. Interval Research Corporation,
31.
Novak, T. P., Hoffman, D. L. et Yung, Y. F. (2000).
Measuring the flow construct in online environments: A structural
modeling approach. Marketing Science, 19(1), 22–42.
Partington, S., Partington, E. et Olivier, S. (2009). The
dark side of flow: A qualitative study of dependence in big wave surfing.
The Sport Psychologist, 23(2), 170-185.
Peifer, C., Wolters, G., Harmat, L., Heutte, J., Tan, J.,
[...] et Triberti, S.. A Scoping Review of Flow Research, Frontiers in
Psychology, section Positive Psychology, 12, 1-27.
Disponible sur internet.
Peirce, C. S. (1877). The fixation of belief. Popular
Science Monthly 12, 1-15.
Peirce, C. S. et Hetzel, A. (1878). How to make our ideas
clear. Popular Science Monthly 12, 286-302
Pelet, J.-É., Ettis, S. et Cowart, K. (2017),
Optimal Experience of Flow Enhanced by Telepresence: Evidence from Social
Media Use. Information and Management 54(1), 115–128
Pels, F., Kleinert, J. et Mennigen, F. (2018). Group
flow: A scoping review of definitions, theoretical approaches, measures
and findings. PloS one, 13(12).
Phipps, S. (2011). Positive psychology and war: An
oxymoron. American Psychologist, 66(7), 641-642.
Pressey, S. L. (1924). A statistical study of usage and
of children's errors in capitalization. The English Journal, 13(10),
727-732.
Rheinberg, F. (1987). Fragen zum Erleben von
Tätigkeiten. (Ein Fragebogen zum Erfassen von Flow-Erleben im Alltag.),
Psychologisches Institut der Universität Heidelberg.
Riva, G., Baños, R.-M., Botella, C., Wiederhold,
B.-K. et Gaggioli, A. (2012). Positive technology: using interactive
technologies to promote positive functioning. Cyberpsychology, behavior and
social networking, 15(2), 69-77.
Riva, G., Waterworth, J. A., Waterworth, E. L. et
Mantovani, F. (2011). From intention to action: The role of presence. New
Ideas in Psychology, 29(1), 24–37.
Rathunde, K. (2001). Toward a psychology of optimal human
functioning: What positive psychology can learn from the “experiential
turns” of James, Dewey, and Maslow. Journal of Humanistic Psychology,
41(1), 135-153.
Salanova, M., Rodriguez-Sanchez, A. M., Schaufeli, W. B.
et Cifre, E. (2014). Flowing Together: A Longitudinal Study of Collective
Efficacy and Collective Flow Among Workgroups. The Journal of Psychology,
148(4), 435-455.
Sartre, J.-P. (1943). L’être et le
néant. Essai d’ontologie phénoménologique.
Gallimard
Sato, I. (1988). Bosozoku: Flow in Japanese
motorcycle gangs. Dans M. Csikszentmihalyi et I. S. Csikszentmihalyi (dir.),
Optimal experience: Psychological studies of flow in consciousness (p.
92–117). Cambridge University Press.
Schüler, J. et Nakamura, J. (2013). Does flow
experience lead to risk? How and for whom. Applied psychology. Health and
well-being, 5(3), 311-31.
Sander, T. (2011). Positive computing. Dans R.
Biswas-Diener (dir.), Positive psychology as social change (p. 309-326).
Springer.
Santiago-Delfosse, M. et Chamberlain, K. (2008).
Évolution des idées en psychologie de la santé dans le
monde anglo-saxon. De la psychologie de la santé (health psychology)
à la psychologie critique de la santé (critical health
psychology).Psychologie française, 53(2), 195-210.
Sawyer, K. (2014). The Cambridge Handbook
of Learning Science (2nd edition). Cambridge University Press.
Seligman, M. E. P. et Csikszentmihalyi, M. (2000).
Positive psychology: An introduction. American Psychologist,
55(1), 5–14.
Schattke, K.P. (2011). Flow experience as
consequence and self-determination as antecedence of congruence between implicit
and explicit motives. Disponible sur internet.
Schüler, J., Sheldon, K.M. et Fröhlich, S.M.
(2010). Implicit need for achievement moderates the relationship between
competence need satisfaction and subsequent motivation. Journal of Research
in Personality, 44, 1-12.
Shaffer, J.B.P. (1978). Humanistic psychology.
Prentice-Hall, Inc.
Sheldon, K. M., Fredrickson, B., Rathunde, K., Haidt, J.
et Csikszentmihalyi, M. (2000). Positive psychology manifesto. Manifesto
presented at Akumal 1 conference and revise during the Akumal 2 meeting. Disponible sur internet.
Shernoff, D. J. et Csikszentmihalyi, M. (2009).
Cultivating engaged learners and optimal learning environments. Dans P.A.
Alexander, M.J. Furlong, R. Gilman et E. Scott Huebner, Handbook of positive
psychology in schools (p. 131-145). Routledge Handbook.
Skadberg, Y. X. et Kimmel, J. R. (2004). Visitors
‘flow experience while browsing a web site: its measurement,
contributing factors and consequences, Computers in Human Behavior,
20(3), 403-422.
Skinner, B. F. (1958). Teaching machines. Science,
128(3330), 969-977.
Skinner, B. F. (1971). Beyond freedom and dignity.
Alfred A. Knopf.
Skinner, B. F. (1981). Innovation in science teaching.
Science, 212(4492), 283.
Skinner, B. F. (1984). The shame of American education.
American Psychologist, 39(9), 947-954.
Steuer, J. (1992). Defining virtual reality: dimensions
determining telepresence, Journal of Communication 42(4),
73–93.
Tardio, A. (2009). Is the World Ready for a Positive
Psychology? Huffington Post, publié le 15, juillet 2009.
Taylor, E. (2001). Positive psychology and humanistic
psychology: A reply to Seligman. Journal of Humanistic Psychology, 41(1),
13-29.
TBS STAFF. (2019). The 50 Most Influential Living
Psychologists in the World :
Disponible sur internet.
Trevino, L. K. et Webster, J. (1992). Flow in
computer-mediated communication: Electronic mail and voice mail evaluation and
impacts. Communication research, 19(5), 539.
Venkatesh, V. et Davis, F. D. (2000). A theoretical
extension of the technology acceptance model: Four longitudinal field studies.
Management science, 46(2), 186–204.
Vitterso, J., Vorkinn, M. et Vistad, O. (2001).
Congruence between recreational mode and actual behavior - a prerequisite for
optimal exeriences? Journal of Leisure Research, 33(2), 137-159.
Webster, J. E. (1989). Playfulness and computers at
work. New York University.
Webster, J., Trevino, L. K. et Ryan, L. (1993). The
dimensionality and correlates of flow in human-computer interactions.
Computers in human behavior, 9, 411–411.
Wiederhold, B. K. (2012). A brief review of positive
technology in Europe and the USA. Dans B.K. Wiederhold et G. Riva (dir.),
Annual Review of Cybertherapy and Telemedicine (p. 46-50).
Interactive Media Institute.
Wissing, M. P. (2021). Beyond the “Third Wave of
Positive Psychology”: Challenges and Opportunities for Future Research.
Frontiers in Psychology, 12, 1-20.
Disponible sur internet.
Wong, P.T.P. (2011). Positive psychology 2.0: Towards a
balanced interactive model of the good life. Canadian Psychology/Psychologie
Canadienne, 52(2), 69-81.
Wright, J. J., Sadlo, G. et Stew, G. (2007). Further
explorations into the conundrum of flow process. Journal of
Occupational Science, 14(3), 136-144.
1 traduction libre
2 traduction libre
3 traduction libre
4 traduction libre
5 traduction libre
6 traduction libre
7 traduction libre
8 traduction libre
9 traduction libre
|