Contact :
infos@sticef.org
|
Analyser la conception pédagogique d’un MOOC de
langue sous l’angle de la « massivité »
Laure CHOTEL (LIDILEM, Université Grenoble Alpes ; Télécom Ecole de
Management, IMT)
|
RÉSUMÉ : La
dimension massive des MOOC de langues pose de véritables défis en
termes de conception pédagogique (interactions, correction,
évaluation, etc.). A partir d’une étude de cas sur un MOOC
d’anglais, cet article montre que les points forts en termes de gestion de
la massivité sont les tâches, les ressources et les artefacts
techniques. Toutefois, si ces éléments peuvent faciliter les
apprentissages langagiers, les faiblesses liées à la correction
des tâches, aux aides, à l’évaluation et au
scénario de communication constituent des limites pour le MOOC
analysé.
MOTS CLÉS : LMOOC,
conception pédagogique, massivité, étude de cas |
Analyzing Instructional Design for Managing the « Massive » Participation in Language Learning MOOCs |
|
ABSTRACT : Managing
the massive participation of learners in Language MOOCs is a real challenge for
instructional design (interactivity, correction and feed-back, assessment,
etc.). This paper provides the analysis from a Case Study on an English Language
Learning MOOC which shows that while tasks, resources and tools were well
designed to manage massive participation, the design features for correction,
learner support, assessment and communication scenario were not adequately
designed for efficient language learning and constitute real limitations for the
LMOOC.
KEYWORDS : LMOOC,
instructional design, massive participation, case study |
1. Introduction
L’étude
proposée ici s’insère dans le cadre plus large d’une
recherche doctorale en didactique des langues portant sur les conditions
susceptibles de contribuer au succès de l’apprentissage dans un
MOOC de langues (désormais LMOOC).
Les LMOOC présentent des caractéristiques spécifiques
à la didactique des langues. Ainsi, apprendre une langue, ce n’est
pas apprendre des contenus mais apprendre à communiquer, ce qui implique
de pratiquer cette langue. Ceci représente un défi en termes de
conception pédagogique pour les LMOOC puisque ces environnements doivent
concilier échanges en ligne dans la langue cible (qui impliquent
correction, aide, évaluation...) et massivité. Par
« massivité », nous entendons un nombre important de
personnes inscrites au LMOOC, pouvant aller de plusieurs centaines à
plusieurs centaines de milliers (Hollands et Tirthali, 2014).
La littérature en SHS apporte des outils théoriques et
méthodologiques pour analyser comment la conception pédagogique de
LMOOC intègre la question de la massivité, dimension trop souvent
traitée jusqu’à présent de façon
idéaliste et/ou peu scientifique. Une étude de cas à partir
d’un LMOOC d’anglais contribuera à la recherche dans ce
domaine en fournissant une analyse détaillée des réponses
apportées à ce problème dans un environnement
particulier.
2. Contexte et cadre théorique
Dans cette partie, après avoir formulé
les questions de recherche découlant des singularités des LMOOC,
nous présentons un état de l’art portant sur la question de
la massivité dans ces environnements. Nous explicitons ensuite notre
cadre théorique, basé sur des travaux en sciences de
l’éducation et en didactique des langues (DDL).
2.1. Spécificités des LMOOC et problématique
Nous nous concentrons dans cette étude sur les LMOOC tout en les
replaçant dans le contexte des MOOC et de
l’enseignement/apprentissage des langues. Nous ne reviendrons pas ici sur
les enjeux généraux des MOOC dans la mesure où ces aspects
ont été largement traités dans la littérature (Charlier, 2014), (Daniel, 2012), (Karsenti, 2013), (Mangenot, 2014), (Mœglin, 2014).
En revanche, nous rappellerons quelques particularités propres
à l’enseignement/apprentissage des langues, à commencer par
le fait que, « dans l’apprentissage des langues, la
communication langagière constitue à la fois le moyen
d’apprentissage (le langage est le principal outil de médiation,
comme dans les autres disciplines), mais également l’objectif
visé (savoir communiquer dans une langue) » (Mangenot, 2008a, p. 18).
Ainsi, pour apprendre une langue, il faut s’en servir, interagir avec
d’autres personnes, car « apprendre une langue ne consiste pas
à emmagasiner des savoirs (grammaticaux, lexicaux, culturels, etc.) sur
celle-ci » (Mangenot, 2011, p. 213).
Cela engendre des conséquences tout au long du processus
d’enseignement/apprentissage : scénarisation
d’activités et de communications incitant à
l’échange, rôle particulier des tuteurs comme interlocuteurs
à part entière dans la situation pédagogique,
évaluation et correction nécessairement humaines dans le cas de
productions ouvertes. En effet, « un énoncé
d’apprenant doit être jugé plus sur sa
compréhensibilité, sa capacité à faire progresser
l’interaction, que sur son exactitude ; la correction doit à
tout prix éviter de bloquer la parole » (Mangenot, 2011, p. 213).
Outre la dimension humaine incontournable, celle d’expertise ou
d’accompagnement expert est également relevée par Chotel (Chotel, 2013) qui a montré que la correction linguistique mutuelle entre pairs en
contexte non formel n’est pas satisfaisante si elle n’est pas
encadrée comme cela est le cas en contexte formel (cf. apprentissage
mutuel en tandems par exemple).
Concevoir des interactions, évaluations, corrections en langues dans
un contexte massif, avec une quasi-absence d’accompagnement expert, se
révèle ainsi être une véritable gageure. Dans cet
article, nous tenterons par conséquent de répondre aux deux
questions suivantes :
- comment la massivité est-elle gérée dans la
conception pédagogique d’un LMOOC ?
- dans quelle mesure cette conception pédagogique en
contexte massif est-elle susceptible de faciliter des apprentissages
langagiers ?
2.2. État de l’art
Un certain nombre de travaux existants portent sur la conception
pédagogique de LMOOC. Toutefois, comme nous allons le montrer, il
s’agit souvent d’études abordant la conception
pédagogique dans les LMOOC de façon générale sans
véritable question de recherche, fondement méthodologique ni
théorique.
Sokolik (Sokolik, 2014) ambitionne ainsi de déterminer les caractéristiques d’un
LMOOC idéal à partir de sa propre expérience, sans que
celle-ci ne repose sur l’analyse d’observations ou de
données. L’auteure dresse une liste d’éléments
divers « that should be developped if LMOOCs are going to be
implemented successfully »1
(p. 21) et conclut avant tout sur la nécessité d’une
plateforme adéquate pour les LMOOC.
Moreira Teixeira et Mota (Moreira Teixeira et Mota, 2014) partent du principe que les LMOOC permettent « the acceleration of
the language learning processes through the use of very large communities of
practice »2. Dans cette
veine, ils proposent un modèle pour la conception pédagogique de
LMOOC, nommé iMOOC pour son focus sur la responsabilité
individuelle, l’interaction, les relations interpersonnelles,
l’innovation et l’inclusion et s’inscrivant dans la
lignée des cMOOC. Là encore, nous constatons une absence
d’analyse de données et de mise à l’épreuve
d’un cas réel. Les suggestions de conception de ces auteurs
constituent une liste éclectique touchant à la fois aux outils,
durée, processus d’apprentissage, rôle de l’enseignant,
équipe support, ressources, activités, pratique orale, feedback,
certificat de complétion, etc. Si les auteurs pointent bien la
difficulté de la massivité, les réponses en termes de
communauté d’apprentissage et de responsabilité de
l’apprenant relèvent plutôt de l’injonction que
d’une scénarisation étayée.
L’article de Bárcena et al. (Bárcena et al., 2014) offre quant à lui une analyse intéressante de la conception
pédagogique d’un MOOC d’anglais, en prenant notamment en
considération des enjeux liés à la massivité. Sont
détaillés des artefacts cognitifs pour soutenir la
personnalisation, une activité pédagogique entre apprenants et le
processus pédagogique d’évaluation par les pairs.
Malgré l’intérêt de cette analyse, celle-ci reste
brève et partielle car elle ne constitue pas l’objectif principal
de l’article.
De façon plus précise, Mangenot (Mangenot, 2015) s’interroge sur « la gestion des grands nombres en termes
d’échanges en ligne et d’accompagnement ». En se
basant sur le modèle de la conception pédagogique en e-learning de
Oliver et Herrington (Oliver et Herrington, 2001),
il montre comment le MOOC « Exploring English : Language and
Culture » résout cette question : « la
participation est très canalisée, [...] les tâches sont
adaptées au caractère massif du MOOC ». L’auteur
pointe également certaines limites liées à
l’évaluation et à l’absence de production orale et de
correction des productions des apprenants.
L’intérêt suscité par cette dernière analyse
nous a incitée à poursuivre ce travail en approfondissant
l’étude de ce LMOOC. Pour ce faire, nous avons adopté une
double approche orientée données et orientée théorie (Bétrancourt, 2014) permettant d’appréhender de façon plus globale et
systématique la question de la massivité dans la conception
pédagogique des LMOOC.
2.3. Cadre théorique
2.3.1. Approche sociotechnique
Albero (Albero, 2010a), (Albero, 2010b) positionne l’approche sociotechnique dans le paradigme
« anthropo-logique » des technologies de la formation, la
fonde sur le « couplage entre technique et activité
humaine » et la mobilise dans le domaine particulier de
l’éducation.
Au sein de cette approche, le concept de dispositif, issu notamment des
travaux de Linard (Linard, 1989),
est l’un des trois concepts clés. Précisons que nous
distinguons l’objet concret « environnement (de
formation) » (par ex. les LMOOC) du concept de dispositif. Afin de
prendre en considération
l’hétérogénéité et la complexité
de ce qui fait dispositif, Albero (Albero, 2010b) propose un construit conceptuel fondé sur une approche ternaire et
trilogique : 1-« l’idéel »
(« idées, principes, modèles et valeurs qui orientent et
structurent les décisions, actes et discours des acteurs au cours du
projet » ou « fil rouge »), 2-« le
fonctionnel de référence » (« mise en actes
pratique de l’idéel ») et 3-« le
vécu » (« expérience personnelle des
différents acteurs »). En cohérence avec notre
problématique et notre méthodologie, la dimension
« fonctionnel de référence », basée sur
une « logique instrumentale » (Albero, 2011),
aura une place prépondérante dans notre étude, même
si les autres dimensions seront également abordées. De plus, bien
qu’il soit indispensable, pour appréhender le concept de dispositif
et « comprendre les dynamiques globales » (Mangenot, 2008b),
de croiser les niveaux micro, méso et macro, nous nous concentrerons ici
essentiellement sur le niveau méso des environnements de formation.
Enfin, même si le dispositif est un objet dynamique évoluant dans
le temps, nous avons fait le choix de nous limiter, pour les besoins de la
présente recherche, à l’analyse du travail prescrit,
complémentaire, dans le cadre de la notion d’activité, au
travail réel (Leplat, 1980), (de Montmollin, 1986), (Albero et Guérin, 2014),
et donc à un moment spécifique de l’état du
dispositif, celui de la conception pédagogique.
Du deuxième concept clé de l’approche sociotechnique,
celui d’instrumentation des apprentissages, nous ne retiendrons ici que
les origines, sans l’appréhender dans toute sa complexité.
Ce concept s’ancre dans les travaux de Rabardel (Rabardel, 1995) sur la genèse instrumentale et dans ceux de Linard (Linard, 1989) sur la médiatisation, « simple transposition
d’information d’un support à un autre », et la
médiation, « accompagnement (humain mais aussi pouvant
être pris en charge par des artefacts divers) de l’activité
de transformation de l’information en connaissance de la part des
apprenants » (Albero, 2010b).
2.3.2. Conception pédagogique en ALAO
Parmi les modèles existant pour la conception pédagogique en
Apprentissage des Langues Assisté par Ordinateur (ALAO) ou pour
l’analyse de celle-ci, nous en retenons trois, qui synthétisent la
plupart des approches dans ce domaine.
Tout d’abord, le cadre de Oliver et Herrington (Oliver et Herrington, 2001),
qui, même s’il n’est pas spécifique aux langues, a
déjà montré sa pertinence pour les LMOOC dans les travaux
de Mangenot (Mangenot, 2015).
Il croise les dimensions « tâches » (ou
activités), « ressources » et
« aides » et place l’
« évaluation » au centre de ces croisements. Ensuite,
le modèle de Nissen (Nissen, 2014),
fondé sur le scénario pédagogique
(tâches/activités et scénario de communication),
présente l’intérêt de prendre en compte le contexte.
Enfin, celui de Lamy et Hampel (Lamy et Hampel, 2007) ajoute le paramètre des artefacts techniques.
Nous obtenons ainsi six dimensions interagissant entre elles et sur
lesquelles nous baserons notre analyse de la massivité dans un
LMOOC : le scénario pédagogique, composé des
activités pédagogiques et du scénario de communication, les
ressources, les aides, l’évaluation et les artefacts
techniques.
En parallèle, l’analyse du contexte, à un niveau plus
macro, permettra de mieux comprendre les choix opérés pour les six
dimensions méso.
Revenons à présent plus en détail sur chacune des six
dimensions.
Dejean et Mangenot (Dejean et Mangenot, 2006) proposent de définir le scénario pédagogique
« comme une ou plusieurs tâche(s) combinée(s) avec un
scénario de communication et prévoyant une chronologie des
échanges. L’intérêt de cette définition est de
mettre en avant les interactions pédagogiques, telles que le concepteur
peut les anticiper, et de dissocier la tâche du mode de fonctionnement
collectif, ce qui permet une plus grande adaptabilité du scénario
en fonction des caractéristiques du public ».
Intéressons-nous dans un premier temps au premier des deux
éléments du scénario pédagogique, à savoir la
question des tâches. La notion de tâche, reconnue aujourd’hui
comme étant l’élément clé de la
scénarisation pédagogique en didactique des langues (DDL),
n’en reste pas moins encore sujette à débat. Elle est
pourtant au cœur des méthodologies récentes en DDL et
notamment du TBLT « Task-based language teaching and
learning » (Ellis, 2003),
méthodologie qui sous-tend l’ancrage didactico-pédagogique
du MOOC analysé dans cette étude. Nous ne présentons ici
que les caractéristiques principales de la tâche faisant consensus (Conseil de l’Europe, 2001), (Ellis, 2003), (Nissen, 2011), (Nunan, 1989), (Richer, 2009) :
- focalisation première sur la signification de
l’activité d’apprentissage pour
l’apprenant (versus sur la forme linguistique), dans la
lignée de l’apprentissage par l’expérience ;
- résultat identifiable (liant langage et action, au sens
large du terme « interaction ») ;
- processus (découpage de la tâche en étapes de
travail de granularités diverses) ;
- certaine authenticité/proximité avec le monde
« réel » (en conception, pour ce qui est du contenu
de la tâche et des documents associés, et en réception pour
l’apprenant).
Indiquons également que « par exercices, nous désignons ce
qui est du domaine de l’application, de la reproduction, de la
manipulation » (Lancien, 1998, p. 39) et que nous utilisons le terme
« activité (pédagogique) » de
façon générique, pour désigner les tâches ou
les exercices.
La deuxième dimension correspond au scénario de communication.
Celui-ci est encore plus important à distance qu’en
présentiel « à cause de la profusion d’outils
technologiques permettant la communication en ligne, en temps réel ou en
temps différé » (Mangenot, 2008a, p. 18).
Cet auteur articule le scénario de communication autour de cinq types de
paramètres :
- « paramètres de travail
collectif » : mutualisation, discussion, coopération,
collaboration (Dejean et Mangenot, 2006) ;
- « paramètres sociaux et
communicationnels » : partenaires et modalités
d’interaction, communication publique ou privée, etc. ;
- « paramètres temporels » :
synchronie / asynchronie, rythme, délais, etc. ;
- « paramètres instrumentaux » :
caractéristiques sémio-pragmatiques des outils choisis ;
- « paramètres
d’encadrement » : rôles, postures, modes
d’intervention, rythme de connexion du/des tuteur(s), etc.
La troisième dimension est celle des
« ressources », notion résolument polysémique.
Nous adoptons la définition de Bibeau (Bibeau, 2005),
qui distingue bien la ressource d’enseignement/apprentissage de la
ressource humaine : « une ressource d'enseignement et
d'apprentissage (REA) c'est toute entité, numérique ou non
numérique, conçue ou pouvant être utilisée, pour des
fins d'apprentissage, d'éducation ou de formation ». Pour ce
qui est de l’humain, nous inscrivant dans un paradigme
anthropocentré, il est pour nous au cœur du processus de
médiation et de médiatisation.
La typologie des REA que nous adoptons pour notre analyse des LMOOC repose
notamment sur les travaux de Rézeau (Rézeau, 2001).
Cet auteur utilise le terme de « continuum » afin de mettre
en évidence trois degrés de didactisation des REA :
- le « document brut » ou
« authentique » : c’est un document
« appartenant à la L2 [langue cible] (et à la C2
[culture cible]) [...] conçu par un locuteur natif pour d’autres
locuteurs natifs » ;
- le « document didactique » : c’est
un document « fabriqué par l’enseignant » qui
présente l’inconvénient « maintes fois
souligné de se présenter comme fermé, verrouillé
dans un scénario préalable » (Demaizière, 2004) ;
- le « document didactisé » : il a
une « position intermédiaire entre le « tout
authentique » et le « tout
fabriqué » » (Rézeau, 2001).
La quatrième dimension recouvre les aides, objet également
polymorphe, que nous différencions des ressources. Oliver et Herrington (Oliver et Herrington, 2001) indiquent « By separating the instructional elements from the
informational elements, the design creates the possibility for reuse of the
learning resources »3.
Dans le domaine des langues, Nissen (Nissen, 2007), (Nissen, 2012), (Nissen, 2014) reprend les sept domaines de l’autonomie d’Albero (Albero, 2003) :
technique, informationnel, méthodologique, social, cognitif,
métacognitif, psycho-affectif. Suivant Nissen (Nissen, 2014),
nous regroupons certains domaines. De la sorte, « social »
et « psycho-affectif » figurent dans une
macro-catégorie nommée « socio-affectif ».
Précisons en outre que, dans notre discipline, le
« cognitif » recouvre le langagier, le métalangagier
et le culturel puisque langue et culture sont étroitement liées.
En parallèle de cette typologie, Demaizière (Demaizière, 2007) souligne quelques points susceptibles d’enrichir notre analyse : la
fréquence, le moment, le caractère réactif ou proactif, le
degré, la pertinence, le canal de l’aide.
La cinquième dimension a trait à l’évaluation,
concept trop souvent réduit à la distinction rapide entre
évaluation formative et sommative. De Ketele (De Ketele, 2010, p. 26) précise que la finalité de l’évaluation
« est de fonder des prises de décision et non de porter des
jugements sur les personnes » et identifie trois fonctions ou
« pour quoi » de l’évaluation :
« l’orientation [...] : pour orienter une nouvelle action
à entreprendre ; la régulation ou évaluation formative
[...] : pour améliorer une action en cours ; la certification
[...] : pour certifier socialement une action considérée
comme terminée ». A la fonction, De Ketele adjoint la
démarche, qui se réfère au « comment ».
La démarche sommative consiste à « mettre une
note », la démarche descriptive à « identifier
et décrire » et la démarche herméneutique
à « donner sens ». Quant aux
« qualités » nécessaires au processus
évaluatif, il s’agit de la pertinence, la validité et la
fiabilité de l’évaluation. Du point de vue du contenu de
l’évaluation en langues, on distingue l’évaluation des
activités de communication (compréhension orale/écrite,
production orale/écrite) et l’évaluation des
compétences (linguistiques, sociolinguistiques, pragmatiques), sachant
qu’il peut dans tous les cas s’agir
d’hétéro-évaluation, d’auto-évaluation
ou d’évaluation mutuelle entre pairs.
Notons que nous différencions bien l’évaluation de la
correction, même si les deux sont complexes dans un contexte massif en
langues. La correction correspond à l’acte de « rectifier une
(des) production(s) lors de certaines activités » (Cuq, 2003, p. 58) ;
elle fait donc partie intégrante de ces dernières alors que
l’évaluation est une dimension en soi.
La dernière dimension est celle de l’analyse des artefacts
techniques. La notion d’utilisabilité de Tricot et al. (Tricot et al., 2003) et l’approche « techno-sémiopragmatique » (TSP)
de Peraya (Peraya, 1999) seront mobilisées.
Dans le cadre global de l’approche socio-technique, nous nous
appuierons sur les six dimensions spécifiques que nous venons de
présenter afin de répondre à notre première question
de recherche portant sur la gestion de la massivité dans la conception
pédagogique du LMOOC étudié. Nous en déduirons des
éléments quant aux apprentissages langagiers potentiels dans cet
environnement de formation, point faisant l’objet de notre deuxième
question de recherche.
3. Méthodologie
Rappelons que notre étude a une visée
de compréhension et une finalité de transformation sociale. Dans
ce but, il s’avère indispensable de récolter des
données empiriques en situation écologique. De par sa
finalité, notre travail relève de la démarche descriptive (Gagné et al., 1989) et, dans ce cadre, nous faisons le choix d’une méthodologie
qualitative. Au sein des recherches descriptives, notre démarche
d’investigation est celle de l’étude de cas. Pour les raisons
invoquées (cf. 2.3.1), notre étude de cas ne prendra en compte
qu’une partie du réel.
Concernant les critères de sélection de notre terrain, nous
avons choisi le MOOC « Exploring English: Language and
Culture » (EELC) (British Council, 2016) car il se distingue notamment par sa précocité (1ère
session en septembre 2014), sa pérennité (6ème session en
juillet 2016), l’expertise de ses concepteurs pédagogiques (British
Council) et des concepteurs de la plate-forme qui l’héberge
(FutureLearn, qui dépend de l’Open University) ainsi que par son
nombre important de participants. L’existence de publications
préalables portant sur ce LMOOC incitait également au prolongement
de la réflexion.
Pour ce qui est des « techniques de prélèvement des
données » et des « instruments
d’observation » (Gagné et al., 1989),
nous avons choisi de recueillir, à un niveau méso, des
données issues de la 5ème session du MOOC EELC qui
s’est déroulée du 22/02/2016 au 02/03/2016. Il s’agit
de la session clôturée la plus récente et donc la plus
aboutie en termes de conception pédagogique au moment de la
rédaction de cet article. Pour ce faire, nous avons réalisé
une observation directe et fait des captures d’écran de
l’environnement de formation. Ces éléments relèvent
principalement de la « logique instrumentale » liée
au « fonctionnel de référence » (Albero, 2011).
Au croisement des niveaux méso et macro, nous avons recueilli sur le web
(billets de blogs, sites web) des discours d’acteurs plus ou moins
impliqués dans la conception du MOOC (directrice de l’anglais au
British Council, premier concepteur du MOOC, intervenants de FutureLearn). Ces
éléments relèvent à la fois de la
« logique axiologique » (liée à
l’ « idéel »), de la logique
« instrumentale » et de la logique
« existentielle » (liée au
« vécu ») (Albero, 2011).
Notons que pour asseoir la validité de notre analyse, nous avons
procédé à une triangulation des données
invoquées (Van der Maren, 1996) émanant de l’observation directe et des discours recueillis.
L’analyse de ces données repose essentiellement sur une analyse
de contenu, même si l’analyse de discours sera mobilisée
ponctuellement.
4. Analyse de la conception pédagogique d’un MOOC
d’anglais au prisme de la question de la massivité
4.1. Présentation et contexte du MOOC EELC
Le MOOC EELC est destiné à des
apprenants en cours d’acquisition du niveau B1 du Cadre Européen
Commun de Référence pour les langues (Conseil de l’Europe, 2001).
Il est composé de 6 semaines de cours et le temps de travail apprenant
est estimé à environ 2h hebdomadaires.
Le modèle économique actuel de FutureLearn, qui héberge
EELC, repose sur les attestations payantes de participation et la passation
d’examens certifiés en présentiel pour certains cours, ce
qui ne lui permet pour l’instant toujours pas d’atteindre
l’autosuffisance (Legras, 2015).
Comme pour beaucoup de MOOC (Hollands et Tirthali, 2014),
outre la dimension pédagogique, l’un des objectifs d’EELC est
la visibilité de l’institution conceptrice (British Council, 2014),
que peut permettre le rayonnement massif. Ce contexte économique influe
sur la conception pédagogique : le fait que le MOOC EELC soit une
vitrine du savoir-faire du British Council et serve de produit d’appel
pour des formations payantes (Keep in touch - Activity 6.14)
implique pour cet organisme de trouver le bon équilibre entre,
d’une part, le coût de conception et d’accompagnement
pédagogiques dans le dispositif et, d’autre part, les
retombées possibles en termes d’image, visibilité,
inscriptions à des cours payants, etc. Cette tendance illustre bien le
phénomène de « servicialisation » des
ressources (Bruillard, 2015) où les MOOC (y compris EELC) fonctionnent sur un modèle freemium (Mœglin, 2014).
4.2. Activités pédagogiques
L’orientation didactico-pédagogique présentée par
Cavey (Cavey, 2014a),
enseignant référent du MOOC pour les trois premières
sessions, ancre la conception pédagogique de cette formation dans
l’approche par les tâches anglo-saxonne (cf. ci-dessous), ce qui
s’inscrit dans la lignée des travaux récents en DDL.
Les concepteurs du MOOC ont fait le choix de ne pas cibler d’objectifs
pédagogiques précis pour travailler la langue et la culture
anglaise mais de miser avant tout sur la richesse attendue des interactions
entre participants. Si l’on peut s’interroger sur la pertinence
d’un cours sans objectifs clairs, il est certain que l’ouverture du
MOOC en termes de programme et de public, de même que le choix de la
culture britannique comme thématique transversale (cf. thèmes des
six semaines : l’anglais, la musique, la campagne, la
littérature, l’environnement, l’entreprenariat), permettent
potentiellement de générer de nombreux échanges. Notons que
la propension de ce LMOOC pour l’interaction correspond à
l’orientation socioconstructiviste de FutureLearn, basée, selon
Ferguson et Sharples (Ferguson et Sharples, 2014),
sur le cadre conversationnel de Pask (Pask, 1976) et
Laurillard (Laurillard, 2002).
Les activités de chaque semaine s’articulent autour d’un
schéma directeur dont la trame générale est la
suivante :
- « share your thoughts/impressions about British
music/literature/countryside, etc.,
- watch a video and look at some language,
- share something from your own country or
culture »4 (Cavey, 2014b).
Si une réelle liberté en termes d’organisation temporelle
est laissée aux apprenants (tous les contenus du MOOC sont totalement
accessibles dès la première semaine), en revanche, la
scénarisation de la progression pédagogique offre a priori peu de
place à des choix de parcours distincts.
En ce qui concerne les activités en elles-mêmes, nous remarquons
que le MOOC EELC propose à la fois des tâches et des exercices.
Parmi les tâches, nous repérons des tâches ouvertes,
c’est-à-dire comportant une production et nécessitant une
correction humaine (Mangenot et Louveau, 2006).
Dans EELC, les tâches ouvertes sont de deux sortes : des tâches
– majoritaires –sans visée linguistique
particulière (« unfocused tasks ») et des
tâches visant un aspect particulier de la langue (« focused
tasks ») (Ellis, 2003)5.
Ce sont toutes deux des activités de production – et
potentiellement d’interaction – écrite sur forum. Une
seule tâche ouverte de production orale asynchrone – assez peu
authentique – est proposée en semaine 5 (activité 5.9).
Elle consiste à enregistrer un court commentaire audio sur le
thème de la semaine via l’outil Vocaroo.
La figure 1 présente un exemple de tâche sans visée
linguistique particulière. Cette activité, représentative
de la plupart des tâches ouvertes du MOOC, remplit les critères de
la tâche (cf. 2.3.2). Comme toutes les tâches de ce type, un fort
accent est mis sur la dimension interculturelle, avec un aspect narratif (on se
raconte) afin de susciter l’intérêt des participants et donc
l’interaction. Les tâches reposent à la fois sur des
échanges d’opinion (« opinion gap
tasks ») (Ellis, 2003),
comme l’indique la consigne « share your
thoughts » et des échanges d’informations
(« information gap tasks »), ce qui laisse une
certaine liberté aux apprenants dans leurs réponses. Toutefois,
aucun échange n’est obligatoire.
Figure 1 • Copie d’écran : consigne de
l’activité 2.2
Les tâches visant un aspect particulier de la langue sont, quant
à elles, présentes une fois par semaine (excepté la
première semaine) ; la figure 2 en donne un exemple.
Figure 2 •
Copie d’écran : consigne de l’activité 2.11
(Did you notice?)
Ces tâches mêlent le repérage de la forme
(« noticing ») et la prise de conscience du
phénomène linguistique (« consciousness
raising ») (Ellis, 2003),
deux éléments importants dans le processus cognitif
d’attention sur la forme.
Il convient d’insister sur le fait qu’aucune correction
(linguistique, sociolinguistique ou pragmatique) des productions écrites
n’est proposée (hétéro-correction) ou incitée
(correction mutuelle entre pairs ou auto-correction). L’absence de
correction induit un risque de fossilisation des erreurs chez les apprenants (Ellis, 2003), ce
qui peut entraver le processus d’apprentissage de la langue.
Outre les tâches ouvertes, des tâches fermées (sans
production et avec correction par la machine), de type questionnaires à
choix multiples (QCM) ou questionnaires à choix unique (QCU), sont
proposées dans ce MOOC : Check your understanding - Activity
4.7. Ces activités autocorrectives de réception orale sont
utiles pour entraîner la compréhension, même si elles
n’impliquent aucun échange entre apprenants. Relevons le peu de
variété des types d’activités autocorrectives sur
FutureLearn. Les types habituels en ALAO (par ex. : questionnaires à
réponses ouvertes et courtes, tableaux à compléter,
appariements, classements, etc.) sont absents de la plate-forme.
Enfin, EELC contient des exercices focalisés sur la forme
(grammaire/vocabulaire) : Check your understanding - Activity 5.8.
S’ils permettent de s’exercer pour systématiser des
processus, ils sont en revanche totalement décontextualisés, ce
qui rend plus difficile le transfert et la mobilisation de ces processus dans
des situations de communication authentique.
Pour conclure, nous estimons que la scénarisation des activités
du MOOC EELC exploite bien certains des apports didactico-pédagogiques
des recherches en TBLT/ALAO en proposant aux participants des tâches et
des exercices adaptés à un contexte massif interculturel. Les
« focused tasks » (et, dans une moindre mesure, les
exercices), qui favorisent le travail sur la forme, sont bien
intégrés dans l’approche globale sur le sens. Nous pouvons
néanmoins regretter trois choses. La première, nous l’avons
soulignée, concerne l’absence de scénarisation en termes de
correction ou de traitement des erreurs des participants. Ceci est
préjudiciable pour l’évolution de l’interlangue des
apprenants et donc pour leur progression dans l’apprentissage (Narcy-Combes, 2009).
La deuxième limite concerne les tâches ouvertes. Ellis (Ellis, 2003) montre que les tâches ne nécessitant pas de prise de
décision finale – ce qui est le cas de toutes les tâches
de EELC – génèrent moins de négociation du sens
car les apprenants abandonnent plus facilement que lorsqu’ils ont un
défi à relever. Ce type de conversation, moins exigeant, suscite
par conséquent moins d’interactions et se révèle
moins bénéfique pour l’apprentissage. Néanmoins, il
convient de reconnaître que les tâches comportant une prise de
décision finale sont compliquées à mettre en œuvre
dans une formation ouverte massive car elles nécessitent une forte
implication des apprenants et des outils plus adaptés que les forums. La
dernière limite est liée à la faible ouverture (Jézégou, 2005) de ce LMOOC en termes d’activités et de choix proposés.
Cette ouverture serait susceptible de mieux répondre à la
diversité des profils des apprenants mais engendrerait un temps de
conception/scénarisation plus long qui romprait probablement
l’équilibre coût/gains.
4.3. Scénario de communication
Nous reprenons ici les cinq paramètres de Mangenot (Mangenot, 2008a).
Le premier concerne le travail collectif. Les consignes des tâches
ouvertes (cf. Figures 1 et 2) engagent les participants dans des échanges
relevant du premier degré d’apprentissage collectif, celui de la
mutualisation, « où chaque apprenant donne son point de vue sur
un sujet, lit ce que les autres ont produit, mais n’interagit pas vraiment
avec ses pairs » (Dejean et Mangenot, 2006).
Ces auteurs précisent que « cette forme de travail peut sans
problème se faire en grand groupe », ce qui correspond bien aux
MOOC. Notons que les tâches proposées n’excluent pas des
moments de discussion entre les participants avec la prise en compte, dans les
productions écrites, des messages des uns par les autres. Afin de tendre
vers la discussion, les concepteurs ont su tirer parti des
caractéristiques techno-sémiopragmatiques de FutureLearn (cf.
4.7). Dans les deux cas (mutualisation et discussion), il n’est
prévu aucun travail en groupe ni production commune, ce qui implique
moins d’interactions et de négociation du sens.
Passons aux paramètres sociaux et communicationnels (liés
à des aspects des paramètres instrumentaux). La modalité
d’échange principale visée par le scénario de
communication est la communication de tous vers tous par le biais des forums.
Cette communication est publique, qu’il s’agisse des échanges
sur les forums de FutureLearn (pour les tâches) ou sur les réseaux
sociaux (pour les aides, cf. 4.5). Pour ce qui est des forums, le fait de
pouvoir « répondre à » ou
« liker » un message, suivre une personne dans le MOOC,
suivre des échanges sur les réseaux sociaux via le hashtag #FLlearnenglish sont
autant d’éléments susceptibles d’inciter les
participants à se lire les uns les autres et de favoriser la discussion,
même s’il reste peu probable que toutes les contributions soient
lues (Mangenot, 2016).
La possibilité d’échanger autour du MOOC via les
réseaux sociaux (Facebook, Twitter, YouTube, etc.) permet par ailleurs
une ouverture sur le web social en faisant sortir les participants de cette
immense salle de classe virtuelle qu’est le MOOC vers des situations
sociales encore plus authentiques. Toutefois, les échanges sur les
réseaux sociaux ne sont qu’à la marge du scénario de
communication, seuls les forums étant au cœur de la
scénarisation pédagogique (en lien direct avec les tâches).
Cela se justifie probablement, là encore, par un souci de gestion
efficace et peu coûteuse du MOOC.
Concernant les paramètres temporels, les échanges liés
aux tâches ouvertes (au nombre de trois à cinq par semaine) ont
lieu sur forums et sont donc asynchrones. Cette modalité présente
l’avantage de la flexibilité pour les participants et leur permet
de prendre le temps de rédiger leurs productions (Mangenot, 2004).
Rappelons que les forums du MOOC restent ouverts même lorsqu’une
nouvelle session (avec de nouveaux forums) commence. Les échanges
synchrones en visioconférence et quasi-synchrones par chat,
considérés comme des aides, seront abordés dans la partie
correspondante (cf. 4.5).
D’un point de vue instrumental, l’utilisation du forum avec un
très grand nombre de participants peut poser problème (Mangenot, 2015).
En effet, malgré des fonctionnalités facilitant le repérage
dans les messages (cf. 4.7), les apprenants peuvent vite se sentir perdus dans
la masse des productions postées. Pour l’unique tâche ouverte
de production orale asynchrone (cf. 4.2), un outil externe à la
plate-forme (Vocaroo) a été choisi puisque FutureLearn
ne propose pas (encore ?) ce type de fonctionnalités.
Les paramètres d’encadrement, quant à eux, constituent
une des gageures des MOOC au vu des facteurs « nombre de
participants » versus « coût du tutorat ».
Dans la petite « foire aux questions » figurant sur la page
de présentation du MOOC EELC, nous trouvons l’information
suivante : « Online tutors from the British Council will be
monitoring and guiding the discussion, responding to learners and answering
their questions »6.
Une équipe de six enseignants du British Council participe
effectivement aux échanges du MOOC de façon réactive. Outre
les réponses apportées sur les forums à propos des
tâches (principalement au lancement de chaque forum),
l’équipe aide également les participants sur d’autres
aspects et de diverses manières (cf. 4.5). Par ailleurs, rappelons que la
scénarisation pédagogique met l’accent sur des tâches
sans visée linguistique particulière. La focalisation sur le sens
des productions écrites et sur la communication limite ainsi les attentes
en termes de correction de la part des tuteurs ou des pairs. Enfin, comme le
souligne Mangenot (Mangenot, 2015),
les tuteurs ont recours à trois « techniques » pour
donner aux participants le sentiment d’être soutenus dans la
réalisation des tâches. D’une part, les mails et bilans de
fin de semaine de l’équipe pédagogique font toujours
référence aux messages des apprenants sur les forums, ce qui peut
donner à ces derniers l’impression d’être lus.
D’autre part, les tuteurs incitent les apprenants à
« liker » les messages des autres participants : cela
permet aux tuteurs d’identifier les messages les plus
appréciés, d’y réagir et de toucher ainsi une cible
plus vaste. La dernière technique évoquée concerne
l’encouragement à échanger entre pairs, qui contourne le
défi de l’encadrement professionnel.
En conclusion, le scénario de communication du MOOC EELC nous semble
très minimal et ne facilitant guère les apprentissages langagiers.
Si les échanges sont effectivement incités, c’est au
degré le plus bas et, évidemment, sans accompagnement expert. En
matière de travail prescrit, on peut donc s’attendre à une
majorité de productions « en l’air », sans
réponse ni négociation du sens ni correction mais faisant croire
à des interactions en raison du nombre important de messages.
4.4. Ressources d’enseignement et d’apprentissage (REA)
Le MOOC EELC contient des ressources d’enseignement et
d’apprentissage (REA) directement liées aux activités
pédagogiques et d’autres qui relèvent plutôt de
ressources complémentaires. La première catégorie
émane uniquement de l’équipe de conception alors que la
seconde mêle ressources de l’équipe et contenus
générés par les utilisateurs (CGU), une façon de
s’appuyer sur la dimension massive en valorisant les apports des
apprenants.
Les REA du MOOC reposent sur quelques canaux distincts, relativement peu
variés pour ce qui est des ressources en lien avec les
activités.
- La vidéo : une partie des vidéos correspond aux
ressources pour les activités, l’autre, aux aides (cf. 4.5).
- L’écrit : nous ne détaillerons pas cette
catégorie de ressource, très minoritaire dans le MOOC.
- Des sites web, des documents PDF, des enregistrements audio :
ce sont des ressources complémentaires aux activités.
Etudions de façon plus approfondie les REA les plus
représentées dans le MOOC EELC : les vidéos
liées aux activités pédagogiques. Nous détaillons,
en nous basant notamment sur (Guo et al., 2014) ainsi que sur (Hansch et al., 2015),
l’objectif pédagogique des vidéos, le genre, la
durée, l’origine, le degré de didactisation, le type de
production, la qualité et la temporalité des vidéos.
Les vidéos de compréhension orale permettent d’avoir
accès à la langue dans différents contextes
d’utilisation dans le but de s’entrainer à la comprendre.
Elles relèvent exclusivement du genre « reportage ».
Ces vidéos, qui durent moins de trois minutes, sont toutes extraites du
site LearnEnglish du British Council
(https://learnenglish.britishcouncil.org/en/britain-great). Bien que très
proches des vidéos authentiques de la campagne de communication du
gouvernement britannique « Britain is GREAT »
(http://www.greatbritaincampaign.com) de par la proximité des
thèmes et des intervenants, ces vidéos ont cependant
été réalisées par le British Council dans un
objectif pédagogique pour l’enseignement/apprentissage de
l’anglais. Ainsi, le débit, le contenu, l’accent, le
vocabulaire ont été adaptés. Il s’agit donc de
documents que nous pourrions qualifier de moyennement didactisés :
ils sont proches de documents authentiques dans leur nature (les personnes
interviewées jouent par exemple leur propre rôle) mais ont
cependant été réécrits pour un contexte
pédagogique – bien qu’ils ne contiennent pas
d’« appareil didactique facilitateur » (Rézeau, 2001) tel des explications ou des questions. Nous estimons que ces vidéos sont
potentiellement authentiques en ce qui concerne leur réception par les
participants. De plus, elles nous semblent tout à fait adaptées
à l’objectif pédagogique et au niveau visé par le
MOOC et nous paraissent par conséquent en adéquation avec le
processus d’apprentissage (Hutchinson et Waters, 1987).
Quant au type de production, ce sont des vidéos semblables à de
courts reportages que l’on pourrait voir sur le web, de qualité
professionnelle.
Passons à présent aux vidéos dont l’objectif
pédagogique est la transmission de savoirs au sens large. Dans le MOOC
EELC, ces vidéos sont exclusivement métalinguistiques. Elles
appartiennent au genre le plus répandu dans les MOOC (Guo et al., 2014) :
le cours magistral. D’une durée de moins de trois minutes, ces
vidéos ont été créées spécialement
pour le MOOC dans un objectif pédagogique. Elles sont pour nous à
la limite entre ressources et aides. En effet, étant très
contextualisées (cf. aides), elles devraient être
accompagnées des vidéos de compréhension orale, auxquelles
elles font souvent référence, pour être
réutilisées en tant que ressource de type « capsule
pédagogique ». Elles oscillent également entre documents
authentiques et documents didactisés. Avec ces derniers, elles ont en
commun d’être en elles-mêmes des « appareils
didactiques facilitateurs », puisqu’elles sont
constituées d’explications et de réponses aux questions que
se posent probablement les apprenants sur les points linguistiques
abordés. Des ressources authentiques, elles ont
l’authenticité communicationnelle dans la mesure où la
présentatrice explique aux apprenants le fonctionnement de tel ou tel
point linguistique et où elles ne sont pas extraites de leur
environnement d’origine : le MOOC est leur environnement
d’origine. Outre l’authenticité d’origine et de
réception de ces vidéos (que nous considérons comme
très probable chez les apprenants, s’agissant d’une
leçon de grammaire assez habituelle), l’usage pédagogique
qui en est fait nous paraît tout à fait pertinent : ces
ressources, par leur focalisation sur un aspect particulier de la langue,
d’une part, aident à une meilleure compréhension des
vidéos de compréhension orale et peuvent ainsi faciliter les
tâches de compréhension orale et, d’autre part, sont suivies
d’exercices de pratique du point de langue. Le choix technique de
production est celui de la présentation télévisée
avec prompteur (« talking head »), en mode
asynchrone. Quelques incrustations d’extraits de la vidéo
thématique de la semaine et de mots clés viennent illustrer le
discours de l’enseignante. La qualité de ces vidéos est
correcte.
En ce qui concerne les ressources complémentaires, celles directement
liées aux activités pédagogiques viennent
quasi-exclusivement compléter les activités linguistiques. Il
s’agit de liens vers des pages du site d’enseignement/apprentissage
LearnEnglish https://learnenglish.britishcouncil.org/en/grammar-and-vocabulary.
Ces REA (ressources d’enseignement et d’apprentissage) sont de type
didactique (sauf en S4 avec quelques documents authentiques) et sont des
ressources réutilisées.
Il ressort de cette analyse des REA du MOOC EELC que l’équipe
pédagogique a su gérer la dimension
« industrielle » en trouvant un équilibre entre la
qualité des ressources et le coût de celles-ci. Ainsi, les REA
réutilisées/réutilisables (vidéos, ressources
complémentaires) sont d’une excellente qualité technique et
pédagogique, fondées sur des scénarios
élaborés pour ce qui est des vidéos. Par opposition, les
vidéos créées spécifiquement pour le MOOC, et par
conséquent moins facilement réutilisables, sont plus modestes du
point de vue de leur réalisation technique et de leur
scénarisation (même si leur usage pédagogique est pertinent,
comme nous l’avons montré ci-dessus). Remarquons que les
véritables REA (réutilisées) ne sont pour autant pas
réutilisables par tous ! Le copyright du British Council est
présent sur toutes les pages où figurent des ressources de
l’institution. Nous sommes donc encore loin des ressources
éducatives libres (REL) prônées, entre autres, par
FutureLearn (https://about.futurelearn.com/terms/openness). Soulignons enfin le
manque de variété et de choix en termes de ressources pour les
apprenants, qui s’explique sans aucun doute par des questions de
coûts.
4.5. Aides
Commençons l’analyse des aides du MOOC EELC par les aides
socio-affectives, supposées nombreuses dans ce MOOC en raison de son
tropisme pour les échanges. Les aides non humaines sont peu manifestes.
Ainsi, seul un lien vers un article décrivant les « six tips
and tools for social learning on FutureLearn »
(https://about.futurelearn.com/blog/6-social-learning-tips/) oriente les
apprenants au début du MOOC. La présentation de
l’équipe en photos et des apprenants sur une carte permet
néanmoins de découvrir les autres participants pour
éventuellement communiquer avec eux. Du côté des aides
humaines médiatisées, l’équipe pédagogique
soutient les apprenants à travers des mails hebdomadaires plutôt
proactifs (début de semaine) et plutôt réactifs (fin de
semaine) qui rythment l’accompagnement tutoral (De Lièvre et Depover, 2001).
Pour Mangenot (Mangenot, 2015),
la technique qui « a consisté à envoyer des messages
conviviaux assez dithyrambiques donnant l’illusion d’une lecture par
les tuteurs » « relève un peu de
l’artifice ». Signalons cependant que l’aide sociale (et,
dans une moindre mesure, affective) individuelle et collective de
l’équipe pédagogique a toute sa place dans les rendez-vous
synchrones en visioconférence (outil Blab) et sur Facebook et Twitter
d’une part, et, d’autre part, dans les vidéos asynchrones de
bilan hebdomadaire. De la sorte, les visioconférences synchrones, par le
sentiment de présence socio-affective à distance qu’elles
sont susceptibles de véhiculer, peuvent réduire la distance
transactionnelle entre participants (Jézégou, 2010), (Jézégou, 2012), (Moore, 1993). Le
reste de l’aide socio-affective est relégué au bon vouloir
des pairs grâce aux artefacts techniques susceptibles de la favoriser (cf.
effets de réseau des médias sociaux, onglet
« activity » sur FutureLearn dans lequel sont
regroupés les échanges de chaque participant,
fonctionnalités « like »,
« follow », « # »).
Les aides cognitivo-(méta)langagières sont étonnamment
peu représentées pour une formation en langues, où
l’on trouve habituellement des liens vers un dictionnaire, un traducteur,
un correcteur automatique en langue cible, etc. Nous inférons qu’il
s’agit de pré-requis (non explicites) au MOOC. Les principales
aides sont celles facilitant la compréhension orale des
vidéos : sous-titres, réglage du débit, transcription,
etc. Les feedback des quiz pourraient éventuellement être
considérés comme des aides mais ils restent imprécis et
impersonnels. Sur le plan humain, nous relevons les mêmes artefacts
d’aide que pour la dimension socio-affective, sachant que les chats
(Facebook/Twitter) portent sur du linguistique et les visioconférences
(Blab) sur du linguistique et du culturel. Dans ces deux rendez-vous, chaque
apprenant peut s’exprimer et recevoir immédiatement une
réponse personnalisée à ses questions, ce qui participe
potentiellement des présences socio-cognitive et pédagogique ainsi
que de la réduction de la distance transactionnelle.
Concernant les aides techniques, la navigation relativement aisée sur
FutureLearn peut expliquer la quasi-absence de ce type d’aide dans le MOOC
EELC. Notons que FutureLearn propose une FAQ, des tutoriels, un blog et une
fonctionnalité « ? » présente sur chaque page
de la plate-forme (et du MOOC) pour répondre par mail aux questions des
participants. Le fait que ces aides soient positionnées au niveau de la
plate-forme évite de les ajouter dans chacun des MOOC.
Les aides méthodologiques sont, quant à elles, assez
présentes. Au niveau de la plate-forme, le blog de FutureLearn offre des
aides intéressantes pour organiser ses échanges avec les autres
participants (https://about.futurelearn.com/blog/6-social-learning-tips) et
tirer pleinement profit du MOOC EELC. Quelques éléments
ergonomiques et de navigation constituent également des aides
méthodologiques. C’est le cas du bouton « mark as
complete » qui calcule automatiquement le pourcentage
d’activités déclarées par l’apprenant comme
étant terminées (cf. onglet « progression »).
La modification des couleurs du planning au fur et à mesure du
déroulement de la formation donne par ailleurs à l’apprenant
la possibilité de mieux s’organiser dans sa formation. Au niveau du
MOOC, les éléments figurant sur la page de présentation
(objectifs, vidéo de présentation de la formation,
pré-requis) et le calendrier des activités sont autant
d’aides méthodologiques. L’équipe pédagogique
soutient légèrement les apprenants dans ce domaine via les mails
hebdomadaires, les vidéos d’introduction de chaque semaine et les
rappels sur tous les forums pour les rendez-vous synchrones et
quasi-synchrones.
Pour leur part, les aides informationnelles sont totalement inexistantes. Le
constat est le même pour les aides métacognitives.
En conclusion, nous remarquons que les aides sont globalement peu nombreuses,
ce qui était prévisible. Les types d’aide les plus
représentés sont l’aide technique (via les
fonctionnalités de FutureLearn), méthodologique, sociale et
cognitivo-langagière et, les moins représentés,
l’aide informationnelle, métacognitive et psycho-affective. Les
aides relèvent davantage du non humain (médiatisation) et, quand
elles sont humaines, reposent à la fois sur les pairs et sur
l’équipe pédagogique de façon principalement
collective. Nous touchons là aux limites des aides en contexte massif
dans la mesure où un des défis de l’aide est celui de
l’individualisation (Albero et Kaiser, 2009), (Tricot, 2004).
Un autre a trait à la dimension nécessairement humaine de
certaines aides, ce qui les positionne davantage du côté de
l’artisanat que de l’industrie.
4.6. Evaluation
En reprenant les différentes fonctions de l’évaluation,
nous constatons qu’il n’y a pas d’évaluation à
fonction d’orientation dans EELC. Le niveau B1 désigne un public
cible sur la page d’accueil, il n’est pas mentionné pour
auto-évaluer des pré-requis (non formulés).
En revanche, l’évaluation à fonction de régulation
est présente, essentiellement dans une démarche sommative à
travers les notes automatiques des quiz de compréhension orale et des
quiz linguistiques. Nous avons déjà souligné
l’intérêt des premiers et le manque de bien-fondé des
seconds. Une évaluation de régulation permettant des prises de
décision plus pertinentes quant à la suite de
l’apprentissage supposerait de compléter la démarche
sommative par une démarche descriptive ou herméneutique.
Toutefois, ces deux démarches ne peuvent être prises en charge par
une machine. Nous nous trouvons ici dans le cas dénoncé par
Demaizière (Demaizière, 2007),
qui déclare : « on semble postuler qu'on va apprendre en
étant testé et en recommençant pour tenter
d'améliorer son score, plutôt qu'en s'appropriant des
démarches adaptées. »
Quant aux tâches ouvertes de production/interaction écrite,
elles ne font l’objet d’aucune évaluation (ni correction)
dans la conception pédagogique, à moins de considérer les
« like » comme le degré binaire (0/1) de
l’évaluation de régulation à démarche
sommative. Mangenot (Mangenot, 2015) semble aller dans ce sens mais il s’agit pour nous plutôt
d’une appréciation que d’une évaluation. C’est
pourtant dans ce type de tâches que l’évaluation par les
pairs pourrait être mise en œuvre. Mais Ferguson et Sharples (Ferguson et Sharples, 2014) rappellent que, sur FutureLearn, « peer review is offered as a
formative learning activity, rather than as a method of
assessment »7 (p.102).
Ainsi, les concepteurs de la plateforme font bien la distinction entre
« relecture » (« review ») et
évaluation et paraissent être conscients qu’une
véritable évaluation nécessite des compétences
spécifiques inhérentes à la profession d’enseignant (De Ketele, 2010, p. 26).
Nous pourrions considérer le fait d’échanger avec les autres
apprenants dans les tâches ouvertes comme une relecture mais en aucun cas
comme une évaluation.
Passons à présent à la fonction de certification, dont
on entend beaucoup parler dans les MOOC. Là encore, la démarche
est sommative via la machine. Cependant, dans EELC, le certificat
suggéré en fin de formation correspond en fait à une simple
« attestation de participation ». Celle-ci est
proposée à la vente à chaque apprenant ayant
complété plus de 50% des étapes du cours. Les informations
recueillies et les critères d’évaluation pour cette
attestation sont pertinents, valides et fiables (cf. onglet
« progress »). En revanche, quel est
l’intérêt de cette évaluation (si ce n’est de
rapporter de l’argent à FutureLearn), dont les résultats ne
signifient rien et ne permettent aucune prise de décision pour la suite
de l’apprentissage ?
Pour conclure, il se révèle délicat d’attribuer du
sens au processus d’évaluation dans cette formation.
L’évaluation proposée ne permet pas de véritable
prise de décision et traduit une absence de réelle finalité
dans ce processus. Il convient néanmoins de rappeler que l’absence
– revendiquée – de syllabus pouvait laisser
présager une absence de réelle évaluation. Notre constat
est donc, en un sens, logique. Mais peut-on réellement parler de cours et
d’apprentissage sans évaluation réelle des activités
et compétences ? Dans le domaine de l’évaluation,
où l’analyse humaine est encore incontournable en langues, il est
manifeste que la logique d’industrialisation atteint là aussi ses
limites.
4.7. Artefacts techniques
Le MOOC EELC s’appuie à la fois sur
l’interface de FutureLearn et sur des interfaces externes à la
plate-forme.
Nous l’avons déjà brièvement évoqué,
le scénario d’utilisation (Tricot et Plégat-Soutjis, 2003) de FutureLearn est cohérent et simple sur le plan de la
fonctionnalité de l’interface. La figure 3 donne un
aperçu de cet environnement techno-sémiopragmatique (TSP).
Figure 3 • Environnement TSP de FutureLearn (onglet
« To do »)
Les quatre onglets avec icônes (communs à tous les MOOC de cette
plate-forme) sont parfois explicites (« To do »,
« Progress ») et parfois moins
(« Activity »,
« Replies »).
L’onglet « To do » contient logiquement les
activités pédagogiques, classées en « types
d’activité ». Les types choisis dans le MOOC EELC (tous les
types proposés par FutureLearn ne sont pas convoqués dans cette
formation) comprennent des dénominations de formats
(« Video ») impliquant des activités
pédagogiques, des activités pédagogiques identifiées
comme tel (« Discussion »,
« Quiz ») et d’autres éléments
dont la dénomination est parfois peu claire (cf.
« Article », qui contient des éléments
très divers).
L’onglet « Activity » permet de voir par
ordre antéchronologique les messages de tous les participants, des
personnes que l’on suit et ses propres messages, ceci sur tous les forums
du MOOC. Lorsque l’on clique sur un message dans cet onglet, on est
directement renvoyé au forum correspondant (avec les mêmes
fonctionnalités que celles visibles dans la figure 4).
L’onglet « Replies » offre un accès
aux réponses à ses propres messages et aux notifications
comprenant (ici encore) les réponses à ses propres messages, les
« like » de ses messages par d’autres
participants ainsi que la liste de ses « followers ».
Indiquons que FutureLearn procède actuellement à des modifications
de cet onglet.
Si le contenu de ces deux derniers onglets est finalement décevant en
termes de soutien à un enseignement/apprentissage de type
socioconstructiviste, précisons que la session 6 du MOOC EELC (en cours
au moment de la rédaction de cet article) propose à la place de
l’onglet « Replies » un onglet intitulé
« Study group » susceptible de traduire une
volonté de tâches plus collectives (George, 2001).
Comme dans la plupart des plateformes de MOOC, le seul artefact de
communication actuellement intégré à FutureLearn est
asynchrone de tous vers tous : il s’agit des forums
pédagogiques. De façon traditionnelle dans les MOOC, les
participants peuvent accéder aux forums de deux façons, à
la fois en-dessous de tout type d’activité pédagogique
(onglet « To do ») et via l’onglet
« Activity ». Si l’on retrouve dans les forums
de FutureLearn la plupart des caractéristiques identifiées, entre
autres, par Mangenot (Mangenot, 2008a),
la dimension massive des échanges représente, ici, comme dans les
autres MOOC, un réel enjeu. Ferguson et Sharples (Ferguson et Sharples, 2014) remarquent que, afin que les apprenants ne se sentent pas submergés et
obligés de lire toutes les contributions « the discussion is
initially hidden and only revealed by clicking a button; it is structured as a
simple flow with only one level of embedded
replies »8 (p.102).
D’autres caractéristiques de ces forums sont visibles dans la
figure 4.
Figure 4 • Copie d’écran du forum de
l’activité 6.3 du MOOC EELC
Nous observons sur cette figure que FutureLearn intègre des
fonctionnalités techno-sémiopragmatiques habituellement
rencontrées sur les réseaux sociaux. Le design pédagogique
de cette plate-forme correspond ainsi en partie à ce que Ferguson et
Sharples (Ferguson et Sharples, 2014) appellent de leur vœux. Ils estiment en effet que les
« like » et autres éléments
d’évaluation issus du web social (badges, profil, nombre de
« followers », etc.) doivent être pris en
considération dans la conception pédagogique des MOOC car ils sont
autant d’indicateurs de confiance, de compétence et donc
d’aide potentielle pour les pairs.
Le contenu de l’onglet « Progress » est
très simple à comprendre et très visuel grâce au
pourcentage d’activités déclarées comme
réalisées et au dessin qui l’accompagne.
Pour ce qui est des interfaces externes à la plate-forme, nous
relevons principalement la page Facebook « BBCLearning
English », le groupe fermé « Exploring English
MOOC Group » sur Facebook, la chaîne YouTube
« BBCLearningEnglish », le hashtag #FLlearnenglish,
l’artefact de visioconférence Blab, l’artefact
d’enregistrement vocal Vocaroo, GoogleDrive. Nous
n’évaluerons pas ici les interfaces de ces artefacts techniques,
travail fait par ailleurs dans la littérature, notamment en SIC et en
EIAH. Nous nous contenterons simplement de noter que les participants au MOOC
EELC utilisent probablement déjà certains de ces artefacts
techniques (Facebook, au moins) dans leur sphère privée, ce qui
contribue à mêler contextes d’apprentissage formel et
informel dans une dynamique d’apprentissage tout au long de la vie.
En nous basant sur les critères ergonomiques de Tricot et
Plégat-Soutjis (Tricot et Plégat-Soutjis, 2003),
il apparaît, en conclusion, que l’interface de FutureLearn
présente une cohésion graphique, une bonne structuration de
l’espace, des actions simples et concises et des fonctionnalités en
général explicites et cohérentes, ce qui est susceptible de
favoriser son utilisation. Cependant, la représentation des connaissances
(cf. types d’activités) se révèle être parfois
un peu confuse même si la mise en forme des textes, les images, etc. sont
tout à fait satisfaisantes. Par ailleurs, il convient de noter le manque
de flexibilité de l’interface (Tricot et Plégat-Soutjis, 2003),
qui n’offre aucun « historique de parcours » ou
« carnet de signets » pour prendre les exemples
donnés par ces auteurs.
5. Discussion
En accord avec Mangenot (Mangenot, 2015),
nous estimons que les tâches ouvertes proposées dans le MOOC EELC
sont bien scénarisées et plus pertinentes (au regard des
critères définis précédemment) que les
activités pédagogiques existant dans d’autres LMOOC, par
exemple le MOOC de FLE A2 (Alliance française de Paris, s.d.), où
les tâches incitent peu à l’interaction, ou le MOOC
« Spice up your English » (Université libre de
Bruxelles, s.d.), où quasiment aucune production n’est
demandée aux apprenants. Cependant, nous avons souligné les
limites des tâches du MOOC EELC. Il conviendra d’analyser les
nouvelles activités se déroulant dans l’onglet
« Study group » afin de voir si de réelles
interactions (plutôt que de simples échanges) sont prévues
dans la scénarisation. Le travail en petit groupe devrait
également être facilitant.
En matière de scénario de communication, nous n’avons
pour l’instant pas trouvé d’exemple plus satisfaisant dans la
littérature ou dans d’autres LMOOC. Les modalités de
collaboration mentionnées par Bárcena et al. (Bárcena et al., 2014) relèvent en fait de la discussion puisque les apprenants ne travaillent
pas à un objectif commun mais réagissent simplement, en groupe
restreint, aux productions d’autres apprenants.
Pour ce qui est des aides, nous remarquons que, bien qu’à des
degrés différents, nous obtenons des résultats similaires
à ceux de Nissen (Nissen, 2007) alors que l’analyse de cette auteure porte sur des formations hybrides et
tutorées en langues. Ainsi, les aides informationnelles,
métacognitives et psycho-affectives sont globalement moins
présentes que les autres dans ces environnements et dans le MOOC EELC. Si
le format massif ne facilite pas les aides spécifiques (plus
coûteuses que les ressources), la faible proportion de certains types
d’aides pourrait néanmoins ne pas être seulement imputable
à ce facteur. Une recherche plus approfondie dans ce domaine serait
à mener. En matière d’aides cognitives
(généralement bien représentées mais assez peu dans
EELC), Bárcena et al. (Bárcena et al., 2014) présentent des éléments intéressants liés au
profil et aux performances des apprenants, ce qui va dans le sens d’une
certaine individualisation du soutien. Bien entendu, cela demande un temps de
scénarisation supplémentaire et engendre donc des coûts.
L’évaluation constitue également une réelle
difficulté, relevée dans tous les travaux de notre état de
l’art. Si Mangenot (Mangenot, 2016) souligne le caractère innovant de l’évaluation entre pairs
à grande échelle dans le cas des MOOC, les exemples de
Bárcena et al. (Bárcena et al., 2014) et du MOOC « Paroles de Fle » (Grolleau, 2016) reflètent bien les limites de ce type d’évaluation en
langues, malgré des grilles et des consignes très précises.
Bárcena et al. montrent que, par prudence et respect, les
apprenants ne corrigent et n’évaluent que ce dont ils sont
sûrs, laissant de côté des critères comme la
fluidité, la cohérence. Ces auteurs, tout comme Godwin-Jones (Godwin-Jones, 2014),
concluent sur le nécessaire accompagnement soit de l’équipe
pédagogique, soit de « super users », qui
pourraient être des « volunteer (or paid) native
speakers ».
6. Conclusion et perspectives
De l’analyse générale de la
gestion de la massivité dans la conception pédagogique du MOOC
EELC, il ressort que les points forts sont les tâches, les ressources et
les artefacts techniques alors que la correction des tâches, le
scénario de communication, les aides et l’évaluation,
domaines où l’accompagnement humain est plus important,
présentent des faiblesses. Si les tâches incitent aux
échanges en exploitant la dimension interculturelle massive,
l’absence de traitement des erreurs, le scénario de communication
et les modalités d’évaluation limitent a priori fortement
l’apprentissage potentiel.
La discussion ouvre des pistes d’amélioration des tâches
et du scénario de communication (avec des travaux en petits groupes),
pointe des recherches complémentaires à réaliser sur les
aides et souligne l’importance de l’humain expert pour
l’évaluation.
D’un point de vue méthodologique, il conviendrait à
présent d’analyser le travail réel d’apprenants dans
cet environnement afin d’étudier les liens entre les
caractéristiques de la conception pédagogique et
d’éventuels apprentissages langagiers. D’autres études
de cas de LMOOC permettraient également de procéder à des
comparaisons approfondies et, potentiellement, d’améliorer ces
environnements.
Dans une approche de recherche-développement et/ou de
recherche-action, il serait pertinent de prolonger ce travail en mettant
l’accent sur les solutions possibles pour pallier l’absence
d’accompagnement humain expert au sein de ces environnements. Ainsi, les
travaux au croisement des EIAH (Caron et Varga, 2009) et des langues (Perifanou, 2015) proposent des pistes dans la voie de l’individualisation de
l’apprentissage, ce qui pourrait aider à mieux identifier et
soutenir les apprenants qui en ont besoin. Par ailleurs, ne faudrait-il pas
considérer les LMOOC comme des ressources devant être
intégrées de façon plus globale dans l’environnement
personnel d’apprentissage des apprenants ? Dans un cadre
d’apprentissage formel ou non formel, cela pourrait impliquer
l’utilisation de LMOOC au sein de dispositifs hybrides. Beaven (Beaven, 2013) présente par exemple une étude de cas sur une hybridation en
anglais de spécialité à partir de MOOC en anglais mais non
de LMOOC. Rares sont encore les travaux portant sur l’utilisation hybride
de LMOOC en cours de langues. En formation continue, proposer des tuteurs
payants en ligne ou en présentiel serait une autre option. Dans tous les
contextes d’apprentissage, former les apprenants au développement
de leur autonomie en termes d’apprentissage des langues (Holec, 1990), (Oxford, 2011) pourrait également les aider à dépasser les limites des
LMOOC en allant chercher par eux-mêmes, dans leur environnement
d’apprentissage, les aides qui leur sont nécessaires.
7. Liste des abréviations
- ALAO Apprentissage des Langues
Assisté par Ordinateur
- DDL Didactique des langues
- EIAH Environnements Informatiques pour l’Apprentissage
Humain
- cMOOC Connectivist MOOC
- FLE Français Langue Étrangère
- LMOOC Language MOOC
- MOOC Massive Open Online Course
- MOOC EELC MOOC « Exploring English : Language
and Culture »
- QCM Questionnaire à choix multiple
- QCU Questionnaire à choix unique
- REA Ressources d’Enseignement et d’Apprentissage
- SIC Sciences de l’Information et de la Communication
- TBLT Task-Based Language Teaching
- TSP Techno-sémiopragmatique
À
propos de l’auteur
Laure Chotel est chargée d’enseignement et de
recherche en Français Langue Etrangère à
Télécom Ecole de Management, Institut Mines-Télécom.
Elle est également doctorante en sciences du langage au LIDILEM,
Université Grenoble Alpes, sous la direction de F. Mangenot. Ses travaux,
ancrés en SHS, portent sur l’apprentissage des langues
assisté par ordinateur.
Adresse : LIDILEM (Laboratoire de
Linguistique et Didactique des Langues Etrangères et Maternelles),
Université Grenoble AlpesBâtiment Stendhal CS40700, 38058 Grenoble
cedex 9 et Télécom Ecole de Management, IMT, Département
Langues et Sciences Humaines 9, rue Charles Fourier, 91000 Evry
Courriel : laure.chotel@telecom-em.eu
Toile : https://sites.google.com/site/laurechotel/
REFERENCES
Albero, B. (2003).
L’autoformation dans les dispositifs de formation ouverte et à
distance : instrumenter le développement de
l’autonomie dans les apprentissages. Dans I. Saleh, D. Lepage et S.
Bouyahi (dir.), Actes du colloque Les TIC au cœur de
l’enseignement à distance (p. 139‑159). Vincennes-St
Denis, France : Laboratoire Paragraphe.
Albero, B. (2010a). Penser le rapport entre formation et
objets techniques : repères conceptuels et
épistémologiques. Dans G. Leclercq et R. Varga (dir), Dispositifs de formation et environnements numériques : enjeux
pédagogiques et contraintes informatiques (p. 38–69). Paris,
France : Hermès/Lavoisier.
Albero, B. (2010b). Une approche sociotechnique des
environnements de formation. Rationalités, modèles et principes
d’action. Éducation et didactique, 4(1),
7–24.
Albero, B. (2011). Une approche trilogique des
dispositifs en formation : pourquoi « les choses ne
fonctionnent-elles jamais comme
prévu ? ». Dans C. Gaux et I. Vinatier
(dir.), Actes du colloque OUFOREP, Outils pour la formation,
l’éducation et la prévention : contribution de la
psychologie et des sciences de l’éducation (p. 59–63).
Nantes, France.
Albero, B. et Guérin, J. (2014). Note de
synthèse : l’intérêt pour
l’« activité » en sciences de
l’éducation. Vers une épistémologie
fédératrice ? TransFormations Recherches en
éducation et formation des adultes, 11, 11‑45.
Albero, B. et Kaiser, A. (2009). La formation à
distance sélectionne un public d’autodidactes :
résultats réflexifs à partir d’une enquête
à visée exploratoire. Savoirs, 21(3),
65–95.
Alliance française de Paris. (s.d.). Cours de
français langue étrangère A2.
Récupéré le 30 août 2016 du site de la plateforme
FUN : Disponible sur internet
Bárcena, E., Timothy Read, Martín-Monje, E.
et Castrillo de Larreta-Azelain, M. D. (2014). Analysing student participation
in Foreign Language MOOCs: A case study. Communication présentée
au EMOOCs 2014 European MOOCs Stakeholders Summit, Lausanne, Suisse.
Beaven, A. (2013). Using MOOCs in an Academic English
Course at University Level. Dans A. Beaven, A Cornas-Quinn et B. Sawhill (dir.), Case Studies of Openness in the Language Classroom (p. 217‑227).
Research-publishing.net.
Bétrancourt, M. (2014). L’évaluation
des effets des dispositifs de formation médiatisée : la
vision de l’ergonomie. Dans C. Peltier (dir), La médiatisation
de la formation et de l’apprentissage. Mélanges offerts à
Daniel Peraya (p. 151-166). Louvain-La-Neuve, Belgique : De Boeck.
Bibeau, R. (2005). Les TIC à
l’école : proposition de taxonomie et analyse des obstacles
à leur intégration. Revue de l’EPI. Disponible sur internet
British Council. (2014, 30 avril). First free online
course on FutureLearn announced. Disponible sur internet
British Council. (2016, 3 avril). Exploring English:
Language and Culture. Disponible sur internet
Bruillard, E. (2015). ReVEA, point
d’étape. Problématiques et méthodologies (Rapport, projet ANR ReVEA). STEF, ENS de Cachan et Institut français de
l’éducation. Disponible sur internet
Caron, P.-A. et Varga, R. (2009). Artefacts
malléables et perméables (AMP) pour mener des activités
pédagogiques. L’usager acteur et créateur de son dispositif
numérique. Distances et savoirs, 7(2), 155–177.
Cavey, C. (2014a, 28 juillet). Exploring English with
the British Council. Disponible sur internet
Cavey, C. (2014b, 23 novembre). What did the British
Council learn from the Exploring English: Language and Culture MOOC? Disponible sur internet
Charlier, B. (2014). Les MOOC : une innovation
à analyser. Distances et médiations des savoirs, 5. Disponible sur internet
Chotel, L. (2013). Pratique d’une langue
étrangère en autoformation sur un site d’apprentissage et de
réseautage en langues : analyse des interactions
médiatisées par chat. Dans C. Dejean-Thircuir, F. Mangenot, E.
Nissen et T. Soubrié (dir.), Actes du colloque EPAL 2013.
Grenoble, 6-8 juin. Disponible sur internet
Conseil de l’Europe. (2001). Cadre
européen commun de référence pour les langues. Paris,
France : Didier. Disponible sur internet
Cuq, J.-P. (2003). Dictionnaire de didactique du
français langue étrangère et seconde. Paris,
France : CLE International.
Daniel, J. (2012). Making Sense of MOOCs: Musings in a
Maze of Myth, Paradox and Possibility. Journal of Interactive Media in
Education, 3. Disponible sur internet
De Ketele, J.-M. (2010). Ne pas se tromper
d’évaluation. Revue française de linguistique
appliquée, 15(1), 25‑37.
De Lièvre, B. et Depover, C. (2001). Apports
d’une modalité de tutorat proactive ou réactive sur
l’utilisation des aides dans un hypermédia de formation à
distance. Dans, E. de Vries, J.-P. Pernin et J.-P. Peyrin (dir.), Actes du
colloque Hypermédias et apprentissages 5 (p. 323‑330). INRP,
EPI. Disponible sur internet
Dejean, C. et Mangenot, F. (2006). Tâches et
scénario de communication dans les classes virtuelles. Les Cahiers de
l’Asdifle, 17, 310–321.
Demaizière, F. (2004). Ressources et
guidage : définition d’une co-construction. Notions en
questions, 8, 81–103.
Demaizière, F. (2007). Didactique des langues et
TIC : les aides à l’apprentissage. Apprentissage des
Langues et Systèmes d’Information et de Communication (Alsic), 10(1), 5-21.
Ellis, R. (2003). Task-based language learning and
teaching. Oxford, UK : Oxford University Press.
Ferguson, R. et Sharples, M. (2014). Innovative pedagogy
at massive scale: Teaching and learning in MOOCs. Dans C. Rensing., S. de
Freitas, T. Ley et P.J. Muñoz-Merino (dir.), Proceedings of the 9th
European Conference on Technology Enhanced Learning (EC-TEL 2014), Open Learning
and Teaching in Educational Communities (LNCS 8719, p. 98–111).
Springer. Disponible sur internet
Gagné, G., Sprenger-Charolles, L., Lazure, R. et
Ropé, F. (1989). Recherches en didactique et acquisition du
français langue maternelle (1970-1984). Tome 1 : Cadre
conceptuel, thésaurus et lexique des mots-clés. Bruxelles,
Montréal, Paris : De Boeck-Université, Institut National de
la Recherche Pédagogique.
George, S. (2001). Apprentissage collectif à
distance. SPLACH : un environnement informatique support d’une
pédagogie de projet (Université du Maine). Disponible sur internet
Godwin-Jones, R. (2014). Global reach and local practice:
the promise of MOOCS. Language Learning and Technology, 18(3),
5‑15.
Gouvernement britannique. (s.d.). Great Britain - Welcome
to the great campaign. Récupéré le 14 juin 2016 du site de
la campagne Great Britain :
Grolleau, A.-C. (2016). Retour sur la conception du MOOC
« Paroles de FLE ». Innovation pédagogique. Disponible sur internet
Guo, P. J., Kim, J. et Rubin, R. (2014). How Video
Production Affects Student Engagement: An Empirical Study of MOOC Videos. Dans Proceedings of the First ACM Conference on Learning@Scale Conference (p.
41–50). New York, NY : ACM. doi:10.1145/2556325.2566239
Hansch, A., McConachie, K., Schmidt, P., Hillers, L.,
Newman, C. et Schildhauer, T. (2015). The Role of Video in Online Learning:
Findings From the Field and Critical Reflections (Rapport). TopMOOC Research
Project. Alexander von Humboldt Institut für Internet und Gesellschaft. Disponible sur internet
Holec, H. (1990). Qu’est-ce qu’apprendre
à apprendre. Mélanges Pédagogiques, 75‑87.
Hollands, F. M. et Tirthali, D. (2014). MOOCs:
Expectations and reality (Rapport). New York, NY : Center for
Benefit-Cost Studies of Education, Teachers College, Columbia University. Disponible sur internet
Hutchinson, T. et Waters, A. (1987). English for
specific purposes. Cambridge, Royaume-Uni : Cambridge University
Press.
Jézégou, A. (2005). Formations
ouvertes : libertés de choix et autodirection de
l’apprenant. Paris, France : L’Harmattan.
Jézégou, A. (2010). Créer de la
présence à distance en e-learning. Distances et savoirs, 8(2), 257–274.
Jézégou, A. (2012). La présence en
e-learning : modèle théorique et perspectives pour la
recherche. Revue de l’Éducation à Distance, 26(1).
Karsenti, T. (2013). MOOC, révolution ou simple
effet de mode ? Revue internationale des technologies en
pédagogie universitaire, 10(2), 6‑22.
Lamy, M.-N. et Hampel, R. (2007). Online Communication
in Language Teaching and Learning. Basingstoke, Royaume-Uni : Palgrave
McMillan.
Lancien, T. (1998). Le multimédia. Paris,
France : CLE International.
Laurillard, D. (2002). Rethinking University Teaching:
A Conversational Framework for the Effective Use of Learning Technologies (2e éd.). Londres, Royaume-Uni : Routledge.
Legras, E. (2015, 28 mai). La plateforme de Moocs
FutureLearn atteint son premier million d’inscrits et poursuit son
expansion. France in the United Kingdom - La France au Royaume-Uni. Disponible sur internet
Leplat, J. (1980). La psychologie ergonomique.
Paris : Presses universitaires de France.
Linard, M. (1989). Des machines et des hommes :
apprendre avec les nouvelles technologies. Paris, France :
L’Harmattan.
Mangenot, F. (2004). Analyse sémio-pragmatique des
forums pédagogiques sur Internet. Dans J.-M. Salaün et C.
Vandendorpe (dir.), Les défis de la publication sur le
Web : hyperlectures, cybertextes et méta-éditions (p. 103‑123). Villeurbanne, France : Presses de
l’Enssib.
Mangenot, F. (2008a). La question du scénario de
communication dans les interactions pédagogiques en ligne. Dans M. Sidir, E. Bruillard et G.-L. Baron (dir.), Actes du colloque JOCAIR, Journées communication et apprentissage instrumenté en
réseaux (p. 13–26). Paris, France :
Hermès-Lavoisier.
Mangenot, F. (2008b). Recherches françaises sur
les TICE à l’université. Gresec, Supplément
2008, Le déploiement des Tics dans l’enseignement
supérieur : évidences et tendances. Les Enjeux de
l’information et de la communication.
Mangenot, F. (2011). Spécificités du
tutorat en langues. Dans C. Depover , B.De Lièvre, D.
Peraya, J.-J.
Quintin et A.
Jaillet (dir.), Le tutorat en formation à distance (p.
213–226). Bruxelles, Belgique : De Boeck. Disponible sur internet
Mangenot, F. (2014). MOOC : hypothèses sur
l’engouement pour un objet mal identifié. Distances et
médiations des savoirs, (7). Disponible sur internet
Mangenot, F. (2015). Du e-learning aux
MOOC : quelle évolution des échanges en
ligne ? Dans C. Dejean-Thircuir, F. Mangenot, E. Nissen et T.
Soubrié (dir.), Actes du colloque EPAL 2015, Université
Grenoble Alpes, 4-6 juin. Disponible sur internet
Mangenot, F. (2016). Le numérique entre effets de
mode et réelle innovation. Dans A. Potolia, D. Jamborova-Lemay et P.
Pognan (dir.), Enseignement / apprentissage des langues et pratiques
numériques émergentes (p. 1‑14). Paris, France :
Archives contemporaines.
Mangenot, F. et Louveau, E. (2006). Internet et la
classe de langues. Paris, France : CLE international.
Mœglin, P. (2014). L’enseignement
supérieur au défi du numérique : de l’importance
d’un épiphénomène. Futuribles, 398,
5‑21.
de Montmollin, M. (1986). L’ergonomie (3e édition). Paris, France : La
Découverte.
Moore, M. G. (1993). Theory of transactional distance.
Dans D. Keegan (dir.), Theoretical principles of distance education (p.
22‑38). New York, NY : Routledge.
Moreira Teixeira, A. et Mota, J. (2014). A Proposal for
the Methodological Design of Collaborative Language MOOCs. Dans E.
Martín-Monje et E. Bárcena (dir.), Language MOOCs: Providing
Learning, Transcending Boundaries (p. 33‑47). Warsaw/Berlin : De
Gruyter Open.
Narcy-Combes, J.-P. (2009). La correction dans
l’enseignement/apprentissage des langues : un problème
malaisé à construire. Recherche et pratiques
pédagogiques en langues de spécialité. Cahiers de
l’Apliut, 28(3), 26‑38. doi:10.4000/apliut.78
Nissen, E. (2007). Quelles aides les formations hybrides
en langues proposent-elles à l’apprenant pour favoriser son
autonomie ? Apprentissage des Langues et Systèmes
d’Information et de Communication (Alsic), 10(1).
Nissen, E. (2011). Variations autour de la tâche
dans l’enseignement / apprentissage des langues aujourd’hui. Apprentissage des Langues et Systèmes d’Information et de
Communication (Alsic), 14.
Nissen, E. (2012). Autonomie dans une formation
hybride : qu’en dit l’apprenant?. Les langues modernes, 3, 18–27. Disponible sur internet
Nissen, E. (2014). Modéliser le fonctionnement
de la formation hybride en langues à travers des recherches
ingénieriques (Synthèse d’HDR, Université
Grenoble Alpes, France).
Nunan, D. (1989). Designing tasks for the
communicative classroom. Cambridge, Royaume-Uni : Cambridge University
Press.
Oliver, R. et Herrington, J. (2001). Teaching and
learning online: a beginner’s guide to e-learning and e-teaching in higher
education. Edith Cowan University. Centre for Research in Information
Technology and Communications. Disponible sur internet
Oxford, R. L. (2011). Teaching et Researching:
Language Learning Strategies. London : Pearson Education Limited.
Pask, G. (1976). Conversation Theory: Applications in
Education and Epistemology. Amsterdam, New York : Elsevier.
Peraya, D. (1999). Médiation et
médiatisation : le campus virtuel. Hermès, La Revue, 3(25), 153–167.
Perifanou, M. (2015). Personalized MOOCs for Language
Learning: A challenging proposal. eLearning Papers, 45,
4‑16.
Rabardel, P. (1995). Les hommes et les technologies.
Une approche cognitive des instruments contemporains. Paris : Armand
Colin.
Rézeau, J. (2001). Médiatisation et
médiation pédagogique dans un environnement
multimédia : Le cas de l’apprentissage de l’anglais en
Histoire de l’art à l’université (Thèse de
doctorat, Université Victor Segalen-Bordeaux II, France). Disponible sur internet
Richer, J.-J. (2009). Lectures du Cadre :
continuité ou rupture ? Dans L’approche
actionnelle dans l’enseignement des langues, Douze articles pour mieux
comprendre et faire le point (p. 13‑48). Paris : Editions Maison
des Langues.
Sockett, G. (2007). Analyse de Virtual Cabinet. Apprentissage des Langues et Systèmes d’Information et de
Communication (Alsic), 10(2). Disponible sur internet
Sokolik, M. (2014). What constitutes an effective
language MOOC? Dans Language MOOCs: Providing Learning, Transcending
Boundaries (p. 16‑32). Berlin, Allemagne : De Gruyter Open.
Tricot, A. (2004). Guidages, apprentissages et documents.
Réponse à Françoise Demaizière. Notions en
questions, 8, 105–108.
Tricot, A. et Plégat-Soutjis, F. (2003). Pour une
approche ergonomique de la conception d’un dispositif de formation
à distance utilisant les TIC. Sciences et Technologies de
l’Information et de la Communication pour l’Education et la
Formation (STICEF), 10. Disponible sur internet
Tricot, A., Plégat-Soutjis, F., Camps, J.-F.,
Amiel, A., Lutz, G. et Morcillo, A. (2003). Utilité,
utilisabilité, acceptabilité : interpréter les
relations entre trois dimensions de l’évaluation des EIAH. Dans C.
Desmoulins, P. Marquet et D. Bouhineau (dir.), Actes du colloque Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain (EIAH
2003) (p. 391–402). Disponible sur internet
Université libre de Bruxelles. (s.d.).
L’anglais pour tous - Spice up Your English. Plate-forme
FUN. Disponible sur internet
Van der Maren, J.-M. (1996). Méthodes de
recherche pour l’éducation. Montréal, Bruxelles :
Presses de l’Université de Montréal et de Boeck.
1 « Qu’il faudrait
développer pour mettre en œuvre les LMOOC avec
succès » (traduction de l’auteure).
2 « L’accélération des processus
d’apprentissage langagier via l’utilisation de très vastes
communautés de pratique » (traduction de l’auteure).
3 « En séparant
les instructions [aides ad hoc intimement liées aux tâches]
des éléments d’information [modifiables,
remplaçables], la conception offre la possibilité de
réutiliser les ressources d’apprentissage » (traduction
et précisions de l’auteure).
4 « Partagez vos
idées/impressions sur la musique/littérature/campagne, etc.
anglaise. Regardez une vidéo et travaillez quelques points langagiers.
Partagez des éléments de votre pays ou de votre
culture. »
5 Nous empruntons la traduction des
termes de (Ellis, 2003) à (Sockett, 2007).
6 « Les tuteurs en ligne
du British Council suivront et guideront les discussions en
répondant aux apprenants et à leurs questions »
(traduction de l’auteure).
7 « La relecture par les
pairs est proposée comme une activité formative
d’apprentissage plutôt que comme une méthode
d’évaluation » (traduction de l’auteure).
8 « La discussion est
initialement cachée et n’apparaît qu’en cliquant sur un
bouton ; elle est structurée comme un simple flux avec uniquement un
niveau de réponses emboîtées » (traduction de
l’auteure).
|