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Scénario pédagogique pour la réalisation
d’une maquette d’EPA par des étudiants de 1ère
année de Licence : une aide à l’autorégulation
de l’apprentissage ?
Stéphanie MAILLES-VIARD METZ (PRAXILING, Montpellier),Emilie VAYRE (TE2O,
Paris Nanterre), Chrysta PELISSIER (PRAXILING, Montpellier)
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RÉSUMÉ : Au
regard des caractéristiques des Environnements Personnels
d’Apprentissage (EPA) évoquées dans la littérature du
domaine, nous pensons que s’appuyer sur la conception d’un EPA dans
le cadre d’un scénario pédagogique va permettre aux
étudiants de développer un profil motivationnel
autodéterminé, d’accroitre leur sentiment
d’auto-efficacité et d’expérimenter de nouvelles
stratégies d’apprentissages. L’objectif de cet article est de
rendre compte de la première étape d’une étude ayant
pour objectif de mettre à l’épreuve cette
hypothèse. Dans cette perspective nous présenterons les
travaux scientifiques qui soutiennent la formulation de cette hypothèse,
le scénario pédagogique ciblé ainsi que le dispositif
d’évaluation élaboré afin d’en mesurer les
effets.
MOTS CLÉS : Environnement
personnel d’apprentissage, processus de conception, scénario
pédagogique, dispositif d’évaluation, motivation, sentiment
d’efficacité personnelle, stratégies
d’apprentissage. |
Guide for the design of an EPA model by bachelor first year students: support for self-regulation of learning? |
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ABSTRACT : Regarding
the characteristics of Personal Learning Environments (PLE) mentioned in the
literature, we believe that designing a PLE in a pedagogical context will help
students to develop self-determined motivational profile, increase their
self-efficacy and experiment with new learning strategies. The objective of this
paper is to report on the first phase of a longitudinal study aimed to test this
hypothesis. In this context we present a state of art of the psychological
dimensions involved, the pedagogical scenario and the evaluation device
developed to measure the effects of the design of a PLE.
KEYWORDS : Personal
learning environments, design process, pedagogical scenario, assessment method,
motivation, self-efficacy, learning strategies. |
1. Introduction
Alors
que les plateformes de gestion des apprentissages (LMS) soutiennent de plus en
plus les activités d’enseignement dans les études
universitaires, elles mettent souvent de côté
l’activité d’apprentissage des étudiants. En effet,
les scénarios choisis par les enseignants guident les étudiants
dans ce qu’ils doivent apprendre et produire mais l’étudiant
subit ce déroulement tout en l’adaptant à ses propres
méthodes d’apprentissage. En outre, l’apprentissage ne se
réalise plus grâce aux seuls cours des enseignants mais par
l’articulation de ressources multiples dont le cours fait partie. Dans ce
contexte, l’apprenant doit être actif et autonome. Pour atteindre
cet objectif, les apprenants ont également accès à des
environnements collaboratifs autogérés (Arnaud, 2003) principalement utilisés pour l’apprentissage à distance.
L’activité collaborative suscitée par ces outils vise
à rendre l’apprenant actif grâce à la
nécessité d’interagir avec d’autres, mais elle
n’est pas suffisante et doit s’accompagner d’activités
individuelles pour tenir compte de l’activité globale
d’apprentissage. Dans ce cadre, nous proposons d’approfondir
l’idée d’Environnements Personnels d’Apprentissage dont
les modèles, le plus souvent prescriptifs, semblent être en
adéquation avec ces attentes. Il s’agit donc d’explorer ce
que ces environnements recouvrent et voir si l’accompagnement
pédagogique à leur mise en place pourrait aider les apprenants
dans leurs pratiques.
Plus précisément, notre étude a pour objectif de mesurer
les effets d’un scénario pédagogique de conception
collaborative d’un modèle d’EPA sur des dimensions
psychologiques (motivation, croyances d’efficacité personnelle et
stratégies) impliquées dans le processus
d’autorégulation de l’apprentissage. Elle s’inscrit
dans une démarche exploratoire de type « recherche
appliquée » (Van der Maren, 1996) qui vise in fine à développer un cadre pédagogique
et des outils d’évaluation qui permettraient d’accompagner
les étudiants tout au long de leur parcours d’apprentissage et de
favoriser leur maintien ainsi que leur réussite. Même si nous avons
choisi de détailler ici l’ensemble du travail envisagé, nous
présenterons principalement les résultats issus du premier volet
de notre démarche (le second volet étant en cours de
réalisation). Dans cette perspective seront évoqués : (1)
un état de l’art sur certaines dimensions psychologiques de
l’autorégulation dans l’apprentissage articulé avec
les propositions de structuration des EPA, (2) le cadre pédagogique
susceptible de développer les aptitudes recherchées pour les
étudiants à s’autodéterminer au cours de leur
apprentissage, (3) un dispositif permettant d’appréhender
l’impact de ce scénario sur ces dimensions ainsi que les
résultats issus de la première phase d’évaluation.
Dans ce cadre, les résultats de l’étude tentent de
vérifier si la mise en place d’activités de réflexion
sur un EPA peut avoir un impact sur les variables psychologiques
étudiées (perspective de recherche) mais également
d’expérimenter un scénario pédagogique en situation
naturelle et proposer des recommandations (perspective appliquée).
2. Revue de la littérature
2.1. L’environnement personnel d’apprentissage (EPA)
Depuis quelques années, des recherches sont
conduites sur les Environnements Personnels d’Apprentissage (EPA) ou Personal Learning Environments (PLE) (Van Harmelen, 2006), (Wild, 2008), (Attwell, 2007a).
Les auteurs placent l’apprenant au centre du système. Ils
considèrent que, contrairement aux plateformes LMS (i.e. Moodle),
l’environnement technologique EPA doit l’aider à prendre le
contrôle et à gérer son propre apprentissage en terme de
contenu et de processus tout en lui fournissant des supports pour
maîtriser cette gestion, définir et atteindre ses objectifs et
communiquer avec les autres, tout au long de la vie. Pour Milligan et ses
collaborateurs, dans le cadre de recherches en informatique, cet environnement
est défini « comme un concept qui
facilite les choix de l’apprenant et le contrôle de ses
activités, permettant la sélection et la combinaison
d’opportunités d’apprentissage formel et informel à
partir de sources variées » (Milligan et al.,
2006, p. 508). Il fournit à l’apprenant un environnement dans
lequel il peut enregistrer ses réussites (réalisations) et ses
programmes de travail à travers de nouveaux objectifs. Sur la base
d’une réflexion à propos de l’Environnement
d’Apprentissage Virtuel, Wilson et ses collaborateurs (Wilson et al., 2007) formalisent un modèle de référence pour les EPA dans
lesquels gravitent différents services qui constituent une boîte
à outils d’apprentissage personnel (Personal Learning
Toolkit), conformément aux définitions d’autres auteurs (Siemens, 2007) (Attwell, 2007b) et aux propositions de réalisations comme celle de Sean Fitzgerald (Fitzgerald, 2006).
Cet environnement semble permettre la réalisation de nombreuses
activités cognitives, les outils accompagnant l’apprenant (pour les
auteurs) pour (1) apprendre avec les autres (gérer les relations
avec les tuteurs, les pairs, créer des relations formelles ou non), (2) contrôler ses ressources (structurer, partager, annoter les siennes
ou d’autres), (3) gérer les activités auxquelles il
participe ou qu’il crée (groupes de travail), (4) adapter ses
apprentissages (lui donner l’opportunité de lier ce qui a
été appris/acquis ici et ailleurs, de manière formelle ou
informelle). Pour Schaffert et Hilzensauer (Schaffert et Hilzensauer, 2008),
ces environnements doivent permettre des changements dans les pratiques et les
représentations à propos de sept dimensions : (1)
l’apprenant est actif dans son apprentissage, il crée
lui-même ses contenus ; (2) des interactions sur la personnalisation
avec l’aide et les informations d’une communauté sont
nécessaires ; (3) les contenus forment un « mini
bazar », ils sont dispersés et ne sont considérés
structurés que lorsqu’ils ont été choisis par
l’apprenant ; (4) l’apprenant doit s’impliquer
socialement ; (5) les données appartiennent à
l’apprenant ; (6) les institutions ne sont pas propriétaires
des savoirs, elles sont le lieu d’accompagnement à leur
assimilation et mise en œuvre ; (7) les technologies offrent une
grande diversité de logiciels sociaux et les sources sont multiples.
L’EPA est donc présenté par les auteurs comme un concept, un
environnement, un espace avec des prescriptions précises. Nous
retiendrons de ces éléments qu’il se caractérise par
les différentes activités qu’il permet à
l’étudiant de réaliser mais qu’il est aussi
constitué de fonctionnalités en support de ces activités.
C’est un espace sécurisé et personnel qui offre la
possibilité de stocker des données, de les structurer, de les
modifier, d’échanger avec des pairs ou d’autres acteurs,
d’aider à la prise de conscience de ses stratégies
d’apprentissage ou de ses compétences pour les faire évoluer
en fonction de ses propres objectifs. Dans ces définitions une place
importante est aussi accordée aux échanges à travers des
activités collaboratives ou la communication dans les réseaux
sociaux (au sens large). La différence de ces environnements avec
d’autres est que la structure et les fonctionnalités qui les
constituent sont choisies par l’apprenant, selon ses besoins, et non par
l’enseignant qui se positionne sur un cours ou une formation
précise, sans ouverture sur la démarche d’apprentissage
globale de l’apprenant.
Ainsi, même s’il est possible de proposer à des apprenants
un squelette d’EPA (associé à des fonctionnalités),
ce dernier doit être personnalisé en fonction des besoins de
l’utilisateur. Contrairement à l’individualisation, la
personnalisation ne s’adresse qu’à une seule personne et
repose sur ses besoins propres (Duthoit et al., 2013).
Comme pour le e-portfolio (Mailles-Viard Metz et Albernhe-Giordan, 2008),
où nous avons montré que c’est avant tout la démarche
de conception de l’outil par les étudiants qui pérennise son
utilisation, il est important d’accompagner cette personnalisation qui ne
doit pas être réalisée à partir de ressentis mais
bien d’un questionnement sur soi qui permettra une progression dans les
activités réalisées et une réutilisation pour
l’évolution de l’outil. Le processus de conception de
l’EPA pourrait donc s’accompagner d’une pratique
réflexive (Schön, 1993).
En réfléchissant à l’outil et aux
fonctionnalités associées qui pourront servir à ses
apprentissages, l’apprenant questionne cette activité et prend du
recul. Il est le concepteur et l’utilisateur de cet espace (Norman, 1999).
Il lui permet de structurer ce dont il a besoin pour apprendre mais aussi,
à partir de la visualisation du produit de ses réflexions, il
l’engage dans un processus d’évaluation et de changement si
nécessaire de ses pratiques. L’apprenant engagerait donc un
processus de genèse instrumentale (Rabardel, 1995) (Trouche, 2014) qui l’aide dans sa pratique. En élaborant son propre espace de
travail, il est susceptible d’accroitre son autonomie, ses
capacités d’autorégulation et de contrôler davantage
ses apprentissages. En terme pédagogique, il semble donc essentiel
d’intégrer le processus de conception de l’EPA dans un
dispositif pour que le produit des réflexions (matérialisé
par l’EPA) puisse servir aux activités ciblées. Dans cette
perspective nous allons aborder à présent les processus
motivationnels, capacitaires, cognitifs et métacognitifs impliqués
dans le parcours de l’apprenant qui pourraient être supportés
par ce processus de conception d’un EPA.
2.2. Dimensions psychologiques majeures intervenant dans le processus
d’apprentissage/formation
En nous référant à la théorie
développée par Zimmerman (Zimmerman, 2002) nous avons choisi de nous focaliser sur trois composantes psychologiques
intervenants dans le cycle d’autorégulation : la motivation et
le sentiment d’efficacité personnel (phase d’anticipation)
ainsi que les stratégies d’apprentissage mises en place (phase
d’action).
2.2.1. La motivation
Depuis plusieurs décennies un vaste champ de recherches a mis en
évidence l’influence des processus motivationnels sur
l’expérience des apprenants et l’issue de leur parcours de
formation.
Selon la théorie de l’auto-détermination (Ryan et Deci, 2000) (Vallerand et Blanchard, 1998) on peut distinguer trois grands types de motivation selon les raisons et les
buts qui sont à l’origine de l’action. La motivation
intrinsèque, la plus autodéterminée, réfère
au fait d’effectuer une activité pour elle-même, pour
l’intérêt qu’elle suscite, le plaisir et la
satisfaction qu’elle procure. La motivation extrinsèque renvoie au
fait de réaliser une activité pour les conséquences ou les
résultats auxquels elle est associée :
l’activité est effectuée pour des raisons instrumentales.
Les différentes formes de motivation intrinsèques et
extrinsèques seront évoquées et illustrées dans la
quatrième partie de cet article. Enfin, l’amotivation peut
être définie comme l’absence de motivation
(intrinsèque ou extrinsèque). Dans ce cas, l’activité
n’est pas valorisée et il n’y a pas d’intention
d’agir.
Quels que soient les travaux considérés ou les publics
ciblés (collégiens, lycéens, étudiants à
l’université, stagiaires en formation professionnelle), on peut
globalement retenir que les formes de motivation les plus
autodéterminées favorisent l’acquisition et le transfert de
connaissances et compétences, la perception d’utilité de la
formation, le développement d’une attitude positive
vis-à-vis de la formation, le nombre d’efforts
réalisés, l’adaptation à
l’école/l’université, la qualité de
l’apprentissage, la concentration ou encore la satisfaction et le
bien-être des élèves/étudiants (Colquitt et al., 2000) (Deci et al., 1991) (Ryan et Deci, 2000) (Vallerand et al., 1997).
Plus largement, ces formes de motivation sont associées à de
meilleurs performances, à la réussite, au maintien en formation ou
encore aux intentions de poursuite d’études (Close et Solberg, 2008) (Deci et al., 1991) (Vallerand et al., 1997) (Vallerand et Lalande, 2011).
L’amotivation est, au contraire, un facteur d’échec et
d’abandon (Vallerand et al., 1997) (Vallerand et Lalande, 2011).
Ces résultats mettent en évidence l’importance de la
dynamique motivationnelle au cours du processus de formation.
Dans la perspective théorique de l’autodétermination (Ryan et Deci, 2000),
il est clairement établi que le contexte social d’apprentissage
(feed-backs, interactions sociales et sanctions positives) et la
réalisation d’activités pédagogiques
appropriées (niveau de difficulté/exigence optimal,
évaluations qui ont du sens pour les apprenants) vont plutôt
engendrer une motivation de type intrinsèque.
L’autodétermination est en outre favorisée par des
environnements pédagogiques qui soutiennent le développement de
ressources propres et renforcent les sentiments de compétences,
d’autonomie, de liberté, de pouvoir faire des choix, chez les
étudiants. A notre sens, la réflexion menée par
l’apprenant quant à la conception d’un EPA qui lui
corresponde, pourrait se concrétiser par un outil susceptible de
regrouper ces caractéristiques, comme un espace avec une connexion
personnalisée qui permettrait à l’apprenant de le
paramétrer avec des fonctionnalités qu’il juge plus
adaptées à ses besoins.
2.2.2. Le sentiment d’efficacité personnelle (SEP)
Comme nous l’avons abordé du point de vue de la motivation, le
sentiment d’efficacité personnelle (SEP) est un concept largement
étudié et utilisé dans le domaine de
l’éducation/formation. Il est défini par Bandura (Bandura, 1997) comme la croyance d’un individu à l’égard de ses
capacités à émettre un comportement performant ou à
accomplir avec succès une activité dans un domaine particulier
(tâches spécifiques et bien délimitées).
En situations éducatives ou de formation, de nombreuses études,
menées auprès de différents publics, montrent qu’un
fort sentiment d’efficacité personnelle (vis-à-vis de la
formation ou de l’apprentissage) favorise l’utilisation de
stratégies efficientes de résolution de problèmes,
l’investissement dans les activités d’apprentissage et
l’engagement général vis-à-vis du projet de formation (Bandura et Locke, 2003) (Boudrenghien et al., 2011) (Brown et al., 2008).
Les croyances d’efficacité personnelle prédisent
également l’intention de persévérance, le maintien
effectif en formation mais aussi les performances et la réussite des
élèves/étudiants (Brown et al., 2008) (Close et Solberg, 2008) (Torres et Solberg, 2001) (Vonthron et al., 2007).
Autrement dit, les croyances d’efficacité personnelle jouent un
rôle majeur dans le parcours de formation ; ce qui explique la
focalisation de nombreuses recherches pour cet objet d’étude et la
mise en place des dispositifs de terrain qui visent à les renforcer.
De manière transversale, quelle que soit la source
d’informations considérée (expériences
antérieure et vicariante ou persuasion verbale), si les apprenants
conçoivent leurs capacités comme des compétences, qui
peuvent être développées et améliorées au
travers de l’acquisition de connaissances et de l’expérience
pratique, ils seront davantage en mesure d’augmenter leur sentiment
d’efficacité personnelle (Bandura, 1993).
D’où l’importance d’environnements
socio-pédagogiques qui incitent les étudiants à maitriser
leurs connaissances/compétences, soutiennent la perception de leurs
acquisitions progressives et leur permettent d’expérimenter des
situations de réussite (plutôt que d’échecs) via
l’atteinte d’objectifs intermédiaires. Ces environnements
soulignent ainsi leurs progrès, développent leur sentiment de
contrôle de leur environnement et les encouragent à se
considérer comme étant à la source des
résultats/conséquences de leurs comportements (attributions
causales internes). Autant de caractéristiques qui correspondent
généralement aux EPA s’ils sont développés
à partir de besoins formulés par les apprenants eux-mêmes,
comme des fonctionnalités destinées à la construction de
leur projet personnel avec l’identification d’objectifs
intermédiaires à atteindre.
2.2.3. Les stratégies d’apprentissage
Dans les recherches relatives à l’apprentissage, les auteurs
s’accordent pour reconnaître les stratégies
d’apprentissage comme une composante essentielle du processus
d’autorégulation (Zimmerman, 2002).
Elles peuvent être définies comme des « activités effectuées par
l’apprenant afin de faciliter l’acquisition, l’entreposage, le
rappel et l’application de connaissances au moment de
l’apprentissage » ou encore comme des « comportements » et « manières de faire » de l’apprenant qui est en train d’apprendre (Boulet et al., 1996) (p. 13). Ces stratégies renvoient à des activités
conscientes, intentionnelles, volontaires, et dépendent des situations (Scallon, 2004).
Selon les typologies développées en sciences de
l’éducation ou en psychologie (Boulet et al., 1996) (Viau, 2003) (Scallon, 2004),
on peut en répertorier quatre types : les stratégies
cognitives, métacognitives et affectives ainsi que celles qui concernent
la gestion des ressources. Certaines stratégies se trouvent dans des
catégories différentes selon les approches
considérées. Dans le cadre de notre étude nous nous sommes
centrées sur les deux premiers types. Aussi avant de préciser ce
qu’ils recouvrent, mentionnons, à titre indicatif, que les
stratégies affectives renvoient à la création et au
maintien d’un climat d’apprentissage positif alors que les
stratégies de gestion concernent les ressources temporelles,
matérielles et humaines mobilisées dans le cadre de
l’apprentissage.
Les stratégies d’apprentissage cognitives réfèrent
aux pensées ou comportements constituant des plans d’actions
organisés qui facilitent directement le processus d’encodage de
l’information et d’acquisition de connaissances (Boulet et al., 1996) (Viau, 2003). Elles
peuvent être associées aux activités de sélection,
d’organisation, d’élaboration et de révision de
l’information comme du matériel d’apprentissage mais aussi
d’intégration de nouvelles informations (à celles
déjà existantes). Les stratégies métacognitives,
quant à elles, renvoient aux connaissances introspectives et conscientes
qu’ont les apprenants de leurs propres processus cognitifs mais aussi
à leur capacité à les réguler
délibérément (Boulet et al., 1996) (Romainville, 2000a) (Viau, 2003). Elles
recouvrent l’évaluation, la planification, le contrôle et la
régulation de son propre apprentissage par l’étudiant.
De nombreuses études montrent que l’utilisation efficace de
stratégies d’apprentissage appropriées favorise
l’apprentissage, la performance et la réussite des étudiants (Boulet et al., 1996) (Viau, 2003). Dans
cette perspective on considère que les étudiants qui
possèdent un large éventail de connaissances sur les
stratégies d’apprentissage et leur utilité sont mieux
préparés à composer avec une large variété de
situations d’apprentissage (Boulet et al., 1996).
En effet, selon Romainville (Romainville, 2000a),
l’apprenant efficace sait dans quel contexte et à quelles
conditions il est intéressant d’appliquer telle ou telle
stratégie. Ainsi, les étudiants universitaires les plus
performants sont ceux qui ont développé une gamme étendue
de stratégies et qui disposent de connaissances sur leur
efficacité relative. Ils sont donc capables d’adopter les
comportements d’apprentissage les plus appropriés aux exigences du
contexte (Romainville, 2000a).
Inversement, le manque de réflexion des étudiants sur leurs
stratégies serait une des conséquences de l’échec
universitaire (Boulet et al., 1996).
Du point de vue des facteurs orientant le développement et le
déploiement de stratégies d’apprentissage, quelques
expérimentations ont été réalisées pour
tenter de déclencher la prise de conscience des stratégies mises
en œuvre avec l’hypothèse qu’elle permettrait de les
rendre plus efficaces. Par exemple, Ruph, Gagnon et La Feté (Ruph et al., 1998) décrivent la mise en place d’un atelier d’efficience
cognitive dans le cadre d’un programme d’éducation à
l’apprentissage, basé sur l’auto-observation et
l’auto-évaluation que chaque étudiant réalise sur son
propre comportement. L’analyse qualitative des journaux de bord des
étudiants, qui centralisent leurs réflexions, montre qu’il
est essentiel que chaque étudiant identifie ses propres stratégies
et que le fait de contrôler un programme adapté à ses
propres contraintes et priorités est bénéfique pour
l’apprentissage (Ruph et Hrimech, 2001).
Les phases de conception puis d’utilisation d’un EPA correspondent
à ces deux aspects.
De manière générale, d’après Romainville (Romainville, 2000b),
l’observation des pairs, la confrontation entre apprenants ou encore les
incitations et l’accompagnement des enseignants peuvent encourager les
étudiants à tester de nouvelles stratégies (pour en
élargir la gamme et évaluer leur efficacité). La conception
de l’apprentissage de l’étudiant, son rapport au savoir et
à la matière étudiée, jouent également un
rôle majeur dans le choix et la mise en œuvre de stratégies (Romainville, 2000b).
Selon Viau (Viau, 2003), elles
dépendent aussi des connaissances antérieures et de la motivation
des étudiants. Enfin, proposer des activités pédagogiques
relativement complexes, porteuses de sens, qui impliquent des choix
délibérés (contrôle) de la part des apprenants et qui
suscitent, à un moment du processus d’apprentissage, une
conceptualisation de son action (telles que celles associées à la
réflexion sur la conception d’un EPA) favorisent également
le développement de stratégies appropriées (Romainville, 2000b).
Enfin, l’EPA, dans sa structure, telle qu’elle est prescrite les
auteurs, pourrait accompagner une réflexion sur ses propres
stratégies et proposer des fonctionnalités pour vérifier
leur efficacité, comme la possibilité d’évaluer sa
progression, des outils de planification ou encore des espaces de structuration
des données.
2.2.4. Question de recherche
Ainsi, nous constatons que ces différentes dimensions psychologiques
pourraient être développées et renforcées à
travers la réflexion sur un EPA et son utilisation. En effet, une
réflexion sur la conception d’un EPA pourrait peut-être
conduire les apprenants à réfléchir à leurs
pratiques d’apprentissage et leurs objectifs. Les travaux sur les
dimensions psychologiques majeures en lien avec l’apprentissage mettent en
évidence l’importance de la dynamique motivationnelle au cours du
processus de formation et montrent conjointement l’intérêt
d’une démarche d’évaluation de l’influence de la
conception d’un EPA sur la motivation des étudiants. Au regard des
résultats d’études présentés, nous postulons
que le travail pédagogique s’appuyant sur l’EPA va conduire
les étudiants à modifier leur profil motivationnel et leur
permettre de développer des formes plus autodéterminées de
motivation. En ce qui concerne le sentiment d’efficacité
personnelle, le processus de conception de l’EPA va, selon nous, permettre
à l’apprenant d’accroitre sa maitrise des
connaissances/compétences d’apprentissage, son autonomie et son
sentiment de contrôle et donc, in fine, son SEP. Enfin, au regard
des éléments de la littérature du domaine, nous pensons
qu’un scénario mobilisant une réflexion sur un EPA permettra
aux apprenants d’élargir progressivement leurs stratégies et
d’utiliser celles qui conviennent le mieux selon la situation
pédagogique considérée. Réfléchir à la
conception d’un EPA pourrait donc aider les étudiants dans leurs
pratiques d’apprentissage.
3. Contexte de l’expérimentation
La question posée précédemment
concernant l’effet positif de la conception d’un EPA sur la
motivation, le sentiment d’efficacité personnelle et les
stratégies d’apprentissage nous a conduites à étudier
dans un premier temps un scénario pédagogique proposé
à des étudiants en premier cycle universitaire.
L’étude se situe donc dans un contexte pédagogique naturel.
Ce choix nous permet de nous rendre compte, de façon exploratoire,
d’une situation dans laquelle les apprenants se représentent leurs
besoins d’un environnement technologique accompagnant leurs apprentissages
(EPA), c’est-à-dire identifier les potentialités des
étudiants en terme de processus de conception d’un EPA et plus
précisément sur la structure de l’environnement et les
outils nécessaires aux apprentissages. Il s’agit donc, dans cette
phase, de se pencher sur la faisabilité de la mise en œuvre
d’un processus de conception d’une maquette d’un EPA et non
sur son utilisation. Nous souhaitons vérifier que les maquettes des EPA
réalisées par les étudiants reprennent les
caractéristiques des EPA décrites par les auteurs, mais
également soient en support à l’accompagnement des variables
psychologiques qui nous intéressent. La situation naturelle nous permet
également de développer un dispositif fiable
d’évaluation des variables psychologiques étudiées.
Notre terrain d’étude est associé à la mise en
place d’un module « apprendre à apprendre »
dans le programme de première année du DUT Informatique
(diplôme universitaire de technologie, professionnalisant,
réalisé généralement en deux ans
consécutivement après l’enseignement secondaire). Dans ce
diplôme, les étudiants sont sélectionnés après
le baccalauréat sur la base de leurs résultats au lycée et
d’une lettre de motivation. Le programme du diplôme a
été renouvelé en 2013 et les équipes
pédagogiques proposent de nouveaux contenus. Le choix de ce nouveau
module est conséquent à l’observation par les enseignants
d’une augmentation nationale du taux d’échec des
étudiants à la fin du premier semestre de la Licence
et du manque de travail des étudiants tel que perçu et
fréquemment rapporté par les enseignants.
Dans ce scénario, les enseignants demandent aux étudiants de
concevoir la maquette d’un EPA par groupe de quatre. La composition des
groupes est choisie par les étudiants. C’est un projet à
réaliser en autonomie guidée (des moments d’échanges
avec les enseignants sont programmés pour se rendre compte de
l’état d’avancement du travail) sur une période de
deux mois et demi. Il n’y a donc pas de cours en présentiel
associé à ce projet. Ce travail fait appel à des
enseignements dans plusieurs disciplines : psychologie pour la notion
d’apprentissage, informatique de base pour la mise en place d’un
espace structuré de données sur internet (utilisation d’un
CMS – Joomla !). Les étudiants doivent donc
réfléchir ensemble (collaborativement) à leurs besoins en
matière d’apprentissage, au travers de la conception d’un
EPA, puis le développer sur un CMS. Notre analyse ne concerne que la
première phase de ce travail : l’analyse des besoins et la
phase de maquettage.
La réflexion collaborative autour de l’EPA a pour objectif de
faire prendre conscience des pratiques en matière de méthodes
d’apprentissage et de réfléchir à des outils
d’accompagnement (Romainville, 2000b).
Sur la base des recherches sur le travail collaboratif et la production de
cartes mentales qui ont montré les effets positifs de ces
modalités sur la créativité (Brodin, 2006) (Forster, 2009) (Mailles-Viard Metz et al., 2011),
les enseignants choisissent de demander aux étudiants de produire des
cartes mentales qui représentent l’EPA idéal. L’EPA
est décrit comme un environnement technologique d’accompagnement de
l’étudiant dans ses apprentissages. La consigne de conception
n’est pas plus précisée par les enseignants : cette
première expérience est l’occasion de se rendre compte des
capacités créatives des étudiants et de leurs
représentations sur leurs besoins d’outils pour les accompagner
dans leurs apprentissages.
Ce scénario s’intègre parfaitement à notre
étude puisqu’il nous permet de recueillir des maquettes d’EPA
et de mesurer les variables psychologiques des étudiants
concernés.
4. Evaluation des effets du scénario de conception d’un
EPA
L’étude comprend deux phases. La
première renvoie au recueil et à l’analyse des productions
des étudiants afin d’étayer notre hypothèse de
départ (Volet 1). La seconde, plus extensive, vise à mettre
à l’épreuve notre hypothèse et à
évaluer la qualité des instruments mobilisés pour
évaluer les effets du scénario pédagogique. Ces deux
moments de notre démarche de recherche sont présentés
ci-après (Volet 2).
4.1. Volet 1 : Analyse des productions des étudiants dans le
cadre du scénario de conception de l’EPA
4.1.1. Données recueillies et procédure d’analyse
Afin de rendre plus compréhensible la situation ciblée nous
avons souhaité rendre compte, succinctement, des productions
collaboratives des étudiants au cours de la phase de maquettage de
l’EPA. Pour cette première analyse, bien que nous n’ayons pas
récolté et analysé les interactions lors de
l’activité collaborative (les échanges se déroulant
en dehors des temps d’enseignement) nous avons supposé que les
maquettes d’EPA sont le produit de ces échanges.
De manière globale, suite à la mise en œuvre de ce
scénario auprès de 140 étudiants, 31 cartes mentales ont
été récoltées. L’objectif de l’analyse
de ces cartes est ici d’identifier, d’un point de vue exploratoire,
les fonctionnalités qui y sont proposées et leur lien avec les
variables psychologiques étudiées. Au préalable, nous avons
conduit une réflexion sur les fonctionnalités qui pourraient
supporter le développement de ces variables psychologiques Si les
maquettes d’EPA réalisées par les étudiants
comportent des fonctionnalités en relation avec ces variables, nous
pouvons supposer que l’activité collaborative a permis
d’identifier des besoins que ces fonctionnalités pourraient
combler. De plus, si des liens sont réalisés entre
fonctionnalités et variables psychologiques, la phase de conception de
l’EPA (comme la phase ultérieure d’utilisation) pourrait
être considérée comme pouvant aider les étudiants
à se motiver, améliorer leur SEP et développer des
stratégies d’apprentissage efficaces. Par ailleurs, on peut penser
que l’implication des étudiants dans la réflexion autour de
la conception d’un EPA devrait favoriser son utilisation effective
s’il est configuré tel qu’ils l’ont proposé.
4.1.2. Résultats
D’un point de vue qualitatif, on constate que les EPA imaginés
reprennent la définition que nous avons proposée dans
l’état de l’art. La majeure partie des cartes mentales
propose un espace sécurisé, de stockage de cours
décliné en notes, supports et ressources. Plusieurs groupes ont
structuré leur carte d’EPA par type de documents ou
d’exercices (Figure 1-exemple 1) ou encore par cours ou notion (Figure
1-exemple 6), ce qui montre la faisabilité d’une personnalisation
de l’espace. Certains EPA proposent un éditeur de texte pour la
saisie de notes. Certaines cartes présentent un espace d’aide
structuré par des interactions avec les enseignants, les groupes de leur
réseau social Facebook (Figure 1- exemple 5), ou encore les anciens
étudiants, les professionnels, d’autres établissements...
Des connexions sont proposées également avec la plateforme LMS
utilisée par l’établissement. D’autres dimensions sont
représentées (Figure1 – exemples 4 et 2) comme la gestion du
temps (planification personnelle des cours, des travaux à remettre, des
soirées...), des résultats aux examens (calcul des moyennes), le
projet professionnel (les choix d’orientation, des informations sur les
métiers, etc.). Ces EPA sont principalement imaginés comme
externes à l’institution : on observe des liens entre la vie
d’apprenant et la vie d’étudiant au sens large avec la
proposition de connexion aux groupes Facebook, la planification
d’événements personnels et extra-universitaires...
Ces productions montrent également un lien entre les
fonctionnalités proposées et les variables psychologiques. Nous
avons recensé ces fonctionnalités et les avons associées
à nos trois variables : la motivation, le SEP et les
stratégies d’apprentissage.
En ce qui concerne la motivation dont l’objectif est de soutenir le
développement de ressources propres, on constate que les étudiants
envisagent des fonctionnalités susceptibles d’accompagner cette
dimension : une connexion personnelle à l’espace et/ou un
paramétrage de la visibilité du contenu pour un éventuel
partage avec d’autres. En d’autres termes, les étudiants
pensent que l’espace devrait être personnalisable et offrir un
espace de connexion. A propos du SEP dont une des dimensions majeures est de
prendre conscience de ses propres compétences et de se fixer des
objectifs par rapport à des projets d’avenir, les étudiants
envisagent des fonctionnalités pour déposer leurs productions et
leurs notes, structurer les contenus et organiser leur travail. En ce qui
concerne les stratégies d’apprentissage, on retrouve
également des fonctionnalités dans les cartes qui pourraient les
accompagner : un agenda avec des fonctionnalités avancées, un
espace de stockage des ressources des cours avec les notes, un graphique avec la
visualisation des résultats, un éditeur de texte
(stratégies cognitives et métacognitives), des accès
à des réseaux sociaux (stratégies affectives) et à
des ressources comme les anciens, les enseignants... (stratégies de
gestion).
Figure
1 • Exemples de parties de cartes mentales représentant
la structure et les outils d’un EPA idéal pour les
étudiants
D’un point de vue quantitatif, le tableau 1 comptabilise la
présence de ces fonctionnalités sur l’ensemble des
cartées réalisées. On peut ainsi interpréter que la
grande majorité des étudiants a conscience d’une pratique et
d’un besoin en accompagnement pour la planification du travail (agendas
avancés) ce qui pourrait aider le SEP mais aussi les stratégies
cognitives et métacognitives. L’espace de stockage de cours avec ou
non la possibilité de déposer des notes personnelles est aussi
toujours proposé : il serait une aide aux stratégies
cognitives. Les outils de communication et de collaboration sont aussi
représentés dans la majeure partie des cartes, ils permettraient
d’accompagner les stratégies affectives. Et, plus de la
moitié des groupes d’étudiants proposent des
fonctionnalités pour retrouver des contacts, des informations et les
gérer, ce qui est en support aux activités de gestion. De
façon plus disparate, la dimension sécurisée de
l’espace est proposée pour un grand tiers des cartes, ce qui montre
que la personnalisation de l’environnement n’est pas indispensable
et pose la question de la représentation de chaque étudiant par
rapport aux autres. L’étudiant appartient au même groupe et
semble penser qu’il se comporte de la même manière que les
autres pour apprendre. Des fonctionnalités qui pourraient aider les
étudiants à aller plus loin dans leur représentation de
leur apprentissage (SEP, stratégies cognitives et métacognitives)
comme une carte mentale pour structurer des contenus ou un graphique de
visualisation de sa progression sont peu proposées alors que toutes les
informations nécessaires à ces représentations sont
stockées en amont et donc supposées importantes.
Tableau 1 • Pourcentage
d’apparition des fonctionnalités en support aux variables
psychologiques étudiées dans les cartes mentales
réalisées.
Les structures proposées laissent ainsi penser que les
étudiants sont conscients (ou le sont devenus à travers cet
exercice) de l’intérêt d’un EPA notamment dans son
accompagnement au renforcement et l’amélioration des dimensions
psychologiques mesurées dans cette étude. Cependant, les
résultats nous laissent aussi supposer que les fonctionnalités
proposées sont en relation avec les pratiques actuelles des
étudiants et que le processus de réflexion sur la maquette de
l’EPA n’a pas vraiment permis d’approfondir la question
« Comment améliorer mes pratiques
d’apprentissage ? ». Les étudiants seraient donc
restés sur l’analyse descriptive : « Comment
j’apprends ? » et « De quoi j’ai
besoin ? ». Si l’exercice collaboratif de conception
d’une maquette a permis aux étudiants de formuler un besoin en
terme de fonctionnalités d’accompagnement de leur apprentissage, il
semblerait qu’ils soient conscients de ce besoin de façon globale.
En revanche, ils voient moins la nécessité d’être
soutenus dans les activités métacognitives, dont ils n’ont
peut-être pas conscience de l’intérêt.
Ainsi, outre la qualité du travail réalisé par les
étudiants, il faut noter que les cartes offrent des EPA de structure
très diverse et pourraient être le résultat de discussions
collaboratives sur les manières d’apprendre ou envies
d’apprendre. On peut penser que ces structures se modifieront ensuite
lorsque chaque étudiant prendra possession de son environnement et se
l’appropriera, ce qui est prévu par les enseignants dans un autre
module du programme (Projet professionnel Personnalisé) au semestre
suivant. Toutefois, l’intérêt, selon nous, du processus
collectif de réflexion et de conception des cartes mentales est de
permettre aux étudiants, via la confrontation aux représentations
et expériences des autres, d’identifier de nouvelles
stratégies d’apprentissage et d’éventuellement
diversifier l’éventail de leurs propres stratégies.
4.2. Volet 2 : Dispositif d’évaluation des effets
psychologiques du scénario pédagogique de conception d’un
EPA
Comme nous l’avons mentionné dans notre introduction, le second
volet de notre travail est en cours de finalisation. Aussi, nous ne sommes pas
en mesure de présenter ici les résultats relatifs à la mise
à l’épreuve concrète de notre hypothèse.
Toutefois, l’un des objectifs de cette enquête extensive est aussi
de proposer un dispositif d’évaluation des effets de ce type de
scénario pédagogique dans le cadre d’expérimentations
futures (visée appliquée). Nous avons de ce fait souhaité
présenter de manière exhaustive la procédure
élaborée, les précautions à prendre quant aux
caractéristiques des participants, les dimensions
appréhendées, le processus de construction de nos indicateurs
ainsi que les qualités métrologiques des outils choisis et
utilisés.
4.2.1. Procédure d’évaluation
Nous souhaitons donc mesurer la motivation des étudiants envers les
études, leur SEP (vis-à-vis de la formation / des
stratégies d’apprentissage) ainsi que sur les stratégies
d’apprentissage qu’ils déploient, avant et après la
mise en œuvre du scénario précédemment décrit,
dans lequel les étudiants réfléchissent à la
structure d’un EPA idéal. Pour cela, nous proposons aux
étudiants de compléter un questionnaire en ligne (sur la
plateforme pédagogique Moodle) une première fois (T1), avant de
démarrer le scénario et, une seconde fois (T2), lorsque la phase
de maquettage de leur EPA est terminée.
Pour contrôler l’effet d’autres facteurs sur les dimensions
psychologiques (facteurs associés à la sphère
universitaire, familiale ou personnelle par exemple), le questionnaire est
également soumis à un groupe contrôle. Il s’agit
d’étudiants inscrits dans un cycle équivalent
(première année de DUT) qui propose des contenus
pédagogiques globalement similaires dans la mesure où ils sont
élaborés au niveau national. Bien entendu, les étudiants du
groupe contrôle ne suivent pas ce scénario : ils
bénéficient d’enseignements équivalents mais pas de
module centré sur leurs méthodes d’apprentissage. Il
s’agit donc d’évaluer si les différences
(éventuellement) observées entre la première et la seconde
passation (T1 et T2) peuvent être attribuées à la mise en
œuvre du scénario pédagogique basé sur la conception
d’un EPA. Nous présentons ici les résultats de la
première passation (T1), l’objectif étant de vérifier
la validité de notre choix d’évaluation et la
méthodologie mise en œuvre.
4.2.2. Participants
Au total, 184 étudiants ont répondu au premier questionnaire
(T1) proposé en ligne. Cette première étape de la
procédure méthodologique élaborée a également
permis de repérer les caractéristiques des répondants en
termes de sexe et d’âge (voir Tableau 2).
|
Groupe expérimental
(140 inscrits en 1ère année) |
Groupe contrôle
(60 inscrits en 1ère année) |
Effectif |
130 |
54 |
Sexe |
Homme |
123 |
34 |
Femme |
7 |
20 |
Age moyen |
18,5 |
18,4 |
Tableau 2 • Caractéristiques
des participants
Les deux groupes sollicités sont comparables dans la mesure où
nous avons sollicité des étudiants inscrits dans une
filière d’étude similaire (1ère année IUT) et que l’âge moyen des étudiants ne
diffère pas significativement (t(182) = 3,257 ; p
>.05).
Ils sont toutefois différents quant au sexe. En effet, dans le groupe
expérimental les filles sont significativement
sous-représentées (χ2(1) = 30,528 ; p
<.01) alors qu’elles sont surreprésentées dans le groupe
contrôle.
Il sera donc nécessaire dans la seconde partie du dispositif
d’évaluation de déterminer l’influence du sexe sur
l’évolution des dimensions psychologiques ciblées.
4.2.3. Instruments de mesure des dimensions psychologiques
Le questionnaire soumis aux étudiants permet
d’appréhender trois dimensions psychologiques.
La motivation des étudiants a été mesurée
à partir de l’Echelle de Motivation dans les Etudes (EME-U,
adaptée au contexte universitaire) élaborée par Vallerand et al. (Vallerand et al., 1989) (Vallerand et al., 1997) (Vallerand et Blanchard, 1998).
Cet instrument est composé de 7 sous-échelles comprenant chacune 4
items permettant de repérer pour quelles raisons les étudiants
suivent leur formation actuelle (échelle en 7 points allant de
« ne correspond pas du tout » à
« correspond très fortement »). Trois
sous-échelles appréhendent trois formes de motivation
intrinsèque : à la connaissance (exemple d’item :
« pour le plaisir que j'ai à découvrir de nouvelles choses
jamais vues auparavant »), à l’accomplissement (exemple
d’item : « pour le plaisir que je ressens à me surpasser
dans mes études ») et à la stimulation (exemple d’item
« pour les moments intenses que je vis lorsque je fais part de mes propres
idées aux autres étudiants et/ou aux enseignants »). Les
trois autres sous-échelles évaluent trois formes de motivation
extrinsèque : identifiée (exemple d’item
« parce que cela va m'aider à mieux choisir mon orientation de
carrière »), introjectée (exemple d’item
« pour me prouver que je suis une personne intelligente »)
et par régulation externe (exemple d’item « pour avoir un
meilleur salaire plus tard »). Une dernière sous-échelle
renvoie à l’amotivation (exemple
d’item « Je ne le sais pas ; je ne parviens pas à
comprendre ce que je fais dans cette formation universitaire »).
Le sentiment d’efficacité personnelle (SEP) vis-à-vis de
la formation a été évalué à partir
d’une échelle unidimensionnelle développée par
Vonthron et al. (Vonthron et al., 2007).
Au regard du scénario pédagogique ciblé et de nos objectifs
de travail, nous nous sommes appuyées sur cet instrument pour
développer, en complément, un outil permettant
d’appréhender le SEP des étudiants vis-à-vis du
développement et de la mise en œuvre de stratégies
d’apprentissage. Pour chacun de ces domaines d’activités, les
étudiants doivent indiquer dans quelle mesure les affirmations
proposées correspondent à ce qu’ils pensent sur une
échelle en 5 points (allant de « pas du tout »
à « tout à fait »). Chaque instrument comprend
au total 8 items (exemples d’item SEP formation : « Je me
sens incapable de faire face à toutes les exigences de cette
formation » ; d’item SEP stratégies
apprentissage : « Je crois avoir des difficultés pour
mobiliser toutes mes capacités dans la mise en place de stratégies
d’apprentissage »).
Enfin, les stratégies d’apprentissage déployées
par les étudiants ont été appréhendées
à partir de trois échelles proposées par Viau et Bouchard (Viau et Bouchard, 2006) dans une approche contextualisée. Ces échelles renvoient ainsi aux
stratégies qui peuvent être mises en œuvre : a) en situation
de cours dispensé par un enseignant (7 items) ; b) en situation de
résolution de problème en classe, dans le cadre de TP, lors
d’un devoir, etc. (8 items) ; c) en situation d’examen (7
items). Les étudiants doivent indiquer selon quelle fréquence (de
1 « jamais » à 5 « toujours ») ils
utilisent les différentes stratégies répertoriées
dans chacune de ces trois situations d’apprentissage. Bien que chaque
situation renvoie à des stratégies d’apprentissage
spécifiques, globalement, deux types de stratégies sont
proposés dans les échelles : les stratégies cognitives
et métacognitives. Les premières réfèrent à
la sélection des informations importantes ou essentielles,
l’élaboration de liens entre les nouvelles informations et les
connaissances déjà acquises, l’organisation des informations
de manière logique, structurée et personnelle ou encore à
la contextualisation des informations au regard des contextes professionnels
(exemples en situation de résolution de problème :
« j’identifie la nature du problème ainsi que les
concepts et les équations reliés » ; en
situation de cours : « je prends des notes dans un format
structuré et logique »). Les stratégies
métacognitives renvoient, quant à elles, au contrôle et
à l’autoévaluation de son attention et de
l’efficacité des stratégies utilisés (exemple en
situation d’examen : « à la fin, quand j’ai le
temps, je révise chacune de mes réponses »).
4.2.4. Construction des indicateurs et évaluation des qualités
métrologiques des outils
L’un de nos objectifs étant de développer un dispositif
d’évaluation des effets d’un scénario
pédagogique basé sur la conception d’un EPA sur certaines
dimensions impliquées dans le processus d’autorégulation de
l’apprentissage, nous avons évalué la structure, la
fidélité et la validité de nos instruments de mesure. Dans
cette perspective nous avons réalisé des Analyses en Composantes
Principales (ACP) avec rotation (varimax), calculé les alphas de Cronbach
relatifs à chaque solution retenue et examiné leurs relations
(corrélations).
En ce qui concerne la motivation vis-à-vis des études,
l’ACP montre que les 28 items se répartissent selon 5 axes
factoriels expliquant 59% de la variance totale (variabilité des
réponses). Trois axes regroupent les items relatifs aux cinq formes de
motivation autodéterminées ou au centre du continuum (motivation
intrinsèque à la connaissance, à l’accomplissement et
à la stimulation, motivation extrinsèque identifiée et
introjectée). Deux autres axes saturent respectivement (avec des
corrélations >.300) les items associés à la motivation
extrinsèque par régulation externe et ceux associés
à l’amotivation (formes les moins autodéterminées).
Ces résultats sont cohérents avec le modèle
théorique sous-jacent à l’instrument. En outre chacune des 7
sous-échelles présente une bonne consistance interne (α
allant de .70 à .87). Nous avons calculé un index global
d’autodétermination de la motivation en nous basant sur la formule
utilisée par divers auteurs ayant eu recours à cet instrument (Guay et Vallerand, 1996).
Théoriquement le score d’autodétermination peut varier de
-72 à +72.
Les ACP relatives aux SEP vis-à-vis de la formation et
vis-à-vis des stratégies d’apprentissage proposent chacune
une solution uni-factorielle (dont la valeur propre supérieure à
1). La première propose un axe qui sature les 8 items (avec des
corrélations >.500) et explique 42% de la variance. La seconde un axe
saturant aussi les 8 items (corrélations >.500) et expliquant 45% de
la variance. Ces résultats confirment la structure unidimensionnelle des
échelles qui présentent, en outre, une bonne consistance interne
(voir Tableau 2). Nous avons donc calculé deux scores
généraux de SEP (vis-à-vis de la formation et
vis-à-vis des stratégies d’apprentissage) qui peut varier
théoriquement de 8 à 40.
Les échelles mesurant les stratégies d’apprentissage dans
trois situations pédagogiques, ont donné lieu, quant à
elles, à trois ACP. La première, relative à la mise en
œuvre des stratégies en situations de cours, propose une solution
uni-factorielle saturant tous les items (corrélations >.300) et
expliquant 29% de la variance. De l’analyse associée aux situations
de résolution de problèmes se dégage également une
solution saturant les 8 items (corrélations >.400) sur un seul axe et
expliquant 34% de la variance. La troisième analyse, qui porte sur la
fréquence d’utilisation des stratégies lors des examens,
débouche aussi sur une solution uni-factorielle saturant 6 items
(corrélations >.400) et expliquant 41% de la variance. Les trois
échelles présentent une bonne consistance interne (voir Tableau
3). Trois scores de fréquence d’utilisation des stratégies
d’apprentissages relatives à trois situations pédagogiques
ont donc été calculés. Afin de pouvoir les comparer et de
faciliter la lecture des résultats nous avons pondéré ces
scores. Ils peuvent théoriquement varier de 8 à 40.
|
Moyenne (E-T) |
Médiane |
Min. |
Max. |
α |
Motivation études |
28,25(12,42) |
30,33 |
-6,33 |
55,67 |
.90 |
SEP formation |
31,11(4,59) |
31 |
19 |
40 |
.79 |
SEP SA |
28,28(4,99) |
28 |
13 |
40 |
.82 |
SA cours |
27,60(3,99) |
27,43 |
16 |
37,71 |
.72 |
SA résolution problème |
28,01(4,61) |
28 |
14 |
40 |
.70 |
SA examen |
27,21(6,85) |
26,67 |
8 |
40 |
.77 |
Tableau 3 • Statistiques descriptives
relatives aux dimensions psychologiques appréhendées
A titre indicatif, on constate (voir Tableau 4) que les étudiants
interrogés ont, en moyenne, un SEP ainsi qu’un degré
d’autodétermination vis-à-vis de la formation
élevés (ce qui n’est pas surprenant pour des
étudiants inscrits en 1ère année en IUT suite
à une phase de sélection). Le score moyen de SEP vis-à-vis
des stratégies d’apprentissage est un peu plus faible que celui
vis-à-vis de la formation mais reste relativement élevé (la
valeur centrale théorique étant de 24). Du point de vue de la
fréquence d’utilisation de stratégies d’apprentissage,
les scores moyens sont aussi assez importants. On note que les résultats
sont homogènes quelle que soit la situation pédagogique
considérée (bien que les réponses des étudiants
semblent plus hétérogènes en ce qui concerne leur
fréquence d’utilisation de stratégies d’apprentissages
lors des examens).
Enfin, l’examen des corrélations entre les scores relatifs
à chacune des dimensions psychologiques ciblées (voir Tableau 4)
indique, globalement, une bonne validité de construit (convergence des
réponses des étudiants aux différents instruments de
mesure). Dans l’ensemble, les dimensions appréhendées sont
corrélées positivement et de manière significative
(* p <.05 ; ** p <.01). Autrement dit, plus les étudiants ont
des sentiments d’efficacité personnelle élevés, plus
ils ont un profil motivationnel autodéterminé et plus ils
utilisent fréquemment des stratégies d’apprentissage
diversifiées et identifiées comme étant appropriées (Viau et Bouchard, 2006).
Seule la corrélation entre le SEP vis-à-vis de la formation et la
fréquence d’utilisation de stratégies d’apprentissage
lors des examens n’est pas significative. Il semble donc qu’un fort
sentiment d’efficacité envers la formation ne favorise pas
particulièrement le déploiement de stratégies
d’apprentissage en situation d’examen.
|
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
6 |
1. Motivation dans les études |
- |
|
|
|
|
|
2. SEP formation |
349** |
- |
|
|
|
|
3. SEP SA |
182* |
529** |
- |
|
|
|
4. SA cours |
286** |
297** |
326** |
- |
|
|
5. SA résolution problème |
224** |
178* |
245** |
485** |
- |
|
6. SA examen |
147* |
019 |
266** |
261** |
296** |
- |
Tableau 4 • Corrélations entre
les dimensions psychologiques appréhendées
5. Conclusion et perspectives
Dans cette étude, nous avons
présenté un cadre pédagogique pour la mise en œuvre de
la conception d’un EPA par des groupes d’étudiants, un
dispositif d’évaluation de ses effets sur la motivation, le
sentiment d’efficacité personnelle et les stratégies
d’apprentissage. En outre, les éléments de résultats
dégagés de nos premières analyses ainsi que ceux de nature
plus méthodologique, à ce stade essentiellement exploratoires, ont
permis de poser un certain nombre de constats.
D’abord, la réflexion collaborative sur la conception d’un
EPA dans le cadre d’un projet est possible de la part
d’étudiants. Les échanges entre étudiants semblent
permettre de structurer leurs besoins en termes d’activités
d’apprentissage, question qu’ils ne semblent pas
nécessairement se poser de manière spontanée. Les
productions sous forme de cartes mentales permettent également de montrer
que ce format soutient la variabilité exprimée dans les
interactions. Néanmoins, il sera judicieux d’intégrer une
phase supplémentaire dans notre scénario qui serait une
activité individuelle, avant et/ou après l’activité
collaborative, donnant la possibilité à chaque étudiant de
réfléchir à ses propres besoins, dans l’optique
d’une personnalisation de l’environnement. En effet, le travail
collaboratif permet à chacun d’exprimer, de formuler ses pratiques
(d’en prendre aussi conscience grâce aux échanges), de les
associer à des fonctionnalités mais la production du groupe
pourrait ne pas être adaptée au besoin personnel. Déterminer
la nature des réflexions conduites pendant les deux types
d’activités pourrait non seulement nous éclairer sur les
effets de l’une ou l’autre de ces activités sur la prise de
conscience des variables motivationnelles mais également établir
des fonctionnalités d’EPA plus adaptées au profil de chacun.
Ensuite, si les effets de la conception d’un EPA n’ont pas encore
été élucidés, le questionnaire élaboré
pour mesurer différentes dimensions psychologiques a tout de même
permis, dans cette première étape de notre étude, de
spécifier certaines caractéristiques chez les étudiants
sollicités. On constate qu’ils sont, en moyenne, plutôt
motivés de manière intrinsèque, possèdent un fort
sentiment d’efficacité personnelle, et utilisent fréquemment
des stratégies d’apprentissage identifiées commet
étant appropriées dans les situations pédagogiques
ciblées. Ces trois dimensions sont positivement et significativement
associées.
La conception d’une maquette d’un EPA idéal fait
apparaître une prise de conscience de la part des étudiants
à propos des variables psychologiques étudiées : la
motivation, le SEP et certaines stratégies d’apprentissage
résonnent avec les propositions de fonctionnalités à
intégrer dans l’EPA projeté. Néanmoins, on constate
que les productions ne proposent pas toujours des fonctionnalités en
support à toutes les dimensions alors même que ces variables sont
mesurées positivement dans les questionnaires. C’est un point
qu’il sera nécessaire d’approfondir dans la poursuite de
notre étude : soit les étudiants n’ont pas besoin
d’aide en terme d’EPA sur ces dimensions, soit ils n’ont pas
conscience de les mettre en œuvre (notamment en ce qui concerne les
stratégies métacognitives).
La prochaine étape de notre étude est de proposer un second
questionnaire (T2) mesurant strictement les mêmes dimensions
psychologiques que celles appréhendées lors de la première
passation (mesure répétée). Nous avons introduit, en
complément, de nouvelles questions afin d’appréhender
l’utilité perçue par les étudiants de la conception
de l’EPA (questions uniquement à l’adresse du groupe
expérimental). Cette seconde phase nous permettra de
révéler les effets potentiels du scénario
pédagogique développée. En effet, l’objectif du
travail consistera à examiner si et dans quelle mesure le SEP et la
motivation des étudiants ainsi que les stratégies
d’apprentissages qu’ils mettent en œuvre diffèrent de
manière significative entre le T1 et le T2 ce, plus
particulièrement, chez les étudiants du groupe
expérimental, ayant réfléchi à un modèle
d’EPA. L’hypothèse étant que la mise en œuvre du
scénario pédagogique doit favoriser une augmentation du SEP, de la
motivation intrinsèque et le développement/déploiement de
stratégies d’apprentissages chez les étudiants.
Pour terminer, précisons que cette étude a pour ambition de
s’inscrire dans un temps plus long dans la mesure où l’un de
nos objectifs, à moyen et long termes, est d’intégrer le
questionnaire élaboré comme un élément du
scénario pédagogique. Ceci permettrait aux enseignants
d’orienter leurs pratiques pédagogiques en fonction des profils
d’étudiants identifiés via l’appréhension de
certains processus psychologiques en jeu dans l’autorégulation de
l’apprentissage. L’explicitation des dimensions sous-jacentes au
questionnaire avec les étudiants contribuant également à
l’ajustement de leurs conduites d’apprentissage. La conception
d’un EPA serait ainsi considérée à la fois comme un
soutien au développement du processus d’apprentissage et le produit
de la mise en œuvre des conduites d’apprentissage, lorsqu’il
s’agira de l’utiliser réellement. In fine, notre
objectif est de proposer un scénario pédagogique permettant
à chaque apprenant de prendre conscience de ses capacités
motivationnelles pour qu’il trouve des moyens de les faire évoluer,
à travers la mise en place d’un processus de conception d’un
EPA et de son utilisation, conception guidée individuellement par
l’enseignant qui aurait à sa disposition les profils motivationnels
de ses étudiants. Cet objectif appliqué, lié à des
recueils précis de données dans des situations naturelles, devrait
également contribuer à répondre aux questionnements
scientifiques concernant la personnalisation de l’accompagnement
psychologique de l’apprenant par les environnements technologiques.
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A
propos des auteurs
Stéphanie MAILLES-VIARD METZ est maître de
conférences en psychologie et ergonomie cognitive à l'IUT de
Montpellier Sète (France). Ses travaux portent principalement sur
l'analyse des usages et la proposition de nouveaux outils technologiques pour
les acteurs de l'enseignement (enseignants et étudiants) dans la conduite
d'activités spécifiques comme l'orientation, la collaboration et
l'auto-évaluation.
Adresse : Laboratoire PRAXILING,
Université Montpellier 3, route de Mende, 34199 Montpellier cedex 5 -
http://praxiling.fr
Courriel : stephanie.metz@univ-montp2.fr
Emilie VAYRE est maître de conférences en
Psychologie du travail et des organisations à l’Université
Paris Ouest Nanterre la Défense (Équipe TE2O, LAPPS EA4386 -
http://te2o.u-paris10.fr/). Ses travaux de recherche portent principalement sur
les facteurs et les conséquences des usages des technologies de
l'information et de la communication en contextes de travail et de
formation.
Adresse : Université Paris Ouest
Nanterre la Défense, UFR SPSE, 200 avenue de la République, 92001
Nanterre Cedex, France.
Courriel : evayre@u-paris10.fr
Chrysta PÉLISSIER est maître de
conférences en sciences du langage / sciences de l'éducation
à l'IUT de Béziers (France). Ses travaux portent principalement
sur les aides mises en jeu dans les dispositifs de formation numérique
(EIAH). Elle interroge ces aides du point de vue de leur contenu, de leur forme
et leur usage en contexte de formation universitaire, à destination des
étudiants et des enseignants.
Adresse : Laboratoire PRAXILING,
Université Montpellier 3, route de Mende, 34199 Montpellier cedex 5 -
http://praxiling.fr
Courriel : chrysta.pelissier@univ-montp2.fr
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