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Apprendre l'informatique par la programmation des
robots : cas de Nao
Claver NIJIMBERE (EDA, Université Paris
Descartes)
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RÉSUMÉ : Cet article vise la construction des
savoirs informatiques chez les étudiants de licence 3 dans un contexte de
projet de programmation de Nao, un robot humanoïde. Il s'inscrit dans le
cadre d'une thèse de doctorat en cours à l'université Paris
Descartes. Des observations ethnographiques des pratiques en contexte de projets
et des entretiens périodiques en groupes, ont été
effectués puis complétés par des entretiens en groupe
conduits auprès des enseignants-encadrants de ces projets. Toutes les
données ont été analysées et les résultats
discutés à la lumière de la littérature disponible.
Les résultats montrent beaucoup de connaissances informatiques
pluridisciplinaires construites et/ou d'autres utilisées. Des
connaissances mathématiques avancées, pourtant indispensables pour
la performance de Nao, ont été limitées par une absence de
modélisation, laquelle modélisation est adaptée à la
décomposition des tâches en actions
élémentaires.
MOTS CLÉS : Apprentissage,
informatique, programmation, robot, Nao
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Learning computer science by programming robots : the case of NAO |
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ABSTRACT : This article aims at studying the acquisition of computer
knowledge by bachelor students in a context learning to program with Nao, an
humanoid robot. It is a part of an ongoing doctoral dissertation at the Paris
Descartes University. Ethnographic observations were performed in the context of
realizing projects. We have led periodical group discussions with students and
with instructors. Results show the mobilization of much multidisciplinary
computer knowledge. Advanced mathematical knowledge, mandatory for Nao’s
performance, was limited by the lack of a model which would be required in order
to breakdown the tasks into elementary actions.
KEYWORDS : Learning, computer science, programming, robot,
Nao |
1. Contexte, éléments de problématique et
hypothèses de recherche
Plus qu'hier, l'informatique
connaît aujourd'hui de nombreuses applications dans tous les domaines
socio-professionnels. Chez les jeunes, si les environnements informatiques sont
omniprésents, ils en comprennent moins leur fonctionnement (Bers, 2008).
L'informatique, devenue de plus en plus incontournable dans la vie quotidienne,
une nécessité d'en offrir une culture générale
à tous les citoyens est à la mode dans beaucoup de pays (Dowek et al., 2011).
Néanmoins, les systèmes éducatifs des divers pays ont eu de
la peine à prendre la mesure et à définir des contours pour
cette discipline-carrefour, entre technologie et science autonome, en
évolution constante et dont les contours ont beaucoup variés au
cours du temps (Baron, 2012). Au
sein d'un même pays, diverses approches sont souvent mises en
œuvre.
En France, après de longues années d'absence, l'informatique a
revu le jour en tant que discipline de formation générale dans les
lycées scientifiques à la rentrée 2012, après des
ouvertures et interruptions périodiques il y a une trentaine
d'années (Archambault, 2011) ; (Rapport de l'académie des sciences, 2013).
Elle est en voie de généralisation à toutes les terminales
à la rentrée 2014. À l'université, la situation est
différente du secondaire. L'informatique est enseignée depuis les
années 60 (Baron, 1987).
Plusieurs approches sont mises en œuvre : approches par projets,
programmation des technologies innovantes, etc. Cet article s'intéresse
à l'apprentissage de l'informatique par la programmation d'un robot Nao
par les étudiants de licence 3 en informatique à
l'université Paris Descartes.
1.1. Approche par projets robotiques, une solution aux problèmes de
l'apprentissage de l'informatique en licence ?
L'apprentissage de la plupart des disciplines scientifiques souffre d'un
manque de motivation chez les jeunes. Un sentiment d'inaccessibilité
voire de rejet a d'ailleurs été développé chez
beaucoup parmi eux et le caractère abstrait des sciences en serait
à l'origine (Nonnon, 2002).
Si nous pouvions penser que l'informatique ferait exception, il n'en est
malheureusement rien. Janiszek, Bouilc’h, Pellier, Mauclair et Baron (Janiszek et al., 2011a) indiquent que le manque de motivation de l'informatique chez les jeunes a
poussé à imaginer et élaborer des parcours
pédagogiques plus attractifs et mieux adaptés aux étudiants
pour motiver l'apprentissage de l'informatique. Ce contexte d'apprentissage
semble entrer dans la ligne suggérée par Pierre Nonnon de mettre
les élèves au travail : selon lui, pour aimer les sciences,
il faut en faire. L'instauration de contextes motivants dans les apprentissages
des étudiants vise à favoriser l'engagement, la découverte,
la curiosité, l'exploration, l'expérimentation et la
formalisation. L'importance de ce contexte d'apprentissage est de permettre
l'explicitation d'une démarche de projet prescrite aux étudiants
surtout en début de formation pour ne pas rendre plus
problématique sa mise en œuvre (Lauzier et Nonnon, 2007).
1.2. Robotique pédagogique : genèse et
développement
Si, dans l'enseignement et apprentissage de l'informatique,
l'intérêt de la robotique pédagogique (RP) est de plus en
plus évoqué actuellement, cette question n'est pas nouvelle. Cette
approche trouve sa source à la fin des années quatre-vingt.
Fortement attaché à la formation professionnelle, Martial Vivet
indique dans un document rédigé dans les années 1980 et
publié en 2000 (Vivet, 2000), les
motivations à l'origine de la naissance de la RP : remédier
aux limites d'usage de la tortue Logo dans la formation (professionnelle) en vue
d'améliorer son efficacité pour les apprentissages. Les outils
matériels devraient être enrichis au moyen des bras manipulateurs
pour pouvoir travailler, non pas avec la tortue de Logo au sol, mais avec des
bras. La tortue Logo a donc été dotée d' « un
dispositif appelé CARISTO, correspondant au chariot de cariste, point de
départ d'un axe de recherche lié à la formation
technologique et la formation professionnelle continue. » (Bruillard et al., 2000).
En France, les travaux de recherche dans ce domaine existent donc depuis une
trentaine d'années (Leroux, 2005a).
Après le premier congrès sur la RP tenu en France en 89, le
début de la décennie suivante s'est caractérisé par
des recherches accrues dans ce domaine, lesquelles ont confirmé ses
potentialités éducatives (Marchand, 1991) ; (Baron et Denis, 1993) ; (Duchâteau, 1993) :
possibilités de renouvellement des pratiques d'enseignement du
côté des enseignants et, d'apprentissage chez des apprenants.
À partir de cette période, des activités d'apprentissage
attrayantes pour les élèves ont été conçues
et proposées. Un des atouts majeurs de ces pratiques
éducationnelles se situe dans la pratique active de
l'élève, où ce dernier est incité à donner
une forme - par construction - et un comportement - par la programmation -
à un objet de sa propre création.
Pascal Leroux est l'un des pionniers de la RP. Ses travaux de recherche
s'intéressent à l'alphabétisation à la technologie
et à l'informatique, au pilotage d'automatismes et à l'initiation
à la programmation. Il a mis sur pied un logiciel appelé RoboTeach (Leroux, 1995),
qui a été reconnu d’intérêt pédagogique
par le Ministère de l'Éducation Nationale (Leroux et al., 2005).
Destiné aux adultes de faible niveau de qualification et aux
élèves de collège, ce système comprend des
matériels pédagogiques : des micro-robots modulaires, des
fichiers d'activités en automatismes pour les classes à
destination des élèves et enseignants. Si son but n'est pas de
former des programmeurs, une initiation à l'informatique et surtout
à la programmation est faite au public peu ou pas scolarisé. Ce
logiciel permet d'aborder des notions algorithmiques telles que des structures
conditionnelles (si... alors... sinon) et itératives (tant que...) sous
une forme proche du langage naturel.
Encouragée dans plusieurs domaines dont le milieu éducatif (Bonnel, 2010),
l'utilisation de la robotique pour les apprentissages scolaires a pris de
l’ampleur. Néanmoins, sa cherté, soulignée depuis sa
naissance (Duchâteau, 1993),
fait qu'elle reste jusqu'aujourd'hui, le monopole d'établissements
privilégiés (Janiszek et al., 2011a).
Pour Duchâteau, si les concepts essentiels de l'algorithmique sont
importants et si l'exercice de la pensée planificatrice à laquelle
ils conduisent est source d'apprentissages essentiels, il importe d'aller
au-delà et de proposer des approches non classiques de la
programmation : la programmation des robots. Cette importance est
justifiée par le fait que l'exercice de la RP peut être un
précurseur facilitant l'appropriation de certains savoir-faire et modes
de pensée de la programmation, mais aussi comme une étape
particulièrement adaptée et sémantiquement riche de la
maîtrise de celle-ci. Ainsi, la robotique constitue, selon lui, une des
étapes de l'apprentissage de la programmation informatique et, il
recommande de « consacrer un certain temps à la programmation
de robots » au cours de l'apprentissage de l'informatique.
Actuellement, l'approche orientée projet de la programmation des
robots est privilégiée dans l'apprentissage de l'informatique (Janiszek et al., 2011b).
La RP peut prendre diverses formes « allant d'un simple ordinateur
contrôlant un objet périphérique (une station
météorologique, de maquettes de mesures en science physique, un
train, des systèmes automatisés) jusqu'à un automate
intelligent ou un simulateur
d'expérimentation1 ».
Les robots peuvent être utilisés dans les apprentissages pour tout
public et à tous les niveaux d'enseignement, du plus jeune âge
jusqu'à l'université : à l'école maternelle (Komis et Misirli, 2011) ;
au secondaire (collège) et pour les professionnels faiblement
qualifiés (Leroux, 1995) ; (Leroux, 2005) ; (Leroux et Vivet, 2000) et à l'université (Janiszek et al., 2011b)
1.3. Robotique et potentialités éducatives
Depuis les années quatre-vingt-dix, des recherches se sont
intéressées à des approches comparatives entre ordinateur
et robot (ou l'informatique et la robotique). Charles Duchâteau (Duchâteau, 1993) en précise trois principales potentialités communes :
d'abord, la potentialité de rapprochements disciplinaires pour passer
à l'acquisition de connaissances en privilégiant l'exercice d'une
démarche méthodologique ; ensuite, la mobilisation d'une
méta-réflexion engagée comme l'un des buts essentiels de
tout apprentissage qui vise le développement de l'autonomie des
apprenants et, enfin, l'intervention du concept de problème. Si ce
concept est commun à la robotique pédagogique et à la
programmation, ces dernières sont mobilisées dans la
résolution des problèmes, une résolution qui est toujours
faite en « différé » par un exécutant
ad hoc.
À côté de ces ressemblances, des différences ont
aussi été relevées. Duchâteau en a souligné
quelques unes qu'il classe en deux grandes catégories. La première
catégorie concerne les aspects conceptuels qui s'intéressent
à la durée des actions, la façon dont elles se
déroulent et la construction de l'exécutant. En rapport avec la
durée, dans le cas de l'exécutant-ordinateur, les actions sont
conceptuellement sans durée : si la durée est sans importance
pour l'écriture de la marche à suivre, dans le cas d'un
exécutant-robot, les actions ont souvent une durée limitée
de leur déroulement. Un deuxième aspect conceptuel est la
programmation parallèle. Ce type de programmation, où des actions
peuvent facilement s'exécuter simultanément, est aisément
abordé en robotique. Le dernier aspect conceptuel est la construction du
robot qui, contrairement à la programmation des ordinateurs, fait partie
intégrante de l'activité de la robotique pédagogique et
confère ainsi au robot une dimension technologique.
La deuxième catégorie aborde l'apprentissage concerné et
les activités cognitives permises. Il distingue d'abord deux types
d'apprentissages : la robotique pédagogique et la programmation
classique. Par informatique classique en général et programmation
classique en particulier, j'entends la programmation qui consiste à
manipuler directement l'ordinateur ou un environnement informatisé et non
pas un matériel embarqué, donc extérieur à
l'ordinateur. Bourguiba (Bourguiba, 2000) caractérise ce contexte de programmation de
« souple » par rapport à celui de la programmation
d'un robot. Pour ce dernier, le code est d'abord construit sur l'ordinateur
avant de le tester sur un exécutant distinct et extérieur de
l'ordinateur.
D'autres recherches ont comparé le robot et l'ordinateur selon leur
état. Deux spécificités du robot ont été
relevées. La première est liée à son
caractère d'objet réel. Hsu, Chou, Chen, Wang et Chang (Hsu et al., 2007) distinguent le robot de l'ordinateur par sa nature d'objet réel et
systématique, en opposition avec la nature d'artefact virtuel et
intégré caractérisant le logiciel éducationnel sur
ordinateur. La deuxième spécificité est en relation avec
leur fonctionnalité (Resnick et al., 1996) :
comme un ensemble mécanique et électronique, un robot est un
dispositif caractérisé par différents degrés de
transparence – programmabilité – et d'interactivité
– délai du feed-back - et contrôlable par l'ordinateur. La
combinaison de ces deux caractéristiques permises par le robot est, selon
eux, le fondement de l'intérêt éducatif du robot chez
l'apprenant. Pour d'autres recherches, la robotique pédagogique offre une
amélioration de la compréhension et de la maitrise de la
programmation chez les apprenants par rapport à l'utilisation du seul
ordinateur (Pap-Szigeti et al., 2010).
Quatre caractéristiques distinguent la robotique pédagogique de
la programmation classique (Duchâteau, 1993) :
motivation, facilité de vérification des programmes, degré
d'abstraction de l'exécutant et vaste champ d'application. Selon lui, la
motivation plus grande dans le cas de la RP, résulte des
représentations mentales plus immédiates qu'on peut se faire que
dans le cas du robot-ordinateur : l'assemblage du dispositif à
programmer fait parfois partie de la démarche éducative
proposée, la connaissance de l' « intérieur »
du robot et la motivation à le programmer sont plus aisées. Cette
immédiateté des représentations mentales confère
à la programmation des robots un caractère ludique, plus long
à mettre en évidence dans le cas de la programmation classique. La
deuxième caractéristique dans cette catégorie est la
vérification des programmes. Cette dernière est rendue facile dans
le cas du robot par le fait qu'on voit le robot agir sous l'emprise de la marche
à suivre, conçue et fournie par son concepteur :
l'entièreté du déroulement du processus est suivi, la
correction et l'adaptation des programmes sont plus aisées. Cette
situation est de loin différente du cas de la programmation classique
où on ne dispose que de l'écran où s'affichent les
résultats du processus alors que tout le processus d'exécution est
occulté (Duchâteau, 1993).
En troisième lieu, contrairement au robot construit qui agit et
réagit sur des tâches qui lui sont communiquées,
l'exécutant-ordinateur est vu comme un robot abstrait et
compliqué. Selon Dowek et
al.,(Dowek et al., 2011),
ce dernier est donc un ordinateur particulier muni des capteurs et d'actionneurs
où une action est exécutée en boucle infinie fermée
dans laquelle les capteurs sont interrogés et les actionnaires
activés. Ces tâches, dans le cas du robot, deviennent finalement
compréhensibles et aisément repérables. La dernière
caractéristique qui distingue le robot de l'ordinateur concerne les
champs d'applications possibles. Contrairement à la programmation
classique des ordinateurs qui se limite aux traitements formalistes de
l'information, les robots sont des exécutants en mouvement qui peuvent
agir souvent dans un espace, qui manipulent, qui bougent et qui sont
dotés d'organes capables de renseigner sur l'état de leur
environnement. Le concept d'information est central en informatique (Dowek et al., 2011).
S'il reste le plus souvent une abstraction en programmation classique,
Duchâteau trouve que les activités de la robotique
pédagogique peuvent lui donner corps : la robotique pédagogique
apporte une extension du champ accessible à la modélisation et un
éclairage supplémentaire sur l'information et son traitement.
1.4. Initier à la programmation : du langage Logo aux langages
à blocs
Mendelsohn (Mendelsohn, 1985) note une spécificité de l'approche Logo par rapport aux autres
approches de programmation. Selon lui, Logo joue trois rôles à la
fois : il est un langage de programmation, une théorie de
l'apprentissage mais aussi un dispositif matériel. Populaire dans les
années 80 (Papert, 1994),
l'approche Logo a été caractérisée comme faisant
partie de la robotique pédagogique. Si l'usage de Logo était
initialement focalisé sur un robot
« mécanique », connecté à l'ordinateur
par un long « cordon ombilical » pour reprendre le terme
utilisé par Resnick, Martin, Sargent et Silverman (Resnick et al., 1996),
la prolifération des micro-ordinateurs dans les années 1970 a fait
que la communauté Logo a orienté son approche sur des
« robots d'écran », rapides et précis. Cette
nouvelle orientation avait pour avantage de susciter chez les jeunes apprenants
une créativité et une démarche d'investigation beaucoup
plus poussées et complexes. Les limites de l'environnement Logo dans
l'alphabétisation informatique étaient liées au manque
d’autonomie (Resnick et al., 1996) :
« it is difficult to think of a machine as an autonomous creature if it is
attached by umbilical cord to a computer.». Cette limitation de nature
structurelle a été prise en compte dans la conception des langages
des générations qui lui ont succédé. Ceux qui ont
été conçus après Logo visaient la correction de ses
imperfections et des difficultés vécues par les apprenants dans
son utilisation (Leroux, 1995) :
« Grâce à la manipulation directe et à un
modèle d'interface, spécifique, qui intègre l'ensemble de
fonctionnalités de gestion des programmes (édition,
exécution, etc.), nous avons limité les problèmes que
rencontrent les stagiaires dans nos formations d'alphabétisation
technologique et informatique au cours de l'utilisation de l'environnement de
programmation Logo : erreurs syntaxiques et des difficultés
liées à l'édition et à l'exécution de
programmes. »
Guzdial (Guzdial, 2004) donne toute une liste de langages successeurs de Logo : Logowriter,
Starlogo, Moose crossing, Boxer Smalltalk, etc. Chaque environnement de
programmation a sa spécificité. L'environnement Starlogo, par
exemple, en plus d'être un langage de programmation, est un environnement
de conception des simulations, de construction et de test (Klopfer et Begel, 2003).
Contrairement à Charles Duchâteau qui assimile Logo au robot,
beaucoup de travaux récents sur la programmation font une distinction
entre les deux. Les environnements successeurs de Logo et conçus pour
l'alphabétisation informatique, sont actuellement orientés dans un
ensemble de langages dits graphiques à base de blocs (Muratet et al., 2011).
Un premier langage de ce type a été Logo Blocks,
développé au milieu des années quatre-vingt-dix par the MIT
Media Lab (Tempel, 2013).
La littérature donne une liste non exhaustive de tels langages : Turtle
Art, PICO Blocks, MIT App Invetor, Alice, Scratch (Tempel, 2013),
Program your robot (Kazimoglu et al., 2012) ;
PlayLogo (Paliokas et al., 2011).
Ils souvent orientés sous forme de jeux, notamment des jeux
sérieux, à l'instar de Robocode (O’Kelly et Gibson, 2006),
Prog&Play (Muratet et al., 2012),
Colobot (Muratet, 2010),
etc. Dans ces environnements, l'apprentissage de la programmation se fait en
jouant à des jeux centrés sur la résolution des
problèmes.
Ces environnements sont porteurs de beaucoup d'avantages potentiels pour des
novices en informatique et particulièrement en programmation. Leur
structure permet de dispenser certains aspects de la programmation qui sont
souvent des sources de difficultés chez les débutants. Dans une
situation de programmation de ces environnements, chaque bloc du langage est
considéré comme un ou des éléments d'un langage de
programmation (Muratet et al., 2011) et
diverses notions informatiques sont manipulées : instruction de
contrôle, instructions conditionnelles, variables, listes, concepts de
séquences, itération, une variable, fonction, opérateur,
etc., de telle sorte que la construction d'une programmation informatique se
fait par simple glisser-déposer des combinaisons de ces différents
éléments de blocs. Michael Tempel, à partir d'un exemple de
Scratch, montre comment fonctionne le travail de programmation de langages
à base de blocs en simulant le jeu entre un chat et une souris, le
premier poursuivant ce dernier dans un mouvement aléatoire sur
l'écran. La structure de tels langages à blocs est
pédagogiquement importante pour le débutant. Elle offre une
meilleure représentation visuelle du programme, lequel programme devient
plus compréhensible que le code construit dans un autre langage (Tempel, 2013).
De plus, si la forme d'un bloc donné est un indicateur de l'objet de ce
programme, la façon dont les blocs sont assemblés et
disposés donne une information sur le déroulement de ce
programme.
De plus, ces types de langages à blocs permettent un apprentissage en
séquence de la programmation. Baron et Voulgre ont
expérimenté le langage Scratch auprès des étudiants
de Master en science de l'éducation, novices en informatique à
l'université Paris Descartes. Ils indiquent que, dans ce langage, la
structure à base d’assemblage de blocs permet aux novices de passer
directement à la programmation sans devoir passer par la construction
d'un algorithme (Baron et Voulgre, 2013).
Un autre intérêt important de cette structure des langages à
blocs est la faible probabilité de commettre des erreurs de syntaxe (Tempel, 2013) :
« if we try to put the « point in
direction » blocks into the « if » block, it will not go. It's the wrong shape. Similarly, we cannot put the « touching ? » block into the « point in direction » block. In this way, most
syntax errors are precluded.».
Limiter la difficulté en rapport avec la syntaxe, souvent importante
chez les débutants en programmation, leur permet de ne se concentrer que
sur d'autres aspects de la programmation. En effet, les caractéristiques
structurelles offertes par de tels types d'environnements les rendent favorables
et abordables aux novices sans trop de difficultés : ils sont
capables de les manipuler à leur guise, de créer des scripts, d'y
inclure des animations, des sons, etc. Cette expérience initiale dans
l'apprentissage de la programmation basée par les langages à blocs
offre une base solide pour une transition souple vers des apprentissages futurs
de l'informatique (Tempel, 2013).
La métaphore recommandée par Charles Duchâteau pour initier
à la programmation des débutants est le fondement de la conception
et du fonctionnement des environnements de type Logo et de ses successeurs.
L'approche de la construction des blocs lors de la programmation est vue comme
une clé de prise en main de multiples langages et de leurs
caractéristiques (Maloney et al., 2004).
Conçus, d'une part pour la promotion d'une « pensée
informatique » et d'une « maitrise pour tous » des
compétences informatiques et, d'autre part, pour une motivation des
étudiants majoritairement démissionnaires, la programmation par
blocs rend l'informatique accessible à beaucoup d'apprenants
débutants, susceptibles d'être rebutés par cette
science (Temple, 2013) : chaque étudiant peut évoluer selon son rythme et acquérir
des compétences lui permettant la poursuite de la carrière
informatique.
Le choix de l'approche par projet robotique est justifié par
l'activité des apprenants au cours de laquelle les conséquences de
leurs décisions sont immédiatement visibles, justement et
clairement sanctionnées par un feed-back direct. Pour Arnaud (Arnaud, 1999),
cette approche pédagogique, vue comme stimulante pour des
étudiants déjà intéressés par cette
discipline, entraîne un effet positif sur l'assimilation des
connaissances. Il rejoint ainsi le point de vue de Tardif (Tardif, 1997) qui, deux ans avant, évoquait la recherche de solution mise en œuvre
au cours de l'activité. Pour Tardif, cette assimilation est rendue
possible par le fait qu'« ils [les étudiants] ne vont pas
seulement appliquer une série de procédures et de contenus
mémorisés mais procéder à une recherche de solution
en prenant appui sur les acquis théoriques qui seront réinvestis
dans cette situation problème ». Cette liaison
théorie-pratique permet ainsi de mobiliser mais aussi de construire un
ensemble de connaissances issues de beaucoup de
domaines2 : informatique,
ingénierie, mathématiques, physique... La robotique
pédagogique est donc inscrite dans une approche constructiviste de
l'apprentissage en utilisant un ordinateur connecté au monde physique (Nonnon, 2002).
D'un point de vue didactique, elle est, selon lui, un dispositif technologique
supposant un processus pédagogique de résolution
systématique des problèmes et, permettant de capitaliser sur le
goût pour le concret.
Parmi les potentialités offertes par la robotique pédagogique,
la transversalité occupe une place importante. Si l'approche
orientée projet de la RP est privilégiée pour
l'apprentissage de l'informatique (Janiszek et al., 2011b),
l'intérêt de cette approche par projet de programmation des robots
est l'ouverture des apprentissages, non seulement aux savoirs étroitement
liés à la discipline informatique, mais aussi à d'autres
savoirs issus de plusieurs domaines. Beaucoup de recherches se sont
intéressées aux apports éducatifs des technologies
robotiques. Leurs potentialités ont été
étudiées de façon générale, rarement dans le
cas d'une technologie spécifique (Gaudiello et Zibetti, 2013).
S'intéressant à l'apprentissage par la programmation des
microrobots, Vivet (Vivet, 2000) présente les potentialités offertes par des outils technologiques
dans l'initiation à la technologie et à l'informatique. Un
intérêt souligné de cette approche est notamment le
« pilotage de micro-robots sous un langage comme Logo pour aborder le
problème de la formation de base de personnels de bas niveau de
qualification ». Le contexte de la RP est, selon lui, une solution
adaptée pour résoudre le problème de formation
professionnelle en informatique et en technologie des personnels pas ou peu
qualifiés initialement. Une dizaine d'années après la
naissance de la robotique pédagogique, Philippe Darche (Darche, 1994) applique la notion d'acteur à la robotique, où un ensemble
d'acteurs robotiques interviennent en réseaux mobiles et communiquant. Il
propose d'adapter ce système à l'enseignement comme un outil au
service de l'apprentissage des notions informatiques issues du
parallélisme et de la communication. Leroux (Leroux, 2005) a
expérimenté un type particulier de logiciel : RoboTeach, un
assistant logiciel pédagogique. Conçu au milieu des années
quatre-vingt-dix en vue d'une alphabétisation technologique et
informatique chez les enfants, RoboTeach est « un environnement
informatique support des activités menées dans le cadre d'une
démarche de projet en micro-robotique pédagogique » (Leroux, 1995).
La découverte des notions technologiques, techniques, la programmation,
etc., mais aussi le pilotage d'un micro-robot étaient visées dans
son expérimentation (Leroux, 2005).
Un avantage important de ce type de langage est la possibilité de limiter
d'abord, chez les débutants, l'apprentissage des notions
informatiques : des structures algorithmiques d'itération et de
répétition, etc., par une approche algorithmique dans une forme
proche du langage naturel. Avec ce langage, l'approche de programmation qui
permet d'acquérir d'autres notions informatiques un peu plus
avancées, telles que des structures, est abordée après une
acquisition d'une certaine maturité chez les apprenants. En RP,
l'intérêt de la pédagogie de projet est souligné (Leroux et al., 1996) ; (Leroux, 2005) :
des groupes de 2 à 3 apprenants travaillent en
coopération3 dans la
résolution des problèmes prescrits par l'enseignant. Le rôle
de ce dernier est d'assurer le guide.
Les recherches sur les kits robotiques dont fait partie le robot Lego
Mindstorm NXT (Nijimbere et al., 2013) affirment leurs potentialités éducatives, offertes par le
caractère à la fois interactif et transparent de ce type de
technologie (Kynigos, 2008) et les activités de construction qui offrent l'occasion à
l'apprenant de devenir auteur plutôt que consommateur de la
technologie.
1.5. Problématique, questions et hypothèses de recherche
Les étudiants actuellement en licence d'informatique ont en
général suivi au lycée des filières
générales scientifiques. Ils n'ont jamais
bénéficié d'une formation scolaire théorique en
informatique. De ce fait, les étudiants de licence ne sont finalement pas
loin des débutants en informatique. De plus, les recherches montrent que
la programmation classique pose de nombreuses difficultés aux
étudiants de ce niveau d'enseignement. Si près de 30%
d'étudiants échouent dans les premières années
d'université, Guibert et al., se référant aux
travaux de Kaasboll, indiquent qu'en informatique, la situation est beaucoup
plus désastreuse : 25 à 80% des étudiants sont en
situation d'échec en programmation en ce début d'études
supérieures (Guibert et al., 2004).
Pour remédier à cette situation, Boudreault et Pregent (Boudreault et Pregent, 2005) proposent un recours aux contextes d'apprentissages attrayants de
l'informatique, particulièrement centrés sur des projets
intégrateurs consistant au montage et à la programmation des
mobiles robotisés. Ce contexte d'apprentissage est vu comme une solution
pouvant susciter la motivation et permettre la réussite de plus
d'étudiants et ainsi réduire le nombre d'échecs en
informatique en général et en programmation en particulier.
À l'université Paris Descartes, des projets de programmation
sont organisés chaque année afin de valider les deux
dernières années de licence. Cet article de recherche
s'intéresse aux apprentissages des étudiants de L3 qui ont choisi
la programmation du robot Nao parmi les projets proposés. Nao est un
robot particulier. De type humanoïde, il est qualifié de
« black box », - non transparent -, et est donc
hermétique à la programmation de ses comportements (Kynigos, 2008).
Le robot Nao est appelé à exécuter des tâches
complexes, généralement confiées aux humains (Espiau et Oudeyer, 2008) :
« jouer au basket », par exemple. L'ambition est
vaste : le robot doit se déplacer, prendre différentes
positions nécessaires, anticiper et prendre des décisions dans des
circonstances souvent imprévisibles conditionnées par le contexte
environnemental...
La difficulté à proposer des contenus de formation en lien
direct avec les applications du monde courant serait à l'origine de la
démotivation des étudiants face à la discipline
informatique (Muratet, 2010).
Nao, l'une des innovations technologiques et pédagogiques, est
proposé pour soutenir cette motivation. Des questions se posent : si
la programmation classique fait autant problème (échecs et
abandons des étudiants en début d'études
supérieures), la programmation de Nao arrive-t-elle à faire
renaître leur motivation vis-à-vis de l'informatique ?
Qu’apprennent et comment les étudiants de licence lors de la
programmation des robots ? Ces questions générales visent
à identifier les connaissances construites par les étudiants au
cours de leurs projets de programmation des robots. Les questions de recherche
suivantes se posent : quelles sont les motivations des choix de sujet de projet
chez les étudiants ? Quelles sont les connaissances construites au
cours des projets de programmation de Nao ? Quelles sont les
stratégies utilisées et comment sont-elles mises en œuvre
pour gagner la compétition ? Quelles sont les difficultés
rencontrées au cours de ces activités ?
Deux hypothèses de départ ont orienté la
recherche :
Hypothèse 1 : la robotique pédagogique,
intégrée dans les apprentissages depuis l'école primaire,
dans certaines écoles, ne pose a priori pas de difficultés
majeures aux étudiants de L3.
Hypothèse 2 : la programmation de Nao exige beaucoup
de connaissances chez les étudiants, elle permet par conséquent
l'acquisition des notions informatiques avancées.
Je m'intéresse donc à la programmation de Nao, un robot
humanoïde, par les étudiants de licence au cours de leurs projets.
Ce type de technologie n'est prescrit aux étudiants qu'en L3 pour
continuer en Master. L'hypothèse 2 (H2) formulée est
motivée par le fait que la prescription institutionnelle du robot Nao
commence tardivement, ce qui laisse penser que sa programmation est plus
exigeante. Je suppose que la difficulté de Nao peut se situer en termes
de connaissances et de créativité nécessaires par rapport
à d'autres technologies robotiques, telles celles prescrites dans les
classes antérieures : les étudiants de L2 utilisent le robot
Lego Mindstorm qui est morphologiquement et structurellement différent de
Nao.
2. Méthodologie
2.1. Population
La recherche s'intéresse donc aux
étudiants de L3 en informatique à l'université Paris
Descartes. Elle s'inscrit dans le cadre d'une thèse de doctorat en cours
qui s'intéresse à l'apprentissage de l'informatique chez les
débutants. Les étudiants de L3, par rapport à ceux de
licence 1 et licence 2 ne sont pas novices en informatique mais peuvent servir
de comparaison avec les débutants. En effet, si leur deuxième
année de licence (L2) est totalement concentrée sur
l'informatique, ils ont aussi suivi une année commune en première
année de licence (L1) de mathématiques et informatique, avec une
moitié de modules mathématiques et une autre informatique.
La recherche concerne deux groupes de sept étudiants, les seuls
à avoir travaillé sur le robot Nao sur un total de 43 groupes de
L3 en raison de 3 à 4 étudiants par groupe. Les autres (41)
groupes d'étudiants restants de la classe ont
préféré d'autres types de projets et ne sont pas pris en
compte dans cet article. Dans la suite, pour les distinguer, les deux groupes
seront respectivement notés « groupe A » et
« groupe B ». Ils étaient sur un même sujet de
projet : la programmation du robot Nao qui « joue au basket
». Si dans tous les groupes, aucun étudiant n'a déjà
programmé un tel type de robot, la composition des groupes est telle
qu'il se trouve dans chacun d'eux, un étudiant
« pilote », plus avancé par rapport aux autres en
informatique. Dans le groupe A se trouve un étudiant qui a fait une
spécialité informatique au lycée à
l'étranger. Dans le groupe B, un étudiant a déjà
participé au projet de programmation à l'Institut Supérieur
de Technologie (IUT), d'un robot qui se déplace dans un labyrinthe. De
plus, tous les étudiants ont déjà participé à
au moins un projet, non nécessairement lié à la robotique,
notamment en L2. Après soutenance de leurs projets, les étudiants
pouvaient participer, après sélection, à une
compétition inter-universitaire entre trois universités :
université Paris Descartes, Université Diderot et
Université de Paris Nord.
2.2. Brève présentation du terrain de jeu et du robot
utilisés
Entouré d'une bordure rigide de 15 cm, le terrain de jeu mesure trois
mètres sur deux. Les zones de terrain sont délimitées par
des lignes de couleurs différentes : gris claire pour le fond du
terrain, blanc pour les zones d'en-but, vert et bleu pour les lignes Est et
Ouest du terrain, rouge et jaune pour le Nord et le Sud et, noir pour les lignes
partageant le terrain en son milieu de l'Est à l'Ouest et du Nord au Sud.
Deux robots qui s'affrontent commencent chacun à
l'extrémité du terrain, où trois positions sont possibles.
Sur le terrain de jeu, neuf balles ont été positionnées aux
intersections des lignes. Parmi elles, cinq balles et une balle centrale
commune, se trouvent devant chaque robot. Ce dernier a le droit de prendre
uniquement des balles situées devant lui, dans sa moitié de
terrain ainsi que la balle centrale et, la dépose dans le panier du camp
adverse (Règlement de la compétition RoboUni Cup, 2012)4.
La figure suivante illustre, au départ, le positionnement des balles et
des robots sur le terrain de jeu (les gros points noirs représentent
les balles, les lettres R représentent les positions possibles des robots
et les ronds blancs, aux extrêmes gauche et droite, représentent
les paniers) :
Figure 1 • Schéma de principe
du terrain de jeu (RoboUni Cup, 2012)
Roby-Brami et Laffont (Roby-Brami et Laffont, 2002),
dans leur article « Gestes et technologie »,
définissent un robot comme un système programmable et
multifonctionnel, comportant un système de commande et un système
mécanique (articulant plusieurs éléments réunis par
des articulations) doté de moteurs, de récepteurs permettant de
coder l'état des articulations–propriocepteurs - et d'informer sur
l'état de l'environnement–extérocepteurs. Il est
constitué de deux parties principales (Neboit et Poyer, 1991) :
l'une composée d'une structure mécanique polyarticulée,
regroupant des fonctions de déplacement et de manipulation ; l'autre
regroupant des fonctions de traitement des informations et de commande. Dans la
résolution d'un problème, le fonctionnement d'un robot suit un
processus complexe, tenant compte de son système mécanique et des
paramètres issus de son environnement (Roby-Brami et Laffont, 2002) comme elles le montrent sur le schéma suivant (Figure 2.2).
La technologie utilisée dans ce projet robotique est Nao.
Fabriqué par la société
Aldebaran-robotics5,
Nao6 est un robot de type
humanoïde, avec des jambes, des bras et une tête. Il est
équipé d'une centrale inertielle de cinq axes, de capteurs
d'interaction, des capteurs à ultrason allant dans deux directions
différentes et de capteurs de pression sous les pieds. Pour la
synthèse vocale, la localisation des sons dans l'espace ou encore la
reconnaissance d'obstacle (humain ou objet), il est doté d'un
système multimédia composé de quatre microphones, de deux
caméras sur sa tête, orientées respectivement devant lui et
en direction des pieds pour voir de près et de loin, et enfin, de deux
haut-parleurs. Grâce à ses 25 degrés de liberté
(ddl), il peut exécuter les principaux mouvements d'un humain (se
baisser, prendre un objet, ici une balle) et peut bien s'orienter sur un terrain
lisse, grâce à son système de fonctionnement lui permettant
de s'approprier des informations de son environnement (Robot UniCup, 2012).
Figure 2-1 • Robot NaoFigure
2-2 • Schéma général de fonctionnement d'un
robot
2.3. Une approche qualitative pour la collecte de données
Une méthode qualitative de type ethnographique a été
privilégiée pour répondre aux questions de recherche.
Marcel (Marcel, 2002) justifie la pertinence de ce type d'approche par quatre raisons
principales : la nécessité d'une observation directe et
prolongée, la seule à même de permettre d'accéder
à la description d'un objet peu connu dans ses éventuelles
spécificités ; la volonté de combiner des
éléments facteurs et observables avec le sens que leur donnent les
acteurs, une situation permettant de qualifier le dispositif
d'« observation participante » ; le recours à la
technique de notes de terrain rédigées « à
chaud » juste après l'observation ; la méthodologie
inductive de traitement des données correspondant à la
visée exploratoire et enfin, la théorisation des matériaux
empiriques qui permet d'accéder à la connaissance des pratiques,
constitue une étape propédeutique à la stabilisation de
l'instrumentation.
Dans cette approche qualitative, deux outils de collecte de données
ont été utilisés : des observations en situation
d'apprentissage et des entretiens semi-directifs. Les observations de pratiques
ont été faites pendant tout le second semestre de l'année
scolaire 2011/2012. Avec cet outil, deux moments ont été
particulièrement privilégiés : lors du travail des
étudiants en salle de robotique et lors des réunions entre un
groupe donné d'étudiants et leur encadrant. En salle de robotique,
les groupes avaient deux créneaux différents d'accès. Mais,
selon la disponibilité des deux robots, les deux groupes pouvaient se
rencontrer et partager la salle, chacun sur son robot et son travail. Au total,
29 séances pratiques ont été observées. Parmi elles,
11 séances par groupe et sept séances communes. L'ancrage des
observations a porté sur l'organisation des groupes dans leurs
apprentissages et leurs interactions : entre les membres d'un groupe, entre
les groupes, entre les étudiants et le système ordinateur-robot.
Il a aussi été question d'observer les stratégies
utilisées par les différents groupes d'étudiants dans la
programmation des tâches, les difficultés et contraintes
vécues et les connaissances utilisées d'une part et celles
construites d'autre part. En réunion entre étudiants-encadrant,
les observations s'intéressaient davantage aux types de problèmes
soumis par les étudiants à leur encadrant d'une part et au type
d'aide et à la façon dont cette aide était donnée
par l'encadrant. Les observations ont été complétées
par des entretiens de groupes7 semi-directifs8. Initialement
utilisée en sociologie américaine, la pratique de l'entretien de
groupe a vite acquis ses lettres de noblesse en recherche (Morrissette, 2011).
De plus en plus utilisée en recherche universitaire et surtout dans le
domaine des sciences appliquées (santé publique, études
féministes, sociologie, éducation...), l'entretien de groupe est
une méthode d'enquête qui a, selon Morrissette, augmenté sa
popularité en raison de la complexité des problématiques
qui interpellent la recherche contemporaine et qui requièrent
l'éclairage des différents acteurs impliqués. Les
potentialités de cette méthode reposent globalement sur la
fécondité des interactions qu’ils engagent entre les
participants. Morrissette, se référant à Laplantine, montre
l'intérêt de l’entretien de groupe : chercher à
faire advenir avec les autres ce qu’on ne pense pas, plutôt que de
vérifier sur les autres ce qu’on pense. Pour Morissette qui se
réfère aussi à Poupart et Demazière, les entretiens
de groupe sont conçus comme l’un des meilleurs moyens pour
co-construire avec les acteurs le sens qu’ils donnent à leurs
conduites, pour investiguer la façon dont ils se représentent le
monde, ce qui suppose pour le chercheur de reconnaître qu’ils sont
les mieux placés pour en parler.
Les entretiens ont concerné les étudiants puis les
enseignants-encadrants. Pour chaque groupe d'étudiants, les entretiens
ont été périodiques. Trois moments ont
particulièrement été privilégiés : le
début, le milieu et la fin des projets. Les premiers entretiens ont eu
lieu en janvier, au début des projets. Les entretiens visent à
avoir plus d'informations sur les aspects préparatoires du travail
à faire, notamment les cahiers des charges et les prévisions
organisationnelles anticipées du projet. Les entretiens conduits visent
à trouver des réponses aux quatre questions suivantes. D'abord,
comment les étudiants ont choisi leur sujet de projet et pour quelles
motivations. Ensuite, ils visent à recueillir, selon eux,
l'intérêt de ces projets mais aussi pourquoi les enseignants
(à l'Université Paris Descartes) ont jugé
intéressant de leur proposer de tels projets sur la robotique. Enfin, ces
entretiens en début de projet cherchent à rendre compte de leur
anticipation dans le travail de groupe à faire : des contenus et des
connaissances qu'ils pensent mobiliser, de leur organisation prévue, des
difficultés auxquelles ils s'attendent à être
confrontés, leur état d'esprit en débutant ces
projets...
À mi-parcours des projets, fin du mois de mars, d'autres entretiens
ont eu lieu. Ils visaient l'état des lieux de la mise en œuvre du
cahier des charges, de l'évolution de leur travail par rapport à
leurs objectifs de départ, des difficultés réellement
vécues par rapport à celles auxquelles ils s'attendaient, des
stratégies mises en œuvre au niveau de la gestion du projet pour
être dans les délais de remise, mais aussi pour gagner la
compétition et enfin, l'état d'esprit dans lequel les
étudiants se trouvent à ce moment du projet. Les derniers
entretiens avec les étudiants ont eu lieu après la soutenance des
projets en début du mois de juin. Ils visaient l'établissement
d'un bilan chez les étudiants à la fin de tout un semestre de
travail en projet : leurs appréciations du travail fourni
(satisfaction ou pas), du module proposé en soi, des stratégies
mises en œuvre dans la programmation des robots et des motivations de leurs
choix, les difficultés réellement vécues, leurs critiques
sur ces projets (adéquation sujet de projet/niveau d'enseignement,
conditions de travail) et éventuelles participations à la
compétition robotique qui était prévue en juin de la
même année scolaire et stratégies pour la gagner. Pour
compléter l'investigation, un autre entretien semi directif a
été mené, en juin, auprès des deux enseignants
d'informatique et encadrants desdits projets, après leur soutenance. Ces
enseignants seront notés E1 et E2 dans la suite.
En résumé, des observations ethnographiques, trois entretiens
semi-directifs et périodiques ont été menés avec les
étudiants en groupes ont été réalisés
à des fins d'analyse. Les données recueillies ont
été complétées par un entretien semi directif en
groupe avec les enseignants-encadrants de ces projets.
3. Présentation des résultats
3.1. Des motivations diverses pour le choix des sujets
Dès le début de l'année
universitaire, les étudiants ont été informés de
leur participation aux projets de programmation au second semestre. Une
séance réunissant les étudiants et leurs futurs encadrants
a donné lieu à l'explication du contexte dans lequel les projets
allaient avoir lieu. Ils ont été présentés par
l'enseignant encadrant principal, entourés de ses collègues
enseignants et/ou encadrants. Les encadrants sont issus du département
informatique de l'université Paris Descartes. Insuffisants face au grand
nombre d'étudiants, ils sont aidés par des encadrants venant de
l'extérieur, essentiellement du monde de l'entreprise. Après cet
exposé, les étudiants intéressés par l'un ou l'autre
des sujets proposés9,
étaient invités à entrer en contact avec l'encadrant,
promoteur du sujet qui les intéresse pour plus de clarifications sur ses
attentes. En groupe de quatre, les étudiants devaient faire quatre choix
de sujets et les classer par ordre de préférence. Après, en
fonction de l'ordre de choix de ce sujet et du nombre d'étudiants qui
l'ont choisi, une répartition des sujets était faite entre les
groupes.
Dans le domaine de la robotique, à l'université Paris
Descartes, la programmation de Nao est un domaine nouveau d'apprentissage pour
les étudiants de licence. Les deux sujets de projets proposés sur
Nao, « Nao joue au basket » et « Nao lit nos
pensées », n'ont pas trouvé la même
préférence chez les étudiants. Différentes
motivations ont orienté leurs choix. Si aucun des groupes n'a
placé un projet robotique en première position, un des groupes,
noté A, était à l'unanimité motivé pour en
faire. Le caractère concret de la technologie et l'intérêt
pour leur avenir professionnel semblent être les raisons de ce choix. Dans
le groupe noté B par contre, un seul étudiant, qui semble
« leader », était particulièrement
motivé par le projet « Nao lit nos pensées ».
Faute de matériel, ce sujet n'a pas été continué et
a été remplacé par un autre qui était moins
préféré pour eux : « Nao joue au
basket ».
Quatre principales variables ressortent comme des raisons qui sont
intervenues pour influencer les choix : le thème, la technologie,
l'intérêt professionnel et la facilité
présupposée du sujet.
La première motivation a été la thématique
proposée dans le sujet. Chez les étudiants, pour une même
technologie, un sujet peut être plus intéressant qu'un autre. La
non-diversité des sujets sur les robots a été une limite
pour laisser voir plusieurs choix possibles même si la variable
« thématique » sur lequel porte le sujet, a
été une source de motivations de choix des sujets. Par exemple,
pour tous les groupes de L3, le projet sur le sujet « Nao lit dans les
pensées » a été placé en avant sur le
sujet « Nao joue au basket ». Cette variable
« thématique » est mise en relation chez les
étudiants à la notion de facilité. En l'absence
d'expériences dans le domaine, l'anticipation des facilités ou des
difficultés susceptibles d'être vécues en contexte de
projets intervenaient et influençaient les choix des sujets : un
sujet qui leur semble difficile n'était pas choisi. La mise en avant du
projet « Nao lit dans nos pensées » était due
au fait que les étudiants, l'imaginaient moins compliqué que le
sujet « Nao joue au basket ». Le groupe B a anticipé
des difficultés liées à la précision dans la mesure
des distances, ce qui a constitué la non-priorité de son choix.
Ils s'expriment ainsi pour justifier leur choix : « pour Nao
qui manipule des balles, ce qui est compliqué c'est d'estimer la position
dans l'espace et pour la puissance 4, il faut de l'Intelligence Artificielle.
Donc, ça me paraissait vraiment difficile... ».
La deuxième motivation est liée à leur rapport de
familiarité envers la technologie proposée : un sujet faisant
intervenir une technologie familière était
préféré. Malgré l'intérêt porté
aux thématiques en rapport avec Nao, notamment motivé par son
caractère concret, aucun groupe ne l'avait placé en
première position : ils étaient respectivement placés
en deuxième position pour le groupe B avec le sujet « Nao lit
nos pensées » et en troisième position pour le sujet
« Nao joue au basket » pour le groupe A. Leurs premiers
choix portaient plus sur des projets sans rapport avec la robotique. Le projet
sur la « reconnaissance faciale » a été le
premier choix du groupe B : au-delà de la thématique
intéressante, ce choix était justifié par la
familiarité avec la technologie « androïde »
utilisée et bien maîtrisée.
Par sa forme humanoïde, Nao a été trouvé
sympathique par les étudiants. Ils espéraient le faire
jouer : « On a regardé les images, il avait l'air
sympa ! [...] on s'imaginait un truc... qu'il marque un point et qu'il
danse... on voulait faire plein de choses mais au final on voit que c'est
très compliqué, voire impossible ! ». Contrairement
aux attentes, la compétition des robots n'a pas suscité de grande
motivation : elle avait un caractère stressant. Les étudiants
affirment n'avoir pas pris en compte ce critère de compétition
dans leur choix : « on n'avait pas lu les petites lignes en
bas qui disaient qu'il y aurait une compétition ». En
l'absence de familiarité avec Nao (dont certains disent ne l'avoir jamais
vu que par des images et des vidéo sur YouTube), la sympathie envers ces
robots a donc primé sur la compétition dans les choix des sujets.
Une quatrième motivation est l'intérêt professionnel des
sujets proposés. Si le contexte de projet les oblige à un
consensus sur un choix de sujet, des centres d'intérêts sont
souvent divergents, ce qui explique leurs préférences
différentes. C'est le cas du groupe B par exemple : l'un d'entre eux
aurait voulu faire un projet concernant le « planning » d'un
calendrier de rugby, un autre préférerait travailler sur le
« web ». Ce dernier qui semble peu motivé par le
projet Nao, reste sceptique sur le choix : il dit attendre de voir ce que
ça va donner. Il apparaît qu'un leader, ayant déjà
programmé un robot à l'IUT, a influencé son groupe vers ses
préférences. Ce groupe justifie le choix du projet par le prestige
actuel de cette technologie : « on en parle à la
télé ». La vision professionnelle semble avoir
influencé leurs motivations : faire un projet sur Nao leur apportera
un grand avantage notamment dans leur CV. Selon eux, travailler sur la robotique
augmente leurs acquis dans le domaine informatique et les opportunités
professionnelles, comme ils l'expriment ici : « quand on
va postuler pour un stage, dire « j'ai déjà fait de la
robotique », c'est bien c'est une facette de
l'informatique ».
Une autre motivation est l'acquisition de nouvelles connaissances. Le groupe
B justifie le choix de leur sujet parce qu'il fait intervenir un nouveau
langage : « Normalement quand on fait un master à
l'université Paris Descartes, on n'est pas censé apprendre du
Python : nous, c'est un plus ... ». Les étudiants
du groupe A considèrent le projet sur la programmation de Nao comme
pouvant leur permettre d'apprendre à travailler en groupe et à
gérer un projet ensemble. Le choix du sujet est motivé par les
apprentissages permis par cette technologie, des connaissances non acquises
ailleurs dans leurs cours. S'ils poursuivent les mêmes modules en classe,
les projets leur permettent de faire des différences dans leurs
acquisitions : elles varient en fonction des sujets de projets faits au
cours de l'année ou de leurs cursus.
La dernière motivation est donnée par les enseignants. Elle
concerne la facilité supposée du sujet. Comme il n'est pas
aisé de préjuger la facilité d'un projet sans l'avoir fait,
le recours à un vocabulaire familier est souvent le critère
utilisé par les étudiants, comme le montrent cet enseignant :
« s'il y a très peu de mots qu'ils connaissent dans le sujet
proposé, ils vont le considérer comme difficile, alors qu'ils ne
connaissent juste pas le nom de la technologie, ils ne connaissent pas le nom de
l'algorithme ! Alors que ce n’est pas forcément
difficile ! Mais parce qu'ils ne connaissent pas le nom, c'est
difficile ! ». L'enjeu de la recherche d'un sujet facile est
l'obtention d'un meilleur résultat, d'une bonne note.
3.2. Quelques stratégies utilisées
Beaucoup de stratégies ont été essayées. Selon
son efficacité, celle jugée plus performante que d'autres
était retenue, ce qui suppose qu'il fallait d'abord tout essayer avant la
sélection. Le groupe A explique ainsi ses choix :
« on essayait de penser comment le robot peut gagner un point
facilement. Il y avait plein de stratégies, et on cherchait la plus
efficace. Lorsqu'on fait une compétition, on cherche à gagner
d'abord ! ».
Le balayage pour cartographier le terrain de jeu, est la première
stratégie utilisée par tous les groupes. Elle a été
mise en œuvre en deux temps. D'abord, le robot, dans sa position initiale,
elle lui permettait de prendre connaissance de tout ce qui se trouve :
balles, lignes et leurs couleurs, robot adverse et tout autre objet
éventuel pouvant constituer un obstacle. La connaissance de la position
du robot conditionnait celle des différentes positions des balles. Au
moyen d'un balayage horizontal, le robot s'appropriait tout ce qui s'y trouvait
en se géolocalisant lui-même. Ensuite, cette stratégie de
balayage était utilisée pendant le déplacement du robot.
La deuxième stratégie utilisée a consisté
à cibler prioritairement la balle située au milieu du terrain.
Cette stratégie avait un double avantage. D'abord, au début, selon
les étudiants, la configuration du terrain n'était pas encore
changée et les balles sont dans leur position d'origine. En effet, si le
robot circule sur le terrain, certaines balles sont bousculées et peuvent
perdre leur place. Ensuite, cette stratégie permettait de marquer le
premier panier, en premier avant le robot adverse, pour bénéficier
d'un bonus (Règlement de la compétition, 2012) :
« Un bonus de 3 (points) est accordé à l'équipe
qui dépose la première balle dans l'en but adverse ».
Prendre le chemin le plus court pour atteindre la balle cible a
été la troisième stratégie. Une fois les balles
identifiées, des distances entre elles et le robot étaient
calculées puis comparées au moyen d'un algorithme construit. C'est
la plus courte distance qui était parcourue par le robot pour se diriger
vers la balle la plus proche. Elle permettait au robot d'atteindre rapidement la
zone d'en-but et ainsi de marquer le but. Après ce premier parcours vers
la zone d'en but adverse, des calculs de la plus courte distance sont de
nouveaux faits. La balle la plus proche du robot, à partir de la zone
d'en but adverse est ciblée en premier. La synthèse des
précédentes stratégies est présentée dans le
tableau 1.
Tâche
|
Stratégie utilisée
|
Groupe concerné
|
Cartographie
du terrain de jeu |
Balayage avec la tête (caméra) |
A et B |
Géolocalisation des balles |
Prise de la photographie du terrain + analyse de cette photo |
A et B |
Gain le bonus |
Priorité à la balle centrale |
A et B |
Rechercher un plus court chemin à suivre |
Calcul de la distance minimale entre la position actuelle de Nao et les
balles |
A et B |
Déplacement vers la balle cible |
Jonglage sur la vitesse équilibrée
permettant un déplacement rapide de Nao en direction de la balle
cible |
A et B |
Ramassage
de la balle |
Prise de position à la distance (Nao, Balle) préalablement
mesurée |
A et B |
|
Ajustements des articulations du bras en mouvement jusqu'au-dessus de la
balle + Mouvements des articulations de la
main pour saisir la balle |
A |
Localisation du panier |
Détection des Naomarks10
par balayage horizontal |
A et B |
Bien se positionner
face au panier |
Conception et utilisation d' un algorithme
« SearchMark » |
A |
Marquer un but : mettre la balle dans le panier |
Prise de position à la distance (Nao, Panier) préalablement
mesurée |
A et B |
|
Nao ajuste ses articulations pour
monter le bras jusqu'au-dessus du panier |
A et B |
|
Ajustement de la main pour lâcher
la balle dans le panier |
A et B |
Tableau 1 • Variations des
stratégies utilisées selon les tâches et les groupes
3.3. Des connaissances utilisées et celles construites
3.3.1. Connaissances informatiques nécessaires
La programmation des robots fait intervenir beaucoup de connaissances
informatiques. Parmi elles, on distingue celles de base et celles
avancées. Celles déjà acquises précédemment
ne posent pas de difficultés majeures comme les étudiants
l'expriment ici : « pour l'algo, les choses en rapport avec
les boucles, variables, franchement ça n'était pas plus
grave ». Elles étaient utilisées dans les
connaissances avancées telles que les structures, les fonctions... Comme
exemples illustratifs, les balles sont déterminées dans le plan du
terrain par ses coordonnées dans un repère ou comme
éléments d'une matrice. Le robot, quant à lui, est
considéré comme une structure pour bien l'implémenter. Le
tableau 2 suivant synthétise les connaissances informatiques
utilisées.
Connaissances informatiques |
Robot Nao |
Groupe concerné |
Notions de base |
Variables, instructions, affectation, algorithme, condition, alternatives,
boucles, itérations... |
Tous les groupes |
Notions avancées |
Fonctions, structures |
Tous les groupes |
Tableau 2 • Notions informatiques
intervenues dans la programmation des robot
Comme toute programmation informatique, la programmation des robots
nécessite un langage. Python a été utilisé pour
programmer Nao et il s'agissait d'un nouveau langage pour les étudiants.
Si Python était recommandé, aucun langage ou technologie
n'était obligatoire et leurs choix étaient libres comme le
témoigne l'enseignant E1 : « au niveau des langages,
pas une limitation et on ne cadre pas sur les langages utilisés ou les
technologies utilisées. (...) il y en a qui manipulent des langages
qu'ils n'avaient jamais manipulés avant ». Le contexte de
programmation leur semblait complexe de telle sorte que tout semblait à
reconstruire chez les étudiants : « il y a des
variables qu'on ne connaissait pas en fait. Il y avait déjà des
boîtes programmables dans chorégraphe. Il fallait tout apprendre en
fait, mais ça c'était plus compliqué... ».
Pour une tâche donnée, les étudiants mobilisaient diverses
compétences, notamment des métaphores qui les aident à
construire des représentation des actions de programmation au niveau de
la conception, la construction et l'implémentation d'un algorithme, comme
ils l'expriment ici : « Pour écrire un algorithme, il y
avait un mur de la salle, des petits carreaux de briques, en fait on disait que
c'était des pixels. C'est de là qu'il est venu comment on a fait
pour écrire l'algo et après, au fur et à mesure on a
optimisé. Ça nous a donné un truc pratique acceptable. Et
puis le robot ne prend plus une heure à chercher la bonne position ! Rires. »
D'autres connaissances construites sont plus techniques telles que des
fonctions régissant le fonctionnement de Nao notamment dans ses
mouvements : AlMotion ::Walk To et AlMotion ::
SetWalkTargetVelocity. Le tableau 3 suivant présente quelques
connaissances acquises, classées selon leur type (langage,
logiciels...).
Types de connaissances informatiques |
Robot Nao |
Groupe concerné |
Langages |
Python |
A et B |
Librairies et
logiciels |
Chorégraphe, Naosim, librairie OpenCV, Simulateur, Timiline,
Connectify |
A et B |
Highgui, PIL |
A |
Fonctions traitant
des mouvements |
WalkTraker, WalkTo, AlMotion ::Walk To, AlMotion ::
SetWalkTargetVelocity |
A et B |
Imagerie |
Analyse d'image, pixels, filtre d'image, conversion des couleurs suivant les
angles et la luminosité |
A et B |
Recherche informationnelle
sur Internet |
Recherche documentaire : usage des moteurs de recherche et des mots
clés |
A et B |
Tableau 3 • Notions informatiques
intervenues dans la programmation des robots
3.3.2. Un déficit de connaissances mathématiques
Dans la programmation des robots, les connaissances mathématiques
utilisées sont restées rares. Les étudiants qui
s'attendaient à se confronter à d'énormes besoins en
rapport avec des mathématiques plus compliquées, se disent
étonnés de constater le contraire. Ils affirment n'avoir pas connu
des difficultés relatives à ce sujet. Tous les groupes affirment
n'avoir pas été très loin dans les notions
mathématiques utilisées comme l'affirme le groupe A :
« Au début, on s'est dit : il y aura beaucoup de maths
en fait. Mais c'est quoi ? C'est plus... Au niveau des connaissances
mathématiques, on se serait arrêté au niveau de Pythagore,
trigonométrie avec les histoires des angles. C'était pas non plus
quelque chose de très compliqué ! ». Quant
à la question de savoir si ça ne serait pas plutôt un
défaut de connaissances mathématiques qui leur posait plus de
difficultés avec leur robot, le groupe B répond par la
négative. Ils affirment qu'il n'y a pas de lien entre les
difficultés vécues dans la programmation et les limites de
connaissances mathématiques utilisées parce que, selon eux, au
niveau des connaissances mathématiques, ils ont essayé
« beaucoup de choses ». Ceux du groupe A reconnaissent des
lacunes dans les connaissances mathématiques utilisées,
connaissances qui pourraient leur permettre d'aller plus loin pour
améliorer leur projet : « ...on aurait utilisé plus
de maths si on veut que le programme fonctionne plus
correctement. ».
Les limites des étudiants de licence à construire et utiliser
des mathématiques sont aussi connues de leurs encadrants. Ces derniers
affirment même que, dans le contexte de la programmation des robots de
type Nao, les étudiants de niveau master sont, eux aussi, à la
limite de leurs connaissances en mathématiques. Différentes
raisons sont données pour expliquer ces limites. La première
concerne l'approche utilisée dans la résolution des
problèmes. L'absence de modélisation, pourtant convenable selon
les enseignants, est la cause d'un défaut de construction des
connaissances mathématiques. L'enseignant E2 reconnaît que la
modélisation est une approche qui, pour Nao, nécessite plus de
connaissances mathématiques et est donc difficile à mettre en
œuvre par les étudiants : « S'il s'agissait de la
modélisation du problème, donc connaître la position du
robot, la position des moteurs, modéliser la position du bras en fonction
des mouvements des moteurs, ça serait plus simple pour résoudre le
problème, sauf que mathématiquement ça serait plus
compliqué à réaliser pour eux. (...) les
étudiants rentrent rarement dans une démarche expérimentale
(...) ».
La deuxième raison réside dans le fait que les étudiants
ont des difficultés à mettre en relation ce qu'ils ont
à faire et les connaissances à mobiliser. À la question de
savoir s'il y a des connaissances mathématiques qui leur permettraient
d'aller plus loin dans leur travail mais qui n'ont pas été
utilisées, ils répondent par l'affirmative que :
« Oui, c'est évident ! »
La troisième raison est donnée par l'encadrant E1. Il tente de
justifier cette absence de construction de nouvelles connaissances
mathématiques par le fait que, dans le contexte de la programmation des
robots par les étudiants de licence, « les
mathématiques sont utilisées comme « outil »,
que comme objet d'apprentissage, donc pas comme un objet d'étude en tant
que tel-. ». Le tableau 4 présente la synthèse des
notions mathématiques utilisées dans ces projets.
Domaine mathématique |
Nao |
Groupe concerné |
Géométrie |
Repère à deux ou trois dimensions, coordonnées, cercle,
diamètre, rayon, circonférence, centre d'un cercle, rotation,
distance |
A et B |
Trigonométrie |
Angle, radian, fonctions circulaires, fonctions circulaires inverses
(asinus, acosinus, atan...) |
A et B |
Algèbre |
Théorèmes de Thalès et Pythagore |
A et B |
Tableau 4 • Notions et domaines
mathématiques intervenant dans la programmation de Nao
Si des connaissances mathématiques nouvelles sont peu
élaborées, ce n'est pas le cas dans d'autres disciplines,
où des connaissances sont construites au cours de projets :
recherche d'informations sur Internet, acquisition et amélioration de la
langue anglaise grâce à leur confrontation avec une documentation
en anglais, gestion des relations humaines, utilisation des logiciels pour
communiquer à distance au moment du travail en synchrone, notions de
physique, de mécanique, etc. C'est le cas par exemple des notions de
vitesse, d'accélération, de vitesse angulaire utilisées
dans la programmation de Nao comme de Lego Mindstorms NXT (Nijimbere et al., 2013).
3.4. Difficultés rencontrées
3.4.1. Python, un langage pas encore maîtrisé
Les étudiants en programmation de Nao se sentaient plus en
difficulté par rapport à ceux des autres projets. Ils
déclaraient le besoin d'être « plus
aiguillés » pour s'en sortir. Le langage utilisé,
Python, était pour eux nouveau et ils devaient l'apprendre sur le
tas. Selon les étudiants, si la découverte d'un nouveau
langage était une bonne chose, ils déplorent le fait qu'ils n'ont
pas été mis au courant des contraintes de ce nouveau langage. Le
groupe B qui semble justifier son retard par un suivi insuffisant, dit avoir
passé beaucoup de temps à apprendre ce nouveau langage alors qu'il
était possible d'utiliser le C++ , déjà connu et plus
adapté à ce sujet : « On n'a pas
été informé, et du coup, on s'est lancé en Python,
mais il y avait plus de documentation que le C++ . C'est un peu
dommage ! (...). Par exemple pour le langage Python, on aurait dû
être régulier dès le départ puisque le langage C++
aurait dû être plus approprié pour le projet ».
Ils déplorent aussi le manque d'informations qui a concerné
l'analyse d'image, étape qui a posé pas mal de difficultés
dans l'avancement des projets pour tous les groupes sur Nao, alors qu'il y avait
un autre groupe de master qui y travaillait.
De même, le groupe A affirme, lui aussi, que le langage C++ aurait
été plus adapté pour ce genre de projet et, s'il y avait
à le refaire, c'est ce langage C++ qu'il utiliserait, ajoute t-il.
Contrairement au groupe B qui regrette la perte du temps occasionnée par
ce langage, le groupe A assume ses choix même s'il reconnaît des
différences en termes de performance de ces deux langages :
« si on avait utilisé le C++, ça serait bien parce
que le C++ est un peu plus rapide quand on l'exécute que Python.
[...] Le prof nous a dit : prenez ce que vous voulez [comme langage]
et nous, on a vu que le logiciel qu'on utilise, chorégraphe, était
codé en Python. Donc, on s'est dit : pourquoi pas continuer !
On va continuer avec Python, peut être on va être trop
dépaysé, on connaîtra un petit peu et on est parti sur
Python... ». Les étudiants demandent que des conseils ou
des orientations leur soient donnés assez tôt pour avoir le temps
de les mettre en œuvre.
Une autre difficulté vécue par les étudiants est le
choix de la méthode à utiliser pour mettre en œuvre les
stratégies choisies. Comme l'indique un des enseignants, dans une
recherche d'information avec un moteur de recherche, un mauvais choix de
mots-clés, peut conduire à des résultats erronés. Un
exemple donné est celui des groupes qui peuvent passer un week-end
à chercher une information sur Google et ne pas trouver alors qu'une
bonne recherche, donc utilisant les bons mots-clés, permet de trouver
instantanément. L'utilisation d'une méthodologie non
adaptée a plusieurs conséquences : disproportionnalité
du temps utilisé par rapport aux résultats atteints ou même
inadéquation entre l'effort fourni et la réalité du travail
nécessaire pour arriver à résoudre un problème
donné.
Des choix de méthodologie peu efficaces ont été
systématiquement préférés chez les étudiants.
Par exemple, ils faisaient « apprendre par cœur des positions
favorables » au robot et ce, à la main, des positions
qu'ils trouvaient stratégiques pour faire l'un ou l'autre geste. Au
moment du test le robot se bloquait et risquait de tomber avec des
possibilités de se casser. Face à cette situation très
risquée pour le robot, les étudiants devaient être
prêts pour le rattraper avant qu'il ne tombe par terre. Cette façon
de faire se trouvait inefficace surtout qu'il devient aussi impossible pour le
robot de combiner des séquences élémentaires
consécutives pour exécuter une tâche complexe. A cet effet,
Paulin et al. (Paulin et al., 2006) montrent que certaines marches des robots humanoïdes se réduisent
à dérouler automatiquement une séquence d'actions
élémentaires, calculées à l'avance et
limitées à des plages de fonctionnement parfaitement
sécurisées afin de limiter les risques de chute dont le coût
financier est parfois important.
La difficulté est d'abord située au niveau du choix de
l'approche à utiliser, laquelle donne lieu à la conception d'un
algorithme comme méthode de résolution d'un problème.
L'absence d'une approche de modélisation est évoquée comme
une lacune majeure. Les étudiants ont privilégié une
approche qui nécessite des algorithmes plus simples, mais comme le disent
les enseignants, ces algorithmes simples nécessitent aussi beaucoup de
mises au point et, ainsi rallongent le travail à faire.
Si une approche choisie convoque un type de raisonnement conséquent,
l'encadrant E2 trouve cette approche plus adaptée à
l'apprentissage du fait qu'il intègre des mises en place des boucles de
rétroaction, de la compréhension, des calculs de position des
bras, des positions des moteurs, une approche plus cinématique. Cette
efficacité de l'approche choisie est aussi soulignée par la
recherche. Le contexte de la programmation d'un robot est adapté pour les
apprentissages parce qu'il met en interaction divers niveaux et types de
difficultés d'une tâche (Neboit et Poyet, 1991) :
des caractéristiques techniques qui ont une incidence directe sur les
niveaux de complexité de la tâche, des représentations
mentales des opérateurs sur le dispositif et son action sur le
réel, fortement dépendant du degré de transparence du
système quant à son fonctionnement, des situations d'utilisation
des dispositifs particulièrement contraignantes et instables et enfin,
des compétences utilisées dans la programmation en partie
liées au domaine de la représentation de l'espace et du mouvement,
domaine souvent mal maîtrisé par les opérateurs.
3.4.2. Des choix méthodologiques souvent peu efficaces
Une autre difficulté vécue par les étudiants est le
choix de la méthode à utiliser pour mettre en œuvre les
stratégies choisies. Comme l'indique un des enseignants, dans une
recherche d'information avec un moteur de recherche, un mauvais choix de
mots-clés, peut conduire à des résultats erronés. Un
exemple donné est celui des groupes qui peuvent passer un week-end
à chercher une information sur Google et ne pas trouver alors qu'une
bonne recherche, donc utilisant les bons mots-clés, permet de trouver
instantanément. L'utilisation d'une méthodologie non
adaptée a plusieurs conséquences : disproportionnalité
du temps utilisé par rapport aux résultats atteints ou même
inadéquation entre l'effort fourni et la réalité du travail
nécessaire pour arriver à résoudre un problème
donné.
Des choix de méthodologie peu efficaces ont été
systématiquement préférés chez les étudiants.
Par exemple, ils faisaient « apprendre par cœur des positions
favorables » au robot et ce, à la main, des positions
qu'ils trouvaient stratégiques pour faire l'un ou l'autre geste. Au
moment du test le robot se bloquait et risquait de tomber avec des
possibilités de se casser. Face à cette situation très
risquée pour le robot, les étudiants devaient être
prêts pour le rattraper avant qu'il ne tombe par terre. Cette façon
de faire se trouvait inefficace surtout qu'il devient aussi impossible pour le
robot de combiner des séquences élémentaires
consécutives pour exécuter une tâche complexe. A cet effet,
Paulin et al., (Paulin et al., 2006) montrent que certaines marches des robots humanoïdes se réduisent
à dérouler automatiquement une séquence d'actions
élémentaires, calculées à l'avance et
limitées à des plages de fonctionnement parfaitement
sécurisées afin de limiter les risques de chute dont le coût
financier est parfois important.
La difficulté est d'abord située au niveau du choix de
l'approche à utiliser, laquelle donne lieu à la conception d'un
algorithme comme méthode de résolution d'un problème.
L'absence d'une approche de modélisation est évoquée comme
une lacune majeure. Les étudiants ont privilégié une
approche qui nécessite des algorithmes plus simples, mais comme le disent
les enseignants, ces algorithmes simples nécessitent aussi beaucoup de
mises au point et, ainsi rallongent le travail à faire.
Si une approche choisie convoque un type de raisonnement conséquent,
l'encadrant E2 trouve cette approche plus adaptée à
l'apprentissage du fait qu'il intègre des mises en place des boucles de
rétroaction, de la compréhension, des calculs de position des
bras, des positions des moteurs, une approche plus cinématique. Cette
efficacité de l'approche choisie est aussi soulignée par la
recherche. Le contexte de la programmation d'un robot est adapté pour les
apprentissages parce qu'il met en interaction divers niveaux et types de
difficultés d'une tâche (Neboit et Poyet, 1991) :
des caractéristiques techniques qui ont une incidence directe sur les
niveaux de complexité de la tâche, des représentations
mentales des opérateurs sur le dispositif et son action sur le
réel, fortement dépendant du degré de transparence du
système quant à son fonctionnement, des situations d'utilisation
des dispositifs particulièrement contraignantes et instables et enfin,
des compétences utilisées dans la programmation en partie
liées au domaine de la représentation de l'espace et du mouvement,
domaine souvent mal maîtrisé par les opérateurs.
3.4.3. Des difficultés plus techniques : une distance de
l'imagination à la réalité
Dans la programmation des robots, au-delà des difficultés
conceptuelles liées aux problèmes algorithmiques (Nijimbere et al., 2013),
les étudiants rencontrent de fortes difficultés techniques. Si ces
dernières se font remarquer dans le cas des projets robotiques en
général, elles sont plus particulièrement marquées
pour le cas présent. Plus souvent difficiles à anticiper, elles
créent des surprises aux étudiants. La forme humanoïde de Nao
donne l'impression trompeuse d'une certaine simplicité de la
programmation de cette technologie alors qu'il n'en est rien.
L'enseignant E1 attribue les difficultés des étudiants à
la distance qui existe entre ce qu'ils imaginent pouvoir faire faire à ce
robot et ce qu'ils sont réellement capables de faire avec lui. Pour cet
enseignant, ce sont des sujets qui ont l'air simples mais qui font un
véritable choc aux étudiants surtout quand ils se heurtent
à certaines difficultés qu'ils n'avaient pas anticipées. En
effet, cette distance est très large dans le cas de Nao : la forme
anthropologique de cette technologie donne l'impression d'une facilité de
programmation ce qui n'est pas le cas. Pour cet enseignant, « c'est
difficile parce qu'il y a toujours une différence entre ce que
l'étudiant s'imagine pouvoir faire, surtout sur les projets Nao,
où c'est très anthropomorphique et la réalité de la
combinatoire et la machine de Turing. (Rires). Et donc ça
crée là... c'est un véritable verrou
technique. ».
À la question de savoir où se situent les plus grandes
difficultés dans la programmation de Nao, les étudiants confirment
les propos des enseignants et pointent le côté technique. Pour eux,
« c'est la précision de Nao » qui leur a
posé le plus de difficultés. Les conséquences de ces
difficultés techniques sont identifiables. Elles se caractérisent
par un écart qui se dessine souvent entre ce qu'ils prétendent
programmer et le résultat de cette programmation. Si avec cette forme
humanoïde de Nao, ils espéraient lui faire faire autant de
mouvements qu'un humain est capable de faire, la distance entre les souhaits et
les possibles reste énorme : « il ne peut pas
reproduire les gestes qu'on veut », « on s'imaginait
qu'il marque un point et qu'il danse. On voulait faire beaucoup de choses, mais
au final, on voit que c'était très compliqué voire
impossible ! »
En effet, les codes, après leurs implémentations et
compilations sur l’ordinateur, sont transférés sur le robot
pour être testés. C'est à ce moment que des
difficultés techniques se faisaient remarquer. D'une part, ce n'est pas
parce qu'un code compile bien qu'il fonctionne sur le robot. D'autre part, les
codes sont exécutés sur des robots en mouvement, ce qui pose des
problèmes d'équilibre (le robot manquait d'équilibre en
voulant faire telle ou telle autre action ou geste) et de précision (il
perd son chemin en suivant une cible donné). Si certains défauts
peuvent provenir des codes, d'autres proviennent de l'imperfection des robots
utilisés. En effet, le robot, après avoir dû être
conduit chez un spécialiste technique pour réparation, a
été retourné avec les défauts finalement
corrigés. Les étudiants s'exprimaient ainsi : « Ce
n'est plus le même Nao qui est retourné ». Les
difficultés et contraintes posées par des projets robotiques sont
connues des enseignants qui en tiennent compte dans leurs évaluations.
3.4.4. Difficultés algorithmiques
À côté des choix méthodologiques s'identifient des
difficultés concernant les types d'algorithmes utilisés. Les
étudiants se retrouvent confrontés dans la programmation de Nao,
aux problèmes compliqués d'algorithmique, plus visibles lorsqu'ils
essaient de mettre en œuvre leurs idées et leurs stratégies
en termes d'algorithmes – la conception – (des) actions que le robot
doit exécuter et leurs formalisations en termes de codes. Cette
complication est, selon l'encadrant E2, en partie liée à la
façon dont la technologie est construite : la conception
particulière des robots fait que leur programmation pose des
difficultés particulières notamment dues à beaucoup de
problèmes de mise au point, par rapport à la programmation
classique. Cette particularité du robot engendre de nombreuses
répétitions obligatoires des mêmes tâches au cours de
la réflexion, notamment sur comment contourner les difficultés
rencontrées. Selon l'enseignant-encadrant E1, ceci est en contradiction
avec les exigences de la programmation classique qui, malgré les
nombreuses réflexions nécessaires sur comment réaliser le
projet ou les algorithmes à utiliser, est beaucoup moins longue dans sa
réalisation. Les difficultés qui se posent aux étudiants de
licence dans la programmation des robots restent davantage des problèmes
algorithmiques qui s'ajoutent aux problèmes techniques.
Néanmoins, procédant par une comparaison tenant compte de la
métrique « nombre de lignes de code », il
apparaît que la taille du code implémenté reste très
courte dans le cas de la robotique alors qu'elle peut facilement aller, sur des
applications plus classiques, à plusieurs milliers de lignes.
3.4.5. Une mise en œuvre limitée de la modélisation
Dans la programmation de Nao, certaines difficultés sont
différemment vécues chez les étudiants. Pour le groupe B
par exemple, leurs difficultés se situaient sur deux plans :
« détecter la balle » et « attraper la
balle ». Pour la deuxième tâche notamment,
« il [le robot] arrive à détecter une balle, se
diriger vers elle, se mettre dans certaines positions, donc il se baisse mais
n'arrive pas à récupérer la balle à coup sûr.
(..) c'est rattraper la balle à coup sûr, voilà en utilisant
une analyse spécifique. (...). Pour nous, c'était le point le plus
compliqué, le plus difficile ! ». Affirmant ne pas
avoir de difficultés au niveau de la programmation, ils situent le
problème au niveau de la réflexion correcte à
mener : « On avait plein d'idées, mais ça
marchait pas en fait. Du coup, on n'avait pas la bonne en
fait ! ».
Si Nao est vu comme le robot le plus évolué par rapport
à d'autres technologies robots telles que Lego Mindstorms NXT, son
imperfection est vue comme une limite pour mettre en œuvre les
stratégies implémentées. Par rapport aux vidéos vues
sur Internet et qui constituent leur référence, ce
groupe trouve moins perfectionné et moins puissant le robot
utilisé : « ... les Nao qui sont à
l'extérieur qui ont été modifiés au niveau des
articulations des moteurs sont, on peut dire, plus fiables, plus rapides et plus
puissants. C'est pourquoi, dans les vidéos, quand ils prenaient la balle,
ils ajustaient et pouvaient marquer. Nao qu'on a là, ce n'est pas
possible. La balle ne fait même pas un cm devant lui, un cm c'est tout (Rires) ! ». Même si ce groupe a finalement
réussi à programmer ces tâches, il affirme y avoir investi
beaucoup de temps : « On se rappelle qu'on avait réussi
à le faire baisser, ramasser la balle... On a passé tout un mois
sur cela. On avait fait plusieurs façons de comment le baisser mais on
n'arrivait toujours pas à le faire relever... Quand, on a réussi
à le faire relever, je crois que tout le monde était
content ! ».
4. Discussion
Avant d'entrer dans la discussion, rappelons les
deux hypothèses qui ont été formulées. La
première hypothèse stipule que les étudiants de L3 en
programmation de Nao n'ont pas de difficultés fondamentales en robotique
étant donné que même les enfants de très bas
âges programment des robots. La deuxième hypothèse est
contraire à la première. Elle stipule que la programmation de Nao
exige un certain niveau en informatique et permet donc d'aller plus loin dans
l'apprentissage de la programmation. Elle n'est en conséquence pas
adaptée aux tous débutants en informatique.
4.1. Nao : une simplicité trompeuse
Programmer un robot de type humanoïde n'est pas chose aisée. Si
l'hypothèse postule que la programmation des robots ne devraient pas
poser pratiquement de difficultés aux étudiants de licence en
informatique, la réalité est toute autre. Nao semble poser
d'énormes difficultés aux étudiants. Cette situation est
complexifiée par l'apprentissage d'un nouveau langage de programmation.
Inspirés de Logo, les langages destinés aux enfants et, plus
généralement aux novices en algorithmique et programmation, sont
des langages simples ou simplifiés pour présenter certaines
souplesse et transparence. Orientés vers le jeu, jeux sérieux,
vidéos, etc., ces langages sont conçus de telle sorte que les
apprenants sont dispensés de certaines difficultés :
syntaxiques ou conception de la méthode à suivre, qui sont souvent
source de difficultés majeures (Duchâteau, 2002).
L'analyse de la littérature révèle une centration
généralisée sur des langages à blocs ou à
briques pour une initiation à la programmation. Ce contexte
diffère de celui des L3 qui programment Nao : le langage Python,
nouveau pour eux, ne relève pas de cette catégorie. En plus des
difficultés algorithmiques, syntaxiques, techniques, etc., auxquelles les
étudiants étaient confrontés, avec Nao, le contexte de la
programmation embarquée est aussi une source de difficultés
supplémentaire : un code qui marche sur l'ordinateur ne marche pas
nécessairement sur le robot.
Si la forme humanoïde de Nao donne l'impression de simplicité et
de facilité pour sa programmation, cette dernière pose beaucoup de
difficultés aux étudiants de licence malgré leur
expérience en programmation informatique. Un code produit sur la machine
est envoyé pour être exécuté sur le robot, un autre
exécutant séparé de l'ordinateur mais formant un
système avec lui, ce qui engendre des difficultés
supplémentaires : un même code peut ne pas fonctionner sur ce
dernier alors qu'il n'a pas de problèmes sur ce premier. L'ajout de la
complexité dans ce contexte de la programmation des robots a
été déjà relevé dans les recherches. Dans ce
type de programmation, l'ordinateur devient un « robot »
intermédiaire entre l'apprenant et le robot qui doit exécuter le
programme : le code est transféré sur le robot par
l'apprenant via son ordinateur, pour être exécuté, une
situation qui augmente la complexité de la programmation (Niboit et Poyer, 1991) ; (Duchâteau, 1993) ; (De Dormale, 2003).
Cette complexité est peut-être l'une des raisons qui explique qu'il
n'est pas prescrit aux étudiants avant la L3. Si certains parmi eux ont
produit un travail intéressant, certaines conditions ont contribué
à ce qu'il en soit ainsi : la motivation engendrée par les
rapports de sympathie des étudiants envers cette technologie et, des
bouts de codes et des vidéos déjà construits obtenus par
leurs recherches en ligne.
Les résultats semblent infirmer la première
hypothèse : les étudiants de L3 ont plus d'une année
d'expérience en informatique mais les difficultés qu'ils ont
vécues dans la programmation de Nao, laissent penser que, si les enfants
de l'école primaire peuvent programmer les robots, ces derniers sont
généralement adaptés à leur niveau et leur
âge. Certaines variables semblent être prises en compte pour
prescrire certaines technologies robotiques aux apprenants. Leur
complexité évolue en fonction du niveau d'étude, de
l'âge, de l'expérience, etc. Nao semble plus complexe que les
autres robots prescrits antérieurement. Ceci peut justifier finalement
pourquoi il occasionne de difficultés non connues par les
étudiants dans les classes précédentes.
4.2. De l'affection envers la technologie à l'apprentissage avec la
technologie
Les états affectifs des apprenants sont déterminants dans leur
motivation. La sympathie envers la technologie, plus prononcée dans le
cas de Nao, est due à sa forme humanoïde. Cette apparence humaine
leur a permis d'aller plus loin dans leurs apprentissages : leur affection
envers lui les poussait à chercher à lui faire faire ce qu'ils
pensent que tout humain peut faire. Ces résultats sont confirmés
par d'autres recherches faites dans ce domaine. Se référant aux
travaux antérieurs d'Izard (Izard, 1993),
Janiszek et al. (Janiszek et al., 2011b) montrent que le rôle des émotions, ce qu'on peut mettre ici en
relation avec la sympathie, n'est pas à négliger dans les
apprentissages : des liens forts entre émotions et cognition ont
été établis, soulignant que les émotions permettent
de construire et d'organiser notre système cognitif et d'adapter nos
procédures et notre comportement aux besoins de la situation. Selon ces
études, les capacités d'attention, de mémorisation, de
planification, d'apprentissage et d'interaction seraient davantage
mobilisées si la tâche à accomplir est plaisante ou si on se
sent satisfait et optimiste (Janiszek et al, 2011b) :
le plaisir et l'émulation qu’engendrent le travail et la
communication avec Nao semble avoir eu un effet positif sur les capacités
cognitives des étudiants et leur implication physique et intellectuelle
dans la tâche à accomplir.
Après deux ans de formation à l'informatique, les
étudiants de licence ont déjà acquis un bon niveau dans la
programmation classique. Mais, les recherches montrent une distance entre la
programmation classique des ordinateurs et celle des robots. Ce dernier contexte
de programmation complexifie la situation. Dans la présente recherche, la
complexité a été accentuée pour les étudiants
par l'apprentissage d'un nouveau langage qui a ajouté des
difficultés liées à la syntaxe, les bogues, etc. origine de
la lenteur du projet. Le langage était encore une découverte
à faire et la motivation initiale pour Nao s'en est trouvée
réduite, les autres connaissances susceptibles d'être construites,
limitées. Les difficultés dans l'apprentissage de nouveaux
langages sont connues dans les recherches antérieures. Selon Leroux, des
difficultés rencontrées en programmation des robots sont
inhérentes à l'apprentissage de tout langage de programmation (Leroux, 1996).
Il trouve intéressant de découvrir la technologie au travers des
constructions de situations d'apprentissage favorisant une relation dialectique
entre la théorie et la pratique. Quoi qu'il en soit, les étudiants
étaient dans une situation beaucoup plus complexe que ça : si
l'acquisition du langage n'était pas l'objectif premier de
l'apprentissage, ils étaient contraints de l'acquérir pour
l'utiliser dans la construction d'autres connaissances.
4.3. Robotique pédagogique : vers une recomposition des
disciplines ?
Les résultats de cette étude montrent les potentialités
de la RP pour une ouverture à l'acquisition, par les étudiants, de
nombreux savoirs issus de disciplines ou domaines variés. Ce
caractère transversal lui confère la qualité d'être
« une branche de passerelle » ou « une discipline
de surfacique » pour reprendre les termes de Daniel Marchand (Marchand, 1991),
permettant « une navigation » à travers les
disciplines et les domaines différents pour des apprentissages multiples.
De plus, comme l'ordinateur, la robotique est souvent abordée sous deux
facettes, comme outil mais aussi comme objet d'apprentissage. Si un ordinateur
peut aussi permettre cette ouverture pour l'apprentissage de divers savoirs
pluridisciplinaires, celle permise par la RP est plus large. D'une part, elle
offre des contextes divers d'application des savoirs déjà acquis
notamment dans diverses disciplines mais aussi, elle permet aux étudiants
de construire d'autres connaissances permises par les interactions du robot avec
l'environnement.
Les disciplines sont généralement closes et leur
« intérieur » est généralement
laissé aux seuls spécialistes du domaine. Leur
décloisonnement est une des potentialités de la RP, même si
cette qualité n'est pas son unique propriété.
Duchâteau (Duchâteau, 1993) parle d'un éclatement des frontières disciplinaires comme
caractéristique fondamentale commune à l'informatique et à
la robotique pédagogique. L'intérêt de cette ouverture des
portes des disciplines, permise par l'approche de la programmation des robots,
est d'offrir aux apprenants les possibilités d'accéder à
l'interrelation des disciplines. Par là même, cet accès
à la jonction des disciplines permet une acquisition de
compétences transversales dont la responsabilité de leur
enseignement n'est pas toujours clairement attribuée dans les curriculums
enseignés (Lebeaume et al., 2011).
La réflexion suscitée par la programmation des robots permet aux
apprenants d'aller au-delà des limites disciplinaires pour
interpréter les comportements de l'exécutant – robotique.
Les potentialités de l'approche par projet de la RP dans les
apprentissages sont multiples et ont été largement
développées (Nijimbere et al., 2013).
4.4. Robots humanoïdes et modélisation
Contrairement à la programmation classique, beaucoup de
paramètres environnementaux (température, luminosité,
pression, son...) entrent en jeu dans la programmation des robots. Les
résultats de l'exécution du programme sont influencés par
ces paramètres, indépendamment du code produit. Cela, semble-t-il,
a influé sur les difficultés vécues par les
étudiants : il était nécessaire d'anticiper pour comprendre
et prévoir le comportement du robot face aux possibles fluctuations de
ses comportements changeant au cours du temps en fonction de ces
paramètres. Comme il s'agissait d'un contexte nouveau de programmation,
il était très difficile d'anticiper tout ce qui pouvait se passer
et influencer les comportements, surtout que le robot reste une boîte
noire pour eux.
Les difficultés liées à la complexité des
tâches de programmation des robots ont été
évoquées dans des recherches précédentes. Neboit et
Poyer (Neboit et Poyer, 1991) soulignent deux conditions qui rendent difficiles les représentations des
mouvements du robot. La première difficulté est liée au
nombre d'axes et de degré de liberté (ddl) sur les axes du robot.
Ils évoquent la quasi-impossibilité de la décomposition
d'un mouvement en déplacement d'axes élémentaires d'un
robot dont tous les axes peuvent bouger simultanément, à des
vitesses différentes, dans des orientations et des sens
différents. La deuxième difficulté est liée aux
mouvements très différents d'un robot selon une commande
effectuée. Cette difficulté est, selon eux, justifiée par
le fait que la commande des déplacements d'un même axe et pour une
même valeur de déplacement se fait dans plusieurs systèmes
de coordonnées spatiales différents :
référentiels polaires, articulaires, cartésien,
repère de base, d'outil et de tâches.
Ces résultats révèlent des préoccupations des
recherches actuelles en robotique éducative. Selon Espiau et Oudeyer (Espiau et Oudeyer, 2008),
si les robots doivent être autonomes, la complexité du monde et,
donc de l'environnement dans lequel ils évoluent, reste l’obstacle
majeur à leur autonomie. Ils justifient ainsi les enjeux des recherches
actuelles en robotique : concevoir des méthodes permettant aux
robots de se mouvoir, de prendre des décisions et d’interagir
habilement avec leur environnement, naturel et humain. Au-delà des
connaissances mathématiques élémentaires utilisées,
les paragraphes suivants montrent que, dans la programmation de Nao, des
connaissances mathématiques avancées sont aussi indispensables
pour garantir sa performance et son autonomie. En effet, les étudiants
avaient du mal à corriger les déséquilibres
fréquents auxquels le robot faisait face, lesquels témoignaient de
l'existence des imperfections techniques du robot. Le gros problème pour
les étudiants était de ne pas arriver à identifier ce qui
manquait pour corriger ou améliorer la situation. Des questions que l'on
peut se poser sont les suivantes : l'absence des connaissances
mathématiques construites est-elle due au fait qu'elles n'étaient
pas nécessaires dans ces projets ? N'y a t-il pas des occasions
où elles devraient intervenir ? Qu'apporterait l'utilisation de
mathématiques un peu plus avancées dans ces projets ?
Programmer un robot évoluant dans un tel contexte complexe suppose une
modélisation et une planification des différentes tâches en
actions élémentaires. Si la programmation de Nao nécessite
la construction des connaissances mathématiques un peu plus
avancées, leur absence a fortement limité sa performance. Le
manque d'équilibre de Nao et ses imprécisions dans les calculs des
distances, les prises de positions, les mouvements de ses membres (pour ramasser
des balles, pour marquer un but...)... sont quelques-unes des raisons qui, selon
moi, sont justifiées par une absence des connaissances
mathématiques, pourtant nécessaires, qui devraient être
construites et utilisées. Par exemple, les changements d'angle sous
lequel le robot, en mouvement, voit la balle, en position fixe, pour pouvoir se
mettre en position « favorable » de son ramassage,
renseignent sur une probable implication des variations d'angle en fonction du
temps. Ceci laisse supposer l'intervention des équations
différentielles. La nécessité de ces dernières a
d’ailleurs été soulignée par les enseignants qui
affirment leur contribution fondamentale dans la programmation de Nao. Mais
elles n'ont pas été utilisées. Les essais des
étudiants pour faire prendre ou bloquer Nao, « à la
main », dans une position « favorable » pour
pouvoir poser tel ou tel geste souhaité, tel que le ramassage de balle,
sont des approches qui se sont révélées non
appropriées. Les pratiques des étudiants consistaient à
faire prendre manuellement des positions qui,
« informatiquement » n'ont pas de sens pour résoudre
ce problème. Ces pratiques justifient à mon sens un aspect
important de leurs représentations mentales de son fonctionnement :
face à Nao, et donc inspirés par sa forme humanoïde, les
étudiants raisonnent plus en termes de gestes humains qu'en termes de
codes informatiques à implémenter. Cette façon de voir et
de raisonner a influencé leur façon de faire et a masqué,
chez eux, le recours à la modélisation des tâches complexes
en petits éléments à implémenter et qu'il faudrait
par la suite combiner. Cette approche des étudiants contraste avec le
point de vue des chercheurs (Nonnon, 2002) pour qui la RP permet la modélisation mathématique du
phénomène physique par une expression algébrique. Un peu
après Nonnon, Paulin et al., (Paulin et al., 2006) ont montré les limites d'un robot à « combiner ces
différentes actions élémentaires pour qu'il (le robot)
réalise des tâches de plus haut niveau ». Selon eux, la
modélisation est, actuellement, devenue une préoccupation pour les
roboticiens qui cherchent à modéliser les actions
élémentaires sous forme de systèmes d'équations
mathématiques complexes.
A côté des équations différentielles,
évoquées comme indispensables, d'autres connaissances
mathématiques avancées ont été soulignées
dans les recherches : les équations dynamiques. En effet, Espiau et
Oudeyer (Espiau et Oudeyer, 2008) évoquent un premier défi à relever dans la
programmation de Nao, système mécanique muni d'actionneurs :
sa locomotion. Cette dernière appelle des équations dynamiques
associées à un système rigide articulé et obtenues
à partir des équations de Lagrange. Ces équations auraient
pour intérêt de gérer des commandes engendrant une marche
réaliste : supporter les variations de terrain, prévenir les
chutes... Selon eux, à la différence des robots à base
fixe, les robots humanoïdes, ont des exigences particulières. Comme
Paulin et al. (Paulin et al., 2006),
Espiau et Oudeyer (Espiau et Oudeyer, 2008) justifient ces exigences par leur configuration spatiale répartie en deux
parties : l'une, classique, regroupant les coordonnées articulaires
commandées par des moteurs et définissant la posture du robot hors
toute influence extérieure (pesanteur...) ; l'autre regroupant ses
coordonnées par rapport à un repère de
référentiel de son environnement.
Si les déplacements de ces robots sont effectués au moyen des
jambes, les difficultés posées par leur programmation ne se
limitent pas, dans le cas des robots humanoïdes, à la
modélisation des seules jambes. Pour améliorer les
déplacements et l'agir du robot, il importe de travailler sur le corps
complet (Espiau et Oudeyer, 2008) : jambes, pieds, bras, mains, système de perception..., un travail qui
nécessite chaque fois des modélisations. Il est notamment question
de modéliser des contacts des pieds avec le sol pour faire face à
l'influence de forces de réaction avec le sol, modéliser des
frottements pour optimiser les mouvements afin de pouvoir faire face aux
contraintes éventuelles de glissement et de synchroniser les
déplacements et les mouvements des bras et la vision... Dans cette
dynamique de la modélisation, une présence des
mathématiques est de plus en plus évoquée en robotique. En
tant que créature artificielle, Nao fonde son existence sur la puissance
de l'algorithmique et des mathématiques comme outils de
représentation du réel (Espiau et Oudeyer, 2008).
Ces chercheurs jugent indispensables des modèles mathématiques
dans la programmation des robots humanoïdes pour assurer l'autonomie de
leurs décisions et faire des actions réfléchies. Ces
modèles devraient s'appuyer sur son environnement et permettre des
représentations géométriques et topologiques mais aussi des
modèles perceptifs. Des modèles mathématiques de
raisonnement interviendraient en utilisant des techniques d'optimisation
combinatoire (recherche de la meilleure solution parmi un nombre fini de
solutions) ou de la programmation dynamique pouvant permettre une prise de
décision.
Nao, à l'instar de beaucoup d'autres environnements orientés
compétition pour la RoboCup (Muratet, 2010) comme RoboCupSoccer, RoboCupRescue et RoboCupJunior, est un robot physique qui
pose plus de difficultés aux apprenants : il nécessite
beaucoup de concepts informatiques. Même si les étudiants de L3
disposent des connaissances de base qu'il faut, la diversité des
paramètres intervenant rend la programmation de Nao complexe et
contraignante. Il me semble que l'acquisition du nouveau langage de
programmation Python y a aussi contribué.
Il me semble que le peu d'étudiants qui choisissent les sujets de
programmation de Nao est dû à leur mauvais souvenir de L2
lié à la complexité des activités de programmation
des robots, notamment vécue dans le cadre des projets de programmation
des robots de type Lego Mindstorm. La deuxième hypothèse stipulant
que Nao, très exigeant en connaissances, ne serait pas destiné aux
débutants en informatique mais, servirait à aller plus loin en
programmation, se voit confirmée par ce qui précède. La
modélisation exigée par Nao nécessite un bon niveau de
réflexion et un bagage de connaissances de base. La programmation des
tâches modélisées appelle souvent des connaissances un peu
plus avancées que ce soit en informatique ou en mathématique. La
programmation de Nao, par sa morphologie et sa structure, devient plus complexe.
Il semble pour cela que programmer Nao n'est pas une activité
adaptée aux tout novices en informatique mais, permettrait d'aller plus
loin dans l'acquisition des compétences en programmation à ceux
qui ont déjà des connaissances de base.
5. Conclusion et perspectives
Dans cet article d'orientation didactique, j'ai
étudié les connaissances acquises par les étudiants de
licence 3 d'informatique en projets de programmation de Nao, un robot
humanoïde. Moyennant certaines conditions favorables, préalables
à sa meilleure efficacité (Laborde et al., 1985) telle que des connaissances de base, l'approche de programmation des robots
semble fructueuse et porteuse d'un intérêt éducatif
important. Au-delà des apprentissages en informatique, des connaissances
pluridisciplinaires sont construites grâce à sa potentialité
à décloisonner les frontières imposées par des
spécificités disciplinaires.
L'absence de mise en œuvre de modélisation a sensiblement
limité la mise à profit de certaines des stratégies
imaginées. C'est ce qui a limité aussi la construction de certains
apprentissages mathématiques, indispensables pour la performance de Nao.
En effet, en licence, les étudiants ont un certain nombre de cours
orientés vers l'apprentissage de la programmation (Delozanne et al., 2011) et les recherches récentes montrent qu'ils n'ont pas de
difficultés particulières dans la programmation classique (Nijimbere et al., 2013).
Les étudiants peu initiés à la programmation rencontrent de
difficultés avec le robot de type Lego MINDSTORM NXT, difficultés
liées à la complexité du contexte non vécues dans la
programmation classique. Le contexte de la programmation de Nao est complexe et
occasionne de difficultés plus importantes, orientées techniques.
Elles étaient accentuées par les multiples ddl de Nao et les
conditions environnementales changeantes dans lesquelles Nao était
appelé à évoluer et qui influent sur ses mouvements et ses
actions. Ces difficultés auraient nécessité des
connaissances mathématiques un peu plus avancées, construites
à l'aide de l'approche par modélisation, malheureusement absente.
Les représentations mentales qu'ont les étudiants de Nao les
poussent à raisonner en termes de mouvements humains et par
conséquent à lui faire prendre des positions jugées
« favorables » « à la main »
plutôt qu'en termes de codes informatiques à construire. Ceci a
contribué à ne pas penser à l'usage de la
modélisation pouvant leur permettre la décomposition en actions
élémentaires des tâches à faire faire par Nao et
ainsi arriver au bout de ces difficultés techniques. Ces pratiques
laissent transparaître des représentations mentales de Nao
lacunaires chez les étudiants : il reste une boîte noire. La
maîtrise d'une technologie nouvelle telle qu'un robot exige plus qu'une
simple connaissance des composantes du hardware, de la syntaxe et de la
sémantique de programmation. Une connaissance préalable des
principes de son fonctionnement est nécessaire (Gaudiello et Zibetti, 2013).
Pour le cas de Nao, ces derniers manquent chez les étudiants de licence
malgré leurs compétences reconnues dans la programmation
classique. Mon hypothèse est que des séances d'initiation et de
familiarisation à sa structure et de son fonctionnement contribueraient
à leur faire acquérir des images mentales nécessaires et
suffisantes de Nao, robot très complexe. Elles leur permettraient aussi
d'anticiper certains de ses comportements sous l'influence des divers
paramètres de son environnement et ainsi de pouvoir aller plus loin dans
sa programmation. Programmer Nao à l'aide d'un langage déjà
connu serait encore, me semble t-il, un moyen de réduire les contraintes
pour aller plus loin dans la modélisation afin d'augmenter la performance
de ce robot.
Il semble que, contrairement à la programmation classique et
même celle des kits robotiques, celle des robots humanoïdes, dont Nao
fait partie, nécessite un certain niveau en programmation. Les multiples
paramètres environnementaux qui interviennent contribuent à
complexifier le travail à faire et exigent des représentations
mentales suffisantes et des compétences d'anticipation un peu plus
poussées. L'activité de programmation des robots humanoïdes
semble tellement complexe qu'elle serait, par conséquent, un peu plus
haut placée par rapport au niveau des débutants en
informatique : elle constituerait, à mon sens, non pas un
début mais une étape pour leur perfectionnement en programmation,
ce qui justifie finalement sa prescription institutionnelle tardive en licence.
En perspective, une étude qui s'oriente vers l'analyse des pratiques
d'élèves plus jeunes permettra de rendre compte de l'appropriation
de savoirs informatiques pour d'autres débutants. Une approche
comparative est en cours au moyen de données issues de la
découverte de l'informatique par des élèves de
lycées, en filières scientifiques.
Remerciements
Au terme de cet article, je me réjouis
d'adresser ma reconnaissance aux personnes suivantes qui ont contribué
à son aboutissement. Mes remerciements sont d'abord adressés
à Georges Louis Baron, professeur en sciences de l'éducation
à l'Université Paris Descartes pour avoir pris son temps pour la
correction et la relecture de cet article malgré ses multiples
obligations. Mes remerciements s'adressent aussi à Messieurs David
Janiszek et Damien Pellier, enseignants au département d'Informatique
à l'Université Paris Descartes. Après m'avoir permis
d'accéder à l'observation des pratiques et des échanges
avec leurs étudiants en projets, ils m'ont donné un entretien pour
plus de compléments. Enfin, mes remerciements s'adressent aux
étudiants de licence en projet en informatique pour l'année
scolaire 2011/2012. Ils ont, non seulement accepté d'être suivis
dans leurs pratiques, mais aussi, ont contribué à les expliciter
dans différents entretiens donnés.
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A
propos de l’auteur
Claver NIJIMBERE est doctorant en sciences de
l'éducation à l'université Paris Descartes. Après un
master en didactique des sciences et techniques, obtenu en 2011 à l'ENS
de Cachan, il commence sa thèse de doctorant en didactique de
l'informatique. Par une approche comparative entre des élèves des
lycées scientifiques et des étudiants de licence, il étudie
les appropriations des savoirs informatiques chez les débutants en
informatique en France.
Courriel : claver.nijimbere@etu.parisdescartes.fr
1 http://pagestec.org/web2001/article.php?sid=513,
site consulté le 24 mai 2014
2 http://www.aldebaran-robotics.com/For-Education/introduction.html,
consulté le 20 septembre 2012
3 Leroux, Vivet, et
Brézillon distinguent la coopération de la collaboration :
Dans la collaboration, le travail à faire, les tâches et les
responsabilités sont les mêmes alors qu'en travail
coopératif, même si le travail est le même, les tâches
et les responsabilités sont séparées, moyennant une mise en
commun du travail final (Leroux et al., 1996)
4 document consulté le 10 février 2014
5 http://www.aldebaran-robotics.com/fr/,
site consulté le 17 février 2014
6 Fabriqué en 2005 par la
société française aldebaran-robotics, le robot Nao est
commercialisé pour des fins éducatives : recherches dans des
laboratoires et universités
7 Si cette expression a plusieurs
appellations (focus group, groupe de discussion, interview de groupe, groupe
focalisé, entretien collectif). Colette Baribeau, Jason Luckerhoff et
François Guillemette trouvent qu'il est préférable que les
chercheurs en recherches qualitatives utilisent un seul terme : entretien
de groupe.
8 Contrairement aux questionnaires,
l'entretien semi-directif a l'avantage de pouvoir relancer une question pour
éclairer davantage un point de vue ou approfondir une réponse
donnée
9 Les étudiants
étaient déjà au courant des sujets qui se trouvent sur le
site du département de l'informatique
10 C'est un dispositif circulaire
avec un numéro monté sur le panier de but pour le
caractériser
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