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Un regard rétrospectif sur le développement
professionnel des enseignants dans le modèle de l’École
éloignée en réseau
Christine HAMEL, Thérèse LAFERRIÈRE (Université
Laval, Québec) Sandrine TURCOTTE (Université du Québec en
Outaouais, Outaouais) Stéphane ALLAIRE (Université du
Québec à Chicoutimi, Chicoutimi), chercheurs réguliers au
Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire
(CRIRES)
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RÉSUMÉ : Le
développement professionnel (DP) des enseignants est un des facteurs
importants pour la réussite scolaire des élèves. Plusieurs
dispositifs de DP existent afin de soutenir les enseignants, mais peu
d’entre eux donnent des résultats reconnus dans leur pratique en
classe de même que chez les élèves. Au Québec,
l’initiative de l’École éloignée en
réseau, qui vise à enrichir l’environnement
d’apprentissage des petites écoles rurales à l’aide
des technologies collaboratives, a permis d’offrir plusieurs occasions de
DP aux enseignants participants avec le support de TIC, entre autres, la
visioconférence et un forum électronique. Le présent
article porte, à l’aide du cadre théorique de Guskey
(Guskey, 2003), un regard rétrospectif sur le DP des enseignants qui
mettent en œuvre cette innovation afin de nommer leurs réactions au
dispositif, les apprentissages et l’utilisation qu’ils en ont faits,
le soutien organisationnel nécessaire, et finalement les résultats
observés chez les élèves.
MOTS CLÉS : Développement
professionnel, technologies de télécollaboration, dispositif de
formation, innovation, apprentissage |
|
ABSTRACT : Teacher
professional development (PD) is an important factor of student academic
success. Several PD devices exist to support teachers, but few of them provide
visible results in their classroom practice as well as on student learning. In
Quebec, the initiative of the Remote Networked Schools, which aims to enrich the
learning environments of small rural schools by using collaborative
technologies, has provided several PD opportunities for participating teachers,
with the support of information and communication technologies (ICT) such as
video conferencing and an electronic forum. This article, using the theoretical
framework of Guskey (Guskey, 2003), provides a retrospective on the professional
development of the teachers implementing this innovation, in order to identify
their reactions to the device, their understanding of the device and its
different uses, the organizational support required, and ultimately,students
outcomes.
MOTS CLÉS : Professional
development, collaborative technologies, socio-technical designs, innovation,
learning with technology |
1. Introduction
1.1. Le développement professionnel des enseignants par des
activités professionnalisantes
Le développement
professionnel ou l’apprentissage des enseignants est maintes fois
nommé comme l’un des critères importants pour
l’amélioration de la réussite scolaire des jeunes (Borko, 2004) ; (Villegas-Reimers, 2003).
Le concept de développement professionnel est polysémique, car il
est soit le fait d’activités professionnalisantes proposées
soit de processus individuels. Nous avons choisi d’adopter la perspective
professionnalisante du développement professionnel chez les enseignants
puisqu’elle est porteuse de sens pour notre étude de par sa posture
constructiviste et sa description de l’action de l’enseignant
détenteur d’un savoir en construction (Uwamariya et Mukamurera, 2005).
Compte tenu de ce choix, plusieurs dispositifs de développement
professionnel existent afin, d’une part, de permettre aux enseignants
d’améliorer leur pratique et d’acquérir de nouveaux
savoirs et aussi, d’autre part, pour répondre aux demandes
ministérielles, par exemple lors de l’implantation d’un
nouveau curriculum (Guskey, 2002) ; (Lieberman et PointerMace, 2008).
Toutefois, ces dispositifs de développement
professionnel1 offerts aux enseignants
sont souvent rendus caducs par les difficultés que rencontrent les
enseignants à réinvestir les contenus dans leur classe ou encore
parce qu’ils ne répondent pas aux principaux besoins et
intérêts des enseignants (Hunzicker, 2012) ; (Quick et al., 2009) ; (Tate, 2009).
Ainsi, des recherches ont démontré le peu
d’efficacité des formules de développement professionnel de
type séminaire alors que les enseignants assistent à des
présentations un jour durant (Flores, 2005) ; (Fullan, 1995) ; (Liebermann et Pointer Mace, 2008) ; (Wayne et al., 2008) et ont peu de possibilités d’échanger avec leurs
collègues afin de faire des liens avec leur pratique en classe. De plus,
les contenus ont souvent peu d’ancrage dans des résultats de
recherche ou encore ne sollicitent pas la participation d’enseignants
à une recherche qui pourrait en découler (Liebermann et Pointer Mace, 2008).
En outre, la pertinence des communautés d’enseignants pour
l’apprentissage et le développement professionnel a beau être
démontrée, elles demeurent l’exception dans le
système scolaire (Collinson et al., 2009).
C’est dire que le dispositif de développement professionnel le
plus fréquemment utilisé peut être contradictoire à
son contenu par exemple, lorsqu’on demande aux enseignants de se centrer
sur les besoins et les capacités de leurs élèves pour les
faire apprendre tout en n’appliquant pas cette idée à leur
propre développement professionnel (Hawley et Valli, 2007).
C’est dire aussi que le développement professionnel des enseignants
aurait intérêt à être davantage centré sur le
partage de pratiques exemplaires ou les apprentissages actifs et
caractérisé par une bonne cohérence processus/contenu afin
d’en augmenter les effets sur les apprentissages des élèves (Garet et al., 2001).
Un autre aspect assez souvent mis en évidence est l’absence de
suivi après les activités de développement professionnel
offertes, ce qui contribuerait à ce que peu
d’éléments de contenu soient réinvestis dans la
pratique des enseignants. Le suivi sous forme, entre autres,
d’accompagnement pédagogique serait à considérer
comme partie intégrante des dispositifs de développement
professionnel mis en place pour les enseignants afin d’assurer un plus
grand réinvestissement des meilleures pratiques en classe (Goderva-Shaikh, 2010) ; (Ingvarson, 2005) ; (Penuel et al., 2007).
Ainsi, pour que des activités de développement professionnel
parviennent à transformer les pratiques des enseignants, il faudrait
miser sur une bonne dose de soutien et d’accompagnement, sans
négliger l’exercice d’une certaine pression pour faire
entreprendre cette transformation (Guskey, 2002).
À cet égard, les technologies de
télécollaboration sont des outils puissants afin de soutenir les
communautés d’enseignants et assurer un accompagnement et un suivi
du lieu même de leur pratique (Hamel, 2003) ; (Marx et al., 1998).
Néanmoins, le manque de temps et le manque de ressources
financières sont souvent les arguments évoqués pour offrir
des activités de développement professionnel aux enseignants sous
leur formule habituelle, soit des journées de formation au cours
desquelles un contenu spécifique est abordé avec les enseignants
– ici caractérisée de formule
« juste-au-cas ». En contraste, le suivi et
l’accompagnement des enseignants dans une formule de type
« juste-à-temps » supposent plutôt que
l’enseignant reçoive du soutien au moment où il en a besoin
dans sa pratique en classe. Des outils technologiques tels que la
visioconférence sont maintenant disponibles pour permettre une telle
formule. Par ailleurs, cette formule est très peu présente dans le
système scolaire étant donné que la première est
plus facile à mettre en place et à encadrer et parait moins
dispendieuse. Qu’en est-il des dispositifs de développement
professionnel mis en place sur de larges territoires ?
1.2. Un contexte favorable à un dispositif innovant en
développement professionnel des enseignants
Au Québec, l’immensité du territoire apporte son lot de
défis afin d’assurer une égalité de chances et de
succès en éducation. En effet, environ 30 % des écoles
sont de petite taille (moins de 100 élèves) et elles contribuent,
entre autres, à préserver la vitalité des villages. Ce sont
des écoles qui ont des classes multiâges (de deux à quatre
niveaux par classe) et peu de ressources professionnelles disponibles. En outre,
elles connaissent un fort mouvement de personnel et sont souvent situées
en milieu défavorisé. On peut alors se questionner sur la
qualité de l’environnement éducatif de ces petites
écoles lorsque peu de ressources sont disponibles pour
l’enseignement et le soutien à l’apprentissage. C’est
à partir de cet état de situation qu’en 2001, le
ministère de l’Éducation a mis en place l’initiative
de l’École éloignée en réseau
(ÉÉR) afin d’explorer comment l’utilisation des
technologies de l’information et de la communication (TIC) pouvait
permettre d’imaginer autrement l’avenir de la petite école
rurale québécoise. Un organisme spécialisé dans le
transfert de connaissances et dans l’innovation, le Centre francophone
d’informatisation des organisations (CEFRIO) a coordonné
l’initiative de l’ÉÉR jouant un rôle
précieux auprès des chercheurs, du Ministère de
l’Éducation de même que des commissions
scolaires2 participantes.
Les TIC choisies furent un système de visioconférence
(iVisit et VIA) et un forum électronique de
coélaboration de connaissances (Knowledge Forum [KF]) rendues
disponibles directement dans les classes participantes. Il s’agissait
d’utiliser ces nouveaux outils afin d’augmenter les
possibilités d’interactions humaines pour faire apprendre les
élèves des petites écoles. Pour des raisons
pédagogique et politique, l’avenue de l’enseignement à
distance fut écartée d’emblée. Ainsi à tous
les jours, encore aujourd’hui, des élèves et enseignants de
classes distantes collaborent en planifiant et en réalisant des
activités d’apprentissage authentiques ancrées dans le
programme de formation de l’école québécoise à
l’aide de ces outils. À titre d’exemple, des
élèves de classes distantes peuvent réaliser des
résolutions de problèmes en mathématiques à
l’aide de la visioconférence ou encore écrire une histoire
collective. Dans le forum électronique, les élèves
écrivent en collaboration afin de comprendre un problème complexe;
cela se produit surtout en ce qui concerne les sciences (pourquoi les feuilles
changent de couleur à l’automne?) ou l’univers social
(qu’est-ce qu’une société non démocratique?).
Si, lors des premières années de mise en œuvre de
l’ÉÉR, les activités réalisées
servaient surtout des apprentissages périphériques (par exemple,
la fête de l’Halloween), ce n’est plus le cas depuis plusieurs
années maintenant, et ce pour une majorité de classes actives. Ce
qui s’effectue à l’aide des outils contribue donc de
très près au développement des connaissances et des
compétences prescrites par le Programme de formation de
l’école québécoise. Les enseignants et les
élèves les plus avancés mettent en place dans leur classe
une pédagogie qui vise la coélaboration ou la création de
connaissances (Scardamalia et Bereiter, 1991).
Pour parvenir à de tels résultats, le design de recherche et
d’intervention mis en place auprès des participants a joué
un rôle important (Hamel et al., 2012a) ; (Laferrière et al., 2004a) ; (Turcotte et al., 2009).
Entre autres, une équipe de recherche-intervention (ÉRI) est
disponible dans une salle de visioconférence durant les heures de classe
afin de répondre à des questions et à des problèmes
des enseignants directement du lieu de leur classe, au moment même
où ils surviennent, et ce depuis 2002.
Depuis le début, les participants ont été invités
à contribuer, de manière créative, à la mise en
œuvre de l’École éloignée en réseau, soit
à s’engager dans une démarche de design collaboratif de
l’innovation. Ainsi, à partir des activités
réalisées dans les classes, le modèle de
l’École éloignée en réseau s’est
défini et raffiné. Au fil des années en est ressorti un
modèle qui renforce la capacité de préserver la
qualité de l’environnement d’apprentissage de la petite
école de village. Ainsi, lorsque des conditions favorables sont
réunies (Turcotte et Hamel, 2008),
les enseignants sont capables de mettre en place des activités
d’apprentissage centrées sur les élèves en utilisant
les TIC. À cet égard, les environnements d’apprentissage des
élèves s’en sont trouvés améliorés tant
au niveau de la quantité que de la qualité des interactions de
même que des apprentissages spécifiques dans des domaines comme le
français langue d’enseignement et les sciences et technologie.
Si l’ensemble du système scolaire est impliqué pour
réussir la mise en œuvre de l’École
éloignée en réseau, le cœur de cette innovation,
c’est la classe. Ce sont donc les enseignants qui ont été
les professionnels les plus sollicités puisque c’est dans leur
classe que se déroulaient les activités et les projets
d’apprentissage en réseau. À l’aube de
l’utilisation de la visioconférence en classe, ils ont
planifié des activités d’apprentissage en collaboration. Un
contexte favorable existait dans tout le Québec du fait de la
réforme du curriculum pour lequel nous passions d’une approche
centrée sur des objectifs à une approche centrée sur le
développement de compétences (MEQ, 2006).
Lors de la mise en œuvre imposante de cette innovation sociale
qu’est l’École éloignée en réseau pour
les petites écoles, il a fallu promouvoir et soutenir le
développement professionnel des enseignants. Le présent article
vise à cerner le développement professionnel offert aux
enseignants durant les quatre phases de l’ÉÉR à
partir des cinq niveaux de développement professionnel définis par
Guskey (Guskey, 2003) dans
ses travaux axés sur l’innovation en milieu scolaire : les
réactions des enseignants, les apprentissages des enseignants, le soutien
organisationnel, l’utilisation des savoirs nouvellement acquis par les
enseignants et les résultats des élèves. Cet article se
veut un regard rétrospectif et une synthèse en ce qui concerne le
développement professionnel chez les enseignants qui ont participé
à l’initiative ÉÉR entre 2002 et 2010 puisqu’il
nous permet de prendre du recul à partir d’un ensemble de
résultats disponibles.
2. Cadre théorique
Nous avons retenu le modèle de Guskey pour
présenter les principaux résultats obtenus pendant huit ans (Guskey, 2003) en
ce qui concerne le développement professionnel des enseignants
participants de l’ÉÉR. Ce modèle comporte cinq
niveaux critiques pour apprécier les impacts des dispositifs de
développement professionnel offerts aux enseignants. Dans le contexte de
l’École éloignée en réseau, les
activités de développement professionnel du dispositif visaient
à utiliser les TIC pour enrichir l’environnement
d’apprentissage de la petite classe multiâge en milieu rural. Ce
dispositif de développement professionnel s’est transformé
tout en se complexifiant au fur et à mesure que les enseignants
développaient leur capacité dans l’usage des TIC pour faire
apprendre les élèves. Nous présentons ci-après les
cinq niveaux de Guskey et les mettons en lien avec les caractéristiques
du dispositif de développement professionnel disponible dans
l’ÉÉR.
2.1. Niveau 1 : Les réactions des enseignants
À ce niveau, il s’agit de saisir les réactions des
enseignants envers les activités de développement professionnel
qui leur ont été offertes. C’est à ce niveau
qu’il est le plus facile d’obtenir de l’information à
propos de ce que pensent les enseignants à propos de ce qu’ils ont
appris. Est-ce qu’ils ont trouvé cela utile? Est-ce pertinent pour
leur pratique? Est-ce que les formateurs étaient compétents? Ce
premier niveau est souvent le seul niveau qui soit évalué ou
étudié et il s’exprime dans nombre d’études
sous le vocable du niveau de satisfaction des participants. Dans notre contexte,
les enseignants participaient à certaines activités formelles et
non formelles en lien avec l’ÉÉR. Nous recueillions leurs
réactions afin d’éclairer les suites à être
données, sous forme d’accompagnement pédagogique et
technologique, par les membres de l’ÉRI à partir du lieu de
la salle de visioconférence ouverte sur le temps de classe, les midis et
après l’école.
2.2. Niveau 2 : Les apprentissages des enseignants
À ce deuxième niveau, les apprentissages faits par les
enseignants à la suite des formations offertes sont, en autant que faire
se peut, évalués – à savoir habiletés, savoirs
et attitudes. Dans le cas de l’ÉÉR, une large part du
développement professionnel de l’enseignant se produisait dans
l’informel, c’est-à-dire que les enseignants faisaient des
apprentissages alors qu’ils progressaient dans la mise en œuvre de
l’innovation dans leur propre classe en lien avec au moins une autre
classe. De plus, la pédagogie de coélaboration de connaissances
promue dans l’ÉÉR offrait une toute nouvelle perspective aux
enseignants en matière d’apprentissage chez les
élèves puisque ces derniers étaient davantage actifs et
prenaient la parole à l’écrit pour comprendre des
problèmes complexes.
2.3. Niveau 3 : Le soutien organisationnel
À ce niveau sont repérés les éléments de
soutien organisationnel offert aux enseignants afin qu’ils parviennent
à mettre en œuvre ce qu’ils ont appris. Ainsi, ce niveau
permet de dépister si les enseignants sont capables ou non de
réinvestir dans leur pratique ce qu’ils ont appris soit à
cause de faibles conditions organisationnelles ou du fait qu’ils
n’ont pas acquis les connaissances nécessaires. Dans le cas de
l’ÉÉR, ce sont les conditions d’innovation d’Ely (Ely, 1990) qui ont
guidé notre observation de ce qui se passait à ce niveau, surtout
en ce qui concernait la disponibilité de temps, la disponibilité
de ressources et l’engagement des
dirigeants.3 Ainsi, pour voir une
transformation dans la pratique des enseignants, encore faut-il leur fournir les
outils nécessaires et le soutien pour y parvenir.
2.4. Niveau 4 : L’utilisation des savoirs nouvellement
acquis par les enseignants
À ce quatrième niveau, il s’agit d’analyser si les
participants utilisent leurs nouveaux acquis, dans notre cas, une
pédagogie de coélaboration de connaissances et les outils
technologiques dans le but d’enrichir l’environnement
d’apprentissage des élèves. C’est l’observation
des pratiques qui permet de voir s’il existe une cohérence entre ce
qui est appris et ce qui est fait en classe. Dans l’ÉÉR, il
était possible d’avoir accès à plusieurs
activités vécues dans les classes, et à une forte
majorité des activités vécues en réseau. Ce niveau
est souvent très difficile à évaluer sans « faire
peur » aux enseignants (Guskey, 2003).
Dans notre cas, les enseignants ont rendu visible leur pratique enseignante par
les traces numériques laissées au sein même des outils
utilisés. Il faut aussi savoir que nous avons pu les observer dans
l’animation d’activités d’apprentissage en classe
à l’aide de la visioconférence.
2.5. Niveau 5 : Les résultats des élèves
Le dernier niveau nous ramène à un des aspects essentiels en
éducation, c’est-à-dire les résultats observés
chez les élèves. Ainsi, le développement professionnel des
enseignants s’apprécie-t-il en termes de changements dans
l’apprentissage des élèves, soit dans les activités
vécues en classe et leurs résultats? Dans
l’ÉÉR, tout comme pour les pratiques enseignantes, nous
avons pu examiner de près la transformation de l’environnement
d’apprentissage de même que les apprentissages
réalisés par les élèves afin de mieux cerner comment
était appris ce qui était appris.
3. Méthodologie
Notre étude a débuté en 2002
alors que l’initiative de l’ÉÉR elle-même
commençait. La méthodologie est de type expérimentation de
devis (Collins et al., 2004).
C’est-à-dire que l’ERI a travaillé de manière
proximale avec l’ensemble des intervenants pour concevoir et mettre en
œuvre le modèle de l’École éloignée en
réseau. Ainsi, dans une dynamique itérative, les
équipes-écoles locales, sises dans les différentes
commissions scolaires, recevaient des données, analyses et rapports de
recherche dont elles discutaient avec les chercheurs afin de mieux comprendre ce
qui se passait et ainsi améliorer la mise en œuvre de
l’ÉÉR dans leur communauté.
L’expérimentation de devis permet d’accélérer
la mise en œuvre d’une innovation puisque les chercheurs sont actifs
auprès des participants et leur fournissent rapidement et de
manière évolutive des résultats de recherche auxquels ils
s’intéressent (DRBC, 2002). Les
résultats présentés dans cet article se concentrent sur les
pratiques enseignantes les plus avancées dans l’ÉÉR,
tout en décrivant aussi les pratiques des enseignants débutants.
Nous nous concentrons sur les quatre premières phases de
l’ÉÉR soit de 2002 à 2010. Le tableau 1 les
présente et indique le nombre d’enseignants qui y ont
participé. La participation à l’ÉÉR
n’était pas aléatoire puisque les écoles
étaient choisies par le ministère de l’Éducation en
fonction de leur éloignement d’un centre urbain et de leurs
problématiques en matière de réussite scolaire. Par contre,
chaque enseignant d’une école choisie pouvait décider de
participer de manière volontaire à l’ÉÉR.
Phase |
Période |
Nombre d’enseignants |
Phase I
Mise en place de projets pilotes |
2002-2004 |
12 |
Phase II
Expansion du réseau |
2004-2006 |
118 |
Phase III
Consolidation du réseau |
2006-2008 |
206 |
Phase IV
Accélération de l’innovation |
2008-2010 |
193 |
Tableau 1 • Les phases de
l’École éloignée en réseau et le nombre
d’enseignants impliqués
À chacune des phases de l’innovation ÉÉR,
l’accroissement de la capacité de certains enseignants permettait
d’aller plus loin dans les objets de développement professionnel
proposés par le dispositif. Chaque objet de développement
professionnel visait à enrichir l’environnement
d’apprentissage des classes en augmentant la quantité et la
qualité des interactions. Si les objets se sont complexifiés au
fur et à mesure que la mise en œuvre progressait, plusieurs objets
sont demeurés présents à toutes les phases puisque les
enseignants qui travaillaient dans les petites écoles rurales ne
demeuraient pas longtemps dans celles-ci et qu’il y avait donc un fort
mouvement de personnel. Le tableau 2 présente les principaux objets
qui se sont inscrits dans le dispositif de développement professionnel
des participants à l’ÉÉR.
|
Principaux objets de développement professionnel |
Phase I
Mise en place de projets pilotes |
Deux outils technologiques (visioconférence et KF)
L’élève au centre de son apprentissage (interagir pour
apprendre)
Principes de coélaboration de connaissances
Liens entre ÉÉR et le nouveau curriculum |
Phase II
Expansion du réseau |
Deux outils technologiques (visioconférence et KF)
Principes de coélaboration de connaissances
Idées authentiques, problèmes réels
Liens entre ÉÉR et le nouveau curriculum
L’investigation scientifique collaborative |
Phase III
Consolidation du réseau |
Deux outils technologiques (visioconférence et KF)
L’amélioration des idées soutenue par un usage mixte des
deux outils
Principes de coélaboration de connaissances
Idées authentiques, problèmes réels
Évaluation simultanée et transformative
Le vocabulaire et le lexique développés par les
élèves
Gestion de la classe multiâge en réseau |
Phase IV
Accélération de l’innovation |
Deux outils technologiques (visioconférence et KF)
L’amélioration des idées soutenue par l’usage
mixte des deux outils
L’utilisation de plugiciels (outils d’analyse des traces
écrites)
Principes de coélaboration de connaissances
Idées authentiques, problèmes réels
Évaluation simultanée et transformative
Soutenir la capacité d’explication des élèves
Effectuer le suivi de la progression du discours des
élèves |
Tableau 2 • Les principaux objets de
développement professionnel dans l’École
éloignée en réseau
3.1. Les outils de collecte de données
Les outils de collecte de données ont varié tout au long de la
mise en œuvre de l’innovation. Les outils de collecte de
données portaient sur les apprentissages réalisés par les
enseignants à chaque phase de la mise en œuvre de
l’ÉÉR. Le tableau 3 résume les différents
outils de collecte de données en relation avec les niveaux de Guskey.
3.1.1. Les entrevues semi-dirigées
Elles ont été réalisées avec au moins 30 %
des enseignants participants à toutes les phases (n=92) et les
enseignants étaient sélectionnés en fonction de leurs
années d’expérience dans l’ÉÉR et de la
fréquence des activités réalisées en réseau.
La fréquence comportait trois degrés soit 1) faible (1 à 3
activités), 2) moyenne (3 à 5 activités) et 3) forte
(5 activités et plus). L’ensemble des entrevues a
été analysé en fonction d’une catégorisation
émergente (Krippendorff, 2004) et de l’outil TAMS analyser.
3.1.2. Le questionnaire en ligne
Cet instrument s’adressait aux enseignants participants qui y
répondaient de manière volontaire. Bon an mal an, une moyenne de
71 % des enseignants inscrits dans l’ÉÉR
répondait à ce questionnaire en ligne. Le questionnaire portait
sur les compétences, les habiletés et les savoirs des enseignants,
sur les conditions d’innovation présentes dans leur contexte de
même que sur les retombées de l’ÉÉR dans leur
classe multiâge et dans leur pratique. Ce questionnaire était
constitué d’une échelle de Likert à cinq niveaux,
à laquelle des questions ouvertes ont été parfois
ajoutées pour recueillir des commentaires plus précis des
participants à l’une ou l’autre phase de la recherche.
3.1.3. L’ethnographie virtuelle
L’ensemble des activités de développement professionnel
juste-à-temps était documenté dans une base de
données protégée disponible à l’ensemble de
l’équipe de recherche sur
Internet4. Dans cette base de
données, l’ethnographie virtuelle (observations et interactions de
l’ÉRI avec les praticiens) était consignée de
même que les suivis à effectuer. À partir de cette base de
données, nous avons pu codifier l’ensemble des activités de
développement professionnel des enseignants en réseau. Nous avons
aussi documenté l’ensemble des activités
d’apprentissage vécues par les enseignants et les
élèves en visioconférence et dans le Knowledge Forum par des observations systématiques consignées dans la même
base de données. Ainsi, l’ethnographie virtuelle a permis de mieux
comprendre les activités qui se déroulaient en classe (observation
des activités d’apprentissage) et de faire le suivi des demandes en
matière d’accompagnement et de soutien des enseignants participants
(observation des activités de développement professionnel).
Niveaux |
Outils de collecte de données |
Réactions des participants |
Questionnaire en ligne
Entrevues semi-dirigées |
Apprentissage des enseignants |
Questionnaire en ligne
Entrevues semi-dirigées |
Le soutien organisationnel |
Questionnaire en ligne
Entrevues semi-dirigées |
L’utilisation des savoirs et habiletés par les enseignants |
Ethnographie virtuelle
Entrevues semi-dirigées
Questionnaire en ligne
Analyse du discours en ligne des enseignants et des élèves |
Les résultats au niveau des élèves |
Ethnographie virtuelle
Questionnaire sur la motivation (Autodétermination)
Test de compréhension de lecture
(PIRLS5)
Analyse du discours en ligne des élèves |
Tableau 3 • Les outils de collecte
de données en fonction des cinq niveaux de Guskey (Guskey, 2003)
4. Les résultats
Nous vous présentons,
dans le tableau 4, les résultats en relation avec le
développement professionnel des enseignants dans
l’ÉÉR et les niveaux de Guskey.
Tableau 4 • Le développement
professionnel des enseignants dans l’ÉÉR
4.1. La réaction des enseignants : une expérience
déséquilibrante, mais transformative
À la suite des activités de développement professionnel
(DP) portant sur les outils de télécollaboration, dans la phase I
de la mise en œuvre de l’ÉÉR, les perceptions des
enseignants en classe ont été marquées par une certaine
difficulté conceptuelle, notamment en ce qui concerne les usages en
classe. Dans les entrevues, les enseignants témoignent abondamment de
leur difficulté à voir comment ils allaient utiliser en classe les
outils (56 % de l’ensemble des unités codées).
D’ailleurs, bien que l’Internet à large bande passante et la
réforme du curriculum soient maintenant présents partout sur le
territoire québécois, cette difficulté conceptuelle demeure
encore aujourd’hui chez les enseignants qui débutent dans
l’ÉÉR (Laferrière et al., 2011).
Une enseignante exprimait ainsi sa réaction à la suite des
premières rencontres :
Je me demandais comment j’allais pouvoir utiliser les outils dans la
classe. On n’avait même pas l’Internet dans la classe
l’année d’avant, c’était une grosse affaire. Et
la coélaboration de connaissances, je comprenais que ça allait
bien avec la réforme [du curriculum], mais ça aussi on
l’avait pas l’année d’avant ! (Enseignante 7, juin
2002)
Une enseignante arrivée en phase III exprime ainsi ses
premières réactions :
Je me souviens que lorsqu’on m’a expliqué la
coélaboration et l’utilisation du KF dans la classe, il y avait
plein d’exemples et ça semblait vraiment l’fun, mais
c’était tellement loin de ce que je faisais dans ma classe.
J’avais toute une côte à monter ! (Enseignante 26, juin
2008)
À cet égard, bien que le dispositif d’accompagnement
juste-à-temps (salle de garde en visioconférence) ait
été disponible depuis le début de la mise en œuvre, il
demeure que c’est en phase II que les enseignants perçoivent
explicitement son utilité et sa pertinence dans les entrevues
réalisées (49 % des unités codées traitent de
ce point) (Hamel et al., 2012).
Un enseignant explique en ces termes la pertinence du développement
professionnel offert dans la salle de garde en
visioconférence (salle TACT) :
Quand t’es dans l’action et que tu veux que ça marche,
ça change les choses. Moi quand j’ai essayé de faire une
activité pis que rien ne fonctionnait pour ajouter les
échafaudages, j’ai été dans la salle TACT et
quelqu’un m’a aidé au moment même. Et quand tu examines
ce que les élèves ont écrit dans le KF et que la discussion
est bloquée, ça aide d’avoir une autre paire d’yeux
qui a des idées. (Enseignant 67, juin 2006)
Au fil des phases ÉÉR, la progression dans les connaissances et
les habiletés des enseignants s’est répercutée en un
développement de capacité important en matière
d’usage des outils de télécollaboration et de
coélaboration de connaissances dans la classe. Et les enseignants ont
perçu que ce sont les sessions de transfert
nationales6 qui permettaient de
bâtir une capacité plus importante encore chez leurs
collègues qui débutaient dans l’ÉÉR au moment
de la phase III (41 % des unités de sens codées). En effet,
c’est à ce moment que les sessions de transfert sont devenues
très ancrées dans le partage de pratiques entre enseignants
puisqu’il y avait désormais un bagage important
d’activités d’apprentissage diversifiées qui se
réalisaient dans les classes.
Finalement, lors de la phase IV, les enseignants ont souvent exprimé
leur intérêt à voir leur expertise reconnue en
matière de gestion de la classe multiâge en réseau de
même que leur souhait que d’autres collègues puissent
bénéficier d’une formation plus formelle à ce sujet.
L’Université du Québec à Chicoutimi,
l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue et
l’Université du Québec en Outaouais ont donc
développé conjointement un programme court de formation
universitaire à ce sujet, programme qui est toujours offert
aujourd’hui dans l’ensemble des universités du Québec
(réseau UQ) (Allaire et al., 2010).
4.2. L’apprentissage des enseignants : une complexification de la
pratique en classe multiâge en réseau
Si les enseignants avaient au départ une difficulté à
concevoir l’utilisation des outils de télécollaboration dans
leur classe de même que la coélaboration de connaissances, ils
avaient aussi de sérieux doutes quant à la capacité des
élèves à être actifs dans leurs apprentissages en
visioconférence et sur le KF (autonomie et motivation des
élèves à apprendre). Néanmoins, l’analyse de
leurs croyances (Ajzen et Fishbein, 1980) a permis d’identifier une évolution dans leur perception des
capacités des élèves à cet égard. Nous avons
aussi repéré une certaine évolution dans la
compréhension des possibilités qu’amène le
réseau pour la collaboration à l’extérieur de
l’école, de la complémentarité entre la
réforme du curriculum et l’ÉÉR et de
l’expertise professionnelle particulière qu’ils
développaient (Laferrière et al., 2004a).
De plus, les enseignants se disaient beaucoup plus compétents au sujet de
l’usage des technologies dans leur quotidien alors que la plupart
d’entre eux se définissaient comme très peu
compétents au départ.
Si les activités d’apprentissage ont été fortement
concentrées en visioconférence lors de la phase I, elles se sont
nettement réparties sur les deux outils de
télécollaboration durant la phase II (Allaire et al., 2006a).
De fait, les activités écrites dans le KF ont été
quatre fois plus nombreuses que lors de la phase
précédente7, et les
enseignants mentionnaient mieux comprendre comment utiliser le KF en lien avec
le curriculum. D’ailleurs, un accompagnement pédagogique plus
ciblé sur l’apprentissage des sciences et de la technologie
démontre que les enseignants font davantage d’activités dans
ce domaine et que le KF leur apparait comme un outil facilitant (Turcotte et Hamel, 2011).
Dans la phase III, la pratique enseignante dans le contexte d’une
classe ÉÉR continue de se développer et elle se
définit clairement dans leur discours comme une pratique dans une classe
en réseau et les enseignants perçoivent avoir
développé une compétence pédagogique distinctive.
Les enseignants mentionnent souvent la coélaboration de connaissances
dans leur discours, en lien avec l’utilisation du KF dans leur classe. Ils
perçoivent des retombées importantes sur les apprentissages des
élèves ce qui les incite à poursuivre leurs apprentissages
et à demander encore plus de soutien dans la salle de
visioconférence permanente. Ce développement professionnel
juste-à-temps est majoritairement axé sur des besoins
pédagogiques en lien avec les activités de coélaboration de
connaissances. Les demandes de nature technique perdurent, mais elles sont
davantage axées sur des fonctions avancées du KF comme le fait
d’écrire une note synthèse des propos des camarades (Hamel et al., 2012a).
Cet accroissement de la capacité des enseignants et cette
complexification de la pratique en classe ont amené un nouveau
positionnement pour mieux définir l’expertise acquise. C’est
durant la phase IV que l’expression de gestion de la classe multiâge
en réseau devient partie intégrante du modèle (Allaire et al., 2012) puisqu’elle fait partie de l’identité des enseignants. Ainsi,
les enseignants en classe multiâge perçoivent que
l’ÉÉR est profitable pour agir sur les facteurs qui
favorisent la réussite. La quantité et la qualité des
activités vécues avec le support des deux outils de
télécollaboration continuent de progresser, et ce même si le
nombre d’enseignants est presque semblable à la phase III. Les
enseignants mentionnent aussi qu’ils sont davantage en mesure de combiner
l’utilisation des deux outils (oral et écrit) pour soutenir
l’apprentissage des élèves et qu’il est essentiel de
partir du curriculum pour y parvenir (Laferrière et al., 2011).
Finalement, les enseignants qui font le plus de KF en collaboration avec
d’autres classes perçoivent des retombées plus importantes
sur les apprentissages de leurs élèves que ceux qui en font
moins.
4.3. Un soutien organisationnel essentiel pour la mise en œuvre
La mise en œuvre de l’ÉÉR est démarrée
rappelons-le, à l’instigation du ministère de
l’Éducation, et ce sont les dirigeants des commissions scolaires
qui ont pris la décision de s’y inscrire. Durant l’ensemble
des quatre phases, les conditions d’innovation (Ely, 1990) ont
été observées et validées auprès de chaque
site afin de mieux comprendre la mise en œuvre (Laferrière et al., 2011).
Ainsi, durant la phase I, l’engagement des dirigeants a été
une condition non négligeable de la réussite puisque ce sont eux
qui ont accompagné les équipes-écoles et qui ont
assuré un suivi auprès de l’équipe de
recherche-intervention lors des
itérations8. Ce sont eux qui se
sont assurés que les enseignants aient des conditions favorables à
l’innovation, notamment en octroyant des ressources importantes pour y
arriver. Par exemple, un conseiller pédagogique a été
libéré afin d’accompagner les enseignants dans la plupart
des sites et les techniciens étaient toujours disponibles afin
d’assurer la viabilité technologique de l’ÉÉR.
De plus, les enseignants ont eu du temps reconnu dans leur tâche afin de
planifier avec leurs collègues, mais aussi de participer aux
activités de recherche. Toutes ces conditions n’ont pas
été mises en œuvre si aisément, notamment les
conditions technologiques, puisque plusieurs critères de
sécurité technologiques prenaient le dessus sur les besoins
pédagogiques. Ce sont donc les trois conditions qui ont été
déterminantes au début de l’initiative.
Au cours de la phase II, les enseignants connaissaient davantage les
possibilités que leur offrait l’ÉÉR et c’est
l’insatisfaction face à la situation actuelle qui a joué un
rôle important. En effet, c’est l’isolement professionnel
vécu par les enseignants de très petites écoles qui a
amplifié leur besoin de collaborer avec d’autres collègues
et ils ont utilisé les outils pour en arriver à se sentir moins
isolés dans leur pratique qu’ils trouvaient très complexe
compte tenu du peu de ressources et du nombre de niveaux dans leur classe (Turcotte et Hamel, 2008).
De plus, les enseignants ressentaient une insatisfaction importante quant
à la motivation à apprendre de leurs élèves et ils
désiraient trouver des moyens pour améliorer leur réussite
scolaire. Comme les enseignants avaient les mêmes élèves
plusieurs années consécutives, ils cherchaient des moyens de
diversifier l’environnement d’apprentissage (Allaire et al., 2006a).
La phase II correspond aussi au moment d’expansion du réseau, ce
qui a amené de plus grandes possibilités de collaboration entre
différents milieux. Elle a été caractérisée
par des incitatifs offerts aux enseignants, tout comme en phase I, notamment
l’octroi d’un ordinateur portatif par enseignant, mais aussi
d’ordinateurs dans la classe afin que les élèves puissent
travailler à partir de là, plutôt que dans des laboratoires
informatiques. D’autres incitatifs se sont ajoutés, entre autres,
la participation à un colloque international sur la coélaboration
de connaissances pour les enseignants plus avancés.
C’est en phase III que les résultats de recherche montrent que
les connaissances et habiletés des enseignants ont atteint un nouveau
niveau, notamment parce qu’un plus grand nombre d’enseignants
n’étaient pas des débutants dans le modèle de
l’ÉÉR (62 % des enseignants ont déjà fait
des activités ÉÉR dans leur classe). D’ailleurs, il
devient plus clair que les enseignants qui font le plus d’activités
dans l’ÉÉR ne sont pas des enseignants débutants,
mais des enseignants qui enseignent depuis plus de trois ans. Il existe donc
maintenant une masse critique d’enseignants qui font de la
coélaboration de connaissances en collaboration à l’aide
d’outils technologiques. C’est dans cette phase que
l’importance de l’engagement des dirigeants est remise à
l’avant-plan puisque plusieurs sites ont connu un mouvement de personnel
important et un nouveau travail de démarrage est nécessaire pour
assurer le maintien de l’ÉÉR. En effet, plusieurs conditions
d’innovation sont tenues pour acquises alors que les besoins des
enseignants se modifient et que le soutien demeure nécessaire.
Dans la phase IV, l’engagement des dirigeants a été
très sollicité en cette phase d’accélération
de l’innovation dans quatre sites qui présentent
d’excellentes conditions pour assurer la pérennité de
l’innovation. Plusieurs nouveaux enseignants se sont joints aux
équipes déjà en place et la condition de la
disponibilité de temps est apparue de nouveau comme primordiale puisque
les enseignants avaient augmenté leur temps d’activités en
réseau jusqu’à une heure par jour. De plus, c’est au
cours de cette phase que le leadership exercé pour la mise en œuvre
de l’ÉÉR se distribue davantage dans les commissions
scolaires et qu’il n’est plus l’apanage uniquement des
dirigeants, mais aussi celui des enseignants et des directions
d’établissement (Hamel, 2011).
C’est d’ailleurs à partir de cette phase que
l’institutionnalisation du modèle de l’ÉÉR est
envisagée par les instances du ministère de
l’Éducation du Québec étant donné les
résultats obtenus chez les enseignants et les élèves.
4.4. L’utilisation du savoir et des habiletés nouvellement
acquis par les enseignants : une visibilité du cœur de
l’action en classe
Lors de la phase I, l’attrait de la visioconférence en classe
est important pour les enseignants et les élèves et un grand
nombre d’activités sont réalisées grâce
à cet outil. Une variété importante
d’activités en visioconférence ont été
repérées (19 au total) et celles-ci sont en lien avec les
principaux volets de l’ÉÉR dont l’apprentissage des
élèves, le développement professionnel des enseignants,
l’administration de l’innovation et les besoins techniques. Ces
activités-types ont continué à être présentes
et à augmenter durant les trois autres phases de
l’ÉÉR avec une prépondérance importante pour
les activités techniques au début de chaque phase puisque de
nouveaux enseignants s’ajoutaient et que certaines configurations
technologiques étaient à reprendre.
Administration |
Définition des rôles et attribution des fonctions |
Établissement et maintien de contacts et de partenariats |
Recherche |
Réseautage des acteurs |
Technique |
Reconstitution de problèmes techniques |
Résolution spontanée de problèmes techniques |
Développement professionnel |
Veille technoémotionnelle |
Mise en route technologique |
Garde virtuelle |
Accompagnement pédagogique |
Planification et coordination d'activités pédagogiques |
Retour sur l’expérience |
Apprentissage d'élèves |
Travail en équipe d'élèves
délocalisée |
Mise à contribution par l'élève de son expertise |
Leçons en classe élargie |
Mentorat |
Mini-profs |
Team teaching délocalisé |
Encadrement par un adulte autre que l'enseignant |
Tableau 5 • Les
activités-types en visioconférence
Lors de la phase II, les objets de développement professionnel ont
été davantage centrés sur la coélaboration de
connaissances (Scardamalia, 2002),
entre autres, partant du principe problèmes authentiques et idées
réelles. L’analyse des questions formulées par les
enseignants aux élèves dans le KF, après discussion en
classe ou pas, démontre une progression dans le nombre de questions
ouvertes posées, c’est-à-dire des questions centrées
sur l’interprétation et l’explication (1/3 des questions sont
ouvertes) (Allaire et al., 2006b).
Toutefois, les activités de développement professionnel
centrées sur l’investigation scientifique en sciences montrent que
les enseignants ne parviennent pas à compléter l’ensemble du
processus d’investigation avec leurs élèves.
Néanmoins, ils sont maintenant capables de tenir compte des conceptions
initiales des élèves et ils consacrent davantage de temps à
l’enseignement des sciences au primaire (Turcotte, 2008).
La progression de l’application du principe problèmes
authentiques et idées réelles se constate par le nombre
grandissant de questions posées par les élèves dans le KF,
et suscite une analyse pointue, partant de la grille de Hmelo-Silver et Barrows (Hmelo-Silver et Barrows, 2008) de la nature des questions posées aux élèves et par les
élèves dans le KF. Il est mis en évidence que quatre
questions sur cinq appellent des réponses longues et complexes que ce
soit les élèves ou les enseignants qui les posent. Les
activités réalisées autant dans le KF qu’en
visioconférence partent de problèmes plus complexes et elles sont
de meilleur calibre (Laferrière et al., 2008).
De plus, alors que le discours présent dans le KF était davantage
un discours centré sur la consignation d’information, le discours
écrit connait une progression pour être davantage un discours de
coélaboration de connaissances (46 %).
Finalement, en phase IV, un grand nombre d’enseignants s’estiment
capables de réaliser un plus grand nombre d’activités en
réseau par l’usage des deux outils. Les enseignants les moins
expérimentés dans l’ÉÉR (moins d’un an)
passent moins de temps à réaliser des activités en
réseau, mais le temps consacré à l’ÉÉR
augmente de manière importante à mesure que l’enseignant
acquiert de l’expérience. Quelques enseignants deviennent des
modèles pour leurs collègues lorsqu’ils mentionnent
qu’ils ont mis explicitement dans leur horaire le temps de travail en
réseau, à raison d’une heure par jour. La figure 1
illustre cette analyse.
Figure 1 • Part du temps
consacré mensuellement à l’ÉÉR en fonction du
nombre d’années d’expérience
De plus, l’analyse du discours des enseignants qui ont fait le
programme court de formation universitaire sur la classe multiâge en
réseau montre un réinvestissement des concepts du cours dans la
pratique enseignante et dans le discours des enseignants. De plus, les
enseignants apprécient pouvoir travailler en coélaboration de
connaissances dans le cours, ce qui leur permet une transposition théorie
pratique.
4.5. Les résultats des élèves : des interactions
centrées sur les élèves
Tout ce dispositif de développement professionnel visait à
enrichir l’environnement d’apprentissage des élèves
par l’usage des TIC pour augmenter les interactions à des fins
d’apprentissage. Dans la phase I, il s’agit d’un
résultat important puisque les analyses de l’activité en
classe et de l’activité en réseau montrent que
l’activité en réseau amène une transformation puisque
ce sont les élèves qui interagissent avec le support des outils de
télécollaboration et qu’ils ont davantage de temps de parole
en classe. La figure 2 illustre ce résultat. Dans les
activités en visioconférence, c’est le travail en
équipe délocalisée qui occupe une forte proportion du temps
(46 %). Ainsi, les élèves travaillent ensemble à faire
des mathématiques, du français, ils préparent des
expériences scientifiques, ils construisent une compréhension
d’un texte qu’ils ont lu, ils interprètent une œuvre.
Bref, ils interagissent pour apprendre et ils socialisent, deux missions
importantes de l’école québécoise.
Figure 2 • Répartition du temps
de parole en classe au primaire (Phase I)
Dans la phase II, il y a un passage important des activités
réalisées en visioconférence, aux activités
écrites dans le KF. Probablement par un effet de modelage des
enseignants, les élèves ont posé des questions ouvertes
dans le KF et ils ont démontré une capacité à
coélaborer des connaissances lorsque les questions étaient
ouvertes. Les élèves ont aussi témoigné de leur
appréciation de l’ÉÉR dans la classe
puisqu’elle leur permettait de mieux communiquer oralement, de comprendre
de « gros problèmes importants » et de travailler plus fort
pour se faire comprendre à l’écrit parce que de vraies
personnes (destinataires authentiques) les lisaient. De plus, avec de
l’aide, les élèves sont en mesure d’utiliser les
échafaudages de l’investigation scientifique de manière
cohérente. Les enseignants témoignent utiliser maintenant les
stratégies de questionnement dans leur enseignement courant et pas
seulement en réseau.
Dans la phase III, le discours écrit des élèves se
complexifie pour en arriver à ne pas se centrer uniquement sur les
conceptions initiales d’un problème à l’étude,
mais aussi aller vers de nouveaux questionnements (Laferrière et Lamon, 2010).
La structure de discours dans le KF n’est donc plus centrée sur
l’I-R-E (Initiative-Réponse-Évaluation) (Cazden, 2001),
mais plutôt sur un troisième tour de parole pris par
l’élève pour amener un nouveau questionnement. De plus, le
test de compréhension écrite (PISA), soumis à chaque
année aux élèves de 4e année,
démontre une amélioration des résultats des
élèves ÉÉR par rapport aux groupes contrôles.
Les élèves des classes ÉÉR obtenaient des
résultats plus faibles et ils arrivent maintenant à rattraper
leurs pairs des classes
contrôles9. Il ne s’agit
pas d’un effet direct de l’ÉÉR puisque plusieurs
autres facteurs ont pu influencer leur compétence en compréhension
de texte. Toutefois, il s’agit d’un résultat pour nous qui
témoigne d’une amélioration de l’environnement
d’apprentissage des élèves.
En phase IV, c’est la capacité d’explication des
élèves qui a été étudiée, afin de
mieux comprendre l’apport de l’écriture dans le KF.
Ainsi, les élèves ont amélioré leur capacité
d’explication à l’oral à propos des
phénomènes étudiés quand ils ont écrit des
notes de meilleure qualité dans le KF et quand ils ont davantage lu dans
le KF. Les élèves du groupe contrôle qui n’ont pas du
tout utilisé le KF n’arrivent pas à rattraper les
élèves qui ont fait du KF dans leur capacité
d’explication à l’oral. Au niveau de la motivation des
élèves, celle des élèves qui fréquentaient
une école ÉÉR en 2002 était significativement
inférieure à celle des élèves des groupes
contrôles. Toutefois, le niveau de motivation des élèves des
écoles ÉÉR a rattrapé (2008) puis
dépassé (2009) le niveau de motivation des élèves
des écoles non ÉÉR. Comme pour les résultats en
compréhension de lecture, il ne s’agit pas d’un effet direct
de l’ÉÉR, mais d’un résultat qui
témoigne de l’enrichissement de l’environnement
d’apprentissage, l’ÉÉR en faisant partie. La figure 2
présente un nuage du discours des élèves quand ils
répondent à la question : C’est quoi être dans
une classe ÉÉR? On remarque un accent marqué sur les
savoirs (connaissances) et les savoir-faire (faire, fait), sur
l’enrichissement (plus) ainsi que la présence de la dimension
collective de l’apprentissage (ensemble, ils, autres).
Figure 3 • Nuage de mots des élèves
à propos de l’ÉÉR
5. Discussion
5.1. Un dispositif de développement professionnel fondé sur
des résultats de recherche
Les résultats présentés dans
cet article témoignent de la vigueur de la recherche et de
l’intervention effectuées dans les écoles de
l’ÉÉR durant les huit années rapportées. Ces
résultats étaient réinvestis rapidement lors de chacune des
phases auprès des enseignants et des autres intervenants grâce au
processus itératif présent dans l’expérimentation de
devis (Collins et al., 2004).
Ainsi, tant l’analyse des conditions d’innovation présentes,
l’analyse du discours oral et écrit des élèves, les
résultats aux tests de motivation et de compréhension
écrite étaient retournés rapidement dans les sites
participants afin de servir d’objet de réflexion aux acteurs. Il
n’était pas toujours facile de recevoir ces résultats,
surtout au début de l’initiative et cela créait parfois une
tension entre les différents acteurs. Certains avaient l’impression
de recevoir leur « bulletin ». Par exemple, lorsque la
condition d’innovation sur la disponibilité des ressources mettait
en évidence que les enseignants étaient prêts à
utiliser les outils dans leur classe et que les dispositifs de
sécurité informatique les en empêchaient, il fallait en
arriver à résoudre ce problème tout en préservant
les besoins liés à la sécurité. Pour les chercheurs,
il a aussi fallu utiliser les résultats à bon escient afin de
préserver l’anonymat des enseignants et les résultats de
leur classe pour en arriver à une analyse plus globale de l’action
dans une classe ÉÉR. Il demeure que, pour l’ensemble des
intervenants, le processus itératif de recherche-intervention soutenu par
un comité de suivi local a permis d’appuyer l’ensemble du
processus d’innovation et la prise de décisions (Hamel, 2011). Le
design de la recherche a aussi été construit en collaboration avec
les praticiens au fur et à mesure que la pratique en classe se
complexifiait. Ainsi, ce sont les enseignants qui ont demandé à ce
que les chercheurs étudient la capacité d’explication des
élèves afin de valider leurs perceptions sur l’utilisation
du KF et sur les apprentissages des élèves (Turcotte et al., 2011).
Aujourd’hui encore, le dispositif de soutien juste-à-temps est
utilisé quotidiennement par les enseignants pour répondre à
des besoins divers en lien avec la mise en œuvre de
l’ÉÉR dans leur classe. Leur questionnement suit aussi les
courants puisqu’actuellement plusieurs d’entre eux ont accès
à des technologies mobiles et ils veulent les utiliser de manière
collaborative avec les outils de l’ÉÉR.
5.2. Le processus de coélaboration de connaissances : une
théorie qui appuie le dispositif de développement
professionnel
Tout comme le veut le processus de coélaboration de connaissances,
notre dispositif de développement professionnel, parce qu’il est en
contexte d’innovation, a impliqué des acteurs disposés
à travailler ensemble sur des problèmes réels et
authentiques : inventer l’École éloignée en
réseau afin d’enrichir l’environnement d’apprentissage
des élèves. Ainsi, les enseignants comme les chercheurs ont mis en
commun leurs idées et créé une nouvelle façon de
« faire l’école », en prenant en
considération les contraintes et motivations de chacun. D’un
côté, les chercheurs puisaient aux pratiques exemplaires des
milieux qu’ils connaissaient ou dont ils avaient lu les résultats
de recherche et de l’autre, les enseignants adaptaient leur
réalité aux activités rendues possibles par les nouveaux
outils s’offrant à eux. Parce que les uns comme les autres
gagnaient à enrichir leurs propres pratiques par ce processus, et
partageaient le même objectif d’améliorer
l’expérience scolaire des élèves, ils ont peu
à peu construit une vision partagée de cette nouvelle école
en réseau.
De même, c’est l’amélioration du savoir collectif
qui a été le moteur de l’innovation, notamment en ce qui
concerne les pratiques des enseignants à l’aide des outils de
télécollaboration. Chaque expérience enrichissante, comme
chaque écueil relevé sont partagés au sein de la
communauté de l’ÉÉR : les sessions de transfert,
par exemple, sont chaque année un moment phare pour les enseignants
impliqués puisque c’est le moment pour chacun d’exposer
devant ses pairs le fruit de ses efforts. En mettant ainsi de l’avant
leurs apprentissages comme leurs difficultés, les enseignants comme les
chercheurs visent à trouver les meilleures façons d’avancer,
d’un projet à l’autre. Si, par exemple, des classes ont
réalisé qu’il valait mieux, pour maintenir la motivation des
élèves, concentrer sur deux semaines leurs activités
scientifiques en réseau, l’information est partagée à
d’autres classes qui sont en train de planifier leurs activités. Et
si de nombreuses classes ont travaillé ensemble à un projet commun
ambitieux, leurs enseignants partageront d’emblée les façons
d’organiser leur travail pour que cela soit le plus profitable.
C’est dire que plusieurs apprentissages réalisés et
connaissances développées par les pratiques des enseignants dans
le dispositif ont été réinvestis auprès des
collègues.
L’un des principes de coélaboration de connaissances est de
faire de la classe un lieu de démocratisation du savoir et
L’École éloignée en réseau se veut un lieu de
démocratisation du savoir. Ainsi, peu importe où se trouve
l’école d’un élève au Québec, il doit
avoir accès aux mêmes chances de succès et à la
même qualité d’éducation. Au départ, les
enseignants ne savaient quoi penser des chercheurs qui arrivaient dans leur
région, flanqués des gens du ministère de
l’Éducation pour discuter d’une école à
inventer et d’Internet à large bande passante. Malgré
l’intention clairement énoncée par ceux-ci de
s’arrimer aux besoins des différentes classes, les
appréhensions des enseignants et des autres intervenants étaient
présentes d’une commission scolaire à l’autre. La
réforme du curriculum n’avait pas été accueillie
chaudement partout et certains esprits se méfiaient d’une nouvelle
initiative ministérielle. Mais au contact de l’équipe de
recherche-intervention, qui rappelait que tout était à inventer,
qui tâchait de ne pas imposer ses idées et qui se plaçait au
service des enseignants, les enseignants ont pu prendre leur place dans
l’ÉÉR et participer à sa création.
6. Conclusion
Plus que tout, ce retour sur d’importants
résultats de l’ÉÉR nous rappelle que ce qui semblait
le plus attrayant pour les enseignants lors des démarrages, soit
d’avoir accès à de nouvelles personnes, et donc, à de
nouvelles idées, demeure à ce jour l’aspect le plus porteur
de l’initiative. L’isolement professionnel des enseignants des
écoles rurales avait largement été sous-estimé, plus
encore dans un contexte de réforme du curriculum. Comme le vise la
pédagogie de la coélaboration de connaissances,
l’ÉÉR permet d’ouvrir la classe à une
diversité de nouvelles idées, des idées à
améliorer est-il répété. D’une toute petite
école, peu importe où qu’elle soit sur le territoire, il
devient possible d’en joindre d’autres, non seulement pour y puiser
des informations, mais d’abord pour y vivre de nouvelles interactions et
partager avec d’autres des idées afin d’en produire de
meilleures. Le dispositif de développement professionnel mis en place
constitue une des raisons de son succès et de sa continuité dans
le système d’éducation au Québec. En combinant le
soutien par les outils de télécollaboration et la pression des
résultats de recherche, les pratiques enseignantes ont permis
d’offrir un plus grand nombre d’interactions à des fins
d’apprentissage pour les élèves et, par le fait même,
d’enrichir l’environnement d’apprentissage de la petite
école rurale.
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A
propos des auteurs
Christine HAMEL est professeure en formation pratique
à l'enseignement à l'Université Laval. Ses
intérêts de recherche portent sur l'intégration
théorie pratique, l'analyse de l'activité des formateurs de
stagiaires, de même que les apprentissages professionnels des enseignants.
Membre du Centre de recherche et d'intervention sur la réussite scolaire
(CRIRES), elle s'intéresse aussi à l'utilisation du réseau
pour soutenir le développement professionnel et l'analyse des pratiques
professionnelles en sciences de l'éducation.
Adresse : Université Laval, 2325,
rue de l'Université, Faculté des sciences de
l’éducation, Québec, QC, Canada, G1V 0A6
Courriel : Christine.Hamel@fse.ulaval.ca
Thérèse LAFERRIÈRE est professeure
titulaire à l'Université Laval. Elle fait la conception
d'environnements d'apprentissage en réseau et étudie,
principalement sous l'éclairage de la psychologie des groupes et de la
perspective socioconstructiviste en sciences cognitives, les
phénomènes qui se produisent au sein de la classe,
communauté d'apprentissage, de la communauté de pratique en
réseau ou de la communauté d’élaboration de
connaissances. Elle est la directrice du Centre de recherche et d'intervention
sur la réussite scolaire (CRIRES).
Adresse : Université Laval, 2325,
rue de l'Université, Faculté des sciences de
l’éducation, Québec, QC, Canada, G1V 0A6.
Courriel : Therese.Laferriere@fse.ulaval.ca
Sandrine TURCOTTE est professeure en
didactique des sciences et technologie à l’Université du
Québec en Outaouais (UQO). Ses intérêts de recherche portent
sur l’investigation scientifique, le changement conceptuel,
l’apprentissage collaboratif et en réseau et la robotique
pédagogique. Membre du Centre de recherche et d'intervention sur la
réussite scolaire (CRIRES), elle s'intéresse au
développement professionnel des enseignants et aux pratiques
éducatives innovantes.
Adresse : Pavillon
Alexandre-Taché, 283, boulevard Alexandre-Taché, Gatineau
(Québec) Canada, J9A 1L8
Courriel : sandrine.turcotte@uqo.ca
Stéphane ALLAIRE, Ph.D., est professeur en
pratiques éducatives à l’Université du Québec
à Chicoutimi et chercheur associé au CEFRIO et au CRIRES. Ses
activités d’enseignement concernent principalement
l’intervention éducative et la formation pratique. Ses
intérêts de recherche concernent notamment les communautés
d’apprenants en réseau, l’environnement d’apprentissage
des écoles rurales ainsi que le développement de
l’écriture à l’aide des technologies de collaboration.
Il est présentement doyen de la recherche et de la création.
Adresse : Université du
Québec à Chicoutimi, 555 boul. de l’Université,
Saguenay, QC, Canada, G7H 2B1
Courriel : stephane_allaire@uqac.ca
1 Par dispositif, il est entendu
l’ensemble des efforts qui sont mis en œuvre pour participer à
l’apprentissage professionnel des enseignants.
2 Il s’agit d’un
organisme indépendant qui gère un ensemble d’écoles
primaires et secondaires publiques sur un territoire géographique
donné. Au Québec, il n’y a pas de découpage en
fonction de la religion, mais il y a un découpage entre les commissions
scolaires anglophones et francophones.
3 Les conditions d’Ely (1990,
1999) sont : 1) L’insatisfaction face à la situation actuelle,
2) Connaissances et habiletés nécessaires, 3)
Disponibilité de temps, 4) Disponibilité de ressources, 5)
Incitatifs (octroi d’un portable), 6) Leadership, 7) Engagement des
dirigeants, 8) Disponibilité de temps.
4 À cet égard, nous
n’avons pas documenté les activités de développement
professionnel juste-au-cas bien que nous sachions qu’elles ont
été existantes dans plusieurs commissions scolaires, ce sont les
commissions scolaires qui ont elles-mêmes évalué ces
activités. Nous n’excluons cependant pas qu’elles aient
concouru au développement professionnel des enseignants participants.
5 Il s’agit d’une
version alternative du test international standardisé utilisé par
le PISA.
6 Au départ, ces sessions de
transfert servaient à développer le modèle de
l’ÉÉR et à présenter des résultats de
recherche de même que des pratiques exemplaires en développement.
Au fil des ans, les enseignants sont devenus les principaux acteurs des sessions
de transfert et ils présentent conjointement avec des collègues ou
des chercheurs des activités réalisées, mais aussi des
résultats de recherche en lien avec les dites activités.
7 Ce calcul
considère la proportionnalité du nombre de participants dans les
deux phases.
8 Les itérations sont des
activités de retour sur les résultats de recherche. Elles sont
effectuées régulièrement et sont gérées de
manière à éclairer la prise de décision des acteurs
sur le terrain. Il en est question plus tard dans le texte.
9 Les groupes contrôles
étaient des classes qui possédaient pratiquement les mêmes
caractéristiques (isolement, défavorisation, classes
multiâges), mais qui ne participaient pas à
l’ÉÉR dans une même commission scolaire.
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