Contact :
infos@sticef.org
|
Baladodiffusion et apprentissage mobile : approche
compréhensive des usages étudiants de l’Université
libre de Bruxelles
Nicolas ROLAND (Université libre de Bruxelles,
Bruxelles)
|
RÉSUMÉ : Cette
contribution traite de l’utilisation ou de l’absence
d’utilisation du podcasting – de cours enregistrés ou de
capsules pédagogiques – en tant que support d’apprentissage
mobile par des étudiants de l’Université libre de Bruxelles.
L’analyse de 5399 questionnaires et 51 entretiens compréhensifs
(répétés 2 à 3 fois sur le semestre) nous permet de
compléter la littérature actuelle et, surtout, de décrire
et d’analyser la manière dont les étudiants utilisent et
intègrent, dans un dispositif pédagogique donné, le
caractère mobile des podcasts au sein de leurs stratégies
d’apprentissage.
MOTS CLÉS : podcasting,
baladodiffusion, mobile learning, apprentissage |
|
ABSTRACT : The aim of the present paper is to analyse the usage habits of podcasting as a
tool for mobile learning by university students. Podcasting refers to
audiovisual recordings of lectures or short educational videos. The analysis of
5399 questionnaires and 51 comprehensive interviews, repeated twice or thrice
over the semester, has contributed to the state of art, and has enabled the
description and analysis of student use and integration of the mobile nature of
podcasts within their learning strategies.
KEYWORDS : podcasting,
mobile learning, learning
|
1. Introduction
Depuis
son introduction en 2004 à l’Université de Duke aux
Etats-Unis, de nombreuses institutions d’enseignement universitaire ont
opté pour un mode particulier de diffusion de contenus
pédagogiques audiovisuels : le podcasting (ou
« baladodiffusion » en français). C’est le cas
de l’Université libre de Bruxelles qui mène, depuis octobre
2010, une recherche-action (« ULB Podcast ») visant la mise
en place d’une infrastructure de podcasting, l’accompagnement des
enseignants dans la production de tels contenus ainsi que
l’évaluation des impacts de l’outil sur l’enseignement
et l’apprentissage.
De par ses propriétés et son affordance portée sur la
mobilité, le podcasting est rapidement devenu un des outils phares de la
mouvance du mobile learning (m-learning ou « apprentissage
mobile »). En effet, cette notion de mobilité est
présente dans l’étymologie même du terme :
« podcasting » est issu de la combinaison de
« iPod » (le baladeur numérique d’Apple) et de
« broadcasting » (« diffusion » en
anglais). Comme le définit Brachet, il s’agit d’un
« système de diffusion et d’agrégation de
contenus audio/vidéo destinés, dans un premier temps, aux
baladeurs numériques tels que l’iPod » (Brachet, 2007),
p. 2. La francisation du terme est encore plus parlante : la
« baladodiffusion » évoque clairement cette notion
d’être en mouvement « avec » le contenu
diffusé. Dès lors, le monde de l’éducation –
notamment au niveau de l’enseignement supérieur – s’est
très rapidement approprié l’outil dans l’optique de
sortir l’enseignement hors des amphithéâtres, de permettre un
apprentissage en tout lieu et en tout temps, voire d’offrir aux
étudiants une plus grande variété de supports et de
contenus (Nataatmadja et Dyson, 2008).
Au-delà des questions d’efficacité du podcasting
déjà traitées au sein de la littérature (Hew, 2009) ; (McGarr, 2009) ; (Heilesen, 2010) ; (Kay, 2012),
l’objectif de cet article s’avère de comprendre pourquoi les
utilisateurs adoptent, se détournent ou rejettent les
fonctionnalités mobiles du podcasting. Dans un contexte de
podcasting – ULB Podcast – particulièrement riche en
termes de contenus et de formats, notre recherche a été
réalisée auprès d’étudiants de
l’Université libre de Bruxelles émanant de vingt-neuf cours
différents en utilisant deux grilles d’observation des dispositifs
pédagogiques (Ng=29), un questionnaire (Nq=5399)
ainsi que des entretiens compréhensifs réguliers
(Ne=51). Le croisement de ces analyses de données nous permet
d’étayer, voire de dépasser les conclusions actuelles de la
littérature pour aborder le sens que les étudiants accordent aux
capacités mobiles des podcasts ainsi que de comprendre les raisons
d’usage et de non-usage du podcasting en tant qu’outil
d’apprentissage mobile.
Le cadrage théorique propose, dans la première partie, de
conceptualiser la notion de mobile learning afin d’en distinguer les
principales caractéristiques. La deuxième partie, d’une
part, définit le podcasting et décrit les liens étroits que
l’outil entretient avec la notion de mobile learning et, d’autre
part, présente une revue de la littérature des recherches
menées sur le podcasting utilisé comme outil de mobile learning.
La partie suivante présente les enjeux émanant de la
littérature afin de dégager la problématique qui nous
occupe dans cet article. La partie empirique détaille notre
méthodologie ainsi que les résultats sous la forme
d’analyses quantitatives et qualitatives des usages du podcasting en tant
qu’outil d’apprentissage mobile par les enseignants et les
étudiants. Elle offre également une mise en lumière des
apports de notre travail en les recontextualisant par rapport aux recherches
antérieures.
2. Cadre théorique
2.1. De l’apprentissage mobile
Eu égard à la littérature, il
nous semble nécessaire de dresser les contours du concept de mobile
learning – ou « d’apprentissage mobile » –
ainsi que d’en proposer une définition qui s’accompagne de
caractéristiques claires. En effet, cette notion prend des significations
différentes en fonction des auteurs, de la nature de
leurs recherches et de leurs domaines disciplinaires respectifs (Mian, 2012). Il
s’agit, pour certains, d’une forme d’apprentissage
médiatisée par un outil mobile (Winters, 2006) et, pour d’autres, d’une forme de « nomadisme »
de l’apprenant (Alexander, 2004).
Nous avons choisi de nous appuyer sur les travaux d’El-Hussein et
Cronje (El-Hussein et Cronje, 2010) qui ont dégagé trois axes en interrelation définissant le
concept de mobile learning : la mobilité de la technologie, la
mobilité de l’apprenant et la mobilité de
l’apprentissage. Le premier axe renvoie à la portabilité de
certaines technologies. À l’heure actuelle, les
« smartphones » et « tablettes » sont
les figures de proue de ce pan technologique, mais d’autres outils comme
les caméras digitales, les téléphones cellulaires, les
baladeurs numériques, voire les PDA se caractérisent
également par cette capacité à être mobiles. Qui plus
est, ces technologies proposent un ensemble de fonctionnalités pouvant
être utilisées dans des activités
d’apprentissage (Trinder, 2005) :
communication (téléphone, e-mail, SMS), organisation (calendrier,
carnet d’adresses, liste de tâches, notes), applications (traitement
de textes ou de données, FTP, lecteur « e-book »),
information (actualité, référence, navigateur Internet,
GPS, etc.) et relaxation (photographie, vidéo, lecteur de films ou de
musique, etc.). Le deuxième axe, celui de la mobilité de
l’apprenant, évoque la capacité de l’apprenant
à pouvoir se mouvoir avec le support d’apprentissage. Cette
mobilité se définit, pour les auteurs, en opposition aux
technologies dites « statiques » comme l’ordinateur de
bureau qui obligent l’apprenant à travailler dans un endroit
particulier et, en fonction du contexte, à des périodes
déterminées. À l’inverse, l’apprenant peut
avoir des activités plus flexibles, accessibles et personnalisées (Ting, 2005) ;
il peut ainsi choisir de nouveaux espaces-temps pour interagir avec la
technologie. Enfin, la « mobilité de
l’apprentissage » souligne la capacité de transmettre
et/ou de réaliser des activités d’apprentissage au moyen de
dispositifs mobiles. L’enseignant peut ainsi tirer profit du contexte dans
lequel l’individu est situé ; les activités
pédagogiques ne sont plus limitées à la salle de classe,
à un cours magistral ou au laboratoire. Pour Ally (Ally, 2005),
cité par El-Hussein et Cronje (El-Hussein et Cronje, 2010),
p. 19, « mobile learning [is at the] intersection of mobile
computing and e-learning; [it provides] accessible resources wherever you are,
strong search capabilities, rich interaction, powerful support for effective
learning and performance-based assessment. » En conclusion de
leurs travaux, les auteurs proposent la définition suivante de
l’apprentissage mobile : « Any type of learning that
takes place in learning environments and spaces that take account of the
mobility of technology, mobility of learners and mobility of
learning » (El-Hussein et Cronje, 2010),
p. 20. Cette définition montre l’importance d’une
conjugaison des trois axes susmentionnés pour qualifier une
activité « d’apprentissage mobile ».
Au-delà de cette définition tripartite, Herrington et
Herrington (Herrington et Herrington, 2010) ont mis en évidence six catégories d’activités ayant
recours au mobile learning1 :
premièrement, les activités prenant appui sur les
« théories béhavioristes » définissant
l’apprentissage comme un changement observable. En pratique, il
s’agit notamment de systèmes de vote via smartphone permettant de donner un feedback par rapport à des questions à
choix multiples ou encore le recours à des terminaux mobiles pour
l’apprentissage des langues. Deuxièmement, les activités
dites « constructivistes » grâce auxquelles les
apprenants créent de nouvelles connaissances sur la base de leurs
connaissances antérieures et d’un conflit cognitif. Les auteurs
citent ainsi certains jeux sérieux ou encore les applications propres aux
terminaux mobiles (vidéo, flux RSS, etc.) utilisées dans le cadre
d’activités d’apprentissage. Troisièmement, les
activités « d’apprentissage situé »
basées sur un contexte et une culture authentiques ; les supports
mobiles offrent la possibilité de créer des activités
d’apprentissage qui vont s’adapter à l’environnement ou
dépendre du contexte (lieu, temps, but, ressources, etc.).
Quatrièmement, les activités de collaboration dans lesquelles les
supports mobiles permettent d’enrichir les interactions au sein et en
dehors de la classe. Cinquièmement, le mobile learning, par sa
facilité d’accès à différents contenus,
favoriserait l’apprentissage informel et tout au long de la vie. Enfin, le
m-learning permet des activités de soutien à l’organisation
de l’enseignement et des apprentissages ; les outils mobiles offrent
la possibilité aux étudiants d’accéder partout
à leurs horaires de cours, à leurs contenus de cours, à
leurs notes, à leurs travaux, voire de participer à des
discussions de groupes. En outre, l’utilisation d’outils mobiles
peut également aider l’enseignant dans la gestion de ses
tâches de classe.
En filigrane de ces activités, nous pouvons voir émerger
différents avantages de l’utilisation du mobile learning comme
l’accès à l’information en tout lieu et en tout temps (Mian, 2012) ;
repoussant les contraintes en termes de temps, d’espace et de ressources (Traxler, 2007) ; (Shuler, 2009) ; (Todd, 2010). Le
mobile learning offre ainsi plus de flexibilité à
l’apprenant dans l’accès à ses ressources et dans le
choix du lieu et du moment d’apprentissage (Mian, 2012). Le
m-learning apporte aussi de nouvelles possibilités de
différenciation en termes d’enseignement et d’apprentissage.
L’enseignement devient « individuel » car les
apprenants peuvent accéder à des contenus addititionnels et
personnalisés, créés par l’enseignant ou simplement
mis à disposition par celui-ci. Le mobile learning renforce
également l’apprentissage par les interactions sociales en
facilitant, favorisant et améliorant les interactions
étudiants-étudiants et étudiants-enseignants (Shuler, 2009) ; (Mian, 2012). De
plus, l’apprentissage mobile s’avère une opportunité
d’atteindre les étudiants désengagés de
l’enseignement – voire des méthodes pédagogiques
traditionnelles – et d’aider les étudiants victimes de
troubles de l’apprentissage (Traxler, 2007) ; (Watkins, 2009) ; (Smith, 2010).
Enfin, il est un moyen d’atteindre les enfants de régions
reculées manquant d’écoles, d’enseignants, de
bibliothèques ou de ressources d’apprentissage (Traxler, 2007).
Malgré ces potentiels avantages, la littérature fait
état de limites inhérentes à ces nouvelles technologies.
D’une part, il existe un a priori négatif dégagé par
l’outil auprès des enseignants et des parents. En effet, si toute
nouvelle technologie entraîne sont lot de désapprobateurs, les
appareils mobiles sont encore loin d’être bien acceptés dans
un monde de l’enseignement qui les bannit quasi totalement, notamment au
sein des établissements primaires et secondaires en
Fédération Wallonie-Bruxelles de Belgique et en France.
D’autre part, les contraintes techniques sont encore importantes : en
dépit de leur sophistication, les outils mobiles souffrent encore de
nombreuses contraintes pour un apprentissage mobile optimal telles que la taille
de l’écran, la mémoire, la durée de vie de la
batterie (Shuler, 2009) ; (Degeen et Rothwell, 2010).
En outre, les coûts liés à l’achat de l’outil ou
à l’utilisation de l’internet mobile ne sont pas
négligeables (Raballand, 2012).
2.2. Du podcasting
Un podcast est un fichier audio et/ou vidéo publié sur Internet
et automatiquement téléchargeable sur un ordinateur ou un support
mobile par l’intermédiaire d’un flux de syndication –
flux RSS – pour une écoute ou un visionnement ultérieur.
Dans le domaine de l’enseignement supérieur, la
littérature nous amène à distinguer deux types de podcasts.
D’une part, les « cours enregistrés »,
c’est-à-dire la captation au format audio, vidéo et/ou
diaporama sonorisé de l’entièreté d’un cours en
présentiel. Ceux-ci sont mis en ligne à l’intention des
étudiants afin de leur offrir un support complémentaire aux autres
ressources (cours en présentiel, polycopié, notes de cours, etc.).
Dans ce cadre, les podcasts sont principalement utilisés comme outils
d’aide à la prise de notes, voire de révision en vue des
examens. D’autre part, les « capsules »,
c’est-à-dire des séquences audiovisuelles brèves et
ciblées réalisées par l’enseignant, permettent aux
étudiants d’approfondir, d’illustrer ou de contextualiser un
cours ou une partie de cours ex cathedra, de séminaire,
d’étude de cas ou de séance de travaux pratiques.
2.3. Du podcasting comme vecteur de mobile learning
Dès la genèse du podcasting, de nombreux auteurs font
état des préconceptions de l’époque liées
à une affordance pour l’apprentissage mobile : ainsi, on imagine
une adoption rapide de l’outil, notamment par les plus jeunes
étudiants lassés des formes d’enseignement traditionnel et,
surtout, attirés par l’usage des baladeurs numériques (Clark et Walsch, 2004).
En 2005, certains décrivent l’utilisation pédagogique du
podcasting comme « The next big thing » (Chan et Lee, 2005),
p. 64, ou encore « best of both worlds in
audio » (Chan et Lee, 2005),
p. 65, combinant les bénéfices de la diffusion pour
l’émetteur avec la flexibilité, le contrôle de
l’apprentissage et la personnalisation par les récepteurs. Comme
les auteurs le soulignent, « Users who do not have access to a
portable music player can simply listen to the content on their
PCs. » (Chan et Lee, 2005),
p. 65. Cette citation illustre particulièrement bien la vision de
l'époque : seuls les utilisateurs n’ayant pas accès
à un outil mobile utiliseront leur ordinateur personnel, les autres
écouteront les podcasts sur leurs baladeurs numériques.
Très rapidement, l’accroche « Écouter sa propre
musique où on le souhaite, quand on le souhaite » issue des
baladeurs numériques se voit transférée au
podcasting2 :
« Anytime, anyplace » (Lee et al., 2006).
Qui plus est, l'écoute d'un lecteur de musique de type
« iPod » en public possède un côté
branché, particulièrement chez les jeunes (Lee et al., 2006),
p. 2. En d'autres termes, l’idée répandue est que la
baladodiffusion touchera un public jeune et, notamment, les étudiants des
universités car l’apprenant peut choisir où, quand et
comment il souhaite écouter ou regarder son podcast (Evans, 2008),
p. 492. L’outil répondrait ainsi à une demande de
pouvoir étudier en dehors des lieux classiques (salle de cours et
bibliothèques) ; c’est-à-dire dans le bus, le train,
voire la voiture. En outre, le podcasting faciliterait l’apprentissage
« just-in-time », c’est-à-dire profiter
d’un moment libre inattendu pour écouter du contenu
pédagogique.
Les expériences de mise à disposition de podcasts n’ont
pas tardé à voir le jour : en août 2004,
l’Université de Duke aux États-Unis offre à 1650
nouveaux étudiants des iPod préchargés d’informations
sur l’institution et ses programmes. Qui plus est, du contenu
supplémentaire – administratif et pédagogique – peut
régulièrement être téléchargé sur les
baladeurs depuis le serveur informatique de l’université (Belanger, 2005).
Cette pratique se popularise en 2005 avec le lancement d’iTunes U
(Apple), un service d’hébergement public et gratuit pour les
universités leur permettant de publier du contenu pédagogique
audiovisuel (interviews, cours enregistrés, etc.) et de nombreuses
institutions emboîtent le pas à l’Université de Duke.
Toutefois, si les recherches ont mis au jour un désir du
côté des étudiants de bénéficier de plus
d’expériences d’apprentissage mobile (Walton et al., 2005) ; (Weller et al., 2005) ; (Lee et Chan, 2006) ; (Caron et al., 2007) ; (Copley, 2007) ; (Corbeil et Valdez-Corbeil, 2007),
cette volonté ne se traduit pas dans les faits, même lorsque ce
contenu est accessible sur support mobile. Comme le montre Evans (Evans, 2008),
malgré une perception particulièrement positive chez les
étudiants de la possibilité d’avoir recours au podcasting en
situation de mobilité (79% d'entre eux pensent ainsi qu'il est important
de pouvoir écouter les podcasts où et quand ils le souhaitent),
80% utilisent ce contenu sur leur ordinateur. Ainsi, les résultats issus
de la littérature, notamment (Lee et Chan, 2007) ; (Bell et al., 2007) ; (Caron et al., 2007) ; (Edirisingha et al., 2007) ; (Hew, 2009) ; (McKinney et al., 2009) ; (Kay, 2012),
indiquent que les étudiants ne profitent que très peu des
capacités mobiles que leur offre le podcasting, qu’il
s’agisse d’une simple écoute de ressources sur support mobile
– mobilité de la technologie –, d’une activité
d’apprentissage dans d’autres contextes – mobilité de
l’apprentissage – ou d’une écoute en situation de
mobilité – mobilité de l’apprenant (El-Hussein et Cronje, 2010).
À l’instar du polycopié ou des notes manuscrites, les
podcasts demandent une « réelle situation de
travail » ; la plupart des étudiants les écoutent
donc assis face à leur ordinateur (Bell et al., 2007).
Vogt et ses collègues (Vogt et al., 2010) soulignent que même si les étudiants ont une pratique
régulière du lecteur MP3, ils n’utilisent pas ce support
pour écouter du contenu académique. Les résultats montrent
également une nécessité de combiner le podcast aux autres
supports de cours : « What we found was that students used the
podcasts to hear the lecture again and that they often did this while viewing
the PowerPoint on their computer. This was an unexpected finding as we had
expected that students would use MP3 players to listen to podcasts while
“on the go”. » (Scutter et al., 2010),
p. 186. Malgré un taux de possession d’outils mobiles en
constante hausse, des résultats identiques sont constatés au fil
des années : dans une expérience menée par
O’Bannon et al. (O’Bannon et al., 2011),
97% de l’échantillon préfère écouter les
podcasts sur leur ordinateur alors que sur les 461 étudiants de la
recherche menée récemment par Strickland, Hill et Gray (Strickland et al., 2012),
aucun n’a eu recours à un appareil mobile pour écouter les
podcasts. « Whilst the intention of podcasting is to allow students
the flexibility of being able to download the podcasts to mobile phones and MP3
players, none of the respondents in this study used a mobile device to listen to
the podcasts, all preferring to use a computer. » (Strickland et al., 2012),
p. 4.
Même si peu de recherches abordent les raisons justifiant cette absence
d’utilisation du podcasting, nous pouvons distinguer deux
catégories au sein de la littérature : certains avancent des
arguments de l’ordre des « limites techniques »
proches de celles que nous avons mentionnées dans la partie
précédente, c’est-à-dire une taille excessive des
fichiers par rapport aux capacités de stockage des terminaux mobiles (Copley, 2007) ; (Chester et al., 2011),
le fait de ne pas posséder d’outil mobile (McCombs et Liu, 2007) ou la taille de l’écran (Kay, 2012). Pour
d’autres, les limites sont d’ordre pédagogique, voire
liées à l’apprentissage. Selon McGarr (McGarr, 2009),
le niveau de concentration requis pour traiter l’information
présentée dans les podcasts s’accorde difficilement avec un
support mobile, particulièrement pour des activités de
préparation aux tests ou aux examens. Qui plus est, le contenu des
podcasts ne s’avère pas nécessairement conçu pour
être visionné sur un baladeur numérique (Caron et al., 2007).
Aussi, Walls et ses collègues (Walls et al., 2010) expliquent que le choix du support dépend partiellement du format des
podcasts ; les étudiants ont tendance à regarder les podcasts
de « cours enregistrés » sur leur ordinateur à
la maison pendant qu’ils étudient alors que les podcasts
supplémentaires, plus courts (ce que nous appelons les
« capsules »), sont davantage consultés sur support
mobile.
Au sein de notre revue de la littérature, seule une étude (Nataatmadja et Dyson, 2008) conclut à une utilisation accrue du podcasting sur support mobile et en
situation de mobilité, malgré une mise à disposition de
simples podcasts de « cours enregistrés » : « One of the chief uses of podcasting quoted in the literature – anytime,
anywhere learning – was supported by our survey. A number of students
mentioned that they were very handy for studying on the train, while walking or
running, and in fact much easier than studying from the book of lecture notes
and readings when travelling. » (Nataatmadja et Dyson, 2008),
p. 20. Les auteurs concluent que le podcasting ne suffira pas à
révolutionner l’enseignement car il perpétue une approche
traditionnelle particulièrement magistrale et centrée sur
l’enseignant mais, par une réelle prise en compte des
potentialités de l’apprentissage mobile, il pourrait être
utilisé pour la transmission des connaissances, sur laquelle
l'élève devra s’appuyer pour découvrir et construire
ses propres connaissances (Nataatmadja et Dyson, 2008).
3. Problématique et objectifs de la recherche
Notre revue de la littérature souligne
l’ambivalence dans le couple « podcasting » et
« apprentissage mobile ». La baladodiffusion, décrite
dès sa conception comme le paroxysme de l’apprentissage mobile, ne
semble pas utilisée comme telle par les étudiants. Ainsi, par
l’intermédiaire de recherches principalement positivistes et
expérimentales, la littérature s’est cantonnée
à constater cette absence d’apprentissage mobile de la part des
étudiants, sans chercher les raisons qui fondent ce non-usage en
situation de mobilité.
Notre volonté s’avère de dépasser ces constats
pour nous intéresser aux utilisateurs en tant qu’acteurs du
processus d’appropriation et au sens qu’ils attribuent à
leurs actions. En effet, comme les recherches antérieures l’ont
déjà mis en évidence (Caron et al., 2007),
p. 44, « un piège à éviter
lorsqu’on procède à des études sur
l’utilisation des technologies, que ce soit en contexte universitaire ou
autre, est de les considérer comme des entités
indépendantes des individus et des contextes ». Qui plus
est, l’usage ou le non-usage d’un outil dépend, notamment, de
l’utilité perçue par le sujet (Bétrancourt, 2007).
Dès lors, il convient de se préoccuper, d’une part des
enseignants, en analysant la manière dont ils réalisent et mettent
en œuvre des podcasts au sein de leurs dispositifs
pédagogiques et, d’autre part des étudiants, en
analysant le processus d’appropriation du podcasting – par
l’intermédiaire de la genèse instrumentale (Rabardel, 1995),
leurs usages – et schèmes d’usages – du podcasting dans
des activités d’apprentissage mobile, les supports qu’ils
utilisent ainsi que les contextes d’utilisation.
En nous focalisant sur la problématique de l’absence
d’usage des potentialités d’apprentissage mobile du
podcasting, nous souhaitons nous démarquer des travaux scientifiques
disponibles qui, dans une large majorité, portent sur les logiques
d’usage et « occultent de façon intentionnelle tout ce
qui reste dans l’ombre de l’introduction désormais massive
des TIC. » (Marquet, 2012).
Ainsi, l’approche de « l’absence d’usage »
nécessite également de s’intéresser aux pratiques
d’usage (détourné) ainsi qu’au processus entier de
genèse instrumentale. Comme le souligne Trestini (Trestini, 2012),
« Le non-usage d’une technologie peut donc trouver sa cause
à différentes étapes de son cycle de vie,
c’est-à-dire depuis son « adoption » par
l’usager jusqu’à son « appropriation » en
passant par son « utilisation » ».
Dans le cadre de cette contribution, après avoir étayé
le contexte avec la manière dont les enseignants prennent en compte
l’apprentissage mobile dans le cadre de leurs dispositifs
pédagogiques ainsi qu’avec le taux d’utilisation des outils
mobiles, nous avons pour objectif de mieux comprendre pourquoi les utilisateurs
adoptent, se détournent ou rejettent les fonctionnalités mobiles
du podcasting. Nous proposons également de mettre en exergue motifs et
causes (Boutinet, 1998) d’usage et de non-usage pour les comparer à ceux déjà
mis en évidence dans la littérature et en identifier de
nouveaux.
4. Méthodologie
Notre méthodologie se base sur une approche
écologique, insistant sur l’importance d’étudier et de
comprendre le contexte dans lequel agissent les individus sans
l’altérer. En ce sens, contrairement à des
expériences passées – qu'il s'agisse de l'Université
de Duke (Belanger, 2005) ou de Caron et al. (Caron et al., 2007),
nous n'avons pas mis d'outils mobiles à disposition des étudiants
mais nous avons préféré analyser s'ils utilisaient leurs
propres outils pour regarder les contenus qui leur étaient
proposés. Cette méthodologie repose sur un versant quantitatif
– permettant de saisir le contexte de notre étude ainsi que
l’évolution des pratiques sur trois années – par
l’intermédiaire d’un questionnaire proposé à
l’ensemble des étudiants ayant eu la possibilité
d’accéder à des podcasts. Elle se voit
complétée par un versant qualitatif constitué de 52
entretiens répétés plusieurs fois sur le semestre.
La recherche a été menée auprès de 5399
étudiants provenant de 29 cours de l’Université libre de
Bruxelles. Parmi ceux-ci, 221 (G1) ont eu accès, durant
l’année académique 2010-2011, à des enregistrements
de cours au format audio, audio-vidéo, audio-diaporama et
audio-vidéo-diaporama ; 3184 (G2) ont eu accès, durant les
années académiques 2011-2012 (N=1198) et 2012-2013 (N=1986),
à des enregistrements de cours, certains au format audio-vidéo,
d'autres au format audio-diaporama et d'autres encore au format
audio-vidéo-diaporama ; 221 ont eu accès, durant
l’année académique 2011-2012, à une conférence
d'une heure au format audio-vidéo-diaporama (G3) et, enfin, 1789 ont eu
accès, en 2011-2012 (N=1049) et 2012-2013 (N=732), à neuf modules
d’apprentissage de grammaire anglaise en auto-formation (G4). Ces derniers
étaient, pour la plupart, composés de quatre capsules de quatre
minutes. En d’autres termes, cette recherche a interrogé
l’ensemble des étudiants ayant eu accès à des
podcasts durant les trois premières années de phase pilote
d’ULB Podcast.
La recherche s’est déroulée en trois phases.
Premièrement, dans l’optique de mieux comprendre les vingt-neuf
dispositifs pédagogiques mis en place, nous avons utilisé la
grille critériée de Bachy, Garant et Frenay (Bachy et al., 2008) combinée à celle des activités d’apprentissage mobile
de Herrington et Herrington (Herrington et Herrington, 2010).
La première se base sur plusieurs dimensions : les méthodes
pédagogiques mises en œuvre, les supports d’enseignement et
supports d’apprentissages, les tâches d’apprentissage et les
modalités d’évaluation. La seconde permet d’analyser
la manière dont le mobile learning est utilisé et promu par les
enseignants. Le recours à ces grilles avait pour objectif de
récolter des données au niveau des dispositifs pédagogiques
afin de comprendre l’influence de ceux-ci sur les usages du podcasting en
tant que support d’apprentissage mobile. Nous nous sommes également
entretenus avec les enseignants pour confronter nos observations à leurs
déclarations.
La deuxième phase (quantitative) visait, d’une part, à
connaître l’environnement technologique des étudiants ainsi
que les supports utilisés pour regarder les podcasts à leur
disposition. Dans ce but, un questionnaire a été distribué
à tous les étudiants (Nq=5399) après l'examen écrit
dudit cours enregistré.
Troisièmement, nous souhaitions investiguer en profondeur les
pratiques d’appropriation et d’usage du podcasting ainsi que le sens
que les étudiants donnent à ces différentes pratiques. Dans
cette optique plus qualitative, un entretien compréhensif a
été mené avec 23 étudiants à trois reprises
en 2011-2012 (au milieu du quadrimestre, aux alentours du dernier cours ainsi
qu’après l’évaluation finale) et avec 28
étudiants à deux reprises en 2012-2013 (au début du
quadrimestre et à la fin de celui-ci). Celui-ci portait sur leur usage ou
non-usage du podcasting, les raisons qui sous-tendent cette (absence d’)
utilisation et leur rapport à l’apprentissage mobile. Nous avons
également reconstitué leur genèse instrumentale de
l’outil ; nous nous focaliserons toutefois dans cette article sur les
aspects liés à l’(absence d’) apprentissage mobile.
Nous leur avons également proposé de répondre, de
manière bimensuelle, à un courriel les interrogeant sur les
ressources mobilisées dans le cadre du cours qui faisait l’objet de
l’entretien. Plus qu’un réel outil de récolte de
données « prêtes à l’emploi », ces
similis « carnets de bord » nous ont permis de mieux
préparer le second entretien et de guider celui-ci ; ils offraient
effectivement un matériel riche, notamment quant à
l’évolution temporelle des outils mobilisés et des
stratégies d’apprentissage mises en œuvre. La
méthodologie d’entretien compréhensif combinée aux
carnets de bord nous semblait la plus adéquate afin d’investiguer
en profondeur des pratiques d’appropriation du podcasting par une
attention portée sur le rôle actif des individus et sur leur
compétence à expliciter et interpréter leurs usages, voire
des transformations générées par le podcasting.
En termes de traitement des données, nous avons effectué une
analyse statistique sur les questionnaires et une analyse de contenu sur les
entretiens semi-directifs à tendance compréhensive. D’une
part, des analyses statistiques descriptives et des tableaux croisés ont
été effectués à l’aide du logiciel SPSS sur
les items pertinents du questionnaire. D’autre part, nous avons
adopté une approche qualitative dans l’analyse de nos entretiens
afin de « faire ressortir les différentes idées
maîtresses contenues dans le matériel recueilli, les
différents éléments constitutifs du phénomène
étudié » (L’Écuyer, 1990).
Nous avons également réalisé des analyses individuelles de
cas en détaillant précisemment les processus de genèse
instrumentale ainsi que les schèmes d’utilisation du podcasting.
5. Résultats et discussion
5.1. De la promotion du mobile learning par les enseignants
Les grilles de Bachy, Garant et Frenay (Bachy et al., 2008) et de Herrington et Herrington (Herrington et Herrington, 2010) nous ont permis d’observer qu’aucun enseignant n’a mis en
œuvre, au sein de son dispositif pédagogique,
d’activités intégrant explicitement l’apprentissage
mobile par l’intermédiaire de podcasts. Ainsi, nous constatons une
absence totale de prise en compte de ses potentialités d’outil
d’apprentissage mobile.
Par le biais de nos entretiens avec les enseignants, nous avons pu mettre en
exergue les quatre items du non-usage des TICE relevés par Daguet et
Wallet (Daguet et Wallet, 2012).
Premièrement, selon les enseignants, l’apprentissage mobile ne peut
pas fonctionner à l’université. Elle demande notamment aux
élèves d’avoir recours à des outils qu’ils ne
possèdent pas nécessairement ; ceci engendrerait un manque
d’équité dans la réalisation des activités
d’apprentissage. Qui plus est, les aspects de mobilité de
l’apprentissage ne sont pas évoqués comme vecteur
d’une possible valeur ajoutée. Deuxièmement, la
technologie s’avère incompatible avec le cadre scolaire. En ce
sens, de nombreux enseignants partagent une conception
« traditionaliste » de l’apprentissage – commune
avec les étudiants : l’apprentissage est une activité
qui nécessite un endroit optimal, c’est-à-dire un endroit
calme, permettant de prendre des notes, de se concentrer, de mémoriser,
etc. Troisièmement, la technologie est imposée et fait
l’objet d’un rejet de la part des enseignants : même si
l’intégration du podcasting s’opère dans le cadre
d’une phase pilote à l’Université libre de Bruxelles,
les enseignants sont fortement encouragés par le vice-rectorat à
participer à ce projet. Le matériel technique et
l’accompagnement pédagogique étant présents, les
enseignants acceptent d’y participer mais ne s’y investissent que
très peu. Enfin, de nombreux arguments mentionnent que « la
technologie est épuisante ». Si l’enregistrement
quasi-automatisé de séances en présentiel ne demande pas
trop d’investissement, imaginer des activités d’apprentissage
mobile en créant du contenu adapté au support s’avère
beaucoup plus chronophage. Dès lors, les enseignants se cantonnent
à des productions brutes sans mettre en œuvre de dispositifs
particuliers autour de ces productions.
5.2. Taux d’utilisation du podcasting par les étudiants
Si l’objet de cette recherche porte principalement sur le podcasting
comme outil d’apprentissage mobile, il nous semble important de tout de
même débuter la présentation de nos résultats par les
taux d’utilisation du podcasting au sein des différents corpus.
|
Utilisation du podcasting |
Cours enregistrés
2010-2011
(N=221) |
93% |
Cours enregistrés 2011-2012
(N=1198) |
62% |
Cours enregistrés 2012-2013
(N=1986) |
62% |
Conférence enregistrée
(N=213) |
23% |
Capsules
2011-2012
(N=1049) |
34% |
Capsules
2012-2013
(N=732) |
29% |
Tableau 1. Taux d’utilisation du podcasting par
les étudiants
Comme le montre le tableau 1, le podcasting n’est évidemment pas
adopté par tous les étudiants.
La justification principale des étudiants quant à
l’absence d’utilisation des podcasts de « cours
enregistrés » est le fait de ne pas ressentir le besoin de les
utiliser, soit car leur prise de notes est suffisamment complète, soit
car ils estiment qu’en ayant assisté aux cours, l’utilisation
de ces enregistrements s’avère inutile. De plus, certains jugent le
cours en présentiel tout aussi inutile que les podcasts. Pour ce qui est
des capsules de grammaire anglaise, les étudiants indiquent qu’ils
n’en ont pas nécessairement besoin vu un niveau suffisant en
anglais. Les étudiants, ayant déjà eu pour la plupart six
années d’anglais dans l’enseignement secondaire, connaissent
la grammaire ou pensent connaître celle-ci suffisamment pour
réussir l’examen.
En ce qui concerne les raisons d’utilisation des podcasts, il
s’agit principalement de rattraper un cours manqué, de
compléter et/ou structurer leurs notes de cours, de revoir un passage mal
compris et, dans une moindre mesure, d’effectuer des révisions de
la matière en vue des examens. Au sujet des capsules, une majorité
des étudiants utilisent ce matériel pour revoir la grammaire
anglaise, voire approfondir des notions vues durant l’enseignement
secondaire et, pour une minorité, l’outil leur a permis un
réel apprentissage de la grammaire et de connaissances qu’ils ne
possédaient pas avant.3
5.3. Taux d’utilisation des supports
5.3.1. Questionnaires 2010-2011 (G1)
|
Ordinateur portable |
Ordinateur fixe |
Smartphone |
Baladeur numérique |
Console de jeux |
Tablette numérique |
Cours enregistrés
2010-2011
(N=221) |
95% |
40% |
53% |
58% |
17% |
7% |
Tableau 2. Supports (permettant la lecture de
vidéos) possédés par les étudiants
Au sein du corpus du G1, 95% des étudiants possèdent un
ordinateur portable et 40% un ordinateur fixe. Ils sont également 58%
à détenir un baladeur numérique et 53% un smartphone. Par
ailleurs, 17% d’entre eux ont une console de jeux portable permettant la
lecture de vidéo et 7% un tablette numérique.
|
Ordinateur |
Smartphone |
Baladeur numérique |
Tablette numérique |
Cours enregistrés
2010-2011
(N=205) |
100% |
6% |
5% |
2% |
Tableau 3. Supports utilisés pour regarder les
podcasts (G1)
Au sein de ce même corpus, malgré ce fort taux de possession
d’outils mobiles, 100% des étudiants ont consulté durant
l’année académique 2010-2011 les podcasts à partir de
leur ordinateur (fixe ou portable). Toutefois, 6% des étudiants ont
transféré ces contenus vers leurs smartphones et 5% vers leurs
baladeurs numériques.
5.3.2. Questionnaires « Cours enregistrés »
2011-2012 et 2012-2013 (G2)
|
Ordinateur |
Smartphone |
Baladeur numérique |
Tablette numérique |
Cours enregistrés 2011-2012
(N=742) |
100% |
3% |
2% |
2% |
Cours enregistrés 2012-2013
(N=1238) |
98% |
5% |
3% |
3% |
Tableau 4. Supports utilisés pour regarder les
podcasts (G2)
Comme le montre le tableau IV, l’ordinateur est le support
majoritairement utilisé par l’ensemble des étudiants.
Même s’il est l’instrument privilégié pour
consulter les podcasts, 2% des étudiants se sont tournés vers les
supports mobiles entre les deux années académiques. Le taux
d’utilisation de ceux-ci a, lui, augmenté entre les deux
années académiques : celui du smartphone passe de 3%
à 5%, ceux du baladeur et de la tablette numérique de 2% à
3%.
5.3.3. Questionnaires « Conférence enregistrée
» 2011-2012 (G3)
|
Ordinateur |
Smartphone |
Baladeur numérique |
Tablette numérique |
Conférence enregistrée
(N=49) |
99% |
2% |
2% |
0% |
Tableau 5. Supports utilisés pour regarder les
podcasts (G3)
Même s’il s’agit d’un format différent –
une séance d’une heure donnée une seule fois et mise
à la disposition des étudiants –, la
« conférence enregistrée » engendre des
résultats similaires aux cours enregistrés qui se déroulent
toute l’année. L’ordinateur est utilisé par quasiment
tous les étudiants et les contenus se voient rarement
transférés vers un support mobile.
5.3.4. Questionnaires « Capsules » 2011-2012 et
2012-2013 (G4)
|
Ordinateur |
Smartphone |
Baladeur numérique |
Tablette numérique |
Capsules
2011-2012
(N=356) |
97% |
10% |
6% |
1% |
Capsules
2012-2013
(N=209) |
94% |
14% |
2% |
2% |
Tableau 6. Supports utilisés pour regarder les
podcasts (G4)
À l’instar de ce qui a été avancé par
Walls, Walker, Acee, Kucsera et Robinson (Walls et al., 2010),
les capsules, ces courtes séquences pédagogiques audiovisuelles
n’excédant pas les cinq minutes, semblent être plus
appropriées à l’utilisation sur support mobile ; 14% du
corpus a ainsi transféré ce contenu vers un smartphone lors de
l’année académique 2012-2013. L’ordinateur reste
pourtant le support privilégié pour regarder ces vidéos
pédagogiques : 97% des étudiants y ont eu recours en
2011-2012 et 94% en 2012-2013. Par ailleurs, nous avons effectué des
calculs de Khi-deux afin de tester plusieurs hypothèses d’un lien
de dépendance entre le recours aux smartphones ou aux baladeurs
numériques et d’autres variables (sexe, âge, année
d’étude, enseignant, etc.). Tous ces calculs se sont
révélés non-significatifs, rejetant l’ensemble des
hypothèses testées.
En ce sens, nos résultats viennent confirmer les conclusions de
plusieurs recherches sur les thèmes des supports utilisés pour
regarder les podcasts. A l'instar de nombreux auteurs (Lee et Chan, 2007) ; (Bell et al., 2007) ; (Caron et al., 2007) ; (Edirisingha et al., 2007) ; (McCombs et Liu, 2007) ;
(McKinney et al. 2007) ; (McGarr, 2009) ; (Scuter et al., 2010) ; (Walls et al., 2010) ; (Vogt et al., 2010) ; (O'Bannon et al., 2011) ; (Kay, 2012) ; (Strickland et al., 2012) nous observons que peu d'étudiants ont recours au podcasting comme outil
d’apprentissage mobile.
Si le taux d’utilisation des supports mobiles pour regarder les
podcasts évolue d’année en année, l’usage
d’un tel outil n’engendre pas nécessairement une
réelle situation d’apprentissage mobile. Comme nous le montrerons infra, le recours aux outils mobiles s’effectue principalement dans
des conditions « sédentaires »,
c’est-à-dire dans leur chambre, à la bibliothèque, en
salle de cours ou dans un café. Comme le conclut Caron (Caron et al., 2007),
« les lieux et moments censés devenir de nouveaux
espaces-temps d’apprentissage grâce aux lecteurs numériques
portables ne sont pas meublés par la consommation de contenus
académiques » (p. 53).
Enfin, ce taux d’utilisation des supports mobiles peut également
s’expliquer par l’absence d’intégration
d’activités d’apprentissage mobile par les enseignants. Comme
l’ont montré Simonian et Audran (Simonian et Audran, 2012) à propos du non-usage des outils communicationnels des plateformes
d’apprentissage en ligne, il peut exister une influence liée
« aux pratiques des enseignants et tuteurs qui dépendent de
leurs propres représentations pédagogiques de l’usage de
l’outil qui façonnent des a priori fonctionnels. »,
voire des contraintes personnelles et institutionnelles (Daguet et Wallet, 2012).
5.4. Des motifs et causes de l’usage et du non-usage de
l’apprentissage mobile
Au sein de notre corpus d’étudiants interviewés
(Ni=51), cinq d’entre eux n’ont pas utilisé les
podcasts mis à leur disposition. Notre corpus est, dès lors, de 46
étudiants. Dix d’entre eux ont utilisé les podcasts sur
support mobile et les trente-six autres n’ont pas eu recours à
cette modalité. Nous avons pu mettre en évidence quatre points de
discussion : les supports technologiques possédés et
utilisés quotidiennement par les étudiants, les raisons justifiant
l’utilisation du podcasting dans le cadre d’activités
d’apprentissage mobile, les formes d’utilisation du podcasting en
tant qu’outil de mobile learning ainsi les raisons justifiant
l’absence d’utilisation du podcasting dans le cadre
d’activités de m-learning.
5.4.1. Recensement des supports personnels utilisés
Tous les étudiants de notre corpus possèdent un ordinateur.
Celui-ci est considéré comme un outil indispensable pour tout
étudiant universitaire. Selon eux, de nombreuses informations –
tant institutionnelles (horaires des cours, dépôt de documents par
les enseignants, procédures administratives, etc.) qu’informelles
(les mailings entre étudiants, les groupes Facebook, les dossiers Dropbox
partagés, etc.) – passent par l’intermédiaire
d’Internet et l’ordinateur s’avère l’outil
privilégié pour accéder à la toile. Au-delà
de ces aspects, celui-ci est un réel instrument de travail pour les
étudiants afin de réaliser des résumés de cours,
effectuer leurs travaux personnels et collaboratifs, etc. Toutefois, si
l’ordinateur portable est devenu particulièrement répandu
– 41 étudiants sur 46 en possèdent un –, seuls 16
étudiants évoquent le fait d’emmener celui-ci à
l’université, que ce soit pour prendre des notes en cours ou
travailler à la bibliothèque. Deux raisons émergent
principalement dans leurs déclarations : la difficulté
à se balader avec la machine – souvent trop lourde et encombrante
– et la volonté d’éviter d’être distrait
en cours – l’ordinateur portable les amenant plus facilement
à errer sur des sites Internet durant les cours.
De nombreux étudiants (31 sur 46) possèdent un smartphone et
trois se sont achetés cet appareil entre le premier et le second
entretien durant l’année académique 2012-2013. Selon les
déclarations des étudiants, les principales utilisations de
l’outil à des fins universitaires sont
d’ordre communicationnel dans une optique plutôt passive :
il s’agit de pouvoir être mis au courant des nouvelles notifications
telles que les messages postés sur les groupes Facebook, les courriels,
etc.
La plupart des étudiants (40 sur 46) disposent d’un baladeur
numérique mais l’outil est de moins en moins utilisé ;
sa fonction principale – l’écoute de fichiers audios et,
notamment, de musique – étant également possible sur les
smartphones. Par contre, ces outils sont peu évoqués dans le cadre
d’activités d’apprentissage.
Enfin, une petite dizaine d’étudiants (8 sur 46)
possèdent une tablette ; seuls deux d’entre eux
évoquent l’utilisation de celle-ci dans le cadre
d’activités d’apprentissage et, notamment, liées au
podcasting.
5.4.2. De la justification de l’apprentissage mobile (N = 10)
Avant d’entamer cette partie, il nous semble indispensable
d’émettre une remarque préliminaire quant à nos
résultats : aucun étudiant n’a eu recours à des
activités d’apprentissage mobile avec le podcasting au sens
d’El-Hussein et Cronje (El-Hussein et Cronje, 2010) – c’est-à-dire en combinant mobilité de la
technologie, mobilité de l’apprenant et mobilité de
l’apprentissage dans le cadre d’activités
d’apprentissage. Toutefois, une nuance peut être émise entre
l’apprentissage dit « formel » et
l’apprentissage dit « informel ». Sans entrer dans les
débats liés à ces notions qui ont émergé dans
la littérature (Brougère et Bézille, 2007) ; (Schugurensky, 2007),
nous définirons, en nous appuyant sur Schugurensky (Schugurensky, 2007),
l’éducation formelle comme celle qui « renvoie
à l’échelle constituée par les différents
niveaux de l’organisation institutionnelle de la maternelle à
l’université », l’éducation non-formelle
comme « toute activité éducative organisée se
déroulant en dehors du système scolaire officiel », et l’apprentissage informel comme « tout le reste,
c’est-à-dire les expériences d’apprentissage qui ne
font pas partie des programmes dispensés par les organismes
éducatifs officiels et non-officiels ou par des cours. » Cette distinction faite, nous pouvons observer une différence entre
une absence totale d’utilisation du podcasting en tant qu’outil
d’apprentissage mobile dans le cadre d’apprentissages formels et,
à l’opposé, le recours à cet outil dans le cadre
d’apprentissages informels en conjuguant les trois axes d’El-Hussein
et Cronje (El-Hussein et Cronje, 2010).
Comme le mentionne un étudiant : « Ca m'est arrivé
d'écouter Foucault dans les transports ou en bagnole. C'est pas de
l'apprentissage mobile, on l'écoute et tant mieux. Exploiter les moments
mobiles pour des trucs alternatifs, ça oui ça m’arrive...
Dans les transports, je trouve ça bien. Un cours c'est long pour le
mobile, une à deux heures... C'est long. » (Et-14). Ainsi,
plusieurs étudiants indiquent qu’ils téléchargent des
cours d’autres universités, des émissions radio ou
télévisées liées, de près ou de loin,
à leurs cours. Dès lors, nous distinguerons dans la suite
l’usage du support mobile dans le cadre d’apprentissages dits
« formels » (s’inscrivant dans le cadre
d’activités d’apprentissage mises en place par les
enseignants de l’ULB) et son usage dans un cadre d’apprentissages
« informels ». L’objectif étant de mettre au
jour un « un usage effectif qui se réalise en dehors du
dispositif prévu par les instances de conceptions. » (Simonian et Audran, 2012),
pouvant ainsi laisser penser à un non-usage.
5.4.2.1. Le support mobile dans l’apprentissage formel
Dans le cadre des apprentissages formels, la plupart des étudiants (8
sur 10) ayant eu recours à un outil mobile pour regarder les podcasts
justifient cette action par la facilité de transport de l’outil. En
effet, le smartphone s’avère facile à transporter car
il se trouve « toujours dans la poche de
l’étudiant », contrairement à l’ordinateur
dit « portable » qui est plutôt décrit comme
« transportable » – dans les meilleurs cas. Dès
lors, le smartphone et la tablette sont privilégiés comme
outils emportés à l'université afin de pouvoir travailler
sur les podcasts. Certains étudiants vont utiliser ce contenu à la
bibliothèque : « C’est la première fois
que j’ai testé sur mon iPod. Je mettais sur mon iPod le soir et je
faisais le lendemain à la bibliothèque. Et j’en voyais
plusieurs avec leur pc, mais moi j’avais pas envie de ramener mon pc et me
mettre partout avec. Donc je prenais mon petit iPod et c’était
pareil. » (Et-17). D’autres vont les utiliser directement en
cours, voire, par exemple, dans le cadre de travaux pratiques :
« Vu que j’ai un iPhone, pendant la dissection, lorsque je ne
me souvenais plus dans quel sens couper... Je le prenais, mettais la
vidéo et faisais play. » (Et-7).
Les qualités techniques et ergonomiques sont une raison du recours au
podcasting sur support mobile. Ainsi, certains étudiants (6 sur 10)
déclarent que les supports mobiles offrent un plus grand nombre
d’actions sur les podcasts : le réglage de la vitesse, la
possibilité d’avancer ou de reculer par tranche de quinze secondes,
le fait que l’appareil mémorise l’endroit où la
vidéo a été arrêtée, etc. Du côté
des aspects ergonomiques, les supports mobiles sont prisés par les
étudiants (3 sur 10) qui travaillent leurs notes sur support papier. La
tablette est considérée comme plus adaptée car elle peut
être posée à côté du cahier ou de la feuille de
papier sur laquelle l'étudiant prend des notes, permettant ainsi pour
l'étudiant de rester dans la même position en travaillant.
« Regarder un podcast sur une tablette ou sur un ordinateur, c'est
pas du tout pareil. Avec un ordinateur, on doit toujours relever la tête.
Une tablette tactile, j'ai toujours un regard sur le truc, même lorsque je
prends des notes sur ma feuille. C’est bête, mais c’est
ennuyeux de relever la tête. » (Et-20).
L’accessibilité est citée par quatre
étudiants ; ils ont ainsi transféré les podcasts sur
un support mobile afin de pouvoir recourir à ce contenu à tout
moment. Seul l’un d’entre eux s’est effectivement
retrouvé dans une telle situation : « Vu que
j’avais toujours les podcasts sur moi... Quand un ami m’a
posé une question juste avant l’examen, j’ai pu
vérifier la réponse dans le podcast. » (Et-20).
En outre, l’utilisation d’un support mobile est également
une manière d’ajouter un écran à son espace de
travail : dans ce cas, l’étudiant utilise l’ordinateur
pour la prise de notes et les activités liées à celle-ci
(notamment les recherches sur Internet). Le support mobile s’apparente
alors à un appareil de lecture indépendant du cours.
Ces différents résultats vont dans le même sens que les
observations de Simonian et Audran, les étudiants ont tendance à
utiliser un outil à deux conditions : d’une part,
« ils perçoivent une utilité (gain
espéré) ; perception nécessitant une certaine
connaissance théorique et/ou pratique des fonctions de
l’outil » et, d’autre part, « ils
possèdent une familiarité technique suffisante de l’outil en
question pour l’utiliser rapidement et facilement, ce qui dépend en
partie des schèmes stimulés par l’outil
lui-même » (Simonian et Audran, 2012).
5.4.2.2. Le support mobile dans l’apprentissage informel
Trois des quatre caractéristiques liées à l’usage
du podcasting pour l’apprentissage formel se retrouvent chez les
étudiants qui ont recours à l’outil dans le cadre
d’activités d’apprentissage informel avec des arguments
similaires : la mobilité de l’appareil, ses qualités
techniques et ergonomiques ainsi que l’accessibilité aux fichiers.
Dans le cadre d’écoutes de podcasts à vocation
« informelle », les étudiants soulignent
également l’importance de pouvoir effectuer plusieurs tâches
durant l’écoute sur le smartphone ou la tablette. Ces tâches
peuvent être liées au podcast écouté ; comme le
fait de prendre quelques notes à propos de celui-ci ou d’aller
chercher un complément d’information sur Internet. Pour
d’autres, il peut également s’agir d’activités
indépendantes de l’écoute du podcast comme la navigation au
sein de leurs applications, l’envoi de messages ou de courriels, etc. En
d’autres termes, le smartphone et la tablette sont des outils
« all in one » particulièrement
appréciés par les étudiants dans le cadre
d’écoutes de podcasts « non
académiques ».
Les caractéristiques de l’apprenant influencent également
le recours à un support mobile. Plusieurs étudiants justifient
l’usage de ces supports par leur mobilité hebdomadaire. Les trajets
en transports en commun et, notamment, en train sont privilégiés
pour l’écoute de ces contenus. D’autres se définissent
comme amateurs de tels contenus. « J’ai l’habitude
d’écouter les podcasts du Collège de France. Parfois aussi
des émissions de France Culture. Que je sois chez moi, dans ma chambre,
ou en trajet, dès que j’ai un moment de libre j’utilise mon
baladeur et j’écoute les podcasts ». (Et-14).
L’utilisation du baladeur numérique ou du smartphone
s’avère également un reliquat de leurs pratiques
adolescentes qu’ils transfèrent à des pratiques
d’apprentissage informel. Ils ont grandi avec un baladeur numérique
en écoutant leur musique sur ce type d’appareil ; maintenant
qu’ils sont à l’université, la pratique et le support
restent identiques même si le contenu écouté change. Enfin,
deux étudiants ont témoigné d’une réduction
considérable de leur temps libre depuis qu’ils sont à
l’université ; cette réappropriation des
« temps de mobilité » est exprimée, dans leur
bouche, comme une « réappropriation des temps
morts ».
En outre, l’écoute des podcasts universitaires « par
plaisir » s’accorde mieux avec la situation de mobilité.
Ces séquences sont considérées comme moins importantes que
les contenus institutionnels. Dès lors, l’écoute de tels
podcasts se caractérise comme une écoute dite
« passive » : « On peut se permettre de
manquer un morceau. C’est juste du bonus... Et un peu pour le
plaisir. » (Et-40). Les podcasts sont également
décrits comme plus simples et appréhendables que le livre. Si un
étudiant souhaite s’informer sur un sujet, il peut facilement
trouver une quantité de podcasts qu’il pourra écouter ou
zapper à sa guise. L’accès à un ouvrage
spécialisé demande effectivement plus de temps et plus de
travail : il faut identifier le livre, se rendre à la
bibliothèque, le parcourir afin de voir si celui-ci a de
l’intérêt, le louer, le consulter, etc. Qui plus est, ces
podcasts permettent d’apprendre en situation de mobilité ce que le
livre ne permet pas, ou difficilement.
Afin d’analyser de manière transversale les justifications
susmentionnées, nous avons recours à la distinction
opérée par Boutinet (Boutinet, 1998) ainsi que par Papi (Papi, 2012) entre
les « causes » – contrainte(s)
extérieure(s) s’exerçant sur le sujet – et les
« motifs » – définis comme des raisons
personnelles. Au sein de notre corpus, nous pouvons observer que les choix
d’usage d’un support, dans l’apprentissage formel comme
informel, sont étayés par des motifs. Pour le premier, il
s’agit d’un choix ergonomique ou en termes
d’accessibilité ; pour le second, les étudiants se
décrivent comme amateurs de tels contenus podcastés et
déclarent chercher à combler les « temps
morts » des trajets. En ce sens, il semble que le couple
« utilité » et
« facilité » d’utilisation (Simonian et Audran, 2012) justifie à nouveau le recours aux supports mobiles pour les podcasts.
Toutefois, contrairement à l’apprentissage formel, le contenu et sa
représentation pour l’apprenant semblent avoir une importance
capitale dans le cadre de l’apprentissage informel : c’est bien
par plaisir et par intérêt que l’étudiant va se
consacrer à ce type de contenu. C’est également car ces
podcasts sont jugés comme « moins importants » que
les étudiants se permettent des les écouter tout en pouvant en
manquer certaines parties.
5.4.3. Le support mobile « immobile »
Si le podcasting – de contenus académiques – n’est
pas utilisé comme un réel support d’apprentissage mobile par
les étudiants au sens d’El-Hussein et Cronje (El-Hussein et Cronje, 2010),
il s’avère tout de même nécessaire de dresser les
contours de son utilisation sur support mobile. Toutefois, les schèmes
d’usages du podcasting sur un support dit « mobile »
ne se différencient pas d’un support « fixe »,
tel que l’ordinateur. En effet, comme nous l’avons
déjà souligné, le recours au podcasting sur des appareils
mobiles – smartphones, tablette ou baladeur numérique –
s’effectue toujours de manière sédentaire. En quelque sorte,
ces outils deviennent des substituts à d’autres appareils
électroniques fixes et, notamment, à l’ordinateur. En ce
sens, aucun étudiant ne déclare avoir utilisé de podcasts
d’apprentissage formel en réelle situation de
mobilité ; mais plutôt dans des lieux bien définis
comme le domicile, la bibliothèque ou tout autre endroit qualifié
comme lieu de travail (notamment les cafés). À l’instar
de l’écoute sur un ordinateur, l’utilisation de podcasts
académiques sur outil mobile se caractérise par une écoute
de longue durée et ce, même pour les capsules. Il ne s’agit
pas d’écouter rapidement l’un ou l’autre passage mais
bien de travailler sur l’ensemble du/des podcasts en exploitant
réellement ce support (combiné à d’autres).
5.4.4. De la justification de ne pas avoir recours à
l’apprentissage mobile (N=36)
Notre analyse de contenu a permis de faire émerger cinq groupes de
justification amenant les étudiants à ne pas utiliser le
podcasting comme outil de mobile learning.
Premièrement, les caractéristiques de l’outil sont
largement avancées. De nombreux étudiants déclarent que les
supports mobiles ne sont pas adaptés à l’utilisation de tels
contenus. Les podcasts proposés aux étudiants sont principalement
« audiovisuels » offrant un format audio-vidéo ou
audio-diaporama. Face à ceux-ci, les étudiants témoignent
d’une image trop petite et d’un diaporama trop souvent illisible.
Qui plus est, écouter le son n’a, selon eux, que très peu
d’intérêt car l’enseignant parle sur base de son
support – le tableau ou le diaporama – et il est important
d’en prendre connaissance afin de pouvoir suivre le cours de
manière optimale. À l’instar des observations de (Copley, 2007), (Chester et al., 2011) ou (Kay, 2012), les
étudiants soulignent des problèmes ergonomiques : le lecteur
de podcasts d’Apple sur smartphone, voire sur tablette, est souvent
décrié par les étudiants. Ils jugent notamment difficile de
naviguer au sein d’une vidéo, de passer aisément d’un
épisode à un autre ou de prendre des notes correctes directement
sur l’appareil mobile.
Deuxièmement, si, comme nous venons de l’indiquer, les supports
mobiles (notamment le smartphone et le baladeur numérique) ne sont pas
adaptés pour la lecture des contenus diffusés aux
étudiants, ces contenus eux-mêmes ne sont pas modifiés afin
d’être utilisés sur des terminaux mobiles (Caron et al., 2007).
Ainsi, les étudiants déclarent que les diaporamas proposés
sont trop détaillés et s’avèrent difficilement
utilisables sur des supports de taille réduite. Hormis pour les capsules,
les étudiants indiquent également que les contenus sont
d’une durée trop importante pour être regardés sur un
appareil mobile. Ces podcasts devraient être découpés et
faire l’objet d’un post-traitement adapté afin
d’être optimaux pour un apprentissage mobile.
Troisièmement, nous pouvons distinguer les justifications liées
aux caractéristiques des étudiants eux-mêmes. Un argument,
peut-être trivial, est le fait que, parmi les 36 étudiants
n’ayant pas eu recours à un support mobile pour utiliser les
podcasts, cinq d’entre eux n’en possédaient tout simplement
pas. Les outils mobiles sont également considérés, par 26
étudiants sur les 36, comme des instruments de loisirs. Ces supports
s'avèrent, au regard des étudiants, des outils personnels sur
lesquels ils préfèrent ne pas héberger de contenus
académiques (McCombs et Liu, 2007).
Qui plus est, lors des moments de mobilité, notamment sur le trajet vers
l’université, les étudiants préfèrent
écouter de la musique ou regarder une série
télévisée qu’un podcast de cours ou une capsule
pédagogique. « J’ai un iPod mais bon... Ce
n’est que pour la musique. Je vais pas m’amuser à mettre des
podcasts du prof sur mon iPod. » (Et-3). « Ce serait
aliénant pour moi. On est en cours, on a trois heures de cours par
semaine, je vais me le remettre sur mon iPhone, ça va quoi... J'aime
beaucoup l’enseignant mais... Il y a un côté intrusif :
l'unif' c'est l'unif mais on a plein d'autres activités à
côté. C'est pas pour que ça transperce. Ca s'immiscerait
dans ma vie, dans mes oreilles, je deviendrais fou. » (Et-1).
Quatrièmement, les étudiants justifient cette absence
d’utilisation du podcasting en tant qu’outil d’apprentissage
mobile au regard des caractéristiques propres des
« contextes » de mobilité. D’une part, ils
évoquent les « contraintes temporelles » liées
à ces contextes de mobilités comme l’inadéquation
entre le temps d’un podcast (deux à trois heures) et le temps du
trajet (entre 10 et 40 minutes en moyenne). D’autre part, ils
témoignent des conditions inhérentes à ces situations de
mobilité et, notamment, celles des transports en commun : certains
facteurs comme les discussions d’autres personnes,
l’impossibilité de s’asseoir, voire les annonces
diffusées empêchent une réelle concentration et un travail
productif sur les podcasts. Comme l’indiquait McGarr (McGarr, 2009),
le niveau de concentration requis pour traiter l’information dans les
podcasts s’accorde difficilement avec un support mobile, les
étudiants déclarent que l’apprentissage en mobilité
souffre également de nombreuses contraintes liées au contexte
– de mobilité – qui rendent, aux yeux des
étudiants, l’apprentissage mobile particulièrement
compliqué.
Enfin, pour la majorité des étudiants, le travail sur les
podcasts nécessite un espace de travail approprié, calme et
permettant l’utilisation de plusieurs supports en même
temps. « Pour étudier, il faut un environnement de
travail, calme, la chambre ou une salle d'étude, une salle de classe...
Mais je sais qu'il y a des gens qui le font. Mais dans le métro, il fait
chaud, il y a des gens qui crient, les gens sont serrés. Moi, je trouve
que pour avoir déjà essayé de lire... Essayer de
travailler, je le faisais mais ça ne rentrait pas, c'était dur de
rester concentré. » (Et-27). Ces pratiques de travail
semblent ancrées chez les étudiants et témoignent
d’une représentation d’un contexte d’apprentissage dit
« traditionnel » tel que le bureau ou la
bibliothèque. Ceux-ci ne s’imaginent pas pouvoir travailler dans un
autre contexte que celui de cet « endroit calme » permettant
de prendre des notes, d’étaler leurs supports, de se concentrer, de
comprendre, etc. L’étude de leurs usages du podcasting permet de
mieux comprendre cette nécessité d’un
« apprentissage sédentaire » : selon les
étudiants, écouter ou regarder un podcast nécessite une
prise de notes et, selon les cas, le recours à d’autres supports de
cours ; ce qui s’avère difficilement possible dans des
situations de mobilité. « Il faut que je sois à un
poste de travail. Le problème du mobile, c'est qu'il n'y a pas de
possibilité de prise de notes. C'est comme un bouquin, je peux lire un
bouquin dans le métro mais c'est pas assez. » (Et-15).
Cette nécessité d'un environnement de travail calme s'explique par
la manière dont les étudiants font usage des podcasts qui sont
à leur disposition. Nous avons ainsi mis au jour des pratiques
d’utilisation (inter)active des podcasts de la part des étudiants.
Bien que produits – automatiquement ou sur base d’une
scénarisation pédagogique – par les enseignants dans une
approche généralement « transmissive », les
podcasts ne sont pas « consommés » tels quels par les
étudiants mais intégrés au sein de l'ensemble des outils et
ressources auxquels ils ont accès, qu’ils soient personnels ou
institutionnels, analogiques ou numériques. Ainsi, les outils
d’apprentissage du cours sont, selon les cas, d’une part le
polycopié, le diaporama imprimé, le manuel de
référence, voire un ou plusieurs résumés
partagés entre les étudiants ; d’autre part, les
podcasts, Internet, un ou plusieurs outils de communication – dont
les réseaux sociaux –, des outils de stockage en ligne, des outils
d’écriture collaborative, etc. Intégrés au sein de
cet environnement, nous avons constaté que les podcasts étaient
utilisés dans une approche « constructiviste », voire
« socio-constructiviste », permettant aux étudiants
de produire de nouvelles ressources d’apprentissage ou de compléter
les ressources existantes. Ainsi, les podcasts leur permettent
d’interagir, parfois en groupes, avec le savoir délivré par
l’enseignant, de le confronter à d’autres sources
d’information ou à d’autres outils de leur environnement et,
au final, de produire des notes de cours en adéquation avec leurs
stratégies d’apprentissage. Dès lors, ces usages du
podcasting sont décrits par les étudiants comme en totale
inadéquation avec l’usage d’appareils mobiles et, surtout, en
situation de mobilité. Ces résultats sont proches de ceux
évoqués par Caron et ces collègues (Caron et al., 2007),
ceux-ci ont remarqué que « pour qu’un lieu favorise
les actions et les processus reliés à l’apprentissage, il
faut qu’il soit (ou qu’il soit perçu comme) balisé. La
bibliothèque, le chez-soi mais aussi le café, pourvu que la
posture soit sédentaire et que le champ visuel soit suffisamment
saturé par l’objet d’étude et son
support » (p.51).
En conclusion, nous pouvons remarquer que les étudiants justifient
largement ce non-usage des potentialités mobiles du podcasting par des causes, c’est-à-dire des raisons qui leur semblent
extérieures tels qu’un outil non adapté au contenu, un
contenu lui-même non adapté au contexte de mobilité ou
encore la nécessité d’un espace de travail.
6. Conclusion
Il y a dix ans, Roschelle (Roschelle, 2003),
p.260-261, déclarait : « Chaque technologie
d'apprentissage apporte avec elle une nouvelle question conceptuelle profonde
que les technologues de l'apprentissage doivent démêler afin de
débloquer le potentiel cognitif du potentiel technologique
brut ». D’une part, cette citation possède le
défaut de laisser penser au lecteur que toute technologie est
« bonne à prendre ». Ainsi, le podcasting a suscité
beaucoup d’enthousiasme autour d’un renouveau de
l’apprentissage mobile – offrant même à l'outil cette
caractéristique dans sa propre étymologie –, la
réalité des usages est toute autre. D’autre part, la
citation a l’avantage de mettre l’accent sur
l’intérêt de débloquer le potentiel cognitif. En
d’autres termes, il s’agit de trouver les pratiques
pédagogiques adéquates permettant d’exploiter pleinement
l’outil. Au sujet du podcasting, Nataatmadja et Dyson (Nataatmadja et Dyson, 2008) ont conclu que le podcasting, à lui seul, n’allait pas
révolutionner l’éducation du vingt-et-unième
siècle en gardant une pédagogie magistrale, centrée sur
l’enseignant. Bien au contraire, il doit être utilisé pour la
transmission des connaissances, sur laquelle l'élève peut
s’appuyer pour découvrir et construire ses propres connaissances (Nataatmadja et Dyson, 2008).
Ce contexte pédagogique intégrant une utilisation plus
constructiviste du podcasting et favorisant l’apprentissage mobile
n’était pas présent dans notre étude et il
s’agit probablement de son principal défaut.
En adoptant une approche méthodologique écologique
centrée sur les utilisateurs – enseignants et étudiants
– et leurs genèses instrumentales, nous avons pu dépasser
les conclusions actuelles de la littérature pour aborder le sens que les
étudiants accordent aux capacités mobiles des podcasts et la
manière dont ils s’approprient, ou non, cet outil. L’absence
d’usage semble, d’une part, liée aux dispositifs
pédagogiques mis en place par les enseignants qui ne prennent pas du tout
en compte les potentialités du mobile learning, pour différentes
raisons déjà mentionnées par Daguet et Wallet (Daguet et Wallet, 2012).
D’autre part, le mobile learning ne semble actuellement pas en
adéquation avec les pratiques d'apprentissage des étudiants qui
nécessitent un espace calme leur permettant de travailler sur un ensemble
de supports en même temps. De plus, les podcasts produits sont
décrits comme peu adaptés à des activités
d’apprentissage mobile : le support comme le contenu ne
s’avèrent pas adéquats. En outre, si le mobile learning ne
permet pas d’investir de nouveaux espace-temps pour l’apprentissage
académique, il est par contre particulièrement utilisé dans
le cadre d’activités d’apprentissage informel. Il
s’agit même d’une raison justifiant le recours à
l’apprentissage mobile : le mobile learning permet de combler les
« temps morts » de la mobilité par des formes
d’apprentissage plus flexibles, accessibles et porteuses de moins
d’enjeux que l’apprentissage formel.
De facto, derrière cette absence de mobilité apparente,
ces outils sont tout de même utilisés afin d’investir de
nouveaux lieux d’apprentissage, d’optimaliser l’ergonomie du
travail sédentaire ou d’introduire la mouvance
« BYOD » – bring your own device – dans
l’enseignement supérieur. En conclusion, interroger les pratiques
d’apprentissage liées aux outils mobiles nous amène surtout
à dresser les contours d’une nouvelle définition du mobile
learning dans laquelle l’utilisation d’outils mobiles
s’effectue principalement dans des situations
« d’apprentissage sédentaire ». Comme le
montrent nos résultats, le non-usage est rarement synonyme d’une
absence totale d’usage (Wyatt, 2010) ; (Rinaudo, 2012).
En termes de perspectives, nos résultats laissent entrevoir deux
nouvelles pistes pour des recherches futures : d'une part, il s’agirait de
comprendre pourquoi le mobile learning semble plus approprié pour
l'apprentissage informel. Thématique déjà
évoquée par d'autres auteurs (Kukulska-Hulme et Pettit, 2009),
certains de nos entretiens laissent ainsi penser que, si le podcasting en tant
qu'outil pédagogique fourni par l'enseignant est peu utilisé en
situation de mobilité, plusieurs étudiants déclarent
volontiers écouter des podcasts – produits par d'autres
universités, des émissions radio, etc. – afin d'enrichir
leur culture générale à propos de la matière d'un
cours et, ceci, en situation de mobilité. De futures recherches devraient
donc explorer plus en avant les liens entre apprentissage informel et mobile
learning. D'autre part, il s’agirait d’étudier pourquoi et
comment les étudiants utilisent les outils mobiles dans l'enseignement
universitaire. Si les étudiants n'utilisent pas leurs smartphones ou
leurs tablettes pour écouter ou regarder des podcasts, de nouvelles
recherches pourraient, de manière exploratoire, tenter de décrire
et de comprendre les utilisations des outils mobiles dans des activités
d'apprentissage.
Bibliographie
ABDOUS M., FACER B. R., YEN
C.-J. (2012). Academic effectiveness of podcasting: A comparative study of
integrated versus supplemental use of podcasting in second language classes, Computer & Education, Vol. 58 n°1, p.43-52.
ALEXANDER B. (2004). Going Nomadic: Mobile Learning in
Higher Education. Educause Review, Vol. 39 n°5, p. 28-35.
BACHY S., GARANT M., FRENAY M. (2008). Comprendre les niveaux
d’enseignement. Cas d’une enquête menée à
l’Université catholique de Louvain. Dans L. Mottier Lopez, Y.-E.
Dizerens, G. Marcoux et A. Perréard Vité (dir.), Actes du
20ème colloque de l’Association pour le développement des
méthodologies d’évaluation en éducation (ADMEE-Europe
2008). Entre la régulation des apprentissages et le pilotage des
systèmes: évaluations en tension. En ligne :
https://plone2.unige.ch/admee08
BARDIN L. (2007). L’analyse de contenu. Paris : Presses universitaires de France.
BELANGER Y. (2005). Duke University iPod first year
experience final evaluation report. En ligne :
http://cit.duke.edu/pdf/ipod_initiative_04_05.pdf.
BELL T., COCKBURN A., WINGKVIST A., GREEN R. (2007).
Podcasts as a supplement in tertiary education: an experiment with two Computer
Science courses. In D. Parsons, & H. Ryu (Eds.), Mobile learning
technologies and applications (MoLTA) 2007. Auckland : Massey
University.
BETRANCOURT M. (2007). L’ergonomie des TICE :
quelles recherches pour quels usages sur le terrain ? In Charlier, B. et
Peraya, D. (Eds). Regards croisés sur la recherche en technologie de
l’éducation (p. 77-89), De Boeck :
Bruxelles.
BOUTINET, J.-P. (1998). L’engagement des adultes en
formation et ses formes de légitimation. Education permanente,
N°136-3, p. 91-100.
BRACHET C. (2007). L’appropriation des podcasts
par les médias traditionnels : quels enjeux pour la production de
contenus médiatiques ? En ligne :
http://www.observatoire-omic.org/colloque-icic/pdf/brachet3_1.pdf
Brougère G., Bézille H. (2007). Des usages
de la notion d'informel dans le champ de l'éducation. Revue
Française de Pédagogie, n°158, p.117-160
CARON A.H., CARONIA L., WEISS-LAMBROU R. (2007). La
baladodiffusion en éducation : Mythes et réalités des
usages dans une culture mobile. Revue Internationale des Technologies en
Pédagogie Universitaire, Vol. 4 n°3, p.42-57.
CHAN A., LEE M.J.W. (2005) An MP3 a day keeps the worries
away: Exploring the use of podcasting to address preconceptions and alleviate
pre-class anxiety amongst undergraduate information technology students. In
D.H.R. Spennemann & L.Burr (eds.) Good Practice in Practice: Proceedings
of the Student Experience Conference, p. 58-70
CHESTER A., BUNTINE A., HAMMOND K., ATKINSON L. (2011).
Podcasting in education : Student attitues, behaviour and self-efficacy. Educational Technology & Society, Vol. 14 n°2, p. 236-247.
CLARK D., WALSH S. (2004). iPod-learning. Brighton, UK: Epic Group.
COPLEY J. (2007). Audio and video podcasts of lectures
for campus-based students: Production and evaluation of student use. Innovations in Education and Teaching International, Vol. 44 n°4, p.
387-399.
CORBEIL J, VALDEZ-CORBEIL, M. (2007). Are you ready for
mobile learning? Educause Quarterly, n°11, p. 51-58.
DAGUET, H., WALLET, J. (2012). Du bon usage du
« non-usage » des TICE. Recherches &
éducations. En ligne :
http://rechercheseducations.revues.org/958 (Consulté le 09
décembre 2013).
DEEGAN R., ROTHWELL P. (2010). A classification of
m-learning applications from a usability perspective. Journal of the Research
Center for Educational Technology, Vol. 6 n°1, p. 16-27.
EDIRISINGHA P., RIZZI C., NIE M., ROTHWELL L. (2007).
Podcasting to provide teaching and learning support for an undergraduate module
on English language and communication. Turkish Online Journal of Distance
Education, Vol. 8 n°3, p. 87–107.
EL-HUSSEIN M. O. M., CRONJE, J. C. (2010). Defining
Mobile Learning in the Higher Education Landscape. Educational Technology
& Society, Vol. 13 n°3, p. 12-21.
EVANS C. (2008). The effectiveness of m-learning in the
form of podcast revision lectures in higher education. Computers and
Education, Vol. 50 n°2, p. 491-498.
HEILEISEN S. (2010). What is the academic
efficacy of podcasting ? Computers & Education, Vol. 55 n°3, p.
1603-1068.
HERRINGTON A., HERRINGTON J. (2007) Authentic mobile
learning in higher education. Dans AARE 2007 International Educational
Research Conference, Fremantle, Western Australia. En ligne :
http://researchrepository.murdoch.edu.au/5413/1/authentic_mobile_learning.pdf
HEW K. F. (2009). Use of audio podcast in K-12 and higher
education: A review of research topics and methodologies. Education
Technology Research and Development, Vol. 57 n°3, p. 333-357.
KAY R. H. (2012). Exploring the use of video podcasts in
education : A comprehensive review of the literature, Computers in Human
Behavior, Vol. 28 n°3, p. 820-831.
KUKULSKA-HULME A., PETTIT J. (2009). Practioners as innovators : Emergent
practice in personal mobile teaching, learning, work and leisure. In M. Ally
(Ed.), Mobile Learning: transforming the delivery of education and training.
Issues in Distance Education,p. 135-155.
.
L’ÉCUYER, R. (1990). Méthodologie
de l’analyse développementale du contenu. Méthode GPS et
concept de soi. Sillery : Presses de l’Université du
Québec.
LEE M.J.W., CHAN A. (2007). Reducing the effects of
isolation and promoting inclusivity for distance learners through podcasting. Turkish Online Journal of Distance Education, Vol. 8 n°1, p.
85-104.
LEE M. J. W., CHAN A., MCLOUGHLIN C. (2006). Students as producers: Second
year students' experiences as podcasters of content for first year
undergraduates. Dabs Proceedings of the 7th IEEE Conference on Information
Technology Based Higher Education and Training, p. 832-841.
MARQUET, P. (2012). Les non-usages des TIC :
modélisations, explications, remédiations. Recherches
& éducations. En ligne ::
http://rechercheseducations.revues.org/932 (Consulté le 09
décembre 2013).
MCCOMBS S., LIU Y. (2007). The efficacy of podcasting
technology in instructional delivery. International Journal of Technology in
Teaching and Learning, Vol. 25 n°3, p. 123-134.
MCGARR O. (2009). A review of podcasting in higher
education : its influence on the traditional lecture. Australasian Journal of
Educational Technology, Vol. 25 n°3, p. 309-321.
MCKINNEY D., DYCK J.L., LUBER E.S. (2009). iTunes
University and the classroom : Can podcasts replace professors ? Computers
and Education, Vol. 52 n°3, p. 617-623.
MIAN BI SEHI A. (2012). L’apprentissage mobile en
formation initiale des enseignants à l’ENS d’Abidjan :
Mobile learning in teacher training at ENS Abidjan. frantice.net, 5. En
ligne : http://www.frantice.net/document.php?id=545
NATAATMADJA I., DYSON L.E. (2008). The Role of Podcasts
in Students’ Learning. International Journal of Interactive Mobile
Technologies. Vol. 2 n°3, p. 17-21.
O'BANNON B., LUBKE J., BEARD J., BRITT V. (2011). Using
podcasts to replace lecture: Effects on student achievement. Computers &
Education, Vol. 57 n°3, p. 1885-1892.
PAPI, C. (2012). Causes et motifs du non-usage de
ressources numériques. Recherches & éducations. En
ligne : http://rechercheseducations.revues.org/1074 (Consulté le 09
décembre 2013).
RABALLAND G. (2012). Le téléphone mobile
a-t-il créer une révolution en Afrique ? Etude, n°6, p
739-748. En ligne :
http://www.cairn.info/revue-etudes-2012-6-page-739.htm
RABARDEL, P. (1995). Les Hommes et les
technologies une approche cognitive des instruments contemporains. Paris : Université de Paris 8.
RINAUDO, J.-L. (2012). Approche subjective du
non-usage. Recherches & éducations. En ligne :
http://rechercheseducations.revues.org/1055 (Consulté le 09
décembre 2013).
ROLAND N. (2012). Intégrer le podcasting à
l’université : pourquoi ? Comment ? Pour quels résultats ?
Dans Bélair, L. (Ed.) Actes du 27e Congrès de
l’Association internationale de pédagogie universitaire (AIPU).
Trois-Rivières: Université du Québec à
Trois-Rivières, p. 301-308.
ROLAND, N., EMPLIT, P. (2013). Le “cours
enregistré” : quelle implication de l’enseignant? Quel
intérêt pour les étudiants? Actes
du 7èmeColloque Questions de Pédagogies
dans l’Enseignement Supérieur, Sherbrooke.
ROLAND, N., NAUYENS, V. (2013). Enseignement
transmissif, apprentissage actif : usages du podcasting par les
étudiants. Actes
du 7ème Colloque Questions de
Pédagogies dans l’Enseignement
Supérieur, Sherbrooke.
ROLAND, N., UYTTEBROUCK, E., DE LIEVRE, B., EMPLIT, P.
(2012). Podcasts de cours enregistrés : quels usages pour quels
résultats ? Dans Karsenti, T., Collin, S., & Dumouchel, G.
(dir.). Actes du Colloque scientifique international sur les TIC en
éducation : bilan, enjeux actuels et perspectives futures.
Montréal, QC : Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et
la profession enseignante, p. 233-241
ROSCHELLE J. (2003). Keynote paper: Unlocking the
learning value of wireless mobile devices. Journal of Computer Assited
Learning, Vol. 19 n°3, p. 260–272.
SCHUGURENSKY, D. (2007). « Vingt mille lieues
sous les mers » : les quatre défis de
l’apprentissage informel. Revue française de
pédagogie. En ligne : http://rfp.revues.org/583 (Consulté
le 09 décembre 2013).
SCUTTER S., STUPANS I., SAWYER T., KING S. (2010). How do
students use podcasts to support learning? Australasian Journal of
Educational Technology, Vol. 26 n°2, p. 180-191.
SHULER, C. (2009). Pockets of potential: Using mobile
technology to promote children’s learning. New York, NY: The Joan Ganz
Cooney Center at Sesame Workshop.
SIMONIAN, S., AUDRAN, J. (2012). Approche
anthropo-écologique du non-usage. Recherches &
éducations. En ligne : http://rechercheseducations.revues.org/1084
(Consulté le 09 décembre 2013).
SMITH A. (2010). Mobile access 2010. Washington
D.C. : Pew Research Center, Pew Internet & American Life Project.
STEVEN L., TEASLEY D. (2009). Podcasting in higher
education: What are the implications for teaching and learning? The Internet
and Higher Education, Vol. 12 n°2, p. 88-92.
STRICKLAND K., HILL G., GRAY C. (2012) The use of
podcasts to enhance research-teaching linkages in undergraduate nursing
students. Nurse Education in Practice, n°12, p. 210-214
TING Y. R. (2005). Mobile Learning: Current Trend and
future Challenges. Proceedings of the Fifth International Conference on
Advanced Learning Technologies. Los Alamitos : IEEE Computer Society
Press.
TODD W. Z. (2010). Viability, Advantages and Design
Methodologies of M-Learning Delivery. En ligne :
http://www.eric.ed.gov/PDFS/ED512091.pdf
TRAXLER J. (2007). Current state of mobile learning. International Review on Research in Open and Distance Learning, Vol. 8
n°2, p. 1–16.
TRAXLER J., KUKULSKA-HULME (2005). Mobile Learning in
Developing Countries. Commonwealth of Learning – Learning for
Development. En ligne :
http://www.col.org/resources/publications/trainingresources/knowledge/Pages/mobileLearnig.aspx
TRESTINI. M. (2012) Causes de non-usage des TICE à
l’Université : des changements ? Recherches &
éducations. En ligne : http://rechercheseducations.revues.org/935
(Consulté le 09 décembre 2013).
TRINDER J. (2005). Mobile Technologies and Systems. Dans
A. &. Kuklska-Hulme (Ed.), Mobile learning: A handbook for educators and
trainers. USA: Taylor & Francis.
VOGT M., SCHAFFER B., RIBAR A., CHAVEZ R. (2010). The impact of podcasting
on the learning and satisfaction of undergraduate nursing students. Nurse
Education in Practice, n°10, p. 38-42
WATKINS S. C. (2009). The young and the digital: What
the migration to social network sites, games, and anytime, anywhere media means
for our future. Boston, MA: Beacon Press.
WALLS S. M., WALKER J. D., ACEE T. W., KUCSERA J. V.,
& ROBINSON, D. H. (2010). Are they as ready and eager as we think they are?
Exploring student readiness and attitudes towards two forms of podcasting.
Computers & Education, Vol. 54 n° 2, p. 371–378.
WALTON G., CHILDS S., BLENKINSOPP E. (2005). Using mobile
technologies to give students access to learning resources in the UK community
setting. Health Information and Libraries Journal, n° 22, p.
51–65.
WELLER M., PEGLER C., MASON R. (2005). Use of innovative
technologies on an elearning course. Internet and Higher Education,
n°8, p. 61-71.
WINTERS N. (2006). What is mobile learning? In M.
Sharples (Ed.), Big issues in mobile learning: Report of a workshop by the
kaleidoscope network of excellence mobile learning initiative. University of
Nottingham.
WYATT, S. (2010). Les non-usagers de l’internet.
Axes de recherche passés et futurs. Questions de communication,
n° 18, p. 21-36.
A
propos de l’auteur
Titulaire d’un Master en Sciences de
l’Education, Nicolas ROLAND est actuellement chercheur au sein de la
recherche-action "ULB Podcast" au Centre des Technologies au service de
l'Enseignement de l'Université libre de Bruxelles. Dans ce projet, il
contribue au développement d'une infrastructure open source de
podcasting (EZcast), accompagne les enseignants sur les aspects
pédagogiques et technologiques liés à l'intégration
de l'outil dans leurs dispositifs pédagogiques et poursuit un travail
scientifique d'évaluation - quantitative et qualitative - impacts du
podcasting sur l'enseignement et l'apprentissage. Il est également
doctorant auprès du Service des Sciences de l'Education (Faculté
des Sciences psychologiques et de l'Education, Université libre de
Bruxelles) ; son travail porte sur l'étude de la construction de
dispositifs personnels d'apprentissage par les étudiants de
l'enseignement universitaire.
Adresse : Campus du Solbosch. 50, Avenue
F.D. Roosevelt CP160/26 1050 Bruxelles (Belgique)
Courriel : niroland@ulb.ac.be
Toile : http://www.niroland.be, http://podcast.ulb.ac.be
1 Le recours au mobile tel que
décrit par Herrington et Herrington (Herrington et Herrington, 2010) n’engendre pas nécessairement de l’apprentissage mobile au
sens d’El-Hussein et Cronje (El-Hussein et Cronje, 2010)
2 En janvier 2013, le slogan
publicitaire d’iTunes U, la plateforme de diffusion de contenus
pédagogique d’Apple était « Learn anything,
anywhere, anytime ».
3 Le lecteur
intéressé trouvera dans nos autres publications davantage
d’informations sur l’usage du podcast par les étudiants
universitaires (Roland, 2012) ; (Roland et al., 2012) ; (Roland et Nauyens, 2013) ; (Roland et Emplit, 2013)
|