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État des connaissances sur l’implantation du
tableau numérique interactif (TNI) à
l’école
Sonia LEFEBVRE, Ghislain SAMSON (Université du Québec à
Trois-Rivières)
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RÉSUMÉ : Ce
texte présente les résultats d’une recension des
écrits (2000-2012) entourant l’utilisation du tableau
numérique interactif (TNI) à l’école. Les articles
retenus proviennent de différentes revues scientifiques, essentiellement
anglo-saxonnes. Les synthèses réalisées ont permis de
mettre en exergue trois catégories de résultats, à savoir
les étapes à franchir pour implanter le TNI, les facteurs
influençant son implantation de même que les usages et impacts du
TNI sur l’enseignement. Les principaux résultats
révèlent que l’implantation n’est pas toujours
réussie et si elle l’est, des facteurs dont le temps, la formation
et l’accompagnement, la limitent.
MOTS CLÉS : tableau
numérique interactif, implantation, facteurs d’influence, recension
des écrits.
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ABSTRACT : This
paper provides the results of a litterature review (2000-2012) on the use of
interactive whiteboards in schools. The selected articles come from different,
mostly anglo-saxon, scientific journals. This summary has allowed to highlight
three categories of results; what steps need to be taken to implement the
interactive whiteboards, the factors that influence their implementation and how
the use of interactive whiteboards has impacted teaching. The main results show
that the implementation process isn't always successful and when it is, factors
like time, training and follow-up are limiting.
KEYWORDS : Interactive Whiteboard,
Implementing, Influencing Factors, Litterature Review.
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1. Introduction
Depuis les années
1990, les milieux scolaires vivent à l'heure des grands changements
technologiques qui ne sont pas sans avoir une incidence sur les pratiques des
enseignants1 (Drent et Meelissen, 2008).
Avec l'arrivée des technologies de l’information et de la
communication (TIC)2, il ne fait pas
de doute pour certains, dont (Laberge, 2004) et (Karsenti, 2004),
que les TIC induisent une transformation dans le rapport qu'entretiennent les
élèves et les enseignants avec le savoir. En fait, nombreuses sont
les observations en matière de transformation du rapport aux savoirs des
enseignants et des élèves avec les TIC, et plus récemment
avec le tableau numérique interactif
(TNI)3, tableau à partir duquel
l’usager peut déplacer les divers éléments
affichés avec un doigt ou à l’aide d’un stylet.
Le TNI occupe une place de plus en plus importante dans les classes à
travers le monde. En Angleterre par exemple, les classes utilisent une telle
technologie depuis plusieurs années (Becta, 2007).
Plus récemment, le TNI a fait son entrée en Turquie, en France,
aux États-Unis et au Canada, notamment.
Au Québec, le TNI est utilisé par un petit nombre
d’enseignants depuis quelques années et les instances
ministérielles en matière d’éducation visent
l’élargissement d’une pratique technologique
renouvelée à l’ensemble des enseignants. Avec la mesure
50670, rendue disponible entre 2007 à 2012, le ministère de
l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) du Québec offre
aux écoles de se procurer du matériel informatique en fonction de
leurs besoins. C’est donc dans le cadre de cette mesure que les TNI ont
vraisemblablement commencé à faire leur entrée dans les
classes québécoises et que des enseignants se sont mis à
exploiter l’outil. En février 2011, le gouvernement
québécois a accentué la présence du TNI en
annonçant l’octroi de sommes importantes (16,3 M$) permettant
d’implanter cet outil dans toutes les classes des écoles du
Québec.
S’il est de plus en plus présent dans les classes, le TNI
constitue néanmoins une innovation exploitée à
géométrie variable, pour laquelle peu de connaissances empiriques
sont disponibles sur son implantation et ses effets sur les pratiques des
enseignants, d’où la pertinence de ce texte. À ce jour, que
savons-nous de l’implantation du TNI à des fins
pédagogiques ? Au-delà des impacts possibles sur les
apprentissages des élèves, quels constats pouvons-nous tirer des
fruits de la recherche en ce qui a trait aux usages et à
l’incidence de l’utilisation de l’outil sur les pratiques des
enseignants ? C’est à ces questions que le présent
texte tente d’apporter des réponses.
Certaines études, dont celle de Somyürek, Atasoy et Özdemir (Somyürek et al., 2009),
indiquent que 51 % des enseignants manquent de compétences
relativement aux technologies pour être en mesure d'utiliser
adéquatement le TNI, et que 49 % d'entre eux ne savent pas comment
l'exploiter de façon pédagogique. Pourtant, une enquête
rapporte que 85 % des enseignants associent un impact positif sur le
développement des compétences et l’acquisition des
connaissances à l’utilisation du TNI et que 95,6 % constatent
une augmentation de la motivation des élèves. En outre, ils sont
près de 90 % à reconnaître l’incidence de
l’utilisation du TNI sur la qualité de leur enseignement (Toussaint, 2010).
À la lumière de ces premiers constats, le potentiel du TNI
semble prometteur. Cependant, les résultats empiriques concernant
l’impact du TNI sur les pratiques des enseignants demeurent encore
insuffisants (Al-Qirim, 2011) ; (Bennett et Lockyer, 2008) et tout un débat se joue actuellement autour de cette technologie (Gadbois et Haverstock, 2012).
Par conséquent, des recherches supplémentaires sont
nécessaires afin de comprendre l’incidence du TNI, notamment sur
les pratiques des enseignants (Bennett et Lockyer, 2008),
d’où l’importance de faire le point avec la recension de la
documentation qui suit.
Nous présentons ci-après le cadre conceptuel, suivi des choix
méthodologiques ainsi que des résultats obtenus. La discussion
résume les principaux résultats et suggère quelques pistes
de recherche à envisager.
2. Cadre conceptuel
Pour
entreprendre l’étude de l’implantation d’innovations en
éducation, comme le TNI, divers modèles peuvent être
utilisés. Parmi ceux-ci se trouvent le modèle de diffusion de
Rogers (Rogers, 1995),
le Technology Acceptance Model (TAM) de Davis (Davis, 1989) ainsi que le Concerns-Based Adoption Model (CBAM) de Hall et Hord (Hall et Hord, 2001).
Bien que le mérite de ces modèles repose, comme le souligne (Chalghoumi, 2005),
sur l’importance accordée aux acteurs du changement et sur leur
utilisation dans les travaux de recherche, des critiques peuvent aussi leur
être adressées. En effet, le modèle de Rogers (Rogers, 1995) est un évolutif à cinq phases qui semble se centrer plutôt
sur des innovations de type « produit » et qui tend à
proposer une vision limitée du processus de changement en misant
principalement sur la diffusion et l’adoption de l’innovation,
préférablement à la dimension
« implantation ». En outre, ce modèle tient compte
d’un nombre limité de variables en rapport avec l’innovation,
ignorant du coup des variables qui peuvent intervenir sur les perceptions de
l’individu comme les facteurs organisationnels ou sociaux (Savoie-Zajc, 1993).
Pour sa part, le TAM est un modèle qui s’attarde au processus
d’acceptation des technologies à partir des perceptions de
l’utilité et de la facilité d’utilisation des
technologies. Il néglige, cependant, un bon nombre de variables qui
affectent l’implantation des TIC en général ; il se
réduit à mesurer leur utilisation à partir de leur
fréquence d’utilisation et son utilité est remise en
question dans des contextes éducatifs. Pour expliquer cette faible
utilisation du TAM en éducation (Chalghoumi, 2005), (Wolski et Jackson, 1999) avancent qu’il n’est peut-être pas le modèle le plus
indiqué pour aborder l’acceptation des technologies par les
usagers. Une de ses faiblesses, croient-ils, est la non prise en compte
d’un large éventail de variables qui influencent
nécessairement les pratiques dans des contextes éducatifs comme
les besoins des élèves, le curriculum ou les conceptions de
l’enseignant. Le modèle semble ainsi réduire
l’utilisation des technologies à leur seule fréquence
d’utilisation.
Quant au modèle CBAM, même s’il n’a pas
été conçu spécifiquement pour les innovations
technologiques et qu’il prête peu attention aux résistances
et à la dynamique générée dans le milieu (Savoie-Zajc, 1993),
c’est celui qui apparaît le plus approprié pour rendre compte
de l’implantation du TNI à des fins pédagogiques, par
l’intérêt qu’il accorde aux préoccupations des
enseignants au regard de l’outil et aux utilisations qui en sont faites.
Plusieurs des recherches qui se penchent sur l’intégration des TIC
au processus d’enseignement et d’apprentissage recourent à ce
cadre. C’est le cas notamment de Lefebvre, Deaudelin et Loiselle, (Lefebvre et al., 2008),
et plus récemment de Ranjdoust, Talebi, Barqi et Mousavi, (Ranjoust et al., 2012),
puis de (Mushayikwa, 2013).
Enfin, dans un cadre éducatif, s’attarder aux préoccupations
et aux utilisations faites du TNI renseigne sur les pratiques des
enseignants.
2.1. Modèle CBAM « Concerns-Based Adoption
Model »
Le modèle, élaboré initialement en 1973 par Hall,
Wallace et Dossett (Hall et al., 1973),
puis repris par (Hall et Hord, 1987) ; (Hall et Hord, 2001),
permet de rendre compte du cheminement des individus dans leur processus
d’implantation d’une innovation. C’est principalement à
partir des préoccupations que des individus ont par rapport à une
innovation et à partir des utilisations qu’ils en font que les
auteurs arrivent à identifier sept stades ou niveaux à travers
lesquels ces individus cheminent dans un processus d’intégration
d’une innovation. Le modèle est appliqué ici à
l’innovation que représente le TNI.
Les préoccupations des enseignants concernent essentiellement la
façon dont ils se situent par rapport au TNI et la façon dont ils
le perçoivent. Ces préoccupations se modifieront au cours des sept
niveaux, allant ainsi de préoccupations centrées sur
l’enseignant lui-même à d’autres reliées au
développement de nouveautés dans les domaines technologique et
pédagogique. En ce qui a trait aux niveaux d’utilisations, ceux-ci
réfèrent principalement à ce que l’enseignant fait ou
ne fait pas avec le TNI. D’une non-utilisation du TNI, l’enseignant
chemine dans les niveaux, de l’adoption jusqu’à
l’adaptation de ce dernier. Le tableau 1 expose les niveaux de
préoccupations et d’utilisations tels qu’ils apparaissent
dans le modèle.
Préoccupations |
Utilisations |
Niveau 0 : Éveil |
Niveau 0 : Non-utilisation |
Niveau 1 : Information |
Niveau 1 : Orientation |
Niveau 2 : Personnel |
Niveau 2 : Formation initiale |
Niveau 3 : Gestion |
Niveau 3 : Automatismes |
Niveau 4 : Conséquence |
Niveau 4 : Indépendance |
Niveau 5 : Collaboration |
Niveau 5 : Intégration |
Niveau 6 : Réorientation |
Niveau 6 : Renouveau |
Tableau 1 • Niveaux de préoccupations et d’utilisations
d’une innovation
De façon précise, l’enseignant qui se situe à un
niveau de préoccupations 0 (Éveil) est celui qui ne sait pas que
le TNI existe. Le niveau 0 représente aussi la personne qui n’est
nullement intéressée par cet outil. Au « niveau 1
– Information », l’enseignant est conscient que le TNI
existe et il recherche de l’information sur ses caractéristiques.
Il s’interroge, exprime ses sentiments et ses intérêts. Au
« niveau 2 – Personnel », l’enseignant cherche
à savoir comment le TNI va l’affecter dans sa pratique. Il
s’interroge sur le rôle qu’il aura à jouer en
intégrant le TNI à sa pratique et sur les compétences
exigées pour l’utiliser. Les préoccupations relatives
à un questionnement issu des premières explorations du TNI sont
regroupées sous le « niveau 3 – Gestion ». Ici,
l’enseignant exprime son manque d’habiletés à tenir
compte des aspects organisationnels que nécessite
l’intégration du TNI conséquemment à de premiers
essais. Il recherche de l’information, entre autres, sur les ressources
disponibles à privilégier. Le « niveau 4 –
Conséquences » témoigne, quant à lui, de
préoccupations liées aux diverses répercussions du TNI.
L’enseignant qui se situe à ce niveau exprime le besoin de
s’assurer que tout est en place pour fonctionner de façon efficace.
Il recherche une confirmation que l’utilisation qu’il fait du TNI
est pertinente et efficace. Au « niveau 5 –
Collaboration », l’enseignant exprime le désir de
connaître ce qui se fait avec le TNI dans d’autres classes de
l’école ou dans d’autres écoles. Il manifeste le
désir de partager son expérience avec d’autres et
s’interroge sur les possibilités de collaborer avec des
collègues de façon à permettre une utilisation maximale du
TNI. Finalement, au dernier niveau, soit le « niveau 6 –
Réorientation », l’enseignant exprime le désir
d’adapter l’usage qu’il fait de l’outil afin
d’intégrer les dernières nouveautés dans le domaine
comme la tablette tactile ou les télévoteurs. En ce sens, il
souhaite acquérir de nouvelles données et développer des
habiletés qui lui permettront de maintenir son expertise à jour.
Il veut demeurer ouvert à de nouvelles idées, à de nouveaux
buts ou moyens qui contribueront à ce qu’il obtienne de meilleurs
résultats.
Parallèlement à ces niveaux de préoccupations, des
niveaux d’utilisations du TNI sont proposés. Le tableau 1 met ainsi
en évidence les utilisations qui sont faites de l’innovation en
cours d’implantation. Au regard du tableau numérique interactif,
aucune utilisation de l’outil n’est faite par l’enseignant au
niveau 0 « Non-utilisation ». Celui qui se situe au niveau 1
« Orientation » se trouve dans une démarche où
il recherche de l’information au sujet du TNI, où il analyse cette
information et prend une décision éclairée de
l’utiliser ou non. Tout comme pour le niveau précédent,
l’enseignant qui se situe au niveau 1 ne recourt pas encore au TNI. Au
niveau 2 « Formation initiale », l’enseignant
s’engage dans une démarche de formation sur la logistique et
l’utilisation de l’outil. Au terme de sa formation, il connaît
notamment les éléments qui le composent, ses principales
caractéristiques de même que ses exigences, mais ne l’utilise
toujours pas. L’enseignant se lance dans de premiers essais au niveau 3
« Automatismes ». À ce niveau, il est engagé
dans une démarche qui montre qu’il contrôle bien les aspects
techniques du TNI. Toutefois, les actions accomplies par l’enseignant
dénotent un manque d’habiletés à planifier et un
manque d’efficacité dans ses utilisations. Au niveau 4
« Indépendance », ce que fait l’enseignant avec
l’outil démontre une bonne maîtrise technique. La
connaissance qu’il a de l’impact de l’utilisation du TNI
transparaît aussi dans la façon dont il l’utilise ; il
explore et expérimente différentes ressources et fonctions. Au
niveau 5 « Intégration », l’enseignant
recherche de l’information auprès de ses collègues sur ce
qu’ils font avec le TNI et développe des projets afin de coordonner
ses efforts avec les leurs. Il expérimente ainsi des projets en fonction
de la collaboration qu’il obtient des collègues. Finalement, au
niveau 6 « Renouveau », l’enseignant revoit la
façon dont il exploite le TNI afin d’en accroître les effets.
Il identifie donc de nouveaux buts, des façons novatrices de faire, bref
des nouveautés dans les domaines technologique et pédagogique.
La recension des écrits permet de documenter davantage ce processus
d’implantation du TNI en précisant des éléments qui
témoignent de préoccupations des enseignants à chacun des
niveaux du modèle ainsi que d’usages et d’impacts de ces
usages.
3. Choix méthodologiques
La recension des écrits a été
réalisée au cours de l’été 2012. La
sélection des textes retenus a été faite suivant une
méthodologie de travail comprenant différentes étapes. Les
premières étapes ont consisté en l’identification de
descripteurs et de la stratégie de recension. Ensuite, afin de
repérer les écrits les plus pertinents, des critères de
sélection ont été déterminés. Enfin, les
écrits retenus ont été lus, puis résumés.
3.1. Identification des descripteurs
Le tableau 2 présente les trois principaux concepts retenus ainsi que
les descripteurs les plus pertinents pour cette recension des écrits.
Bien que ce texte ne porte pas sur les impacts du TNI sur l’apprentissage
des élèves, le concept a été pris en compte lors de
la recension. La stratégie de recension mise en place est ensuite
abordée.
Descripteurs |
TNI |
Interactive Whiteboard*, Whiteboard*, IWB Environment, Tableau* Blanc*
Interactif*, Tableau* Interactif*, Tableau* Numérique* |
Apprentissage des élèves |
Student* Motivation, Learning Process*, Student Attitud*, Student Surveys,
Learner Engagement |
Pratiques des enseignants |
Teach* Method*, Intruction* Effectiveness |
Tableau 2 • Descripteurs utilisés pour
la recension des écrits
3.2. Stratégie de recension
Pour repérer les documents à analyser, la stratégie mise
en place a consisté en une recherche informatisée dans
différentes banques de données. Outre FRANCIS, REPÈRE et
Érudit, nous avons ajouté les bases de données
suivantes : ERIC, CAIRN, Persée, SCOPUS, Web of Science, Proquest
Dissertation and Thesis et SUDOC pour les années 2000 à 2012. Les
deux premières banques de données regroupent des écrits
francophones, alors que les autres sont majoritairement anglophones et touchent
essentiellement les domaines de l’éducation et des sciences
humaines et sociales.
3.3. Critères de sélection
Ce sont 256 écrits qui ont été recensés à
partir des descripteurs retenus. Afin de bien circonscrire ceux à
sélectionner, des critères d’inclusion ont été
établis. Le premier critère portait sur la période à
couvrir ; les écrits recensés devaient avoir
été publiés entre 2000 et 2012. Le deuxième
critère reposait sur la valeur scientifique de
l’écrit ; les revues dotées d’un comité de
lecture (peer review) ont été ciblées. Les
références obtenues ont été organisées selon
diverses catégories précisées dans le tableau 3. À
noter qu’une même référence, un même article
peut apparaître dans plus d’une catégorie.
Catégories |
Nombre d’articles |
Remarques |
Enseignement / enseignants / |
132 |
Impacts du TNI sur l’enseignement |
Apprentissage / étudiants |
99 |
Impacts du TNI sur l’apprentissage |
Guides |
21 |
Trucs pour la mise en œuvre du TNI |
Enseignement
supérieur |
11 |
Usages du TNI en enseignement
supérieur |
EHDAA4 |
6 |
Intégration du TNI en adaptation
scolaire |
Incontournables |
5 |
Rapports et livres de références |
Méthodologie |
2 |
Élaboration d’approches pour évaluer l’impact du
TNI |
Tableau 3 • Catégorisation des
références
3.4. Procédure pour l’analyse des articles
Tous les textes (sept catégories) dont la problématique et les
résultats concernent l’implantation du TNI au primaire et au
secondaire ont été sélectionnés (132). Parmi les
textes pertinents, 42 ont été retenus en raison de leur pertinence
en lien avec les thématiques abordées dans le présent
texte. Une lecture approfondie a été réalisée par
trois assistants de recherche afin de dégager les principales
caractéristiques des pratiques enseignantes. La recension n’a pas
été orientée du côté des élèves,
car l’exercice a déjà été fait ;
l’article de (Digregorio et Sobel-Lojeski, 2009-2010) en présente
d’ailleurs les résultats.
Pour chaque article, étaient précisés à travers
une grille d’analyse, le ou les auteurs, l’objet de la recherche,
les fondements théoriques, les choix méthodologiques, les
principaux résultats, les constats ou pistes de recherche ainsi que le
pays où s’est déroulée l’étude. Une
certaine saturation des données a été notée
après la lecture des 42 textes retenus.
4. Résultats
Objet |
Références |
Références |
Références |
Implantation du TNI |
(Beauchamp, 2004)
(Cutrim-Schmid, 2008)
(Gadbois et Haverstock, 2012) |
(Glover et Miller, 2001)
(Lewin et al., 2008) |
(Mohon, 2008)
(Serow et Callingham, 2011) |
Facteurs qui influencent l’implanta-tion du TNI |
(Al-Qirim, 2011)
(Armstrong et al., 2005)
(Bal et al., 2010)
(Bennett et Lockyer, 2008)
(Beth, 2008)
(Cutrim-Schmid, 2008)
(Divaharan et Koh, 2010)
(Duan, 2010)
(Gadbois et Haverstock, 2012)
(Glover et Miller, 2001) |
(Glover et al., 2003)
(Glover et Miller, 2009)
(Guidry, 2011)
(Hammond et al., 2011)
(Lai, 2010)
(Lee, 2010)
(Lewin et al., 2008)
(Mathews-Aydinli et Elaziz, 2010)
(Miller et Glover, 2002) |
(Moss et al., 2007)
(Skutil et Maněnova, 2012)
(Slay et al., 2008)
(Somyürek et al., 2009)
(Sundberg et al., 2011)
(Warwick et al., 2011)
(Winzenried et al., 2010) |
Incidences et usages du TNI |
(Al-Qirim, 2011)
(Bennett et Lockyer, 2008)
(Beth, 2008)
(Cutrim-Schmid, 2008)
(Divaharan et Koh, 2010)
(Fernández-Cárdenas et Sylvera-De La Garza, 2010)
(Gadbois et Haverstock, 2012)
(Gillen et al., 2007)
(Glover et Miller, 2001)
(Glover et al., 2003)
(Hammond et al., 2011) |
(Hammond et al., 2011)
(Hodge et Anderson, 2007)
(Jewitt et al., 2007)
(Lewin et al., 2008)
(Lutz, 2010)
(Mathews-Aydinli et Elaziz, 2010)
Mercer et al., 2010)
(Miller et Glover, 2002)
(Mohon, 2008)
(Moss et al., 2007) |
(Rivers, 2009)
(Schmid, 2010)
(Skutil et Maněnova, 2012)
Smith et al., 2006)
(Sundberg et al., 2011)
(Türel, 2010)
(Warwick et Kershner, 2008)
(Winzenried et al., 2010) |
Tableau 4 • Catégories de
résultats et auteurs associés
Les synthèses réalisées ont permis de mettre en exergue
trois grandes catégories de résultats : 1-
l’implantation du TNI, 2- les facteurs qui influencent
l’implantation du TNI, et 3- les incidences et usages du TNI sur
l’enseignement. Le tableau 4 expose ces catégories et les auteurs
qui y sont associés. Pour des raisons d’espace, les
références sont distribuées en trois colonnes tout en
respectant l’ordre alphabétique des auteurs. Par la suite, chacune
des catégories de résultats est explicitée plus longuement.
La section se termine par une présentation des résultats en
fonction des divers niveaux d’implantation tels que
présentés dans le modèle CBAM.
4.1. Implantation du TNI
Quand il est question d’étapes à franchir pour implanter
le TNI dans sa classe, les écrits demeurent imprécis. Certains
proposent un parcours ponctué de deux ou trois étapes, alors que
d’autres en détaillent jusqu’à cinq. Mohon (Mohon, 2008) suggère, pour sa part, que les changements dans le style
pédagogique des différents stades sont tributaires, notamment, du
développement professionnel des enseignants et de l'évolution de
leurs croyances sur l'apprentissage.
De façon générale, (Lewin et al., 2008) observent que l'adoption du TNI dans les écoles a été
rapide en raison de l’enthousiasme des enseignants et de la
disponibilité de la technologie dans leur salle de classe au moment
où ils souhaitaient l’exploiter. Une augmentation des
compétences technologiques des enseignants est notée, et ce, sur
une période de deux ans. Plutôt que d’adopter
précocement l’innovation technologique, à la suite des
formations soutenues par les autorités, les enseignants ont tendance
à partager des idées de pratiques avec des collègues.
Néanmoins, certains travaux détaillent les étapes
à franchir pour une implantation réussie. Pour (Glover et Miller, 2001),
il y aurait en premier lieu l’étape où l’enseignant ne
se sent pas efficace ou compétent dans les utilisations qu’il fait
du TNI. En effet, il voit le TNI comme un outil intéressant, mais non
comme quelque chose pouvant soutenir une nouvelle approche et favoriser
l’apprentissage. Il semble toutefois important pour l’enseignant qui
en est à ses débuts de montrer ce qu’il est capable de faire
avec le TNI (Cutrim-Schmid, 2008).
En second lieu viendrait l’étape de bonification de
l’enseignement, c'est-à-dire l’adaptation de
l’enseignement aux différents styles d’apprentissage des
élèves ainsi qu’aux intelligences multiples (Glover et Miller, 2001).
De leur côté, (Serow et Callingham, 2011) identifient trois phases pour s’approprier le TNI. La première en
est une de transition entre le tableau traditionnel (tableau noir, vert ou
blanc) et le TNI. L’enseignant exploite des fonctions avancées du
TNI susceptibles de faciliter la compréhension des élèves
à la deuxième phase. À la troisième, il utilise
davantage de fonctions intégrées dans le logiciel du TNI (Activ
Inspire ou Notebook, par exemple) et intègre diverses
ressources telles que des tablettes électroniques, principalement dans le
cadre du travail en équipe. Gadbois et Haverstock (Gadbois et Haverstock, 2012),
en s’appuyant sur les travaux de (Burden, 2002),
abondent avec l’idée qu’il y aurait aussi trois phases ou
niveaux d’utilisation du TNI : de base, intermédiaire et
avancé.
Enfin, la synthèse de nos lectures révèle un cheminement
à cinq stades dans l’appropriation du TNI au sein desquels les
usages et pratiques évoluent (Beauchamp, 2004).
Tout comme pour (Serow et Callingham, 2011),
le premier stade en serait un de substitution au tableau noir. Viennent ensuite
les stades centrés sur l’enseignant comme usager apprenant, usager
initié, usager avancé et usager qui exploite le TNI pour
co-construire des scénarios d’apprentissage où les
élèves et l’enseignant collaborent à l’atteinte
des objectifs d’apprentissage.
La deuxième catégorie mise en lumière dans le cadre de
notre recension des écrits concerne les facteurs qui influencent
l’implantation du TNI à des fins pédagogiques. À cet
effet, le tableau qui suit expose d’une part les facteurs qui contribuent
à l’implantation du TNI, et d’autre part les facteurs qui la
gênent.
Facteurs qui contribuent |
Facteurs qui gênent |
- L’enseignant |
- L’enseignant |
- L’accès au TNI et à des ressources |
- Le manque de connaissances et d’habiletés technologiques et
pédagogiques |
- Le développement professionnel |
- Le manque de formation, de soutien et de matériel |
- Le soutien à offrir |
- Les problèmes techniques |
- Le temps |
- Le temps |
- La direction de l’établissement |
- La direction de l’établissement |
Tableau 5 • Facteurs qui influencent
l’implantation du TNI
Dans les prochains paragraphes, nous reprenons les principaux facteurs
retenus qui contribuent et gênent l’implantation du TNI. Ces
facteurs sont parfois de nature humaine, parfois au niveau des conditions
entourant la pratique des enseignants. Précisons que selon les auteurs et
l’angle des recherches, un même facteur peut à la fois
contribuer et gêner l’implantation du TNI.
4.2.1. Facteurs qui contribuent à l’implantation du TNI
À la lumière du tableau 5, six facteurs contribuent
principalement à l’implantation du TNI : l’enseignant,
l’accès au TNI et à des ressources, le développement
professionnel, le soutien à offrir, le temps de même que la
direction de l’établissement.
4.2.1.1. L’enseignant
L’enseignant lui-même joue un rôle déterminant dans
la façon dont le TNI sera utilisé (Bennett et Lockyer, 2008) ; (Duan, 2010). En
effet, plusieurs ont de la difficulté à accepter le TNI et se
méfient de cette technologie (Lee, 2010). Ceux
ayant recours au TNI sur une base régulière ont plus de
facilité à développer des habiletés pour
l’exploiter (Glover et Miller, 2001).
L’engagement de l’enseignant (Guidry, 2011) ; (Sundberg at al., 2011),
son attitude (Glover et Miller, 2001) de même que son expérience professionnelle en enseignement ont
également un effet sur les utilisations qui seront faites des TIC et plus
spécifiquement du TNI (Bal et al., 2010).
Il apparaît que le fait d’être soutenu dans son apprentissage
du TNI génère un enthousiasme à apprendre et à
vouloir l’intégrer dans son enseignement (Glover et Miller, 2001).
Les choix de l’enseignant ainsi que ses conceptions pédagogiques au
regard de l’enseignement (et de l’apprentissage) sont des facteurs
déterminants des usages qui seront faits et de l’expérience
d’apprentissage des élèves (Cutrim-Schmid, 2008).
Un changement pédagogique chez l’enseignant semble une condition
essentielle pour que les TIC et le TNI transforment les façons de
favoriser l’apprentissage (Miller et Glover, 2002).
Comme la transformation de la pédagogie demeure un projet à long
terme, toute discussion entourant l’utilisation du TNI est davantage
susceptible d’être efficace si l’enseignant est soutenu dans
l’exploration de sa propre pratique pédagogique exploitant le TNI (Moss et al., 2007).
Dans ce contexte, il apparaît important de développer une
compréhension de ce qu’est un enseignement
interactif5, de développer des
habiletés à concevoir des activités
d'enseignement/apprentissage qui exploitent le TNI et de voir à choisir
les meilleures méthodes pédagogiques pour soutenir
l’utilisation de l’outil (Duan, 2010). En
outre, croire que les TIC en général, et plus
spécifiquement le TNI, génèrent des impacts positifs sur
l’apprentissage (Hammond et al., 2011) contribue à un certain changement pédagogique. Enfin, (Lewin et al., 2008) estiment que les enseignants n'ont pas nécessairement à
développer des niveaux élevés d'expertise technique pour
arriver à transformer leurs pratiques pédagogiques.
4.2.1.2. L’accès au TNI et à des ressources
L’accessibilité au TNI, tant pour les enseignants en exercice (Sundberg et al., 2011) que pour les futurs enseignants, contribue à l’implantation du TNI (Hammond et al., 2011).
Les enseignants ayant recours au TNI sur une base régulière ont
plus de facilité à développer des habiletés (Glover et Miller, 2001) ; (Mathews-Aydinli et Elaziz, 2010).
La disponibilité du TNI en classe représente un autre de ces
facteurs favorisant l’implantation du TNI. L’accessibilité
n’est pas tout, encore faut-il que le matériel soit de
qualité (Lee, 2010).
4.2.1.3. Le développement professionnel
Pour assurer le développement professionnel d’enseignants qui
veulent intégrer le TNI à leurs pratiques (Guidry, 2011),
il faut une connaissance des ressources disponibles pour le TNI (Al-Qirim, 2011) ; (Glover et Miller, 2009) de même qu’une connaissance technique (Armstrong et al., 2005) ; (Beth, 2008) ; (Glover et Miller, 2009) ; (Lai, 2010) qui va
au-delà de la maîtrise du clavier (Al-Qirim, 2011).
La formation se doit d’être
technopédagogique6 (Sundberg et al., 2011) et individualisée (Glover et Miller, 2001),
car la technologie à elle seule ne peut arriver à améliorer
l’enseignement et l’apprentissage (Lai, 2010). Il y a
un besoin continuel pour les enseignants de manipuler l’outil (Al-Qirim, 2011) et d’explorer le TNI en collaboration avec des pairs qui enseignent la
même discipline qu’eux (Glover et Miller, 2001).
Pour (Moss et al., 2007),
des discussions sur les points forts et les faiblesses des différentes
façons d’utiliser le TNI devraient être mises à
l’avant-plan. Les enseignants devraient également pouvoir
expérimenter l’outil (Al-Qirim, 2011).
Malgré cela, des utilisateurs sont d’avis qu’ils ne
reçoivent pas une formation adéquate sur l’outil dans leur
école (Beth, 2008).
4.2.1.4. Le soutien à offrir
Un soutien continu est nécessaire pour amener les enseignants à
utiliser convenablement le TNI (Glover et Miller, 2001) ; (Lee, 2010) et pour
les soutenir dans le choix des ressources (Armstrong et al., 2005).
Le soutien peut provenir d’un collègue (Winzenried et al., 2010),
d’un pair plus expérimenté (Lai, 2010) ; (Warwick et al., 2011) ou d’un collègue qui enseigne la même discipline (Glover et Miller, 2001).
Cela donne l’impression « de ne pas être seul » (Winzenried et al., 2010).
En effet, selon ces derniers auteurs, l’aide des pairs
s’avère précieuse pour résoudre des problèmes
techniques. La collaboration entre les enseignants semble essentielle dans le
développement de matériel (Miller et Glover, 2002),
le partage de ressources, d’idées d’utilisation,
d’astuces en lien avec l’outil (Winzenried et al., 2010),
de stratégies d'enseignement et d’expériences (Lai, 2010). (Hammond et al., 2011) ajoutent qu’un soutien pédagogique supplémentaire doit
être accordé aux futurs enseignants. En effet, prévoir du
personnel d’encadrement et du temps supplémentaire
régulièrement constitue des conditions à déployer
pour répondre aux besoins de formation des enseignants (Glover et Miller, 2001).
4.2.1.5. Le temps
Le temps apparaît dans plusieurs recherches comme un facteur à
ne pas négliger (Glover et Miller, 2001) ; (Slay et al., 2008) pour devenir confiant et compétent avec le TNI (Lee, 2010).
À travers les articles analysés, les avantages liés au
temps s’expriment de différentes façons, mais celui-ci est
surtout perçu comme un problème ou un facteur gênant. Nous y
reviendrons plus loin.
4.2.1.6. La direction de l’établissement
La direction de l’école (Glover et Miller, 2001) ; (Lai, 2010) ; (Lee, 2010),
particulièrement si l’intégration du TNI se fait selon une
approche qui mobilise toute l’école (Sundberg et al., 2011),
joue un rôle dans l’implantation du TNI en mettant en place un
espace d’apprentissage pour les enseignants afin qu’ils partagent
leurs connaissances et leurs expériences (Lai, 2010).
4.2.2. Facteurs qui gênent l’implantation du TNI
Le tableau 5, rappelons-le, met également en évidence six
facteurs, les plus relevés dans la documentation consultée, qui
gênent l’implantation du TNI : l’enseignant, son manque
de connaissances et d’habiletés technologiques et
pédagogiques, le manque de formation, de soutien et de matériel,
les problèmes techniques, le temps, ainsi que la direction de
l’établissement.
4.2.2.1. L’enseignant
Certains enseignants éprouvent de la difficulté à
intégrer et à gérer d’autres médias en
même temps que le TNI (Miller et Glover, 2002) tels des logiciels de bureautique qui limitent l’interactivité,
comparativement à des ressources multimodales qui permettent une
utilisation plus spontanée (Miller et Glover, 2002).
D’autres croient que le changement va trop vite et qu’il est dans ce
contexte difficile de garder un niveau de compétences actuel (Al-Qirim, 2011).
Le faible sentiment d'autoefficacité de l’enseignant (Hammond et al., 2011),
son manque de confiance vis-à-vis du changement de méthodes
d'enseignement (Glover et Miller, 2001) et son incertitude quant à l'effet que peut avoir l’utilisation du
TNI (Hammond et al., 2011) sont d’autres facteurs qui rendent plus difficile son implantation en
classe.
4.2.2.2. Le manque de connaissances et d’habiletés
technologiques et pédagogiques
Détenir des connaissances et des habiletés au niveau des TIC ne
mène pas nécessairement à une utilisation plus
poussée du TNI (Al-Qirim, 2011).
Cependant, un manque d’habiletés technologiques (Miller et Glover, 2002) ; (Somyürek et al., 2009) ou de compétences pédagogiques sur la façon
d’intégrer le TNI en classe rend plus difficile son implantation (Al-Qirim, 2011) ; (Somyürek et al., 2009).
4.2.2.3. Le manque de formation, de soutien et de matériel
Le peu de formation continue, technique et pédagogique en lien avec le
TNI (Al-Qirim, 2011) ; (Glover et Miller, 2001) ; (Mathews-Aydinli et Elaziz, 2010) de même que le manque de soutien technique pour régler les
problèmes lorsqu’ils se présentent et assurer la
maintenance, influencent négativement l’exploitation du TNI (Al-Qirim, 2011).
La formation devrait aborder les dimensions liées à
l’engagement cognitif suscité par une utilisation de ressources
multimodales comme les hyperliens (Al-Qirim, 2011).
L’absence de matériel numérique disponible pour
l’enseignant (Al-Qirim, 2011) ; (Somyürek et al., 2009) ou l’accès restreint à du matériel
complémentaire comme des tablettes tactiles ou des ordinateurs portables (Hammond et al., 2011) sont aussi des facteurs mis en évidence dans notre recension.
4.2.2.4. Les problèmes techniques
Les problèmes techniques (Al-Qirim, 2011) ; (Glover et al., 2003) ; (Skutil et Maněnova, 2012) de même que les difficultés techniques à
récupérer des données annotées par les
élèves (Glover et Miller, 2001) constituent un frein à l’implantation du TNI.
4.2.2.5. Le temps
Intégrer le TNI demande du temps (Cutrim-Schmid, 2008) ; (Divaharan et Koh, 2010) ; (Gadbois et Haverstock, 2012) ; (Skutil et Maněnova, 2012) ; (Sundberg et al., 2011) et de l’énergie, notamment dans la préparation du
matériel (Cutrim-Schmid, 2008) ; (Glover et Miller, 2001) ; (Miller et Glover, 2002).
Les enseignants réclament plus de temps en classe pour explorer les
différentes fonctionnalités du TNI (Al-Qirim, 2011).
4.2.2.6. La direction de l’établissement
Les préoccupations administratives comme l’absence d’un
plan d’action en ce qui a trait à l’utilisation du TNI, le
peu d’initiatives de certaines directions pour encourager
l’utilisation du TNI (par exemple le partage de matériel entre
enseignants, l’installation des appareils dans les classe) (Al-Qirim, 2011) ou la formation à l’outil (Al-Qirim, 2011) ; (Somyürek et al., 2009) constituent des facteurs qui freinent l’exploitation des TIC, dont le TNI,
par les enseignants. En outre, ne pas être en mesure de reconnaître
le potentiel des TIC et du TNI (Glover et Miller, 2001) constitue un obstacle à l’implantation du TNI à des fins
pédagogiques.
4.3. Usages du TNI et incidences sur l’enseignement
La dernière catégorie de résultats concerne les usages
et incidences du TNI répertoriés dans la recension
réalisée. Pour des raisons d’espace, cette liste n’est
pas exhaustive, mais présente l’essentiel, comme le montre le
tableau 6.
Usages |
Incidences |
- Intégration des TIC aux matières de base en fonction de
l’enseignant |
- Sur la compréhension des élèves |
- Utilisations à des fins de présentation, annotation de
documents, visualisation d’objets ou concepts abstraits |
- Réponse aux besoins des élèves |
- Utilisations de ressources existantes ; peu d’enseignants
développent du matériel exploitant le TNI |
- Sur les interactions enseignant-élèves |
- Recours à des ressources multimédias |
- Sur l’enseignement |
- Sauvegarde des documents produits |
|
Tableau 6 • Facteurs qui influencent
l’implantation du TNI
4.3.1. Quelques résultats sur les usages
Tout d’abord, pour (Moss et al., 2007),
l’intégration massive des TNI dans les classes a augmenté le
potentiel d’utilisation des outils technologiques pour les matières
de base (généralement la langue d’enseignement et les
mathématiques) au secondaire. Leur utilisation varie en fonction de
l’enseignant et des disciplines d’enseignement. Bien que la
nouveauté engendrée par la venue du TNI ait été un
tremplin vers une motivation accrue des élèves d’une part et
des enseignants d’autre part, il semble que cet effet soit de courte
durée.
De façon générale, les enseignants auraient tendance
à utiliser les tableaux blancs interactifs principalement à des
fins de présentation (Divaharan et Koh, 2010) ; (Skutil et Maněnova, 2012) ; (Winzenried et al., 2010) ou pour la prise de notes (Al-Qirim, 2011),
et non pour mettre en place des activités d'apprentissage interactives (Beth, 2008). En
effet, les usages qui sont faits du TNI consisteraient surtout en
l’annotation et la mise en évidence d’éléments
de contenus importants, la création de dessins, de notes de même
qu’à cacher et révéler des objets ou les faire
glisser (Sundberg et al., 2011) ; (Türel, 2010).
La création de réseaux sémantiques (Divaharan et Koh, 2010) et de cartes conceptuelles (Türel, 2010) se trouve également facilitée par l’utilisation du TNI. Dans
l'enseignement des mathématiques ou des sciences par exemple, la raison
principale de l'utilisation du TNI concerne la visualisation des objets ou
concepts jugés abstraits, alors que pour l’enseignement des
langues, c’est davantage la possibilité d’écouter des
textes originaux pour s’approprier une prononciation correcte qui est
favorisée (Skutil et Maněnova, 2012).
Au secondaire, les enseignants de mathématiques, de sciences,
d’anglais et de sciences sociales utilisent le TNI la plupart du temps,
alors que les enseignants des sciences sociales l'utilisent rarement à
des fins autres que pour la projection de documents et la présentation de
vidéos (Winzenried et al., 2010).
Les enseignants ne semblent pas motivés à aller au-delà
de ces utilisations jugées de base et limitées (Cutrim-Schmid, 2008),
car le recours au TNI n’enrichit pas le contenu (Al-Qirim, 2011).
Aussi, comme le relèvent (Jewitt et al., 2007),
certains textes conçus pour une utilisation avec le TNI sont de type
traditionnel, exactement comme ceux des manuels scolaires. Dans ce cadre et si
le TNI est utilisé comme un tableau traditionnel, son utilisation aurait
alors peu d'effets sur l'apprentissage des élèves (Lewin et al., 2008).
Par ailleurs, il apparaît que peu d’enseignants
développent du matériel qui exploite le TNI ; ils font
surtout appel aux ressources existantes disponibles sur
Internet7 (Sundberg et al., 2011).
Le TNI offre, en effet, la possibilité de recourir à de nombreuses
ressources provenant d'animations, de vidéos et de logiciels, dont
Internet, YouTube, PowerPoint ou Word (Bennett et Lockyer, 2008) ; (Fernández-Cárdenas et Sylvera-De La Garza, 2010) ; (Miller et Glover, 2002) ; (Rivers, 2009) ; (Türel, 2010) ; (Winzenried et al., 2010).
Contrairement aux représentations opaques et statiques liées au
tableau traditionnel, les contenus numériques sont ainsi plus dynamiques,
ce qui permet de simuler des activités complexes de la vie quotidienne (Fernández-Cárdenas et Sylvera-De La Garza, 2010).
Outre le dynamisme, les présentations sur TNI seraient plus
« malléables » qu’avec toute autre technologie (Gillen et al., 2007),
par exemple le rétroprojecteur ou le traditionnel tableau noir. Pour
d’autres encore, le TNI représente un outil efficace pour sauver du
temps dans la préparation et la gestion des activités
d’enseignement-apprentissage (Al-Qirim, 2011) ; (Winzenried et al., 2010).
Une caractéristique appréciée du TNI concerne la
possibilité de sauvegarder les documents produits pendant la leçon
en vue de les récupérer ultérieurement (Al-Qirim, 2011) ; (Bennett et Lockyer, 2008) ; (Gadbois et Haverstock, 2012) ; (Mathews-Aydinli et Elaziz, 2010) ; (Miller et Glover, 2002) ; (Mohon, 2008) ; (Türel, 2010).
Cela permet de revenir sur une leçon ou d’accompagner un
élève absent lors d’une activité. Pourtant, le
recours au matériel sauvegardé ou aux notes prises dans des
séances d’enseignement précédentes serait
sous-exploité (Glover et Miller, 2001).
4.3.2. Incidence sur la compréhension des élèves
Le TNI constitue un outil utile pour introduire une notion et pour activer
les connaissances des élèves (Gadbois et Haverstock, 2012).
Il aide notamment à la compréhension et à la visualisation
de concepts abstraits par la possibilité de recourir à de
nombreuses ressources (Al-Qirim, 2011).
En effet, comme le TNI permet l’accès à l’information
sous différents formats (vidéos, sons, images), il semble plus
facile pour l’enseignant de rendre le contenu compréhensible pour
les élèves (Cutrim-Schmid, 2008) ; (Mathews-Aydinli et Elaziz, 2010) et d’accroître l’interactivité technique (Gillen et al., 2007).
L’utilisation de simulations graphiques, de séquences
audiovisuelles et cinématographiques présentées sur le TNI
aide les élèves dans leur compréhension des
différents concepts (Fernández-Cárdenas et Sylvera-De La Garza, 2010).
Le recours au TNI peut, entre autres, pour (Mercer et al., 2010),
soutenir le développement de l’apprentissage, engager les
élèves dans la co-construction des connaissances,
développer une communauté d’apprentissage, développer
les interactions élève-élève et encourager le
questionnement. Il ne fait pas de doute pour (Cutrim-Schmid, 2008) ainsi que pour (Glover et Miller, 2001) que le TNI rend les présentations plus efficaces et les explications plus
complètes que s’il n’était pas utilisé.
Cependant, les enseignants ont une responsabilité quant au flux
d’activités à présenter aux élèves (Fernández-Cárdenas et Sylvera-De La Garza, 2010).
Une utilisation judicieuse doit, par conséquent, être faite (Mohon, 2008).
4.3.3. Réponse aux besoins des élèves
Plusieurs des articles consultés mettent en évidence
l’apport du TNI pour répondre aux besoins des élèves.
Il importe cependant de trouver un équilibre dans les utilisations afin
de répondre aux différents styles d'apprentissage (Schmid, 2010),
notamment en adaptant le matériel (Divaharan et Koh, 2010) ; (Miller et Glover, 2002).
Lors d’une même leçon, l’enseignant peut facilement
accéder à diverses ressources (Al-Qirim, 2011) ; (Divaharan et Koh, 2010) ; (Miller et Glover, 2002).
Il ressort que l’enseignant qui utilise le TNI est mieux placé dans
la classe pour observer les élèves et répondre à
leurs questions (Gillen et al., 2007).
Il est ainsi plus facile de garder un contact visuel avec l’ensemble de la
classe qu’avec un ordinateur portable (Al-Qirim, 2011).
Dans le même ordre d’idées, le TNI est utile pour
accroître l’attention des élèves, favoriser la
motivation (Skutil et Maněnova, 2012) de même que la participation (Divaharan et Koh, 2010).
L’une des difficultés soulevées par (Mohon, 2008) consiste toutefois à maintenir l'intérêt des
élèves pendant l'utilisation collective du TNI. Étant
donné qu’en général, un seul élève
à la fois interagit de manière tactile avec l’outil, les
élèves qui ont déjà eu l’occasion
d’interagir sur le tableau peuvent perdre l’intérêt ou
manquer d’attention pendant un moment. Faire participer les
élèves avec le TNI représente donc un défi (Mohon, 2008).
Pour (Fernández-Cárdenas et Sylvera-De La Garza, 2010),
le TNI fournit des occasions d'expérimenter diverses alternatives pour
résoudre un problème dans une discipline donnée et
d'apprendre ensemble sur les erreurs possibles. L’outil favorise un
enseignement multimodal tout en permettant aux élèves de partager
leurs connaissances disciplinaires. Comme ces derniers et l’enseignant
peuvent manipuler l’outil, cela aide à la compréhension des
concepts, surtout les concepts jugés abstraits.
4.3.4. Incidence sur les interactions enseignant-élèves
Le TNI favorise les interactions enseignant-élèves (Glover et al., 2003) ; (Mohon, 2008),
puisque l’enseignant a tendance à présenter
l’information de différentes façons (Cutrim-Schmid, 2008).
Le défi repose toutefois sur la capacité de l’enseignant de
concevoir du matériel exploitant le TNI qui suscite le maximum
d’interactions (Schmid, 2010).
Utiliser le TNI pour présenter l’information limite
l’interactivité (Glover et Miller, 2001),
tout comme une utilisation exploitant essentiellement les fonctions de base
favorise peu les interactions maître-élèves (Al-Qirim, 2011). (Gillen et al., 2007) ajoutent que le TNI ne peut être utile pour soutenir un changement dans
l’interaction enseignant-élèves.
4.3.5. Incidence sur l’enseignement
Selon les constats de (Hodge et Anderson, 2007),
l'introduction du TNI génère, dans les premiers temps, un impact
négatif sur l’enseignement. Il devient difficile pour les
enseignants d'intégrer du matériel visuel optimisant le potentiel
du TNI à des activités d'apprentissage qui engagent les
apprenants. Pour surmonter cette difficulté, la reconnaissance de ses
préoccupations, comme enseignant utilisateur du TNI, contribuerait
à trouver ou à adapter une pédagogie appropriée aux
élèves. Tout comme (Smith et al., 2006),
les résultats de notre analyse suggèrent que les TNI ont un
certain effet dans la salle de classe, mais ces résultats sont
très partagés. En effet, certains travaux mettent en
évidence une préférence pour l’enseignement
traditionnel (Al-Qirim, 2011) ; (Gillen et al., 2007),
l’enseignement collectif (Bennett et Lockyer, 2008) et un enseignement frontal (Divaharan et Koh, 2010).
Si au préscolaire le TNI constitue un moyen pour travailler entre autres
la littératie ou la numératie (Bennett et Lockyer, 2008),
il permettrait aussi un meilleur contrôle de la classe aux autres ordres
d’enseignement (Winzenried et al., 2010).
Pour (Smith et al., 2006),
les méthodes traditionnelles d'enseignement persistent malgré
l'accent mis sur l’interactivité entière en classe et
l’implantation de TNI. Ce dernier ne fournit pas, selon eux, une solution
suffisante pour apporter des changements fondamentaux à la
pédagogie. À l’inverse, (Miller et Glover, 2002) soutiennent que le TNI permet à l’enseignant de répondre aux
besoins des élèves, alors que (Rivers, 2009) précise que celui qui utilise le TNI adopte un enseignement non seulement
varié, mais aussi adapté aux styles d’apprentissage des
élèves. L’utilisation du TNI peut contribuer à
changer les pratiques pédagogiques et à accroître
l’engagement des élèves (Lutz, 2010).
Toutefois, plusieurs enseignants hésitent à amorcer un changement
de leurs méthodes pour faire usage de l’outil dans un enseignement
interactif (Glover et Miller, 2001).
Quoi qu’il en soit, la transformation de la pédagogie demeure, pour (Moss et al., 2007),
un projet à long terme.
D’un autre côté, les enseignants qui utilisent cet outil
tendent à encourager davantage le développement d’une
pensée critique et la mise en œuvre d’une démarche de
résolution de problèmes (Rivers, 2009).
Dans ce contexte, le TNI fournit des occasions d'expérimenter
différentes alternatives pour résoudre un problème dans une
discipline donnée et d'apprendre ensemble sur les erreurs possibles (Fernández-Cárdenas et Sylvera-De La Garza, 2010).
Dans cet esprit, le TNI constitue un outil utile pour contribuer à
l’évaluation des connaissances des élèves (Gadbois et Haverstock, 2012).
En effet, avec cet outil, les enseignants seraient en mesure
d’évaluer fréquemment leurs élèves (Rivers, 2009) oralement (Divaharan et Koh, 2010) et de leur offrir une évaluation formative en proposant une explication
détaillée de ce qui doit être appris et en leur donnant une
rétroaction instantanée (Warwick et Kershner, 2008). (Al-Qirim, 2011) est plutôt d’avis que l’usage du TNI est limité pour
évaluer les élèves ; nos observations montrent
qu’il s’agit souvent d’une évaluation formative plus ou
moins planifiée.
Néanmoins, comme le TNI semble conduire à une meilleure
structuration du contenu, il amènerait l’enseignant à revoir
la façon dont il conçoit l’apprentissage (Miller et Glover, 2002).
En l’utilisant, les enseignants développent de nouvelles
façons de faire et adaptent leur enseignement pour mieux soutenir
l'apprentissage (Lewin et al., 2008).
Il serait un outil complémentaire pour supporter l’enseignement,
plutôt qu’un outil qui change l’enseignement (Gadbois et Haverstock, 2012) ; (Smith et al., 2006).
Enfin, au dire
d’(Hammond et al., 2011),
les TIC, dont le TNI, offrent aux élèves d’apprendre les uns
avec les autres, mais le danger d’intégrer le TNI dans une
démarche trop explicite est bien réel, pour (Cutrim-Schmid, 2008).
Ce dernier recommande donc d’utiliser le TNI avec parcimonie.
4.4. Résultats présentés selon le modèle
CBAM
Les tableaux 7, 8 et 9 reprennent les résultats qui viennent
d’être présentés, en fonction des trois
catégories, soit l’implantation du TNI, les facteurs qui
influencent son implantation de même que les incidences et usages
associés à l’outil, selon les niveaux du modèle CBAM.
Associer les résultats empiriques aux étapes du processus
d’implantation du TNI permet de caractériser chacune de ces
étapes et trace un portrait documenté de l’état
actuel des connaissances au sujet de l’implantation du tableau
numérique interactif dans les pratiques enseignantes.
À la lecture du tableau 7, on remarque que les facteurs favorisant
l’implantation du TNI concernent principalement le niveau 2 du
modèle CBAM, c’est-à-dire le niveau relatif à
l’enseignant. Ses choix, son engagement, son attitude, son
expérience professionnelle, son niveau d’expertise technologique,
la formation reçue et les explorations faites de l’outil en
collaboration ou non avec des pairs représentent quelques facteurs
contribuant à l’implantation du TNI en classe.
Niveau 0 : Éveil
- Aucun facteur n’est associé à ce niveau
|
Niveau 1 : Information
- Direction d’école |
Niveau 2 : Personnel
- Engagement, attitude et expérience professionnelle de
l’enseignant
- Choix et conceptions de l’enseignant
- Niveau d’expertise
- Connaissance des ressources TIC et TNI
- Connaissance technique minimale
- Formation technopédagogique individualisée
- Expérimentations sur l’outil
- Exploration du TNI en collaboration avec des pairs qui enseignent la
même discipline
- Soutien continu pour amener les enseignants à utiliser le TNI
- Formation qui aborde les dimensions liées à
l’engagement cognitif suscité par une utilisation de ressources
multimodales |
Niveau 3 : Gestion
- Accessibilité au TNI et à du matériel de
qualité
- Compréhension de ce qu’est un enseignement interactif
- Conception d’activités qui exploitent le TNI
- Aide des pairs pour résoudre des problèmes techniques |
Niveau 4 : Conséquence
- Modifications de la pédagogie afin que le TNI change les
façons de favoriser l’apprentissage
- Croyance que le TNI génère des impacts positifs sur
l’apprentissage contribue à de réels changements
pédagogiques |
Niveau 5 : Collaboration
- Exploration du TNI en collaboration avec des pairs
- Soutien provenant d’un collègue ou d’un pair plus
expérimenté
- Aide des pairs pour résoudre des problèmes techniques
- Discussion entourant l’utilisation du TNI efficace si
l’enseignant est soutenu dans l’exploration de sa propre pratique
pédagogique exploitant le TNI |
Niveau 6 : Réorientation
- Aucun facteur n’est associé à ce niveau |
Tableau 7 • Facteurs qui contribuent à
l’implantation du TNI en fonction des niveaux de préoccupations des
enseignants au regard du TNI
Tout comme pour les facteurs contribuant à l’implantation du
TNI, le tableau 8 révèle une prédominance de facteurs qui
gênent l’implantation du TNI qui relèvent du niveau 2. On
retrouve, par exemple, le sentiment d’autoefficacité de
l’enseignant, sa compétence, son manque de confiance et sa
difficulté à intégrer d’autres médias
parallèlement au TNI. Dans un autre ordre d’idées, le manque
de soutien technique, le manque de formation continue d’ordre
technopédagogique, tout comme le peu d’initiatives des directions
pour encourager une formation à l’outil, constituent des facteurs
qui gênent l’implantation du TNI.
Niveau 0 : Éveil
- Aucun facteur n’est associé à ce niveau |
Niveau 1 : Information
- Manque de plan d’action
- Peu d’initiatives des directions pour encourager l’utilisation
du TNI
- Peu d’initiatives des directions pour encourager la formation
à l’outil |
Niveau 2 : Personnel
- Faible sentiment d'autoefficacité
- Manque d’habiletés techniques ou de compétences
pédagogiques
- Difficulté à garder un niveau de compétences actuel
- Manque de confiance face au changement de méthodes d'enseignement
- Incertitude quant à l'impact que peut avoir l’utilisation du
TNI
- Manque de formation continue technique et pédagogique
- Manque de soutien technique
- Difficulté à intégrer et à gérer
d’autres médias en même temps que le TNI
- Peu d’initiatives des directions pour encourager la formation
à l’outil |
Niveau 3 : Gestion
- Manque de matériel numérique disponible ou accès
restreint au matériel
- Ne pas être en mesure de reconnaître le potentiel du TNI
- Problèmes et difficultés techniques
- Temps et énergie à investir pour développer du
matériel |
Niveau 4 : Conséquence
- Aucun facteur n’est associé à ce niveau |
Niveau 5 : Collaboration
- Aucun facteur n’est associé à ce niveau |
Niveau 6 : Réorientation
- Aucun facteur n’est associé à ce niveau |
Tableau 8 • Facteurs qui gênent
l’implantation du TNI en fonction des niveaux de préoccupations des
enseignants au regard du TNI
Toujours dans une optique de synthèse, les principaux résultats
relatifs aux usages et incidences du TNI découlant de la recension des
écrits ont été regroupés dans le tableau 9 autour
des niveaux d’utilisations. Encore une fois, un même résultat
peut être exceptionnellement présent dans plus d’un niveau.
On note que les usages et les incidences d’une utilisation du TNI sont
principalement de niveaux 3 (automatismes) et 4 (indépendance). Ils
témoignent d’un certain contrôle de l’outil ainsi que
d’une utilisation qui dénote un souci de
l’élève et des retombées sur ses apprentissages.
Le tableau 9 met cependant en lumière le peu de données
empiriques en ce qui a trait à la collaboration entre enseignants ou,
encore, à la combinaison de stratégies pédagogiques
à jumeler aux nouveautés technologiques, telle la tablette
numérique, pour arriver à tirer pleinement profit des
retombées de l’utilisation du TNI dans un cadre pédagogique.
Niveau 0 : Non-utilisation
- Aucun usage ou incidence noté pour ce niveau. |
Niveau 1 : Orientation
- Aucun usage ou incidence noté pour ce niveau. |
Niveau 2 : Formation initiale
- Certains enseignants manquent de confiance pour amorcer un changement.
- Peu sont disposés à modifier leurs méthodes
d’enseignement.
- Ils ont la responsabilité de faire une utilisation judicieuse du
TNI. |
Niveau 3 : Automatismes
- L’utilisation du TNI est favorable pour la visualisation des objets
ou concepts jugés abstraits.
- L’utilisation est favorable pour s’approprier, en langues, une
prononciation correcte.
- Au secondaire, les enseignants de mathématiques, de sciences,
d’anglais et de sciences sociales utilisent régulièrement le
TNI.
- Au préscolaire, le TNI permet la mise en place d’ateliers.
- Les enseignants de sciences sociales utilisent surtout le TNI pour la
projection de documents.
- Le TNI est aussi utilisé pour la prise de notes,
l’annotation, la mise en évidence d’éléments de
contenus, la création de dessins, cacher et révéler des
objets, les faire glisser.
- Peu d’enseignants développent du matériel à
exploiter sur le TNI.
- Les ressources le plus souvent exploitées avec le TNI sont Internet
et des logiciels.
- Le TNI sert à introduire une notion et activer les connaissances
des élèves.
- Les enseignants ont la responsabilité de faire une utilisation
judicieuse du TNI.
- Le TNI permettrait de sauver du temps dans la préparation et la
gestion des activités d’enseignement-apprentissage.
- Les présentations sont plus efficaces et les explications plus
complètes.
- Une difficulté consiste à maintenir l'intérêt
des élèves pendant l'utilisation collective du TNI.
- Concevoir du matériel exploitant le TNI qui suscite les
interactions est un défi pour l’enseignant.
- Utiliser le TNI pour présenter l’information limite
l’interactivité.
- Une utilisation exploitant les fonctions de base favorise peu les
interactions maître-élèves.
- Le TNI permet d’offrir une évaluation formative aux
élèves.
- Le TNI supporte l’enseignement traditionnel, l’enseignement
collectif et l’enseignement frontal.
- Le TNI ne supporte pas l’enseignement collaboratif. |
Niveau 4 : Indépendance
- Le TNI permet l’adaptation de l’enseignement.
- Les enseignants qui utilisent le TNI adoptent un style
d’enseignement varié et adapté au style
d’apprentissage des élèves, car il est facile
d’adapter le matériel.
- Le recours au TNI permet de tenir compte des différents styles
d’apprentissage des élèves.
- Le TNI permet la sauvegarde des documents produits pendant une
leçon.
- Le recours au matériel sauvegardé serait
sous-exploité.
- L’utilisation du TNI change les pratiques pédagogiques et
augmente l’engagement des élèves.
- Le TNI aide à la compréhension et à la visualisation
de concepts abstraits par la possibilité de recourir à de
nombreuses ressources.
- Le recours au TNI peut soutenir le développement de
l’apprentissage, la co-construction des connaissances, d’une
communauté d’apprentissage, les interactions
élève-élève et le questionnement.
- Il importe de trouver un équilibre dans les utilisations du TNI
afin de répondre aux différents styles d'apprentissage. Le TNI est
utile pour accroître l’attention des élèves, favoriser
la motivation de même que la participation.
- Le TNI favorise les interactions enseignant-élèves puisque
l’enseignant a tendance à présenter l’information de
différentes façons.
- Le TNI fournit des occasions d'expérimenter différentes
alternatives pour résoudre un problème dans une discipline
donnée.
- Le TNI favorise une meilleure structuration du contenu par
l’enseignant.
- Les enseignants développent de nouvelles façons de faire et
adaptent leur enseignement afin qu’il soit plus inclusif et
coopératif pour soutenir l'apprentissage. |
Niveau 5 : Intégration
- L’exploration du TNI se fait en collaboration avec des pairs.
- Le soutien provenant d’un collègue ou d’un pair plus
expérimenté est utile.
- L’aide des pairs pour résoudre des problèmes
techniques est utile.
- La collaboration entre les enseignants pour développer du
matériel, partager des ressources, des idées, des astuces, des
stratégies d'enseignement et des expériences s’avère
précieuse. |
Niveau 6 : Renouveau
- Aucun usage ou incidence noté pour ce niveau. |
Tableau 9 • Usages et incidences du TNI en
fonction des niveaux d’utilisations du TNI
5. Discussion et conclusion
Dans notre étude de l’implantation
d’une innovation comme le tableau numérique interactif (TNI),
divers modèles ont été envisagés. Celui retenu dans
le cadre de ce texte est, rappelons-le, le Concerns-Based Adoption Model (CBAM) de (Hall et Hord, 2001).
Nous avons analysé les textes retenus sous la loupe du modèle CBAM
de manière à faire émerger des caractéristiques
liées à l’implantation du TNI, des facteurs qui influencent
(qui contribuent ou qui gênent) ce processus ainsi que certains usages et
impacts de l’utilisation du TNI sur les pratiques des enseignants du
primaire et du secondaire.
Le chemin à parcourir pour implanter le TNI en classe semble complexe
et demeure flou. Si certains chercheurs ciblent uniquement deux étapes
à franchir, d’autres en comptent plus. Néanmoins,
après une période initiale de familiarisation avec l’outil,
les enseignants auraient tendance à se centrer davantage sur
l’apprenant en exploitant des possibilités technologiques de plus
en plus efficaces (Mohon, 2008) et
à maintenir un haut degré d'optimisme (Winzenried et al., 2010) sur les apports de l’outil. Le cheminement, incluant les étapes,
à suivre pour implanter le TNI mérite que des recherches
empiriques s’y attardent plus longuement.
Quant au processus d’implantation du TNI, rappelons que
l’enseignant lui-même, l’accès aux ressources, le
soutien offert, le temps, les problèmes techniques rencontrés et
la direction de l’établissement sont autant de facteurs qui
tantôt contribuent à la mise en œuvre du TNI et tantôt
l’entravent. Ces facteurs sont majoritairement associés à
des préoccupations qui concernent l’enseignant. Se pencher sur
chacun de ces facteurs constitue autant de pistes de recherche.
Par ailleurs, à l’instar des facteurs identifiés à
travers la recension de la documentation, les travaux de 2000 à 2012 qui
font état d’usages et d’impacts de l’utilisation du TNI
sont partagés. Rappelons que certains mettent en évidence un usage
du TNI pour la projection de documents, alors que d’autres rapportent une
utilisation pour faciliter la compréhension de notions abstraites. Le TNI
supporte tantôt un enseignement traditionnel, tantôt un enseignement
adapté aux styles d’apprentissage des élèves. Au dire
d’(Al-Qirim, 2011),
la notion enseignée pourrait être une variable qui explique ces
divers usages faits du TNI. Néanmoins, la recension
réalisée montre que les usages et impacts témoignent
globalement d’un certain contrôle du TNI ainsi que d’un souci
de l’élève et des retombées que son utilisation peut
avoir sur les apprentissages. Comme les usages du TNI font partie d’un
processus évolutif (Bennett et Lockyer, 2008),
il est possible de croire que les futures utilisations que nous verrons du TNI
seront associées aux niveaux supérieurs du modèle CBAM et
qu’elles témoigneront davantage de collaborations entre enseignants
ou de combinaisons de pratiques alliant TNI, développements
technologiques et innovations pédagogiques. Devant le peu de consensus,
des travaux mériteraient de s’attarder à ces modifications
des usages et impacts de l’utilisation du TNI, notamment sur les
méthodes d’enseignement privilégiées par
l’enseignant, pour ainsi faire évoluer les assises
théoriques autour des pratiques enseignantes intégrant le TNI.
En conclusion, nous venons de le voir, le TNI représente une occasion
de faire évoluer les pratiques enseignantes. Toutefois, les facteurs qui
gênent son implantation sont multiples et plusieurs éléments
de résistance ont été identifiés à partir des
textes retenus et analysés. Malgré les nombreuses réponses
obtenues concernant l’implantation du TNI et ses impacts sur la
pédagogie, notre analyse a permis de soulever de nouvelles questions pour
lesquelles des recherches doivent être envisagées. Ainsi,
l’interactivité entre l’enseignant et ses
élèves, ou entre l’enseignant et l’outil,
mérite d’être approfondie. Le TNI semble parfois être
perçu comme étant interactif. Or, cette « planche ou
tableau » n’est qu’un outil supplémentaire
accompagnant l’enseignant dans le développement d’une
pédagogie qui, elle seule, peut devenir interactive. À partir de
ce constat, il est possible de l’étudier en se
référant à la triade comprenant tous les liens entre
l’enseignant, les élèves et le TNI. Les recherches qui
émergeront en lien avec l’interactivité permettront,
espérons-le, de fournir des pistes et de clarifier les rôles tant
de l’enseignant que des élèves dans une utilisation
technopédagogique efficiente et maximale du TNI.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier les assistants de
recherche Jean-Eddy Augustin, Josée Gagnon, Alexandre Gareau ainsi que
Mamadou Siradjo Diallo pour leur contribution à l’analyse des
textes. Nos remerciements s’adressent également à madame
Odette Larouche pour la relecture du document.
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A
propos des auteurs
Sonia LEFEBVRE, titulaire d’un doctorat (Ph.D.) en
technologie éducative, est professeure au Département des sciences
de l’éducation de l’Université du Québec
à Trois-Rivières. Ses intérêts de recherche
concernent l’utilisation des TIC, dont le tableau numérique
interactif, à des fins d’enseignement et d’apprentissage, le
développement de la compétence professionnelle des enseignants et
futurs enseignants au regard des TIC de même que l’éducation
aux médias. Mme Lefebvre cumule plusieurs années
d’expérience dans la formation et l’accompagnement
d’élèves, d’enseignants et de futurs enseignants en ce
qui a trait à l’utilisation pédagogique des TIC. Enfin, elle
a pris part à plusieurs communications et publications, tant à
l’échelle nationale qu’internationale.
Adresse : Département des sciences
de l'éducation, Université du Québec à
Trois-Rivières, 3351, Boul. des Forges, CP 500, Trois-Rivières
(Québec), Canada, G9A 5H7
Courriel : Sonia.Lefebvre@uqtr.ca
Titulaire d’un doctorat (Ph.D.) en didactique des
sciences au secondaire (Université du Québec à
Trois-Rivières/UQAM), Ghislain SAMSON est professeur au
Département des sciences de l’éducation de l’UQTR.
Spécialiste de la didactique des sciences, du transfert des
apprentissages en mathématiques et en sciences, il
s’intéresse également aux questions relatives au curriculum
scolaire, à l’interdisciplinarité et à
l’éducation relative à l’environnement. Il a
complété un stage postdoctoral à la Chaire de recherche
Normand-Maurice de l’UQTR sur le transfert des apprentissages en contexte
de Centre de formation en entreprise et récupération (CFER). Outre
ses intérêts de recherche en éducation scientifique, il
conduit également des recherches touchant les élèves en
difficulté, l’employabilité et l’insertion
socioprofessionnelles des jeunes, sur les effets de la pédagogie
entrepreneuriale et plus récemment, sur le tableau numérique
interactif.
Adresse : Département des sciences
de l'éducation, Université du Québec à
Trois-Rivières, 3351, Boul. des Forges, CP 500, Trois-Rivières
(Québec), Canada, G9A 5H7
Courriel : Ghislain.Samson@uqtr.ca
1 Dans le cadre de ce texte, les
expressions « pratiques enseignantes »,
« pratiques des enseignants » et « pratiques
pédagogiques » sont considérées
équivalentes. Ces termes traduisent les actions et décisions
prises par l’enseignant avant, pendant et après
l’enseignement.
2 Lefebvre (2005) définit
les TIC comme des outils au service de l’enseignement et de
l’apprentissage qui mobilisent l’ordinateur et qui permettent
notamment de traiter de l’information et de communiquer en temps
réel ou différé.
3 Diverses expressions sont
utilisées dans les écrits dont tableau blanc interactif, tableau
numérique interactif, TBI, TNI, whitebooard, interactive whiteboard,
WB ou IWB.
4 EHDAA : Élève
handicapé ou en difficulté d’adaptation ou
d’apprentissage.
5 Dans le cadre de son projet de
maîtrise, un étudiant travaille actuellement sur cette
problématique.
6 Une formation
technopédagogique peut être vue comme une formation qui propose une
réflexion sur l’utilisation des outils technologiques dans un cadre
pédagogique, dans le but de favoriser l’apprentissage et
l’enseignement des contenus disciplinaires.
7 Soulignons que les ressources
disponibles en français sur Internet sont beaucoup moins nombreuses que
celles en anglais.
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