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Personnalisation de l’apprentissage : comparaison des
besoins et approches à travers l’étude de quelques
dispositifs
Marie LEFEVRE (LIRIS, Lyon), Julien BROISIN (IRIT, Toulouse), Valentin BUTOIANU
(IRIT, Toulouse), Philippe DAUBIAS (IFé, Lyon), Lucie DAUBIGNEY
(Supélec, Metz et LORIA, Nancy), Françoise GREFFIER (ELLIADD,
Besançon), Nathalie GUIN (LIRIS, Lyon), Stéphanie JEAN-DAUBIAS
(LIRIS, Lyon), Réjane MONOD-ANSALDI (IFé, Lyon),
Hélène TERRAT (PCH et LIRIS, Lyon)
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RÉSUMÉ : La
personnalisation de l’apprentissage est au cœur des recherches
actuelles en EIAH (Environnements Informatiques pour l’Apprentissage
Humain). Les approches pour développer des EIAH permettant une
personnalisation de l'apprentissage varient tant d’un point de vue
didactique qu’informatique. Dans cet article, nous présentons les
résultats d’une étude menée sur plusieurs dispositifs
de formation. Cette étude avait pour buts d’une part
d’identifier les besoins actuels en terme de personnalisation de
l’apprentissage et d’autre part de comparer des approches permettant
cette personnalisation. Elle nous a permis de déterminer des verrous
informatiques à dépasser pour permettre une personnalisation de
l’apprentissage, et de mettre en avant les avantages et les
inconvénients des solutions étudiées.
MOTS CLÉS : Personnalisation
de l’apprentissage, besoins, approches génériques. |
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ABSTRACT : Personalization
of learning is the core of current research about ILEs (Interactive Learning
Environnments). Approaches for developing ILEs enabling to personalize learning
vary both from a didactic point of view and from a computer science point of
view. In this paper, we present results of a study conducted on several training
devices. This study was designed firstly to identify current needs in terms of
personalization of learning and secondly to compare approaches enabling this
personalization. It led us to identify obstacles to overcome for enabling
personalization of learning, and to highlight benefits and disadvantages of the
solutions studied.
KEYWORDS : Personalization
of learning, needs, generic approaches. |
1. Introduction
Dans le domaine des EIAH
(Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain), la
personnalisation de l’apprentissage englobe deux facettes (Marty et Mille, 2009).
La première consiste à adapter les ressources pédagogiques
au contexte d’enseignement. Ce contexte rassemble le niveau et le contenu
de la formation pour laquelle on souhaite adapter les ressources, mais
également les besoins et les habitudes pédagogiques des
enseignants. Dans ce cas, on parle de configuration des ressources (des
logiciels pédagogiques). La seconde facette concerne l’adaptation
à un apprenant ou un groupe d’apprenants présentant une
même caractéristique. Dans ce cas, on parle de personnalisation des
ressources pédagogiques.
L’adaptation à l’apprenant peut se faire dans le cadre
d’un apprentissage individualisé ou d’un apprentissage
personnalisé (Verpoorten et al., 2009).
Dans un apprentissage individualisé, les ressources pédagogiques
sont adaptées aux buts et besoins de chaque apprenant, en fonction de ses
caractéristiques. Dans un apprentissage personnalisé, c’est
l’apprenant qui choisit les ressources qui lui semblent pertinentes
après avoir mené une activité réflexive sur
lui-même et sur son apprentissage. Dans la suite de cet article, nous
parlerons de personnalisation de l’apprentissage pour décrire des
situations qui peuvent relever soit de l’apprentissage
individualisé soit de l’apprentissage personnalisé. Afin de
permettre cette adaptation à l’apprenant, de nombreuses techniques
d’intelligence artificielle ont été exploitées (Markowska-Kaczmar et al., 2010).
Ces différentes techniques permettent, d’une part, de mieux
identifier les caractéristiques et les besoins des apprenants, afin,
d’autre part, d’améliorer la personnalisation proposée
ou les outils permettant aux apprenants de mener une activité
réflexive sur leur apprentissage.
Dans cet article, nous abordons le thème de la personnalisation de
l’apprentissage, sans nous focaliser sur un domaine disciplinaire ou un
niveau d’enseignement précis. Nous présentons une
étude qui identifie les besoins en matière de personnalisation de
sept EIAH. Cette étude recense également différentes
propositions pour la personnalisation mises en œuvre à la fois dans
ces EIAH et dans quatre approches génériques offrant des outils
pour la personnalisation de l’apprentissage. Ensuite, nous étudions
comment ces différentes propositions peuvent être utilisées,
étendues (voire généralisées) pour répondre
aux besoins identifiés. Nous comparons les méthodes
utilisées afin de repérer les approches similaires et d'identifier
les avantages et les inconvénients de chacune. Nous mettons ensuite en
évidence les verrous informatiques qui limitent la conception d'EIAH
personnalisables ou d'approches permettant une personnalisation. Pour chacun de
ces verrous, nous indiquons les solutions proposées pour les
systèmes étudiés, leurs avantages et inconvénients.
Nous abordons ensuite la question de la personnalisation d’un point de vue
didactique avant de discuter de la prise en main par des enseignants et de
l’évaluation des solutions proposées.
2. Contexte de l’étude
L’étude comparative
présentée dans cet article a été
réalisée lors de l’atelier “Personnalisation de
l'apprentissage : quelles approches pour quels besoins ?” qui s’est
déroulé lors de la conférence EIAH 2011 (Lefevre et al., 2011c).
Cet atelier avait pour but de faire un état des lieux, d’une part,
des besoins en termes de personnalisation de l’apprentissage, autant
auprès des enseignants que de chercheurs travaillant sur ce thème,
et d’autre part, des approches existantes permettant de mettre en
œuvre une personnalisation. Les logiciels et approches concernés par
cette étude sont donc issus d’un appel à participation, et
relatent des travaux proposés autant par des enseignants que par des
équipes de recherche en EIAH.
La présence d’enseignants du premier et second degré a
permis d’intégrer à l’étude des logiciels pour
lesquels l’enseignant intervient directement lors de la personnalisation.
Dans les workshops récents sur la personnalisation (Perez-Marin et al., 2011),
les systèmes proposés ont principalement comme objectif la
recommandation de ressources pédagogiques, mais la place de
l’enseignant comme acteur effectif de la personnalisation n’est que
peu traitée. L’originalité de l’étude que nous
avons menée met donc en lumière des résultats et des
perspectives de recherche où les enseignants ont une place
primordiale.
3. Étude d’EIAH présentant des besoins de
personnalisation
Dans la première partie de cette section, nous
présentons les sept EIAH que nous avons étudiés afin
d’identifier leurs besoins de personnalisation. Ces EIAH sont
principalement destinés à des élèves du premier et
second degré mais portent sur des disciplines variées. Pour
certains de ces EIAH, le besoin de personnalisation est défini sans
qu’une solution n’ait encore été mise en œuvre ;
pour d’autres, des solutions ont déjà été
mises en œuvre mais restent perfectibles. Dans la seconde partie de cette
section, nous faisons une comparaison de ces EIAH avant d’analyser les
résultats de cette comparaison.
3.1. Présentation des EIAH étudiés
Le logiciel Pictop (Terrat et Sagot, 2011) est utilisé dans le cadre scolaire pour accompagner l’apprentissage
de la lecture et de la production d’écrits, en particulier avec des
élèves handicapés sur le plan moteur. Ce logiciel est
ouvert dans ses contenus, et son interface est fortement paramétrable.
Pictop permet la manipulation par l’élève, à
l’aide de la souris ou d’un contacteur associé à un
balayage, d’étiquettes textuelles préalablement
entrées par son enseignant. Tout ce qui est manipulé par
l’élève peut être vocalisé (c'est-à-dire
lu par une voix de synthèse). Ces étiquettes peuvent être
combinées pour composer des textes. Elles peuvent également
compléter des exercices à trous. Le logiciel peut en outre
opérer sur un texte en soulignant, barrant, coloriant des
éléments afin de travailler la syntaxe (et/ou faciliter sa lecture
par coloriage des syllabes et lettres muettes). En plus d’offrir une
ergonomie cognitive adaptée, de par ses nombreuses possibilités de
paramétrage, il assure un apprentissage sur mesure en donnant, en plus de
l’habituelle souris, la possibilité de travailler par balayage,
avec tout type de contacteurs, dans un environnement de travail
spécifique à l’élève (taille, police,
couleurs, vocalisation, temporisation de la vitesse d’écriture et
de vocalisation, simplification des commandes...). Ce paramétrage
effectué manuellement pour chaque profil d’enfant peut être
enregistré et rappelé automatiquement pour tous les exercices
proposés. Grâce à l’enregistrement systématique
de l’historique de l’activité de l’enfant, et à
la possibilité de visionner l’exercice réalisé en
différé, l’enseignant peut revenir avec
l’élève sur chacune des étapes de
l’activité, questionner l’élève sur ses
stratégies, discuter avec lui de ses erreurs et développer ainsi
une véritable aide métacognitive.
Réaction est un logiciel destiné à
l’enseignement secondaire des sciences de la vie et de la Terre (SVT) qui
permet de mesurer des temps de réaction à un stimulus visuel :
apparition d’une image, reconnaissance de deux images identiques,
reconnaissance d’une image mémorisée. Réaction permet
de collecter rapidement des données réelles en faisant faire les
tests par les élèves, données qui peuvent également
être utilisées pour l’enseignement des statistiques, dans un
contexte pluridisciplinaire. Les besoins de personnalisation concernent la
nature et l’enchainement des tests, l’ergonomie de la visualisation
des images, les caractéristiques du protocole d’acquisition des
mesures, les modalités de sauvegarde des données par le logiciel,
le mode d’affichage des résultats et leur traitement (Monod-Ansaldi et al., 2011b).
Ils correspondent en général à l’adaptation par
l’enseignant du logiciel à une situation d’apprentissage
particulière pour l’ensemble de sa classe, mais peuvent
également être laissés à charge de
l’élève notamment pour la création de protocoles lors
de démarches d’investigation. Dans la version courante du logiciel,
une configuration est réalisable par l’intermédiaire du
module d’administration : une configuration « par défaut
» permet d’enregistrer localement les données, des
configurations particulières pouvant être associées à
des séries de données stockées en ligne. Cependant, ce
module ne permet notamment pas de configurer l’ergonomie des images. Son
accès et son utilisation sont devenus difficiles depuis que le logiciel
permet l’enregistrement en ligne des données. La plupart des
enseignants ayant testé les dernières versions du logiciel ont
ainsi « passé commande » au concepteur qui leur a
créé une table d’enregistrement sur mesure, ou est intervenu
directement dans le code pour réaliser les adaptations demandées.
Un module de paramétrage plus accessible doit donc être
défini et développé dans le logiciel ou conçu
à l’extérieur de celui-ci, en externalisant les
éléments nécessaires.
Le logiciel EduAnatomist permet la visualisation et la manipulation
d’Images du cerveau obtenues par Résonnance Magnétique (IRM
cérébrales), regroupées dans la banque d’images
NeuroPeda (NeuroPeda, 2007).
Il s’appuie sur Anatomist, un logiciel issu de la recherche (Anatomist, 2000),
développé par le Commissariat à l’Energie Atomique,
en proposant une interface simplifiée à destination du secondaire
(lycéens, voire collégiens). Les IRM disponibles sont des images
volumiques (3D), présentant l’anatomie ou le fonctionnement
cérébral, que le logiciel rend accessibles par
l’intermédiaire de trois vues planes (2D). EduAnatomist permet
à la fois une exploration du volume cérébral et un travail
sur les paramètres du modèle statistique représentant
l’activité cérébrale. Le logiciel doit pouvoir
être configuré pour adapter ses fonctionnalités à la
fois au public visé (niveau des élèves) et aux objectifs
pédagogiques de l’enseignant (Monod-Ansaldi et al., 2011a).
Il faut pouvoir choisir la position de l’image à l’ouverture,
les bornes statistiques par défaut et leur possibilité de
réglage, le niveau d’aide ou de guidage, et les modalités de
visualisation des informations associées aux images présentes dans
NeuroPeda. Avec la version actuelle d’EduAnatomist, personnaliser se
limite à changer les bornes par défaut en modifiant le code source
du logiciel, ce qui n’est pas envisageable pour les enseignants
utilisateurs. Pour une version 2 du logiciel, il faudra extraire dans un fichier
de configuration externe les réglages des bornes et ajouter au logiciel
une nouvelle fenêtre de paramétrage destinée aux enseignants (Daubias et al., 2011).
Le stockage de la configuration dans un fichier autorisera son
déploiement dans une salle informatique d’établissement
scolaire, rendra possible la constitution de « bases » de fichiers de
configuration correspondants à différentes situations et rendrait
envisageable la personnalisation automatique de l’activité par un
outil externe. D’un point de vue didactique, l’écran de
paramétrage aura également le mérite de rendre explicite
les différentes variables de la situation d’apprentissage
envisagée.
Le projet Fossiléo vise à réaliser deux modules
logiciels pour l’enseignement des SVT. Plus précisément, il
s’agit avec le module Fossiléo-Élève de faire aborder
la géologie aux élèves du secondaire (fin de collège
et début de lycée) en plaçant les élèves dans
une situation de reconstitution d’un paysage ancien à partir de
données (fossiles) issues du terrain. Le module Fossiléo-Prof
permettra à l’enseignant de préparer les données
nécessaires pour le module élève et de personnaliser
à la fois les données et l’activité,
c’est-à-dire le cheminement à effectuer dans le logiciel.
L’enseignant utilisateur de Fossiléo-Prof souhaitera
vraisemblablement regrouper les données dont il dispose sur les fossiles
d’une carrière, mais toutes ces données ne seront sans doute
pas pertinentes pour chaque séance de TP donnée. Il faudra pouvoir
décrire les données soit en les destinant à un niveau
particulier, soit prévoir plusieurs niveaux de complexité dans les
descriptions. Par ailleurs, plusieurs clés de détermination de
difficultés variables pourront coexister pour une même
carrière. La configuration à un contexte particulier, voire la
personnalisation des données (Didier et al., 2011) consistera à faire varier la difficulté dans la reconnaissance des
espèces au travers de la complexité de la clé de
détermination : nombre d'espèces présentes,
discriminabilité des espèces, termes utilisés pour les
identifier, présence d’espèces pièges. À
l’état actuel d’avancement du projet, il est évident
que l’enseignant doit pouvoir adapter l’activité, mais il est
possible qu’il soit également pertinent que
l’élève utilisateur de Fossiléo-Élève
puisse agir sur le niveau de difficulté de son activité.
TRI est un logiciel de sensibilisation au tri sélectif et au
recyclage destiné à de jeunes enfants ne sachant pas
forcément lire (Jean-Daubias, 2011b).
Il est constitué de plusieurs activités : deux cours et cinq
exercices qui comportent plusieurs niveaux, ainsi qu’une aide. Le travail
de l'enfant est par ailleurs enregistré dans un fichier de profil
individuel. Afin de s’adapter aux spécificités locales du
tri sélectif (nombre de poubelles différentes, couleurs des
poubelles, déchets acceptés par poubelles), le logiciel est
configurable. Cette configuration doit être effectuée manuellement
par un expert. Afin de répondre aux besoins des enseignants en
s’adaptant à des niveaux différents et à des
connaissances différentes, les activités de TRI sont
personnalisables : l'enseignant peut choisir de faire travailler chaque
élève sur une séquence différente qu’il
définit lui-même. Il est possible de spécifier les
activités concernées (cours ou exercices), leur niveau et leur
ordre d'apparition. La personnalisation est toutefois manuelle dans TRI :
l’enseignant doit spécifier dans le fichier de séquence
quelles activités faire faire à quel apprenant. De plus,
s’il souhaite prendre en compte les résultats
précédents des élèves, il doit étudier les
profils un par un et adapter la séquence suivante manuellement en
fonction de ses observations. Pour proposer une personnalisation utilisable
largement et facilement par les enseignants, il est donc nécessaire
d’envisager une automatisation du processus.
Tables au trésor est un logiciel d’entraînement aux
tables mathématiques s’adressant à des élèves
de primaire (Jean-Daubias, 2011a).
Il propose quatre types d’exercices (calcul, calcul à trou, trouver
l’opération intruse, trouver toutes les opérations
conduisant à un même résultat) qui permettent aux apprenants
de s’exercer aux additions, soustractions, multiplications et divisions.
Le travail de l'élève est enregistré dans un fichier de
profil individuel. Afin de permettre l’adaptation du logiciel au rythme de
travail de la classe et aux spécificités de chaque apprenant,
Tables au trésor comporte une interface, destinée à
l’enseignant, de personnalisation des séquences d'activités.
Cette interface permet de spécifier précisément la
séquence en contraignant les exercices qui la composent : type
d’exercices, opération concernée, intervalle des tables
à utiliser, valeurs requises ou interdites, mais aussi type de
rétroaction proposée et des options qui permettent de
s’adapter aux habitudes pédagogiques de l’enseignant (tables
dans l’ordre, plus grand opérande à gauche...). Si elle est
puissante, cette personnalisation est lourde à mettre en œuvre :
l’enseignant doit spécifier à travers l’interface
dédiée quelle séquence d’activités faire faire
à quel apprenant. Si ce travail de personnalisation est possible pour
adapter le logiciel aux habitudes pédagogiques de l’enseignant, il
n’est pas réaliste d’envisager une personnalisation
individuelle sans automatisation du processus.
Le logiciel AMBRE-add a pour objectif de faire acquérir aux
élèves de l’école primaire une méthode pour la
résolution des problèmes additifs. Grâce au module
AMBRE-enseignant (Duclosson et al., 2005),
un enseignant peut paramétrer cet EIAH en l’adaptant aux
spécificités, aux difficultés, et au niveau de chacun de
ses élèves. Il peut pour cela paramétrer les
fonctionnalités d’AMBRE-add, le logiciel destiné aux
élèves, choisir les problèmes que
l’élève aura à résoudre, ou
générer automatiquement de nouveaux problèmes correspondant
à ses objectifs pédagogiques. L’enseignant peut ainsi
personnaliser l’EIAH pour chacun de ses élèves. Afin de
faciliter cette lourde tâche, un module d’élaboration de
profils d’élèves a été développé
pour automatiser la personnalisation de l’EIAH à partir des profils (Guin et al., 2011).
Ce module analyse les traces de l’activité de
l’élève pour en déduire des informations sur ses
compétences, relativement à différents critères (par
exemple le taux de réussite pour une étape de résolution en
fonction de la classe du problème) et sur son comportement dans
l’utilisation des fonctionnalités du logiciel (stratégies
essai-erreur, utilisation de l’aide ou des outils de calcul). En combinant
les informations contenues dans le profil de l’élève
calculées par le système et les possibilités
d’AMBRE-enseignant, l’enseignant peut mettre en place des
stratégies de personnalisation, comme par exemple adapter la grandeur des
nombres aux difficultés de calcul, choisir une formulation simple des
énoncés des problèmes pour des difficultés en
lecture, choisir une classe de problèmes difficiles pour un
élève maîtrisant déjà les classes faciles, ou
limiter l’accès au diagnostic pour un élève qui y a
recours trop systématiquement (stratégies essai-erreur).
Cependant, la tâche de personnalisation reste très lourde car le
fait de devoir traiter individuellement chaque apprenant rend la tâche
difficilement réalisable. Il faudrait que l’enseignant ait la
possibilité d’expliciter sa stratégie de personnalisation,
et que celle-ci soit mise en œuvre automatiquement par un système
informatique à partir des données du profil de
l’apprenant.
3.2. Synthèse des besoins de personnalisation des EIAH
étudiés
Nous avons étudié l’ensemble des EIAH
présentés ci-dessus selon différents aspects : quels sont
les besoins de personnalisation ? De quelles informations dispose-t-on sur
l’apprenant ? Quelles sont les méthodes mises en œuvre pour
répondre aux besoins de personnalisation ? Que nécessitent ces
méthodes ? Quels sont leurs avantages et leurs inconvénients, et
quels sont les besoins non pourvus ?
La figure 1 résume l’ensemble des réponses à ces
questions pour les EIAH étudiés.
Figure 1 • Étude comparative de
différents EIAH ayant des besoins de personnalisation
Nous avons ainsi constaté que pour ces EIAH abordant pourtant des
domaines disciplinaires très variés et destinés à
des publics différents, les besoins de personnalisation portent toujours
sur :
- le contenu des activités proposées à
l’apprenant, qui peut différer de par les données
elles-mêmes (valeurs ou sujet traité) mais aussi de par le niveau
de difficulté,
- l’interface du logiciel, ses fonctionnalités (dont
l’aide et le feedback), la présentation de certaines
données,
- la séquence d’activités.
Pour répondre à ces besoins de personnalisation, les EIAH
étudiés disposent d’informations sur l’apprenant qui
sont soit des traces de l’activité de l’élève
avec le logiciel, soit un profil de l’apprenant. Ces informations peuvent
être utilisées par l’enseignant au moment de personnaliser
l’EIAH. On constate en effet que pour l’ensemble des logiciels,
c’est l’enseignant qui personnalise, en fonction des informations
dont il dispose sur ses élèves, et selon son intention
pédagogique. Toutefois, certains envisagent également de permettre
à l’élève lui-même d’adapter
l’environnement à ses besoins, que ce soit consciemment ou sans le
savoir, en provoquant une adaptation automatique du système par son
activité propre.
Pour effectuer cette personnalisation, l’enseignant dispose selon les
EIAH de différents moyens :
- demander au concepteur ou à l’administrateur de
modifier l’EIAH,
- modifier lui-même des fichiers de configuration,
- utiliser une interface de configuration destinée à
l’enseignant.
Lorsque l’on parle de personnalisation, on sous-entend souvent une
adaptation du logiciel à chaque utilisateur. Dans plusieurs EIAH
étudiés ici, l’adaptation se limite pourtant à
configurer le logiciel pour un groupe d’élèves (souvent la
classe entière), ou même pour un niveau d’enseignement (par
exemple classe de troisième ou de seconde). Cette limitation est sans
doute liée aux pratiques des enseignants et au contexte
d’utilisation de ces EIAH. Un enseignant travaillant avec un effectif
réduit d’élèves ou une équipe de recherche
pourra tester dans de meilleures conditions un EIAH, et aller
jusqu’à sa personnalisation, plus facilement qu’un enseignant
ayant à gérer de nombreuses classes. La personnalisation
n’apparaît pas comme un besoin premier des enseignants, mais il faut
concéder que si l’on ne sait pas qu’une fonctionnalité
existe, on ne ressent pas le besoin d’en disposer. Il a été
observé (Monod-Ansaldi et al., 2011b) qu’en faisant travailler sur un même logiciel, des enseignants dans
un cadre pluridisciplinaire, des besoins de personnalisation émergeaient,
alors qu’ils n’étaient pas formulés à
l’origine.
Dans les tous les cas, un enseignant qui souhaite personnaliser utilise des
informations sur le ou les utilisateurs de l’EIAH. Ces informations
peuvent être explicites, contenues dans un profil (informatisé ou
non, individuel ou du groupe), ou être implicites, issues de la
connaissance que l’enseignant a de ses élèves.
L’enseignant peut également prendre en compte ses intentions
pédagogiques ainsi que le contexte d’enseignement (par exemple, le
programme à enseigner ou le temps disponible pour
l’activité). Ces trois sources d’informations rendent la
tâche de personnalisation particulièrement complexe pour les
enseignants.
On constate d’ailleurs que les besoins de personnalisation non couverts
par les logiciels étudiés expriment systématiquement une
attente en termes d’assistance à l’enseignant, et en
particulier d’automatisation d’une partie du travail lorsqu’il
s’agit d’adapter l’EIAH à chaque apprenant. En effet,
les méthodes utilisées dans ces logiciels sont presque toujours
des méthodes ad-hoc qui demandent à l’enseignant un
investissement très lourd. Les concepteurs de ces EIAH aimeraient pouvoir
utiliser des méthodes plus génériques, à la fois
pour diminuer le coût de la mise en œuvre des techniques de
personnalisation, mais aussi pour envisager une automatisation qui permettrait
d’alléger le travail de l’enseignant en lui donnant la
possibilité de recourir davantage à la personnalisation. Ces
méthodes génériques font l’objet de la partie
suivante de cet article.
4. Étude d’approches permettant une personnalisation
automatisée
Dans cette section, nous présentons les quatre
approches relatives à la personnalisation de l’apprentissage que
nous avons étudiées. Les deux premières sont des
systèmes de recommandation de ressources numériques qui peuvent
être appliqués à la proposition de ressources
pédagogiques. Les deux dernières proposent d’adapter les
séquences de travail ou le parcours que devrait suivre un apprenant dans
un cursus pédagogique. Nous identifions ensuite quelles sont les
données nécessaires pour mettre en œuvre ces approches avant
de présenter une comparaison des différentes approches.
4.1. Présentation des approches étudiées
La première approche, notée A1 dans la suite de
l’article, concerne un système d’apprentissage actif et
sémantique (Szilagyi et al., 2011).
Adossé à une modélisation du profil des apprenants, ce
système utilise les technologies liées au Web sémantique (Szilagyi et al., 2010),
pour proposer des parcours personnalisés sur mesure et en temps voulu.
L’opérabilité du système s’appuie sur la
définition au préalable d'objectifs d’apprentissage
balisés dans le temps. Prenons par exemple un groupe
d’étudiants inscrits dans un module à
l’université, pour lesquels les objectifs sont
présentés via un parcours pédagogique. La
référence est ce parcours, car c’est principalement à
partir de la réalisation des activités pédagogiques
balisées de ce parcours que le système détermine les acquis
et les lacunes de chacun en rapport avec les objectifs fixés. En effet,
le point d’articulation pour sélectionner les ressources
pédagogiques sur mesure repose en priorité sur le rapprochement
des lacunes et des acquis. C’est pourquoi une ontologie est prévue
dans le système pour les questionnaires de test des connaissances Cette
ontologie modélise le concept de Quiz (Balog-Crisan et al., 2009).
Un quiz est considéré comme composé de plusieurs «
question/réponse ». L’ontologie Quiz modélise le
concept de « question/réponse » en plusieurs catégories
selon le type de réponse associé : réponse
booléenne, numérique, à choix multiples, etc. Chaque «
question/réponse » fait référence à une ou
plusieurs compétences identifiées dans une autre ontologie du
système (competency ontology).
La personnalisation de l’apprentissage, adossée ainsi sur
l’évaluation des connaissances, consiste à fournir à
l’apprenant des compléments pédagogiques
sélectionnés sur les réseaux numériques, au moment
où l’apprenant en a besoin (« en temps voulu »)
pour combler une lacune ou pour avancer plus vite. La sélection des
ressources pédagogiques est active : elle tient compte des
ressources pédagogiques enregistrées dans une base de
données locale ou publiées tous les jours sur le Web. C’est
pourquoi on peut dire que le système est ouvert.
Comment le système réalise t-il un apprentissage dit sur mesure
et pertinent ? Le profil de l’apprenant comprend ses
préférences (style d’apprentissage), son niveau, ses acquis
et ses lacunes. Ce profil est modélisé par des ontologies (ex :
ontologie des préférences). De cette manière, le profil de
chaque apprenant est décrit par des annotations conformes aux ontologies.
C’est par ces profils que le système
« connaît », à un temps donné, les
besoins de l’apprenant à satisfaire pour favoriser la
réussite de son apprentissage. Le système est ensuite capable de
rapprocher les annotations sémantiques décrivant le profil de
l’apprenant avec les métadonnées des ressources
pédagogiques publiées sur les réseaux, pour
sélectionner les ressources qui répondent le mieux aux besoins de
l’apprenant. Les métadonnées prises en compte dans le
système, pour décrire les ressources pédagogiques, sont
celles du schéma de description LOM (Learning Object Metadata) (IEEE, 2002). On
dispose par exemple d’une description des prérequis et des acquis
de la ressource pédagogique, que l’on peut rapprocher des lacunes
et acquis de l’apprenant.
L’ontologie des préférences s’appuie sur le
modèle proposé par (Felder et Silverman, 1988) qui décline les façons d’apprendre de l’apprenant en
quatre axes : la perception des apprenants (sensoriel/intuitif), le format
préféré de l’apprenant (visuel/verbal), la
participation de l’apprenant (actif/réflexif) et la
présentation du contenu (séquentiel/global).
Les informations relatives au profil de l’apprenant évoluent au
fur et à mesure du déroulement de l’apprentissage, par
l’exploitation de traces laissées par l’apprenant sur les
réseaux. On comprend bien (et on espère bien) que les acquis et
les lacunes de l’apprenant vont évoluer au fur et à mesure
du déroulement de la formation. Le système permet aussi
d’affiner les préférences de l’apprenant. Les
ressources pédagogiques utilisées par les apprenants peuvent
être annotées par ces derniers suivant une ontologie interne au
système appelée « ontologie d’appréciation
». On a alors la possibilité de retrouver les ressources
pédagogiques bien « notées » par un apprenant afin de
voir quelles sont leurs caractéristiques communes. On pourra aussi
rapprocher les préférences des apprenants qui apprécient
les mêmes ressources pédagogiques. On peut dire que ce
système est évolutif car les informations liées au profil
de l’apprenant évoluent au fur et à mesure des
résultats et des interactions par l’apprenant avec le
système.
Les systèmes de collecte et de réutilisation de données,
également appelés Systèmes à Base de Traces (SBT) (Settouti et al., 2006),
représentent une alternative aux techniques et outils du Web
sémantique. Les SBT sont le plus souvent intégrés au sein
des systèmes d'apprentissage, et restreignent ainsi le nombre et la
nature des traces recueillies puisqu'elles sont limitées à celles
issues des interactions des utilisateurs avec l'EIAH hôte. En
conséquence, les outils de personnalisation doivent également
être renfermés dans l’environnement d’apprentissage, et
les données dont ils disposent sont restreintes aux traces produites par
cet EIAH. Or, le nombre et la nature des outils utilisés dans le cadre de
l’apprentissage étant en constante augmentation, les SBT doivent
être capables de fédérer ces différents outils et
proposer des solutions unificatrices fondées sur les interactions des
utilisateurs avec des systèmes hétérogènes. La
seconde approche étudiée (Butoianu et al., 2011),
notée A2, propose un SBT indépendant des plateformes (Butoianu et al., 2010),
c'est-à-dire un système externe capable d'intégrer des
données d'observation issues de tout type d'activités
réalisées par n'importe quel utilisateur (aussi bien les
apprenants, enseignants et tuteurs que les personnels administratifs ou les
administrateurs informatiques) sur des systèmes de natures
hétérogènes (plateformes d'apprentissage, viviers de
connaissances, systèmes de gestion de contenus, etc.). Ce cadre de
travail repose sur trois entités : un modèle extensible
décrivant les traces, une base de données implémentant ce
modèle, et un ensemble de services Web capables d'interagir avec la base
de données.
Deux de ces services sont fondamentaux pour le partage et la
réutilisation des traces : le premier, fondé sur la
spécification Simple Publishing Interface (SPI) (Ternier et al., 2008),
est responsable de l’indexation d’une nouvelle trace dans la base de
données, alors que le second respecte le standard Simple Query Interface
(SQI) (Simon et al., 2005) pour retrouver les données d’observation. Le service SQI offre
ainsi l’opportunité à diverses applications de proposer des
fonctions de personnalisation à partir de la formulation de
requêtes pertinentes. À titre d’exemple, un service de
recommandation personnalisé de ressources d’apprentissage a
été conçu en exploitant à la fois les
préférences de l’utilisateur en termes de langue et format
de fichiers, mais également la ressource pédagogique la plus
récemment consultée par l’utilisateur. Une application
cliente de ce service a été intégrée dans
l’outil de recherche d’objets pédagogiques ARIADNE Finder (Broisin et al., 2010) : lorsqu’un utilisateur consulte un objet pédagogique, le Finder
invoque le service de recommandation qui recherche, dans la base de traces, les
ressources dont le titre ou la description contient au moins un mot clé
présent dans le titre de l’objet pédagogique consulté
par l’utilisateur, et dont la langue et le format de fichier correspondent
aux préférences de l’usager ; les résultats sont
finalement retournés au Finder qui les expose à
l’utilisateur à travers l’IHM. Dans la mesure où les
ressources recommandées sont stockées dans la base de traces et
qu’elles ont été générées suite
à l’interaction des utilisateurs avec les EIAH
intégrés dans ce cadre de travail (par exemple ARIADNE Finder ou
la plateforme d’apprentissage MOODLE), elles comprennent aussi bien des
cours entiers ou des objets pédagogiques caractérisés par
une plus faible granularité, que des messages postés dans des
forums de discussion.
Dans la troisième approche, on considère que l'enseignant
conçoit ou réutilise des activités (leçons,
exercices en relation avec les leçons, etc.) qu’il va organiser
dans le but de faire progresser ses élèves. L’approche
présentée ici ne s’intéresse qu’à la
prise de décision concernant l'enchaînement des activités
à proposer au moment le plus opportun afin que les connaissances de
l’élève « augmentent ». La
séquence choisie, c'est-à-dire l'ensemble des activités
proposées dans un ordre fixé par l'enseignant, pourra
éventuellement être adaptée à chaque
élève mais cela peut devenir très coûteux en temps
pour l'enseignant. L’approche de (Daubigney et al., 2011),
notée A3, se propose d'automatiser la prise de décision sur
la séquence d’activités à proposer (décisions
séquentielles) pour faire progresser les élèves. Cette
approche permet de trouver pour chaque élève la séquence
qui pourra statistiquement le faire progresser le mieux. En effet, celle-ci
n'est pas forcément la même pour tous (en fonction de la fatigue,
du niveau initial, des affinités de chacun avec les tâches
proposées, etc.). L'enseignement est envisagé ici comme un
problème de prise de décision séquentielle dans le but de
maximiser un critère : la progression de l'élève.
Ce problème peut être résolu par une méthode
d'apprentissage automatique basée sur les interactions entre
l'élève et l'enseignant : l'apprentissage par renforcement (Sutton et Barto, 1998).
Chaque élève est placé devant un ordinateur dont le
rôle est de trouver la stratégie qui, en utilisant les
activités les unes à la suite des autres, va faire progresser au
mieux l'élève. Pour apprendre la meilleure stratégie,
l'ordinateur dispose d'exemples. Un exemple est une activité
proposée par l'ordinateur dont l'impact sur l'élève a
été quantifié grâce à une
« récompense ». Cette récompense est
définie de façon à quantifier la qualité du choix de
l'activité à un moment donné, ce qui permet à
l'ordinateur d'avoir un retour sur l'utilité de l'activité
à ce moment précis. Choisir la récompense est une
étape importante de cette approche : elle ne doit pas être trop
explicite de façon à ne pas trop guider l'apprentissage de
l'ordinateur mais doit être néanmoins suffisamment informative.
Les exemples utilisés pour l'apprentissage de l'ordinateur peuvent
provenir, entre autres, d'une séquence définie manuellement pour
un élève de niveau moyen. Le rôle de l'ordinateur va
être de trouver la séquence qui permette d'obtenir la plus grande
somme des récompenses, somme constituée par les récompenses
obtenues après chaque activité. En fonction de la
récompense associée à chaque exemple, le comportement de
l'ordinateur va être renforcé ou bien atténué. Une
fois la stratégie apprise par l'ordinateur, elle peut être
utilisée avec l'élève.
Ainsi, l’approche A3, fondée sur l'apprentissage par
renforcement, permettra de proposer une séquence d'activités,
propre à chaque élève, déterminée par un
critère (la récompense). Les activités sont choisies parmi
un ensemble d'activités mises à disposition au préalable
par l'enseignant. La séquence est apprise par la machine à partir
d'exemples.
Dans la dernière approche, notée A4, le logiciel Adapte
fournit à chaque apprenant des activités pédagogiques
adaptées à son profil et aux intentions pédagogiques de son
enseignant (Lefevre et al., 2011a).
Les activités proposées sont de deux types : soit des
activités sur support papier ayant différentes formes (QCM,
exercices sur des textes, sur des illustrations...) et portant sur diverses
disciplines (Lefevre et al., 2009a) ;
soit des activités incluses dans des logiciels pédagogiques. Dans
ce dernier cas, l’activité englobe son contenu, mais aussi
l’environnement logiciel support de l’activité
(l’interface, les fonctionnalités, les rétroactions et
l’ordre des activités) (Lefevre et al., 2009b).
Pour pouvoir proposer ces activités personnalisées, le logiciel
Adapte s’appuie sur le modèle PERSUA2 (Lefevre et al., 2011b).
La mise en œuvre de ce modèle permet à chaque enseignant de
définir son propre modèle de personnalisation.
En utilisant le logiciel Adapte, un enseignant va dans un premier temps
définir sa stratégie pédagogique en explicitant la
façon dont il souhaite que les activités soient affectées
aux apprenants. Pour cela, l’enseignant restreint le profil des apprenants
en choisissant un ou plusieurs éléments et définit des
contraintes sur les valeurs de ces éléments afin de
préciser les caractéristiques recherchées. Il va, par
exemple, indiquer qu’il veut faire travailler les apprenants qui ne
maîtrisent pas la conjugaison des verbes du premier groupe au
présent de l’indicatif. Ensuite, il définit les contraintes
permettant de générer une activité ou de la choisir dans
les bases d'activités des logiciels pédagogiques dont il dispose.
Ces contraintes sur le profil des apprenants et ces contraintes sur la
création d’activités sont associées et
hiérarchisées pour refléter les priorités
pédagogiques de l’enseignant. L’enseignant peut par exemple
décider de faire travailler en priorité les mathématiques,
puis la conjugaison et enfin l’orthographe. Une fois que
l’enseignant a défini sa stratégie pédagogique, il
précise le contexte dans lequel la séance de travail va se
dérouler. Pour cela, il indique au système les apprenants pour
lesquels il souhaite des séquences de travail, puis il peut
préciser des contraintes sur le temps, le nombre d’exercices, les
supports à utiliser (papier et/ou logiciel), etc. La souplesse du
modèle PERSUA2 permet aux enseignants d’associer à une
stratégie pédagogique autant de contextes d’utilisation
qu’ils le souhaitent, et inversement.
À partir de la stratégie pédagogique et du contexte
d’utilisation de l’enseignant d’une part, et des profils des
apprenants d’autre part, Adapte propose pour chaque apprenant une
séquence de travail. L’enseignant peut valider, modifier ou
supprimer les séquences proposées. La modification d’une
séquence peut se faire en ajoutant ou supprimant une activité
donnée, en demandant un autre énoncé pour une
activité, ainsi qu’en changeant l’ordre des activités,
soit manuellement, soit à l’aide de fonctions de tri. Une fois les
séquences validées, Adapte fournit, pour les activités sur
support papier, une feuille d’exercices pour chaque apprenant et la
correction des activités pour l’enseignant. Pour les logiciels
pédagogiques, quand cela est possible, les fichiers de configuration sont
modifiés, ou à défaut une feuille d’instructions
indiquant la configuration à effectuer sur l’interface du logiciel
est produite.
Avec cette approche, chaque enseignant peut obtenir des activités
personnalisées, sur différents supports, respectant à la
fois ses propres choix pédagogiques et les profils de chacun de ses
élèves.
4.2. Données nécessaires pour mettre en œuvre ces
approches
Pour pouvoir mettre en œuvre les approches étudiées et
présentées dans la section précédente, trois
catégories d’informations sont nécessaires :
- des informations sur l’apprenant,
- des informations sur les activités pédagogiques ou
les parcours pédagogiques,
- et enfin, des informations sur la façon de
personnaliser.
Chacune des approches nécessite d’avoir des informations sur
l’apprenant : données brutes, données calculées
ou informations interprétées. Les données brutes sont les
traces laissées par les apprenants lors de leur utilisation des
ressources pédagogiques (traces de navigation ou réponses et
productions des apprenants). Les données calculées portent par
exemple sur le taux de bonnes réponses fournies par l’apprenant ou
le nombre de cours suivis. Ces calculs sont faits par les systèmes
eux-mêmes. Les informations interprétées portent sur les
préférences, les connaissances, les compétences et/ou le
comportement des apprenants. Elles sont contenues dans des profils qui peuvent
être définis librement par les enseignants, issus de logiciels
pédagogiques ou définis par les systèmes en respectant des
modèles comme celui décrit dans (Felder et Silverman, 1988).
À chaque fois, les informations peuvent être mises à jour et
enrichies en fonction des évolutions de l’apprenant.
De la même manière, chacune des approches nécessite
d’avoir des informations sur les activités ou les parcours
pédagogiques à personnaliser. Ces informations peuvent être
la simple description des choix possibles dans un parcours
d’apprentissage, comme dans l’approche A3, ou des informations plus
riches contenues dans des métadonnées, comme dans l’approche
A1, qui reprend entre autres les métadonnées du LOM pour disposer
d’informations sur les ressources pédagogiques à conseiller.
Ces métadonnées sont fournies par les créateurs des
ressources pédagogiques lors de leur mise à disposition sur le
Web. Bien que ces métadonnées respectent toutes le LOM, elles ne
sont pas nécessairement homogènes car produites par
différents auteurs, ce qui introduit une importante source de
variabilité dans les descriptions. Les informations peuvent aussi
être des descriptions plus précises des ressources. Ainsi
l’approche A4 a besoin de modèles décrivant les ressources
à personnaliser (activités papier ou logiciels
pédagogiques). Cette description des ressources est faite par un expert
(souvent le concepteur de la ressource) en utilisant les
méta-modèles de l’approche GEPPETO (Lefevre, 2010).
Les choix concernant la façon d’adapter une ressource sont faits
par les enseignants qui contraignent les modèles définis par les
experts. De même, l’approche A2 utilise une modélisation
orientée objet pour offrir une vue globale des informations
modélisées et faciliter leur extension. Les modèles de
traces définissent un ensemble de classes génériques
caractérisant les entités de base d’un environnement
d’apprentissage en ligne (système, ressource, utilisateur,
activité), et qui peuvent être étendues pour
représenter des traces plus spécifiques (objets
pédagogiques, plateformes d’apprentissage, consultation d’un
objet pédagogique à partir d’une plateforme, etc.). Les
classes de base sont disponibles, et c’est à l’enseignant ou
au concepteur de l’EIAH de les étendre pour tracer les informations
spécifiques à leurs besoins.
Enfin, chacune des approches utilise son propre mécanisme,
fondé sur ses propres modèles, pour choisir comment personnaliser
l’apprentissage. Les deux approches conseillant des ressources
n’utilisent pas de modèle de personnalisation à proprement
parler mais des algorithmes permettant de filtrer les ressources pour
répondre à une requête donnée. L’approche A1
utilise les technologies du Web sémantique (OWL, RDF et SPARQL) et un
moteur sémantique. Les informations sur les apprenants et les ressources
sont contenues dans des ontologies qui sont ensuite utilisées par le
moteur sémantique pour répondre à la requête.
L’approche A2 utilise un système à base de traces et repose
sur l’architecture Web-Based Enterprise Management (WBEM, 1999) pour
supporter le méta-modèle CIM. Les deux approches adaptant le
parcours de l’apprenant ont des mécanismes différents.
L’approche A3 utilise les processus décisionnels de Markov et
l’apprentissage par renforcement pour ordonnancer les activités que
l’apprenant devra suivre. C’est donc le système qui fait les
choix de personnalisation après avoir été
initialisé. L’approche A4 met en œuvre les choix
pédagogiques que chaque enseignant peut définir en utilisant le
modèle PERSUA2.
Pour pouvoir être mises en œuvre, les quatre approches
étudiées reposent donc sur différents modèles
informatiques, plus ou moins explicites, qui sont soit fournis par les
concepteurs des systèmes mettant en œuvre les approches, soit
déduits suite aux activités des apprenants, soit fournis par les
enseignants souhaitant obtenir une personnalisation. Il est à noter
qu’à chaque fois, il est nécessaire d’avoir des
informations d’une part sur les apprenants pour pouvoir fournir des
résultats qui leur correspondent et d’autre part sur les ressources
à conseiller ou à adapter. Ensuite, le mécanisme
d’adaptation est contenu dans le système de personnalisation, avec
éventuellement une possibilité de
« paramétrage » par l’enseignant.
Ainsi, l’approche de personnalisation mise en œuvre dans le
système de recommandation CoMoLE (Martin et Carro, 2009) repose également sur ces trois modèles : un modèle de
l'utilisateur ou du groupe (qui inclut des traces d’activités de
l’apprenant), un modèle des activités, et un modèle
d'adaptation (sous forme de règles d'adaptation et de critères de
recommandation). En utilisant un outil auteur associé, l’enseignant
peut expliciter des informations qui permettront de définir ces trois
modèles, en particulier les activités, leurs types, leur
pertinence en fonction du contexte d’apprentissage, les outils
associés et les pré-requis.
Les modèles informatiques de personnalisation reposent sur des
modèles d’apprentissage, c'est-à-dire sur les
représentations que se font leurs auteurs de ce qu’est apprendre et
de comment on peut mesurer l’apprentissage. En effet, non seulement les
activités proposées aux élèves, mais aussi la
personnalisation des activités seront différentes si
l’apprentissage est vu comme un phénomène cumulatif, dans
lequel l’apprenant ajoute des connaissances nouvelles aux connaissances
précédentes, indépendamment de celles-ci, ou comme un
phénomène constructif, dans lequel chaque nouvelle connaissance
remet en cause les précédentes et oblige l’apprenant
à adapter ses conceptions. De même, les stratégies
informatiques seront différentes, si l’étudiant est
considéré comme responsable de ses apprentissages et amené
à faire des choix, ou si c’est le système lui-même (en
appliquant les consignes de l’enseignant) qui en assume la
responsabilité et exerce les choix pour l’apprenant. Les
mécanismes informatiques construits pour récolter les informations
qui caractérisent l’apprenant d’une part et les ressources ou
activités d’autres part, et les relient dans un
procédé de personnalisation constituent une transposition
informatique d’un modèle d’apprentissage : transposition
explicite si ce modèle est conscient et assumé par les
concepteurs, ou implicite si ce modèle n’a pas été
formalisé a priori, et qu’il est généré
par l’application informatique qui l’incarne. Afin de tendre vers
une explicitation de ces modèles, une solution est de guider les
concepteurs lorsqu’ils définissent les scénarios
d’apprentissage de leur logiciel pour rendre ces scénarios
compatibles avec des théories d’apprentissage connues. Ainsi,
l’outil auteur SMARTIES (Hayashi et al., 2009) supporte la conception de scénarios d’apprentissage et
d’enseignement basés sur de multiples théories
d’apprentissage. Les concepteurs utilisant cet outil peuvent ainsi
définir les modèles qu’ils souhaitent exploiter en les liant
à des théories d’apprentissage, les rendant ainsi
exploitables par des agents logiciels. Cette définition guidée
permet aux concepteurs de prendre conscience des choix qu’ils mettent en
œuvre en matière d’apprentissage au sein des EIAH.
4.3. Synthèse des approches étudiées
Nous avons étudié l’ensemble des approches
présentées dans la section 3.1 selon différents
aspects : quels sont les disciplines et niveaux d’enseignements pris
en compte ? Quels besoins de personnalisation sont pris en compte ? Quelles sont
les méthodes mises en œuvre pour répondre aux besoins de
personnalisation ? Que nécessitent ces méthodes ? Qui
personnalise et pour qui ? Quels sont les avantages et inconvénients
respectifs de chaque approche ?
La figure 2 résume l’ensemble des réponses à ces
questions pour les approches étudiées.
Figure 2 • Étude comparative de
quatre approches permettant une personnalisation de
l’apprentissage
Nous avons ainsi constaté que l’ensemble des approches
étudiées ne se limite pas à un domaine disciplinaire ou
à un niveau d’enseignement précis, mais qu’elles
tentent de personnaliser les ressources d’enseignement
indépendamment de ces deux caractéristiques. La personnalisation
peut prendre deux formes différentes en fonction des approches :
- la recommandation de ressources numériques selon les
besoins des utilisateurs,
- l’adaptation du parcours de chaque apprenant dans un cursus
pédagogique, voire une adaptation du contenu de ce cursus. Le contenu
peut être adapté en personnalisant les activités, mais aussi
l’environnement proposant ces activités (fonctionnalités,
interface...).
Les acteurs intervenant lors de la personnalisation varient en fonction des
deux types d’approches. Dans les systèmes de recommandation,
c’est l’utilisateur du système qui demande une
personnalisation et qui l’obtient directement. Cet utilisateur peut
être un apprenant travaillant en autonomie mais également un
enseignant souhaitant préparer ses cours. Dans le cas des systèmes
proposant une adaptation du parcours (et de son contenu), c’est
l’enseignant ou le module pédagogique d’un EIAH qui demande
la personnalisation et les résultats du système sont ensuite
utilisés pour proposer des cursus adaptés aux apprenants.
Nous avons également constaté que toutes les approches
étudiées proposent des solutions pour l’apprenant de
manière automatique, mais qu’elles nécessitent toutes une
initialisation du système : description ou modélisation des
ressources pédagogiques, modélisation des apprenants, et
modélisation du modèle de personnalisation (sous forme de
paramétrage des algorithmes, ou sous forme d’un modèle au
sens strict du terme). Cette phase d’initialisation est une limite de ces
approches : l’initialisation peut s’avérer complexe, comme
dans l’approche A3 qui nécessite de définir une fonction de
récompense efficace, ou s’avérer longue, comme dans les
approches A1, A2 et A4 qui nécessitent de décrire ou de
modéliser les ressources pédagogiques pour avoir les informations
nécessaires à l’exécution des algorithmes de
personnalisation.
En revanche, une fois initialisées, toutes ces approches ont
l’intérêt majeur de proposer, automatiquement et rapidement,
une solution de personnalisation à l’enseignant, ou à
l’apprenant voulant travailler en autonomie. Cette personnalisation peut
être recalculée à chaque évolution de l'apprenant
dans son cursus pédagogique. Dans le cas de l’approche A4, la
personnalisation peut en plus prendre en compte les habitudes et besoins
pédagogiques de chaque enseignant.
5. Quelles approches permettent de couvrir quels besoins des EIAH
étudiés ?
Suite à l’étude de
différents EIAH présentant des besoins de personnalisation (cf.
section 3), puis à l’étude d’approches permettant une
personnalisation de l’apprentissage (cf. section 4), nous avons
étudié la possibilité d’utiliser ces approches pour
répondre aux besoins de personnalisation identifiés. Cette
utilisation est envisagée de deux manières : soit les approches
viennent en complément des logiciels, soit elles y sont directement
combinées.
Dans le premier cas, les approches A1 et A2 pourraient être
utilisées avec certains EIAH ayant des compléments
pédagogiques en ligne (par exemple sur le site ACCES (ACCES, 2005) pour
les logiciels EduAnatomist et Réaction) ou des banques de données
associées (par exemple NeuroPeda, la banque d’images IRM
décrites en LOMfr associées à EduAnatomist). Il serait
alors possible que ces approches se greffent sur des parcours de formation pour
proposer des compléments pédagogiques aux apprenants en tenant
compte de leur niveau, de leurs compétences en fonction de celles
déjà repérées chez l’apprenant ou en fonction
de leur activité avec l’EIAH. Les approches A1 et A2 peuvent
répondre à ce besoin sous certaines conditions. Elles peuvent en
effet être utilisées pour recommander les activités
pédagogiques des EIAH seulement si celles-ci sont d’une part mises
à disposition sur le Web ou dans des bases de données, et sont
d’autre part soit annotées selon l’ontologie (au format RDF
ou compatible) utilisée dans l’approche A1, soit tracées
selon le modèle de l’approche A2.
D'autre part, il apparaît que certaines approches peuvent être
combinées à certains logiciels. L’approche A3 qui utilise
l’apprentissage par renforcement pour adapter le parcours des apprenants
peut ainsi être appliquée aux logiciels TRI et Tables au
trésor pour choisir le type d’activité que l’apprenant
devra effectuer une fois l’activité en cours terminée. Ces
deux EIAH ont un besoin d’automatisation du processus de personnalisation
mais dans le cas du logiciel TRI, le nombre assez faible
d’activités restreint les différents ordonnancements
possibles. Appliquer l’approche A3 pour ce logiciel nécessite donc
de passer par une phase d’initialisation longue qui ne débouche que
sur un nombre restreint de configurations possibles en sortie.
De même, l’approche A4 mettant en œuvre le modèle de
personnalisation de chaque enseignant peut elle aussi être utilisée
pour répondre aux besoins des logiciels TRI, Tables au trésor,
mais aussi AMBRE-add, et ainsi personnaliser les séquences
d’activités, voire les activités, les fonctionnalités
et l’interface des logiciels. Cette approche pourrait aussi être
appliquée aux logiciels Fossiléo, Réaction et EduAnatomist
pour personnaliser l’environnement des logiciels à des groupes
d’élèves. Actuellement, Adapte ne peut proposer pour ces
derniers qu’une description de comment les configurer, sous forme
d’une liste d’instructions que les enseignants pourront suivre pour
configurer eux-mêmes les logiciels. Toutefois, pour chacun des logiciels,
un travail d’identification des paramètres permettant leur
configuration a été entrepris afin de les sortir du code source.
Une fois ces fichiers de configuration disponibles, Adapte pourra être
utilisé pleinement afin de configurer directement les logiciels et ainsi
alléger le travail des enseignants. Enfin, cette approche pourrait
être appliquée au logiciel Pictop pour adapter les
paramètres de configuration mais n’apporterait pas de plus-value
puisque le logiciel possède déjà une interface permettant
de faire simplement cette configuration.
L’étude que nous avons menée nous a donc permis de
constater que pour chacun des logiciels présentés dans la section
3.1, l’une des approches présentées dans la section 4.1
permet de répondre aux besoins de personnalisation identifiés.
Nous pensons néanmoins qu’il pourrait être intéressant
pour un enseignant de pouvoir combiner ces approches. Il pourrait ainsi proposer
à chacun de ses apprenants, dans le cadre d’un apprentissage dit
personnalisé, des parcours personnalisés au sein d’EIAH ou
au sein d’un cursus pédagogique composé de cours,
d’activités papier et d’activités logicielles, mais
également, dans le cadre d’un apprentissage dit
individualisé, leur fournir des compléments de cours
numériques (site Web, logiciels...) répondant à leurs
besoins individuels (approfondissement, révision, etc.).
6. Discussion
Dans cette section, nous mettons en évidence
les verrous informatiques qui ont été identifiés pour
pouvoir proposer des EIAH personnalisables ou des approches permettant une
personnalisation. Pour chacun de ces verrous, nous indiquons les solutions
proposées pour les systèmes étudiés, leurs avantages
et inconvénients. Nous présentons ensuite les
intérêts de la personnalisation de l’apprentissage du point
de vue de l’apprenant et de l’enseignant avant de discuter de la
prise en main et de l’évaluation par des enseignants des solutions
proposées.
6.1. Verrous scientifiques pour les informaticiens
La personnalisation de l’apprentissage a été
abordée de différentes manières dans les logiciels et
approches que nous avons présentés, mais à chaque fois, des
verrous informatiques ont été rencontrés.
6.1.1. Caractérisation de l’apprenant
Le premier d’entre eux concerne l’adaptation à
l’apprenant. Pour pouvoir personnaliser l’apprentissage en fonction
de chaque apprenant, il est nécessaire d’avoir des informations
concernant les modes de fonctionnement, les acquis et lacunes de
l’apprenant.
Une première solution est d’utiliser les réponses de
l’apprenant lors de l’utilisation d’un EIAH pour construire
son profil. Les logiciels Tri et Tables au trésor, ainsi que le
système actif et sémantique d’apprentissage (A1) et
l’approche utilisant l’apprentissage par renforcement (A3)
produisent ainsi des profils d’apprenants qu’ils mettent à
jour après chaque activité réalisée par
l’apprenant. L’inconvénient de ces profils est qu’ils
sont simplistes (basés par exemple sur des QCM) et ne portent que sur les
réponses ou les actions de l’apprenant.
Une seconde solution est d’utiliser les traces laissées par
l’apprenant lors de son interaction avec le système, pour
déduire des informations le concernant. Ainsi, le logiciel AMBRE-add
dispose d’un module qui construit un profil de l’apprenant en
calculant des indicateurs à partir de requêtes sur les traces.
Cette construction du profil à partir des traces permet d’obtenir
des profils plus riches puisqu’une analyse plus poussée de
l’activité peut être faite. Les indicateurs retenus doivent
donc être signifiants pour permettre de caractériser
l’élève et son niveau d’apprentissage. Un biais peut
toutefois être introduit si les modalités de calcul de ces
indicateurs sont liées au modèle d’apprentissage des
concepteurs. Dans le cas du logiciel AMBRE-add, le problème encore non
résolu est de permettre à un enseignant non informaticien de
formuler les requêtes de calcul d’indicateurs pour lui permettre
d’obtenir de nouvelles informations sur l’apprenant et
d’adapter la personnalisation à ses propres modèles
d’apprentissage.
Une troisième solution est de permettre à l’enseignant de
déduire lui-même des informations sur les apprenants. Cela peut se
faire en rejouant à l’enseignant l’activité de
l’apprenant, comme avec le logiciel Pictop, ou par d’autres moyens
indirects (copies d’écran prises lors de l’activité,
voire enregistrements audio ou vidéo de la séance) donnant
à l’enseignant des données interprétables a
posteriori sur l’activité de l’apprenant.
L’inconvénient majeur de cette approche est le temps que
nécessite cette déduction d’informations. Dans le cas de
Pictop, qui est utilisé dans des classes ne contenant que très peu
d’élèves, cela reste concevable, mais le passage à
l’échelle d’une classe de trente élèves ou
d’une promotion de cent étudiants ne l’est pas, car il
nécessiterait un investissement en temps trop important pour
l’enseignant.
Enfin, les informations sur l’apprenant peuvent provenir de profils
existants : ceux que les enseignants construisent à l’issue de
leur activité en classe (notamment à partir des résultats
des élèves) ou ceux déduits des évaluations
obligatoires lors de la scolarité des élèves (comme les
évaluations nationales). Ainsi le logiciel Adapte utilise des profils
existants issus de sources diverses. Cette utilisation de profils
d’apprenant extérieurs au logiciel nécessite d’une
part de connaitre le formalisme dans lequel est décrit le profil, et
d’autre part d’harmoniser les profils pour qu’ils soient
décrits dans un même formalisme (Eyssautier-Bavay et al., 2009).
Une telle harmonisation pourrait améliorer l’utilisabilité
et l’acceptabilité des outils de personnalisation auprès des
enseignants.
6.1.2. Sélection et adaptation des ressources
Le second verrou concerne le choix et/ou la constitution de ressources
pédagogiques que l’on propose pour personnaliser
l’apprentissage. Ces ressources doivent être
sélectionnées, créées ou adaptées pour
répondre aux besoins des apprenants et/ou aux habitudes
pédagogiques des enseignants.
La création ou l’adaptation peuvent se faire en utilisant des
générateurs d’exercices. Les logiciels AMBRE-add et Adapte
possèdent ainsi des générateurs permettant d’adapter
les exercices aux habitudes des enseignants. Même si les
générateurs proposés dans ces logiciels se veulent
génériques, chaque générateur ne peut créer
que des activités d’un certain type. Pour permettre aux enseignants
de créer des activités de différentes formes, il faut donc
multiplier les générateurs.
L’adaptation peut également se faire à travers une
interface de configuration, comme pour les logiciels Tables au trésor,
Réaction ou EduAnatomist, ou en modifiant directement les fichiers de
configuration des logiciels, comme pour le logiciel TRI. Selon ce principe, le
logiciel Adapte permet de modifier les fichiers de configuration d’autres
EIAH, ce qui nécessite d’avoir des informations sur les logiciels
à configurer. La solution retenue par l’approche A4 a
été de proposer un méta-modèle (Lefevre et al, 2009b) permettant à chaque concepteur d’EIAH de décrire le
modèle de personnalisation de son EIAH.
La sélection des activités peut se faire de différentes
manières. L’approche fondée sur le Web sémantique
(A1) cherche à faire correspondre les informations décrivant les
besoins de l’apprenant (issues de son profil) avec celles décrivant
les ressources sur le Web ou dans des bases de données. L’approche
fondée sur le système à base de traces (A2) recherche dans
les traces d’utilisation des ressources, les mots-clés contenus
dans la requête de l’utilisateur. Pour fonctionner, ces deux
approches nécessitent de connaitre les ressources et donc d’avoir
des informations les caractérisant. L’approche A1 utilise pour cela
les annotations sémantiques du Web 3.0 et les métadonnées
du LOM. L’approche A2 exploite elle un modèle extensible
décrivant les traces d’utilisation des ressources
pédagogiques numériques associé à des services Web.
Lorsqu’elles travaillent de façon ouverte avec des ressources en
ligne, ces approches dépendent alors des métadonnées pas
nécessairement homogènes qui sont associées aux ressources
par des fournisseurs de descriptions inconnus, dont on ignore les modèles
d’apprentissage et les habitudes. La possibilité d’associer
aux métadonnées, des indicateurs renseignés par les
utilisateurs du système (comme les appréciations des utilisateurs
dans l’approche A1) est alors un gage d’adaptation au contexte tout
en résistant à la variabilité introduite par
l’ouverture du système.
6.1.3. Assistance à l’enseignant
Le troisième verrou concerne la prise en compte des enseignants. Un
premier aspect de ce verrou est le fait de permettre la personnalisation des
activités sur différents supports (support papier et sur
différents logiciels) sans pour autant imposer aux enseignants de
maitriser une multitude d’outils. Le logiciel Adapte propose pour cela des
interfaces de paramétrage homogènes permettant de personnaliser
des activités sur différents supports. Cette solution
nécessite encore une fois d’avoir des informations sur les
activités à personnaliser et de pouvoir organiser ces informations
de manière homogène. Le logiciel Adapte respecte pour cela
l’approche GEPPETO permettant d’adapter de manière
homogène différents types d’activités
pédagogiques aux besoins des enseignants.
Un second aspect de ce verrou concerne les principes mis en œuvre pour
personnaliser. Les logiciels présentés dans la partie 3 de cet
article confient tous à l’enseignant le rôle
d’ingénieur pédagogique. Ainsi, c’est
l’enseignant qui effectue les choix de personnalisation en affectant
manuellement des activités ou en configurant l’EIAH. Les approches
présentées dans la partie 4 essayent d’automatiser davantage
la sélection et l’agencement de ressources pédagogiques en
les ajustant aux besoins (acquis et lacunes) et aux façons
d’apprendre de l’apprenant (préférences). Ces
approches utilisent des algorithmes permettant, par exemple, d’analyser
des traces des activités et des interactions des apprenants, de
rapprocher des annotations sémantiques, de définir des
séquences d’activités. Le système actif et
sémantique d’apprentissage (A1) opère ainsi une analyse de
traces, en repérant les ressources pédagogiques
sélectionnées pour un apprenant afin d’affiner son profil.
Cette analyse permet par exemple d’opérer des recoupements de
métadonnées communes aux ressources pédagogiques
appréciées par un même apprenant, pour affiner ses
préférences. Une ontologie dite
« d’appréciation » est prévue à
cet effet.
Si les systèmes développés sont prometteurs, une des
difficultés majeures pour disposer de dispositifs efficaces et faciles
à utiliser, réside dans la définition des données
traitées par les algorithmes et dans la formalisation et/ou la
récupération de données compréhensibles par les
ordinateurs. Les données à définir en amont de
l'utilisation des algorithmes peuvent concerner, comme nous venons de le voir,
le profil de l’apprenant et les contenus pédagogiques. Elles
peuvent aussi concerner la manière d’affecter un contenu
pédagogique à un apprenant. Ainsi, Adapte utilise le modèle
PERSUA2 pour permettre à chaque enseignant d’indiquer à
l’algorithme ses habitudes et besoins en matière
d’affectation d’activités aux apprenants. Les données
fournies en amont sont parfois complétées par des données
collectées au cours de la phase d'apprentissage, données mesurant
les acquis et les lacunes de l’apprenant.
6.2. Intérêts de la personnalisation pour l’apprenant et
l’enseignant
D’un point de vue pédagogique, personnaliser une séquence
d’exercices, un exercice lui-même, les caractéristiques de
l’interface présentant l’exercice (style cognitif, niveau
d’aide, paramètres par défaut...) ou des ressources offertes
à l’apprenant pour compléter un parcours pédagogique
devrait permettre d'aider l'élève dans sa progression et
d'assister l'enseignant dans sa démarche.
Pour l'apprenant, apprendre en suivant un parcours personnalisé est un
atout car cela lui permet de progresser à son rythme et selon ses
besoins. Le but visé est non seulement que l'élève apprenne
mais aussi de soutenir son intérêt et sa motivation en
évitant qu'il ne s'ennuie. Dans le cas d'approches qui s'adaptent
automatiquement à l'élève, comme celle qui utilise
l'apprentissage par renforcement (A3), le but pour la machine est d'obtenir le
meilleur de chaque élève, en fonction des capacités de ce
dernier, sans forcément lui faire atteindre un objectif fixé,
potentiellement au-delà de ses capacités. Tant que
l'élève progresse, la machine complexifie l'apprentissage, mais si
l’élève est en difficulté, la machine ne propose pas
d'exercices plus difficiles pouvant l’amener à se sentir en
échec.
Les concepteurs d'EIAH proposent des environnements d'apprentissage
attrayants, par exemple sous la forme de jeu dans le cas de TRI et Tables au
trésor. Les pratiques du multimédia et d'Internet font
désormais partie de la vie des élèves. Reprendre ces
pratiques dans les formations soutient l'intérêt des apprenants
pour l'activité pédagogique proposée. Néanmoins, la
mise à disposition d'un outil, aussi attrayant soit-il, n'assure pas pour
autant son usage. Un élément de réponse donné pour
soutenir la motivation de l'apprenant à utiliser les systèmes
proposés, et pour en tirer le meilleur profit, est de relayer son
utilisation dans le groupe composé des apprenants et de leur(s)
formateur(s) (Greffier et al., 2011).
Ainsi, une approche comme celle utilisant le Web sémantique (A1)
présente l'intérêt d'une réflexion en groupe sur les
critères du référentiel commun concernant les ressources
pédagogiques. Prendre conscience à plusieurs de ce qui est
important pour chacun ou pour tous dans une ressource pédagogique en
négociant pour trouver un accord, examiner ensemble des ressources venant
de l’extérieur, permet un travail métacognitif pour les
apprenants (une réflexion sur comment se déroule l'apprentissage,
avec quelles ressources, etc.) et une éducation critique au Web (auteurs
des ressources, objectifs poursuivis...). Ainsi, l'apprentissage
personnalisé n'est pas obligatoirement synonyme d'apprentissage
individuel. Plusieurs dispositifs associent plusieurs apprenants et font
intervenir l’enseignant.
Du point de vue de l'enseignant, les méthodes de personnalisation
où il intervient ont l’avantage de le conduire à identifier
certains paramètres de la situation d’apprentissage en lien avec
des objectifs pédagogiques. L’outil de personnalisation peut alors
amener l’enseignant à effectuer consciemment des choix qu’il
réalisait peut-être jusqu’alors de façon implicite, et
ainsi élargir sa palette de modalités d’action sur les
situations d’enseignement. Le logiciel Adapte incite par exemple les
enseignants à réfléchir à la façon dont ils
mettent en œuvre la personnalisation, afin de définir leur
modèle de personnalisation. Ils formalisent ainsi leurs stratégies
pédagogiques implicites sur leur manière de personnaliser.
Certaines approches proposées peuvent être utilisées pour
générer des activités sur différents supports, ce
qui permet à l'enseignant de ne pas être dépendant d'une
salle équipée pour proposer des activités
personnalisées à chaque élève de la classe. Avec
Adapte, les exercices automatiquement générés après
une phase de configuration par l'enseignant peuvent être imprimés
pour une activité papier-crayon. Cela permet de combiner les avantages
inhérents à l'utilisation d'EIAH personnalisés à
ceux d'activités plus classiques.
6.3. Limites à la personnalisation des EIAH
Bien que les EIAH personnalisés soient une aide pour les enseignants,
certaines limites peuvent apparaître. La question de la prise en main et
de l'ergonomie doit être abordée tout comme celle de la pertinence
des modèles utilisés pour construire l'EIAH ainsi que le
problème de l'évaluation de l'efficacité de ces
systèmes.
Les EIAH sont parfois difficiles à prendre en main sans formation
et/ou par manque de temps. Dans ce contexte, il paraît important de
concevoir l’ergonomie de l’interface de personnalisation de
façon à l’adapter à l’usage par les enseignants
et de prévoir des modalités de partage de pratiques entre
enseignants. De ce point de vue, l’existence d’un outil
“générique” de personnalisation tel qu’Adapte
devrait pouvoir faciliter la prise en main par les enseignants.
Quant à l'efficacité de tels systèmes, elle reste
difficilement mesurable. Des mesures directes peuvent être faites mais ne
donnent qu'une information partielle. Par exemple, il est possible de mesurer le
savoir de l'élève par une évaluation avant et après
utilisation du système pour mesurer sa progression. Le temps de
préparation passé pour un enseignant peut lui aussi être
facilement quantifiable et comparé à celui nécessaire
à la préparation d'une activité classique. Des mesures plus
indirectes peuvent être réalisées. Par exemple un
questionnaire peut être proposé aux utilisateurs après
utilisation du système, des observations en classes et des analyses
d’usages peuvent aussi être conduites. Cependant, le
déploiement en classe est très coûteux car il suppose non
seulement un système qui soit suffisamment fiable pour ne pas
dénaturer, à cause de bugs, les résultats de
l’observation, mais aussi la mise à disposition de moyens humains
pour encadrer l'utilisation du système. De plus, pour que
l'efficacité soit effectivement mesurée, un très grand
nombre d'utilisations doivent être reportées ce qui, pour les
raisons énumérées ci-dessus, est difficile à mettre
en place. Cette complexité d’une évaluation des EIAH en
situation réelle explique que la majorité des systèmes
étudiés n’ont pas été testés avec des
enseignants dans leur pratique quotidienne. Néanmoins, des tests ont pu
être réalisés à certaines étapes du
développement avec des effectifs d’utilisateurs réduits.
Dans certains cas, des enseignants ont également été
associés de près au processus de conception, pour prendre en
compte leurs besoins et leurs expertises tout au long du cycle de
développement.
Les besoins de personnalisation présentés dans cet article sont
très divers, et les attentes des enseignants concernant les règles
de la personnalisation en fonction des objectifs d’apprentissage et des
caractéristiques des élèves peuvent aussi être
très variées et parfois même contradictoires. Ce n’est
pas un problème si ces règles sont clairement explicitées,
car l’approche de personnalisation pourra alors être choisie en
conséquence. Mais il peut aussi se produire une demande plus floue, de
personnalisation par un mécanisme autonome et automatique, qui choisisse
ou apprenne la meilleure solution dans chaque cas. Or tout système de
personnalisation fonctionne suivant des règles qui incarnent un
modèle d’apprentissage sous-jacent. Ce modèle, explicite ou
non, comprend à la fois une représentation du savoir ou des
compétences à acquérir, les modalités
d'évaluation de ce savoir ou de ces compétences, et une
représentation de ce que c'est qu'apprendre : est-ce tenter de faire de
nombreuse fois ce qu'on ne sait pas faire ? Est-ce ajouter à ses savoirs
de nouveaux savoirs indépendants des précédents ? Est-ce
modifier sa façon de voir les choses ? C’est pourquoi il parait
important d’analyser les solutions proposées en termes didactiques, a priori, en se focalisant sur les modalités de construction du
profil de l’apprenant et sur les modalités de choix de
personnalisation, et a posteriori lors d’expérimentations
avec des enseignants et des élèves, pour ajuster leurs
fonctionnements.
7. Conclusion
Construire un EIAH personnalisé performant
consiste à combiner, d’une part, une partie informatique
enregistrant et traitant des informations et, d’autre part, les pratiques
des enseignants issues de leurs expériences pédagogiques de
personnalisation de l’apprentissage.
Dans cet article, nous avons présenté des EIAH pour lesquels
des besoins de personnalisation ont été identifiés, et en
partie satisfaits par des méthodes ad-hoc. Ces EIAH sont principalement
destinés à des élèves du premier et du second
degré. Les besoins de personnalisation pour ces EIAH portent sur les
activités pédagogiques, les séquences
d’apprentissage, ainsi que l’interface et les fonctionnalités
des logiciels. Pour l’ensemble de ces exemples, c’est à
l’enseignant d’adapter l’EIAH au contexte
d’apprentissage ou à chaque élève. Au delà des
solutions envisagées par ces différents EIAH, s’exprime
alors le besoin d’assister l’enseignant dans cette tâche
très lourde en lui proposant d’utiliser un système
informatique automatisant le processus. Notre étude de différentes
approches plus génériques proposant des recommandations de
ressources pédagogiques ou permettant d’adapter des
séquences d’activités dans un parcours pédagogique
montre que ces approches répondent aux besoins de personnalisations
précédemment identifiés. Nous avons de plus montré
qu’elles peuvent être combinées puisqu’elles sont
complémentaires. Les méthodes de personnalisation utilisées
dans ces approches fonctionnent de manière automatique, mais
nécessitent une description ou une modélisation de
l’apprenant d’une part, des ressources pédagogiques
d’autre part, et un procédé de personnalisation qui
décrit comment affecter une activité pédagogique à
un apprenant. Nous avons montré en quoi il est nécessaire de
solliciter des didacticiens et les enseignants pour qu’ils prennent une
part active dans la création de ces modèles, afin de prendre en
compte leur expertise.
Ainsi, la principale question posée par l’automatisation du
processus de personnalisation de l’apprentissage, fusse-t-il partiel,
relève de l’ingénierie des connaissances (Charlet et al., 2000).
Que ce soit dans le cadre des systèmes à base de traces
couplés aux logiciels de personnalisation ou bien dans celui du web
sémantique, les mêmes questions se posent. Qu'observer ? Comment
prendre en compte le contexte de ce qui est observé ? Comment
interpréter ce qui est observé ? Sous quelle forme stocker les
observations pour les traiter ensuite ? Les concepteurs des systèmes
informatiques peuvent difficilement écarter ces questions qui sont en
lien avec des modèles d’apprentissage et avec des questions propres
à l’informatique concernant l’analyse de traces.
Enfin, nous avons constaté que tous les EIAH et toutes les approches
étudiés font appel soit à des traces, soit à des
profils : c’est une condition nécessaire à la mise en place
d’une personnalisation. Or, si certaines approches supposent que
l’enseignant qui souhaite personnaliser dispose du profil de ses
apprenants, d’autres confient au système le rôle
d’élaborer de tels profils. Dans ce cas, le contenu de ces profils
décidé a priori risque de ne pas correspondre aux attentes
de l’enseignant. Il apparaît donc nécessaire d’offrir
à l’enseignant, en plus des approches de personnalisation
présentées dans cet article, des outils lui permettant de
paramétrer l’élaboration automatique de profils
d’apprenants à partir de l’analyse des traces
d’interactions. Il est souhaitable que de tels outils, à
l’instar des approches de personnalisation que nous avons
présentées, puissent s’appliquer pour l’ensemble des
EIAH que l’enseignant souhaiterait personnaliser. Ce sujet de recherche
soulève de nombreuses propositions depuis quelques années (Choquet et Iksal, 2007), (Djouad et al., 2010), (Settouti et al., 2010), (Djouad et al., 2011), (Settouti et al., 2011).
Il serait intéressant de combiner les solutions proposées avec les
approches de personnalisation présentées dans cet article.
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À
propos des auteurs
Marie LEFEVRE est en post-doctorat au LIRIS au sein de
l'équipe SILEX (Supporting Interaction and Learning by Experience). Ses
recherches portent sur la personnalisation de l’apprentissage, et
notamment sur la proposition de modèles et d’outils
génériques permettant à chaque enseignant d’obtenir,
pour chacun de ses élèves, des activités
pédagogiques adaptées d’une part à ses intentions
pédagogiques et d’autre part au profil de
l’élève. Elle s’intéresse également
à l'étude des interactions utilisateur pour la construction
d'outils d'assistance dynamiques et adaptables, notamment au sein de wikis
sémantiques distribués.
Adresse : Université de Lyon, CNRS
- Université Lyon 1, LIRIS, UMR5205, F-69622, France
Courriel : Marie.Lefevre@liris.cnrs.fr
Toile : http://liris.cnrs.fr/marie.lefevre/
Julien BROISIN est maître de conférences
à l’Université Paul Sabatier de Toulouse. Ses travaux de
recherche se préoccupent des problématiques liées à
la capitalisation des expériences tracées en vue d’une
conception dynamique d'environnements d'apprentissage personnalisés et
adaptés à un contexte particulier.
Courriel : Broisin@irit.fr
Valentin BUTOIANU est doctorant à l’Institut
de Recherche en Informatique de Toulouse. Sa thèse porte sur le partage
et la réutilisation des traces issues d’EIAH
hétérogènes. Les problématiques abordées
comprennent la définition d’un modèle de traces
générique et extensible, la conception d’une infrastructure
responsable de la gestion des traces selon le modèle
prédéfini, et la proposition d’un ensemble de services et
protocoles visant à faciliter l’accès aux données
d’observation.
Courriel : butoianu@irit.fr
Philippe DAUBIAS est ingénieur de recherche en
informatique à l’IFé de l’ENS de Lyon. Après
une thèse sur la reconnaissance de parole audiovisuelle fin 2002, il a
réalisé en 2004 pour le LIRIS, le logiciel AMBRE-Add en
collaboration avec les enseignantes-chercheures de l’équipe SILEX.
Depuis 2007, il a rejoint l’INRP qui s’est transformé depuis
en IFé où il est chargé du suivi des développements
de différents logiciels pédagogiques de SVT diffusés dans
l’enseignement secondaire grâce à l’appui de
l’inspection académique, ainsi que du pilotage technique de ces
projets.
Adresse : Université de Lyon,
Ecole Normale Supérieure de Lyon, Institut Français de
l'Education, 15 parvis René-Descartes, BP 7000, 69342 Lyon cedex 07,
France
Courriel : Philippe.Daubias@ens-lyon.fr
Lucie DAUBIGNEY prépare actuellement une
thèse en informatique au sein de l'UMI 2956 (GeorgiaTech-CNRS) à
Supélec (Metz) et du Loria (Nancy) dans le domaine de l'apprentissage par
renforcement.
Adresse : Supélec, 2 rue Edouard
Belin ; 57070 Metz
Courriel : Lucie.Daubigney@supelec.fr
Françoise GREFFIER est maître de
conférences en informatique. Chercheur au laboratoire
d’informatique de l’université de Franche-Comté
jusqu’en septembre 2010, elle a ensuite intégré
l’équipe OUN (Objets et Usages Numériques) du laboratoire
ELLIADD (Edition Langages Littératures Informatique Arts Didactiques
Discours) de l’université de Franche-Comté. Ses travaux
portent sur la compréhension et la modélisation de pratiques
pédagogiques exercées en formation à distance (via
Internet). Cette réflexion vise à accroître la
qualité de ce type de formation et à développer des outils
informatisés d’aide à l’apprentissage
dédiés aux apprenants et aux tuteurs. Ses recherches actuelles
portent sur le développement de systèmes actifs et
sémantiques d'apprentissage intégrant les outils du Web
sémantique (Web 3.0) avec comme axe de recherche : la gestion des
objets pédagogiques pour la génération de parcours
d’apprentissage personnalisés.
Adresse : Université de
Franche-Comté, Laboratoire ELLIADD - EA 4661, Equipe OUN, 4 Place
Tharradin - BP 71427, 25211 Montbéliard
Courriel : Francoise.Greffier@univ-fcomte.fr
Toile : http://semlearn.pu-pm.univ-fcomte.fr/
Nathalie GUIN est maître de conférences en
informatique à l'Université de Lyon. Elle est rattachée au
LIRIS (Laboratoire d'InfoRmatique en Images et Systèmes d'information,
UMR 5205) au sein de l'équipe SILEX (Supporting Interaction and Learning
by Experience). Ses recherches portent sur les systèmes à base de
connaissances pour les EIAH. Ses thèmes d'intérêt actuels
sont liés à la personnalisation des EIAH : interprétation
des traces d'activités, profils d'apprenants, génération
d'activités adaptées. L'ensemble des ces thématiques de
recherches sont mises en œuvre au sein du projet AMBRE.
Adresse : Université de Lyon, CNRS
- Université Lyon 1, LIRIS, UMR5205, F-69622, France
Courriel : Nathalie.Guin@liris.univ-lyon1.fr
Toile : http://liris.cnrs.fr/nathalie.guin
Stéphanie JEAN-DAUBIAS est professeur en
informatique à l’Université Claude Bernard Lyon 1. Elle est
rattachée au LIRIS (Laboratoire d'InfoRmatique en Images et
Systèmes d'information, UMR 5205) au sein de l'équipe SILEX
(Supporting Interaction and Learning by Experience). Ses recherches portent sur
l’ingénierie des profils d’apprenants et la personnalisation
des apprentissages. Elles sont mises en œuvre, principalement au sein des
projets PERLEA et AMBRE, sous forme d’outils d’assistance
destinés aux enseignants.
Adresse : Université de Lyon, CNRS
- Université Lyon 1, LIRIS, UMR5205, F-69622, France
Courriel : Stephanie.Jean-Daubias@liris.univ-lyon1.fr
Toile : http://liris.cnrs.fr/stephanie.jean-daubias/
Réjane MONOD-ANSALDI est agrégée de
sciences de la vie et de la Terre, docteur en biologie moléculaire et
titulaire d'un master Histoire, Philosophie et Didactique des Sciences de
l'Université Lyon 1. Elle est détachée à l'Institut
Français de l'Éducation de l'ENS-Lyon, dans l'équipe ACCES
de 2008 à 2010 et dans l'équipe EducTIce-S2HEP depuis 2011. Dans
ce cadre, elle s'est intéressé aux EIAH pour l'enseignement de la
biologie et en particulier aux usages des logiciels EduAnatomist et
Réaction dans les classes. Elle est également investie dans des
projets concernant les démarches d'investigation dans une approche
co-disciplinaire.
Adresse : EducTice - S2HEP - Ecole
Normale Supérieure de Lyon - Institut Français de l'Education - 15
parvis René-Descartes - BP 7000 - 69342 Lyon cedex 07
Courriel : Rejane.monodansaldi@ens-lyon.fr
Toile : http://eductice.inrp.fr/EducTice/equipe/membres/permanents/rejane-monod-ansaldi
Hélène TERRAT est conseillère
pédagogique spécialisée dans le champ du handicap à
l’Inspection académique du Rhône, professeur des
écoles titulaire d’un CAPSAIS C et d’un master 2 Technologie
et Handicap. Elle a participé à l’expérimentation de
logiciels spécifiques au handicap moteur en collaboration avec
l’INSHEA (Institut National Supérieur de Formation et de Recherche
pour l'Éducation des Jeunes Handicapés et les Enseignements
Adaptés). Elle est doctorante au sein des laboratoires PCH (Perception
Cognition Handicap) à Lyon 2 et LIRIS à Lyon 1. Ses recherches
portent sur l’intérêt de la trace informatique pour
l’apprentissage de l’écrit avec des élèves
handicapés.
Adresse : Université de Lyon, CNRS
- Université Lyon 1, LIRIS, UMR5205, F-69622, France / Université
Lumière Lyon 2 - Institut de Psychologie, Département de
Psychologie Cognitive, 5, avenue Pierre Mendès-France, 69676 Bron Cedex,
FRANCE
Courriel : helene.terrat@ac-lyon.fr
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