Conditions des genèses d'usage des technologies
numériques dans l'éducation
Teresa ASSUDE*, Dominique BESSIERES**, Delphine COMBROUZE**,
Catherine LOISY***
*UMR ADEF, Université de Provence, **AEP, Université de Reims Champagne-Ardenne, ***EducTice, INRP,
CRPCC-CREAD, Rennes 2
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RÉSUMÉ : Dans
un contexte marqué par les injonctions institutionnelles pour la mise en
œuvre des technologies de l’information et de la communication dans
l’éducation, de nombreuses recherches ont mis en évidence
les difficultés liées à leur généralisation.
Cet article interroge les genèses d’usages professionnels des
technologies numériques chez les enseignants et tente d’analyser
les conditions et contraintes influençant ces usages. Le recueil des
données est fait sur le terrain de la formation des enseignants et croise
les résultats de deux recherches qui apportent des données
complémentaires, une troisième recherche sert également
à mettre en perspective les résultats. L’hypothèse
posée est que les relations au changement et les représentations
sociales du sujet sont des facteurs qui influencent la décision de mettre
en œuvre ou non les technologies numériques dans
l’enseignement. L’analyse révèle une autre dimension
explicative des choix : les acteurs semblent pris dans un système
d’injonction paradoxale.
MOTS CLÉS : Technologies
numériques, représentations sociales, formation, certification,
injonction paradoxale, changements - résistances. |
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ABSTRACT : Many
researches have underlined the difficulties linked to generalizing the
implementing of Information and Communication Technologies in education, in a
context strongly influenced by institutional injunctions. This article examines
the beginnings of professional uses concerning digital technologies among
teachers, and tries to analyze the conditions and constraints influencing these
usage. The data-gathering is carried out in the field of teachers’
training and cross-checks the results of two research studies, which bring
further data. A third research study is also used to put the results into
perspective. The assumption made is that the relationship to change and the
social representations of the subject are factors that influence the decisions
implement digital technology in teaching. The analysis conveys another
explanatory dimension of the choices: the players seem to be caught in a paradox
linked to institutional decisions and orders.
KEYWORDS : Digital
technologies, social representations, teachers’ training, professional
certification, paradoxical injunction, change-resistance |
1. Introduction
Cet article essaie de mettre
en évidence un certain nombre de conditions et de contraintes à
prendre en compte pour appréhender les genèses d’usages
professionnels des technologies numériques par les enseignants sur la
base de trois terrains d’enquêtes. En particulier, nous nous
intéressons aux rapports qui peuvent être identifiés entre
les formations, les certifications et les représentations des acteurs en
tant que facteurs favorisant ou freinant l’intégration des TIC
(Technologies de l'information et de la communication) dans les pratiques
professionnelles des enseignants. En cela, notre perspective diffère de
la vision dominante des années 2000 insistant sur la primauté
technique « refondant » l’activité ou
négligeant les aspects synchrones liés à l’usage des
TIC, soulignant la généralisation des équipements (Ben Youssef et Rallet, 2009).
L’intention d’intégrer les technologies numériques
à l’école, en collège et en lycée en France
est actuellement bien attestée dans les textes officiels. L’un des
sept piliers du socle commun des connaissances et des compétences
(Décret n°2006-830 du 11 juillet 2006) pour l’enseignement
obligatoire est la maîtrise des techniques usuelles d’information et
de communication qui apparaît au même titre que la maîtrise de
la langue française. Nous pouvons y lire : « La culture
numérique implique l'usage sûr et critique des techniques de la
société de l'information. Il s'agit de l'informatique, du
multimédia et de l'internet, qui désormais irriguent tous les
domaines économiques et sociaux. Ces techniques font souvent l'objet d'un
apprentissage empirique hors de l'école. Il appartient néanmoins
à celle-ci de faire acquérir à chaque élève
un ensemble de compétences lui permettant de les utiliser de façon
réfléchie et plus efficace. ». Dans ce texte, ces
technologies numériques font partie d’une culture numérique
vis-à-vis de laquelle l’école non seulement ne doit pas
rester à l’écart mais encore doit être partie prenante
en favorisant une éducation réfléchie et critique des
usages des techniques. La pression sociale et institutionnelle est très
forte pour intégrer les technologies numériques du primaire au
secondaire et l’accent est mis sur les usages : « usage
sûr et critique » et « les utiliser de
façon réfléchie et efficace ».
Dans ce contexte institutionnel volontariste, un certain nombre de travaux
ont montré que les usages réels dans les classes ne sont pas
à la mesure des intentions et des aspirations officielles et ont
essayé de comprendre les différentes raisons de ce décalage (Kynigos et al., 2007), (Hoyles et Lagrange, 2009), (Assude et al., 2009).
La réflexion mérite cependant d’être poursuivie, en
prenant appui sur de nouveaux terrains. La recherche présentée ici
concerne trois terrains étudiés pendant le projet de recherche
GUPTEn (Genèses d’usages professionnels des technologies par les
enseignants(1)), recherche qui regroupait plusieurs équipes
s’intéressant à l’émergence d’une culture
professionnelle chez les enseignants dans le cadre de situations
instrumentées et tentant d’identifier les élans ou les
freins aux usages réels des technologies numériques dans les
classes ou auprès d’enseignants et de formateurs, en particulier
les genèses d’usages professionnels au moment de la formation
initiale des enseignants. Le choix de parler de genèse s’explique
par le fait que les utilisations des TICE étudiées pendant ces
recherches ne sont pas suffisamment stabilisées pour parler
véritablement d’usages sociaux « les usages sociaux
sont des modes d'utilisation se manifestant avec suffisamment de
récurrence et sous la forme d'habitudes suffisamment
intégrées dans la quotidienneté pour s'insérer et
s'imposer dans l'éventail des pratiques culturelles préexistantes,
se reproduire et éventuellement résister en tant que pratiques
spécifiques à d'autres pratiques concurrentes ou
connexes » (Lacroix, 1994) (p. 147). Les utilisations des TICE étudiées ici ne sont ni
socialement partagées, ni suffisamment stables pour parler
d’usages. En revanche, elles se situent dans un contexte dans lequel les
injonctions sont très fortes, puisque les stagiaires IUFM (Institut
National de Formation des Maîtres) doivent bénéficier
d’une formation aux TICE pour obtenir le C2i2e, certificat Informatique et
Internet niveau 2 “enseignant” (Circulaire n° 2005-222 du 19
décembre 2005).
Ces préoccupations rejoignent et prolongent celles de Karsenti et ses
collaborateurs (Kersanti et al., 2002) lorsqu'ils indiquent les perspectives et les besoins des recherches concernant
l'intégration des TIC. Les auteurs préconisent qu’il faut
tenter de comprendre l'apport de divers facteurs individuels, organisationnels
ou sociétaux dans l'intégration pédagogique des TIC
à la pratique éducative des nouveaux enseignants en
s’interrogeant notamment sur les contextes et les processus qui favorisent
le plus le transfert de connaissances technopédagogiques dans la pratique
professionnelle.
Ainsi, l’intégration des technologies apparaît liée
à des facteurs individuels, bien sûr, mais aussi à des
facteurs organisationnels et sociétaux, il semble donc utile
d’analyser le point de vue des individus en le reliant à un
contexte élargi à l’organisation de la formation, et aux
attentes sociétales. Les contextes et les processus facilitateurs seront
tirés de l’analyse des discours et l’intérêt se
portera sur les rapports qui peuvent être identifiés entre les
formations, les certifications et les représentations des acteurs en tant
que facteurs favorisant l’intégration des TIC dans les pratiques
professionnelles des enseignants. Le questionnement porte sur la
contextualisation globale de l’émergence des usages des TIC :
quelles sont les influences des représentations des acteurs (formateurs
ou enseignants) ? Quel est le rôle des certifications pour les
acteurs ? Dans quelle mesure la diffusion de ces usages
s’inscrit-elle dans l’évolution des organisations manifestant
une injonction paradoxale ?
Nous posons l’hypothèse qu’il existe des logiques de
convergence et des dynamiques de mutation et que celles-ci peuvent être
mises en évidence en analysant les représentations des acteurs de
la formation. Ces résultats seront mis en lien avec d’autres
domaines professionnels pour montrer ainsi que l’école et la
formation ne sont pas des « champs » isolés dans la
société puisqu’ils intègrent les dynamiques de
mutation de celle-ci rendant la situation des acteurs plus complexe.
2. Cadre théorique pour appréhender les usages
Pour penser la relation entre la dimension
institutionnelle et la dimension personnelle dans le cadre de
l’intégration des TIC, l’analyse s’appuie sur deux
soubassements théoriques : le premier est la dialectique
changements/résistances, le second est celui des représentations
sociales. Ils permettent de penser les cadres dans lesquels les acteurs peuvent
ou non développer leurs actions en la matière.
Par ailleurs, l’approche doit être plus élargie
qu’une centration sur la classe (Karsenti et al., 2002),
l’approche systémique qui sous-tend cette recherche combine
l'étude des représentations et des pratiques avec celle des
institutions et des contextes (Viens et Rioux, 2002),
notamment en prenant en compte les formations et les certifications. Cette
approche peut être déclinée aux niveaux macro (social),
méso (établissement) et micro (classe) (Assude et al., 2009).
2.1. Une dialectique changements/résistances pour des genèses
d'usages
Les technologies numériques sont l’un des facteurs du
changement curriculaire comme l’indique le socle commun des connaissances
et des compétences. Ces changements impliquent plusieurs acteurs – les enseignants et les élèves bien-sûr – mais
aussi les formateurs d’enseignants qui ont un rôle important lors de
la formation initiale et continue. Pour les formateurs et enseignants en
formation initiale – les stagiaires –, les perturbations introduites
par les TIC provoquent un certain nombre de réactions, par exemple
l’adhésion ou le refus des changements.
Pour penser les changements induits par l'intégration des TIC, nous
avons décidé de prendre en compte, outre les facteurs et les
acteurs du changement, d’autres éléments tels que le
degré, la valeur et les effets des changements ainsi que les types de
résistance à ces changements.
Le degré du changement perçu par les acteurs est un
indicateur qui permet de se placer par rapport aux pratiques habituelles dans
une dialectique ancien-nouveau. Il peut y avoir des
« petits » et des « grands » changements
qui n’induisent pas forcément les mêmes effets ni les
mêmes adhésions ou résistances. Lorsque la distance entre
l’ancien et le nouveau est trop grande, cela peut provoquer de fortes
résistances, voire des oppositions qui peuvent empêcher le
changement ou faire reculer certaines avancées.
Nous nous intéressons aux rhétoriques construites pour
légitimer les changements qui, en termes de valeur, peuvent être
symbolique ou économique. Elles montrent, ainsi, avec des arguments
épistémologiques, que le changement vaut la peine. Dans le
même ordre d’idée, la thématique de l’impact du
changement s’inscrit dans des registres similaires en matière de
valorisation.
Quels sont les effets des changements ? Les effets attendus
ont-ils été réalisés ? Y a-t-il d’autres
effets inattendus ? Ces effets peuvent être voulus ou non voulus. Il
semble important d’insister sur ces derniers, les effets
« malgré soi ».
Il existe des liens entre les changements (voulus ou non) et les
résistances des traditions, des acteurs, des forces d’inertie des
systèmes. Ces résistances peuvent être actives ou passives,
constituer des obstacles mais aussi des leviers pour trouver des
équilibres ou pour garder des équilibres structurels ou
fonctionnels. Elles peuvent être partout et se manifestent en ce qui
concerne les facteurs et les acteurs d’une part, le degré, la
valeur et les effets des changements d’autre part. Les indicateurs
à prendre ici en compte sont les types et les effets des
résistances.
Plusieurs travaux de recherche se sont intéressés aux facteurs
de résistance à ces changements, quatre catégories de
résistances apparaissent (Sauvé et al., 2004) :
celles liées à l'économie d'enseignement, celles
liées à la transformation du style pédagogique, celles
liées aux obstacles organisationnels et celles liées aux obstacles
à l'intégration des TIC dans la pratique professionnelle. Le
surplus de travail et le manque de temps pour préparer des
séquences d'enseignement apparaissent comme des obstacles liés
à l'économie d'enseignement. Le style d'enseignement habituel de
l'enseignant, manière usuelle d'être et d'agir du professeur (Poellhuger et Boulanger, 2001),
constitue aussi un frein à l'intégration des TIC ainsi que la
crainte de l'échec et le doute sur la valeur du changement. La
déficience du soutien technique ou l'inadéquation du
matériel sont des obstacles organisationnels. La maîtrise
insuffisante des outils informatiques ou le manque de formation sont des
obstacles liés à la pratique professionnelle.
Ainsi les types de résistances peuvent être divers,
personnels, sociaux et/ou institutionnels, épistémologiques,
éthiques, économiques, symboliques et temporels. Les
résistances symboliques ont une importance certaine, comme nous
l’avons observé, car elles peuvent se heurter à des
« rituels » culturels naturalisés depuis très
longtemps.
Les résistances agissent sur les changements comme des forces
d’opposition ou d’inertie ou d’adhésion. Elles ne sont
pas forcément néfastes au changement, et peuvent finalement
classiquement l’accompagner. Par exemple, le fait de produire des
ressources, qui montrent aux maîtres comment utiliser les calculatrices
pour apprendre les nombres et non seulement pour calculer, peut être un
moyen de transformer une résistance didactique (au sens strict) –
ne pas avoir des moyens d’organisation mathématique et didactique
– en une adhésion des acteurs impliqués.
Ces catégories sont des outils d’analyse qui ont
été élaborés au fur et à mesure des besoins
de l'analyse de réponses à des questionnaires de
professeurs-stagiaires à propos des usages des calculatrices à
l'école primaire (Assude, 2007).
Nous voulons faire fonctionner ce modèle sur deux autres enquêtes.
Il nous permet de penser que les perturbations induites par la volonté
institutionnelle et sociale d’intégrer les technologies
numériques peuvent être analysées dans le cadre d’une
dialectique changements/résistances mettant en évidence le
rôle des institutions et des acteurs. Dans ce sens, le deuxième
élément théorique, celui des représentations
sociales, nous permet de faire le lien entre les discours et les actions.
2.2. Des représentations sociales pour agir
La représentation sociale est une forme de connaissance permettant au
sujet de se situer dans un environnement. C’est donc un savoir
essentiellement pratique et également social en ce sens qu’il
concourt à la construction d’une réalité commune
à un ensemble social et en légitime les pratiques et les
conduites. Les représentations sociales « forme de
connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une
visée pratique et concourant à la construction d’une
réalité commune à un ensemble social » (Jodelet, 1991) (p. 36), permettent, de la sorte, de renforcer les liens d’un groupe,
d’agir en harmonie. Ainsi, par là même, la
représentation est une sorte d’interprétation de la
réalité qui détermine les relations au monde, les
comportements et les pratiques des individus. Les représentations
sociales apparaissent ainsi liées à un sujet (aspect cognitif) et
déterminées par le contexte social dans lequel elles sont
élaborées (aspect social et institutionnel).
Le concept de représentation trouve son origine dans la description
des représentations collectives — stables dans leur production et
dans leur transmission — que Durkheim, en 1898, oppose aux
représentations individuelles — propres à chaque individu
et, en conséquence, très variables. Cette notion est
modernisée par Moscovici. La représentation sociale se
révèle pour lui comme socialement, idéologiquement et
culturellement déterminée. De la sorte, la genèse et
l’essence d’une représentation dépendent implicitement
du système de valeurs, de l’idéologie(2) et des
normes du groupe qui la produit ou la transmet. Il définit la
représentation sociale comme « un schéma de
transformation de l’inconnu en connu, du lointain en familier, du
mystère en clarté » (Moscovici, 1961) (p.427).
Les enseignants « ont des représentations, des jugements
de valeurs, et des croyances qui guident leur action » (Baron et Bruillard, 1996) (p. 13-14). Ainsi, les représentations sociales peuvent être
considérées comme des éléments fondamentaux dans la
genèse des usages des TIC. Ainsi, nous pouvons postuler que la
représentation ne dépend pas uniquement de
l’expérience de l’individu, mais qu’elle peut
être dérivée du système des savoirs et des valeurs
qu’il détient du fait de son appartenance culturelle et sociale et
de la communication sociale. L’insertion sociale des individus les place
dans un réseau de rapports sociaux, dont ceux qui s’exercent dans
la formation.
Le concept de « représentation sociale », tel
qu’il a été remis à jour par Moscovici, a permis de
préciser qu’une représentation sociale ne se crée ou
ne se transforme qu’à partir des interactions sociales. La
représentation sociale est, par conséquent,
considérée comme un système contextualisé (contexte
social et contexte discursif). Les représentations sociales sont des
guides pour l’action.
En résumé, il ressort des différentes études que
les représentations répondent à quatre fonctions
principales :
- fonction de compréhension : elles permettent la
compréhension du monde réel. « Elles
définissent le cadre de référence commun qui permet
l’échange social, la transmission et la diffusion de ce savoir « naïf » » (Abric, 1994) (p.16),
- fonction d’identité : elles
s’acquittent d’une fonction identitaire puisqu’elles
permettent aux individus de s’intégrer au groupe et par là
même d’acquérir ce sentiment d’appartenance,
- fonction d’orientation : elles guident les
comportements et les pratiques. Les représentations déterminent
souvent les conduites, indépendamment de la réalité
« objective »,
- fonction de justification : elles permettent de
justifier, d’expliquer un comportement.
Ainsi, les représentations sont symptomatiques des changements
puisqu’elles induisent, justifient et expliquent des comportements.
Exprimer la représentation que l’on se fait d’une situation
– l’usage des TIC ici – conduit à la
compréhension que l’on en dégage (Boissonneault, 2003) (p.209). Aussi, il nous semble important d’essayer de mettre en
évidence un certain nombre de représentations sociales chez des
acteurs vis-à-vis des usages des TIC, représentations qui sont des
guides pour l’action soit pour des usages réels soit pour
empêcher ces usages : nous établissons ainsi un lien avec la
dialectique changements/résistances. Interroger les formateurs sur leurs
représentations des TIC permet d’aller au cœur de la
situation, là où les questions de présence,
d’intégration, et de pertinence de l’usage des TIC se posent
de façon concrète dans les pratiques professionnelles. En effet,
les représentations sociales qu’ont les formateurs des TIC et de
leurs usages sont sans aucun doute liées à leurs pratiques
pédagogiques. On peut alors, au travers des discours, avoir accès
aux modes d’appropriation ou de rejet. L’ensemble de ces
éléments nous fonde à étudier les usages à
partir des représentations.
3. Méthodologies : deux corpus complémentaires
Les catégories d'analyse sur les
changements/résistances explicitées ci-dessus ont
été dégagées d’un travail sur le corpus
d’une des équipes, ce travail n’est pas
présenté ici parce que nous nous focalisons sur le contexte de la
mise en œuvre du C2i2e, mais il est disponible en ligne (Assude, 2007).
Pour ce qui concerne les recherches des deux autres équipes, la
méthodologie de recueil de données mise en œuvre est
expliquée ci-dessous. L’analyse qui suivra interrogera les
résultats sous trois angles représentant trois niveaux
d’appréhension, du plus général au plus
particulier.
Ces deux recherches font référence au C2i2e, certification
validant l’utilisation professionnelle des TIC pour
l’éducation. Il s’inscrit en prolongement du C2i® de
niveau 1. Ce dernier désigne et spécifie les compétences
devant être acquises avant la fin de la licence par tous les
étudiants dans le prolongement des B2i® puisqu’il valide la
maîtrise des compétences définies dans le
référentiel d’instrumentation des élèves et
des étudiants. En revanche, tous les C2i® de niveau 2 concernent les
compétences relatives à la capacité à utiliser les
technologies dans les pratiques professionnelles, opérant ainsi une
certaine rupture avec les brevets. Pour ce qui concerne le C2i2e, la rupture est
double en raison des visées professionnelles et de la
spécificité de la profession enseignante. Comme les autres
C2i® de niveau 2, les compétences définies dans le C2i2e sont
spécifiques à la profession, c’est ce que nous
considérons comme la rupture professionnelle dans les visées, par
exemple les enseignants doivent « Se constituer et organiser des
ressources en utilisant des sources professionnelles » (3). Pour ce qui concerne la profession enseignante, il existe
également une rupture de posture, puisque les enseignants, non seulement
doivent acquérir des compétences professionnelles de
fonctionnement, mais ils doivent aussi être en mesure de former,
évaluer et valider les compétences informatique et Internet de
leurs élèves.
Le C2i2e comporte un référentiel des compétences TICE
(Circulaire n° 2005-222 du 19 décembre 2005) que les
enseignants–stagiaires doivent construire pendant leur formation et
qu’ils doivent faire valider. Une analyse du référentiel (Loisy, 2009) a
montré que ces compétences sont centrées essentiellement
sur le développement professionnel et sur l’usage des TICE pour les
apprentissages des élèves. L’évaluation des
compétences TIC des élèves est présente mais la
formation des élèves aux TIC en est totalement absente.
La certification, c'est à dire la validation définitive des
compétences est dévolue aux IUFM. Le dispositif prévoit
qu’en amont, les stagiaires soient formés, à la fois sur les
aspects techniques et sur les usages pédagogiques. La formation aux
aspects techniques revient aux formateurs TIC, la formation aux usages
pédagogiques relève de l’implication de tous les formateurs,
quelle que soit leur discipline.
3.1. Une enquête auprès des formateurs sur les usages
professionnels avec la généralisation du C2i2e
L’équipe AEP (Analyse et Evaluation des
Professionnalisations) (4) s’est intéressée
à l’impact des dispositifs instrumentés sur la modification
des modes de travail des formateurs. En effet, il existe une évolution
des dispositifs dans les IUFM. On peut citer par exemple le C2i® niveau 2
"enseignant" (dispositif de certification d'un ensemble de compétences
TICE dans la formation des enseignants) qui introduit une dimension
professionnelle forte dans le processus de développement des TICE. Nous
assistons également à un avènement des formations ouvertes
et à distance (FOAD) et des autres dispositifs de type environnement
numérique de travail (ENT). Nous n’allons pas présenter dans
le détail toutes les données recueillies, mais en extraire
quelques-unes significatives.
L’enquête quantitative nationale par questionnaires permet de
dresser un panorama des pratiques et des représentations sociales des
formateurs en France. Elle s’est déroulée entre
décembre 2005 et février 2006. Elle comporte 699 réponses
utilisables provenant de formateurs répartis dans 29 des 31 IUFM
identifiés : 85,4% de réponses en ligne et 14,6% sur papier.
Elle vise notamment à cerner les points suivants :
- les aspects techniques,
- la maîtrise et l’appropriation des nouveaux
environnements,
- les modes de travail,
- les compétences mobilisées,
- la professionnalité enseignante,
- les conséquences des évolutions sur
l’identité professionnelle,
- la dimension statutaire (évolution face aux nouvelles
attentes de la société, obligations et liberté
pédagogique, rôle des institutions),
- la mobilisation des acteurs (impact des mesures gouvernementales
et/ou ministérielles, volontés et discours institutionnels, suivi
des accompagnements, perception par les intéressés).
Les caractéristiques globales de la population des formateurs
d’IUFM au niveau national ne peuvent être déterminées
avec exactitude, tant dans les effectifs réels, que dans les
caractéristiques de disciplines et plus encore de statuts
hétérogènes des formateurs. Nous n’avons pas
trouvé de telles statistiques exhaustives et fiables au niveau national.
Par ailleurs, une population de professionnels, comme celle des formateurs
d’IUFM, ne peut permettre d’utiliser une méthodologie de
sondages faute d’effectifs d’une population mère suffisamment
importante pour permettre une application des méthodes de sondage
probabilistes ou par choix raisonné. Aussi, si la population des
répondants ne constitue pas un échantillon de sondage à
proprement parler, elle est représentative des répondants couvrant
un large éventail de disciplines. Lorsque nous les répartissons en
grandes classes, nous obtenons environ un tiers de
« littéraires », un tiers de
« scientifiques » et le dernier tiers réparti entre
les arts (4,9%), l’EPS - Education Physique et Sportive (6,2%), les TICE
(14,3%) et les enseignants polyvalents du primaire (12,8%). À ce titre,
elle constitue un éclairage important d’un point de vue
heuristique, par l’ampleur quantitative et la diversité statutaire
des répondants que connaît l’ensemble des IUFM de France. Ce
niveau d’analyse quantitatif de la population des formateurs est à
relier avec une approche plus qualitative.
3.2. Une enquête auprès des formateurs et d'autres acteurs
institutionnels impliqués dans l'expérimentation nationale du
C2i2e
La recherche conduite au sein du CREAD (Centre de Recherches sur
l'Enseignement, l'Apprentissage et les Didactiques, IUFM de Bretagne) a
été menée lors de la phase d’expérimentation
nationale du C2i2e c'est-à-dire aux premiers temps de la mise en
œuvre du C2i2e. Le recueil de données porte sur les TICE et non sur
la certification, encore à un stade embryonnaire à ce
moment-là.
Deux types d’instruments ont été construits pour
recueillir ces données, des questionnaires déposés sur une
plateforme collaborative et des grilles d’entretiens. Le premier
questionnaire était une fiche permettant de décrire le lancement
de l’expérimentation, le second une fiche de bilan. Pour
l’un, comme pour l’autre, les rubriques à renseigner sur la
fiche descriptive concernaient le périmètre de
l’expérimentation, le dispositif mis en place pour les stagiaires,
le dispositif technique, le dispositif organisationnel et de suivi de
l’expérimentation et une rubrique de remarques libres. Tous les
IUFM de France pouvaient répondre aux questionnaires, la SDTICE
(Sous-Direction TICE du Ministère) qui pilotait l'expérimentation
attendait qu'une dizaine d’IUFM participent.
Concernant les entretiens, le choix s’est porté sur des
entretiens semi-directifs. Des grilles d’entretien ont été
constituées pour chacune des catégories de participants. Les
questions portaient principalement sur la formation et la validation des
compétences et sur les acteurs impliqués dans les
décisions, notamment concernant le rôle qu’ils devraient
jouer, leur implication réelle versus retrait dans
l’expérimentation, le regard qu’ils portaient sur les
certifications. Concernant le référentiel de compétences et
les effets de la mise en place du C2i2e sur l’organisation de la
formation, aucune question précise n’était posée mais
les personnes participant aux entretiens avaient la possibilité de
s’exprimer librement sur ces deux points. Le champ « rapport aux
technologies » permettait de recueillir le point de vue des personnes
interviewées sur la juste place des technologies dans
l’enseignement en général et dans la formation des
enseignants en particulier et de connaître leur sentiment
général sur l’expérimentation. Concernant les
personnes auprès desquelles les entretiens devaient être conduits,
le choix s’est fixé sur trois statuts, le correspondant C2i2e, un
représentant de la direction et un formateur participant à
l’expérimentation par IUFM sans autre précision. Les
chargés d’expérimentation et les formateurs
interviewés devaient décrire précisément des
pratiques de formation et des exemples de situations de validation alors que ces
questions, en lien avec les pratiques, n’étaient pas prévues
pour les représentants de la direction. Ces trois statuts ont
été choisis parce que représentatifs de trois champs de
responsabilité, le directeur étant celui qui impulse la politique
locale, le correspondant C2i2e étant la personne qui assure le relais
entre les attentes de la SDTICE et l’IUFM, le formateur étant la
personne qui met en œuvre la politique. Il est cependant important de
souligner qu’un manque de précaution méthodologique a
amené un biais dans le choix de la population car les formateurs choisis
par le correspondant C2i2e avaient tous un regard positif sur les TICE. Le
recueil des données par entretiens s’est déroulé en
mai - juin 2005.
Douze entretiens ont été ainsi conduits dans quatre IUFM
différents. Les entretiens conduits en présentiel ont duré
de quarante-cinq minutes à une heure trente selon les participants. Lors
des entretiens, toutes les personnes sollicitées ont accepté de
répondre aux questions posées. Les entretiens ont
été enregistrés sauf cas exceptionnels liés à
des impossibilités matérielles puis transcrits
intégralement. Dans les cas exceptionnels, soit les réponses ont
été directement prises en copie à l’aide d’un
logiciel de traitement de texte, soit les participants ont répondu dans
un fichier texte. Le matériel a été la base d'un travail
à visée compréhensive. Nous avons découpé le
discours des répondants en unités informationnelles, unités
qui ont un sens global unitaire et nous les avons catégorisées par
thèmes.
Dans le papier présent, seules les données concernant les
thèmes communs aux trois recherches sont présentées.
4. Eléments convergents pour discerner les genèses
d'usage
Au travers du corpus de nos deux enquêtes, des
éléments d’analyses convergents émergent. Le premier
concerne l’adhésion des acteurs, le deuxième la dialectique
changements/résistances et le troisième la valeur ajoutée
des technologies dans l’enseignement et l’apprentissage.
4.1. L'adhésion des acteurs génératrice d'usages
L’utilisation des TIC dans les IUFM semble facilitée par les
conditions matérielles offertes, qui sont dans l’ensemble
très satisfaisantes, même si des écarts existent entre les
différents établissements. Majoritairement, les formateurs disent
qu’ils se sont formés seuls aux outils et leur utilisation
professionnelle repose principalement sur la motivation personnelle et les
besoins tant pédagogiques que didactiques. La mobilisation se traduit
également par le temps d’utilisation à des fins
professionnelles (préparation et formation), plus de la moitié des
formateurs déclarant utiliser ces outils TIC au moins deux heures par
jour.
Plus largement, la mobilisation des acteurs et le développement des
usages résultent des différentes pressions qui peuvent intervenir
dans le cadre de l’exercice du métier. Paradoxalement, le
rôle et l’influence forte de la hiérarchie sont
illustrés par de nombreux éléments au sein des
établissements (plans de formation, décisions et priorités
issues des Conseil d'administration et Conseil scientifique et
pédagogique). Celle-ci est perçue plutôt comme incitatrice
(« elle appuie » pour 68,5% des formateurs).
L’importance du milieu professionnel est accentuée également
par la place des différents acteurs dont certains sont
considérés comme des moteurs du développement des usages
(formateurs TICE en particulier). Par ailleurs, les demandes émanant des
étudiants et des stagiaires (pression sociale) sont un des
éléments incitateurs de l’utilisation des TIC (57,8% du
total des citations).
La mobilisation est également perceptible dans l’image
professionnelle du formateur qui utilise les TICE : elle est
“plutôt positive” ou “très positive” pour
plus de 76% de la population. Cette représentation positive se
décline également concernant le jugement porté sur l'impact
des TIC sur la pratique professionnelle des formateurs : il est très
majoritairement “plutôt positif” (67,1%) voire
“très positif” (13,9%).
Le C2i2e apparaît aussi comme un élément incitatif pour
que les formateurs intègrent les TIC dans leurs pratiques de formation et
aussi pour les stagiaires qui doivent faire valider un certain nombre de
compétences. Le C2i® niveau 2 est globalement connu comme en atteste
le très faible pourcentage de non-réponse (0,4 %). Parmi les
répondants, 68,4% estiment qu’il s’agit d’une
certification validant des compétences informatiques, seulement 45,1%
savent qu’il s’agit d’un référentiel de
compétences professionnelles, d’autant plus pour les
spécialistes, un peu moins pour les plus éloignés comme les
disciplines du français et dans le primaire. Cette représentation
a pour conséquence directe que majoritairement, les TICE sont
assimilées au maniement d’outils technologiques proches de
l’informatique.
Ainsi, intégrer les TICE dans la pratique par la
généralisation du C2i2e est perçu comme incontournable
(36.6%), souhaitable (29.9%), nécessaire (20.5%). Seuls 5.7% des
formateurs pensent que cela est inapplicable et pour 8%
« violent ».
De même, l'obligation, pour les stagiaires, de valider le C2i2e pour
être titularisé, est perçue par 45.5% des formateurs
répondants comme un moteur pour l’intégration rapide des
TICE dans les pratiques. Mais 30.3% pensent que cela ne concernera que les
formateurs impliqués directement par le C2i2e. En revanche, tout se passe
comme si avec une « position personnelle ou
institutionnelle » plus assurée (maîtres de
conférences, hommes) la portée de l’innovation TICE
était davantage relativisée.
Mais l’incitation à utiliser plus massivement les TICE ne peut
faire l’impasse sur le développement de certains dispositifs et, en
particulier, le recours à la formation de formateurs. Elle est
indispensable pour 66,5% des interrogés.
Nous pouvons dire qu’une des conditions pour la genèse
d’usages professionnels est l’adhésion des acteurs
impliqués. Cette donnée recueillie, loin d’être
triviale, confirme une caractéristique de la sociologie des usages
d’objets innovants ou technologiques. Les genèses d’usages ne
peuvent pas simplement être le fruit de décisions venant d’en
haut, même si celles-ci sont soutenues par de bonnes conditions
matérielles (dans les établissements mais aussi en ce qui concerne
les technologies utilisées) et par des incitations diverses dans les
établissements (d’autres acteurs mais aussi des instances
institutionnelles), le tout étant consolidé par la
généralisation de la certification en tant que nouveau cadre
d’action générique.
4.2. La dialectique changements/résistances
L’implication des IUFM dans la phase d’expérimentation du
C2i2e a été forte. Alors qu'une dizaine d'IUFM était
attendue, au moment du lancement de l’expérimentation ils
étaient 23 à renseigner la première fiche
déposée sur la plateforme. Au mois de mai 2005, le nombre
d’IUFM impliqués dans l’expérimentation était
de 27 sur les 31 IUFM de France, soit 87% des IUFM. Le nombre d’IUFM
participants a été important dès le départ et il y a
eu peu d’abandons. On trouve des formateurs dans toutes les disciplines
et, même si des réticences sont évoquées dans
certains discours, souvent on trouve des arguments permettant de les
réfuter dans d’autres discours.
Des résistances personnelles sont évoquées dans les
entretiens : pour certains ces résistances s’expliqueraient
par l’âge des formateurs pour d’autres non comme
l’indique cet extrait « La notion d’âge et de
sexe ne paraît pas un critère pour repérer
l’implication ou non des formateurs ».
Des résistances institutionnelles sont aussi repérées,
notamment celles liées à la légitimité des
formateurs pour valider les compétences du C2i2e. Les réticences
sont expliquées par l’absence de validation des compétences
des formateurs, absence qui peut induire un sentiment
d’illégitimité. Mais si la validation des compétences
techniques ne pose pas trop de problème, en revanche,
« c’est compliqué parce que quand on regarde... le
C2i® niveau 2, ça ne va pas de soi de transférer ça
pour les formateurs parce que le référentiel n’a pas
été conçu comme ça ». Il n’est
pas simple de valider les compétences C2i2e des formateurs et
peut-être même inapproprié « ...il y aurait un
danger d’ailleurs, ça serait de renforcer l’idée
d’une homothétie finalement entre le travail de formation et le
travail de l’enseignant, l’idée que pour faire un bon
formateur, il suffirait d’un très bon enseignant, ça
renforcerait cette idée-là qui est une idée
simpliste. »
Des résistances didactiques sont aussi évoquées, par
exemple lorsque les réticences sont expliquées par les disciplines
enseignées, « L’implication me paraît
très liée à la discipline pour les PLC (Professeur de
lycée et collège, c'est-à-dire de l'enseignement
secondaire) », soit parce que les formateurs ont le sentiment
qu’ils ont une didactique efficace « Les réfractaires
disent "On a une didactique établie qui ne tient pas compte des TICE et
il n’y a pas de raison qu’on en change" », soit parce
que certaines disciplines n’ont pas ou ont peu commencé
l’intégration des technologies. « Les formateurs
d’EPS ... ne se sentent pas concernés », à
l’opposé un participant affirme « EPS, les
collègues on les connaît, ...ça va fonctionner
aussi ». Les formateurs de lettres sont parfois
considérés comme réfractaires mais à
l’opposé un exemple d’intégration réussie des
technologies dans l’enseignement des lettres est donné
« Alors sur l’atelier d’écriture, ce qu’on
a vu... la collègue essaie d’identifier les difficultés des
enfants au travers de l’expérience de
l’écriture » et un des participants aux entretiens
est une formatrice de lettres qui dit « En lettres, si je regarde
la formation TICE, je trouve qu’on est en phase
ascendante... ». Il en va de même pour les formateurs de
philosophie, qui sont présentés comme majoritairement
réticents alors qu’il se trouve que l’un des formateurs ayant
participé aux entretiens a été, avant de devenir formateur
TICE, professeur de philosophie en zone sensible et que c’est là
qu’il a commencé à introduire les nouvelles technologies
dans son enseignement. Concernant les CPE (Conseillers principaux
d'éducation), la question est complexe parce que « certains
des items sont susceptibles de concerner les CPE mais d’autres
pas ».
Les participants à cette enquête indiquent d’ailleurs des
pistes pour vaincre les réticences :
- le refus de la direction de choisir la voie de la force :
« la réussite de l’intégration renvoie à
l’adhésion des formateurs et les processus d’accompagnement
des formateurs »,
- l’encouragement des formateurs :
« ...rassurer les formateurs qui ont peur de l’absence de
présentiel, c’est travailler autrement »,
- l’implication par des choses simples, accessibles à
tous, au départ : « Je souhaite que tous les
formateurs... s’inquiètent de savoir si le PE (Professeurs des
écoles)... a pris connaissance de la feuille de position de ses
élèves »,
- l’accompagnement du processus,
• accompagnement financier « c’est la
capacité de l’institution à accompagner...
financièrement le processus c’est-à-dire permettre aux
formateurs qui vont faire l’effort de modifier leur pratique ...
d’intégrer tout ce travail... dans leur service
normal »,
• accompagnement didactique « nous qui avons
réfléchi plutôt du point de vue TICE, je pense que... on
peut les aider à mieux comprendre si effectivement... les PE qu’ils
ont dans les cours prennent en compte les TICE... dans leur pratique
professionnelle »,
- le recours aux personnes déjà impliquées
pour amener ensuite les plus réticents : «nous, les
formateurs TICE..., nous avons décidé... de sensibiliser davantage
ceux qui avaient déjà montré un intérêt pour
les TICE dans le cadre de leur discipline »,
- la possibilité d’une différenciation des
compétences selon les publics : « On peut penser que
suivant les catégories d’enseignants, certains des items des
référentiels sont plus pertinents que d’autres ou certains
niveaux d’exigence relative à certains items ne seront pas les
mêmes d’une population à une autre ». Cette
différenciation paraît nécessaire « C’est
intéressant d’essayer de le prendre en compte, le
référentiel, alors qu’on se pose la question des CPE en IUFM
et là forcément, le référentiel en question ne peut
être vu que comme un cadre à l’intérieur duquel
certains des items sont susceptibles de concerner les CPE, mais d’autres
pas ». La différenciation ne va cependant pas de soi
« ...le rôle de la direction c’est d’essayer de
trouver un cadre dans lequel cette validation sera à peu près
homogène... qu’il n’y ait pas une trop grande...
différence entre la validation en sciences et en
français ».
Dans l’enquête auprès des stagiaires sur les calculatrices (Assude, 2007),
plusieurs résistances sont aussi évoquées.
L’introduction des calculatrices à l'école primaire se
heurte à une forte résistance symbolique : la
représentation sociale des mathématiques enseignées
à l’école primaire à travers deux rituels, celui de
l’apprentissage des tables de multiplication et celui de
l’apprentissage des techniques opératoires traditionnelles. Cette
ritualisation des mathématiques enseignées est très
ancrée dans la culture des enseignants et même des parents -
l’introduction des calculatrices casse cette ritualisation :
« nos enfants vont-ils apprendre à
calculer ? », « comment allons-nous
reconnaître que nos enfants ont bien appris à
calculer ? ».
Une représentation sociale, aussi partagée par certains
professeurs et parents, est celle qui associe l’utilisation des
calculatrices au fait d’empêcher les élèves
d’apprendre à calculer. Cette représentation peut se
transformer en résistance sociale ou personnelle surtout de la
part des professeurs qui ne sont pas du tout convaincus du gain apporté
par l’usage des calculatrices et estiment qu’il faut continuer
à enseigner les techniques opératoires. Cette résistance se
focalise sur la question « Les élèves vont-ils mieux
apprendre à calculer avec les calculatrices ? », question
à laquelle il est difficile à répondre sans faire des
travaux de recherche. Une autre réticence correspond à une résistance éthique. La disponibilité des
calculatrices et la responsabilité du choix d’utilisation par
l’élève se heurtent aussi au mode de fonctionnement de
l’école primaire où le partage des responsabilités
entre le maître et l’élève est bien
délimité. Cette résistance s’oppose à ce
changement éthique impliquant que l’élève ait plus de
responsabilités dans son apprentissage.
Ces résistances suscitent des oppositions très fortes à
l’introduction des calculatrices en raison des effets que cela
impliquerait du point de vue des rituels, des représentations et de la
responsabilité.
Certaines résistances viennent de l’implémentation dans
les classes et de l’organisation du travail mathématique. Les
techniques opératoires ont montré leur efficacité, leur
stabilité dans le curriculum. Ces techniques, lorsqu’on les
apprend sans difficulté, sont assez concises et sont communes à
tous les élèves. Or utiliser des techniques personnelles implique
qu’il peut y avoir une multitude de réponses pour le même
type de tâches. Le professeur ne peut pas faire alors
l’économie de solliciter la parole des élèves sur
leurs techniques personnelles, pour instaurer un partage et une communication.
Cette multitude de réponses introduit une complexité dans la
gestion du travail mathématique de l’élève. Ces
difficultés de gestion nourrissent autant de résistances
institutionnelles et personnelles au changement car tout cela implique de
changer le style pédagogique (Sauvé et al., 2004).
La prise de risque et la peur de l'échec évoquées par
ces auteurs sont des obstacles au changement. Par exemple il semble difficile
pour un enseignant de pouvoir accepter qu’on puisse ne pas savoir tout de
suite donner une réponse aux élèves s’ils demandent
comment utiliser certaines touches de la calculatrice ou certains savoirs pour
lesquels on n’a pas la réponse. Par exemple, que répondre
aux élèves sur les nombres négatifs qu’ils vont
rencontrer probablement avec les calculatrices ?
Il y a aussi des résistances personnelles au « trop de
changements » : si la distance est trop grande entre ce qui
est fait jusqu’alors et ce que les changements induisent, beaucoup de
professeurs peuvent s’avérer réticents.
Dès lors, l’émergence d’usages professionnels des
TIC doit pouvoir s’appuyer et se fonder sur la connaissance de telles
résistances. En cela, les conditions didactiques nous paraissent avoir un
rôle à jouer, dans la mesure où ces éléments
négatifs par rapport aux genèses d’usages ne peuvent
manifestement pas être écartés d’un revers de
main.
4.3. Les apports des TICE : valeur ajoutée, conditions
didactiques et épistémologiques
L’enquête menée auprès des formateurs par
l’équipe AEP montre un certain nombre de freins qui peuvent limiter
l’utilisation des technologies. Le facteur principal est lié aux
difficultés techniques et logistiques, mais aussi l’absence de
formation adaptée et la méconnaissance de
l’intégration en situation apparaissent également de
façon significative. Concernant l’intégration en situation,
c’est-à-dire les usages, voire la conception d’outils,
l’enquête montre par contre que les aspects didactiques et
pédagogiques sont des facteurs très peu cités comme posant
des difficultés au développement des pratiques TIC. Nous aurions
pu penser à une contradiction dans ces résultats, entre le fait
que les facteurs didactiques et pédagogiques ne sont pas beaucoup
cités et la méconnaissance de l’intégration en
situation. Or il nous semble avoir mis en lumière un point essentiel
concernant les conditions facilitant les usages réels qui apparaît
aussi dans les autres enquêtes. Nous pourrions dire qu’il y a
là un point aveugle dont les formateurs ne sont pas conscients de
l’importance et des difficultés. Une façon d’aborder
cette question est de s’intéresser à la valeur
ajoutée des technologies pour les apprentissages et pour
l’enseignement, même si, pour Alain Chaptal, la question de
l’efficacité des technologies est une question à repenser (Chaptal, 2003).
Dans les discours recueillis pendant l'enquête sur le C2i2e
menée par le CREAD, la question de l'intérêt des TIC dans
l'éducation a souvent été abordée en termes de
valeur ajoutée « Il faut que chaque discipline
s’empare de cette réflexion et se dise... où est-ce
qu’il y a un plus à utiliser l’informatique, ou
l’audiovisuel numérique, ou la recherche documentaire par rapport
à ce qu’on faisait traditionnellement... ? Est-ce que
ça amène un plus d’utiliser un outil bureautique comme Excel
ou comme Word...? ». La valeur ajoutée
évoquée renvoie clairement dans les discours à
l'amélioration de la réussite scolaire comme la mise en place de
situations didactiques visant à surmonter certains obstacles
épistémologiques ou des situations nouvelles visant à
surmonter certaines difficultés de la discipline comme le montrent les
exemples donnés par plusieurs participants sur l’utilisation des
logiciels de traitement de texte dans les projets d’écriture longue
en lettres ou la dissertation en philosophie : il y a, de la part des
enseignants, une recherche de sens en relation avec une pertinence
pédagogique. L’importance accordée au sens par les
participants est conforme à ce qui a été observé
dans la littérature (Mallein et Toussaint, 1994),
l’insertion sociale des technologies dépend moins des
qualités techniques ou des performances de l’objet que des
significations d'usage que les usagers projettent et construisent sur le
dispositif technique.
Or, on peut voir des comportements d'opposition aux attentes
institutionnelles « On peut faire court car la juste place
c’est la place de la pertinence. Il y a une pression sociale, une
injonction ministérielle, mais en même temps, je suis partisan de
ne pas l’utiliser si ce n’est pas pertinent », et,
à l'opposé, un développement de pratiques qui paraissent
pertinentes même si elles ne sont pas institutionnellement attendues
« On n’a jamais ciblé les maternelles, or, on
s’aperçoit qu'on fait beaucoup de choses en maternelle parce que
c’est un outil qui est parfaitement adapté, or B2i®, ça
concerne pas les maternelles... ». Cette recherche de pertinence
est profondément inscrite dans la professionnalité des enseignants
qui doivent mettre en œuvre un enseignement permettant d'atteindre les
objectifs d'apprentissage visés par les programmes scolaires, or,
précisément, la valeur ajoutée des TIC en terme
d'apprentissage par les élèves, n'a encore jamais
été prouvée de manière incontestable. Les
enseignants se sentent donc balancés entre des attentes de plus en plus
fortes en termes d'efficacité et des attentes sur l'intégration
des technologies dans leurs pratiques dont ils ne perçoivent pas
clairement l'intérêt. En conséquence, on reste dans une
approche mesurée « Un outil parmi d’autres, à
ne pas employer systématiquement ni à mettre au placard
systématiquement ».
Il semble que l’intégration des technologies dans
l’enseignement pourrait jouer un rôle non négligeable dans la
transformation des pratiques et renforcer ainsi le caractère
professionnel du métier d'enseignant (Loisy, 2007).
Certaines sources de changement apparaissent dans les discours recueillis lors
de la recherche IPE menée par le CREAD. Une remarque de l’un des
participants nourrit cette réflexion « Depuis que je suis
dans les TICE, j’ai toujours constaté que l’arrivée de
l’informatique, ces choses qui viennent de l’extérieur, qui
perturbent les formateurs,... sont souvent révélateurs de leur
conception de la formation. Ça met en lumière certains
désaccords... J’ai aidé des collègues à faire
de la FOAD sur la géographie, les plus gros problèmes n’ont
pas été les problèmes techniques mais des problèmes
sur le fond et ça a violemment modifié, pas trop leur aptitude
à utiliser les TICE, mais leur vision de la géographie
elle-même... Ça va reposer le problème des
apprentissages et de la manière de les faire
acquérir. » Dans sa formulation, ce participant laisse
entendre que ce sont les choses externes qui amènent des transformations
assez radicales, en l’occurrence l’arrivée de
l’informatique et son intégration didactique. On peut aussi
considérer que, dans la situation décrite, ce n’est pas tant
par la présence de l’outil informatique lui-même, ou ses
caractéristiques, que le fait qu’il provoque des échanges
entre les formateurs qui peut jouer un rôle dans la mise en place
d’une réflexion et d’une transformation des pratiques.
Vraisemblablement, la confrontation des points de vue des enseignants joue un
rôle clé dans le questionnement didactique, ainsi,
l’intégration de l’informatique pourrait être le moment
où, contraints aux échanges, les enseignants pourraient
questionner, voire transformer, leurs pratiques et moderniser leur
professionnalité.
Ces résultats montrent que la valeur d’usage des TICE est
vraiment importante, en tant que valeur ajoutée professionnelle aux
pratiques classiques, dans les situations d’enseignement et
d’apprentissage où la technologie est mise en usage effectivement
et efficacement. Ainsi, les TICE pour se développer doivent
représenter des apports à différents niveaux pour
améliorer des usages pédagogiques classiques déjà
existants qu’elles ont pour charge d’épauler, sinon de
renouveler.
5. Conclusion : des genèses d'usage sous injonction
paradoxale
Les résultats des
trois équipes qui ont travaillé dans le même projet GUPTEn,
au travers de différents objets, acteurs, méthodologies, montrent
des convergences qui permettent de conclure que certaines représentations
sociales autour des TIC commencent à se stabiliser. Elles sont en cela
révélatrices de la genèse d’usages dans le milieu de
l’enseignement et des formateurs. Mais le problème de
l’intégration des TIC à l’école est complexe,
sans solution unique et simple.
Or les acteurs (formateurs et enseignants) sont soumis à ce que nous
pouvons appeler une injonction paradoxale. Celle-ci consiste à formuler
des attentes ou des ordres contradictoires, et/ou impossibles à
réaliser, ce qui génère une nocivité psychologique
mise en lumière par Gregory Bateson et l'École de Palo Alto (Bateson, 1980), (Winkin, 2000).
L’injonction est paradoxale quand les demandes/ordres sont contradictoires
ou si leur réalisation ne dépend pas de la volonté de la
personne. Elle permet d’appréhender la mise en évidence des
impasses de la communication ordinaire, en particulier dans la sphère
familiale ou dans le monde de l'entreprise, comme le "double bind"
(double contrainte) à l’exemple de l'injonction :
« soyez autonomes ! » : si j'obéis à une
telle injonction, je ne suis pas autonome ; si je m'y refuse au contraire, je
nie mon autonomie...
L’introduction des TIC dans l’organisation renouvelle et amplifie
l’impact de la notion d’injonction paradoxale dans les nouveaux
contextes de travail et les organisations. En effet, le discours dominant actuel
reconnaît le modèle de l’échange comme une valeur pour
des motifs de performance économique. Les TIC viennent renforcer et
étayer ce nouveau critère d’efficacité
légitimé. Il faut alors regarder les articulations entre
contraintes gestionnaires, contraintes économiques et constructions
identitaires des salariés. Il en résulte une double injonction
d'échange/coopération et de concurrence/compétition
constitutive d’une "injonction paradoxale", le plus souvent insoluble pour
le salarié. En réponse, les salariés adoptent des
comportements d'adaptation dont la typologie est bien connue : le conflit,
les arrangements et les alliances, les évitements et l'anomie (D'Iribarne, 2000).
Ces décalages sont présentés comme une résistance au
changement. Il s'agit plutôt de la rencontre de rationalités
différentes entre managers et salariés qui ont chacun leur propre
système de représentations.
Pour Frédéric de Coninck (Coninck de, 2005) les nouveaux mots d’ordre managériaux, à l’exemple des
TIC, fonctionnent comme des injonctions qui contribuent à mettre les
individus sous pression dans la mesure où le management ne fournit pas de
modèle à suivre pour organiser le travail. Les personnels peuvent
ainsi être soumis à une double injonction,
c’est-à-dire des mots d’ordre contradictoires (ex. utiliser
les TIC et garantie de la liberté d’enseignement). Ces mots
d’ordre aboutissent à une pression constante avec une
multiplication des exigences. Dès lors, l’ensemble des personnels,
salariés et enseignants, subit une pression liée à
l’exigence de performance qui est devenue un critère commun du
fonctionnement des organisations, d’abord au sein du secteur concurrentiel
et maintenant à l’ensemble des organisations.
Aussi, tant l’IUFM que l’école représentent des
organisations qui à leur tour sont concernées par la
généralisation des TIC dans les processus de travail, pour des
motifs d’efficacité, de décloisonnement, voire de
productivité à l’instar des administrations centrales. Les
TIC sont, en ce sens, révélatrices des mutations de la
société qui se généralisent dans les organisations.
Elles sont un dénominateur commun des nouvelles formes de
professionnalisation et de normes d’efficacité, à ce titre,
incontournables.
Dans notre étude, l’injonction paradoxale à laquelle les
acteurs (formateurs et enseignants) sont soumis est la suivante :
« faites ce que vous voulez mais intégrez les TIC dans vos
classes ». Or il nous semble que nous sommes en présence
d’ordres contradictoires dans le sens qu’il s’agirait
d’intégrer une chose pour laquelle on ne sait pas forcément
quoi faire faire aux élèves mais qui devrait être
assumée par les acteurs « seuls » dans leur classe.
Nous sommes là en présence de plusieurs types de changements
importants : des changements épistémologiques et
didactiques car les contenus et le travail sur ces contenus doivent
être repensés ; des changements cognitifs et personnels car les
technologies modifient les attitudes et motivations des formateurs, des
enseignants, des élèves ; des changements pédagogiques et
des modifications dans le partage des responsabilités entre enseignant et
élèves. Ces changements impliquent plusieurs acteurs : les
formateurs, les enseignants, les élèves essentiellement mais les
parents peuvent avoir aussi un rôle à jouer. Le degré des
changements joue aussi un rôle plus ou moins grand selon la distance entre
ce que l’enseignant faisait auparavant et ce qu’il va faire par la
suite (« juste distance » entre l’ancien et le
nouveau). Les résistances sont plus difficiles à anticiper. Loin
d’être des manifestations de « conservatisme »,
elles font souvent apparaître des contraintes du système
d’enseignement ou de formation. Les formateurs ou les enseignants peuvent
ne pas vouloir abandonner des stratégies de formation ou
d’enseignement qui ont fait leur preuve et que l’usage d’une
technologie rend obsolète et ce d’autant plus qu’ils pensent
ne pas disposer de stratégies aussi assurées avec les
technologies. Ils peuvent ressentir des difficultés à rendre
visibles et crédibles auprès des parents et plus largement des
observateurs de l’école, des apprentissages nouveaux obtenus
à l’aide des technologies. Identifier ces résistances permet
de mieux comprendre les contraintes des systèmes de formation et
d’enseignement, les évolutions possibles.
Or ces évolutions doivent être assumées par la profession
et pas seulement par les individus (Baron, 2001). Les
différentes représentations sociales qui sont en train de se
constituer en lien avec les usages, comme nous l'avons vu dans la partie 3, sont
des guides pour l’action car elles permettent de créer une
identité professionnelle, de justifier la valeur ajoutée des
usages des technologies.
Nous avons mis en lumière des conditions de développement des
usages des TICE en terme d’usages professionnels au sein des organisations
de formation, lesquelles intègrent plusieurs niveaux de
préoccupations, professionnels, managériaux, étatiques et
sociétaux. Notre originalité repose ainsi sur la mise en
lumière des enjeux professionnels et communicationnels
organisationnellement contextualisés pour donner un sens à ces
évolutions appelées à se renforcer.
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des principes pédagogiques socioconstructivistes. In F. Larose et T.
Karsenti (éds.), La place des TIC en formation initiale et
continue, p. 77-98. Sherbrooke : Editions du CRP.
WINKIN Y. (éd.) (2000). La nouvelle
communication. Paris : Seuil.
(1) Action Concertée Incitative 2005-2009.
(2) L’idéologie est un système de
représentations doué d’une existence et d’un
rôle historiques au sein d’une société donnée
(Althusser / Encyclopédie Universalis).
(3) Compétence A.1.5 du C2i2e, compétence du champ A
« Compétences générales liées à
l’exercice du métier » et du domaine 1 « Maîtrise
de l’environnement numérique professionnel »
(4) Enquête réalisée par Dominique
Bessières, Pierre-Yves Connan, Delphine Combrouze, Jean Vincent, avec la
participation d’Eric Laplace et de Benoît Verdier – AEP
(Analyse et Evaluation des Professionnalisations)
A
propos des auteurs
Teresa ASSUDE est professeure des universités
en didactique des mathématiques à l’université
de Provence et membre de l’UMR P3 ADEF (Université de Provence
& INRP). Ses travaux de recherche portent sur l’étude du
curriculum de mathématiques dans son historicité, dans son
actualité et dans son devenir. En particulier, ses travaux portent sur
les conditions et contraintes d’intégration des TICE dans
l’enseignement et la formation mathématique.
Adresse : UMR P3 ADEF –
Université de Provence, Case 49, 3 place Victor Hugo, 13331 Marseille
cedex 03
Courriel : t.assude@aix-mrs.iufm.fr
Dominique BESSIÈRES est maître de
conférences en sciences de l’information et de la
communication, Université de Reims Champagne-Ardenne / Institut
d’études politiques de Lille. Ses recherches portent sur les
conditions des usages TICE en lien avec les enjeux de professionnalisation, de
politiques publiques et managérielles. Il s’intéresse
également à la professionnalisation de la communication publique
et à la normalisation des communications professionnelles dans les
contextes publics.
Adresse : IUT de Reims, rue des
Crayères, BP 1035 – 51687 REIMS CEDEX 2
Courriel : dominique.bessieres@univ-reims.fr
Delphine COMBROUZE est maître de conférences
en Sciences de l’Information et de la Communication à
l’Université de Reims Champagne-Ardenne. Ses recherches portent sur
l’impact des TIC sur l’identité professionnelle ainsi que
l’évolution des modalités sociales d’usages. Ses
travaux portent également sur la détermination et la
catégorisation des modalités d’acceptation ou de rejet des
technologies numériques.
Adresse : Laboratoire
d’études et de recherches sur les professionnalisations - IUT de
Reims - rue des Crayères, BP 1035 – 51687 REIMS CEDEX 2
Courriel : delphine.combrouze@univ-reims.fr
Catherine LOISY est maître de conférences en psychologie cognitive.
Membre du Centre de Recherche de Psychologie, Cognition et Communication (CRPCC
– EA 1285), elle est actuellement détachée dans
l'équipe EducTice de l'INRP. Ses recherches portent sur
l'articulation des intentions de professionnalisation émanant des
institutions et du développement professionnel des acteurs dans ces
contextes.
Adresse : EducTice – INRP Lyon, 19
allée de Fontenay – BP 17424, 69347 Lyon Cedex 07
Courriel : catherine.loisy@inrp.fr
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