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Volume 14, 2007
Rubrique



Contact : infos@sticef.org

Résultats et analyse d’une enquête sur la revue STICEF

 

Éric Dané*, Éric Bruillard**
*EDA, Paris Descartes  **STEF, ENS Cachan et INRP

Quatre ans après le lancement de la revue STICEF, il nous a semblé utile de faire un point sur sa consultation et d’interroger les lecteurs sur la revue elle-même et son devenir. En effet, dans un contexte où l’anglais s’affirme comme la langue d’échange des travaux scientifiques, la place et le rôle d’une revue francophone sont à interroger et la présente étude se veut un élément du débat à mener sur l’avenir de la revue STICEF.

Dans ce texte nous présentons d'abord quelques données statistiques d'accès au site web de la revue et les mettons en perspective avec les objectifs de STICEF. Ensuite, nous présentons les réponses à un questionnaire en ligne que nous avons soumis en juin 2007 auprès du public de la revue. Enfin, l'ensemble de ces résultats fait l'objet d'une discussion par le comité de rédaction de STICEF.

1. Statistiques de consultation du site web

Les statistiques présentées ci-après sont fournies par l'application Webalizer à partir du fichier de log du serveur (dont chaque ligne contient la date de la requête, l'URL requise et l'adresse IP de l'expéditeur). Les définitions (en anglais) des termes employés sont disponibles sur Webalizer Quick Help. Pour de plus amples explications sur la production des statistiques de consultation, on peut se reporter à Simpletons Guide to Web Server Analysis. Elles sont déclinées en plusieurs statistiques :

- hits : nombre total de requêtes reçues par le serveur durant une période donnée

- files : nombre de hits qui ont donné lieu à l'envoi d'un fichier

- sites : nombre d'adresse IP uniques d'origine des requêtes

- visits : nombre d'ensembles de requêtes issues d'un même site dans un intervalle de temps maximum

- pages : nombre de requête d'URL de pages (et non d'images, etc.)

- Kbytes : quantité de données transférées

La figure 1 illustre l'évolution de ces différentes valeurs (calculées par mensuellement) pendant la période allant d’octobre 2006 à septembre 2007.

Figure 1. Évolution des accès au site d’octobre 2006 à septembre 2007

Ces valeurs, que l'on retrouve logiquement ordonnées (hits > files > pages et visits > sites),  fluctuent au cours de la période de manière synchrone : baisse en décembre 2006, hausse en mars 2007 (nombre de hits maximum : 75904 dans le mois), baisse en juillet-août et reprise en septembre (phénomène probablement dû aux grandes vacances...).

On remarque une hausse symptomatique du nombre de visites en juin (qui atteint la valeur maximale de 10346 sur la période), mois durant lequel le questionnaire présenté ci-après a été mis en ligne ; cependant, durant ce mois, seules 163 requêtes sont adressées à l'URL du questionnaire </phpsurveyor/>

À partir des classement mensuels des URL les plus demandées, on peut remarquer, pour l'année 2007, que les URL les plus populaires sont la page d’accueil (/) et les fichiers au format pdf d’articles parus avant 2006.

Tableau 1. Pages les plus consultées en mai 2007

Ainsi par exemple, en mai 2007, on constate que c’est la version pdf de l'article (Paquette et al., 2003) qui est la plus souvent téléchargée. Cette URL arrivant d’ailleurs en premier résultat lors d'une requête via Google Scholar (requête="sticef paquette"). Comparé avec celui d'avril 2007, on constate que ce classement bénéficie d'une certaine stabilité.

Ces classements illustrent plusieurs caractéristiques déclarées de STICEF. D’abord son caractère francophone, puisque l’on y trouve des contributions issues du Québec, de France et de Suisse. Ensuite, son aspect pluridisciplinaire, puisqu’il y a des papiers ayant des dominantes différentes : informatique, psychologie, didactique, sciences de l’information et de la communication, sciences du langage. Enfin, on peut souligner l’importance des rubriques (Boullier, Delepine, Halin) : le fait qu’elles soient fréquemment consultées montre qu’elles jouent un rôle non négligeable et  intéressent le lectorat de la revue.

1.1. Origines des consultations

La figure 2 fournit la répartition par domaine d'origine des requêtes d’accès à la revue. Ces domaines sont le résultats d'identification des adresses IP d'origine des requêtes reçues (Reverse DNS lookup - un processus qui n'aboutit pas toujours, comme le montre la part importante d'adresses non résolues).

Au cours de l'année 2007, la répartition des domaines d'origine n'évolue pas significativement. Au mois de septembre, on peut observer que les domaines .net, .fr et .com sont nettement majoritaires, devant une moindre présence du Canada, de la Belgique, du Maroc, de la Suisse et du Portugal.

Figure 2. Répartition des accès par domaine en septembre 2007

Si on met en perspective les différentes statistiques de consultation que l’on vient de présenter avec les abonnements à la revue STE dont est issue STICEF, on ne peut que constater une très nette amélioration de la mise à disposition des articles. La revue Sciences et techniques éducatives (STE) bénéficiait d’une centaine d’abonnés qui étaient pour la plupart des bibliothèques, ce qui ne permettait pas de nous renseigner directement sur le nombre de lecteurs. Le passage en ligne avec STICEF a considérablement augmenté le lectorat potentiel (le nombre de personnes qui se sont identifiées sur le site est de l’ordre de 600, alors que cette inscription n’est pas obligatoire pour accéder aux articles).

Mais si la masse de lecteurs s’est certainement étendue, les statistiques disponibles n'indiquent en rien ce qu’ils pensent de la revue, aussi avons-nous décidé de mener une enquête auprès d'eux.

2. Enquête auprès des lecteurs de la revue STICEF

L’enquête lancée auprès des lecteurs avait pour objectif de recueillir des avis et des réflexions sur le rôle de la revue et d'éclairer sa politique éditoriale. Son approche étant moins de recueillir des données quantitatives que d'aider à déceler des tendances sur quelques questions clés, nous avons privilégié les questions ouvertes, laissant parfois un sens volontairement vague aux interrogations (voir questionnaire en annexe).

2.1. Modalités de passation

Le questionnaire a été mis en ligne (à l’aide de l’application Phpsurveyor, logiciel libre en PHP/MySQL, à présent nommée Limesurvey, installé sur le site web de Sticef) ; son adresse a été envoyée aux abonnés de deux listes de diffusion <infos@sticef.org> (628 abonnés) et <atief@imag.fr> (158 abonnés), c’est-à-dire respectivement les personnes qui sont inscrites sur le site de STICEF et les membres de l’ATIEF.

Deux appels à répondre au questionnaire ont été envoyés (le 7 juin 2007, puis une relance le 21 juin) et un appel auprès des membres du(des) comité(s) de lecture et scientifique a été envoyé par le rédacteur en chef.

À la date du 30 septembre 2007, le nombre de réponses recueillies atteignait 46 ce qui est faible (<10%) par rapport aux nombre de destinataires des appels à répondre. On peut observer ci-dessus un diagramme montrant les dates de recueil des réponses ; on y observe l'effet dynamique des appels et relances envoyés.

2.2. Profils des répondants

Les répondants sont tous impliqués dans l'enseignement supérieur et/ou la recherche (on peut penser que les praticiens lecteurs ne se sont pas sentis concernés par le questionnaire proposé). Ils sont principalement maîtres de conférences (16 répondants) ou professeurs des universités (15) et, dans une moindre mesure, doctorants (4), ingénieurs de recherche (2) ou ATER (1). Ils déclarent exercer dans des champs disciplinaires relativement variés mais, pour une majorité en informatique (26) et en sciences de l'éducation (11). Leurs institutions de rattachement sont majoritairement des universités et parfois des écoles d'ingénieur, des IUT ou des IUFM, situées pour la plupart en France (38), aussi en Belgique (3), en Suisse (1), au Canada (2) et en Algérie (1).

2.3. Points de vue sur la revue STICEF

L’apport principal de la revue pour les répondants, outre sa fonction de diffusion de la recherche, est son côté pluridisciplinaire (14 répondants) :

« Avec la conférence EIAH, la revue STICEF est la manifestation la plus visible d'une communauté (un groupe) de chercheurs francophones dans le domaine des TIC pour l'apprentissage.

Une possibilité de publier en français et d'avoir des retours fiables de la communauté (les rapports des reviewers sont de qualité) »

Quant à ses défauts ou à ses manques, c’est « l'ouverture » qui est la plus fréquemment citée à propos de son orientation disciplinaire (« [la revue est] parfois trop orientée vers l’informatique pour intéresser des personnes en sciences humaines et sociales ») ainsi que la trop faible place laissés aux « réalisations pratiques », ainsi qu’un souhait d’offrir plus de place aux « chercheurs du Sud ». En deuxième position, apparaît le manque de reconnaissance institutionnelle par les instances universitaires, scientifiques et d’évaluation, difficulté qui semble liée à celle de la reconnaissance du champ de recherche des EIAH :

« Elle manque peut-être encore de reconnaissance dans la discipline informatique, mais elle n'est pas en cause en tant que telle. C'est la communauté EIAH qui a ce problème. »

En fait, la revue apparaît contradictoirement trop centrée sur l'informatique pour certains et pas assez reconnue par l’informatique pour d'autres.

« [La revue est] peut être trop focalisé[e] sur une vision restreinte de ce qu'est un EIAH. Manque d'articles sur les solutions technologiques de base pour outiller le concepteur d'EIAH. Par rapport à l'évolution des STIC en ce moment semble un peu en retrait. [...] »

Se font également jour des interrogations sur la sélection des articles opérée par la revue.

« L'ouverture interdisciplinaire est bien, il faut la maintenir. La discipline d'origine des auteurs peut être multiple, ce qui compte ce sont les critères d'acceptation d'un article dans la revue. Avoir des bons critères de qualité c'est le plus important. Bien sûr, cela demande du travail, un éditeur très disponible, plus de reviewers... ce n'est pas simple.

Une forme d'écriture de papiers acceptables pour la revue qui devient trop stéréotypée et un frein à terme.

L'évaluation des articles semble (dans sa dimension pluridisciplinaire notamment) être encore une question ouverte. »

Sur la question de la langue de publication, la majorité des répondants se prononcent en faveur du maintien du français (26) :

« De mon point de vue, elle doit rester en français pour garder son caractère francophone. C'est dans notre langue que nous exprimons le mieux nos travaux. Il faut donc absolument garder ce moyen rendre visible nos travaux. Par ailleurs, les revues internationales ne manquent pas. »

Mais nombre d’entre eux sont favorables à la publication en anglais (22), et quelques uns à celle dans d’autres langues (6). On recense une proposition d’élargissement aux langues romanes, ce qui, sans remettre en cause la priorité au français, pourrait permettre de donner un niveau de reconnaissance international tout en bénéficiant d'une intercompréhension entre langues romanes potentiellement plus aisée (voir l’exemple de la revue In Cognito).

Concernant les autres évolutions qui semblent nécessaires, les avis sont plus partagés. On notera des attentes par rapport au référencement de la revue (6), notamment dans Journal Citation Index, ISI Web Knowledge et Education Resource Information Center, et à la place laissée aux lecteurs :

« J’aimerai un processus de relecture et d’acceptation plus ouvert, basé par exemple sur le principe adopté par la revue JIME : Open PeerReview »

Je crois que des articles sont d'autant plus intéressants que l'on peut obtenir différents avis dessus. La revue JIME lie une section de forum à chaque partie du document. Ceci peut être une piste. Ce qui est plus intéressant est qu'ils permettent à un autre auteur sélectionné de commenter l'article pour expliquer son point de vue dessus. Ce nouveau point de vue éclaire/approfondit énormément la lecture de l'article.

Peut-être pourrait-on typer les articles, type proposé par l'auteur et accepté ou refusé lors de l'analyse du papier, par ex. accepté comme papier de psychologie cognitive ou accepté comme papier pluridisciplinaire à dominante informatique ou papier informatique. Continuer à faire tout ce qui est possible pour la faire "cataloguer" là où c'est possible.

Dans l’hypothèse où la revue resterait gratuite, les suggestions de sources de financement sont dans l'ordre décroissant : l'ATIEF (11), les laboratoires (10) et les subventions (7), les lecteurs (5), des sponsors (4), la publicité (3), et les entreprises (1) ; est aussi suggérée une réduction des coûts (3), à côté de 5 répondants qui ne savent pas quoi répondre et de 7 non réponses.

Concernant la question sur les nouvelles fonctionnalités souhaitées, on recense un nombre important de non réponses (22) et quelques satisfaits n'en désirent aucune (6) . Les suggestions recensées sont de développer l'interactivité (7) par la possibilité de commenter les articles ou de discuter sur des forums, d'accéder aux statistiques de consultation (3), d'améliorer les outils de recherche (3), d'assurer la gestion des soumissions en ligne (2).

Enfin, une majorité des répondants (31, 13 étant contre) se prononce en faveur du maintien d'un recueil annuel sur support papier, sous réserve que cela ne pose pas trop de problèmes de financement.

La dernière question ouverte a recueilli 35 non réponses, 4 messages de satisfaction et différentes suggestions, notamment celles d’inviter des seniors à faire des contributions de type survey, de maintenir les numéros spéciaux thématiques et (pour les coordonnateurs) de les proposer en parallèle dans une revue internationale (en anglais), d'aller vers plus d'internationalisation et enfin de tisser des partenariats avec d’autres revues.

Pour terminer, citons cette interrogation sur la place des EIAH :

« C'est une question dure mais objective (puisque plusieurs "jeunes" MCF se la posent). Est ce que "stratégiquement", il est judicieux de passer du temps à publier en EIAH alors que c'est peu ou pas reconnu et qu'à plus ou moins long terme, ils seront confrontés à ce problème (financement de projet, financement de labo, reconnaissance de publis, etc.)? Évidemment, je fais partie des gens qui se posent cette question. Même si le domaine me passionne, il est possible de mettre l'accent sur d'autres angles pour les publications et  limiter (malheureusement) le champ éducation à un domaine d'application. »

3. Annexe

Questionnaire à propos de la revue STICEF


1. Profil du répondant

1.1 Nom (facultatif) :

1.2 Fonction(s) :

1.3 Institution :

1.4 Champ(s) disciplinaire(s) :

2. Point de vue général sur la revue

2.1 Quel est, selon vous, l'apport principal de la revue ?

2.2 Quels sont ses défauts ou ses manques ?

3. Évolutions souhaitées

3.1 Doit-elle rester en langue française, devrait-elle s’ouvrir à d’autres langues ?

3.2 Voyez vous d’autres évolutions qui vous semblent nécessaires ?

3.3 Dans l’hypothèse où la revue resterait gratuite, quelles solutions de financement suggéreriez-vous pour en assurer la pérennité ?

4. Fonctionnalités des supports

4.1 Quelles nouvelles fonctionnalités de la revue en ligne souhaiteriez-vous ?

4.2 Pensez-vous important de maintenir un recueil annuel sur support papier ?

5. Quel(s) autre(s) point(s) vous semblerait-il important d’évoquer ?

A propos des auteurs

Éric DANÉ  est agrégé de mécanique, ancien élève de l'ENS Cachan et actuellement doctorant au laboratoire EDA de l'Université Paris Descartes

Adresse : Adresse : Laboratoire EDA, Faculté des Science Humaines et Sociales, Université Paris Descartes, bureau J538b, 45 rue des Saints Pères, Paris 6 °ardt

Courriel : eric.dane@univ-paris5.fr

Toile :  http://blogs.univ-paris5.fr/daneeric

 

Éric Bruillard est Rédacteur en chef de la revue Sticef

Adresse : UMR STEF ENS Cachan – INRP, Bâtiment Cournot - ENS de Cachan, 61 av du Président Wilson 94235 Cachan cedex

Courriel : eric.bruillard@creteil.iufm.fr

Toile : http://www.stef.ens-cachan.fr/annur/bruillard.htm

 
Référence de l'article :
Éric Dané, Éric Bruillard, Résultats et analyse d’une enquête sur la revue STICEF, Rubrique, Revue STICEF, Volume 14, 2007, ISSN : 1764-7223, mis en ligne le 20/02/2008, http://sticef.org
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Mise à jour du 23/02/08