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Commentaires
sur l'article
de Jean Robillard
par
Claude Lamontagne
La perspective qu’adopte Robillard s’inscrit dans la
foulée de la reconnaissance de l’origine philosophique
du terme “Ontologie” ("L’Ontologie
se présente comme la science de l’être, une spécialité
de la philosophie."), et de la série de questions
qui s’en suivent, mettant toutes en scène cette origine
notionnelle d’ordre philosophique. La nature de l’argument
est clairement d’ordre philosophique, se situant ainsi "au
plan de la réflexion, ... (interrogeant) de manière
spéculative... les espoirs et les doutes suscités
par la prise en compte d’ontologies dans le domaine des EIAH"
La notion d’ontologie telle que définie par J. Sowa
(http://jfsowa.com/ontology/index.htm)
sert de cible à une attaque critique, dont la conclusion
est essentiellement que dans la mesure où par "ontologie"
on tient, en sciences cognitives (SC), à demeurer consistants
avec ce que la philosophie (plus particulièrement la "philosophie
analytique") entend par ce terme, on fait fausse route et
le travail devrait être refait de façon plus sérieuse.
Le cœur du problème, selon Robillard, résiderait
dans la nature taxinomique, essentiellement descriptive, de l’ontologie
SC telle que définie par Sowa ("De
cela découle que la véritable théorie qui est
ici proposée est une théorie de la description, bien
qu’elle soit éminemment incomplète, pas une
ontologie (sur les problèmes logiques et sémantiques
de la description, voir entre autres : [Carnap56],
[Quine60],
[Davidson84]
et [Neale93]).
Mais faute d’en avoir réalisé pleinement la
nature, Sowa, comme d’autres, reproduit les erreurs conceptuelles
que, pourtant, les philosophes ont depuis longtemps corrigées.")
Le détour par Popper et ses "trois mondes"
n’est qu’un raccourci critique pour attaquer la supposée
autonomie, ou objectivité, du référent "ontologisé
SC", le rapportant au troisième monde de Popper, et
faisant ainsi de celui-là l’objet des critiques de
celui-ci. Tout cela me semble bien légitime, et polémique
à souhait ("La thèse que
je veux ici soutenir est que ce concept d’ontologie est autocontradictoire.
Ce qui entraîne que toute théorie misant sur ce dernier
est au mieux indécidable, au pire, fausse.").
Reste évidemment à savoir dans quelle mesure la définition
de Sowa est aussi "exemplaire" que Robillard
le suggère. Le niveau de détail de cette définition
est plutôt exceptionnel selon mon expérience, et, poussés
à être aussi détaillés dans leur définition,
il n’est pas évident que la majorité des chercheurs
en SC iraient dans la direction taxinomique "fatale"
de Sowa, pas plus qu’il n’est évident qu’ils
auraient tort, étant donné la "réalité"
de ce qu’ils dénomment "ontologies". Mais la solution
ne réside certainement pas dans un niveau de généralité
définitionnelle permettant le vague et l’ambigu comme
celui qui caractérise la majorité des définitions
SC disponibles. Sowa a le grand avantage d’être critiquable
puissamment, ce qui lui vaut, au-delà de sa fragilité
devant les critiques de la trinité cosmogonique poppérienne,
une "validité" toute tributaire
de la portion de l’esprit poppérien qui demeure toujours
"bien en selle".
Claude Lamontagne
Université d'Ottawa, Ecole de psychologie
clamonta@uottawa.ca
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