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Volume 11, 2004
Commentaires



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Commentaires sur l'article

de Jean Robillard

par

Claude Lamontagne

 

La perspective qu’adopte Robillard s’inscrit dans la foulée de la reconnaissance de l’origine philosophique du terme “Ontologie” ("L’Ontologie se présente comme la science de l’être, une spécialité de la philosophie."), et de la série de questions qui s’en suivent, mettant toutes en scène cette origine notionnelle d’ordre philosophique. La nature de l’argument est clairement d’ordre philosophique, se situant ainsi "au plan de la réflexion, ... (interrogeant) de manière spéculative... les espoirs et les doutes suscités par la prise en compte d’ontologies dans le domaine des EIAH" La notion d’ontologie telle que définie par J. Sowa (http://jfsowa.com/ontology/index.htm) sert de cible à une attaque critique, dont la conclusion est essentiellement que dans la mesure où par "ontologie" on tient, en sciences cognitives (SC), à demeurer consistants avec ce que la philosophie (plus particulièrement la "philosophie analytique") entend par ce terme, on fait fausse route et le travail devrait être refait de façon plus sérieuse. Le cœur du problème, selon Robillard, résiderait dans la nature taxinomique, essentiellement descriptive, de l’ontologie SC telle que définie par Sowa ("De cela découle que la véritable théorie qui est ici proposée est une théorie de la description, bien qu’elle soit éminemment incomplète, pas une ontologie (sur les problèmes logiques et sémantiques de la description, voir entre autres : [Carnap56], [Quine60], [Davidson84] et [Neale93]). Mais faute d’en avoir réalisé pleinement la nature, Sowa, comme d’autres, reproduit les erreurs conceptuelles que, pourtant, les philosophes ont depuis longtemps corrigées.") Le détour par Popper et ses "trois mondes" n’est qu’un raccourci critique pour attaquer la supposée autonomie, ou objectivité, du référent "ontologisé SC", le rapportant au troisième monde de Popper, et faisant ainsi de celui-là l’objet des critiques de celui-ci. Tout cela me semble bien légitime, et polémique à souhait ("La thèse que je veux ici soutenir est que ce concept d’ontologie est autocontradictoire. Ce qui entraîne que toute théorie misant sur ce dernier est au mieux indécidable, au pire, fausse."). Reste évidemment à savoir dans quelle mesure la définition de Sowa est aussi "exemplaire" que Robillard le suggère. Le niveau de détail de cette définition est plutôt exceptionnel selon mon expérience, et, poussés à être aussi détaillés dans leur définition, il n’est pas évident que la majorité des chercheurs en SC iraient dans la direction taxinomique "fatale" de Sowa, pas plus qu’il n’est évident qu’ils auraient tort, étant donné la "réalité" de ce qu’ils dénomment "ontologies". Mais la solution ne réside certainement pas dans un niveau de généralité définitionnelle permettant le vague et l’ambigu comme celui qui caractérise la majorité des définitions SC disponibles. Sowa a le grand avantage d’être critiquable puissamment, ce qui lui vaut, au-delà de sa fragilité devant les critiques de la trinité cosmogonique poppérienne, une "validité" toute tributaire de la portion de l’esprit poppérien qui demeure toujours "bien en selle".

 

Claude Lamontagne

Université d'Ottawa, Ecole de psychologie

clamonta@uottawa.ca

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Mise à jour du 1/12/04