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Scénarisation pédagogique dirigée par les
intentions
Valérie EMIN (IFÉ-ENSL, Lyon), Jean-Philippe PERNIN
(LIG,
Grenoble), Viviane GUÉRAUD (LIG, Grenoble)
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RÉSUMÉ : Cet
article présente le modèle ISiS (Intentions, Strategies,
interactional Situations) dont l’objectif principal est d’assister
la formalisation et de favoriser la mutualisation de scénarios
pédagogiques exploitant les technologies numériques.
Elaboré en collaboration avec des enseignants de l’enseignement
secondaire, ce modèle s’inspire de travaux récents issus du
domaine de l’ingénierie des besoins dirigée par les
intentions et permet en particulier l’explicitation des intentions et des
stratégies du concepteur. L’environnement graphique associé
ScenEdit permet aux praticiens de concevoir leurs scénarios en
explicitant les différentes dimensions associées au modèle
ISiS. Pour favoriser la conception par réutilisation et adaptation,
l’environnement propose, à différents niveaux du
modèle, des bibliothèques de composants, patrons ou gabarits. Le
modèle ISiS et l’environnement ScenEdit ont été
expérimentés auprès de différents publics de
praticiens et évalués notamment du point de vue de
l’utilité et de l’utilisabilité.
MOTS CLÉS : scénarios
pédagogiques, approche auteur, approche orientée par les
intentions, langages de modélisation pédagogique, conception de
scénarios pédagogiques, représentations visuelles. |
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ABSTRACT : This
paper presents the core concepts of the ISiS model (Intentions, Strategies, and
interactional Situations), a conceptual framework elaborated to structure the
design of learning scenarios and promote sharing among teachers-designers. This
model, co-elaborated with final targeted users and inspired by recent works in
the field of goal-oriented requirement engineering, makes explicit the
intentions and strategies of the designer. The ScenEdit environment enables
practitioners to graphically design their scenarios making explicit the
different dimensions associated with the ISiS model. ScenEdit aims at favouring
sharing and reuse of practices by providing, for each type of model component,
patterns issued from the literature and/or co-designed with practitioners. The
model and the environment have been experimented with various groups of
practitioners and evaluated from the point of view of utility and usability.
KEYWORDS : technology
enhanced learning, authoring approach, learning scenarios, goal-oriented
approach, learning design patterns, visual design |
1. Introduction
La
recherche présentée dans cette contribution s'intéresse de
façon spécifique à l'introduction de méthodes et
d'outils de conception dans l’enseignement secondaire français,
où apparaît progressivement de nouveaux types de dispositifs
d’apprentissage exploitant les technologies numériques. Ces
dispositifs sont essentiellement introduits pour répondre à trois
types d’enjeux : la diversification progressive des
modalités d’apprentissage (individuel/collectif,
synchrone/asynchrone, à distance/en présence, etc.), la redéfinition des programmes de l’éducation nationale
(socle commun, nouveaux programmes pour le lycée,
référentiels de compétences et de certifications...), et
l’émergence rapide des procédures
d’harmonisation des cursus
(ECTS1,
LMD2,
CECRL3, etc.). Ces contraintes ouvrent
la voie à la mise en place de nouvelles situations d’apprentissage
plus riches, plus complexes, et souvent encore mal maîtrisées par
les enseignants. L’utilisation de plus en plus
généralisée des technologies numériques et de
l’Internet (notamment les outils du web 2.0) incite à proposer de
nouveaux modèles de situations d’apprentissage instrumentées (Paquette, 2002),
laissant une plus grande part à l’activité individuelle ou
collective des élèves. Ces nouveaux types d’environnements
ouverts peuvent permettre de faciliter la construction des connaissances par
l’apprenant (Bunt et al., 2001), (Paquette, 2002) et de favoriser les approches socioconstructivistes. Le rôle des acteurs,
enseignants (Schneider, 2004) et apprenants (Choplin et al., 2000),
évolue dans le même temps, ainsi que la variété des
tâches qui leur incombent (Bunt et al., 2001), (Pernin, 2003).
Villiot ajoute que « l’évolution des environnements et
des rôles des acteurs s’accompagne aussi d’une
évolution de la place donnée aux contenus et aux ressources
pédagogiques dans la construction des dispositifs de
formation » (Villiot-Leclercq p7., 2007).
Parallèlement, les métiers de l’enseignement et de la
formation évoluent et les pratiques (qu’elles intègrent ou
non les technologies numériques) tendent à se professionnaliser et
à favoriser les transferts de compétences, la mutualisation et le
travail en réseau (Dufresne et al., 2003).
Des pratiques institutionnelles, associatives et individuelles de production et
de mutualisation de ressources d’apprentissage (ressources
multimédias, scénarios pédagogiques, répertoires de
sites web, etc.) émergent également. Des banques de
scénarios (Lundgren-Cayrol et al., 2006) sont ainsi proposées à différents niveaux :
communautés de pratiques, associations d’enseignants, banques
issues de la recherche et institutionnelles comme, en France, celles du
ministère de l’Education Nationale
(EDU’Bases4,
PrimTice5). La complexité de
situations d’apprentissage distribuées dans le temps et dans
l’espace ainsi que les besoins accrus de partage, d’échange
et de mutualisation exigent des efforts de formalisation, qui
n’étaient pas indispensables dans le cas de la formation
présentielle traditionnelle. La modélisation des situations
d’apprentissage apparaît ainsi de plus en plus nécessaire
pour permettre l’expression, l’explicitation et le transfert de
nouvelles pratiques. Si, de plus, elle s’appuie sur un niveau
d’expression suffisamment précis pour en permettre le traitement
informatisé, la modélisation peut également constituer la
base sur laquelle seront techniquement construites les situations
d’apprentissage, lors du passage de la conception à
l’opérationnalisation du dispositif.
Le reste de ce document est structuré de la façon suivante.
Dans la section 2, nous nous attachons à décrire l’ancrage
théorique et le contexte de ce travail de recherche. La section 3
présente le modèle ISiS qui forme l’ossature de nos
propositions. La section 4 décrit l’environnement de conception
ScenEdit, qui constitue une première implémentation du
modèle ISiS. Enfin, la section 5 trace les perspectives actuelles
ouvertes par ce travail de recherche.
2. Contexte et ancrage théorique
2.1. Contexte de la recherche
La
recherche présentée a été réalisée au
sein du projet Scénario-CAUSA (Conceptions, Analyses et Usages des
Scénarios d’Apprentissage, 2006-2010) dans le cadre d’une
collaboration entre l’Institut National de Recherche Pédagogique
(INRP6) et le Laboratoire Informatique
de Grenoble (LIG). La conception et la réutilisation de scénarios
pédagogiques est une question complexe nécessitant des approches
croisées : chercheurs en informatique et en sciences humaines,
développeurs et usagers, attentes institutionnelles et besoins de
terrain. Le projet CAUSA vise à élaborer, en relation
étroite avec les praticiens, des modèles et des outils
adaptés leur permettant de concevoir, mettre en place, suivre, adapter,
analyser, mutualiser les scénarios utilisant les technologies
numériques qu’ils souhaitent mettre en œuvre. Il se
présente comme un lieu d’échanges, de réflexion et
d’élaboration de nouvelles solutions pour des praticiens
confrontés au quotidien à une évolution de leur rôle,
de leurs outils et de leurs pratiques. L’implication de l’INRP, dont
l’un des rôles essentiels est d’assurer l’articulation
entre travaux de recherche pluridisciplinaires et pratiques de terrain a fourni
un cadre favorable pour impliquer fortement un panel large et diversifié
d’enseignants dans ces recherches et pour bénéficier
d’approches croisées pour analyser les résultats des
différentes expérimentations.
2.2. Ancrage théorique
De récents travaux de recherche en
ingénierie des EIAH (Environnements Informatiques pour
l’Apprentissage Humain) s’intéressent aux langages de
modélisation pédagogique (Educational Modelling Languages ou EML
en anglais) (Koper, 2000), (Rawlings et al., 2002).
L’objectif de ces derniers est de fournir une description,
indépendante de toute implémentation technique, de situations
d’apprentissage mettant en jeu les technologies numériques, dans le
but d’assurer leur réutilisabilité et leur
interopérabilité. Ces langages visent à couvrir deux
besoins complémentaires : représenter le plus large panel de
situations d’apprentissage et d’approches pédagogiques, tout
en assurant la possibilité d’exécuter les descriptions
produites sur des systèmes techniques variés de gestion
pédagogique, tels que les plateformes LMS (Learning Management Systems).
Lors de la décennie 2000-2010, la spécification IMS Learning
Design (Koper et Tattersall, 2005) s’est dégagée au niveau international. Certaines limites du
langage IMS-LD ayant été soulevées, telle que la
capacité à exprimer des situations collaboratives, d’autres
solutions visent soit à fournir des extensions au langage (Hernandez-Leo et al., 2005),
soit à proposer de nouveaux langages plus ciblés, tel que le
langage LDL (Martel et al., 2006).
D’autres travaux (Koper, 2006), (Nodenot, 2006) s’interrogent sur la capacité de ces langages à être
manipulés par des praticiens (enseignants, formateurs, tuteurs), voire
par les apprenants eux-mêmes (Berggren et al., 2005).
Pour résoudre cette question d’accessibilité des langages de
modélisation pédagogique, plusieurs stratégies peuvent
être envisagées. La première consiste à mettre en
place des politiques d’information et de formation à ces langages,
comme l’a fait par exemple le projet européen TENCompetence (TENCompetence, 2011).
La seconde consiste à simplifier la tâche du concepteur en lui
mettant à disposition des bibliothèques de patrons ou des
scénarios (IDLD, 2011) et (LORNET, 2007) lui évitant de concevoir son scénario à partir d’une
page blanche. Enfin la troisième stratégie
s’intéresse à développer des langages
spécialisés, adaptés à des communautés de
pratique ou d’intérêt spécifiques, tout en assurant la
possibilité de leur traduction vers un langage standard permettant
l’opérationnalisation des situations décrites. Le travail
présenté ici s’inscrit dans ce dernier courant. Il est
à rapprocher des travaux sur l’approche
« auteur » (Guéraud, 2005) qui visent à minimiser l’écart entre les besoins d’un
type d’utilisateur donné et les formalismes fournis en
l’assistant dans ses tâches de conception sans avoir recours
à une équipe de développement informatique. Nos travaux
s’appuient également au niveau informatique sur les concepts de
l’ingénierie dirigée par les modèles (IDM) qui
permettent d’articuler différents niveaux de langages : d’une
part, les langages spécifiques métiers (domain-specific languages)
dédiés à la phase de conception et d’autre part les
langages génériques (general purpose languages) davantage
réservés à l’opérationnalisation technique.
Nous avons donc été amenés à nous appuyer sur les
concepts manipulés par les utilisateurs ciblés (ici les
enseignants-concepteurs) et sur l’agencement des tâches qu’ils
pourraient être amenés à conduire dans l’exercice
régulier de leur profession (les processus métiers). Ainsi nous
avons mené des travaux pour caractériser les usages actuels, les
attentes et les besoins des enseignants en termes de scénarisation, en
nous basant sur les modèles issus de l’IDM, de
l’ingénierie des Systèmes d’Information et de
l’ingénierie des processus.
L’étude exploratoire (Pernin et Emin, 2006), (Villiot-Leclercq et Pernin, 2006) réalisée dans le cadre du projet CAUSA sur l’analyse des
pratiques existantes de scénarisation pédagogique et de
mutualisation de scénarios a fait ressortir le besoin de voir
explicités les intentions, les démarches pédagogiques et
les contextes associés à la description des scénarios. Ce
besoin d’explicitation entre en résonance avec un ensemble de
théories en sciences humaines, telles que la théorie de
l’activité qui intègre la composante intentionnelle dans la
description de l’activité ou la théorie de l’action
située qui insiste sur la dimension contextuelle de
l’activité humaine ou encore l’analyse des dimensions
routinières et schématiques qui sont le plus souvent implicites et
sous-jacentes à l’activité de l’enseignant (Schank et Abelson, 1977), (Dessus et al., 2007).
Des travaux issus du génie logiciel s’intéressent
également à l’explicitation des intentions comme point de
départ à la spécification des systèmes
d’information, tel que l’ingénierie des besoins
orientée par les buts (Van Lamsweerde et al., 1995), (Yu, 1997). En
particulier, le modèle MAP (Rolland et al., 1999) propose le concept de « carte » pour décrire un
modèle de processus exprimé selon une perspective orientée
par les buts. Un but définit ainsi une intention de réaliser un
processus dans le cadre d’un métier. MAP ne se concentre pas
uniquement sur l’expression des intentions (ou buts) mais également
sur les différentes manières de les réaliser (les
stratégies). Nous retrouvons ces concepts d’intention et de
stratégie dans la formation des enseignants du secondaire et dans leur
vocabulaire commun : « intention pédagogique »,
« stratégie d’apprentissage »,
« stratégie pédagogique ». Nous avons ainsi
co-élaboré un modèle « métier »
dirigé par les intentions de description de scénarios
pédagogiques permettant la conception et la réutilisation de
scénarios intégrant les TIC en nous appuyant notamment sur le
modèle MAP. Notre proposition a pour originalité de mettre en
avant l’explicitation des intentions et des stratégies de
l’enseignant, et de s’adresser au public des enseignants-concepteurs
du secondaire français, sans distinction de discipline, de niveau et
d’approche pédagogique.
2.3. Méthodologie de la recherche
Notre approche, résolument
pluridisciplinaire, s’est appuyée sur une collaboration
étroite avec les praticiens de terrain. De façon pratique, notre
démarche s’est organisée en six phases. Comme le montre le
tableau 1, dont une description détaillée est disponible dans (Emin, 2010), cette
collaboration s’est manifestée tant dans les phases exploratoires,
dans les phases de construction des modèles et des outils (co-conception
incrémentale) que dans les phases d’expérimentation
impliquant des panels volontairement différents de praticiens (en termes
d’origine disciplinaire, d’expertise en modélisation
pédagogique, de connaissance de nos modèles).
Phase |
Objectif |
Utilisateurs impliqués |
Nature de la participation |
Phase 0 :
Etude exploratoire des usages et collecte des besoins |
Caractériser les usages, les attentes et les besoins des enseignants
en termes de scénarisation |
Enseignants, formateurs et cadres de l’éducation |
Journées d’études et de formation, enquête en
ligne, brainstorming |
Phase 1 :
Analyse du processus de scénarisation |
Préciser le processus et les besoins de scénarisation
exprimés par les enseignants |
Petit groupe d’enseignants du secondaire issus de disciplines
différentes |
Journées d’études et de formation, brainstorming,
questionnaires |
Phase 2 :
Co-élaboration d’un modèle conceptuel de scénario
ISiS
(Cf. §3.1 à 3.5) |
Co-élaborer un modèle compatible avec les différentes
démarches et stratégies |
Petit groupe d’enseignants du secondaire issus de disciplines
différentes |
Séances de brainstorming |
Phase 3 : Expérimentations du modèle ISiS
(Cf. § 3.6) |
Etudier l’appropriation du modèle dans une communauté
particulière |
Communauté de pratique existante (5 enseignants) |
Participation à la conception des outils, expérimentation |
Phase 4 : Développement de l’environnement de conception
ScenEdit
(Cf. § 4.1 à 4.3) |
Développer un environnement graphique permettant la conception dans
un usage régulier |
Utilisateurs impliqués dans les phases 2 et 3 |
Validation des interfaces, du vocabulaire |
Phase 5 : Expérimentation du modèle ISiS et de
l’environnement de conception ScenEdit
(Cf. § 4.4) |
Expérimenter le modèle ISiS et l’environnement de
conception de scénarios pédagogiques |
Communautés de pratique disciplinaire ou locale, formateurs en
IUFM |
Utilisation des outils en situation contrôlée par des
enseignants non impliqués |
Tableau 1 • Méthodologie de recherche et
phases du projet CAUSA
Tout au long du projet, nous avons pris soin de valider nos résultats
à l’aide des critères d’acceptabilité,
d’utilité et d’utilisabilité des modèles (Baker, 2000) et
des outils proposés (Tricot et al., 2003), (Baccino et al., 2005).
Ce travail a ainsi été jalonné par différentes
expérimentations prenant en compte l’utilisateur ciblé.
Nous nous concentrons dans cet article sur les phases de conception et
d’expérimentation (les sections correspondantes sont
indiquées en gras entre parenthèses dans le tableau 1) en
commençant par introduire le modèle ISiS qui constitue
l’ossature de nos autres propositions.
3. Le modèle ISiS
Comme nous l’avons évoqué plus
haut, les phases préliminaires du projet CAUSA ont permis de
déterminer que certains concepts, comme ceux
« d’intention pédagogique », de
« stratégie d’apprentissage », de
« situation d’apprentissage » appartenaient au
vocabulaire courant des enseignants du secondaire en France, notamment à
travers la formation initiale ou continue qu’ils ont reçue dans les
IUFM. Ces concepts clés organisent fréquemment
l’activité de conception de l’enseignant alors que
d’autres concepts, tels que ceux d’activités,
d’activités composites, de conditions, de pièces,
d’actes (termes utilisés par IMS-LD) semblent plus
éloignés et imposent un "saut conceptuel" jugé inutile au
moment de la conception initiale. Lors de la phase de co-conception avec les
enseignants, nous avons donc progressivement mis au point le modèle
conceptuel ISiS (Emin, 2009) ; (Pernin et al., 2008),
en partant des constats précédents et en intégrant des
apports de l’ingénierie des besoins dirigée par les
intentions présentés au § 2.2.
Le modèle ISiS a pour objectifs de : (1) structurer la conception de
l’orchestration d’une unité d’apprentissage exploitant
les technologies numériques et (2) favoriser la réutilisation et
les échanges de pratique entre enseignants-concepteurs. Selon notre
définition, une unité d’apprentissage vise à assurer
l’apprentissage, le renforcement, l’évaluation d’un
ensemble déterminé de connaissances/compétences pour un
public précis. Elle peut avoir des granularités diverses (module,
séquence, séance, activité spécifique) et
s’inscrire dans notre cas dans le cadre précis d’un programme
(ou curriculum) défini par l’éducation nationale. Le concept
d’orchestration réfère quant à lui à une phase
de conception globale, d’esquisse générale, durant laquelle
le concepteur doit agencer au sein d’un parcours d’apprentissage un
ensemble de situations d’interaction, sans en préciser
nécessairement les détails. Lors de la phase préliminaire,
le terme d’orchestration a été choisi parce qu’il
entrait en résonance avec les pratiques usuelles des enseignants
amenés d’une part à planifier l’organisation des
activités pédagogiques et d’autre part à adapter,
piloter et réguler ces activités lors de leur
déroulement.
Vis à vis des autres modèles existants à l’heure
actuelle, l’originalité d’ISiS réside dans le fait que
le concepteur doit (1) organiser l’orchestration d’une unité
d’apprentissage à partir de la formulation d’un ensemble d’intentions didactiques et pédagogiques et (2) orienter et
justifier ses choix en fonction des caractéristiques spécifiques
du contexte dans lequel se situe l’unité
d’apprentissage considérée. Nous distinguons ainsi
d’une part le contexte de connaissances, qui structure les
connaissances, compétences, capacités, attitudes, etc., mises en
jeu au sein d’un référentiel, d’un programme ou
d’un curriculum et d’autre part le contexte situationnel qui
décrit les contraintes spécifiques dans lequel s’inscrit
l’unité d’apprentissage (temporalité, localisation,
effectifs, disponibilité des outils ou des ressources, etc.).
ISiS (cf. figure 1) propose une hiérarchie de niveaux de conception
guidant la structuration d’un scénario associé à une
unité d’apprentissage. L’organisation et le
déroulement d’une unité d’apprentissage sont
décrits à l’aide d’un scénario
intentionnel (ou structurant) traduisant les dimensions intentionnelle
(niveau I), stratégique (niveau S) et tactique (niveau iS). Chacun des
niveaux de conception est lié de façon plus ou moins
étroite à certains types d’éléments de
contexte. Ainsi, les niveaux supérieurs (intentions, stratégies)
s’appuient davantage sur le contexte de connaissances alors que les
niveaux inférieurs (situations-type d’interaction) prennent plus en
compte les éléments relatifs au contexte situationnel.
Figure 1 • Le modèle ISiS
(Intentions, Strategies, interactional Situations)
La structuration du scénario intentionnel permet d’une part
d’organiser la tâche du concepteur en lui permettant de justifier
à tout moment ses choix de conception et d’autre part
d’améliorer sensiblement la lisibilité et la
compréhensibilité d’un scénario conçu par un
autre concepteur. Ce dernier point avait été relevé par les
enseignants associés à notre étude comme un frein essentiel
à la diffusion des pratiques innovantes au sein de
l’éducation nationale.
Dans la suite de cette section, nous présentons chacun des trois
niveaux du modèle ISiS.
3.1. Le niveau I des intentions
Le
niveau I, qui permet de décrire les intentions du concepteur, est
étroitement lié au contexte de connaissances qui définit
l’ensemble des connaissances, compétences, capacités,
habiletés, attitudes, etc., liées à l’unité
d’apprentissage. Une intention dans ISiS se présente sous la
forme d’un quadruplet [formulateur, sujet, opération, objet] dans lequel:
- le formulateur représente la personne qui formule
l’intention. S’il s’agit en général de
l’enseignant concepteur, d’autres utilisateurs pouvant être
concernés : le tuteur, l’apprenant, un groupe
d’apprenants, etc. ;
- le sujet indique le(s) rôle(s) concerné(s) par
l’intention formulée. Il s’agit le plus fréquemment
d’un apprenant, d’un groupe, d’une classe, etc. ;
- l’opération représente l’action attendue de la part du sujet sur un objet. Elle
s’exprime à l’aide des verbes tels que découvrir,
renforcer, déstabiliser, etc., issus du vocabulaire métier et de
taxonomies issues notamment des programmes officiels ;
- l’objet représente la cible de
l’intention, dans notre cas un item d’apprentissage tel qu’un
élément du référentiel de connaissances, une notion,
une compétence disciplinaire ou transversale, une capacité,
etc.
Exemple : l’enseignant (formulateur) formule
l’intention que l’apprenant (sujet) découvre (opération) la notion de sens du courant électrique (objet) ; l’enseignant (formulateur) formule l’intention
que le groupe d’apprenants (sujet) renforce (opération) la capacité à choisir le service de
communication selon ses besoins (objet).
Il est à noter que ce formalisme a été
dérivé de la grammaire d’expression des intentions de
(Rolland, 2007) : Intention: Verb <Target>
[<Parameter>]*. Dans notre proposition, l’élément « opération » correspond à
l’élément Verb, « objet »
représente l’élément Target tandis que
« formulateur » et « sujet »
représentent deux éléments de type Parameter.
3.2. Le niveau S des stratégies
Le
niveau S représente le niveau stratégique. Pour atteindre les
objectifs liés à la formulation d’une intention, le
concepteur opte pour la stratégie qu’il estime la plus
appropriée. Nos travaux avec les praticiens et l’analyse de la
littérature nous ont conduits à retenir deux types
d’organisation de stratégies : les stratégies de
séquencement qui organisent temporellement un ensemble de phases logiques (par exemple les phases d’une démarche
expérimentale) et les stratégies de distribution qui
prévoient des solutions différentes pour des cas repérés (par exemple une stratégie de
différenciation tenant compte de trois niveaux de maîtrise de
l’apprenant). Les stratégies peuvent être combinées
entre elles par raffinements successifs.
Exemple : pour répondre à l’intention
« l’enseignant souhaite que l’apprenant
découvre la notion de sens du courant », un
enseignant choisit d’opter pour une stratégie de type
séquentiel « démarche
expérimentale », découpée en quatre phases : formulation d’un problème et élaboration d’une
hypothèse, élaboration d’un protocole permettant de tester
l’hypothèse, confrontation des résultats à
l’hypothèse et bilan. On pourra, ensuite, associer
à la seconde phase d’élaboration du protocole une nouvelle
intention « l’enseignant souhaite que le groupe
d’apprenants renforce la compétence de communication au sein du
groupe », mise en œuvre grâce à une
stratégie d’« élaboration collective
d’une proposition ».
Dans sa première version, le modèle ISiS s’appuie sur
deux types d’organisation de stratégies : séquencement et
distribution. Ces types peuvent être rapprochés des formalismes
utilisés par les langages de modélisation de tâches tels
qu’UAN (Hartson et al., 1990),
qui proposent d’organiser de façon arborescente les tâches et
les sous-tâches attendues de la part d’un utilisateur. Afin de
couvrir toute la gamme des possibilités d’organisation de la
tâche, les opérateurs proposés par ces langages sont
nombreux : séquence, alternative, optionalité,
parallélisme, entrelacement, entrelacement bidirectionnel,
itération, ordre libre, etc.. Les travaux avec les praticiens ont
montré que certains de ces opérateurs pouvaient correspondre
à des besoins effectifs, notamment pour la conception de scénarios
collaboratifs, dans lesquels les activités ne sont pas toujours
réalisées dans un ordre prédéterminé. Dans
une seconde version du modèle ISiS actuellement en cours
d’élaboration, l’enrichissement des types
d’organisation de stratégies est étudié.
3.3. Le niveau iS des situations types d’interaction
Le
niveau iS (situation-type d’interaction) représente le niveau
tactique, la solution type proposée pour mettre en œuvre les
intentions et les stratégies formulées. Ainsi, nous supposons que
le concepteur de scénario se base sur un répertoire de situations-types d’interaction connues de lui ou
éprouvées par d’autres (Schank et Abelson, 1977), (Dessus et al., 2007).
Il choisit, et éventuellement, adapte les situations qu’il juge
appropriées aux phases du scénario qu’il souhaite mettre en
place.
Une situation-type d’interaction peut ainsi être définie
comme une solution générique décrivant un ensemble
d’interactions impliquant des rôles, des outils, des services, des
ressources, des lieux dépendant du contexte situationnel. Ici les
composants ne sont pas instanciés mais restent décrits de
façon générale (ex : un apprenant, un forum, une
simulation, une salle de cours, etc.).
Exemple : pour préciser une phase
d’« élaboration collective d’une
proposition », le concepteur peut choisir la situation-type
« débat argumenté sur un forum avec
consensus » ou « débat argumenté sur un
forum avec vote à la majorité ».
Nous retrouvons ici la notion d’objet intermédiaire qui permet
à un concepteur de décrire une solution sans entrer à un
niveau de détail qui nuirait à l’efficacité des
échanges (El-Kechai et Choquet, 2006).
3.4. Positionnement d’ISiS vis-à-vis des EML
Nous avons vu plus haut que le modèle ISiS vise la phase de conception
globale, d’esquisse générale. En cela, il ne couvre pas les
phases de conception détaillée et
d’opérationnalisation pour lesquelles d’autres formalismes
peuvent garder leur efficacité. Ainsi, la situation-type
d’interaction décrite au niveau iS doit être
détaillée pour pouvoir être opérationnalisée
sur une plateforme LMS. C’est le rôle du scénario
d’interaction de préciser les relations entre les
activités, les acteurs, les rôles, les outils, les services, les
ressources, les lieux qui seront concrètement mis en jeu lors de
l’opérationnalisation. Nous distinguons ainsi ce deuxième
niveau de scénarios d’interaction imbriqués dans
le scénario intentionnel.
Un des principaux atouts des EML réside dans leurs capacités
à exprimer de façon opérationnelle les scénarios
(que ce soit dans une perspective centrée tâche comme IMS-LD, ou
centrée interaction comme LDL). En revanche, les primitives de
structuration qu’ils offrent (pièce, acte, partition pour IMS-LD
– structure pour LDL) s’avèrent difficiles à manipuler
par les enseignants-concepteurs. Nous proposons donc de combiner les deux
approches : ISiS est utilisé pour exprimer les scénarios
intentionnels dans un langage accessible au concepteur visé (tout en
restant traduisible dans les primitives de structuration des EML), alors
qu’un EML fournit un moyen d’instancier une situation-type
définie par le concepteur vers une situation
opérationnalisée sur une plateforme de type LMS. On peut ainsi
prévoir d’utiliser des patrons de situations codés dans ces
langages et disponibles dans certaines banques de scénarios (Lundgren-Cayrol et al., 2006),
afin d’opérationnaliser la situation-type d’interaction.
Ainsi, ISiS n’est pas une solution alternative aux EML, mais les
complète en offrant des modèles, des méthodes et des outils
de plus haut niveau aux enseignants-concepteurs non spécialistes en
informatique. Ceux-ci doivent permettre au concepteur des entrées
à des niveaux variés (stratégie, connaissance,
compétence, activité, ressource), faciliter la conception par la
mise à disposition de composants, et enfin permettre les raffinements
successifs à l’intérieur d’un niveau.
3.5. Un exemple de scénario exprimé à l’aide du
modèle ISiS
La
figure 2 illustre un exemple de représentation graphique du
scénario, proposée dans une des premières maquettes
développées (Emin, 2008).
L’exemple choisi, issu du scénario collaboratif LearnElec
(Lejeune et al., 2007), concerne l’enseignement de
l’électricité dans le secondaire et le concept de puissance
d’une lampe.
Figure 2 • Exemple du scénario
LearnElec
L’intention principale du scénario est de déstabiliser
une conception erronée couramment rencontrée : « la
proximité du générateur joue sur
l’intensité ». Nous exprimons cette intention
d’ordre didactique sous la forme : l’enseignant (formulateur) souhaite que l’élève (sujet) soit déstabilisé dans une conception erronée (opération) portant sur l’influence de la proximité du
générateur sur l’intensité au sein d’un circuit
électrique (objet).
Cette intention est mise en œuvre par une stratégie de
« Démarche expérimentale »
composée de quatre phases. Chaque phase peut être raffinée
par une nouvelle intention permettant de mettre en œuvre une nouvelle
stratégie. Dans notre exemple, une deuxième intention
d’ordre pédagogique « Augmenter la
capacité à réaliser un travail
collaboratif » est introduite et appliquée à la
phase « Élaboration d’une
hypothèse ». Elle est mise en œuvre par la
stratégie « Élaboration collective d’une
proposition ». Cette nouvelle stratégie se décompose
elle-même en deux sous-phases : « (Élaborer une)
Proposition individuelle » et « Confronter (les)
Propositions (et) Obtenir un consensus ». A chaque sous-phase peut
être associée une situation d’interaction, illustrée
par une image, une photo ou une vidéo. La première sous-phase
« Proposition individuelle » est associée
à une situation-type d’interaction « QCM
justifié ». La deuxième phase
« Confronter propositions - Obtenir un consensus » peut être instanciée selon le même processus. Enfin pendant
ces deux phases, l’enseignant a une activité de tutorat du groupe,
représentée par la situation-type d’interaction
« Tutorat du groupe ».
Dans cet exemple, la phase « Élaboration d’une
hypothèse » a été raffinée au moyen
d’une nouvelle stratégie « Élaboration
collective d’une proposition » prenant en compte une
intention liée au travail collaboratif. L’enseignant aurait pu tout
aussi bien spécifier une autre solution correspondant à ses
préférences, en introduisant ou non une nouvelle stratégie.
A chaque niveau du modèle où l’on se situe dans le
scénario, on peut ainsi explorer des solutions différentes, sans
en dénaturer la logique représentée par l’agencement
des nœuds supérieurs.
3.6. Expérimentations du modèle
Les premières
expérimentations ont eu pour objectif d’évaluer la
façon dont les concepts proposés par ISiS étaient
perçus et utilisés par plusieurs échantillons
d’enseignants-concepteurs, impliqués ou non dans la conception du
modèle.
Ces expérimentations se sont progressivement effectuées sur la
base de logiciels d’édition d’usage courant : traitement de
texte, éditeur de carte conceptuelle, générateur de
diagrammes. Après avoir co-élaboré des formulaires papier
permettant d’exprimer les différentes dimensions du scénario
(contexte de connaissance, contexte situationnel, intentions, stratégies,
situations types d’interaction, etc.), nous les avons proposés sous
format numérique afin d’en automatiser la saisie manuelle par les
concepteurs. Dans une seconde étape, nous avons adapté un outil
existant de carte conceptuelle, afin d’introduire une vision plus conforme
à l’organisation arborescente du modèle ISiS. Dans cette
version adaptée, les nœuds représentent les différents
types de concepts du modèle : le scénario, les intentions,
les stratégies, les phases, les cas et les situations types
d’interaction, chaque nœud pouvant être édité
avec un formulaire spécifique. Ce formalisme a été par la
suite enrichi par un groupe d’enseignants à l’aide d’un
outil générateur de diagrammes. Ces outils ont été
dans un premier temps expérimentés avec les enseignants ayant
participé à l’élaboration du modèle (Pernin et al., 2009).
Dans un second temps, une expérimentation a été
menée auprès d’un groupe de cinq enseignants de disciplines
technologiques d’un lycée de l’académie de Nantes, non
impliqués dans l’étape initiale et ayant
bénéficié d’une formation de 3 heures à notre
méthodologie. Chaque enseignant-concepteur disposait d’un
mois pour modéliser, sans intervention complémentaire de notre
part, une séquence pédagogique qu’il souhaitait mettre en
œuvre dans sa classe durant l’année scolaire. A l’issue
de ce mois, le travail de chacun a été évalué et les
enseignants ont été interrogés sur leur activité de
conception au moyen d’une enquête auto-administrée,
complétée par des entretiens. Les résultats de cette
expérimentation sont présentés ci-dessous.
Tous les enseignants ont accompli la tâche demandée dans le
délai prescrit, la durée des séquences produites variant de
deux à six heures (Emin, 2010, annexe 7). Il est à noter
qu’un des enseignants, aux compétences techniques plus
poussées, a complété de façon spontanée la
tâche proposée en opérationnalisant son scénario sur
la plateforme du lycée. Pour ce faire, il a (1) décrit son
scénario à l’aide du modèle ISiS, (2) codé le
scénario conçu avec un éditeur spécifique (LAMS),
(3) implémenté le résultat automatiquement vers Moodle,
puis (4) testé le scénario avec ses élèves.
Les points suivants ont pu être dégagés des
questionnaires et des témoignages des enseignants-concepteurs. Au
début de la phase de conception, la formalisation des intentions et des
stratégies associées aux séquences à mettre en place
a été jugée difficile : dans le contexte
professionnel, ce type de tâche reste le plus souvent implicite.
Cependant, après une phase d’échange au sein du groupe,
chaque enseignant a été capable de modéliser la
séquence souhaitée, puis a jugé positivement cette
explicitation. Deux avantages sont mis en avant : la détection
d’incohérences dans les pratiques existantes et une plus grande
facilité à comprendre un scénario créé par un
pair. La nécessité de définir un scénario en termes
de « situation-type d’interaction » a également
conduit certains enseignants à réfléchir à des
situations innovantes, en proposant par exemple des supports numériques
mobiles dans leurs activités (balado-diffusion). La mise en œuvre
sur un LMS effectuée spontanément par l’un des enseignants a
été jugée par cet enseignant comme plus facile à
effectuer après avoir conçu le scénario avec le
modèle ISIS.
A l’issue de l’expérimentation, les enseignants ont
exprimé le besoin de disposer de composants réutilisables visant
à réduire le temps de conception et à susciter un
renouvellement des pratiques en explorant des solutions élaborées
par d’autres. L’utilisation des outils fournis a été
jugée trop coûteuse en temps pour être intégrée
dans un usage régulier, la suggestion principale étant la mise
à disposition d’outils graphiques adaptés pouvant
alléger significativement la tâche de conception.
Cette expérimentation a démontré, pour le groupe
d’enseignants considéré, les capacités du
modèle ISiS à renforcer la qualité des scénarios
créés, à améliorer la meilleure compréhension
des scénarios créés par d’autres, à susciter
dans une certaine mesure l’innovation. Elle a également mis en
avant l’importance de l’explicitation des intentions et des
stratégies pour la réutilisation, le partage et
l’explicitation de pratiques au sein d’un groupe constitué
d’enseignants. Elle a enfin montré, certes à une
échelle très restreinte, que notre démarche pouvait
simplifier le processus de conception, en réduisant la distance entre les
besoins d’un enseignant et le système effectivement mis en
œuvre.
Dans la section suivante, nous montrons comment les suggestions des
enseignants ont été prises en compte dans
l’élaboration de la première version d’un outil visuel
permettant la mise en œuvre du modèle ISiS : l’environnement
ScenEdit.
4. Implémentation du modèle ISiS : ScenEdit
Des langages et outils
« visuels » (Botturi et al., 2006), (Koper, 2006) pour
le design pédagogique ont été développés mais
restent encore difficiles d’accès pour un utilisateur
non-informaticien. (Botturi et Stubbs, 2008) dans un ouvrage
consacré à ces langages et outils, indiquent qu’une
métaphore visuelle de plus haut niveau pourrait aider à leur
accessibilité. Des environnements de conceptions spécifiques
doivent être fournis pour permettre aux praticiens de concevoir des
scénarios prenant en compte leurs propres vocabulaires et concepts
métiers.
L’environnement auteur ScenEdit (Emin, 2008) ; (Emin et al., 2010),
qui s’inscrit dans cette approche, a été
développé au sein du Laboratoire Informatique de Grenoble en
collaboration avec l’Institut National de Recherche Pédagogique et
avec le soutien du PPF ApprenTICE. ScenEdit est un environnement graphique de
conception et d’édition de scénarios pédagogiques
constituant une première implémentation du modèle ISiS.
ScenEdit s’adresse aux enseignants et formateurs de niveau secondaire,
et s’appuie sur un ensemble identifié d’étapes dans le
processus d’élaboration de scénarios pédagogiques
(Emin et al., 2007). L’objectif est de permettre au
concepteur de mettre en place un processus souple de conception. Il s’agit
de permettre des entrées à des niveaux variés
(stratégie, connaissance, compétence, activité, ressource),
de faciliter la conception par la mise à disposition de composants, et
enfin de permettre les raffinements successifs à l’intérieur
d’un même niveau. Le développement de l’environnement
s’est effectué en parallèle à la formalisation, avec
les enseignants, de composants de niveau stratégie et situation-type
issus à la fois de la littérature et de leurs pratiques.
ScenEdit fournit au concepteur différents espaces de travail,
où il peut spécifier indépendamment les composants
(intentions, stratégies, situations-types) qu’il organise, ensuite,
visuellement, dans un espace représentant le scénario
intentionnel. L’environnement permet de sauvegarder les composants et les
scénarios créés, afin de les réutiliser plus tard
dans d’autres contextes, et de constituer progressivement une
bibliothèque de composants réutilisables.
Dans la suite de cette section, nous
présentons les besoins exprimés par les différents groupes
d’enseignants-concepteurs. Nous soulignons l’importance de proposer
des processus de conception flexibles s’appuyant sur la mise à
disposition de composants, de gabarits et de patrons de conception
réutilisables. L’outil ScenEdit est ensuite présenté
de façon détaillée sur un cas d’usage au paragraphe
4.2. Enfin nous terminons par les résultats de
l’expérimentation du modèle et de l’outil
auprès d’enseignants novices.
4.1. Spécification de l’environnement
4.1.1. Recueil des besoins pour un éditeur de scénarios
Les travaux en focus group effectués avec les enseignants associés lors de
la phase 1 du projet CAUSA (cf. § 2.3) ont débouché sur des
propositions successives d’outils d’édition. Il
s’agissait en adoptant une démarche de prototypage
incrémental, d’affiner le modèle de tâches
proposé pour la conception d’un scénario pédagogique
et de préciser les besoins en termes de réutilisation des
composants (patrons de stratégies et situations-type). A l’issue de
la phase 1, l’ensemble des besoins identifiés auprès des
enseignants-concepteurs à été synthétisé.
Idéalement, l’environnement d’édition devait permettre
à un enseignant concepteur de :
- préciser l’approche pédagogique dans laquelle
il s’inscrit ;
- déterminer les référentiels disciplinaires ou
transversaux auxquels il se rattache ;
- définir les contraintes didactiques, situationnelles,
organisationnelles ou techniques associées aux contextes de mise en
œuvre qui l’intéressent ;
- explorer un ensemble de démarches types compatibles avec
l’approche pédagogique retenue et/ou les référentiels
sélectionnés ;
- explorer de façon souple des scénarios de mise en
œuvre basés sur la démarche type retenue, répondant
à l’ensemble ou à une partie des contraintes
définies.
Au terme de la tâche d’édition,
l’enseignant-concepteur doit disposer d’une description suffisamment
formalisée des scénarios pour les rendre adaptables, tout en
assurant leur capacité à être opérationnalisés
à moindre coût, vers des plateformes de formation.
4.1.2. Vers des processus de conception flexibles
Le cadre conceptuel ISiS ne constitue pas en
lui-même une méthode. Il ne propose pas d’ordre pour
enchaîner les phases de conception, mais s’appuie sur
l’hypothèse que toutes les dimensions d’un scénario
(intentions, stratégies, situations-type, activités, ressources)
doivent être explicitées et mises en relation, afin de rendre plus
aisées sa conception, son appropriation, son adaptation ou sa
réutilisation. Ainsi, plusieurs processus de conception peuvent
être envisagés, comme l’indiquent les résultats des
travaux en focus group menés avec les enseignants associés
(Emin, 2010, § 7.3). Certains concepteurs peuvent privilégier une
approche descendante en commençant par définir leurs intentions,
leurs stratégies puis les situations types, alors que d’autres
adoptent une approche ascendante en « reconstruisant » un
scénario à partir des situations types et/ou des ressources
numériques qu’ils souhaitent intégrer dans un dispositif de
formation. Une de nos hypothèses est qu’alors
l’activité de scénarisation ne peut être
modélisée sous la forme d’un processus linéaire, sous
peine de réduire significativement la créativité du
concepteur. Selon le type de concepteur, selon les usages à
l’intérieur d’une communauté de pratique
donnée, différents types d’objets ou de méthodes
peuvent être partagés. Ainsi, les ressources, les démarches
pédagogiques ou didactiques, les situations types peuvent constituer un
point d’entrée à partir duquel les étapes de
conception peuvent être combinées. A partir de ce point
d’entrée (par exemple les situations types d’interactions),
le concepteur peut alternativement et itérativement réaliser ses
tâches de conception. La prise en compte des différents types de
contexte (contexte de connaissance ou contexte situationnel) est
différente selon le niveau du modèle ISiS où l’on se
situe.
4.1.3. Composants, gabarits et patrons de conception
Différents mécanismes peuvent
être proposés pour assister l’enseignant dans sa tâche
de conception, notamment la mise à disposition de composants, de gabarits
et de patrons de conception. Il est ainsi possible de définir des
éléments réutilisables, tels que des scénarios
types, des gabarits de démarches types (les démarches
d’investigation en sciences par exemple
(Emin et al., 2007)), des enchaînements
récurrents d’étapes correspondant à des
stratégies pédagogiques (par exemple « réaliser
un travail collaboratif ») ou encore des gabarits de situations-types
(e.g. : QCM justifié, débat argumenté, recherche
d’informations). Une part importante de notre travail a consisté,
en collaboration avec plusieurs groupes d’enseignants, à formaliser
ce type d’éléments réutilisables en s’appuyant
sur la littérature (Paquette, 2002), (Villiot-Leclercq, 2007),
(Tecfa SEED 2011), (Derntl et Motschnig-Pitrik, 2005), (Hernandez-Leo et al., 2005), (Mor et Winters, 2007) et sur des bibliothèques existantes ou des pratiques de terrain.
L’aide à la conception de gabarits et composants se poursuit
actuellement avec de nouveaux groupes d’enseignants, afin de disposer
d’un nombre significatif de composants réutilisables. Ces
composants conçus par et pour les enseignants sont progressivement
intégrés à l’environnement de conception ScenEdit.
4.2. Architecture
L’implémentation du modèle
ISiS au sein d’un environnement de conception s’est faite en
plusieurs étapes. Nous avons dans un premier temps étudié
la faisabilité de développer notre outil avec
l’environnement EMF-GMF. La faiblesse des composants graphiques
disponibles à l’époque (2007-2008), permettant de
représenter sous forme visuelle le scénario pédagogique
nous a conduits à opter pour le développement d’un langage
spécifique (DSL) ad hoc. Les progrès actuels des environnements
précités pourraient nous inciter à reconsidérer leur
utilisation pour de futurs développements.
Une première version de maquette « standalone »
développée en Java de ScenEdit (Emin, 2008) a
permis d’explorer des solutions de visualisation plus efficaces que celles
offertes par les outils testés avec les praticiens (logiciel de carte
conceptuelle et logiciel de diagrammes) dans la phase 3 (cf § 2.3). Dans
cette version, la représentation graphique du scénario reprend
celle des maquettes papier, sous la forme d’un arbre, où la
dimension horizontale représente l’évolution du temps, et la
dimension verticale la hiérarchie des niveaux ISiS (Intentions,
Stratégies, Situations-type d’interaction) telle qu’elle
présentée sur la figure 2 pour le Scénario LearnElec. Afin
de permettre une expérimentation du modèle dans un contexte
réel de communautés d’enseignants, nous avons choisi de
développer une deuxième version web pour permettre le partage et
la réutilisation de scénarios et de composants disponibles sur un
serveur en ligne. C’est cette version qui est présentée dans
cette section.
4.2.1. Architecture fonctionnelle de l’environnement ScenEdit
L’architecture
fonctionnelle de l’environnement ScenEdit repose sur la structure
modulaire suivante :
- (1) le module d’édition des contextes permet
à un individu ou à une communauté de définir le
contexte de connaissances (programme, référentiel) et le contexte
situationnel (type de salle, matériels, ressources, etc.) dans lesquels
s’insère le scénario ;
- (2) le module d’édition du scénario permet de définir graphiquement, sous forme d’une
représentation arborescente (cf. figure 3), l’organisation du
scénario en précisant les intentions et les stratégies
qu’il utilise et en y associant des situations-types d’interaction
;
- (3) le module d’édition des composants permet
de définir les éléments (intention, stratégie,
situation-type d’interaction) utilisables dans le scénario et
capitalisables en vue d’une réutilisation ultérieure ;
- (4) des banques de composants permettent de capitaliser
les ressources déjà conçues ou des gabarits à partir
desquels peuvent être dérivés de nouveaux composants.
La version web de ScenEdit repose sur une architecture client-serveur. Le
noyau fonctionnel a été développé en PHP et en
javascript, l’interface générale de l’éditeur
est réalisée à base d’une architecture de frames.
L’interface d’édition du scénario intentionnel repose
sur un composant graphique permettant de gérer une arborescence. Les
éditeurs de composants sont basés sur des formulaires visuels.
L’ensemble des actions réalisées, via les différentes
interfaces sur les composants, modifient directement les éléments
stockés dans la base de données MySQL. Celle-ci permet de
constituer progressivement une banque d’éléments
réutilisables par des communautés d’enseignants. La base de
données permet également de stocker les traces des
activités des utilisateurs avec l’éditeur, afin de pouvoir
analyser l’activité des concepteurs. Elle permet enfin
d’exporter les scénarios créés au format XML, dans un
format textuel (html et pdf) décrivant le scénario sous forme
dérivée de la structure XML au moyen de feuilles de style XSL. Un
export sous forme d’image SVG et d’image animée est
envisagé pour la prochaine version.
ScenEdit fournit au concepteur différents espaces de travail où
il peut spécifier les composants (intentions, stratégies,
situations-types d’interaction) qu’il organise ensuite visuellement
dans un espace d’édition représentant visuellement le
scénario. La figure 3 montre l’espace d’édition qui
permet la visualisation et l’édition d’un scénario
pédagogique, on y retrouve représenté graphiquement les
concepts du modèle ISiS.
Figure 3 • Écran principal de
l’environnement ScenEdit
4.2.2. Organisation des étapes de conception
Dans ScenEdit, l’ordre des étapes de
conception n’est pas imposé de façon stricte au concepteur.
L’étape de définition des contextes (où l’on
distingue contexte de connaissance et contexte situationnel) permet de fixer les
conditions dans lesquelles doit se dérouler l’unité
d’apprentissage. L’étape de définition des intentions
et de choix de démarches-type permet de définir les objectifs en
termes d’appropriation des connaissances, les stratégies à
mettre en œuvre pour atteindre ces objectifs ou encore les
stratégies pédagogiques favorisant un certain type
d’apprentissage. L’étape d’exploration et de
création de situations-types d’interaction a pour but de
préciser les situations compatibles avec les contraintes liées au
contexte : la définition des rôles, des ressources, des lieux ainsi
que la description générale de la situation-type.
Le scénario « mini-projet option seconde SI » (cf.
figure 3) concerne la démarche de conception par le projet en option
seconde Sciences de l’Ingénieur. L’écran est
composé de plusieurs onglets permettant de construire le scénario
pédagogique. Dans le menu Édition de l’onglet Scénario (cf. figure 3), l’utilisateur peut concevoir
graphiquement son scénario sous la forme d’un arbre reprenant les
différents niveaux hiérarchiques du modèle ISiS. Les cases
à cocher (Intentions, Stratégies, Situations)
permettent de visualiser les niveaux désirés. Chaque composant
(Intentions, Stratégies, Situations) du scénario peut être
soit créé par ajout à partir de
l’élément parent, soit importé suite à sa
création antérieure dans l’onglet Composants ISiS ou
à sa présence dans la banque. Chaque type de composant est
représenté avec un symbole différent : un triangle pour un
groupe d’intentions correspondant à une étape, un rectangle
arrondi pour une intention, un rectangle pour une stratégie, un cercle
pour une phase, un losange pour un cas et un clap de cinéma pour une
situation-type d’interaction. La case à cocher Montrer les
illustrations permet d’illustrer les situations d’interaction au
moyen de dessins ou de photographies. Nous allons présenter
l’environnement ScenEdit à partir d’un cas d’usage
conçu d’après une situation réelle d’un des
groupes d’enseignants associés expérimentée en
2010.
4.3. Cas d’usage de conception d’un scénario
4.3.1. Contexte
L’option
Sciences de l’Ingénieur au niveau seconde est rénovée
à partir de la rentrée 2010. L’équipe enseignante de
l’option Sciences de l’Ingénieur du lycée
général et technologique Jean Lefèvre, constituée de
4 enseignants et concernant 120 élèves répartis en 4
classes, souhaite mutualiser un ensemble de méthodes, d’objets et
de savoir-faire afin de pouvoir proposer un enseignement en accord avec ce
nouveau programme. Pour chaque classe, cette option représente 1,5 heure
par semaine, généralement effectuée en salle de TP
spécialisée (salle informatique au minimum avec des logiciels
spécifiques de nature disciplinaire -par exemple un logiciel de
simulation- ou non disciplinaire -par exemple, un tableur ou un traitement de
texte-). Certaines tâches peuvent être poursuivies par les
élèves en dehors de la classe, en particulier à la maison,
grâce à l’Espace Numérique de Travail proposé
par le lycée permettant aux élèves de communiquer,
d’échanger (forum, courrier électronique, etc.) ou de
manipuler l’information (recherche d’information, dépôt
ou consultation de documents, etc.). De façon plus précise, les
quatre enseignants auront chacun à assurer au cours de
l’année avec leurs élèves, deux études de cas
reposant sur des études de produits et de systèmes techniques
pertinents relevant de dix thématiques définies
d’après les textes officiels. Les enseignants ont
décidé de se répartir le travail afin que chacun soit en
charge de la conception d’une seule étude de cas correspondant
à une des thématiques. Ils vont ainsi retenir 4 thématiques
et 4 objets techniques pour cette première année de mise en
œuvre. Ainsi chacun pourra réutiliser un des modules conçus
par les autres afin de le mettre en œuvre dans sa propre classe, tout en
disposant d’un certain degré d’initiative pour en adapter le
contenu ou le déroulement. L’objectif général
consiste donc à (1) assurer une qualité et une
homogénéité des apprentissages, (2) à réduire
les efforts de conception et de production fournis par chaque enseignant et (3)
à souder l’équipe autour d’un projet commun de partage
et de mutualisation.
L’équipe enseignante a décidé de promouvoir une
démarche de pédagogie de projet afin de développer
l’aptitude des élèves à travailler en groupe.
L’environnement de conception de scénarios pédagogiques
ScenEdit est utilisé de façon expérimentale par
l’équipe enseignante du lycée depuis janvier 2009. Cet
environnement a permis d’alimenter la banque de données avec un
ensemble de composants pouvant être réutilisés. Franck,
enseignant depuis 6 ans au lycée Jean Lefèvre, sera en charge,
avec 3 autres de ses collègues, de cette nouvelle option Sciences de
l’Ingénieur en seconde. Franck est désigné par
l’équipe pour utiliser le logiciel ScenEdit qu’il
maîtrise et concevoir le scénario-type de mini-projet en seconde
SI, compatible avec le nouveau programme. Ce scénario
"générique" lui permettra ainsi qu’à ses
collègues de produire plus rapidement les scénarios correspondants
aux nouveaux systèmes et thèmes à étudier.
4.3.2. Étapes de conception du scénario
Les différentes étapes de
conception de scénario à l’aide de ScenEdit sont
résumées ci-dessous. Dans notre cas, Franck devra successivement
:
- définir son contexte de connaissance
préféré ;
- définir ses contextes situationnels
préférés ;
- explorer les stratégies proposées dans une banque,
et sélectionner celle qui convient ;
- définir deux situations d’interaction, la
première sélectionnée dans une banque de composants et la
seconde créée à l’aide d’une interface visuelle
;
- créer une étape ;
- associer à cette étape les intentions qu’il
vise ;
- lier la stratégie retenue aux intentions définies
;
- associer les situations d’interaction définies
à une des phases de la stratégie.
Il faut repréciser que cet enchaînement, dont chaque
étape est détaillée ci-après, n’est
qu’un cas d’usage parmi d’autres possibles (cf §2.2).
Pour créer un scénario, Franck saisit l’URL
d’accès au logiciel en ligne ScenEdit. Après identification,
il lui est proposé d’ouvrir un scénario existant ou
d’en créer un nouveau. Il choisit de créer un nouveau
scénario nommé Mini-projet Seconde SI. Il se retrouve alors face
à un écran lui proposant (cf. figure 3) :
- un espace vierge d’orchestration (onglet Scénario/Edition)
- un espace de gestion de ses contextes
préférés (onglet Contexte)
- un espace de gestion des composants ISiS (onglet Composants
ISiS)
4.3.3. Ajout du contexte de connaissances préféré
Franck souhaite ajouter le contexte de
connaissances créé avec ses collègues parmi ses contextes
préférés. Dans la page Choix des contextes de
connaissances préférés de l’utilisateur
courant, le logiciel lui propose une liste de contextes classée par
discipline. Franck choisit « Sciences de l’ingénieur -
Seconde 2010 » et peut voir s’afficher une liste
d’éléments de connaissance regroupés par type
(compétence, capacité, attitude, savoir...) et par thème,
correspondant au nouveau programme d’option SI.
4.3.4. Ajout du contexte situationnel préféré
Franck souhaite vérifier ses contextes
situationnels préférés. Le contexte situationnel permet de
définir les éléments composant les situations-type
d’interaction : acteurs, outils, ressources, lieux. Dans la page Choix des contextes situationnels préférés de
l’utilisateur courant, le logiciel propose une liste de contextes
classée par nom, ainsi que celui du scénario courant. Franck
vérifie que les contextes « Enseignement
technologiques » et « Laboratoire SI » sont bien
présents dans sa liste de contextes préférés.
4.3.5. Définition de la stratégie
Franck ayant déjà travaillé
avec ScenEdit, il souhaite préparer les éléments qui
pourront lui être utiles (stratégies, situations-type
d’interaction) pour ce scénario-type dans l’espace Composants ISiS. Franck souhaite ainsi réutiliser la
stratégie « Démarche de mini-projet SI »
proposée dans la banque de composants ScenEdit. Pour ce faire, il explore
le contenu de la banque, sélectionne la stratégie retenue :
« Démarche de mini-projet SI » et l’importe
sans modification dans son projet. La stratégie
« Démarche de mini-projet SI », de type séquencement de phases, est constituée de cinq phases :
« Élaboration du cahier des charges »,
« Élaboration des solutions »,
« Évaluation des solutions », « Choix
d’une solution pour le groupe », « Réalisation
de la solution retenue ».
4.3.6. Création des situations-types d’interaction
Un certain nombre de situations-types sont
disponibles dans la banque, Franck veut d’abord les visualiser pour
identifier celles qu’il devra ajouter. Il sélectionne dans la liste
des situations-types, la situation « Rédaction d’un
cahier des charges » et l’intègre sans modification car
elle correspond à ses besoins. Avant de rédiger le cahier des
charges en groupe, il souhaite que chaque élève relève les
informations nécessaires dans un document qu’il fournit aux
élèves : la lettre d’un client fictif. Il décide
alors de créer la situation « Analyse d’un document
permettant d’extraire des besoins ». Une fois
l’intitulé et la description renseignés, Franck doit remplir
plusieurs zones précisant la situation-type d’interaction comme le
montre la figure 4.
Figure 4 • Situation-type
d’interaction : « Analyse d’un document
... »
Les rôles en entrée et en sortie sont spécifiés
dans les zones Qui ? (ici « élève ») et Pour qui ? (ici « groupe de 3-4 »). Les ressources
fournies (ici « document texte », qui peut être
une lettre d’un client, un extrait de catalogue d’un concurrent,
etc.) et les ressource produites (ici
« synthèse ») sont spécifiées dans les
zones correspondantes. Le type d’outil numérique ou non (logiciel,
service, matériel) utilisé pour réaliser
l’activité est spécifié dans la zone Outils,
ici il s’agit d’un « traitement de texte ».
Enfin le type de lieu où se déroule l’activité est
spécifié dans la zone Lieux, ici il s’agit de la
« salle informatique ». La figure 4 présente
l’écran résultant de la saisie de cette situation-type
d’interaction.
4.3.7. Ajout d’une étape
Franck souhaite maintenant construire son
scénario en mode graphique, il revient sous l’onglet Scénario / Edition de la figure 3. Il se trouve face à un
espace vide avec un seul nœud présent : le nœud
scénario. Il commence par ajouter une étape à son
scénario. Après la création de l’étape, les
nœuds Intentions et Stratégie sont automatiquement
créés (cf figure 5) ; ils permettront d’exprimer les
intentions poursuivies dans le scénario et la stratégie
associée.
Figure 5 • Création d’une
étape
4.3.8. Définition des intentions
Franck, qui souhaite proposer un scénario
générique à ses collègues, ne veut pas
spécifier d’intentions trop spécifiques. Il s’attache
donc à exprimer uniquement les intentions liées au travail
collaboratif et à la démarche de projet.
Dans le formulaire de saisie des intentions, Franck précise le domaine
travaillé (autonomie) et le contexte de connaissances (Sciences
de l’ingénieur - Seconde 2010). Il peut ensuite exprimer son
intention sous la forme d’un quadruplet <Formulateur, Acteur
concerné, Opération, Élément de connaissance>. Il précise la nature du Formulateur (enseignant) et
de l’Acteur concerné (Apprenant). Il choisit
ensuite dans la liste Opération « participer ». Enfin, il précise dans la
liste des Éléments de connaissance,
l’élément « Concevoir un projet individuel ou
collectif ». L’intention peut se lire ainsi : l’enseignant souhaite que l’apprenant participe à Concevoir un projet individuel ou collectif. De la même
manière Franck ajoute l’intention « Rendre compte de
son travail par écrit et oralement». Deux intentions sont
maintenant présentes dans la fenêtre d’édition (cf.
figure 6).
Figure 6 • Groupe d’intentions
associé à la première étape
4.3.9. Ajout d’une stratégie
Franck souhaite associer à ces deux
intentions la stratégie « Démarche de mini-projet
SI ». Il sélectionne la stratégie
« Démarche de mini-projet SI » dans la liste
proposée par la banque de composants. Maintenant qu’il a construit
son ossature de scénario, il va associer les situations-types
d’interaction aux phases correspondantes de la stratégie
qu’il a choisie (cf. figure 7).
Figure 7 • Ossature du scénario
Mini-projet Seconde SI
4.3.10. Ajout des situations-types d’interaction au
scénario
Franck souhaite associer à la phase
« Élaboration du cahier des charges » de la
stratégie « Démarche de mini-projet SI », les
situations-type d’interaction qu’il vient de créer, il va
donc utiliser la fonction d’import (Importer). Il
sélectionne d’abord la situation-type d’interaction
« Analyse d’un document permettant d’extraire des
contraintes techniques » dans la liste et l’enregistre. Ensuite,
il sélectionne la situation d’interaction
« Rédaction d’un cahier des charges » et
l’importe. La figure 3 présente le scénario ainsi construit.
Maintenant que Franck est rodé il va terminer la conception de son
scénario en créant toutes les situations-types d’interaction
encore nécessaires. Ensuite il pourra présenter à ses
collègues son scénario, effectuer les modifications
nécessaires et chacun pourra le dupliquer pour le personnaliser,
l’adapter à l’étude de cas qu’il doit
concevoir.
4.4. Expérimentations de l’environnement
Le logiciel ScenEdit a fait l’objet de
plusieurs expérimentations auprès d’enseignants du
secondaire de disciplines variées (Mathématiques, STI,
Histoire-Géographie, Langues vivantes) à différents stades
de sa conception. Ces expérimentations visaient à valider la
formalisation du scénario et les représentations visuelles
proposées (vision arborescente et vision temporelle). Elles avaient
également pour objectifs d’enrichir le système avec des
gabarits, des patrons et des composants réutilisables permettant de
nouvelles pratiques de partage et de réutilisation.
Suite à ces phases de co-conception, nous avons mis en place une
expérimentation contrôlée de la version web de
l’environnement ScenEdit en avril 2009 auprès de trois enseignants
de lycée en Sciences et Techniques Industrielles qui découvraient
le modèle et l’outil à cette occasion. Le but de cette
expérimentation visait essentiellement à mettre à
l’épreuve le modèle ISiS et ses concepts ainsi que
l’environnement ScenEdit et la représentation arborescente du
scénario. Les objectifs étaient d’observer si des
participants inexpérimentés sur la question des scénarios
pouvaient d’une part se montrer capables d’utiliser le modèle
et l’outil, d’autre part en percevoir l’utilité dans
leurs pratiques professionnelles. Les trois enseignants
« novices » ont testé l’outil ScenEdit pendant
deux journées en avril 2009. Les participants ont d’abord
réalisé une activité de découverte et
d’appropriation d’un scénario exemple réalisé
par des collègues « experts » de leur discipline. Ils
ont ensuite été invités à remplir un premier
questionnaire, puis ils ont réalisé une activité de
conception d’un scénario propre à leur discipline
(Electronique, Physique appliquée et Construction métallique)
à la suite de laquelle ils ont été invités à
remplir un deuxième questionnaire. Une semaine après
l’expérimentation, ces activités ont été
suivies d’entretiens semi-directifs réalisés par
téléphone. L’enregistrement des actions sur le logiciel
(logs) a également été recueilli. Nous avons ainsi
recueilli, auprès d’un public « ordinaire »,
d’une part des données sur l’utilisabilité du
modèle et de l’environnement dont les résultats ont
donné des pistes pour les améliorer, d’autre part des
données sur leur utilité c’est-à-dire sur les chances
que des usages réguliers se développent autour des outils
proposés.
Nous avions fait le choix de former rapidement (présentation
d’une heure par vidéo-conférence) au modèle ISiS les
sujets avant de lancer l’expérimentation de l’outil mais les
résultats de l’expérimentation montrent qu’il faut
plus de temps pour acquérir une réelle maîtrise des
concepts. En effet, les principales difficultés identifiées
concernent le vocabulaire utilisé. Si la prise en main de
l’interface ne demande pas d’effort particulier, l’utilisation
des concepts d’intention, de stratégie et de situation-type
d’interaction, demande une réflexion en amont de la conception avec
l’outil. En revanche la compréhension d’un scénario
présenté avec ScenEdit et les concepts d’ISiS semble
facilitée vis-à-vis d’un texte descriptif. Les
résultats de cette expérimentation sont encourageants et nous ont
permis d’affiner les spécifications et de consolider le
produit.
5. Conclusion et perspectives
Dans cet article, nous avons présenté
le modèle ISiS, un modèle « métier »
dirigé par les intentions de conception de scénarios
pédagogiques co-élaboré avec des enseignants-concepteurs.
Son objectif est d’assister les enseignants dans la conception et
l’exploitation de scénarios pédagogiques ainsi que de
favoriser les pratiques de partage et de réutilisation des
scénarios ainsi produits. ISiS propose un formalisme structurant permettant de décrire l’organisation et le déroulement
d’une unité d’apprentissage à l’aide d’un scénario intentionnel. Celui-ci consiste en des regroupements
d’intentions enchaînés de manière séquentielle,
chaque groupe d’intention étant mis en œuvre à
l’aide d’une unique stratégie, elle même
composée de phases ou de cas, chaque phase ou cas étant soit
associé à une ou plusieurs situations-types d’interaction,
soit faisant l’objet d’un raffinement en termes d’intention et
de stratégie. Afin de pouvoir opérationnaliser le scénario,
chaque situation-type d’interaction doit être instanciée au
moyen d’un scénario d’interaction qui précisera
les relations entre les activités, les acteurs, les rôles, les
outils, les services, les ressources, le planning, les lieux. Ce scénario d’interaction peut être décrit au
moyen d’EML comme IMS-LD et LDL. Nos expérimentations ont
montré l’importance de l’explicitation des intentions et
stratégies pour la réutilisation de scénarios. Elles ont
dégagé les bénéfices du modèle ISiS pour (1)
améliorer la qualité des scénarios créés et
(2) mieux comprendre les scénarios créés par les
autres.
ScenEdit est un environnement de conception basé sur le modèle
ISiS. Il a fait l’objet de plusieurs versions successives, visant à
mettre en œuvre des solutions différentes en termes
d’interface graphique et de partage de ressources, au sein de
communautés enseignantes. ScenEdit a fait l’objet
d’expérimentations auprès de praticiens de disciplines
variées. Ces expérimentations visaient essentiellement à
valider la représentation visuelle du scénario que nous proposons,
et à enrichir le système avec des gabarits, des patrons et des
composants réutilisables, qui puissent permettre de nouvelles pratiques
de partage et de réutilisation de scénarios. Les patrons de
conception permettent d’assister le concepteur (Villiot-Leclercq, 2007), (Dufresne et al., 2003) dans sa tâche d’articulation entre les différents niveaux, en
proposant des associations entre les intentions et les stratégies de
mises en œuvre, et entre les stratégies et les situations-types
d’interaction. L’aide à la conception de patrons se poursuit
avec de nouveaux groupes d’enseignants volontaires, afin de disposer
d’un nombre significatif de composants réutilisables, et de
continuer de mettre à l’épreuve cet environnement. A terme
nous souhaitons aller vers une simplification de l’utilisation de ScenEdit
pour en faciliter l’appropriation (aide en ligne, tutoriel) et la
diffusion potentielle auprès d’un public élargi.. Nous
souhaitons également proposer plusieurs représentations visuelles
du scénario prenant notamment davantage en compte l’aspect temporel
comme dans la première maquette de ScenEdit (Emin, 2008). Il
existe également une demande forte consistant à coupler ScenEdit
avec un outil de gestion de contenus pour générer les fiches
enseignant et les fiches élèves. Nous envisageons
l’utilisation de l’environnement
Scenari7 pour cet objectif, notamment
au travers d’un « template ScenEdit ».
L’extension de ce travail à travers notamment la mise en place
d’un outil de gestion de la banque de scénarios en ligne
dotée d’outils de mutualisation, d’indexation,
d’import/export d’éléments du scénario et
d’annotation des scénarios permettrait une meilleure mutualisation
et diffusion des scénarios produits. Ces outils permettraient de
réunir une plus large communauté autour du modèle et des
outils que nous proposons.
6. Remerciements
Le développement de l’environnement
ScenEdit a bénéficié du soutien du Projet PluriFormation
(PPF) "Apprentice : Apprendre avec les TICE
?"8, soutenu par cinq
établissements universitaires de la région Rhône-Alpes
(INRP, INSA-Lyon, Université Grenoble 1, Université Lyon 1,
Université Lyon 2, ENSM St Etienne).
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A
propos des auteurs
Valérie EMIN est docteur en informatique. Sa thèse
soutenue en 2010 à l’université Joseph Fourier de Grenoble
sur le thème de « la modélisation de scénarios
pédagogiques dirigée par les intentions » s’est
déroulée au sein de l’équipe MeTAH du Laboratoire
Informatique de Grenoble. Membre de l’EMR S2HEP (Lyon1, ENS Lyon), elle
est actuellement détachée dans l'équipe EducTice de
l’Institut Français de l’Éducation. Ses
recherches portent sur la modélisation de scénarios
pédagogiques pour l’enseignement secondaire en Sciences et sur la
scénarisation pédagogique au sein des Serious Games.
Adresse : IFE - ENS Lyon, équipe
EducTice-S2HEP, 15 parvis René-Descartes, BP 7000, 69342 Lyon cedex
07
Toile : http://eductice.inrp.fr/EducTice/equipe/membres/permanents/valerie-emin
Courriel : valerie.emin@ens-lyon.fr
Jean-Philippe PERNIN est depuis 1996 Maître
de conférences en informatique à l'Université Stendhal
Grenoble-3, où il est responsable du Master DIdactique des Langues et
Ingénierie PEdagogique Multimédia (DILIPEM). Membre de
l'équipe MeTAH (Méthodes et Technologies pour l'Apprentissage
Humain) au Laboratoire d'Informatique de Grenoble (LIG), il a également
été détaché auprès de l'Institut National de
Recherche Pédagogique entre 2003 et 2008 où il contribué au
niveau francophone au développement de la thématique de la
scénarisation pédagogique. Ses recherches en ingénierie des
EIAH portent sur l'assistance à la conception de dispositifs de formation
par les praticiens (enseignants, ingénieurs pédagogiques), en
prenant en particulier en compte les dimensions de capitalisation, d'innovation
et de créativité.
Adresse : Equipe MeTAH, Laboratoire LIG,
Campus de Grenoble, 961 rue de la Houille Blanche, BP 46, 38402 Saint Martin
d’Hères Cedex, France
Toile : http://www.liglab.fr/spip.php?article101
Courriel : Jean-Philippe.Pernin@imag.fr
Viviane GUÉRAUD est depuis 1990 Maître
de conférences en informatique à l'Université Stendhal
Grenoble-3, où elle est notamment responsable pour le Master Industries
De la Langue, du parcours EIAL formant des concepteurs e-learning en langues
(double compétence informatique & didactique des langues). Elle est
également membre de l'équipe MeTAH (Méthodes et
Technologies pour l'Apprentissage Humain) au Laboratoire d'Informatique de
Grenoble (LIG). Ses recherches en ingénierie des EIAH concernent les
systèmes-auteurs de scénarios pédagogiques
(scénarios d’apprentissage et de suivi) et les environnements de
suivi.
Adresse : Equipe MeTAH, Laboratoire LIG,
Campus de Grenoble, 961 rue de la Houille Blanche, BP 46, 38402 Saint Martin
d’Hères Cedex, France
Toile : http://www.liglab.fr/spip.php?article101
Courriel : Viviane.Gueraud@imag.fr
1 European Credit Transfer and Accumulation System: système européen de
transfert et de cumul des crédits d’enseignement
2 Licence, Master, Doctorat qui redéfinit le cursus universitaire en 3 ans de
Licence, 2 ans de Master, et 3 ans de Doctorat
3 Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues : approche par compétences appliquée à
l’enseignement des langues au niveau européen
4.
http://www2.educnet.education.fr/sections/usages
/sec/sites/banques_academiques
5. http://primtice.education.fr/
6. l’Institut National de
Recherche Pédagogique est devenu au 1er Janvier 2011
l’Institut Français de l’Éducation au sein de
l’École Normale Supérieure de Lyon
7 Site web de Scenari,
http://scenari-platform.org
8 Site web du PPF Apprentice,
http://apprentice.inrp.fr/
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