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Recherches sur les Boîtiers de Votes
Électroniques - Théories, Contenus et Méthodes.
Michaël Thienpont,
Ministère de l’éducation nationale,
de la jeunesse et de la vie associative
|
RÉSUMÉ : Dans
cette revue de littérature, nous nous intéressons aux
Boîtiers de Votes Électroniques (BVE, souvent appelés
clickers en anglais). Nous commençons par un état des lieux
réalisé à partir des revues de littérature
publiées. Ces revues proposent une analyse thématique de la
recherche. Notre approche sera différente : elle consiste à
expliciter les fondements théoriques des recherches à partir de
l'étude des seminal papers puis à caractériser
l'écart entre ces fondements et les pratiques pédagogiques
étudiées dans les recherches récentes sur les BVE. Pour
cela, nous utilisons le cadre théorique C3 (Concerns – Centerdness
– Control of discourse).
MOTS CLÉS : Boîtiers
de vote électronique, BVE, revue de littérature.
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ABSTRACT : In
this literature review, we focus on the Audience Response System (ARS, often
called 'clicker'). We have synthesized research from the latest literature
reviews. All these articles give a theme-based analysis of research. Our
approach will be different: we shall explain the underlying pedagogical
theories, using studies of seminal papers. Then we shall try to characterize the
gap between these theories and pedagogical practices studied in recent ARS
research. We will be using the C3 theoretical framework (Concerns –
Centerdness – Control of discourse).
KEYWORDS : Clickers,
ARS, CRS, review of literature. |
1. Introduction
1.1. Contexte
Les Boîtiers de
Vote Électroniques (nous les noterons BVE, parmi les appellations
anglaises nous trouvons clickers, ou les sigles ARS, GARS, ART, CRS, EVS
dont les significations se trouvent dans le glossaire) constituent un dispositif
permettant l'interaction par des Questions à Choix Multiples (QCM) dans
le cadre d'un enseignement (synchrone). La fonctionnalité principale du
système est de faciliter le recueil des votes des étudiants. La
fiabilité accrue des technologies utilisées pour leur fabrication,
la réduction des coûts engendrés par ces systèmes, et
de manière plus générale, l'attrait dont
bénéficient les nouvelles technologies dans notre
société, ont permis le développement des usages des BVE
dans le domaine éducatif (Barber et Njus, 2007).
Plusieurs chercheurs étudient les liens complexes que l'utilisation en
classe de BVE, les attitudes des acteurs (professeurs, étudiants ou
élèves), et les apprentissages entretiennent. Alors que la
quantité de publications sur ce sujet augmente, plusieurs chercheurs ont
rédigé des revues de questions pour clarifier le paysage des
recherches (Caldwell, 2007), (Fies et Marshall, 2006), (Kay et LeSage, 2009a), (Kay et LeSage, 2009b), (Lantz, 2010), (MacArthur et Jones, 2008), (Roschelle et al., 2004), (Simpson et Oliver, 2002), (Simpson et Oliver, 2007).
Ces documents décrivent les usages souhaitables des BVE, leurs
bénéfices potentiels, les défis qu'ils représentent
ainsi que les méthodologies ayant permis de mettre en évidence ces
facteurs.
Nous allons dans un premier temps décrire le périmètre
de ce que nous appellerons BVE. Ensuite, nous aborderons l'état de l'art
de la recherche sur l'usage des BVE à partir d'une étude des
revues de littératures publiées qui sera complété
par une synthèse des fondements théoriques qui sous-tendent les
réflexions. Une dernière section s'intéressera à la
question de la transformation des pratiques pédagogiques
enseignantes.
1.2. Périmètre des investigations
Les Boîtiers de Votes Électroniques
(BVE) constituent un dispositif permettant à toute personne de projeter
une question à un auditoire et de recueillir un vote de la part de cet
auditoire. Les usages de BVE sont nombreux et ne se limitent pas –
contrairement à notre étude – au domaine
éducatif.
Pour simplifier, nous pouvons considérer que le système est
composé de 3 modules interconnectés :
- un outil de création, de présentation et de
projection de questions ;
- un instrument de recueil des votes ;
- une application logicielle de stockage, de traitement, et
de présentation des données recueillies.
Nous pouvons distinguer deux grands choix technologiques pour les
applications (logicielles) de projection des questions. L'enseignant peut
utiliser un outil de diaporama non spécifique aux BVE muni d'un plug-in
ou utiliser un outil intégré à la suite logicielle qui
accompagne les BVE. Cette deuxième solution nécessite de la part
de l'enseignant un effort lors de la prise en main de l'application, mais offre
des fonctionnalités supplémentaires spécifiques à
chaque suite logicielle.
Alors que les premiers systèmes de votes électroniques
utilisaient des technologies câblées (i.e. chaque table
d'étudiant est reliée par des fils à un ordinateur
central), les technologies ont récemment évolué. Les
constructeurs de matériels ont proposé des systèmes
où le vote se fait à l'aide d'un boîtier sans fil. Un
récepteur est relié à un ordinateur central pour recueillir
les informations véhiculées par infra-rouge et transmises par les
boîtiers en possession des étudiants. Cette technologie de
transmission est directive, ce qui implique des contraintes d'aménagement
de l'espace pour que tous les étudiants puissent envoyer un signal. Plus
récemment encore les fabricants ont développé des
matériels à émission par radio-fréquences dont la
fiabilité est bien meilleure que la génération de BVE
précédente.
L'application logicielle stocke un grand nombre de données (liste
d'étudiants, liste de questions, durée et choix de chaque vote,
...) et s'appuie généralement sur une base de données. Elle
permet de projeter de façon presque instantanée et sous forme
graphique une synthèse du vote qui fait suite à la question
posée. Le stockage des données permet la publication
ultérieure de rapports en vue, par exemple, d'une expertise
pédagogique.
Barber et Njus (2007) détaillent les spécificités
techniques des dispositifs du commerce. Nous en reprenons ici quelques
éléments.
- Les boîtiers se distinguent par la présence d'un
écran LCD ou la présence de lampes LED qui informent l'utilisateur
de la bonne réception de son vote, de l'état de sa batterie...
Certains boîtiers permettent aussi de transmettre des mots mais ceux-ci ne
font pas partie de cette étude.
- Les outils de projection de questions permettent l'ajout de
questions à la volée i.e. la projection d'une question non
préparée à l'avance.
- Certains systèmes permettent l'affectation de chaque
boîtier à un étudiant de façon manuelle,
automatisée (import de listes ou par l'intermédiaire de sites
internet spécifiques).
- D'autres fonctions sont parfois présentes. Par exemple la
fonction vote avec "indice de confiance" permettrait de développer des
compétences de métacognition (Leclercq et Denis, 1998).
La fonction quizz ou la fonction course scénarisent la compétition
lors des votes (Crossgrove et Curran, 2008), (Pate et Steele, 2009).
Des technologies plus évoluées existent permettant de faire aussi des QCM. L'utilisation d'organiseurs personnels (Personnel
Digital Assistant) reliés par un réseau Wifi, l'utilisation de
calculatrices Navigator (Texas Instrument) en sont deux exemples.
Nous n'avons pas inclus ces technologies dans notre recherche car nous avons
considéré que les fonctions supplémentaires de ces
technologies ne rendaient pas comparables leurs utilisations et celles des BVE
que nous avons décrits ci-dessus. Les calculatrices Navigator permettent par exemple aux élèves de transmettre des questions au
professeur, des copies de leurs écrans... Les PDA permettent en plus de
surfer sur internet.
Les BVE que nous considérons ici permettent de voter et ne
permettent que cela.
La constitution détaillée du corpus rassemblé pour cet
état de l'art est décrite dans (Thienpont, 2010),
notamment les moteurs de recherche utilisés et les mots clés. Nous
avons retenu les articles les plus récents, les articles des auteurs les
plus cités, les revues de littérature. Nous n'avons pas
trouvé d'articles de recherche récents publiés en langue
française, néerlandaise ou allemande mais une littérature
anglophone conséquente1.
Avant de présenter les principales conclusions des revues de
littérature, nous en esquisserons les fondements
épistémologiques. Ensuite nous présenterons les aspects
plus théoriques étudiés par les chercheurs. Enfin, une
discussion nous permettra d'aborder les méthodes de recherche et les
perspectives.
2. Synthèse des revues de littérature
2.1. Positionnement épistémologique des auteurs de revues de
littérature sur les BVE
(Barnett-Page et Thomas, 2009) propose une revue critique des méthodes de synthèse de recherches
qualitatives et recensent 10 méthodologies différentes pour
réaliser une revue de littérature. Selon ces auteurs, cette
diversité se justifie par les différentes croyances
épistémologiques parmi les chercheurs.
Leur pratique de la critique débouche sur 6 critères :
processus de recherche de documents, évaluation de la validité
scientifique des articles du corpus,
hétérogénéité du corpus, question de
recherche explicite, problématisation, produit final. Le tableau
ci-dessous présente une vue synoptique des différentes revues de
littérature, en particulier selon ces critères.
Auteur |
Roschelle et al. |
Fies et Marshall |
Caldwell |
Simpson et Oliver |
MacArthur et Jones |
Kay et Lesage |
Lantz |
Date |
2004 |
2006 |
2007 |
2007 |
2008 |
2009b |
2010 |
Nombre de documents |
26 |
24 |
25 |
36 |
76 |
67 |
38 |
Processus de recherche de documents |
non explicite |
non explicite |
linéaire |
itératif |
itératif |
linéaire |
non explicite |
Évaluation de la validité scientifique des articles |
non |
Examen a posteriori |
Défini a priori (comité de lecture) |
non |
non |
Défini a priori et examen a posteriori |
non |
Hétérogénéité du corpus |
élevée |
faible |
faible |
élevée |
faible |
faible |
faible |
Question de recherche explicite |
oui |
oui |
oui |
oui |
oui |
oui |
non |
Problématisation |
oui |
oui |
oui |
oui |
non |
non |
oui |
Produit final |
Complexe |
Complexe |
Clair pour prises de décisions |
Complexe |
Clair pour prises de décisions |
Clair pour prises de décisions |
Clair pour prises de décisions |
Cartographie de... |
des activités de recherche |
des preuves établies par la recherche |
des preuves établies par la recherche |
des activités de recherche |
des preuves établies par la recherche |
des preuves établies par la recherche |
des activités de recherche |
Rédigé à destination des ... |
chercheurs |
chercheurs |
enseignants |
chercheurs |
chercheurs |
chercheurs |
enseignants |
Tableau 1: Comparaison des différentes revues
de littérature. Les cellules jaunes et bleues correspondent
respectivement à une vision épistémologique plutôt
constructiviste ou plutôt réaliste (Barnett-Page et Thomas, 2009).
Nous pouvons constater que ces textes publiés sont récents,
s'adressent pour la plupart à la communauté de chercheurs,
présentent des aspects communs et des aspects complémentaires...
Alors que certains auteurs s'inscrivaient dans une perspective clairement
constructiviste (idéaliste) ou clairement réaliste – au sens de Barnett-Page et Thomas – d'autres remplissent l'espace
qui existe entre ces deux extrêmes.
Ces états de l'art prennent en compte un grand nombre de publications.
Chacune de ces revues classe les préoccupations des chercheurs par
thèmes mais ne fait pas ressortir de nouvelle interprétation des
données analysées. Les cartographies des activités de
recherche comme celles des résultats établis par ces recherches
coïncident. Les manques mis en lumière par les différents
auteurs concernent essentiellement le manque de visibilité
théorique qui permettrait la mise en perspective des recherches. Une
théorisation manquerait pour développer une nouvelle
interprétation, cohérente, des recherches comme un formant un
tout.
2.2. Principales conclusions de ces revues de littérature
La recherche en matière de BVE a
mûri, les discussions pédagogiques sont plus
détaillées et plus sophistiquées. Voilà le constat
que font (Simpson et Oliver, 2007) lorsqu'ils comparent les travaux de recherche parus avant 2002 (18 documents) et
ceux parus entre 2002 et 2007 (21 articles et un livre).
Les contextes d'utilisation des BVE (niveaux d’enseignement, tailles
des classes) sont de plus en plus variés tout en restant majoritairement
dans l’enseignement supérieur et le nombre de disciplines
concernées est croissant (Caldwell, 2007), (Fies et Marshall, 2006), (Kay et LeSage, 2009a), (Kay et LeSage, 2009b), ( MacArthur et Jones, 2008), (Simpson et Oliver, 2007).
Simpson et Oliver identifient 10 intérêts qui apparaissent comme
des tactiques déconnectées entre elles dans les travaux
antérieurs à 2002. Ils remarquent également qu'au fil des
années, les recherches revêtent un caractère plus holistique (Simpson et Oliver, 2007).
Cependant, lorsque l'on considère les investissements humains et
matériels nécessaires à la mise en œuvre de BVE, le
réflexe de poser la question des bénéfices nous
paraît naturel. (Kay et LeSage, 2009b) relèvent les bénéfices, à partir de recherches
empiriques publiées dans des revues avec comité de
lecture :
- taux de présence élevé ;
- attention, participation et engagement accrus durant le
cours ;
- participation anonyme ;
- interaction entre pairs ;
- discussions entre pairs pour construire la connaissance
(constructivisme pédagogique) ;
- adaptation du cours par l'enseignant suivant les retours
d'information (contingent teaching) ;
- meilleures performances aux examens ;
- plus-value qualitative des savoirs acquis (meilleure
compréhension) ;
- retours d'information (feedback) réguliers entre
étudiants et professeur ;
- évaluation formative ;
- retours d'information entre le groupe d'étudiants et un
étudiant.
Toujours d'après ces chercheurs (Kay et Lesage, 2009b),
l'usage des BVE soulève certains défis :
- pour l’établissement/organisme de formation (achat ou
prêt des boîtiers, maintenance de ceux-ci, support
logiciel...) ;
- pour le professeur (compétences nouvelles pour
interpréter les résultats des votes, nécessité de
libérer du temps de cours pour laisser place aux votes, temps de
préparation de questions pertinentes) ;
- pour les étudiants (adaptation à une nouvelle
manière d'enseigner, implication et discipline lors des discussions,
efforts supplémentaires nécessaires, adaptation à
l'anonymat ou à l'absence d'anonymat, réactions aux votes
renvoyant des informations négatives, sentiment d'anxiété
lié à l'évaluation).
Pour que la mise en place d’un système de BVE soit la plus
effective possible, Barber et Njus insistent sur la nécessité
d'un dialogue avec tous les partenaires impliqués : enseignants,
équipe de support technique de l'école, étudiants,
formateurs d'enseignants, fabricants de matériel (Barber et Njus, 2007)...
MacArthur et Jones rapportent également que l'adhésion des
étudiants est un facteur de réussite. Elle s'obtient plus
facilement lorsque les BVE ne sont pas présentés comme un outil de
contrôle (présence, contrôle sommatif) mais un outil pour
favoriser leurs apprentissages (MacArthur et Jones, 2008).
Enfin, Kay et Lesage soulignent la nécessité d'une
réflexion éthique pour identifier les étudiants qui
seraient affectés négativement par l'utilisation des BVE (Kay et LeSage, 2009b).
2.3. Méthodologies des recherches
Les revues de littérature – sauf
celle de (Lantz, 2010) – accordent une part importante à l'examen des méthodologies
de recherche de leur corpus. Ainsi, en 2007, l'attention des chercheurs (selon
le corpus de Simpson et Oliver) n'est plus focalisée sur la question
"usage ou non-usage" des BVE (ce qui était le cas en 2002), mais sur des
questions du type : "comment utiliser les BVE pour atteindre un objectif
donné". Ce changement s'accompagne d'une évolution des
méthodologies de recherche et des recueils de données.
Simpson et Oliver observent que la plupart des méthodologies
employées pour recueillir des données sont fondées sur
l'auto-déclaration de perceptions (Simpson et Oliver, 2007).
Dans leur revue de question, Kay et LeSage remarquent qu'un peu plus de la
moitié des 67 articles passés en revue examinent les "attitudes"
vis-à-vis des BVE, un tiers des articles examinent les performances dans
l'apprentissage. Ils n'ont pas trouvé de publications analysant les
processus cognitifs mis en œuvre par les étudiants lors des
discussions stimulées par les BVE. Leur revue met en évidence
qu'au fil des années les méthodes de recueil de données
évoluent en multipliant les sources de données empiriques pour les
croiser tout en regrettant aussi que trop de travaux se basent essentiellement
sur la perception des étudiants et pas assez sur d'autres données
comme leur réussite (Kay et LeSage, 2009b).
Les techniques de description statistique et de validation des données
sont peu mises en œuvre (Kay et LeSage, 2009b).
Caldwell regrette le manque de recherche systématique mais ne
donne pas de précisions sur la signification qu'il donne à ce
terme. Peut-être désigne-t-il par là le biais courant,
relevé également par (Fies et Marshall, 2006) lorsque ceux-ci déplorent les travaux qui comparent un enseignement
traditionnel sans BVE avec un enseignement interactif avec BVE. De telles
études ne permettent pas de conclure à l'intérêt des
BVE, mais éventuellement à l'intérêt de
l'interactivité. Une autre lacune soulignée par ces mêmes
auteurs est le manque de précisions sur le traitement du groupe
témoin, ou parfois l'absence de groupe témoin. Enfin, (Roschelle et al., 2004) adressent une autre critique aux recherches de leur corpus. Les
méthodologies seraient insuffisamment ancrées de façon
théorique. Elles rendent les résultats de chaque recherche peu
généralisable et leur réplication difficile.
Certes, toutes les études empiriques convergent pour objectiver les
effets globalement positifs ou
neutres(2), mais il manque une
approche causale convaincante (Caldwell, 2007).
A titre d'illustration, prenons l'exemple de la mémorisation. Liu,
Gettig, et Fjortoft comparent les mémoires à court et long terme
de deux groupes formés aléatoirement dont l'un a eu un
enseignement avec des BVE dans un cursus de formation pharmaceutique. Ils
trouvent un effet positif des BVE sur la mémoire à court terme,
mais aucune différence sur la mémoire à long terme (Liu et al., 2010).
Crossgrove et Curran étudient l'impact des BVE sur deux promotions
d'étudiants de niveaux différents (non-major : 179
étudiants, major : 46 étudiants) dans un cursus de
biologie. Pour la promotion non-major, l'amélioration de la
mémorisation à 4 mois est significative (au sens statistique).
Lors de cette même recherche, les auteurs constatent que le gain de
performance aux examens du groupe BVE est faible (Crossgrove et Curran, 2008). (Dill, 2008) ne
trouve pas d'amélioration de la mémorisation à court terme
lorsqu'il compare deux groupes (64 et 72 étudiants) formés durant
1 heure (un seul des deux groupes a bénéficié des BVE).
En somme, les chercheurs s'accordent sur la convergence d'effets positifs
liés à l'usage des BVE. Leurs réflexions sont plus
sophistiquées durant la période 2002-2007 vis-à-vis de la
période antérieure. Les méthodes de recueil de
données sont plus variées et permettent de croiser des
informations de sources différentes. Ces chercheurs estiment
également les conclusions scientifiques fragiles : la focalisation
sur les attitudes des étudiants, les résultats non concordants sur
les learning outcomes, l'absence d'explications causales et le manque de
références théoriques rendent délicates les
comparaisons de recherches ou leur généralisation. Ceci nous
amène à relativiser tant les bénéfices que les
défis évoqués par les différentes recherches
empiriques pour regarder de plus près les fondements théoriques
des recherches et, dans un deuxième temps, tenter d'éclairer les
réalités décrites dans les recherches récentes.
3. Les fondements pédagogiques et théoriques
Différentes
approches ont été adoptées pour comprendre ou questionner
l'usage des BVE en contexte pédagogique. Un tableau synoptique reprend en
annexe l'ensemble des approches théoriques avec les
références bibliographiques correspondantes.
3.1. Synthèse des différentes approches.
Le thème de la rétroaction
(feedback) est récurrent dans la littérature (Cutrim, 2008).
Le feedback est parfois "assimilé" à l'évaluation
formative(3). Cependant, dans certains
usages des BVE, il s'en distingue très nettement. Citons par exemple la
pratique pédagogique Just in Time Teaching (JiTT) qui
instrumentalise le feedback non seulement comme stratégie
d'évaluation formative, mais aussi comme sonde pour déterminer les
intérêts des étudiants et adapter la suite du cours. Par
ailleurs, lorsque Irving (Irving, 2009) s'approprie les travaux de (Bell et Cowie, 2001),
elle distingue dans une perspective écologique de la classe :
- le feedback interactif (on-the-fly) ou interrogation
interactive spécifique à l'écologie de la classe ;
- le feedback planifié dans le but de faire un point
des connaissances/compétences à un moment donné du
cours ;
- le feedback informel, au fur et à mesure de la
leçon.
Elle conclut en empruntant à (Furtak, 2006) la
notion de continuum de pratiques pour l'évaluation
formative(4). Il nous paraît
important par ailleurs de noter que les recherches sur les usages des BVE ont
commencé par l'étude d'usages dans de grands groupes (Simpson et Oliver, 2007),
là où l'interactivité paraissait la plus
problématique.
Les techniques de questionnement sont une thématique également
très présente. L'interrogation porte alors sur un modèle
d'enseignement et un script pédagogique utilisant les BVE dont les
chercheurs souhaitent examiner un aspect (satisfaction des étudiants,
efficacité...). Les différentes techniques se différencient
par
- la place qu'occupent les questions projetées vis à
vis de l'apport de connaissances (avant, après, simultané... )
;
- le type de discussion encadrant chaque vote (absence de
discussion, discussions en petits ou grands groupes, avant ou après le
vote...) ;
- le type de question posée (difficulté, formative,
ouverte ou fermée...).
La thèse de Pengfei Li (Li, 2007) montre la
difficulté de construction des questions à choix multiples et
notamment la difficulté de choix des distracteurs. Par ailleurs, on
trouve sur internet (A2L Project Website, 2010) et dans la littérature des exemples ou des catalogues de questions.
Certains manuels scolaires sont également commercialisés
accompagnés d'un boîtier de vote et de QCM prêts à
l'emploi (Barber et Njus, 2007).
En comparant les questions EHH et RF (Easy-Hard-Hard et Rapid-Fire), Li constate que les questions EHH profitent plus aux
élèves de bon niveau, alors que celles de type RF profitent aux
élèves faibles. Ceci montrerait que la manière de poser la
question, son objectif initial conditionne son potentiel éducatif. Dans
une autre étude, (Crossgrove et Curran, 2008) obtiennent des résultats différents. Ces chercheurs ont mis en
relation les questions posées par un enseignant utilisant les BVE et la
taxonomie de Bloom. Ils n'ont pas trouvé de corrélation entre les
apprentissages (mémorisation, résultats aux examens) et le niveau
taxonomique des questions. Dans ces deux recherches (Li et Crossgrove / Curran)
la discussion est alors ancrée dans le champ didactique.
Les recherches théoriques à propos de TEFA (Technology
Enhanced Formative Assessment) et celles conduites sous l'angle de la GLT
(Generative Learning Theory) ajoutent aux thématiques
précédentes un discours sur les processus cognitifs. Bien que ces
deux approches soient différentes, (Beatty et Gerace, 2009) remarquent qu'elles sont globalement concordantes (voir tableau synoptique en
annexe).
La contribution de (Penuel et al., 2006a) propose un éclairage original en empruntant à la théorie
socio-culturelle des éléments d'analyse.
Les recherches de (MacGeorge et al., 2008) et de (Fies, 2005) aboutissent à des outils d'analyse de situations existantes. La
première propose un questionnaire baptisé ART-Q destiné
à être repris dans les recherches futures sur les BVE pour rendre
possible des méta-analyses. La recherche de Fies aboutit au modèle
C3 (Concerns – Centerdness – Control of
discourse) qui propose un cadre d'observation et de description des enjeux
pédagogiques lors de l'utilisation de BVE en classe (voir
ci-dessous).
3.2. Exemple du modèle C3
Le modèle C3 nous a
semblé pertinent comme grille de lecture des recherches récentes
car il est issu d'une recherche empirique sur les BVE. Carmen Fies, dans sa
thèse (Fies, 2005) puis
dans l'article (Fies et Marshall, 2008) se pose comme questions de recherche (a) comment sont utilisés les BVE,
(b) quelles motivations conduisent les enseignants à l'usage des BVE, (c)
comment étudiants et enseignants perçoivent-ils les effets des
BVE ?
Les résultats de sa recherche sont aussi
contrastés(5) que ceux
décrits par Penuel et son équipe (Penuel et al., 2006b) mais n'aboutissent pas à une classification par profils. Fies propose un
cadre théorique, le C3 framework, pour
caractériser les pratiques selon les 3 critères suivants (Figure
1) : Concerns (C1), Centerdness (C2), Control (C3).
Cet auteur a conçu ce cadre afin d'interpréter une
réalité de classe, et de ce fait, elle propose ces critères
pour décrire l'attitude de l'enseignant comme les attitudes des
étudiants (Fies, 2005), (Fies et Marshall, 2008).
Le premier critère, concerns, constitue le type d'objectifs que
les étudiants et le professeurs se fixent. Il s'inscrit dans la
théorie de la motivation et oppose les objectifs de performance aux
objectifs de maîtrise des apprentissages.
Le deuxième critère, centeredness, cherche à
déterminer ce qui est au centre du dispositif des BVE. Carmen Fies
s'appuie sur l'ouvrage How People Learn (Bransford, 1999) qui distingue les interactions éducatives centrées sur
l'apprenant, le savoir, l'évaluation, la communauté. Pour Fies ces
4 pôles d'interactions sont des aspects de ce qu'elle désigne comme
une philosophie "learner-centered". Par opposition, "teacher-centered" correspond à une philosophie où, le
professeur utilise les BVE comme moyen pour se faciliter la
tâche(6).
Le troisième critère, control, décrit les
"croyances" (beliefs) des étudiants et celle de l'enseignant
à propos de qui devrait avoir le contrôle du
déroulement du cours. Dans sa thèse, Carmen Fies désigne
plus particulièrement le control of discourse (contrôle des
discours), alors que dans l'article publié en 2008, elle parle de control of agenda (contrôle du déroulement du cours).
Comme les deux précédents ce critère a un double
ancrage, l'un du côté de l'enseignant, l'autre du côté
des étudiants.
- L'enseignant, suivant ses croyances, ses habitudes, ses
expériences passées détermine combien de pouvoir (de
contrôle) il concède aux étudiants tout en gardant le
contrôle sur d'autres objectifs.
- Les étudiants se demandent combien ils peuvent "prendre sur
eux" tout en restant dans leur zone de confort.
Fies affirme que la dimension Control est d'abord fixée par
l'enseignant (flèche descendante dans la figure ci-dessous) et qu'ensuite
seulement, les étudiants viennent "moduler" cette dimension
(flèche ascendante). Le triangle représentant la situation
effective des étudiants est alors, selon sa représentation
graphique inclus dans le triangle représentant ce que le professeur
propose (voir Figure ci-dessous).
Figure 1: C3 framework. Extrait de (Fies et Marshall, 2008).
Les 3 dimensions sont liées entre elles. Le triangle représentant
les étudiants est inclus dans le triangle du professeur.
Selon Fies, bien que ce cadre ait été élaboré
à partir des entretiens menés avec les enseignants, les
données empiriques recueillies auprès des étudiants ont
confirmé sa structure. Un enseignant dont la vision de la classe serait teacher-centered (C2) concédera aussi peu de contrôle
vis-à-vis du contenu que vis-à-vis du déroulement. Un
étudiant dont la vision serait teacher-centered souhaitera
ardemment que son professeur contrôle explicitement le déroulement
de la classe. D'un autre côté, un étudiant mastery-concerned (C1) ne souhaitera pas que l'enseignant avance dans son
cours tant qu'il n'a pas bien compris la matière qui vient d'être
enseignée.
D'après Fies, les étudiants ont plutôt tendance à
s'adapter aux choix de l'enseignant. Elle étaye cette remarque par
l'idée que, dans le supérieur, la faculté d'adaptation est
une compétence déjà acquise par les étudiants. Que
l'on considère ces 3 critères du côté des enseignants
ou du côté des élèves, l'auteur estime qu'une
cohérence devrait apparaître. Un contrôle fortement
partagé (C3) avec les étudiants irait de pair avec une motivation
centrée sur la maîtrise des contenus (C1) et une philosophie
axée sur les progrès de l'étudiant (C2).
4. L'effet des BVE sur les pratiques pédagogiques
Pour Fies et Marshall,
la littérature contient beaucoup de conseils, seulement il constate
que : "Lists of ‘‘best practices’’ can be useful
as starting points or tweaks, but without a coherent underlying framework, they
are rarely transformative for a teacher" (Fies et Marshall, 2008).
L'ensemble des revues de littérature s'accorde pour affirmer la
relation forte entre la pratique pédagogique effective et les
bénéfices liés à l'utilisation des BVE, ce qui tend
à limiter les constats de bénéfices à la pratique
pédagogique ayant servi de support à la recherche. La
généralisation de l’usage des BVE fait émerger la
problématique de l’impact de cette technologie sur les pratiques
pédagogiques des enseignants.
Les défis relevés dans la littérature conduiraient les
enseignants à deux approches différentes. L'une consiste à
intégrer l'usage des BVE dans un cours sans en modifier l'approche
pédagogique, l'autre consiste à repenser complètement
l'approche pédagogique. Pour Caldwell, "Clickers may occupy either a
peripheral or central role during class. They can be incorporated into a
standard lecture course to increase interaction between students and instructor
or used as part of a more radical change in teaching style toward primarily
active learning in class (whether it be peer learning, debate, or other
activities)" (Caldwell, 2007).
En formulant ainsi ces deux orientations, Caldwell met l'accent sur la
complexité de ce qui se passe en classe plutôt que sur ce qui
pourrait s'y passer.
L'enquête réalisée par Penuel, Boscardin, Masyn, et
Crawford (Penuel et al., 2006b) auprès de 585 enseignants utilisateurs de BVE du primaire et du
secondaire conduit à classer ceux-ci en 4 profils :
- (1) les enseignants qui utilisent rarement la technologie.
(12,7%)
- (2) les enseignants qui s'évaluent en recherchant un feedback sur l'efficacité de leur propre cours, notamment par
l'intermédiaire d'évaluations sommatives. Ces enseignants
utilisent rarement les discussions (petits ou grands groupes) et utilisent
occasionnellement les données recueillies par les BVE pour ajuster leurs
enseignements. (27,5%)
- (3) Les enseignants qui utilisent les BVE avec des
stratégies pédagogiques variées (évaluations
formatives et sommatives, discussions en petits ou grands groupes, ajustement du
déroulement du cours en fonction des votes), quoique peu
fréquemment. (34,7%)
- (4) Les utilisateurs utilisant fréquemment les BVE avec des
stratégies variées (25,1%).
Cette recherche ne met en évidence aucune corrélation entre le
profil de l'enseignant, sa discipline, le niveau d'enseignement (primaire ou
secondaire) et la durée de l'expérience professionnelle de
l'enseignant.
Elle souligne également le fait que les enseignants de profil 1
perçoivent les BVE comme faiblement efficaces et que les enseignants de
profil 4 perçoivent beaucoup de bénéfices liés
à l'utilisation des BVE. Ses auteurs proposent deux
interprétations possibles, suivant que l'on considère que l'usage
de la technologie en conditionne la perception ou l'inverse.
Alors que Penuel et al. (Penuel et al., 2006b) ne trouvent pas de corrélation entre le profil d'utilisateur et
l'existence d'une formation technique sur les BVE, ils trouvent une
corrélation significative entre la présence d'une formation
spécifique aux stratégies pédagogiques cohérentes
avec les BVE et la probabilité d'être un utilisateur de profil
4.
Gauci, Dantas, Williams, et Kemm soulignent également l'importance de
la formation et du niveau d'expertise de l'enseignant. Lors de cette recherche,
ils souhaitent mettre en lumière l'intérêt d'une
démarche d'apprentissage actif (active learning). Ils
réalisent 2 entretiens semi-directifs de 6 enseignants (avant et
après leurs cours) et examinent les questions posées par les
enseignants durant leurs cours. Ils reconnaissent dès le début de
leur article (page 2) que : "The lack of expertise with active learning
and the PRS system meant that lecturers set mostly simple multiple-choice
questions (MCQs) to investigate the progress of student knowledge and
understanding." (Gauci et al., 2009).
5. Point de vue plus personnel sur les recherches empiriques
récentes.
Suite aux
considérations ci-dessus, nous avons souhaité appréhender
plus spécifiquement les recherches empiriques récentes (32
articles). La grille de lecture formalisée, la méthodologie et les
résultats détaillés sont présentés dans (Thienpont, 2010).
Nous en présenterons ici une synthèse critique selon trois
aspects : les méthodologies utilisées, la
nécessité d'un ancrage didactique, la présence d'un continuum d'usages plutôt que d'une pédagogie avec versus sans BVE.
5.1. Méthodologies et ancrages théoriques des recherches
empiriques
Parmi ces publications 26 ne précisent pas
de cadre théorique explicite. Les méthodologies des recherches
publiées peuvent être abordées par l'examen du type des
données recueillies. Nous remarquons que 82% des recherches mesurent la
perception des étudiants (par enquête, focus group ou
entretiens). Les résultats aux examens ou à des tests sont
exploités dans un peu plus de la moitié des cas. Les enseignants
sont sollicités durant ces recherches par des entretiens semi-directifs
ou par des enquêtes dans 31% des cas (les enquêtes sont
préférées aux entretiens).
Ces résultats corroborent les constats déjà
relevés dans les revues de littérature présentées en
début de cette rubrique : l'absence de fondements théoriques
pour étayer les recherches empiriques. Cependant, il nous semble que les
recherches sont toujours ancrées implicitement dans un paradigme
constructiviste (Chaptal, 2003).
Ceci se traduit par des intentions annoncées dès le paragraphe literature review que comprend presque chaque article.
L'examen des méthodes de recueil de données met en
lumière la source majeure d'information : les étudiants.
Morse, Ruggieri, et Whelan-Berry (Morse et al., 2010) illustrent cependant le côté relatif des perceptions : leurs
observations dans 4 classes de comptabilité et les enquêtes
auprès des étudiants ne coïncident pas sur le thème de
la participation. Alors que les étudiants perçoivent leur
engagement comme accru grâce aux BVE, les observations relèvent une
diminution du nombre de questions posées par les étudiants. Ces
auteurs concluent que la participation serait idiosyncratique et émettent
l'hypothèse qu'un effet de halo fausserait la perception qu’en ont
les étudiants.
Nicholson et Bassignani (Nicholson et Bassignani, 2009) ont enquêté auprès de 30 professeurs universitaires pour
explorer leurs connaissances sur les BVE et les motivations qui conduisent
à leur usage (8 professeurs) ou à leur non-usage (22 professeurs).
Le facteur qui ressort comme le plus motivant est la préférence
des étudiants. Nous pouvons imaginer des hypothèses pour expliquer
l'importance que les universitaires accordent à la demande des
étudiants. Peut-être que l'enseignant vise la création de
conditions de travail favorables aux apprentissages ; il se pourrait
également qu'il vise l'augmentation de la note que ses étudiants
lui attribueront en fin d'année. En tout cas, il semblerait que la
prédominance des perceptions d'étudiants dans les recherches
vienne à la rencontre de la préoccupation des enseignants de
satisfaire les préférences de leurs étudiants.
Le tiers des recherches considérées compare un traitement avec
BVE avec un groupe témoin pour apporter une preuve comparative
quantitative. Généralement, le groupe témoin est
traité avec une pédagogie similaire où les BVE sont
remplacés par des votes à main levée ou par un vote par
cartes de couleurs. Le "groupe témoin" peut être soit une promotion
antérieure (année précédente), soit un autre groupe
de la même promotion, soit une partie du cours enseignée
différemment. Ces recherches tentent de prouver scientifiquement
l'efficacité de la technologie éducative "BVE". (Chaptal, 2003) nous met en garde contre le côté "illusoire" de cette
démarche, qui conduit souvent à prouver que "Ce sont les
processus et non la technologie elle-même qui importent" (page
131).
5.2. Nécessité d'un ancrage dans le champ didactique
En outre, nous avons identifié trois
sources de données visant l'accès direct à une partie de ce
qui se passe en classe : les votes (scores ou participation, 28% des
publications), les observations directes (19%) et l'analyse des questions
projetées (6%). Ce dernier chiffre nous paraît
problématique, dans la mesure où il entrerait en contradiction
avec l'importance attribuée aux techniques de questionnement : les
auteurs majeurs dans la recherche sur les BVE s'accordent pour placer "la
question projetée" au centre de leur réflexions voire au centre
du dispositif pédagogique.
(Li, 2007) montre
comment l'activité cognitive dépend de la question posée.
La lecture de sa thèse permet à la fois de comprendre les
processus de conception des questions, mais aussi d'entrevoir les
processus d'interprétation des réponses aux questions.
Entre ces deux moments, il reste l'action de répondre. C'est cette action
qui résulte de la pensée de l'élève et qui est
significative du processus cognitif.
Crossgrove et Curran (Crossgrove et Curran, 2008) ne détaillent pas la méthode de conception des questions, mais
classent les 318 questions posées suivant la taxonomie de Bloom. Leur
résultat, reproduit sur la Figure 2, montre que la très grande
majorité des QCM renvoie aux niveaux peu complexes de la taxonomie de
Bloom.
En regardant d'aussi près les questions posées, Crossgrove et
Curran et l'équipe autour de Li effectuent un choix majeur dans
l'approche des BVE : au lieu de considérer les effets de
façon intrinsèque à la technologie, sans pour autant
oublier les interactions sociales qui peuvent avoir lieu, ces auteurs
défendent l'idée que les recherches sur les BVE doivent aussi
porter un regard didactique. Les discours des chercheurs accordent tellement
d'importance à l'interactivité et aux techniques de questionnement
que nous regrettons le faible nombre de recherches se penchant sur
l'étude des questions projetées. La surprise est d'autant plus
importante que l'enregistrement des questions comme des réponses est une
fonctionnalité proposée par tous les BVE.
Figure 2: Nombre de questions projetées
à l'aide du dispositif pour chaque niveau taxonomique selon
l'étude de (Crossgrove et Curran, 2008).
5.3. Un continuum d'usages ?
L'écart qu'il peut y avoir entre les
intentions – questions pour développer un "higher-order
thinking" – et la réalité est frappant : 41%
de questions de connaissances versus 2% seulement de questions
nécessitant une analyse.
Pour appréhender l'ancrage pédagogique réel des
publications récentes, il nous est alors apparu pertinent d'ignorer le potentiel décrit dans la section literature review que
contient presque chaque article au profit de l'examen attentif des usages effectifs des BVE ayant servi de supports à chaque recherche. Pour
cela, nous avons utilisé des critères basés sur le
modèle C3 ; le tableau de référence est
joint en annexe, voir (Thienpont, 2010) pour plus de détails.
Si nous considérons ensemble les 3 critères du modèle
C3, nous remarquons qu'il devient difficile (voire hasardeux) de
classer les situations pédagogiques décrites dans les recherches
publiées, que ce soit par manque d'informations ou parce que les
informations ont permis un classement dans deux catégories
"opposées". En effet, les énoncés ne sont pas exclusifs les
uns des autres, dans la mesure où un enseignant peut utiliser les BVE de
plusieurs façons durant une même séquence de cours.
Un tiers des cours (lieux des recherches de notre corpus) correspondent
à une approche plutôt teacher-centered. Ce chiffre ne
représente évidemment pas l'ensemble des utilisateurs de BVE, mais
serait tout au plus significatif des utilisateurs de BVE qui acceptent de faire
l'objet d'une recherche. Selon le troisième critère
(Control) pour la moitié des situations que nous avons
étudiées, l'enseignant partage le contrôle du
déroulement par l'intermédiaire de discussions qui font suite
à un vote électronique. Le contenu, la durée, le nombre de
prises de paroles... ne sont pas décrits dans les recherches.
Étant données ces incertitudes, il ne nous semble pas opportun de
conclure sur le type de contrôle qui serait effectivement majoritaire.
Lei et Zhao cherchent à comprendre pourquoi les professeurs innovent
(ou pas) lorsqu'une technologie éducative devient accessible. Ils
construisent un modèle théorique à partir d'une perspective
écologique : "The school ecosystem is a dynamic and open system
characterized by constant changes, but it keeps equilibrium through
species-species interactions and species-environment interactions. (...) as an
intruding species, a technology innovation breaks the equilibrium when it is
introduced into this ecosystem. Different technology uses are derived from the
same technology innovation when different users apply the technology function
idiosyncratically to solve their problems in various contexts" (Lei et Zhao, 2005)
Ainsi, les BVE viendraient rompre un équilibre et l'enseignant
développe un usage personnel et spécifique de la technologie.
Comme nous l'avons souligné lors de la présentation des fonctions
des BVE, ce dispositif est à la fois outil (projection de
questions) et instrument (perception des réponses, traitement des
données) (Bruillard, 1997).
L'outil comme l'instrument peuvent être utilisés de manières
variées, puisque l'enseignant reste maître de l'outil (conception
et choix des questions) et garant de l'interprétation des données
recueillies. Alain Chaptal (Chaptal, 2003) souligne la labilité et la malléabilité des technologies
d'information et de communication, deux caractéristiques "sans
précédent", "rendant le contrôle à l'enseignant,
ce qui change tout". Pour lui, "les technologies s'adaptent à tous les
styles pédagogiques sans en imposer un quelconque."
Ainsi il ne serait plus possible de répartir les pédagogies
selon un modèle traditionnel et un modèle innovant ou selon 3
pôles seulement (par exemple suivant le modèle C3), mais
il faudrait envisager les pratiques des enseignants comme un continuum.
6. Perspectives
"We do not mean to
imply that the existing literature on CRS-based instruction is without merit. On
the contrary, it has played a crucial role in facilitating explosive growth in
CRS use." (Beatty et Gerace, 2009)
Les BVE sont de plus en plus utilisés (du moins dans certains pays).
Il en ressort une grande diversité de pratiques et notre analyse met en
évidence un manque d'outils spécifiques aux BVE pour
appréhender ces pratiques. En effet, les pratiques pédagogiques
qui servent de support aux expérimentations s'éloignent de ces
usages théoriques. Le modèle C3, que nous avons
essayé de rendre opérationnel, nous conduit à
considérer les pratiques pédagogiques des enseignants comme un
continuum dans un espace à trois dimensions plutôt que suivant
l'opposition enseignement traditionnel – constructiviste (Thienpont, 2010).
Notre revue de littérature suggère que leur potentiel fait
l'objet d'un consensus, bien que la question du pourquoi ne trouve pas
encore de réponse. Seuls les travaux récents de (Beatty et Gerace, 2009) et de (Mayer et al., 2009) ont proposé des pistes théoriques pour étudier les
processus cognitifs.
Notre analyse des recherches empiriques récentes montre que les
chercheurs accordent un crédit important à la perception des
étudiants mais les enquêtes rencontrées jusqu'ici sont peu
comparables. L'utilisation du questionnaire ART-Q (MacGeorges et al., 2008) comme outil de mesure offrirait des perspectives intéressantes. Enfin,
les recherches futures pourraient préciser les ancrages théoriques
de façon plus explicite, profitant des travaux récents de (Beatty et Gerace, 2009), (Mayer et al., 2009).
Alors qu'un grand nombre d'approches pédagogiques placent le
questionnement et l'évaluation formative au centre de leur
réflexion, les recherches empiriques récentes se consacrent
rarement à l'analyse des questions projetées par
l'intermédiaire du dispositif BVE. Nous pensons cependant que l'ancrage
didactique des réflexions est insuffisant et que les chercheurs
pourraient utilement intégrer dans leurs corpus les données
offertes par les BVE (questions et réponses).
Constatant la diversité des pratiques, nous émettons
l'hypothèse que la malléabilité des BVE, par le biais du
contrôle qu'elle donne aux enseignants, pourra s'intégrer à
leurs pratiques (Chaptal, 2003).
Cette façon de considérer les BVE permettrait d'ouvrir de
nouvelles voies de recherche, où nous ne chercherions plus à voir
comment les BVE "bouleversent l'école", mais plutôt quels petits
changements leur usage opère lorsqu'ils sont intégrés dans
les classes.
Finalement, l'importance plusieurs fois soulignée de la question
projetée en vue d'un vote nous conduirait à adopter un point de
vue didactique afin d'interroger, par exemple, le nouveau statut de l'erreur,
l'évolution du contrat didactique.
7. Remerciements
J'adresse mes
remerciements à Eric Bruillard pour ses conseils lors de la
rédaction de ce texte et aux anonymes relecteurs qui ont contribué
à son amélioration.
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10. Glossaire
A2L |
Assessment to Learn |
ARS |
Audience Response System |
ART |
Audience Response Technology |
BVE |
Boîtier de Vote Electronique |
C3 |
Concerns – Centerdness – Control of discourse/agenda |
CAL |
Computer Assisted Learning |
CATAALYST |
Classroom Aggregation Technology for Activating and Assessing Learning and
Your Students' Thinking |
CRS |
Classroom Response System |
DD |
Dialogical Discourse |
EVS |
Electronic Voting System |
FA |
Formative Assessment |
GARS |
Group ARS |
GLT |
Generative Learning Theory |
ICCS |
Interactive Classroom Communication System |
MCQ |
Multiple Choice Questions |
MLC |
MetaLevel-Cognition |
PI |
Peer Instruction |
POGIL |
Process Oriented Guided Inquiry Learning |
QCM |
Questions à Choix Multiples |
QDI |
Question Driven Instruction |
QeS |
Questions en Séries |
TEFA |
Technology Enhanced Formative Assessment |
11. Tableau Annexe
11.1. Tableau 2 : synoptique des approches théoriques
Nom de l'approche et références |
Caractéristiques |
Techniques de questionnement |
Peer Instruction (PI)
(Mazur et Crouch, 2001)
(Lasry, 2007) |
Issu de l'enseignement de la physique, cette approche découpe chaque
cours en présentations courtes associées chacune à une
question conceptuelle (appelée "Concept Test"). Une réflexion
individuelle conduit à un vote individuel. Suivant le résultat du
vote, l'enseignant décide de la marche à suivre
(remédiation, discussions en petits groupes avant un deuxième vote
ou consolidation du concept avant de passer au point du cours suivant). Une
séance de PI suppose que les étudiants aient lu le syllabus avant
le cours. Les auteurs soulignent que développer cette compétence
de lecture est essentielle. |
Question Driven Instruction et Assessment-to-Learn (QDI et A2L)
(Dufresne et al., 1996)
(Beatty et Gerace, 2009)
(Dufresne et Gerace, 2004)
(Beatty et al., 2006) |
Dans cette approche, la question posée est centrale dans le cours et
fait l'objet d'un vote individuel ou par groupe.
Les débats en petit groupe permettent aux étudiants (a)
d'articuler leurs pensées, (b) de se pencher sur leurs propres
idées comme sur celles des autres, (c) d'élaborer une nouvelle
pensée, (d) d'évaluer l'utilité de plusieurs perspectives.
(2 à 10 minutes de concertation permettent la consultation de documents,
la discussion, la recherche d'information...). Les réponses sont
collectées à l'aide des BVE et l'histogramme des réponses
est projeté pour que la classe en prenne connaissance. Après une
discussion en grand groupe l'enseignant clôt la question.
Cette démarche se distingue du PI de deux manières :
d'une part la question ne fait pas suite à une présentation, mais
se substitue à celle-ci et d'autre part, la discussion entre pairs est
organisée avant le vote et non après celui-ci. |
Questions en Séries (QeS)
(Li, 2007) |
Les séries de questions créées se présentent
sous forme de petites séries et sont classées en 2
catégories : "easy-hard-hard" ou "rapid-fire". Dans les deux cas, entre
chaque question d'une même série, l'enseignant projette un
graphique avec les réponses des étudiants, indique la bonne
réponse et complète avec des explications.
Les séries "easy-hard-hard" proposent une question facile permettant
de réduire l'anxiété cognitive des étudiants suivie
d'une question difficile créant un conflit cognitif, suivie d'une
question difficile validant le "saut cognitif" souhaité. Une série
"rapid-fire" propose 3 ou 4 questions de difficulté plus modeste et
croissante pour inciter les étudiants à modifier leur structure
mentale par "assimilation" ou "adaptation". |
Outil descriptifs |
ART-Q
(MacGeorge et al., 2008) |
L'objectif principal de cette recherche est de proposer un outil
d'évaluation d'usage de BVE. Elle aboutit à la construction d'un
questionnaire testé (n=854 étudiants) et validé
statistiquement afin que les recherches futures puissent s'en inspirer. |
(Fies, 2005)
(Fies et Marshall, 2008) |
Modèle C3 (cf. ci-dessous) |
Approches globales de l'usage des BVE |
Feedback, Interaction, engagement des étudiants
(Kay et Knaack, 2009),
(DeBourgh, 2008), (Draper et al., 2002),
(Cutrim, 2008),
(Laurillard, 2002)
(Irving, 2009) |
La rétroaction, souvent associée à la notion
d'évaluation formative, peut désigner le retour d'information du
groupe classe vers l'enseignant, du groupe classe envers lui-même, de
l'enseignant vers le groupe. Les auteurs constatent l'interdépendance des
interactions physiques (activités des étudiants, tâches,
action de répondre à une question en utilisant les BVE) et des
interactions cognitives (feedback, échanges d'idées, dialogues).
Les caractéristiques relevées dans le cas des BVE sont :
l'immédiateté
spécifique à la compétence (connaissance) en cours
d'acquisition (et non liée à une 'norme')
dispensé rapidement après l'évaluation
correctif et explicatif
permettre à l'étudiant de 'suivre' (monitor) sa
progression |
Technology Enhanced Formative Assessment (TEFA)
(Beatty et Gerace, 2009) |
Les auteurs de cette approche tentent de construire une pédagogie qui
serait issue de résultats scientifiques et empiriques. Le cadre
théorique est explicité dans quatre dimensions.
La dimension cognitive est ancrée dans une posture
épistémologique : les connaissances sont construites et non
transmises, cette construction requiert une activité pertinente
nécessitant un effort de l'apprenant, les connaissances préalables
impactent ce processus et une compréhension initiale est locale et non
globale (ces auteurs prennent de la distance vis-à-vis de la notion de
changement conceptuel pour rejoindre les travaux sur l'écologie
conceptuelle).
La dimension sociale est liée au langage comme système
communicatif, comme système interprétatif (donnant du sens) et
comme outil permettant la participation et l'intégration dans la
communauté. Reprenant le cadre d'analyse construit par Scott et Mortimer
en 2003, Beatty et Gerace placent TEFA du côté du discours
dialogique (DD) par opposition au discours autoritaire.
La dimension "des attitudes et des motivations" des étudiants renvoie
aux travaux de Koballa et Glynn qui distinguent 4 façons de motiver les
étudiants : l'incitation comportementaliste, le renforcement
humaniste, la motivation cognitive et la motivation sociale.
La quatrième dimension invoque les travaux de synthèse de
Bransford : How People Learn (1999) qui préconise une approche
learner-centered, knowledge-centered, assessment-centered et community-centered.
Ils baptisent leur approche pédagogique TEFA, Technology Enhanced
Formative Assessment, et l'articulent autour de quatre principes : le
questionnement (voir QDI), la nécessité de discours dialogique
(DD), l'évaluation formative (FA) et une meta-communication (MLC)
(abréviations, voir glossaire). Ils distinguent dans la MLC la
composante :
méta-narrative qui a pour objet le sujet et le déroulement du
cours et qui a pour objectif de rendre les étudiants conscients du
développement du cours ;
méta-cognitive qui promeut la discussion d'ordre
épistémologique et les échanges sur les processus
cognitifs ;
méta-communicative qui a pour finalité de permettre aux
étudiants de participer au fonctionnement de la classe. |
Generative Learning Theory (GLT)
(Roschelle et al., 2004) (Abrahamson et al., 2004)
(Mayer et al., 2009) |
Le cadre théorique (GLT) de cette étude conduit les auteurs
à émettre l'hypothèse que l'usage des BVE comme technologie
éducative entraîne les étudiants dans un processus cognitif
plus approprié, leur permettant :
1. l'augmentation de l'attention durant le cours pour se préparer aux
questions ;
2. l'organisation mentale et l'intégration des nouvelles
connaissances pour répondre aux questions ;
3. le développement de compétences méta-cognitives pour
mesurer leur compréhension et se préparer aux examens. |
Théorie Socio-culturelle
(Penuel et al., 2006a) |
S'inspirant de la démarche de Rogoff, ces chercheurs observent les
activités dans une classe selon trois plans (individuel, interpersonnel,
communautaire). Ils rappellent certains constats de recherches publiées
sur l'usage des BVE pour construire un nouveau système
interprétatif.
Ces constats repris d'autres recherches conduisent ces auteurs à
s'interroger sur les mécanismes d'ajustement de la participation des
enseignants et des étudiants ainsi que sur la justification d'une
nouvelle dynamique de classe. Les auteurs importent alors trois
idées :
1. l'apprentissage des sciences est un processus de transformation de la
participation aux activités socioculturelles elles-mêmes en
mutation : "At the same time that individuals’ participation changes
over time, their own contributions and the kinds of interactions that take place
within activities transform those activities themselves. Individual,
interpersonal, and community development are intertwined, and become the focus
of sociocultural accounts of development." (Penuel et al., 2006a)
2. l'apprentissage des sciences implique de développer la
maîtrise des formes de discours associés à la pratique des
sciences ;
3. la motivation et l'intérêt émergent de motifs
particuliers d'interactions sociales et de l'engagement dans des
activités caractéristiques. La motivation serait
déterminée par une identité particulière
liée au contexte et une activité (tâche académique)
perçue par l'étudiant comme plus ou moins intéressante. |
11.2. Tableau 3: Grille d'analyse plus opérationnelle d'après
le cadre de référence C3.
Type de modèle
Critère |
Plutôt traditionnel |
Plutôt constructiviste |
C1 : concerns
i.e. objectifs d'apprentissages. |
Performance goals :
production de scores (évaluation sommative ou certificative)
jeu de mise en concurrence(type course, jeopardy)
questions de conditionnement(logique behavioriste)
bachotage
bonus aux examens en cas de votes justes |
Mastery goals :
les votes sont significatifs de la pensée de l'étudiant
questions pour la réflexion(logique constructiviste)
évaluation formative
bonus examen en cas de participation aux votes (même en cas de
réponse fausse) |
C2 : centerdness
i.e. motivation de l'enseignant centrée sur son besoin ou sur celui
de l'étudiant. |
Teacher-centered :
mode transmissif de la connaissance (l'élève est une page
blanche)
évaluation sommative (les BVE évitent à l'enseignant la
correction de copies papier)
évaluation sommative (le professeur veut évaluer son propre
cours)
suivi des absences (épargne au professeur de faire l'appel)
accent mis sur l'étendue des contenus traités en cours
vérifier si les devoirs sont faits
améliorer l'évaluation des étudiants sur le cours |
Learner-centered :
les BVE permettent la prise en compte des besoins de l'élève
pratique de l'évaluation formative
recherche les connexions entre les connaissances nouvelles et
antérieures
reconnaît le contexte social dans lequel l'apprentissage se fait
accent mis sur l'assimilation de la matière enseignée
questions pour améliorer la méta-cognition (confiance en soi,
construction de concepts...) |
C3 : Control of Discourse |
Traditional :
l'enseignant garde le contrôle du discours
l'enseignant tient peu compte du vote pour ajuster le déroulement |
Shared :
discussions en petits groupes
discussions en grand groupe
JiTT, contingent teaching, ou adaptation explicite du cours
travail collaboratif ou coopératif |
1 Les travaux francophones que nous
avons trouvés s’intéressent aux méthodes
d’enseignement à l’aide de QCM – par exemple celle
baptisée LQRT pour Lecture-Questions-Réponses-Test. L’usage
des BVE est une possibilité pour appliquer cette méthode
pédagogique. Relativement descriptifs et datant d’une dizaine
d’années, ces documents sont mentionnés dans la section
"Références complémentaires non citées dans
l’article" et n’ont pas fait partie du corpus de cette revue de
littérature.
2 Par recherches ayant aboutit
à des résultats "neutres", nous entendons qu'ils n'ont pas
montré d'effets ; ce qui ne signifie pas qu'ils ont montré
l'absence d'effets.
3 Notons que deux recherches se
distinguent en s'intéressant à un usage des BVE comme outil
d'évaluation sommative (Hancock, 2010) et (Kay et Knaack, 2009).
4 Irving (Irving, 2009) étudie un système technologique proche des BVE : l'enseignant
peut envoyer des QCM qui seront réalisés sur chacune des
calculatrices connectées, les étudiants peuvent poser des
questions et envoyer des copies d'écran à leur enseignant. Elle
analyse les effets de cette technologie éducative dans une perspective
écologique qui, par certains aspects, rejoint la théorie
socioculturelle.
5 Par exemple, alors que certains
enseignants intègrent les BVE dans des stratégies
pédagogiques innovantes, d'autres n'utilisent les BVE que comme
moyen de comptabiliser les absences des étudiants.
6 Pour (Mayer et al., 2009),
il y a deux approches d'une technologie éducative : "In a
technology-centered approach, instructional designers focus on a new technology
and ask, ‘‘How can we apply this technology in education?”
In short, learners and instructors are required to adapt to a new tech-nology.
In a learner-centered approach, instructional designers focus on the learner,
and ask, ‘‘How can the learner’s cognitive processing be aided
by a new technology?” In short, the technology is adapted to become a tool
that expands human cognition. In this study, we take a learner-centered approach
by seeking to foster appropriate cognitive processing in students attending
large lecture classes."(p. 53). Nous pensons que l'approche techno-centered
décrite rejoint dans une certaine mesure l'approche teacher-centered
utilisée dans le modèle C3.
|