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L’accès libre aux revues, articles et
données de recherche : retour sur la première
conférence de l’OASPA
Christophe REFFAY (UMR STEF, INRP - ENS Cachan, Universud)
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RÉSUMÉ : Cette
rubrique a pour but d’informer la communauté francophone en EIAH et
plus largement les lecteurs de la revue STICEF, des débats qui ont eu
lieu lors de la première conférence organisée par
l’OASPA (Open Access Scholarly Publishing Association). L’objectif
principal de cette conférence était de réunir les acteurs
(publics et privés) de la publication scientifique pour rendre compte des
initiatives actuelles, des modèles économiques envisageables et
des services attendus pour l’accès libre aux résultats de la
recherche.
MOTS CLÉS : Accès
libre, publication scientifique. |
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ABSTRACT : This
section is intended to inform the computer supported learning French reading
community and more widely, the STICEF readers, about the debates that took place
during the first European conference organised by the Open Access Scholarly
Publishing Association. The main objective of this first conference was to bring
together the various actors (business and academics) of the scientific
publishing in order to report the arising initiatives, conceivable economical
models and services for open access to the research results.
KEYWORDS : Open
Access, Scholarly Publishing. |
1. Organisation, esprit et institutions
La première
conférence européenne sur l’accès libre aux revues
scientifiques (COASPA, 2009),
organisée par l’OASPA (Open Access Scholarly Publishing
Association, cf. section 1.1) a eu lieu à Lund
(Suède) du 14 au 16 septembre 2009. Elle a réuni environ 130
personnes (chercheurs, représentants du monde de l’édition
et des bibliothèques) de 28 pays. L’ATIEF (pour sa revue STICEF)
était la seule organisation française représentée
à cette conférence. Le comité d’organisation (de
Lund) est aussi l’équipe qui gère le DOAJ (Directory of
Open Access Journals, cf. section 1.2).
Cette conférence a permis aux participants de faire le point sur les
questions de l’accès libre aux publications scientifiques. Quel
modèle économique satisferait les différents acteurs ?
Quelles normes permettraient de s’assurer de la qualité des
publications en accès libre ? Quels services doit-on organiser pour
faciliter l’accès d’une part et assurer la qualité
d’autre part ? Quels sont les outils plébiscités par la
communauté pour soutenir le processus de publication d’une revue en
ligne et en libre accès ? Quelles sont les initiatives existantes et
viables ? Comment peut-on repérer les bonnes pratiques dans le
domaine de l’édition de revues scientifiques en accès
libre ?
Les deux mondes en présence (celui des éditeurs privés
et le monde académique) n’ont a priori pas le même rapport
à l’édition scientifique : les uns tentent d’en
dégager le profit maximum tandis que les autres recherchent la diffusion
la plus large possible. Toutefois, pour des raisons de
compétitivité économique ou de reconnaissance scientifique,
tous ont intérêt à fournir la meilleure qualité
possible. L’esprit de l’OASPA et donc de cette conférence
était de réunir ces deux mondes pour chercher ensemble des
modèles économique et de diffusion qui puissent satisfaire les
deux parties et qui, de surcroît, offriraient aux pays en voie de
développement l’accès gratuit aux publications
scientifiques.
1.1. OASPA : Association de l'édition scientifique en libre
accès
L’association OASPA (Open Access
Scholarly Publishers Association), créée il y a un an, ne
fonctionne pour l’instant que sur le bénévolat de ses
élus mais compte déjà 52 membres, dont 24 membres
associés, et représente collectivement environs 600 revues. Elle a
pour principal objectif de rassembler les acteurs de la publication afin
de :
- Partager les bonnes pratiques, améliorer
l’accès à l’information scientifique, aider les
communautés scientifiques à publier leurs propres journaux en
accès libre ;
- Promouvoir le libre accès tout en collaborant avec les
éditeurs privés. Notons que SPARC publication et Springer sont des
sponsors de l’OASPA ;
- Peser sur les standards techniques du libre accès,
améliorer la transparence des critères de mesure de la
qualité et de la notoriété des revues ou des articles.
Les lecteurs intéressés trouveront sur le site de cette
association (OASPA, 2010) :
la composition de son conseil d’administration, la liste de ses membres,
ainsi que des ressources fondamentales sur la publication en libre accès
(sites, livres, déclarations de Berlin et de Budapest, etc.)
1.2. DOAJ : Répertoire des revues en accès libre
Le DOAJ (Directory of Open Access
Journals) indexe 4667 revues scientifiques dont 1825 qui permettent une
recherche au niveau de leurs articles (DOAJ, 2010). Au 4
février 2010, ce répertoire permettait un accès libre
à 349 869 articles de revues.
Répartition des 4667 revues sur les 107 pays
d'origine
Les gestionnaires du DOAJ, basés à Lund, souhaitent maintenir
une diversité linguistique à travers la liste de ses revues.
Certaines d’entre-elles publient des articles en différentes
langues. Sur les 95 revues répertoriées en France dans le DOAJ, 83
publient des articles en français, 64 en anglais, 14 en espagnol, 4 en
allemand, 4 en italien, 4 en portugais et même une en turc, russe, catalan
ou occitan.
Parmi les critères permettant à une revue d’être
référencée par le DOAJ, on retiendra :
l’accès gratuit en ligne des textes complets (sans période
d’embargo), un processus permettant d’assurer la qualité des
articles publiés (ex : relecture par des pairs) ainsi que la
capacité des éditeurs à fournir toutes les
métadonnées requises. Notons que STICEF figure parmi les 1825
revues offrant toutes les métadonnées utiles à la recherche
au niveau de ses articles, et ce depuis 2003 (retrouvez-la à l’URL
suivante : http://www.doaj.org/doaj?func=findJournals&hybrid=&query=STICEF).
2. Initiatives d’intérêt pour la communauté
2.1. Public Knowledge Project
Le “Public Knowledge Project” (PKP, 2010), est un
projet nord américain fondé en 1998, et dirigé par John
Willinsky (Faculté d’éducation de l’université
de Colombie Britannique). Il a pour objectif général
d’améliorer la qualité de la recherche académique et
publique. Il est financé par divers sponsors en plus des quatre
partenaires fondateurs :
- La faculté d’éducation de
l’université de Colombie Britannique (Canada) ;
- La bibliothèque de l’université Simon Fraser
(Canada) ;
- Le centre canadien d’études en publication à
l’université Simon Fraser ;
- La faculté d’éducation de
l’université de Stanford (Etats-Unis).
Ce projet est connu en particulier pour avoir développé les
logiciels libres Open Journal System (cf. section 2.1.1), Open Conference
System (permettant l’organisation d’une conférence :
site web, soumission, relecture...) et Open Archives Harvester (un
moissonneur de métadonnées compatible avec les archives
ouvertes).
2.1.1. Open Journal System : le système de
référence
Open Journal System (OJS, 2010) est la
référence des outils utilisés par les différents
éditeurs indépendants de revues scientifiques. C’est un
logiciel libre issu du projet PKP (Public Knowledge Project). Ce système
gère tout le processus de suivi depuis la soumission, les relectures, les
relances aux relecteurs, etc., jusqu’à la publication (en libre
accès). Certaines institutions (par exemple, Igitur/Utrecht) ont
même abandonné leur propre outil (développé sur
mesure durant plusieurs années) pour adopter OJS ! Il est
utilisé par plus de 2700 revues publiées en différentes
langues. (Edgar et Willinsky, 2010) fournissent une étude détaillée portant sur un
questionnaire en ligne rempli en mars 2009 par 998 rédacteurs en chefs
utilisant OJS (sur les 2748 invités). Si 93% de ces revues donnent
accès à leurs numéros postérieurs à 1990,
l’une d’entre-elles remonte jusqu’à 1872 pour le
numéro accessible le plus ancien !
2.2. CrossRef, liens et persistance (Bilder, 2009)
CrossRef est l’opérateur (technique) de liaisons entre les
articles scientifiques publiés en ligne en version électronique.
Il travaille pour le compte des éditeurs de revues regroupées
depuis janvier 2000 au sein de l’association PILA (Publishers
International Linking Association). CrossRef est né en juin 2000
comme le premier service collaboratif de liaison des références
DOI (Digital Object Identifier). Le premier objectif était de permettre
aux lecteurs d’un article en ligne chez un éditeur, citant un
article en ligne chez un autre éditeur, d’accéder en un clic
à l’article cité. En ce sens, CrossRef agit un peu comme un
multiplexeur entre les articles (en ligne) et au-delà des
frontières entre les éditeurs (CrossReff, 2010).
Bien qu’il ne gère pas l’archivage des documents
eux-mêmes, il assure la consistance des métadonnées
associées et la persistance du lien entre le DOI et sa localisation
physique.
Aujourd’hui, Geoff Bilder (responsable et inventeur de service chez
CrossRef) montre l’importance d’identifier de façon
persistante et non ambiguë : non seulement les articles scientifiques,
mais aussi les données de recherche, les auteurs, les différents
contributeurs (techniciens, développeurs, relecteurs, éditeurs,
co-auteurs, etc.) des dépôts (numériques) de nature
scientifique. Dans son exposé très pédagogique et
imagé, G. Bilder pointe l’importance sociale (plus que technique)
de cette désambiguïsation (Bilder, 2009).
Il s’intéresse aussi aux types de relations entre les
différents contributeurs, entre les dépôts et ces
contributeurs (paternité ou responsabilité scientifique, etc.).
D’autres services de CrossRef travaillent sur la détection de
plagiat dans le processus de soumission ou sur la citation automatique dans le
processus d’écriture.
Considérant le déluge d’articles scientifiques dans
certains domaines (en médecine : il paraîtrait plus d’un
article par minute !) Jan Velterop montre qu’il n’est plus
possible de connaître toute la littérature d’un domaine et
parfois même d’un seul sujet (le cancer par exemple). De nouvelles
formes de publications, plus concentrées, permettant
d’accéder à l’essence de la connaissance
émergente deviennent nécessaires si l’on souhaite embrasser
un domaine de connaissance. C’est ainsi qu’il suggère de
passer du terme/mot au concept/sens, puis des concepts aux contributions
(théorèmes, résultats, affirmations, découvertes,
etc.). Une contribution serait représentée par un triplet de
concepts, annoté par des attributs permettant de préciser les
relations entre les 3 concepts, mais aussi la provenance, les auteurs, la date
de publication, la crédibilité, etc. Le tout pourrait être
représenté dans un langage à balises tel que RDF
(Resource Description Framework) pour constituer un petit réseau
(ontologie) que l’auteur appelle nano publication. C’est
seulement l’essence de l’article représentée sous
cette forme que l’on devrait mettre en accès libre pour tous les
articles et non pas nécessairement le texte complet des articles :
ce qui pourrait convenir aux éditeurs privés autant qu’aux
éditeurs publics. Ainsi disponibles, ces nano publications pourraient
être traitées de façon automatisée pour
interconnecter ces minis ontologies et aider les chercheurs (avec ces outils)
à mieux embrasser leur champ de recherche et réaliser certaines
connexions que le flot actuel les empêche de faire.
Toutefois, ces travaux ne semblent pas définir sérieusement la
distance entre deux concepts ni les critères de choix entre produire un
nouveau concept ou modifier les attributs d’un concept existant.
2.4. SCOAP3 : le consortium des physiciens (Mele, 2009)
On trouve dans les missions du CERN (Organisation Européenne pour la Recherche Nucléaire ; CERN, 2010) la coordination des états dans la recherche scientifique sur le
nucléaire « ... et les résultats de ses travaux
expérimentaux et théoriques sont publiés ou de toute autre
façon rendus généralement accessibles. » La
tradition des scientifiques dans le domaine de la physique de haute
énergie, depuis les années 1960, était de partager les
publications « sous presse » ou "preprints". En
effet, la lenteur du processus de publication dans les revues scientifiques
était incompatible avec le rythme accéléré des
découvertes du domaine. C’est d’ailleurs ce besoin qui a
motivé Tim Berners-Lee en 1989, aidé de Robert Cailliau en 1990
pour définir le World Wide Web. On ne peut donc pas
s’étonner que cette même organisation vienne
aujourd’hui nous faire des propositions sur un modèle de
publication en accès libre !
Une étude de 2007, menée auprès de 2000 chercheurs en
physique nucléaire, a montré qu’ils effectuent 0,1% de leurs
recherches d’articles sur les bases de données commerciales des
éditeurs privés, 50% dans la plateforme de la communauté
(Spires), 40% dans les archives ouvertes et 8% passent par Google pour arriver
dans les 2 précédentes. Dans (Gentil-Beccot et al., 2009),
les auteurs (dont Salvatore Mele) montrent que 97% des articles de cette
communauté étaient disponibles gratuitement sous forme de preprints. Ils montrent aussi que les articles disponibles en preprints sont cités 5 fois plus que les autres, mais surtout que
le pic de citation des preprints a lieu avant
l’échéance de la parution en revue.
La proposition faite lors de cette conférence par Salvatore Mele
portait plus sur le modèle économique envisagé par SCOAP3
(Sponsoring Consortium for Open Access Publishing in Particle Physics).
Le service essentiel apporté par les revues étant la relecture par
les pairs (dont le coût moyen est évalué à
2000€ par article), le consortium paierait les 10 millions d’euros
annuels aux différentes revues. Le financement serait apporté par
chaque pays au prorata du service de relecture demandé (nombre de
soumissions). En contrepartie, le consortium reverserait les publications (plein
texte) aux archives ouvertes sans que cela coûte plus à la
communauté scientifique (du domaine). Le consortium a déjà
réuni 65% du budget requis en impliquant 22 pays. Nous pouvons leur
souhaiter bonne chance dans l’obtention de la masse critique qui leur
permettra de rendre 100% des publications de leur domaine libres et accessibles
par tous. Notons qu’au 18 février 2010, ils ont atteint 68,2% du
budget et le Portugal est le 23e pays à entrer dans ce
consortium (SCOAP3, 2010).
3. Table ronde : « Open Data » :
données libres
Des trois panélistes, deux étaient
américains (David Salomon et John Willinsky) et un anglais (Iain
Hrynaszkiewicz). Le point de départ de la discussion est d’abord
l’annonce par D. Salomon de la publication récente d’un
numéro spécial de la revue Nature (Nature, 2009) qui souligne que la communauté scientifique est a priori favorable au
partage des données de recherche, mais que les serveurs de données
restent vides. Iain Hrynaszkiewicz nous montre ensuite les nombreux avantages et
possibilités qu’offre le partage des données de
recherche : test d’hypothèses secondaires ; accumulation
et agrégation des résultats homogènes à travers
différentes analyses ; vérification indépendante des
résultats ; calibrage d’outils ou de futures études sur
la base de données similaires antérieures ; apports des
données dans l’enseignement ; aide à
l’identification et à la réduction des erreurs et des
fraudes scientifiques ; augmentation des citations et de la
dissémination des résultats ; gain de productivité en
évitant la duplication d’expérience pour la duplication
d’analyses ; agrégation d’analyses
complémentaires sur les mêmes données ; apport aux pays
en voie de développement (n’ayant pas les moyens de conduire les
expérimentations). Malgré ces promesses, et comme le constate Bryn
Nelson dans (Nelson, 2009),
il reste de nombreux freins au partage des données de recherche, ayant
deux origines principales : la résistance des chercheurs
(coût/effort de préparation des données, usage commercial,
perte des droits intellectuels, risques de mauvaise interprétation, ...)
et les règles de protection des sujets humains (confidentialité,
risque de stigmatisation) sans sous-estimer les possibilités de
croisement de différentes bases de données qui permettraient
d’identifier une personne qui ne peut l’être dans aucune des
bases prises seule (Sweeney, 2002).
John Willinsky, à la fin de cette table ronde, suggère 3
pistes : 1) développer et renforcer les codes de bonne conduite des
chercheurs (dépositaires et usagers), des financeurs et des revues ;
2) mettre au point des standards et des logiciels pour aider les chercheurs
à préparer leurs données au partage ; 3)
développer des procédures spécifiques pour assurer la
protection des sujets humains quand les données sont partagées. Il
cite rapidement le projet "DataVerse Network" (King, 2007) qui
permet d’héberger les données. Iain Hrynaszkiewicz
considére que les logiciels et les infrastructures pour le partage des
données peuvent exister indépendamment des éditeurs. Compte
tenu des moyens technologiques actuels, John Willinsky suggère que les
chercheurs s’interdisent les formules comme « l’espace de
publication étant limité, nous ne pouvons malheureusement
l’illustrer sur un exemple... » et utilisent désormais
des dépôt de données comme "Spaces of exhibition".
L’évaluation par des pairs doit s’étendre à
d’autres formes de publication que les articles de recherche pour inciter
les chercheurs à utiliser ces nouveaux espaces de partage et de
communication.
La question de l’anonymat des personnes ayant participé à
une expérimentation est illustrée sur des recherches en
médecine, où les règles de bonne conduite stipulent
qu’aucune information directe sur l’identité (nom, initiales,
adresses, informations de contact : téléphone fax, courriel,
identifiant unique, immatriculation de véhicules, identifiants
médicaux, données biométriques, image faciale,
enregistrement audio, noms des proches, dates personnelles) ne peut figurer dans
un dépôt public. Tandis que le nombre d’informations
indirectes (médecin, hôpital, sexe, maladie ou traitement rare,
information sensible, lieu de naissance, données sociométriques
(emploi, salaire, niveau d’études), composition de la famille,
mesures anthropométriques, grossesses, ethnie, petits
dénominateurs (population<100), effectifs<3, âge ou
année de naissance, transcriptions mot pour mot) serait limité
à trois. Mais sur ce thème, J. Willinsky propose plus de
souplesse car dans certaines études en sciences sociales, les attributs
de la personnalité sont indispensables, il arrive même que les
participants (tuteurs, enseignants) souhaitent être explicitement
référencés comme acteurs d’une
expérimentation. Plus généralement, il suggère que
soit mesuré le quotient bénéfice/risque avant
d’autoriser ou d’interdire la publication des ensembles de
données.
L’intervention (dans le public) la plus intéressante fût
celle de Martin Rasmussen qui nous a relaté les pratiques du journal "Earth System Science Data". Cette revue ne peut accepter un article de
recherche que si un papier court (signé de tous les contributeurs du
dépôt de données) associé aux données
déposées a été préalablement accepté.
Ce processus offre deux avantages : les données sont disponibles
dès la parution de l’article de recherche, et tous les
contributeurs de l’ensemble de données obtiennent une
reconnaissance par le fait qu’ils sont auteurs du papier court. Ce papier
court a pour objet d’expliquer l’organisation des données
dans le dépôt, d’éclairer la communauté sur les
conditions de recueil et le contexte de l’expérience, et de fournir
toute information permettant une meilleure utilisation des données et
surtout une meilleure interprétation des analyses (secondaires) qui
pourraient en découler.
4. Conclusions
Dans son allocution introductive, Paul Peters (Peters, 2009) avait montré que la publication en accès libre a fait de grandes
avancées depuis 2005. Ainsi, le nombre de revues accessibles gratuitement
en ligne a considérablement augmenté. Elles ont donné
accès à 90000 articles en 2008 contre 50000 en 2005. Il ajoute que
5 revues (dont 4 issues de PloS1) en
accès libre sont classées au premier rang des revues scientifiques
les plus prestigieuses.
Les présentations et discussions de cette conférence ont permis
de saisir les enjeux des grandes mutations qui agitent actuellement le monde de
l’édition scientifique. Bien au-delà des clivages entre
organismes publics et sociétés privées, on voit comment et
combien l’accès libre aux publications bouleverse les modes
d’évaluation mais aussi les modèles économiques pour
les différents acteurs. À l’accès en ligne des
articles, peuvent s’ajouter de nombreux services (CrossRef, Nano
publications, Dépôts de données de recherche, etc.) capables
de modifier les modes de représentation et d’usage de nos
publications. Si les technologies du web n’ont pas encore
été pleinement exploitées dans le monde de
l’édition scientifique, c’est sans doute parce que les
acteurs n’avaient pas encore su/voulu partager leurs ressources pour
démultiplier les effets de citations et de référencement
par exemple.
Mais les initiatives (OAI, DOAJ, OASPA, SCOAP3...), qui rassemblent la
communauté scientifique pour un accès libre aux publications, ont
aujourd’hui un impact tel que l’équilibre des forces dans le
monde de l’édition est lui-même bouleversé. Alors que
les revues d’autrefois (indétrônables), faisaient payer aux
lecteurs le prix de leur prestige, les modèles émergeants
permettraient une certaine redistribution des cartes (argent et pouvoir) en
privilégiant la transparence des informations concernant les processus de
relecture. Le contre-pouvoir instauré par ces projets et amplifié
par le succès qu’ils remportent auprès de la
communauté scientifique (premier acteur de la production des savoirs
savants) oblige, d’une certaine façon, tous les acteurs à se
réunir pour collaborer à l’élaboration des nouvelles
règles. L’OASPA, qui prétend rassembler l’ensemble de
ces acteurs pour peser sur les nouvelles règles, compte bien donner au
libre accès ses lettres de noblesse.
Enfin, si les modèles de diffusion des savoirs savants sont
aujourd’hui profondément remis en question, c’est aussi parce
que l’article n’est plus la seule forme de contribution scientifique
reconnue : les données de recherche, exposées dans des
cahiers de laboratoire ou consignées dans des corpus
d’expérimentation, liés aux résultats décrits
dans les publications, deviennent partageables, accessibles et donc
réinterrogeables par d’autres pour questionner les résultats
plus en profondeur.
5. Remerciements
Je tiens à remercier l’ATIEF et le
projet ANR Mulce (http://mulce.org) pour
m’avoir permis d’assister à cette conférence.
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