Contact :
infos@sticef.org
|
La recherche sur les forums de discussion en milieu
éducatif : critères de qualité et qualité des
pratiques
France HENRI*, Daniel PERAYA**, Bernadette
CHARLIER***
*
TÉLUQ/UQAM, **Université de Genève, *** Université
de Fribourg.
|
RÉSUMÉ : D’ordre
méthodologique et théorique, cet article problématise la
recherche sur les forums de discussion en contexte éducatif sous trois
aspects caractéristiques: la diversité des approches
disciplinaires, la complexité de l’objet étudié et
l’adéquation incertaine des critères utilisés pour
juger de la scientificité des recherches. Sur la base de cette
problématisation, il ébauche un cadre
d’interprétation qui permette de différencier les recherches
et de les juger selon des critères adaptés.
MOTS CLÉS : Forum
de discussion, méthode de recherche. |
|
ABSTRACT : From
a methodological and theoretical perspective, this article analyses the
problematic of research on computer conferencing in an educational context from
three characteristics aspects: the diversity of disciplinary approaches, the
complexity of the object under study, and the uncertain appropriateness of the
criteria used to judge the scientific quality of researches. From this
problematic, an interpretation framework is developed allowing for the
differentiation of researches and their evaluation based on appropriate
criteria.
KEYWORDS : Computer
conferencing, research method. Introduction |
La recherche sur les forums de discussion en contexte
éducatif se caractérise par la pluralité de ses approches
disciplinaires et par la diversité des objets, des problématiques,
des questions et des méthodologies. Ces regards multiples sur le forum
témoignent de la richesse et de l’étendue des travaux dans
le domaine ainsi que de leur hétérogénéité.
Mais au moment de faire le bilan des travaux, d’une recherche à
l’autre, certains résultats peuvent paraître contradictoires
ou mitigés. Se dégage alors une impression de tourner en rond, de
ne pas progresser, accompagnée des critiques sur la qualité
scientifique de ces recherches. Ces critiques sont les indicateurs d’un
problème dont on ne peut dire avec certitude s’il est attribuable
au manque de rigueur scientifique des chercheurs ou s’il relève de
l’inadéquation des critères utilisés pour juger ces
recherches. Comment alors évaluer la qualité des travaux ?
Face à leur diversité, comment comprendre les limites et
l’organisation de la recherche sur le forum de discussion en milieu
éducatif, et comment faire une exploitation féconde des
résultats ?
Notre contribution poursuit une réflexion sur la recherche sur les
forums afin de mettre en lumière son organisation conceptuelle et ses
finalités. Elle est le fruit d’une collaboration issue des
colloques Symfonic1 (Henri et Charlier, 2005), (Peraya, 2005) et
JOCAIR2 (Henri et al., 2006).
D’ordre méthodologique et théorique, elle
problématise la recherche sur les forums de discussion sous trois
aspects caractéristiques : la diversité des approches
disciplinaires, la complexité des dimensions étudiées et
l’adéquation incertaine des critères utilisés pour
juger de la scientificité des recherches. Sur la base de cette
problématisation, elle ébauche un cadre
d’interprétation qui permette de discriminer les recherches et de
les juger selon des critères adaptés.
Notre travail s’organise ainsi. Dans la première partie, il nous
paraît important de situer ces recherches dans leurs horizons
disciplinaires et dans le contexte plus général des études
des interactions verbales dans le champ des sciences de
l’éducation. Nous rappelons ainsi dans quelles perspectives les
interactions verbales entre « maîtres et
élèves » ont été, pendant longtemps, un
objet de recherche en sciences de l’éducation. Dans la
deuxième partie, nous mettons en évidence les quatre principales
dimensions de la recherche sur les forums en contexte éducatif – le
dispositif médiatique, les interactions verbales, le dispositif
pédagogique et l’instrument – permettant de comprendre la
diversité des approches théoriques et méthodologiques et
pourquoi il est vain de vouloir standardiser ces recherches et de tenter de leur
appliquer des critères de qualité communs. Par la suite, dans la
troisième partie, nous nous intéressons aux résultats des
travaux de recherche sur le forum comme lieu d’apprentissage en nous
interrogeant sur l’origine de la disparité des résultats
obtenus par les chercheurs. Dans la quatrième partie, pour
concrétiser les enjeux concernant le choix des critères de
qualité, nous étudions le cas des travaux d’analyse de
contenu des forums à travers les critiques formulées par deux
équipes de chercheurs qui s’appuient sur le paradigme
post-positiviste propre aux recherches quantitatives en éducation.
Inspirée par une approche qualitative, la cinquième partie se veut
une réflexion plus générale sur les critères de
qualité de la recherche qui tient compte de la spécificité
des recherches sur le forum en milieu éducatif. Avant de conclure, nous
terminons notre démarche d’analyse par la présentation, dans
la sixième partie, d’une typologie des forums qui permet de
différencier les recherches et de proposer des critères de
qualité adaptés.
Nous voulons par ce travail prendre du recul par rapport au forum de
discussion comme objet d’étude pour mieux le comprendre comme objet
de recherche. Notre approche est guidée par une démarche
compréhensive et n’a pas de prétentions explicatives ou
prescriptives. Nous espérons que cette étude puisse susciter un
échange entre chercheurs sur les critères de qualité
utilisés pour évaluer les recherches. Nous souhaitons
également que ce partage puisse encourager une réflexion sur les
pratiques de recherche et contribuer à relever les défis
méthodologiques et théoriques qui se posent. La finalité de
notre entreprise est l’amélioration de la qualité des
recherches sur le forum en contexte éducatif.
1. Les interactions verbales au cœur des recherches en sciences de
l’éducation
Au moment d’analyser les recherches sur les
forums en contexte éducatif, il nous paraît important de restituer
ces recherches dans le contexte plus général des études des
interactions verbales dans le champ des sciences de l’éducation. En
effet, les interactions verbales n’y constituent pas un objet
d’analyse nouveau. C’est que, enseigner comme apprendre sont deux
activités indissociables du langage, de la production discursive et donc
de la communication.
1.1. Les interactions comme objet de recherche en sciences de
l’éducation
La formation des enseignants a longtemps été centrée sur
les capacités d’expression de ces derniers, une tendance
renforcée par une certaine pratique du micro-enseignement au cours des
années 1960. Rappelons à ce sujet que dès ces
années-là, l’observation des interactions verbales a
constitué l’une des approches de la formation des enseignants (Flanders, 1960), (Flanders, 1963), (Fauquet et Strasfogel, 1972), (Postic, 1977), (Crahay, 1979), (Postic et De Ketele, 1988) mais aussi de la recherche en éducation (Delandsheere et Bayer, 1974).
Ces pratiques de formation comme les recherches qui y sont liées sont
nées avec l’engouement pour les objectifs pédagogiques et
l’étude des actes d’enseignement associés au
développement des théories de la linguistique et de
l’apprentissage. On peut les situer dans un cadre de
référence articulant trois volets : la psychologie
comportementaliste qui fournit les modèles théoriques de
référence, le micro-enseignement qui propose un modèle
méthodologique de formation des enseignants et la technologie de la
vidéo légère qui facilite le recueil et
l’exploitation des traces.
Dans un ouvrage de synthèse, Wagner (Wagner, 1988) identifie deux courants de recherche et de pratique relatifs à
l’observation des comportements d’enseignants. Un seul nous
intéresse dans ce contexte. Il concerne les chercheurs et formateurs qui
observent les interactions verbales et non verbales soit des enseignants
soit des apprenants afin d’améliorer les conditions du processus
d’enseignement/apprentissage. Les interactions verbales sont alors
considérées comme des indicateurs des comportements
pédagogiques le plus souvent souhaités, voire prescrits. Elles
sont identifiées et analysées à partir de modèles
psychopédagogiques a priori issus de la littérature ;
elles servent de moyens d’accès à la
« réalité comportementale » des enseignants
qui constitue, dans une perspective de formation ou de recherche, l’objet
de l’analyse. Les interactions ne présentent donc aucun
intérêt pour elles-mêmes et les chercheurs ne
possèdent encore aucun instrument d’analyse qui pourrait rendre
compte d’une dynamique communicationnelle propre. Telle est par exemple l’Interaction Analysis (Flanders, 1964).
Nous retiendrons de cette très brève synthèse, deux
aspects intéressants pour notre propre démarche. Ces travaux
montrent qu’il existe une certaine tradition en sciences de
l’éducation pour laquelle les interactions et les échanges
verbaux entre les enseignants et les apprenants sont considérés
comme l’un des paramètres modifiable de la situation
d’enseignement/apprentissage. Ensuite, les praticiens-chercheurs
engagés dans ce courant semblent s’intéresser aux
interactions autant qu’à leur capture. Ils
s’intéressent donc au dispositif vidéoscopique et à
sa scénarisation afin d’améliorer le recueil des
interactions verbales et non verbales, mais aussi dans le but de saisir leur
complémentarité et leurs effets mutuels (Peraya, 1976),
(Peraya,1980).
1.2. Les interactions pédagogiques comme objet de recherche en
sciences du langage
Dans les travaux évoqués ci-dessus, les chercheurs, avaient peu
d’intérêt pour l’analyse des interactions per
se. Mais l’évolution de la linguistique et de ses outils
d’analyse a progressivement permis que se modifie l’analyse des
interactions pédagogiques. La linguistique évolue à travers
la théorie des actes de langages d’Austin et de Searle (Austin, 1962), (Austin, 1970), (Searle, 1972), (Searle, 1982) vers la linguistique pragmatique, la pragmatique, l’analyse
conversationnelle et l’analyse interactionnelle. On
s’intéresse donc d’une part, au langage tel qu’il est
« actualisé dans une situation
d’énonciation » (Kerbrat-Orechioni, 2001)(p.
1) et d’autre part, au langage « comme moyen d’agir en
contexte interlocutif » (ibidem.). L’analyse des interactions
verbales en situation, considérées comme un objet en soi,
connaît dès lors un important développement sur lequel
pourra s’appuyer l’analyse des interactions verbales en situation
d’enseignement / apprentissage (Sinclair et Coulthard, 1975).
On rappellera aussi la tentative d’intégration de ces nouveaux
cadres de référence en pédagogie, notamment pour la
formation des enseignants proposée par Guislain (Guislain, 1990) dans son ouvrage Didactique et communication. Il tente d’articuler la
théorie des actes de langage à celle des actes pédagogiques
considérant la communication pédagogique comme une forme
particulière de communication persuasive. Il existe une importante
littérature dans ce domaine qui considère les interactions
verbales en contexte pédagogique comme un type de discours et comme un
genre de texte particulier. Dans cette perspective, Bronckart et ses
collaborateurs (Bronckart et al., 1985) ont mis en évidence les caractéristiques linguistiques du discours
pédagogique.
Nous ne développerons pas autrement la présentation de ce
courant de recherche dans la mesure il concerne essentiellement le champ des
sciences du langage. Cependant, il a produit des outils que se sont
appropriés certains chercheurs en sciences de l’éducation
pour asseoir théoriquement et méthodologiquement leurs analyses
des interactions pédagogiques. Les sciences du langage ont donc
apporté aux chercheurs les outils qui leur manquaient dans les
années 1960 (voir ci-dessus, 1.1).
1.3. Les interactions pédagogiques comme objet de recherche en
technologie de l’éducation
Par ailleurs, le champ de la communication médiatisée,
né avec l’audiovisuel classique, évolue avec les
technologies, l’informatique, la téléinformatique et
Internet qui permettent d’interagir à distance selon
différentes modalités – synchrone ou asynchrone,
monologique, dialogique ou polylogique, etc.– et aussi de conserver les
traces écrites des échanges produits. On voit alors se multiplier
les études sur l’analyse des interactions médiatisées
dans le cadre des computer conferencing (Mason et Kaye, 1989), (Kaye, 1992), (Waggoner, 1992) en même temps que se développent les analyses de l’impact du
dialogue sur les processus cognitifs (Beun et al., 1996).
Ces recherches bénéficient elles aussi de l’apport des
modèles issus des sciences du langage.
Au même moment, l’évolution des modèles
d’apprentissage vers le socioconstructivisme s’appuie sur le
potentiel pédagogique de ces technologies considérées comme
une informatique de communication (Henri et Lundgren-Cayrol, 2001).
Aussi assiste-t-on à une convergence de modèles
psychopédagogiques émergents, de nouveaux cadres d’analyse
du langage et enfin d’un important développement
d’environnements instrumentant, médiatisant, la communication et
les interactions en contexte d’apprentissage. L’ensemble de ces
facteurs a sans doute contribué au développement des recherches
dans le champ de la communication pédagogique médiatisée et
à l’articulation de celui-ci avec le champ plus large de la
technologie de l’éducation.
On le voit, la diversité des approches et des points de vue
disciplinaire (sciences de l’éducation, linguistique, analyse
conversationnelle, analyse interactionnelle, sciences de la communication, etc.)
d’une part, les différents dispositifs médiatisés de
communication (forums, chat, classes virtuelles, etc.) d’autre part, nous
obligent à définir avec précision l’objet sur lequel
nous allons travailler, c’est-à dire l’analyse des
interactions pour elles-mêmes ou comme indicateur pour la connaissance de
tout autre phénomène qu’elle pourrait éclairer.
2. Le forum comme objet de recherche
Dans la partie précédente, nous avons
rappelé quelques jalons qui nous semblent essentiels dans
l’histoire de l’analyse des interactions pédagogiques depuis
plus de 40 ans. Nous présentons maintenant les cadres théoriques
qui, dans leur diversité, leur complémentarité ou parfois
leur incompatibilité, ont fondé les recherches ayant pris le forum
et/ou les interactions qui s’y déroulent, comme objet. Nous nous
focalisons sur les cadres théoriques de référence et les
conceptualisations que proposent ces recherches de divers horizons
disciplinaires. Nous distinguons ainsi quatre grands points de vue selon la
définition donnée à l’objet d’étude
central : celui de la communication médiatisée – le forum
comme dispositif médiatique –, celui de l’approche
interactionnelle – le forum comme lieu d’interactions verbales
–, celui des perspectives pédagogiques – le forum comme lieu
d’apprentissage – et enfin celui de l’approche instrumentale
– le forum comme instrument.
2.1. Le forum comme dispositif médiatique
Nous identifions ici un premier cadre théorique de
référence issu de recherches sur des forums en milieu
éducatif menées en général par des chercheurs
extérieurs au champ des sciences de l’éducation. Ces travaux
cherchent soit à définir le forum comme un dispositif de
communication médiatisée propre soit comme une pratique
sociodiscursive particulière. Les problématiques
pédagogiques n’y interviennent que secondairement. La situation
pédagogique est conjoncturelle ; elle constitue le contexte
situationnel dans lequel s’instancie le forum et se développe une
pratique sociodiscursive. Les processus d’enseignement et
d’apprentissage ne sont pris en compte, éventuellement, qu’au
titre de conséquence de l’économie du forum.
2.1.1. Définir et caractériser le forum comme dispositif
médiatique
Pour Mangenot (Mangenot, 2004),
un forum se caractérise par les dimensions suivantes : communication
écrite, asynchrone, publique et structurée. Contrairement à
la communication écrite et synchrone, les caractéristiques
stylistiques de la langue écrite sont conservées, sans doute
à cause du caractère permanent, public des textes produits, mais
aussi à cause de leur caractère rééditable.
L’asynchronicité se couple d’une permanence des messages et
permet de parler à la fois d’extériorisation et de partage
de la cognition (Mangenot, 2004), (Henri et Lundgren-Cayrol, 2001).
Enfin, reprenant à son compte les positions de Marcoccia (Marcoccia, 1998),
Mangenot considère que le polylogue constitue une des
caractéristiques majeures de ce dispositif de communication : toute
intervention est en effet publique puisque le mutli-adressage en est la norme.
Cette définition est indissociable du cadre de la communication
médiatisée, développé sur la base des
théories de la communication et des sciences du langage. Ces recherches
proposent un cadre générique qui modélise les
différentes dimensions des dispositifs
techno-sémiopragmatique3 (Peraya, 1994), (Peraya, 1998), (Meunier et Peraya, 2004) afin de pouvoir analyser la configuration des dispositifs et les effets
qu’ils induisent sur les processus cognitifs et relationnels
déployés dans la communication médiatisée. Aussi ces
travaux cherchent d’abord à intégrer les contraintes
technologiques, matérielles et logicielles du dispositif qui
déterminent certaines conditions ou modalités de son
fonctionnement, entre autres, les conditions d’accessibilité et
d’intelligibilité de la communication. Ils visent ensuite à
analyser les effets produits par le dispositif de communication
médiatisée sur ses utilisateurs, principalement en termes de
médiations sémiocognitive et relationnelle.
Les recherches sur le forum qui s’inscrivent dans ce courant se situent
donc dans un cadre de référence plus large et plus global, celui
de la communication médiatisée. Le propos consiste à
définir ce qu’est un forum et à analyser clairement ses
caractéristiques en tant que dispositif
« techno-sémiopragmatique » ainsi que ses effets sur
ses utilisateurs. Autrement dit, on cherche à décrypter comment le
forum articule des aspects techniques, sociaux, relationnels et
sémiocognitifs dans une pratique sociale de communication.
2.1.2. Le forum, un dispositif médiatique aux contraintes et effets
spécifiques
Du point de vue de la théorie de la communication, comment
caractériser plus précisément les forums ? Plusieurs
études tentent de répondre à cette question en analysant,
par exemple, les formes de présence à distance ou de
téléprésence (Jacquinot, 2002), (Jacquinot, 2006), (Weissberg, 2003).
Considérés sous cette angle et au sens de la théorie de
l’information, les forums apparaissent comme des dispositifs
générateurs de
« bruits »4 qui
appauvrissent la communication. Parce qu’ils ne mobilisent que le canal de
la communication écrite médiatisée (ce que l’on nomme
la monocanalité) et imposent la prévalence de
l’énoncé sur l’énonciation (absence du contexte
et de la situation d’énonciation), ils provoquent la perte de toute
information analogique de la communication (modalités vocales, traits
suprasegmentaux, mimiques, contact oculaire, gestuelle, etc.). Au sens de Mac
Luhan, (Mac Luhan, 1964) il s’agirait d’un média froid, à faible
définition, qui ne donne que très peu d’informations
à ses destinataires et oblige ces derniers à suppléer,
à compléter l’information reçue.
D’autres travaux adoptent une perspective comparative en cherchant
à montrer quels sont les dispositifs les plus adaptés aux
différentes situations de communication que l’on rencontre. Leur
référence est toujours la situation de communication en
face-à-face et c’est par rapport à cette dernière
qu’ils analysent les différents dispositifs de communication
médiatisée (dont le forum) selon les contraintes imposées
par leurs caractéristiques techniques et l’influence que ces
dernières exercent sur les conditions de communication. Il est alors
possible de mieux situer les forums parmi l’ensemble de ces
dispositifs.
Dans cette perspective, Clark et Brennan (Clark et Brennan, 1991) ont défini l’influence de huit dimensions du média sur le
mécanisme de grounding dans le contexte de la conversation
médiatisée. Le grounding, rappelons-le, est le processus
à travers lequel les interlocuteurs coordonnent et partagent
nécessairement un vaste ensemble d’informations afin de pouvoir
construire une interaction verbale et la compréhension de son contenu.
Les huit dimensions que les auteurs appellent les « paramètres
d’accessibilité » correspondent aux
« contraintes qu’un médium peut imposer à la
communication entre deux personnes A et B » (Clark et Brennan, 1991) (p. 140, notre traduction). Ce sont : 1) la coprésence, 2) la
visibilité (se voir) ; 3) l’audibilité
(s’entendre) ; 4) la co-temporalité (l’absence de
délai entre l’émission par A et la réponse de
B) ; 5) la simultanéité (la possibilité pour les
interlocuteurs de recevoir et d’émettre en même temps) ;
6) la séquentialité (la succession des tours de paroles sans
interruption par des interlocuteurs extérieurs) ; 7)
l’accès au message – reviewability –
(la possibilité de le relire, d’avoir accès au message
après son émission) ; 8) la révision
– revisibility – (la possibilité de corriger
et de retravailler son message avant sa transmission). Comparant le
téléphone, la vidéoconférence, le forum, les
répondeurs téléphoniques ou les boîtes vocales, le
courrier électronique, enfin les lettres), les auteurs mettent en
évidence un appauvrissement progressif des dispositifs puisque les deux
derniers ne permettent plus que les deux dernières
caractéristiques alors que la communication en face-à-face
possède les six premières. Le forum quant à lui se
caractérise par les dimensions 6, 7 et 8. De cette relative
pauvreté dépendent les mécanismes alternatifs ou palliatifs
de grounding dont le coût varie pour les interlocuteurs ce qui
modifie donc, pour eux, le coût global d’utilisation du
dispositif.
Les travaux de Daft et Lengel (Daft et Lengel, 1984),
relèvent d’une intention fort semblable. Ils cherchent, à
partir de l’identification de critères techniques et à leurs
effets, à analyser le degré d’adaptation des dispositifs de
communication médiatisée aux ambiguïtés
qu’induit la médiatisation de la communication. Les auteurs
proposent la théorie dite de la richesse des médias : plus un
média est riche, plus il conviendrait aux situations de communication
équivoque. Cette approche a été retravaillée et
adaptée à la communication médiatisée par ordinateur
notamment par Dennis et Valacich (Dennis et Valacich, 1999) sous le nom de théorie de la synchronicité. Pour classer les
dispositifs étudiés, ces deux derniers auteurs proposent divers
critères liés aux modalités techniques de conception et de
diffusion des messages. Certains de ces critères – la
possibilité de révision (rehearsability) ou le potentiel de
retraitement et de réutilisation du message (re-processability)
par exemple – rappellent d’ailleurs ceux de Clark et Brennan
(1991). Selon cette classification, les limites des forums et des asynchronous groupware sont déterminées par un niveau bas
relativement au feedback, un niveau moyennement haut pour la
variété des médias mais un niveau relativement haut
relativement aux critères restants (parallèlisme, rehearsability, re-processability). Ces auteurs, sur la base des
travaux de McGrath (McGrath, 1991) vont complexifier encore ces taxonomies en intégrant les critères
liés aux tâches dans le groupe (production, bien-être et
soutien des membres du groupe) ainsi qu’à l’objectif
proposé en termes de convergence (construction d’une
compréhension commune) ou de dissémination (diversité
d’informations pertinentes adaptées à la réalisation
de la tâche). Enfin, Henri et Lundgren-Cayrol distance (Henri et Lundgren-Cayrol, 2001) (p.71-76) ont mis en évidence diverses limites propres au forum dans
son usage pédagogique : a) cognitives, (représentation
linéaire des interventions qui ne peut représenter le processus
récursif de la pensée), b) réflexives (retour sur les
traces peu voire pas pratiqué par les participants), c)
conversationnelles (usage exclusif du langage verbal et standardisation des
forums quelles que soient les activités qui y sont menées) et
enfin d) relationnelles (limite de la présence sociale) du forum dans le
cadre de la collaboration à.
Toutes les études que nous avons évoquées ci-dessus ont
un point commun : elles cherchent à analyser le degré
d’adéquation d’un artefact technique (un dispositif
techno-sémiopragmatique) à une situation de communication
médiatisée et à mettre en évidence leurs limites en
regard de la situation de communication en présence. Par contre, il ne
semble pas que l’attitude la plus répandue qui consiste à
tenter de pallier ces défauts et de réparer les conditions
défectueuses de la communication soit la plus prometteuse. Il faudrait
sans doute s’affranchir des modèles existants et tenter de trouver
d’autres voies exploitant ces différences pour ce qu’elles
apportent réellement.
2.2. Le forum comme lieu d’interaction verbale en situation
pédagogique
L’approche interactionnelle nous ramène au centre de
l’analyse des interactions considérées comme objet
d’étude principal. Nous avons indiqué (ci-dessus, 2.2.)
combien l’analyse des interactions verbales avait évolué
avec les développements de la linguistique elle-même. Au cours de
ces dernières années, de nouvelles questions, de nouvelles
problématiques ont surgi. Ces recherches sont menées en
général par des linguistes qui prennent les interactions verbales
et le « texte » pédagogique comme un corpus
particulier, parmi les nombreux autres corpus qu’ils traitent.
2.2.1. Définir et analyser une pratique sociodiscursive
particulière
L’analyse de l’interaction verbale dans la perspective
d’une pratique sociodiscursive particulière s’ouvre
aujourd’hui sur de nouvelles références théoriques et
méthodologiques. L’approche conversationnelle s’est ainsi
enrichie de l’apport des théories de l’action et de la
praxéologie (Cerisier, 2000).
C’est aussi la perspective adoptée par Dejean (Dejean, 2004) dans sa thèse récente : « L’organisation
discursive ne peut être envisagée sans prise en compte de
l’accomplissement des actions dans le monde, autrement dit : « Parce qu’elles sont
étroitement imbriquées dans des enjeux extra-discursifs, les
productions langagières ne peuvent pas être décrites
indépendamment des actions qu’elles médiatisent " (Bouchard et de Gaulmyn, 1997) (p.69) » (p. 87).
2.2.2. Aller au-delà de l’analyse des aspects discursifs
Deuxièmement, les interactions humaines – verbales :
écrites et orales, présentielles ou distantes, synchrones ou
asynchrones – sont de plus en plus fréquemment
considérées comme une activité humaine multimodale, ce qui
veut dire que l’analyse des aspects discursif (linguistiques,
énonciatifs, pragmatiques, etc.) ne peut suffire à rendre compte
de la richesse des interactions. De nombreuses autres formes d’action,
d’expression et de communication s’articulent à la
communication strictement linguistique. Lorsqu’il s’agit
d’interactions orales, il y a bien sûr tous les aspects
suprasegmentaux et mélodiques de la langue orale (Dejean, 2004).
Il y a aussi les mimiques, le regard et le gestuel particulièrement
importants dans le cas d’observations de situation en co-présence
réelle ou simulée (Dejean, 2004), (Geissmann, 2004).
Lorsqu’il s’agit de communication écrite numérique, il
y a toutes les formes de modalisation de l’énoncé telles que
les « emoticons » ou celles propres à certains
environnements comme les MOO (verbes, emote, moods, etc.) (Peraya, 2001), (Peraya et Dumont, 2003).
Enfin, il y a les actions des interlocuteurs : il peut s’agir du
déplacement ou de l’échange d’objets (dont la souris)
si les interlocuteurs travaillent en co-présence réelle (Dejean, 2004),
ou ce que Grosjean (Grosjean, 2004) appelle la « dimension instrumentée de la
communication »5 (p. 232). Pour cette
auteure qui travaille cette fois sur des interactions dans les forums, il y a
lieu de distinguer les interactions langagières des interactions
artefactuelles qui constituent les unes et les autres « la
matière sémiotique conjointe travaillée par les
participants ». Aussi, les traces produites par les sujets en
« situation d’interaction instrumentée »
(ibidem) doivent être intégrées à l’analyse des
interactions verbales. La nécessité de prendre en compte, dans
l’analyse, des traces autres que textuelles prend ici toute son importance
pour les recherches qui portent sur le développement des forums
eux-mêmes.
2.3. Le forum comme lieu d’apprentissage
Dans une perspective pédagogique, on peut identifier deux
catégories de travaux menés par des chercheurs en sciences de
l’éducation et en technologie éducative. La première
catégorie se penche sur les processus psychopédagogiques induits
par le forum et qui peuvent être observés indirectement à
travers les interactions : on s’intéresse donc aux effets du
forum sur ces processus psychopédagogiques. La deuxième
catégorie s’intéresse aux processus qui sont mis en
œuvre dans l’interaction et qui ne sont pas conçus comme un
effet du forum : la situation pédagogique est ici
déterminante. En termes de recherche, dans le premier de ces cas, les
paramètres du forum sont considérés comme des variables
explicatives, dans le second cas ce sont les paramètres de la situation
d’apprentissage qui le sont.
2.3.1. Les processus psychopédagogiques induits par le dispositif
dont témoignent indirectement les interactions
La première catégorie de travaux se consacre aux interactions
dans le but de comprendre l’effet des formes de communication
particulières au forum sur les comportements socio-émotifs des
apprenants, sur leur sentiment d’appartenance à une
communauté d’apprenants, etc. et, in fine, sur
l’efficacité de l’apprentissage en ligne et sur les processus
de construction identitaire des acteurs. Les interactions produites dans les
forums permettent, à partir d’indicateurs linguistiques et
discursifs, d’analyser le degré d’implication des
participants dans la communauté (Peraya et Dumont 2003), (Diego, 2007).
Mais les interactions constituent des variables intermédiaires permettant
d’atteindre les effets de certaines caractéristiques de
l’environnement technopédagogique – incluant le forum
comme dispositif de communication médiatisée – sur les
phénomènes étudiés. Ces données peuvent alors
être croisées avec d’autres données telles que celles
recueillies lors d’entretiens, de rapports réflexifs ou de
questionnaires spécialement conçus dans cette perspective (Isabelle et al., 2004).
Un autre exemple canonique de ce type de recherche est celui de l’effet de
la représentation de la métaphore du campus dans les
environnements virtuels de travail : quel effet produit l’utilisation
d’une représentation graphique analogique plutôt que
simplement verbale ? Quelle différence entre les
représentations analogiques de types planaire et
perspectiviste ?
2.3.2. Les processus psychopédagogiques dont témoignent
directement les interactions
La deuxième catégorie rassemble toutes les recherches qui
analysent la communication et les interactions comme les indicateurs notamment
de mécanismes argumentatifs, cognitifs, socio-affectifs et
métacognitifs. Les rapprochements entre communication et enseignement
traversent l’histoire de l’éducation depuis
l’antiquité. Cependant, on peut formuler l’hypothèse
selon laquelle, dans le contexte théorique des courants cognitivistes (Bernicot et al., 1997),
les processus de médiatisation de l’apprentissage mis en œuvre
en formation à distance sont en grande partie responsables des
développements récents de ces recherches.
Dans le domaine de la formation à distance, on pourrait invoquer ici
la théorie de Moore (Moore, 1993) de transactional distance pour laquelle les interactions entre enseignants
et apprenants distants constituent l’un de ses paramètres
fondamentaux. Pour cet auteur, la distance et la nécessité
d’un dialogue médiatisé entre enseignants et apprenants
distants constituent en effet une des richesses de la formation à
distance et non un obstacle, un frein à l’apprentissage. Dans ce
contexte, le dialogue, l’instructional dialog, conçu comme
une suite d’interactions toujours positives, devient un des
éléments essentiels de l’apprentissage. Dans cette
perspective, le cadre conversationnel de l’apprentissage,
considéré comme le véritable moteur de ce dernier (Laurillard, 1995),
mériterait lui aussi d’être rappelé et cité
comme un des repères fondateurs. Ce sont ces références que
l’on retrouve chez Henri et Lundgren-Cayrol (Henri et Lundgren-Cayrol, 2001) lorsque ces auteures écrivent : « Collaborer et apprendre
sont essentiellement des actes de communication qui procèdent par le
dialogue et la conversation. Ils sont marqués par la bienveillance,
l’ouverture et la
générosité. Ce sont des gestes vrais dont il faut arriver
à conserver le caractère authentique même s’ils sont
médiatisés. » (p.60).
Les recherches de cette approche foisonnent. Toutes utilisent les
interactions comme données, mais celles-ci sont considérées
comme l’expression directe du comportement, du phénomène
visé par la recherche. Nous signalerons certaines de ces recherches mais
uniquement à titre d’exemple. Les premières que nous
pourrions identifier sont celles analysant les relations qui peuvent exister
entre les caractéristiques de toute situation d'apprentissage
coopératif, les interactions et les connaissances qui s’y
réalisent. Les interactions sont, dans ce cas-ci particulièrement,
considérées comme la trace de la construction même des
connaissances. Les travaux de Baker (Baker, 2002), (Baker, 2004) relèvent de cette approche.
Très nombreuses sont les recherches qui portent sur les processus de
création et de régulation des communautés virtuelles
d’apprentissage, sur le rôle du
« dispositif-forum » pour mettre en place une certaine forme
de cognition distribuée (Mangenot, 2004), (Mangenot, 2006), (Zourou, 2006) et
sur l’autonomisation des apprenants (Develotte, 2004).
Des recherches poursuivant des objectifs identiques ont été
menées, mais sur les chats cette fois, par Bernasconi et Surian (Bernasconi et Surian, 2005) à partir de leur activité tutoriale dans le cadre du projet
LEARN-NETT (Charlier et Peraya, 2003).
Un des intérêts de ce travail est de proposer des indicateurs
linguistiques pour les différentes dimensions et leurs variables
identifiées à partir d’une analyse systématique des
concepts-clés du domaine des communautés virtuelles. Le tutorat,
son fonctionnement et les interventions spécifiques du tuteur ont fait
l’objet d’analyse systématique à partir des
interactions en temps synchrone dans le même dispositif de formation (Deschryver, 2003).6
2.4. Le forum comme instrument
Une dernière approche de recherche aborde le forum comme objet
technologique offrant un ensemble de fonctionnalités pour supporter des
activités de groupe. Ces travaux s’intéressent à
l’utilisabilité de l’outil forum et à sa
capacité de favoriser et de soutenir des interactions de groupe
performantes. L’ensemble de ces recherches, peu nombreuses et de type
recherche de développement, se basent sur l’analyse des
interactions pour améliorer le fonctionnement même de l’outil
forum pour mieux soutenir l’activité qui se déroule dans le
forum. Selon une perspective instrumentale (Rabardel, 1995), (Rabardel et Béguin, 2005),
ces travaux s’intéressent à l’analyse des interactions
des utilisateurs pour comprendre leur activité, cerner les besoins
qu’elle induit et proposer des outils adaptés qu’ils peuvent
s’approprier.
Des chercheurs comme George (George, 2003),
s’intéressent à l’apprentissage collectif dans un
dispositif médiatisé et tentent d’en améliorer le
suivi par le tuteur grâce au développement et à
l’utilisation d’un outil de conversation semi-structuré,
basé sur la théorie des actes du langage. Il pense pouvoir de
cette façon pallier la difficulté des tuteurs à donner aux
apprenants un feedback de leur comportement lors de la réalisation
d’activités collaboratives distantes. L’outil testé
permet de faciliter la conversation en proposant un pré-codage de
certains actes de langage et en rendant possible leur analyse automatique en
temps synchrone afin de pouvoir définir des comportements sociaux des
participants. George (op. cit.) applique également une
démarche qu’il qualifie d’instrumentale visant à faire
du forum un outil mieux intégré à l’activité
des utilisateurs. Pour ce chercheur, l’affordance du forum
n’est pas acquise dans tous les contextes. En formation à distance,
par exemple, les outils classiques de forum ne sont pas tous suffisants pour
faire émerger les interactions. Son but est d’améliorer le
système technique en vue de mieux supporter l’interaction. Il
propose un modèle de forum contextuel, intégré à
l’activité, organisé en fonction de la structure
pédagogique du cours et selon les connaissances abordées dans le
cours. Dans une perspective instrumentale, sa démarche de conception
intègre une vérification de l’outil dans l’usage. La
collecte de données se fait par l’observation
régulière du forum, par l’administration de questionnaires
et la passation d’entrevues pour obtenir les perceptions et la
satisfaction des utilisateurs. Il analyse également les indicateurs
d’activités qui fournissent des données quantitatives sur
l’utilisation des fonctionnalités. Les résultats provenant
des diverses sources permettent de dégager des pistes ou des orientations
pour intégrer toujours mieux l’outil dans l’activité
des utilisateurs.
Le survol des cadres de référence que nous venons de terminer
indique bien non seulement les diverses perspectives qui peuvent être
utilisées pour l’analyse des forums en milieu éducatif mais
aussi la difficulté d’en dégager une compréhension
globale et unifiée. C’est également une impression qui peut
ressortir lorsque l’on se penche sur les résultats des
recherches.
3. La recherche sur les forums comme lieu d’apprentissage :
des résultats mitigés
Par la multiplicité des approches du forum
comme objet d’étude (dispositif médiatique, lieu
d’interactions verbales, lieu d’apprentissages ou instrument), la
recherche sur le forum tente de rendre compte de phénomènes
complexes en les abordant selon diverses perspectives disciplinaires. Si, en
conséquence, il ne faut pas s’étonner de la diversité
des résultats, on peut quand même s’interroger des
conclusions mixtes, parfois polémiques à propos des
potentialités et des limites du forum comme lieu d’apprentissage.
L’analyse des résultats empiriques de certains de ces travaux
dévoile des écarts étonnants entre la réalité
observée par les chercheurs et une vision idéaliste, souvent
tacite, au sujet des potentialités du forum. À travers la
comparaison de deux recherches, Henri, Pudelko et Nault (Henri et al., 2002) ont montré comment, face à des situations comparables et des
résultats d’analyse semblables, les chercheurs ont
élaboré des interprétations divergentes fondées sur
un modèle idéal implicite de la communication dans le forum et sur
les attentes qui découlent de ce modèle. Comme s’il y avait
deux positions qui s’affrontent, on retrouve dans les recherches des
conclusions contraires, les unes soutenant l’idée que le forum est
capable d’induire un processus d’apprentissage fécond, les
autres démontrant les limites de ce dispositif qui peut avoir des effets
inhibitifs pour l’apprentissage.
3.1. Le forum : un média pédagogique fécond
Un premier pan de recherches propose que le mode conversationnel, le recours
à l’écrit et les conditions médiatiques qu’il
crée seraient à l’origine de ses potentialités
pédagogiques. Une abondante littérature concernant
l’apprentissage collaboratif envisage le forum comme un outil servant de
levier à l’apprentissage à travers les échanges
qu’il soutient. Cet apprentissage serait fonction de la négociation (Henri et Lundgren-Cayrol, 2001),
un processus qui vise à créer une cohérence dans le
discours, réinjectant ainsi de nouvelles significations dans le forum.
Les échanges susciteraient la clarification des idées, le partage
des points de vue, la rétroaction, le développement d’un
langage commun et la recherche des solutions communes. En outre, la
possibilité de converser dans le forum contribuerait à rendre
les apprenants maîtres de leurs apprentissages et à favoriser ainsi
le passage du modèle transmissif des connaissances vers le modèle
collaboratif des communautés d’apprenants (Riel, 1995). Parmi
ces travaux, plusieurs mettent l’accent sur l’importance cruciale de
l’écrit pour la construction des connaissances, s’appuyant
sur la thèse selon laquelle l’exercice d’écriture
inhérent aux forums induirait un travail cognitif jugé plus
rigoureux que celui demandé dans les échanges oraux et pourrait
aider les processus cognitifs en suscitant une plus grande
réflexivité (Henri et Lundgren-Cayrol, 2001), (Mason, 1993a), (Masson, 1993b).
La trace de questions et de réponses constituerait une ressource utile
pour un nombre considérable d’étudiants indiquant une sorte
d’apprentissage vicariant (Light et Light, 1999).
Enfin cette trace permettrait à ceux qui n’ont pas participé
au forum de capitaliser sur les gains faits au cours des échanges.
Si le forum, écrit et asynchrone, peut être
caractérisé par la privation d’indicateurs sociaux et non
verbaux, ces limitations deviennent des avantages et font partie de leur
attractivité, créant un contexte favorable à
l’apprentissage : centration de l’attention des participants
sur le contenu et ainsi qualité renforcée des échanges (Walther, 1996);
climat libérateur et opportunités pour les jeux de langage (Herring, 1996).
D’autres études, dont celle de Light et Light (Light et Light, 1999),
montrent qu’une part importante des messages sont humoristiques,
autocritiques et orientés vers l’aide et la socialisation
plutôt que vers la compétition. Ce genre d’interaction peut
être source de cohésion sociale et fournir ainsi un espace fertile
pour la construction des connaissances.
3.2. Le forum : un média pédagogique décevant
Un second pan des travaux sur le forum comme lieu d’apprentissage
dévoile des résultats souvent décevants sur la
productivité des forums en contexte éducatif. Ainsi, la vision
idéaliste du forum se trouve souvent écorchée. Au lieu
d’une forte interaction et une collaboration dynamique pour construire des
connaissances, on observe surtout des échanges brefs qui vont rarement au
delà du deuxième tour de parole (Henri, 1992), (Henri et Rigault, 1996), (Light et Light, 1999).
L’incohérence interactionnelle, facilement acceptée, peut
être désarmante. Le degré de pertinence entre des messages
soit disant reliés demeure très faible ou tout simplement absent (Herring, 1996).
Les recherches empiriques n’ont pas encore montré si cette non
pertinence peut être une des causes de la mort rapide des forums. En
outre, la participation, simple fait de déposer un message, se situe
souvent à un niveau plutôt faible. Kaye (Kaye, 1992) observe un ratio moyen de 1 message posté pour 100 messages lus et un
faible pourcentage des apprenants auteurs d'environ 80 % des échanges.
L’étude comparative de Light et Light (Light et Light, 1999) indique qu’au milieu de parcours, 60 % des étudiants ont
déposé soit un message, soit aucun et que 40 % en ont transmis
entre 2 et 12. Toujours dans cette étude, la moitié des messages
proviennent du tuteur qui, dans presque tous les cas, répond à une
question. Ces résultats correspondent à ceux déjà
observés par Henri (Henri, 1992) et
Rigault et Henri (Rigault et Henri, 1993) qui montrent que le mode prédominant de l'échange est celui de
« question-réponse » alors qu’on aurait
souhaité observer de longs échanges.
L’écart entre les conclusions de recherche sur les forums comme
lieu d’apprentissage est embarrassant compte tenu du nombre de travaux et
de publications sur le sujet. Comment expliquer autant de
disparité ? Serait-elle due à la complexité du
phénomène et à l’absence d’un modèle
conceptuel capable de rendre compte de l’apparent chaos du forum et de
l’ordre qui peut s’y installer, tout en montrant l’interaction
entre l’un et l’autre de ces deux aspects (Xin et Feenberg, 2006) ?
Cette disparité serait-elle d’une toute autre origine ?
Serait-elle due à la difficulté pour les chercheurs de
préciser leur angle d’attaque du forum, de cerner leur objet
d’étude privilégié − le forum comme
dispositif médiatique, lieu d’interaction verbale ou lieu
d’apprentissage − et de situer leurs résultats par
rapport à leur approche ? Ou encore, s’adresserait-elle
à la qualité et la scientificité des recherches ?
4. La recherche sur les forums comme lieu d’apprentissage: une
recherche de qualité ?
Rourke et Anderson (Rourke et Anderson, 2004) ont observé un resserrement des critères d’évaluation
des articles sur les forums en milieu éducatif soumis à des revues
scientifiques. Ces auteurs ont également relevé chez les
chercheurs eux-mêmes une conscience plus aiguisée de la
nécessité d’une plus grande rigueur dans leurs travaux.
Cette tendance a donné lieu à la publication de deux études
qui font le point sur la qualité et la scientificité des
recherches sur les forums comme lieu d’apprentissage, et plus
spécifiquement sur les difficultés que pose l’analyse
quantitative de contenu. Des failles méthodologiques importantes sont
identifiées dans l’application de cette méthode
utilisée par un grand nombre de chercheurs. Nous résumons ici
succinctement ces deux études avant d’engager une réflexion
sur les critères de scientificité et sur l’approche de
recherche qui guident un grand nombre de travaux d’analyse des forums en
milieu éducatif dont un bon nombre sont associés au domaine de
l’apprentissage collaboratif assisté par ordinateur
(CSCL).
4.1. L’étude de Rourke, Anderson, Garrison et Archer
(2001)
À travers l’examen de dix-neuf comptes-rendus de recherches,
Rourke et ses collègues (Rourke et al., 2001) étudient les problèmes rencontrés dans l’application
de l’analyse quantitative de contenu et dénombrent six enjeux
fondamentaux pour les chercheurs qui font usage de cette méthode :
1) la scientificité de la recherche qui répond à trois
critères : l’objectivité, la reproductibilité et
la systématicité ; 2) le type de recherche, descriptif
ou expérimental ; 3) la nature du contenu analysé, manifeste ou latent ; 4) le choix de l’unité
d’analyse ; 5) l’utilisation de logiciels d’aide
à l’analyse de contenu ; et 6) les aspects éthiques
inhérents à la collecte et à l’analyse de
communications privées. Rourke et al. empruntent à Berelson (Berelson, 1952) la définition de l’analyse quantitative de contenu décrite
comme « une technique de recherche qui vise la description objective,
systématique et quantitative du contenu manifeste de la
communication » (p. 519). Par rapport avec notre analyse des cadres
théoriques de référence qui précède, cette
technique est peu ou pas utilisée pour l’analyse de la
communication médiatisée et des
interactions.
Rourke et al. tirent de leur étude les observations qui
suivent. Peu de recherches prennent en compte le critère
d’objectivité pour contrer la subjectivité des codeurs et
leur libre interprétation des catégories qui servent à
l’analyse des transcriptions du forum. Le degré d’accord
inter-codeur et le calcul du coefficient de fidélité sont souvent
négligés. En conséquence, les analyses ne sont pas
reproductibles. Loin de se plier au critère de reproductibilité,
les chercheurs utilisent d’une recherche à l’autre des
grilles d’analyse et de codage différentes, se contentant
d’inviter d’autres chercheurs à les mettre
l’épreuve sans pour autant que cela ne soit fait. Ceci
expliquerait, selon Rourke et al., pourquoi les chercheurs n’ont
pas réussi à prouver l’efficacité d’une
méthode d’analyse par rapport à une autre. Alors que la
méthode d’analyse de contenu vise la description objective du
contenu de la communication, ils observent que presque tous les travaux sur les
forums se penchent sur l’étude de comportements ou de processus
latents qui ne peuvent qu’être inférés à partir
d’indicateurs, augmentant ainsi le risque de subjectivité. Pour
tendre à l’objectivité et à la fiabilité, ils
proposent deux moyens de contourner le problème : définir les
variables latentes puis en déduire des listes d’indicateurs
manifestes aussi exhaustives que possible, et s’assurer la collaboration
de codeurs vigilants et bien formés.
Le choix de l’unité d’analyse n’est pas sans poser
problème car il est fait le plus souvent de manière subjective et
est rarement justifié. L’unité d’analyse qui doit
pouvoir être identifiée de manière fiable par les codeurs,
doit simultanément pouvoir couvrir, de manière exhaustive et
exclusive, le construit que le chercheur étudie. Dans la plupart des
études, Rourke et al. ont observé une corrélation
négative entre ces deux critères.
Le manque de systématicité observé dans les recherches
est attribuable à la faiblesse de l’articulation des idées,
des théories et des paradigmes, ainsi qu’à la combinaison de
paradigmes irréconciliables. Sans solides fondements, il est difficile
pour les chercheurs d’élaborer des démarches de recherche
rigoureuses, de justifier les choix méthodologiques, de construire des
grilles d’analyse et d’interpréter des données de
manière cohérente. Rourke et al. estiment que la nature
exploratoire des recherches sur le forum témoigne de
l’immaturité théorique et méthodologique de ce champ
de recherche plutôt que de carences méthodologiques ou de
l’ignorance des chercheurs. Ils soulignent également que le choix
de l’analyse de contenu comme méthode limite le chercheur à
des recherches descriptives. Tout en reconnaissant que la recherche dans le
domaine a permis jusqu’à présent de recueillir des
informations sur l’usage des forums en milieu éducatif, Rourke et al. invitent les chercheurs à délaisser les
études descriptives et à se tourner plutôt vers une approche
de type expérimental, capable de générer des
résultats convaincants en combinant, par exemple, l’analyse de
contenu et l’assignation au hasard à des groupes, et la
manipulation contrôlée de variables. Pour ces auteurs, cette
réorientation de l’approche de recherche représente une voie
vers l’amélioration de la qualité de la recherche et une
meilleure contribution au développement des connaissances..
4.2. L’étude de De Wever et al. (2006)
De Wever et al. (De Wever et al., 2006) s’intéressent tout comme Rourke et al. (Rourke et al., 2001) à l’application de l’analyse de contenu dans les recherches
sur le forum en milieu éducatif. Leur étude porte sur un
échantillon de quinze instruments d’analyse quantitative de contenu
tirés d’autant de recherches publiées dans des revues
scientifiques du domaine du CSCL. De la même manière
qu’Anderson et al. (Anderson et al., 2001),
De Wever et al. définissent l’analyse quantitative de contenu comme
une méthodologie de recherche qui vise la formulation
d’inférences valides à partir d’un texte. Ils
identifient sept critères fortement interdépendants auxquels les
instruments d’analyse quantitative de contenu doivent se soumettre :
1) la justesse garantie par une procédure de mesure libre de toute erreur
et qui n’est pas due au hasard ; 2) la précision obtenue
par une distinction fine entre les catégories ou les niveaux d’une
mesure ; 3) l’objectivité qui assure la fiabilité et la
validité des résultats ; 4) la validité reliée
à la solidité des fondements théoriques indispensables
et à la validité des instruments; 5) la reproductibilité
qui permet la mise à l’épreuve d’une procédure
de codage par d’autres chercheurs ; 6) le choix de
l’unité d’analyse en fonction du but et de la question de
recherche qui affecte le critère de justesse ; et 7) la
fidélité inter-codeur. Parmi ces critères de
qualité, De Wever et al. en retiennent trois qu’ils jugent
essentiels: les fondements théoriques (validité interne et
validité externe), le choix de l’unité d’analyse et la
fidélité inter-codeurs.
L’étude De Wever et al révèle que seules
quelques recherches satisfont au critère de validité interne. Dans
la plupart des cas, bien que les chercheurs exposent leur cadre
théorique, tous n’établissent pas de liens clairs et
évidents entre la théorie et les instruments d’analyse ni
avec les recherches antérieures sur lesquelles elles s’appuient. Ce
manque de cohérence systématique est observé
également dans la construction des instruments qui, dans certains cas,
omettent les définitions opérationnelles des concepts
théoriques qui ont servi à identifier les catégories et les
indicateurs empiriques.
Quant à la validité externe qui se rapporte au potentiel de
généralisation de la démarche et des résultats, elle
accuse des limites empiriques dues au fait que les recherches sont menées
avec trop peu de participants, sur un nombre réduit de messages extraits
de discussions qui se déroulent sur des périodes de trop courtes
durées. Par ailleurs, la plupart des chercheurs justifient le choix de
l’unité d’analyse en rapport avec les critères
d’objectivité et de fidélité sans toutefois se
préoccuper des questions de validité. De Wever et al. se
disent frappés par l’absence de liens entre l’unité
d’analyse et les choix théoriques sur lesquels s’appuient les
instruments. Plus encore, ils observent que les chercheurs ne donnent ni une
définition claire de l’unité d’analyse ni la
procédure de segmentation ni les mesures de la fidélité
inter-codeur. De Wever et al. partagent la même position que Rourke et al. concernant l’importance critique de ce critère et
observent d’une recherche à l’autre les mêmes omissions
accablantes. Ils insistent sur la nécessité de rapporter en
détail toutes les informations relatives à la
fidélité, à la procédure pour assurer l’accord
inter-codage et au calcul du coefficient de fidélité. Ils estiment
que cette pratique est d’une importance capitale pour l’avancement
de la qualité de la recherche qui se fonde sur l’analyse de
contenu.
En conclusion, De Wever et al. déplorent l’absence de
fondements théoriques appropriés pour guider la recherche ainsi
que l’absence des critères de cohérence et de
validité empirique des instruments dans les recherches. Ils regrettent
que les instruments utilisés par les chercheurs n’aient pas
jusqu’à présent permis de faire progresser la recherche dans
le domaine du CSCL. Ils invitent les chercheurs à la
reproductibilité par des mises à l’épreuve des
procédures et des instruments existants dans le cadre
d’études empiriques plus larges qui ne soient plus uniquement
descriptives, mais qui visent la vérification
d’hypothèses.
5. La recherche sur les forums comme lieu d’apprentissage :
vers des critères de qualité adaptés
Les deux études dont nous venons de rendre
compte poursuivent le même but et arrivent à des résultats
semblables. S’appuyant sur les mêmes critères de
scientificité, elles visent une application plus rigoureuse de
l’analyse quantitative de contenu afin d’obtenir des
résultats fiables et valides qui permettront une meilleure
compréhension de l’utilisation pédagogique du forum comme
lieu d’apprentissage. Publiés à cinq ans d’intervalle,
leurs résultats concordent. Les deux études valorisent ainsi la
recherche expérimentale par rapport à la recherche descriptive et
partagent la même conception de la recherche qui appartient au paradigme
post-positiviste propre aux recherches quantitatives en éducation. En
quête de connaissances objectives, les auteurs conçoivent les
critères de rigueur scientifique de manière conséquente et
traitent les enjeux de la recherche en les abordant d’un point de vue
surtout techniciste.
Les critères de scientificité servent à établir
la valeur des résultats et leur définition varie en fonction des
postures épistémologiques qui définissent les approches de
recherche. À cet égard, Rourke et al. et De Wever et
al. ont utilisé en toute cohérence des critères tels
que définis par l’approche quantitative pour cerner les enjeux et
les faiblesses méthodologiques de l’analyse quantitative de contenu
des forums. Leur travail n’est pas dénué
d’intérêt et mérite attention, non seulement parce
qu’il témoigne d’une préoccupation authentique pour la
qualité de la recherche, mais aussi parce qu’il pourrait servir de
point de départ pour une discussion entre chercheurs sur les pratiques de
recherche. C’est dans cette perspective que nous proposons dans la suite
d’envisager autrement, dans une perspective qualitative, les enjeux et les
critères de qualité de la recherche sur les forums.
5.1. L’objectivité
Dans leurs analyses, Rourke et al. et De Wever et al. traitent
le problème de l’objectivité en le situant fortement au
niveau du codage qui, dans aucun cas, ne doit laisser place à la
subjectivité des codeurs dans l’interprétation des
catégories. Dans une approche qualitative, la subjectivité est
envisagée différemment. Il apparaît vain de penser que le
chercheur puisse s’abstraire de sa subjectivité. Ses choix
théoriques, ses interprétations et ses jugements sont liés
à sa vision du monde et à ses valeurs, à son
expérience et à ses connaissances. Ne pas reconnaître la
subjectivité et ne pas la prendre en compte revient à la laisser
incontrôlée. Les méthodologies qualitatives insistent
plutôt sur une prise de conscience et une documentation
systématique de la subjectivité tout au long de la recherche.
Elles suggèrent la tenue d’un journal de bord par le chercheur, le
travail en équipe et la discussion autour de
l’interprétation des données pour clarifier et justifier les
positions. Ainsi rapportée et mise à jour, la subjectivité
pourra être prise compte au moment de l’objectivation.
Rourke et al. tiennent pour acquise la distance du chercheur par
rapport à son objet de recherche parce qu’ils conçoivent ce
dernier comme « observateur » du forum auquel il ne
participe pas. Or dans plusieurs recherches, cette supposée distance
n’existe pas. Le chercheur est impliqué dans le forum à
titre d’enseignant ou de tuteur participant au forum. Là où
la recherche conventionnelle tente d’évacuer la subjectivité
du chercheur, la recherche qualitative la reconnaît pour la mettre en
valeur dans la compréhension et l’interprétation des
phénomènes sociaux et humains (Laperrière, 1997).
En admettant la subjectivité du chercheur dans la recherche, les
approches qualitatives placent l’enjeu de l’objectivité
à un autre niveau qu’à celui du codage et proposent des
techniques d’objectivation propres à satisfaire aux exigences de ce
critère. Dans une approche de recherche qualitative constructiviste, la
réponse au problème de l’objectivité ne consiste pas
à évoluer vers des recherches de type expérimental qui ont
pour finalité d’expliquer la réalité à partir
des données observables et objectivement mesurables. La réponse
vient plutôt d’une orientation vers des recherches qui visent une
compréhension profonde et authentique du phénomène
étudié.
L’opérationnalisation conventionnelle de
l’objectivité insiste sur la distance que doit prendre le chercheur
par rapport à ses valeurs et à son objet d’étude. Si
en recherche qualitative on ne tend pas à tout prix à cette
distanciation, il devient important que le chercheur s’assure de la
justesse de ses interprétations en vérifiant leur robustesse dans
le temps et dans l’espace ainsi que par l’implication
prolongée dans des situations naturelles favorisant cette
vérification (Laperrière, 1997).
Lorsque ces stratégies s’avèrent difficiles à
réaliser dans le cadre de recherches sur les forums de discussion, une
autre façon d’y arriver consiste à appliquer la
triangulation des diverses sources de données.
La triangulation ne tente pas uniquement de compenser les limites de chaque
type de données et de supporter l’objectivation du sens produit
pendant la recherche. Elle permet au chercheur d’explorer le plus de
facettes possibles du problème étudié en recueillant des
données qui permettront de faire ressortir des perspectives diverses afin
de pouvoir dégager une compréhension riche du
phénomène (Savoie-Zajc, 2000).
Rourke et al. et de De Wever et al. ne nient pas l’existence possible
de subjectivité chez le chercheur. Ils soutiennent, qu’en aucun
temps, elle ne doit être admise en recherche. Ils ne reconnaissent pas que
c’est à travers elle que nous percevons et que nous
interprétons le monde, et que c’est donc à travers la
subjectivité que s’exerce l’activité du chercheur. Un
des effets de vouloir tendre toujours à une plus grande
objectivité pourrait nous amener à n’étudier que des
phénomènes manifestes alors que la très grande
majorité des recherches sur les forums en milieu éducatif
s’intéressent à des phénomènes latents comme
le sont les processus qui concourent à l’apprentissage.
5.2. La prise en compte du contexte
Du point de vue de Rourke et al. et de De Wever et al., il
existe un problème de reproductibilité des recherches en raison de
la diversité des grilles d’analyse utilisées par les
chercheurs qui varient d’une recherche à l’autre. Si les
protocoles et les instruments d’analyse ne peuvent pas être
réutilisés, c’est sans doute qu’ils ne sont pas
appropriés à tous les terrains de recherche, à toutes les
situations d’apprentissage et aux divers types de forum qui se distinguent
par leur but, leur fonction pédagogique, le moment où ils
surviennent, les conditions de participation, etc. Il apparaît
évident et indéniable que les échanges dans un forum
varient en fonction de la tâche ou de la situation pédagogique dans
lequel il s’insère. La participation à un forum constitue
une activité située, finalisée et cadrée par un
contexte. Le forum est ancré dans des situations d’apprentissage
qui ne sont pas toujours comparables et, conséquemment, les grilles
d’analyse élaborées pour chacune d’elles ne sont pas
transférables. C’est pour prendre en compte de la
particularité de chaque situation étudiée que les
chercheurs élaborent à chaque fois des instruments d’analyse
différents. Ainsi, dans une perspective qualitative, le contexte toujours
singulier prend une importance déterminante et les données qui
s’y rapportent devraient être soigneusement recueillies et prises en
considération dans l’analyse. Elles fourniront par la suite des
pistes d’interprétation.
La plupart des travaux d’analyse quantitative du contenu restent
à l’intérieur des forums et tiennent très peu compte
des éléments contextuels qui le touchent. Les recherches tendent
à analyser les interactions dans le forum dans une espèce
d’espace vide, sans prendre en compte les éléments de son
contexte et de son déroulement. C’est pourquoi de nombreuses
brèches persistent dans la compréhension de cette situation de
communication. Elles restent sans réponse parce que les
éléments de contexte ne sont pas exploités tant au moment
de l’analyse du contenu des forums que de l’interprétation
des résultats.
5.3. La fiabilité
La recherche de la stabilité des résultats et de la
fiabilité en recherche qualitative ne peut se poser en termes de
reproductibilité, mais plutôt en termes de fiabilité par
rapport à la situation étudiée. Les chercheurs qualitatifs
lui donnent une définition plus souple, où reproductibilité
signifie applicabilité extensive des analyses dans le temps et dans
l’espace ; ce que l’on cherche à reproduire n’est
pas tant la description empirique d’une situation que les outils
conceptuels mis en œuvre pour l’appréhender (Laperrière, 1997).
En vue de rendre les analyses plus fiables, Laperrière propose diverses
techniques : la description en profondeur des situations
délimitées et densément texturées ;
l’implication à long terme sur le terrain ; la prise en compte
de manière systématique de l’ensemble des incidents ;
la recherche de la concordance des résultats obtenus par une
diversité d’instruments (triangulation des données) et
la facilitation de la reproduction et de l’évaluation des analyses
par d’autres chercheurs.
5.4. La systématicité et le choix de la méthode
La systématicité renvoie à la cohérence et
à la congruence entre tous les aspects de la recherche :
finalité, but, théorie, méthode, données,
résultats et interprétation. Pour l’analyse des forums de
discussion, le choix de la méthode constitue un enjeu de
systématicité fondamental. Nous ne pouvons être que
partiellement d’accord avec les auteurs de nos deux études de
référence lorsqu’ils affirment que l’analyse
quantitative de contenu est une méthode efficace pour étudier les
forums. Cette affirmation doit être nuancée. L’analyse
quantitative de contenu ne peut être appliquée dans toutes les
recherches sans égards à leur finalité, à leur but
et à l’approche théorique retenue. Rourke et Anderson (Rourke et Anderson, 2004) expliquent que cette méthode doit être conceptualisée comme
une forme de test et de mesure puisqu’elle permet, à l’aide
de catégories et d’indicateurs, de retracer des comportements
observables ou latents (le test), auquel s’ajoute un processus corollaire
de mesure par lequel des nombres peuvent être attribués en fonction
de règles pour refléter les différents types de
comportements. Une telle approche de test et d’évaluation
d’observables atteint vite ses limites lorsqu’il s’agit de
comprendre un phénomène complexe (par exemple le processus de
construction de connaissances ou l’interaction intersubjective) parce
qu’elle ne permet qu’une analyse en surface des
caractéristiques d’un texte qui ne peut rendre compte du
phénomène dans sa totalité et dans sa complexité.
Il importe de rappeler que l’analyse quantitative de contenu est avant
tout une technique de collecte de données qui, selon plusieurs auteurs,
ne devrait être utilisée que pour l’analyse de contenu
manifeste (Rourke et al., 2001).
Vu ses limites par rapport à l’objet de recherche, on peut
s’étonner que cette technique instituée en méthode (Pudelko et al., 2006) soit aussi répandue dans la recherche sur le forum comme lieu
d’apprentissage indépendamment de l’objet
d’étude principal. Cette pratique de recherche singulière
mérite d’être revue et questionnée puisqu’une
forte majorité des travaux se penchent sur les processus complexes mis en
œuvre dans l’apprentissage, lesquels ne peuvent être
étudiés hors contexte. De telles recherches exigent
l’élaboration de protocoles de recherche appuyés par la
collecte de données de plusieurs sources pour arriver à cerner la
complexité de la situation d’apprentissage, à y situer le
forum et à comprendre les processus à l’œuvre.
Dans le choix d’une méthode, la finalité de la recherche
constitue un facteur déterminant. S’agit-il de développer
une instrumentation fiable qui servira à l’enseignant pour analyser
ses forums afin de mieux les animer ou de faire un meilleur design
pédagogique? Essaye-t-on de comprendre ce que cette forme de
communication a de spécifique afin de mieux l’utiliser dans un
contexte éducatif? Veut-on vérifier s’il y a apprentissage
en tentant de repérer les processus d’apprentissage envisagé a priori et d’établir dans quelle mesure ils se
réalisent (efficacité de l’apprentissage)? Cette
dernière proposition suppose que le processus d’apprentissage est
une réalité objective, immuable, indépendante du contexte,
ce qui nous apparaît une vision limitée du
phénomène.
C’est à la clarification de ces intentions de recherche que la
typologie que nous proposons dans la suite de cet article tente de
contribuer.
6. Caractériser les recherches sur le forum en milieu éducatif
pour améliorer leur qualité
En référence aux réflexions qui
précèdent, il ne nous semble pas possible de proposer les
mêmes critères de qualité et les mêmes méthodes
pour toutes les recherches ayant un forum de discussion pour cadre. Pour
qu’ils soient pertinents, ces critères et ces méthodes
doivent pouvoir être situés par rapport aux objectifs poursuivis
par le chercheur et à la place que tient le forum dans son investigation.
Dans cette perspective, comme Mangenot (Mangenot, 2006),
nous proposons tout d’abord de différencier les recherches en
fonction de leurs finalités. Cependant, alors que cet auteur distingue
les recherches en fonction de finalités scientifiques :
théoriser (recherches théoriques), transformer/développer
(recherches qualitatives), expliquer/prouver (recherches expérimentales),
nous proposons de les distinguer en fonction de leurs finalités
praxéologiques : « comment, selon le chercheur, leurs
résultats pourront-ils être exploités ?» et
en fonction du but choisi : « sur quels objets spécifiques
portent-elles ? » (Cf. section 2.).
Nous proposons de différencier quatre types de recherche qui renvoient
à un but spécifique et à un statut particulier
accordé au forum dans la recherche. Les recherches sur le forum de type 1 le conçoivent comme dispositif médiatique alors que
dans les recherches sur le forum de type 2, il est un lieu
d’interaction verbale qui induit une situation de communication
particulière. Dans le premier cas, les interactions sont analysées
en lien avec les caractéristiques médiatiques du forum pour mieux
les décrire et en comprendre les effets. Dans le second cas, les
interactions verbales sont à la fois l’objet de recherche et le
matériau analysé pour découvrir les caractéristiques
de l’échange. Le troisième type caractérise les
recherches avec le forum, il est alors utilisé comme une source
d’information sur un phénomène autre que la situation de
communication créée dans et par le forum. Les interactions
sont considérées comme des données permettant
d’expliquer ou de comprendre un phénomène se produisant en
dehors du forum. Elles deviennent des variables intermédiaires. Le
quatrième type, la recherche pour le forum, cherche à
améliorer l’outil. Elle l’envisage comme instrument, comme un
outil technologique qui instrumente l’activité. Les interactions y
sont aussi une source d’information mais cette fois-ci pour alimenter le
processus de conception du forum comme système technologique.
On retrouve ainsi les quatre perspectives de recherche analysées dans
la section 3 de cet article : 1) la communication médiatisée
propre à la recherche sur le forum comme dispositif
médiatique, 2) l’approche interactionnelle qui se rapporte à
la recherche sur le forum comme lieu d’interactions verbales 3) les
perspectives pédagogiques utilisées dans la recherche avec le forum comme lieu d’apprentissage et 4) l’approche instrumentale
appliquée à la recherche pour le forum comme
instrument.
Comme toute typologie, la nôtre pourra paraître insatisfaisante
au lecteur, dans la mesure où les perspectives adoptées par les
chercheurs sont souvent multiples et évoluent avec le temps. Nous
partageons ce point de vue. Cependant, une clarification des types de recherche
nous paraît un préalable indispensable au dialogue entre chercheurs
et à la recherche de critères de qualité adaptés.
L’intérêt de cette typologie réside dans la
compréhension qu’elle propose pour situer les recherches et aider
les chercheurs à les maîtriser. Elle offre également un
soutien à l’analyse des évolutions vécues par les
chercheurs – par exemple, ceux qui passent d’une recherche sur le forum à une recherche avec – et des
complémentarités possibles entre ces perspectives. Elle nous
permet en outre d’observer qu’il est difficile d’associer des
critères de qualité spécifiques à chacune des
perspectives de recherche.
6.1. Des recherches mixtes qui évoluent
En catégorisant les recherches selon notre typologie, notre intention
n’est pas d’obtenir des regroupements homogènes et distincts,
mais plutôt de mettre en évidence des particularités.
L’exercice nous permet d’observer que plusieurs recherches
présentent des caractéristiques mixtes appartenant à deux
perspectives.
Ainsi, par exemple, dans leur analyse des recherches consacrées
à la conception d’outils de communication spécifiques au
contexte éducatif tels que chats, forums et outils d’awareness,
George et Bothorel (George et Bothorel, 2006) s’intéressent aux travaux menés principalement par des
informaticiens pour développer des outils de communication ayant pour but
de faciliter la communication dans un contexte éducatif – des
recherches pour. Ils montrent combien ces développements conduisent les
chercheurs à rechercher les impacts de ces nouveaux outils sur les
pratiques de communication mais aussi sur les apprentissages, des recherches
avec. Dans cette perspective, ils soulignent, en particulier, les enjeux
méthodologiques soulevés par l’analyse des traces.
Par ailleurs, l’évolution des travaux rapportés par les
chercheurs est aussi un indicateur de la complexité des leurs travauxet
de leur complémentarité. Ainsi, nos échanges avec les
chercheurs ayant contribué au symposium Symfonic ont permis de mettre en
évidence une forme d’accommodation de leur problématique au
contact des travaux d’autres chercheurs, par exemple,
l’intérêt pour la trace verbale cède la place au
désir de se donner les moyens de comprendre ce que vivent les personnes
qui participent à ce type d’échange. L’identification
des effets du contexte, le développement de modèles et la
modélisation des situations témoignent d’une volonté
de fournir une compréhension plus globale du forum et de ses acteurs.
6.2. Un objet de recherche ambigu
Si les recherches qui nous intéressent portent sur le forum en milieu
éducatif, il faut reconnaître que ce terme ne renvoie pas
toujours au même objet d’une recherche à l’autre. Nous
l’avons vu, l’objet prête à confusion. Utilisé
pour désigner le dispositif technique, le sens de forum glisse pour
renvoyer au lieu social ou au groupe. Cette ambiguïté entre forum,
lieu social d’interaction et groupe rend difficile l’identification
de l’objet étudié et l’exploitation des
résultats soit par d’autres chercheurs qui voudraient poursuivre
les recherches soit par des praticiens qui voudraient les appliquer.
Le forum, objet empirique est, en effet, considéré sous trois
angles différents : 1) le dispositif médiatique articulant
les dimensions technologique, symbolique (sémiocognitive) et
relationnelle (sociale), autrement dit un dispositif
techno-sémiopragmatique (Peraya, 1988);
2) le dispositif de formation utilisant l’environnement technique
« forum »; 3) le texte constitué de l’ensemble
des interactions langagières produites et échangées dans le
forum. Dans chacun de ces cas, l’objet de recherche, le construit, parce
qu’il relève d’approches différentes et de cadres de
référence particuliers (communication médiatisée,
sciences de l’éducation, sciences du langage), est en
réalité différent.
Ce problème de l’identification et de la définition de
l’objet n’est pas propre aux recherches sur le forum. Il semble
constituer une des faiblesses majeures de nombreuses recherches sur les
médias éducatifs qui ne font aucune différence entre
l’objet empirique « la télévision »,
« Internet », etc. et l’objet théorique dont le
dimensions constitutives doivent nécessairement faire l’objet
d’une modélisation (Meunier et Peraya, 2004).
La variabilité de l’objet –formes de discours propres au
forum, processus qu’il induit et ceux qu’il traduit– exige
autant de cadres de référence, autant de prismes pour comprendre
et interpréter les diverses facettes de cette réalité. De
manière complémentaire, chaque cadre de référence
permet de décrypter une dimension du forum qu’il faut pouvoir
concilier avec d’autres afin d’en appréhender la
complexité. Le recours à plusieurs sources de données, le
croisement et la triangulation des résultats sont également des
indicateurs de la complexité des situations ou des
phénomènes étudiés.
Pour ces recherches aux objets similaires avec des objets disciplinaires
différents, une claire explicitation de l’objet de recherche et du
cadre qui le définit, aiderait sûrement les chercheurs à
mieux positionner leurs travaux dans le champ.
6.3. Au-delà des critères de qualité : ouvrir le
dialogue
Face à la diversité des recherches, à présent
mieux balisée par notre typologie, il nous paraît évident
que les critères de qualité ne peuvent être
considérés comme universels. Ils varient selon l’orientation
épistémologique du chercheur qui peut être
compréhensive ou explicative optant pour une méthode plutôt
quantitative ou qualitative. Ainsi, que l’on réalise une recherche sur, avec ou pour le forum, on adoptera des critères
cohérents avec l’approche adoptée.
Toutefois, il nous paraît essentiel d’insister sur deux
critères dépassant le choix d’une approche
compréhensive ou explicative. Le premier concerne l’explicitation
des choix du chercheur tant en ce qui concerne le but poursuivi, qu’en ce
qui concerne la méthode adoptée et l’approche
épistémologique. C’est à ce niveau qu’une
typologie telle que celle que nous avons proposée peut
s’avérer utile. Sans une clarification de ces choix, il est
impossible pour un lecteur d’examiner la validité d’une
recherche et encore moins d’en tirer parti. En outre, pour
l’avancement de la recherche sur, avec et pour le
forum, les chercheurs auraient intérêt à expliciter leurs
choix axiologiques et méthodologiques. Ceci leur permettrait de mieux
maîtriser l’évolution de leur recherche et de mieux se situer
par apport aux autres. Cette explicitation favoriserait le dialogue et
peut-être un plus grand partage.
Un second critère de qualité, à nos yeux plus universel
est le respect de règles éthiques. Ce respect ne semble pas avoir
pour tous les chercheurs l’importance qu’il mérite.
L’accès à des données privées, leur
représentation et leur diffusion ont-ils des effets pour et sur les
sujets? Quel est l’effet pour des sujets de se savoir observés
?
7. Conclusion
Notre analyse des recherches sur les forums en
contexte éducatif portera-t-elle ses fruits ? Le chercheur, pourra-t-il
en tirer un bénéfice pour questionner sa propre recherche et
l’améliorer ? Nous laissons bien entendu le lecteur juge.
Cependant, les questions à se poser nous paraissent à
présent plus claires et les enjeux davantage mis en évidence.
Une première question pourrait concerner le but poursuivi et le statut
accordé au forum dans la recherche. La recherche vise-t-elle à
décrire le forum comme dispositif médiatique ou comme lieu
d’interaction verbale – une recherche sur le forum ?
Vise-t-elle à comprendre ou expliquer le forum comme lieu comme lieu
d’apprentissage – une recherche avec ? Ou, enfin,
vise-t-elle à améliorer le forum comme instrument – une
recherche pour ?
Les recherches avec le forum mériteraient d’être
interrogées davantage. Quel statut occupe le forum par rapport au
phénomène à comprendre ou expliquer ? S’agit-il
d’un espace donnant accès à certains indicateurs du
phénomène ? Dans ce cas, d’autres données
seraient à recueillir comme la description du contexte, les points de vue
des acteurs etc. S’agit-il de comprendre ou d’expliquer ? En
fonction des réponses apportées, les critères de
qualité adoptés seront différents.
Une fois l’intention principale explicitée, les relations avec
des recherches menées par d’autres ou par soi-même peuvent
être éclairées. Ainsi, un chercheur peut exploiter les
résultats des recherches menées dans une perspective
interactionnelle pour éclairer ses propres travaux avec le forum.
Les résultats de recherches menées avec le forum dans une
perspective compréhensive ou explicative ne seront pas comparables mais
pourront se compléter.
Enfin, notre analyse met en évidence la difficulté mais aussi
la richesse d’un travail interdisciplinaire qui tente de comprendre les
apports des cadres conceptuels et des buts poursuivis. Elle rappelle aussi,
comme nous l’avons souligné plus haut,
l’ambiguïté du statut du média dans nos recherches.
Tantôt confondu avec l’artefact, tantôt confondu avec les
traces qu’il produit ou encore avec le phénomène qu’il
est supposé susciter. Elle souligne aussi la tentation qu’ont les
chercheurs à exploiter des méthodes d’analyse – comme
l’analyse des interactions dans le forum – sans, pour autant
chercher à vérifier la cohérence du choix
méthodologique par rapport au but poursuivi ou par rapport à
l’approche épistémologique.
Si, cette entreprise de clarification parait difficile. Les trois auteurs de
cet article ont passé de nombreuses heures à tenter de clarifier
leur propre position ou les termes à utiliser, elle nous paraît
cependant indispensable au dialogue entre chercheurs.
BIBLIOGRAPHIE
ANDERSON
T., ROURKE L., GARRISON D.R., ARCHER, W. (2001). Assessing teaching presence in
a computer conference context. Journal of Asynchronous Learning Network, 2004, vol. 5, n°2, p. 17. Disponible sur internet : http://www.aln.org/publications/jaln/v5n2/pdf/v5n2_anderson.pdf (consulté le 6 février 2006).
AUSTIN J.L. (1962). La philosophie analytique.
Paris, France. Minuit.
AUSTIN J.L. (1970). Quand dire, c'est faire. Paris, France. Le Seuil
BAKER M.J. (2002). Forms of cooperation in dyadic
problem-solving. Revue d'Intelligence Artificielle, Vol. 16, n° 4-5,
p. 587-620.
BAKER M.J. (2004). Recherches sur l'élaboration
de connaissances dans le dialogue. Mémoire d'Habilitation à
Diriger des Recherches (Université Nancy 2). Disponible sur
internet : http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/11/03/14/PDF/hdr.pdf
(consulté le 18 février 2006).
BERELSON B. (1952). Content analysis in communication
research. Illinois, USA. Free Press.
BEUN R.J., BAKER M., REINER M. (1996). Dialogue and
instruction. Modeling Interaction in Intelligent Tutoring System. Berlin,
Allemagne. Springer-Verlag.
BERNICOT J., CARON-PRAGUE J., TROGNON A. (1997). Conversation, interaction et fonctionnement cognitif. Nancy, France.
Presses universitaires de Nancy.
BERNASCONI L., SURIAN M. (2005). Apprendre, vivre et
collaborer à distance (Mémoire de Licence). Genève,
Suisse. Faculté de psychologie et des sciences de
l’éducation, Université de Genève.
BOUCHARD R., GAULMYN (de) M.-M. (1997). Médiations
verbales et processus rédactionnel : parler pour écrire ensemble.
Dans M. GROSSEN, B. PY (dir.) (1997). Pratiques sociales et médiations
symboliques. Berne, Suisse. Peter Lang.
BRONCKART J.P., BAIN D., SCHNEUWLY B., DAVAUD, C.,
PASQUIER A. (1985). Le fonctionnement des discours. Un modèle
psychologique et une méthode d’analyse. Neuchâtel :
Delachaux & Niestlé.
CERISIER J.-F. (2000). Médiatisation des
interactions et apprentissages collaboratifs en réseau. Thèse
de Doctorat (Université de Paris 8). Non publiée.
CHARLIER B., PERAYA, D. (Ed.). (2003). Technologie et
innovation en pédagogie. Dispositifs innovants de formation pour
l’enseignement supérieur. Bruxelles, Belgique. De Boeck.
CLARK H., BRENNAN S.E. (1991). Grounding in
communication. Dans L.B RESNICK., J. M. LEVINE, S.D. TEASLEY (Eds.). Perspectives on Socially Shared Cognition. Washington, USA. American
Psychological Association, p. 127-149.
CRAHAY M. (1979). Un essai de micro-enseignement. Une
perspective fonctionnelle. Revue française de pédagogie,
Vol. 48, p. 21-34.
DAFT R.L., LENGEL, R.H. (1984). Information richness: A
new approach to managerial bahavior and organization design. Research in
Organizational Behavior, Vol. 6, p. 191-233.
DEJEAN THIRCUIR C. (2004). Modalités de
collaboration entre pairs devant un ordinateur. Eude pragmatique et didactique
de d’une activité de rédaction collective en Français
langue étrangère. Thèse de Doctorat (Université
Stendhal-Grenoble III). Non publiée.
DE LANDSHEERE G., BAYER E. (1974). Comment les
maîtres enseignent. Analyse des interactions verbales en classe. Bruxelles, Belgique. Direction générale de l’organisation
des études, Ministère de l’éducation nationale et de
la culture française.
DENNIS A. R., VALACICH J.-S. (1999). Rethinking Media
Richness: towards a theory of Media Synchronicity. Proceedings of the 32nd Hawaii International Conference on System Sciences, 1999, p. 10.
Disponible sur internet : http://csdl2.computer.org/comp/proceedings/hicss/1999/0001/01/00011017.PDF (consulté le 18 novembre 2006).
DESCHRYVER N. (2003). Le rôle du tutorat. In B.
Charlier, D. Peraya (Ed.), Nouveaux dispositifs de formation pour
l’enseignement supérieur : allier technologie et innovation, p. 149-162. Bruxelles : De Boeck.
DEVELOTTE C. (2004). L’apprenant autonome et ses
professeurs virtuels : comment se personnalise la communication en
ligne ? Communication au Colloque UNTELE 2004. Compiègne. http://eprints.ens-lsh.fr/archive/00000118/01/Develotte_UNTELE2004.pdf (consulté le 18 mars 2007).
DIEGO V. (2007). La métaphore dans les campus
virtuels. Un facteur de cohésion sociale ? Mémoire de
Master MALTT. Genève, Suisse. TECFA, Université de Genève
(en cours).
DUBOIS J. (Ed.) (1974). Dictionnaire de
linguistique. Paris, France. Larousse.
DE WEVER B., SCHELLENS T., VALCKE M., VAN KEER H. (2006).
Content Analysis scheme to analyze transcripts of online asynchronous discussion
groups : A review. Computer in Education, Vol. 46, p. 6-28.
FLANDERS N. (1960). Teacher Influence, Pupil Attitudes
and Achievement ; Studies in Interactions Analysis. Final Report.
Cooperative Research Project n°397. Minneapolis, USA. University of
Minnesota.
FLANDERS N. (1963). Teacher Influence in the Classroom,
In A.A: Bellack (Ed). Theory and Research in Teaching. New York,
USA. Columbia University, Bureau of Publications, Teachers College.
FAUQUET M., STRASFOGEL J. (1972). L’audio-visuel
au service de la formation des enseignants. Le circuit fermé de
télévision. Paris, France. Delagrave.
GEISSMANN G. (2004). Micro-anlayse des interactions
dans une dyade d’enfants de 5 ans en résolution collaborative de
problème dans un environnement 3D subjectif (Mémoire de
licence). Genève, Suisse. Faculté de Psychologie et des Sciences
de l’Education, Université de Genève.
GEORGE S. (2003). Analyse automatique de conversations
textuelles synchrones d’apprenants pour la détermination de
comportements sociaux. Revue Sciences et Technologies de l´Information
et de la Communication pour l´Éducation et la Formation, 2003
vol. 10, 165-194. Disponible sur internet : http://sticef.univ-lemans.fr/num/vol2003/george-03s/sticef_2003_george_03s.pdf (consulté le 18 mars 2007).
GEORGE S., BOTHOREL, C. (2006). Conception d’outils
de communication spécifiques au contexte éducatif. Revue
Sciences et Technologies de l´Information et de la Communication pour
l´Éducation et la Formation, 2006 vol. 13. Disponible sur
internet : http://sticef.univ-lemans.fr/ (consulté le 16 avril 2007).
GROSJEAN S. (2004). L'apprentissage collaboratif à
distance: du scénario pédagogique à la dynamique
interactionnelle. In Actes du colloque TICE 2004 (pp. 229-236).
Compiègne: Université de Technologie de Compiègne.
GUISLAIN G. (1990). Didactique et communication.
Bruxelles, Belgique. Labor.
HENRI F. (1992). Computer Conferencing and Content
AnalysisDansA. Kaye (Ed.). Collaborative Learning and Computer
Conferencing. Berlin, Allemagne. SpringerVerlag, p. 117-136.
HENRI F., CHARLIER B. (2005). L’analyse des
forums de discussion : pour sortir de l’impasse. Colloque
Symfonic (Amiens, 20-22 janvier). Disponible sur internet : http://www.dep.u-picardie.fr/sidir/articles/henri_charlier.htm (consulté le 26 novembre 2006).
HENRI F., CHARLIER B., PERAYA D. (2006). Les forums de
discussion: quelles recherches, pourquoi et comment? Colloque JOCAIR
(Amiens, 6-8 juillet), p. 13-26.
HENRI F., LUNDGREN-CAYROL K. (2001). Apprentissage
collaboratif à distance. Pour comprendre et concevoir les environnements
d'apprentissage virtuels. Québec, Canada. Presses Universitaires du
Québec.
HENRI F., RIGAULT C. (1996). Collaborative Distance
Learning and Computer Conferencing. Dans T.T. Liao, (Ed.) Advanced
Educational Technology : Research Issues and Future Potential. Berlin,
Allemagne. Springer Verlag, p. 45-76.
HENRI F., PUDELKO, B., NAULT, G. (2002). Vers une
reconceptualisation du forum de discussion dans un contexte
d’apprentissage. Congrès annuel ACFAS 2002. Colloque CIRTA
Multiples facettes de téléapprentissage. Université Laval
à Québec. 15-16 mai. Disponible sur internet :
http://www.licef.ca/ppt/Henri
Acfas17mai2002.ppt
HERRING S. (Ed.) (1996). Computer-Mediated
Communication: Linguistic, Social and Cross-Cultural Perspectives.
Philadelphia, USA. John Benjamin Publishing Company.
ISABELLE C., VEZINA N., FOURNIER H., FONGEMIE, P.,
LAVOIE, E. (2004). Un environnment 3D pour faciliter la formation en ligne. Actes du colloque TICE 2004. Technologies de l’information et de la
Connaissance dans l’enseignement supérieur et l’industrie Compiègne, France, p.257-264.
JACQUINOT-DELAUNAY G. (2002). Absence et présence
dans la médiation pédagogique ou comment faire circuler les signes
de la présence. DansR. GUIR, Pratiquer les TICE. Former les
enseignants et les formateurs à de nouveaux usages. Bruxelles,
Belgique. De Boeck, p. 104-116.
JACQUINOT-DELAUNAY G (2006). Le sentiment de
présence Colloque Réseaux humains, Réseaux
technologiques (RHRT2, 2000).
Document disponible sur internet : http://edel.univ-poitiers.fr/rhrt/document.php?id=773 (consulté le 23 février 2007).
KAYE A. (1992). Collaborative learning through
computer conferencing : the Najaden paper. New-York, USA. Springler
Verlag.
KERBRAT-ORECCHIONI C. (1990). Les interactions
verbales. Approche interactionnelle et structure de conversations (Tome 1).
Paris, France. A. Colin.
LAPERRIERE A. (1997). Les critères de
scientificité des méthodes qualitatives. Dans J. POUPART, J.-P.
DESLAURIERS, L.-H. GROULX, A. LAPERRIERE, R. MAYER, A.P. PIRES (dir.), La
recherche qualitative. Enjeux épistémologiques et
méthodologiques. Montréal, Canada. Gaëtan Morin
Éditeur, p. 365-389.
LAURILLARD D. (1993). Rethinking University Teaching.
A framework for the effective use of educational technology. London,
Angleterre. Routledge.
LIGHT P., LIGHT V. (1999). Analysing asynchronous
learning interactions. Compter-mediated communication in a conventional
undergraduate settingDansK. Littleton, P. Light (Ed.). Learning with
computers: analysing productive interaction. Londres, Angleterre. Routledge,
p. 46–61.
MAC LUHAN M. (1964). Understanding Media. New York:
McGraw Hill. Traduction française (1968), Pour comprendre les
média. Paris, Mame/Seuil.
MANGENOT F. (2004). Analyse sémio-pragmatique des
forums pédagogiques sur Internet Dans J.-M. SALAÜN, C. VANDENDORPE
(Dir.), Les défis de la publication sur le Web : hyperlectures,
cybertextes et méta-éditions. Villeurbanne, France. Presses de
l’Enssib, p. 103-123).
MANGENOT F. (2006). Analyser les interactions
pédagogiques en ligne, pourquoi, comment ? , Colloque
« La langue de la communication médiatisée par les
technologies de l'information et de la communication », Bordeaux,
France, 18-20 mai 2006.
MARCOCCIA M. (1998). « La normalisation des
comportements communicatifs sur Internet : étude sociopragmatique de
la netiquette ». Dans N. Guéguen et L. Toblin (éds.), Communication, société et Internet, p. 15-22. Paris :
L’Harmattan.
MASON R., KAYE A. (1989). Mindweave: Communication,
Computers and Distance Education. Oxford, Angleterre. Pergamon Press.
MASON R. (1993a). Introduction : written
interactionDansR. Masson (Ed.), Computer conferencing : the last
word. Victoria, Canada. British Colombia. Beach Holme Publishers Limited, p.
23-36.
MASON R. (1993b). The textuality of computer
networkingDansR. Masson (Ed.) Computer conferencing : the last word.
Victoria, Canada. British Colombia. Beach Holme Publishers Limited, p. 23-36.
MCGRATH J.E. (1991). Time, interaction and Performance
(TIP): A theory of groups. Small Group Research, Vol. 22, p. 147-174.
MEUNIER J.P., PERAYA D. (2004). Introduction aux
théories de la communication. Analyse sémio-pragmatique de la
communication médiatique (2ème édition revue et
augmentée). Bruxelles, Belgique. De Boeck.
MOORE M. G. (1993). Theory of transactional distance. In
D. Keegan (dir.), Theoretical principles of distance education, p. 22-38.
London: Routledge.
PERAYA D. (1976). Un an d'utilisation du
micro-enseignement pour la formation des formateurs à l'E.N.S. Rapport
d'évaluation. Dakar, Sénégal. Centre de Recherche et de
Documentation pédagogique de l’Ecole Normale Supérieure,
Université de Dakar.
PERAYA D. (1980). Rapport d'introduction à la
Commission sur l'audio-visuel. Réunion des Ecoles Normales
Subsahariennes. Dakar, Sénégal.Centre de Recherche et de
Documentation pédagogique de l’Ecole Normale Supérieure,
Université de Dakar.
PERAYA D. (1994). Formation à distance et
communication médiatisée. Recherches en communication, Vol.
1, p. 147-167
PERAYA D. (1998). Théories de la communication et
technologies de l’information et de la communication. Un apport
réciproque. Revue européenne des sciences sociales, Vol.
XXXVI, n°111, p. 171-188.
PERAYA D. (1999). Vers les campus virtuels. Principes et
fondements techno-sémio-pragmatiques des dispositifs de formation
virtuels. Dans G. Jacquinot, L. Monnoyer (Ed.), Le Dispositif. Entre Usage et
Concept, Hermès, Vol. 25, p. 153-168.
PERAYA D. (2001). Rapport final Projet Poschiavo.
Technology tools and forms of pedagogical communication (Projet FNRS n°
5004-47955). Document disponible sur internet : http://tecfa.unige.ch/tecfa/research/poschiavo/rapports/rapport_final.pdf (consulté le 17 fevrier 2007).
PERAYA D. (2003). De la correspondance au campus
virtuel : formation à distance et dispositifs médiatiques.
Dans B. Charlier, D. Peraya. (Ed.). Technologie et innovation en
pédagogie. Dispositifs innovants de formation pour l’enseignement
supérieur. Bruxelles, Belgique.De Boeck, p. 79-92.
PERAYA D., DUMONT P. (2003). Interagir dans une classe
virtuelle : analyse des interactions verbales médiatisées
dans un environnement synchrone. Revue française de
pédagogie, Vol. 145, 51-61.
PERAYA D. (2005). Axes de recherches
sur les analyses de communication dans les forums : notes pour un
texte. Colloque Symfonic (Amiens, 20-22 janvier). Document disponible sur
internet : http://www.dep.u-picardie.fr/sidir/articles/peraya.htm (consulté le 11 février 2007).
POSTIC M. (1977). Observation et formation des
enseignants. Paris, France. PUF.
POSTIC M., De KETELE J.M. (1988). Observer les
situations éducatives. Paris, France. PUF.
PUDELKO B., DAELE A., HENRI F. (2006). Méthodes
d’étude des communautés virtuelles. Dans B. Charlier, A.
Daele (dir.), Les communautés virtuelles d’enseignants.
Paris, France, L’Harmattan, p. 127-155.
RABARDEL P. (1995). Les Hommes & les Technologies
: approche cognitive des instruments contemporains. Paris: Armand Colin.
RABARDEL P., BEGUIN P. (2005). Instrument mediated
activity: from subject development to anthropocentric design. Theoretical
Issues in Ergonomic Science, 6(5), p. 429 - 461
RIEL M. (1995). Cross-classroom collaboration in global
learning circles. Dans S. Star (ed.) The Cultures of Computing, Oxford,
Blackwell.
RIGAULT C., HENRI F. (1993). Apprentissage
collaboratif et téléconférence intelligemment
assistée. Rapport présenté au Centre de recherche en
informatique de Montréal. Montréal, Canada.
Télé-université, Centre de recherche LICEF.
ROURKE L., ANDERSON T., GARRISSON D.R., ARCHER W. (2001).
Methodological Issues in the Content Analysis of Computer Conference
Transcripts. International Journal of Artificial Intelligence in
Education, Vol 12, p. 8-22.
ROURKE L., Anderson T. (2004). Validity in quantitative
content analysis. Educational Technology Research and Development, Vol.
52, n° 1, p. 5-18.
SAVOIE-ZAJC L. (2000). La recherche
qualitative/interprétative en éducation. Dans T. KARSENTI, L.
SAVOIE-ZAJC, Introduction à la recherche en éducation.
Sherbrooke, Canada. Editions CRP, p. 171-198.
SEARLE J.R. (1972). Les actes de langage. Essai
de philosophie du langage. Paris, France. Hermann.
SEARLE J.R. (1982). Sens et expression. Etudes de
théorie des actes de langage. Paris, France. Minuit.
SINCLAIR J.McH., COULTHARD M.R.. (1975). Towards an
Analysis of Discourse: the English Used by Teachers and Pupils. London:
OUP.
WAGGONER M.D. (1992). Empowering Networks. Computer
Conferencing in Education. New Jersey, USA. Englewood Cliffs.
WAGNER M.C. (1988). Pratique du
micro-enseignement. Bruxelles, Belgique. De Boeck.
WALTHER J. (1996). Computer-mediated communication:
impersonal, interpersonal and hyperpersonal interaction. Communication
Research, Vol. 23, p. 3-43.
WEISSBERG J.-L. (2003). Présences à
distance. Déplacement virtuel et réseaux numériques:
Pourquoi nous ne croyons plus la télévision. Paris, France.
L'Harmattan.
XIN, C., FEENBERG, A. (2006). Pedagogy in
Cyberspace : The Dynamics of Online Discourse. Journal of
Distance Education/Revue de l’Éducation à distance, Fall/Automne, vol. 21, no 2, p.1-25.
ZOUROU K. (2006). Apprentissages collectifs
médiatisés et didactique des langues : instrumentation,
dispositif et accompagnement pédagogique. Thèse de Doctorat
(Université Stendal, Grenoble 3). Grenoble, France.
1 Symposium Formation et nouveaux
instruments de communication, Amiens, 20-22 janvier 2005. http://www.dep.u-picardie.fr/sidir/articles/
2 Colloque international :
Premières journées Communication et Apprentissage
Instrumentés en Réseau, Amiens, 6-8 juillet 2006. http://www.dep.u-picardie.fr/jocair/
3 Cette expression au moment de son
introduction dans le domaine cherchait à indiquer la nécessaire
prise en compte des aspects techniques, relationnels, symboliques et/ou
semiocognitifs dont tout dispositif est le lieu, l’instance
d’articulation.
4 Un bruit consiste en
« toute perte d’information consécutive à un
trouble du circuit communicant » (Dubois, 1974) p
70).
5 L’auteure propose trois
types principaux d’activités instrumentées : gestes
conventionnels, mobilisation de fonction techniques intégrées au
dispositif de téléconférence et enfin les opérations
convoquées mobilisant des artefacts présents dans
l’environnement. Notons que Grosjean utilise le terme téléconférence pour signifier forum,
héritage d’un usage québécois de l’expression téléconférence assistée par ordinateur qui
n’a plus cours.
6 Une telle approche ne se limite
pas aux interactions écrites des forums. Bien qu’ils portent sur
des interactions orales entre deux enfants de 5 ans interagissant à
distance à l’occasion de la résolution d’une
tâche dans un environnement virtuel de jeu, dans une situation de
co-présence distante simulée en situation présentielle,
les travaux de Geissmann (Geissmann, 2004) pourraient en effet trouver une place dans cette catégorie.
L’auteur montre que dans un tel environnement – conçu et
implémenté spécifiquement pour favoriser la
collaboration – les enfants paraissent capables de dépasser le
stade d’un égocentrisme initial et de voir se développer des
comportements métacognitifs et collaboratifs.
A
propos des auteurs
France HENRI est Professeur à la
Télé-université de l’UQAM et chercheur au centre de
recherche LICEF. Ses centres d’intérêt et de recherche sont
l’analyse des forums de discussion, l’apprentissage collaboratif et
les communautés virtuelles d’apprenants, et la conception
d’environnements d’apprentissage informatisés selon une
approche instrumentale.
Adresse : Télé-université,
100, rue Sherbrooke Ouest, Montréal (Québec), H2X 3P2 (Canada)
Courriel : henri.france@teluq.uqam.ca
Daniel PERAYA est Professeur à TECFA
(Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation,
Université de Genève). Ses centres d’intérêt et
de recherche sont la mise en œuvre et l'analyse de dispositifs de formation
entièrement ou partiellement à distance, et plus
particulièrement dans ce domaine, l'analyse des formes de communication
éducative médiatisée.
Adresse : TECFA, FPSE, Université
de Genève. 54 route des Acacias. CH 1227 Genève, (Suisse)
Courriel : daniel.peraya@tecfa.unige.ch
Toile : http://tecfa.unige.ch/tecfa-people/peraya.html
Bernadette CHARLIER est Professeur au
Département des Sciences de l'Education de l'Université de
Fribourg (Centre de Didactique Universitaire Did@cTIC). Ses centres d’intérêt
et de recherche sont l'apprentissage et le changement chez
l'adulte et le groupe d'adultes (communautés de pratique) ainsi
que l'analyse, la conception et l'évaluation de dispositifs de formation
intégrant les TIC.
Adresse : Centre de Didactique
Universitaire, Boulevard de Pérolles 90, 1700 Fribourg (Suisse)
Courriel : bernadette.charlier@unifr.ch
|