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Stratégies d'utilisation de la direction du regard en
situation de communication interpersonnelle enseignant-élève
Mohamedade FAROUK*, Jean-Hugues RETY*, Elisabeth DELOZANNE**, Brigitte
GRUGEON***, Nelly BENSIMON*, Jean-Claude
MARTIN****
*LINC,
Université Paris 8, **AIDA, Université Paris 6, ***IUFM
d’Amiens & DIDIREM, Université Paris 7, **** LIMSI-CNRS
& LINC, Université Paris
8
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RÉSUMÉ : Les
EIAH actuels prennent peu en compte la multimodalité de la communication
entre enseignants et apprenants. Cet article décrit une étude
exploratoire de la communication enseignant – apprenant. L’objectif
est de spécifier le comportement multimodal d’un agent
pédagogique animé (APA) pouvant être intégré
à terme dans un EIAH. Nous avons adopté une approche
méthodologique fondée sur l’étude de corpus
vidéo multimodaux. Nous avons filmé des interactions dyadiques
entre enseignants et apprenants de fin de troisième début seconde
(15-16 ans) lors d’un bilan de compétences en mathématiques
effectué avec le logiciel Pépite. Pour annoter les comportements
observés dans ces vidéos, nous avons mis au point un schéma
d’annotation multi-niveaux. Des mesures statistiques calculées
à partir des annotations effectuées suggèrent
différentes stratégies des enseignants en termes de direction du
regard en fonction du profil de l'apprenant et des actes pédagogiques.
Ces mesures nous servent de valeurs initiales pour spécifier la
répartition du regard de l’agent pédagogique sur lequel nous
travaillons.
MOTS CLÉS : Interfaces
Humains-Machines, Agents Pédagogiques Animés, Annotation de corpus
vidéo, Multimodalité, Communication non verbale, Geste
déictique, Direction du regard. |
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ABSTRACT : This
paper studies multimodal communication between a teacher and a learner. Our long
term goal is to specify the behavior of an animated pedagogical agent in a
tutoring system. Our methodological approach is based on video corpora
annotation. Dyadic interactions between teachers and learners were recorded. We
worked with the Pepite tutoring system that assesses the level in algebra of
students aged 15-16. We defined an annotation schema applied to a part of the
videos. Statistical analysis of the annotations allows for capturing different
strategies in the way the teacher uses gaze depending on students’ level
and on pedagogical acts.
KEYWORDS : Human-Machine Interfaces, Pedagogical Agents, Corpora
Annotation, Multimodality, Non Verbal Communication, Deictic, Gaze. |
1. Contexte et objectifs de recherche
Les recherches en Sciences
Humaines ont montré l’importance de la communication non verbale
dans les interactions interpersonnelles enseignant - apprenant. En fonction
d’un objectif pédagogique à un instant donné, un
enseignant s’appuie sur un large éventail
d’éléments de communication verbale et non verbale (e.g.
gestes, postures, direction du regard, expressions faciales) (Richmond et Croskey, 2004).
Les gestes, s’ils sont cohérents avec la parole peuvent, par
exemple, faciliter et accélérer la compréhension d’un
discours. De nombreuses études ont ainsi étudié la
perception par les apprenants du style expressif et des comportements non
verbaux des enseignants (« immediacy » ou proximité
psychologique de la part de l’enseignant, enthousiasme de
l’enseignant) (Babad, 2005).
Dans cet article, nous présentons une étude exploratoire sur le
comportement multimodal d’un enseignant dans une situation de diagnostic
lors d’une interaction dyadique avec un élève. Ce travail se
situe dans le contexte du projet MICAME-Pépite dont l’objectif est
de mettre au point un agent pédagogique animé (APA) qui accompagne
un élève dans une réflexion sur ses compétences en
algèbre. En effet, dans le cadre de l’équipe projet
AIDA1, deux équipes ont
décidé de fédérer leurs efforts sur ce projet
commun.
1.1. Le projet MICAME2
Dans le projet Modélisation Informatique de la Coopération, de
l'Adaptativité et de la Multimodalité dans l'Enseignement
(MICAME), un des objectifs principaux est de mieux comprendre la nature et les
mécanismes qui sous-tendent les interactions multimodales et
coopératives afin d'envisager la spécification d'Interfaces
Humains-Machines multimodales dans les EIAH (Réty et al., 2003).
Les Agents Pédagogiques Animés se situent à la
croisée de deux directions de recherche : les Agents Conversationnels
Animés (ACA) et les EIAH. Un Agent Conversationnel Animé (Cassell et al., 2000) est une interface homme-machine utilisant un personnage animé
affiché à l’écran doté de capacités
communicatives inspirées de la communication humaine. On distingue
généralement deux niveaux de spécifications (Poggi, 2003) :
celui des fonctions communicatives (par exemple la gestion des tours de parole)
et celui des signes multimodaux (par exemple le regard). Un Agent
Pédagogique Animé (APA) est un ACA utilisé dans un EIAH. Le
personnage est, par exemple, affiché à côté
d’un support de formation ou intégré dans un environnement
virtuel pédagogique en 3D. Le personnage vise à fournir des signes
de communication verbale et non verbale (regard, expressions faciales, gestes de
la main, postures) tout en cherchant à motiver les apprenants par des
aspects communicationnels et émotionnels (Johnson et al., 2000).
Chaque mouvement, chaque posture corporelle, chaque expression faciale, chaque
geste de l’agent pédagogique a ainsi une fonction communicative qui
est interprétée par l’apprenant. Plusieurs études
expérimentales (Dehn et van Mulken, 2000), (Buisine, 2005) ont évalué l’utilisation d’agents pédagogiques
en termes d’efficacité (amélioration ou non des
performances, transfert d’apprentissage) et de satisfaction subjective
(préférence des sujets pour une version d’un EIAH avec vs.
sans agent pédagogique).
Dans l’objectif de spécification et de développement
d’un agent pédagogique, nous nous intéressons
particulièrement à l’étude du comportement de
l’apprenant et de l’enseignant en matière de communication
verbale et non verbale. Le projet Pépite, et en particulier le volet qui
travaille sur un dialogue réflexif entre un élève et un
enseignant autour d’un diagnostic de compétences en algèbre,
nous est apparu comme un contexte très pertinent pour mener un travail
sur les APA.
1.2. Le projet Pépite3
Le projet Pépite (Delozanne et al., 2003) a pour objet l’évaluation des connaissances en algèbre
d’élèves à la fin de la scolarité obligatoire
(troisième ou seconde). Un logiciel, lui aussi appelé
Pépite a été réalisé (Jean-Daubias, 2002).
Il est composé d’un module de test (PépiTest) qui propose
à l’élève un ensemble structuré
d’exercices d’algèbre et d’un module d’analyse
des réponses de l’élève qui permet de construire un
profil cognitif de l’élève (PépiProfil). Le profil
établi par Pépite est destiné aux enseignants pour leur
permettre de différencier les apprentissages. Cependant, en accord avec
les chercheurs en EIAH qui proposent de créer des modèles de
l’élève ouverts (Bull et Kay, 2005) ou inspectables (Kay, 2000), nous
avons fait l’hypothèse que l’on peut faire progresser les
élèves en les responsabilisant par une réflexion de niveau
méta sur leur résultats (Katz et al., 2003) pour qu’ils se construisent une représentation de leur
compétence et de la compétence attendue par l’institution.
Lors d’expérimentations pilotes durant lesquelles un enseignant
discutait individuellement avec des élèves de leurs
résultats au test et de leur profil établi par Pépite, deux
éléments nous sont très clairement apparus.
Premièrement, il ne suffit pas de montrer les profils
générés par Pépite mais une véritable
discussion s’engage entre l’enseignant et l’apprenant pour
préciser les attentes de l’institution et la position de
l’élève par rapport à ces attentes. Si la notion de
profil cognitif est adaptée pour aider l’enseignant à
définir des stratégies d’enseignement
différentiées (Vincent et al., 2005),
la notion de bilan de compétence nous a semblé plus
appropriée en ce qui concerne la rétroaction fournie à un
élève après un test. En effet, elle sous-tend une
négociation entre l’enseignant et l’élève et
permet de valoriser l’élève en lui présentant ses
points forts et pas seulement ses points faibles.. Deuxièmement, si nous
avons constaté un très vif intérêt de la part des
adolescents pour l’image complexe que le logiciel leur renvoie de leurs
compétences, nous avons pu constater une forte charge émotionnelle
dans les discussions. Ces expérimentations nous ont amenés
à émettre l’hypothèse qu’un agent
conversationnel animé pourrait favoriser la réflexion
métacognitive des élèves sur leurs résultats au test
diagnostic, en particulier en manifestant une empathie qui aide le sujet
à se déculpabiliser de ses erreurs ou à surmonter sa peur
de l’échec ou son désarroi face à des
problèmes dont le sens lui échappe. Cette hypothèse de
travail a amené les équipes Pépite et MICAME à
collaborer.
1.3. Le projet Pépite-MICAME : objectifs et approche
méthodologique
L’objectif à moyen terme du projet est de créer un
modèle permettant à un ACA d’établir un bilan de
compétences avec un élève autour d’une
réflexion sur les résultats de ce dernier au test de
Pépite. Pour cela nous nous appuyons sur des analyses de corpus de
dialogues entre humains. Même s’il est plus que probable que les
élèves interagissent différemment avec un agent
animé dans une application informatique et en
tête-à-tête avec un enseignant humain, une étude des
interactions verbales et non verbales dans des dyades enseignant –
apprenant représente une source potentielle d’informations sur ces
interactions pédagogiques que nous utilisons pour inspirer la
spécification de cet agent animé pédagogique. D’une
part, l’équipe du LINC utilise avec succès cette
méthodologie pour modéliser l’expression des émotions
et pour faire interpréter ces modèles par un agent virtuel (Martin et al., 2006), (Ochs et al., 2006), (Buisine et al., 2006).
D’autre part, dans le projet Pépite, la méthodologie de
recherche s’appuie sur des études de terrain (études de
cahiers d’élèves, observation d’enseignants, suivi de
cohortes d’élèves sur de longues périodes) et des
études théoriques pour fonder des modélisations qui
permettent la conception de systèmes informatiques. Les
réalisations de ces systèmes obligent à une
modélisation opérationnelle des phénomènes
étudiés. Puis la mise à l’épreuve de ces
systèmes dans des contextes d’utilisation réelle, permet de
questionner les modélisations produites.
Le positionnement méthodologique des deux équipes consiste
ainsi à partir de situations de communication Humain/Humain qui sont
modélisées pour spécifier, dans un premier temps, des
systèmes informatiques. Dans un deuxième temps, des situations
propres à la communication Humains/Machines peuvent être
supportées à partir de ces premiers prototypes : par exemple,
disposer de plusieurs agents (perturbateur, exigeant, conciliant, copain
etc.).
Dans la présente étude, notre objectif est double : 1)
identifier des caractéristiques des interactions multimodales entre
l’enseignant et l’élève dans cette situation de
communication, en particulier concernant les manifestations
d’émotions, 2) spécifier le comportement d’un agent
pédagogique dans un contexte particulier.
Nous cherchons à apporter des éléments de
réponses aux questions suivantes : Quels sont les actes
pédagogiques de l’enseignant ? Comment est-associé le
verbal et le non-verbal ? Quelles sont les émotions exprimées
par l’enseignant ? Comment sont-elles exprimées ?
Dans cette optique nous avons utilisé l’approche
méthodologique fondée sur des corpus vidéos
numérisés (Bakeman et Gottman, 1997), (Montada, 2005).
Le comportement multimodal est fonction du contexte et doit donc être
étudié de manière située. Les approches de type
corpus numériques visent à apporter des connaissances
spécifiques et détaillées pour une situation donnée
permettant de construire des modèles computationnels (Martin et al., 2006).
La méthodologie générale consiste en la constitution
d’un corpus d’interactions multimodales, la définition
d’un schéma d’annotation, l’annotation du corpus, et
l’analyse statistique des annotations. Les résultats de cette
analyse permettent d’étudier le lien entre les expressions
multimodales, les émotions des acteurs, les objectifs pédagogiques
et le profil de l’élève.
La section 2 de cet article présente l’environnement
Pépite. La section 3 décrit la constitution du corpus vidéo
d’interactions enseignants – apprenants et les choix que nous avons
effectués dans nos objets d’étude pour faire face à
la complexité des situations observées. La section 4
présente le schéma d’annotation que nous avons mis au point
et décrit le travail d’annotation. La section 5 présente une
analyse statistique du corpus annoté et discute les premières
conclusions issues de ce travail en se focalisant sur les stratégies
d’utilisation du regard de l’enseignant qui servent de support
à la manifestation de ses sentiments.
2. L’environnement Pépite
L’algèbre est un verrou
d’accès à l’enseignement supérieur
scientifique ; or, pour une grande majorité
d’élèves, le passage de l’arithmétique à
l’algèbre est un obstacle qui peut s’avérer
infranchissable. De nombreuses études internationales se sont
penchées sur cette question et des EIAH ont été
conçus en vue de faciliter cet apprentissage −par exemple, (Nicaud et al., 2002).
Dans ce cadre, le projet Pépite a pour objectif de fournir aux
enseignants de mathématiques du secondaire un support logiciel pour
gérer la diversité cognitive de leurs élèves
relativement à l’apprentissage de l’algèbre. Ce projet
s’appuie sur un travail en didactique des mathématiques (Grugeon, 1995) fondé sur une étude de cohortes d’élèves sur
le long terme et une étude théorique croisant des approches
didactique et épistémologique (Brousseau, 1986), (Douady, 1986),
cognitive (Sfard, 1994), (Kerian, 1992), (Vergnaud, 1987),
sémiotique (Duval, 1988) et
anthropologique (Chevallard, 1992).
La première étape de ce projet s’est
intéressée à concevoir un outil de diagnostic papier-crayon (Grugeon, 1995) puis un logiciel, le logiciel Pépite, qui construit automatiquement un
profil cognitif en algèbre d’un élève du secondaire
à partir de ses réponses à un test spécialement
conçu à cet effet (Jean-Daubias, 2002).
La métaphore sous-jacente est de trouver dans les réponses de
l’élève les « pépites » avec lesquelles
construire des connaissances stables et valorisables (un « lingot »).
L’originalité de ce système de diagnostic est de ne pas se
contenter de relever les erreurs des élèves mais aussi de mettre
en évidence des cohérences dans leur fonctionnement en
algèbre. Certaines de ces cohérences sont intéressantes
à développer, mais d’autres peuvent être de
véritables obstacles pour la progression de l’élève,
et il est indispensable de les repérer, puis, de les déstabiliser.
Prenons un exemple : tous les enseignants constatent que de nombreux
élèves se forgent des règles fausses (par exemple a + X =
aX ou (a+b)² = a² + b²) ; or répéter la
règle juste ne suffit pas à corriger cette erreur si
l’élève n’a pas compris à quoi servent les
lettres dans un calcul.
Figure 1 : Réponse d’un élève à un
exercice PépiTest
Figure 2 : Extrait du profil d’un élève en
algèbre produit par Pépite
L’utilisation de Pépite comporte trois étapes. Les
élèves passent d’abord un test avec le logiciel
PépiTest qui recueille leurs réponses (Figure 1) Un module analyse
automatiquement leurs réponses en leur associant un code sur plusieurs
dimensions d’analyse. Enfin le logiciel PépiProfil effectue une
analyse transversale des codes sur les différents types d’exercices
et présente à l’enseignant un profil cognitif de chaque
élève (Figure 2). .
3. Constitution du corpus vidéo de communication multimodale
enseignant – apprenant
Afin d’étudier le comportement
d’un enseignant réfléchissant avec un élève
sur ses résultats au test Pépite, un corpus vidéo a
été collecté faisant intervenir huit élèves
et deux enseignantes.
Les élèves ont tout d’abord réalisé le test
Pépite (qui s’effectue individuellement sur un ordinateur). Pour
chaque élève, le profil cognitif produit par Pépite ainsi
que l’ensemble des réponses de l’élève aux
exercices ont été imprimés. Les enseignantes ont ensuite
disposé de quelques jours afin de pouvoir étudier ces documents et
se préparer aux entretiens individuels.
Pendant le dialogue, les deux enseignantes ont soit annoté
elles-mêmes, soit fait annoter par l’élève le document
imprimé contenant les copies d’écran des exercices de
Pépite avec les réponses de l’élève. Dans la
suite nous appelons ce document « document de travail » car
il est le principal objet partagé autour duquel la dyade interagit. Le
profil cognitif de l’élève disponible sur écran ou
sur papier constitue un second document auquel l’enseignant peut faire
référence.
3.1. Dispositif d’enregistrement
L’enseignant et l’élève sont assis à
côté l’un de l’autre, face à une table basse sur
laquelle les documents sont disposés. La hauteur de la table est un
facteur important pour que les deux acteurs gardent l’entière
liberté de leurs mouvements, au moins en ce qui concerne le haut du
corps, ceci afin de ne pas contraindre l’utilisation de différents
modes de communication. Cette situation d’entretien implique que
l’enseignant et l’élève se positionnent naturellement
légèrement tournés l’un vers l’autre.
Deux caméras ont été utilisées, l’une
positionnée dans l’axe de l’enseignant et l’autre dans
l’axe de l’élève, formant un triangle à environ
60 degrés (Cf. Figure 3). Chaque caméra enregistre
l’ensemble de la scène mais permet de capter efficacement les
expressions faciales, le regard ainsi que les gestes et postures de la personne
sur laquelle elle est axée. La hauteur des caméras a
été réglée de manière à observer
convenablement à la fois les expressions faciales des personnes
filmées (y compris lorsque celles-ci regardent les documents
imprimés posés sur la table basse), et, avec une précision
suffisante, les endroits pointés sur les documents lorsqu’un geste
déictique est utilisé. Le positionnement des caméras permet
aussi de déterminer l’objet de focalisation du regard.
Lorsqu’un acteur regarde un document posé sur la table basse, ce
dispositif, bien entendu, ne permet pas de connaître
l’élément scriptural précis sur lequel est
focalisé le regard. Pour cela il serait nécessaire
d’utiliser un dispositif d’oculométrie. Au stade exploratoire
où se situe notre étude, une telle précision ne nous
apparaît cependant pas nécessaire.
Cette situation d’enregistrement a été
préalablement mise au point au cours d’entretiens fictifs
réalisés avec la participation d’étudiants de
l’IUT de Montreuil.
Figure 3 : Position des caméras
étant donné notre objectif d’analyse du comportement
multimodal d’enseignants effectuant un retour individuel sur les
résultats au test Pépite, ce sont les enregistrements de la
caméra axée sur l’enseignant (caméra 1) qui ont
été par la suite utilisés, les enregistrements de la
seconde caméra ont été ponctuellement utilisés pour
lever des ambiguïtés. Ces enregistrements sont aussi utilisés
pour des études ultérieures sur l’interaction entre
l’enseignant et l’élève, ou sur les réactions
émotionnelles de l’élève aux actes
pédagogiques de l’enseignant.
3.2. Sélection des données
Un travail préliminaire de visionnage a été
effectué dans le but de repérer a priori, de manière
informelle, des épisodes jugés particulièrement riches ou
intéressants, d’une part en termes d’émotions et de
communication multimodale et, d’autre part, en termes d’actes
pédagogiques réalisés par l’enseignante. Ce travail a
impliqué des chercheurs qui proviennent de plusieurs disciplines,
notamment la didactique des mathématiques, l’informatique et les
interfaces hommes-machines.
Au niveau de l’expression d’émotions (Martin et al., 2005),
le visionnage a priori a relevé des expressions de surprise, de doute,
d’assentiment, mais ce qui domine est l’empathie manifestée
envers l’élève par les deux enseignantes.
Au niveau pédagogique, nous avons mis en évidence deux
stratégies mises en œuvre par les enseignantes. La première
que nous avons appelée « correction » consiste
à relever une erreur et à la faire corriger par
l’élève. La deuxième que nous avons appelée
« bilan » consiste à prendre du recul par rapport aux
réponses et à réfléchir sur les méthodes de
résolution de l’élève ou sur les mathématiques
ou sur l’enseignement des mathématiques. Notons que les parties
correction et bilan ne sont pas nettement distinctes mais s’entrecroisent.
Cette dernière stratégie qui s’appuie sur un discours
méta de l’enseignant nous a donc semblé intéressante
à étudier tant du point de vue didactique que du point de vue de
l’expression multimodale et des émotions. En effet, c’est la
partie où le visionnage a priori donne une grande impression
d’empathie de l’enseignante envers l’élève, en
particulier exprimée par son regard. Nous nous sommes donc, dans un
premier, temps centrés sur cet aspect pour le travail
présenté ici. Le regard est une modalité qui a plusieurs
fonctions (Knapp et Hall, 2006) : réguler le flot de communication, contrôler le feedback, informer
sur l’activité cognitive dont l’attention, exprimer des
émotions, communiquer la nature de la relation interpersonnelle. Le
regard fournit des informations (par exemple regard déictique vers un
objet) mais sert aussi à récupérer des informations (par
exemple pour vérifier l’attention de l’interlocuteur). Il est
un élément essentiel de la synchronie interactionnelle (Cosnier, 1992), (Poggi et al., 2003).
L’analyse de corpus étant un processus très coûteux
en temps, nous nous sommes limités à l’étude de trois
des huit enregistrements effectués. Nous avons écarté de
notre étude la variable portant sur la différence entre les
enseignantes car les effets de contexte étaient trop importants (e.g.
contraintes d’emploi du temps des élèves et contrat
didactique dans un cadre scolaire).
Les trois vidéos retenues font intervenir une seule enseignante et
trois élèves volontaires dans un contexte de soutien en dehors du
cadre scolaire. Ces vidéos comprennent au total 39 parties bilan. Ces
parties ont été sélectionnées par consensus au sein
de l’équipe lors du visionnage a priori des différentes
vidéo. La durée totale de ces parties bilan est de 54 minutes 21
secondes, comme le montre le tableau 1. Deux des élèves ont un
niveau en algèbre que nous qualifions de faible. Le troisième est
d’un niveau qualifié de élevé.
Elève |
Durée totale de la vidéo |
Nombre de parties bilan |
Durée totale des parties bilan |
« Niveau » de l’élève |
#02 |
47’59 |
9 |
18’18 |
faible |
#03 |
61’44 |
15 |
18’01 |
faible |
#04 |
49’56 |
15 |
18’02 |
élevé |
TOTAL |
54’21 |
|
Tableau 1 : Parties bilan pour les vidéos
sélectionnées et niveau des élèves
4. Annotation des vidéos
Les unités d’observation correspondent
au tour de parole de l’enseignant.
4.1. Schéma d’annotation
De nombreux schémas pour annoter manuellement des comportements
observés ont été développés à
différents niveaux, allant des signes physiques dans différentes
modalités à des niveaux plus subjectifs liés à
l’interprétation des messages, par exemple liés aux actes de
dialogue ou aux émotions. Citons par exemple pour les gestes (Kipp, 2004), pour
les actes de dialogue avec DAMSL (Core et Allen, 1997),
pour l’expression multimodale d’émotions complexes (Martin et al., 2005) et pour les fonctions communicatives liées aux différentes phases
de discours des enseignants (Paries, 2004).
Poggi (Poggi, 2003) définit un comportement de communication par :
- le groupe de fonctions communicatives auxquelles il appartient
(par exemple gérer les tours de parole),
- le sens de ce comportement dans ce groupe de fonctions
communicatives (« donner le tour de parole »),
- le signal ou les signaux associé(s) (regarder son
interlocuteur, hausser les sourcils, arrêter de parler).
Notre premier travail a consisté à mettre au point un
schéma d’annotation sur plusieurs niveaux en tenant compte de nos
objectifs de recherche, de l’étude de la littérature dans
les domaines de la communication non verbale et de l’enseignement, ainsi
que de l’analyse informelle des vidéos.. Les
éléments annotés concernent en particulier :
- Des intentions qui selon (Paries, 2004) visent deux objectifs : l’enrôlement que nous avons traduit par
l’intention Animer, et le cognitif où nous distinguons
l’apport d’information (Informer) et l’évaluation
(Evaluer). Chacune de ces intentions est traduite en actes de langage
généraux, par exemple, interroger ou bien résumer. Par
exemple nous annotons:
• dans l’intention Animer, les annonces concernant le
déroulement de la séance par l’enseignant.
• dans l’intention Informer, la communication à
l’apprenant de résultats concernant ses réponses aux
exercices de Pépite ou bien concernant son profil.
- Des moyens linguistiques utilisés par l’enseignant.
Nous n’analysons pas ici la signification des mots. Par exemple, la phrase
« est-ce que c’est correct ? » est considérée tout
simplement comme une question.
- Des stratégies pédagogiques, par exemple :
• L’établissement et le maintien par l’enseignant de
la relation de communication avec l’élève.
• Les incitations de l’enseignant auprès de
l’apprenant. Celles-ci peuvent s’effectuer de façon directe
(demander de faire) ou bien de façon indirecte (citer des qualités
de l’objectif visé).
- Des paramètres affectifs, par exemple :
• Les actes de communication ayant pour objectif de motiver ou
valoriser l’élève.
• Les émotions exprimées par l’enseignant et leur
valence positive ou négative.
Parallèlement, nous annotons des éléments de
communication non verbale. Nous avons pour l’instant focalisé notre
travail sur la direction du regard de l’enseignant. Le contexte
expérimental induit quatre valeurs possibles. Dans un contexte
d’entretien interpersonnel mettant en jeu des documents imprimés,
les deux points principaux de focalisation du regard de l’enseignant sont,
bien sûr, d’une part l’élève et, d’autre
part, les documents (dans le contexte spécifique lié au logiciel
Pépite, nous avons deux catégories de documents : le document de
travail sur papier et le profil de l’élève sur
l’écran). Il peut arriver cependant que l’enseignant ne
dirige son regard ni sur l’élève ni sur les documents, mais
regarde « ailleurs » ou bien « dans le vide ». Nous retenons
donc pour la direction du regard de l’enseignant quatre valeurs
d’annotation : élève, document de travail sur papier,
profil de l’élève sur l’écran, ailleurs.
4.2. Travail d’annotation
Les séquences sélectionnées (39 parties bilan pour une
durée totale de 54 minutes 21 secondes) ont été
annotées par le premier auteur avec le logiciel
ANVIL4 (Kipp, 2004), selon
le schéma d’annotation décrit dans la section
précédente. Anvil est un logiciel (Figure 4) qui permet de
réaliser une annotation manuelle selon un schéma structuré
d’annotation. Les actes sont organisés dans des ensembles (groupes)
et sous-ensembles (pistes). L’utilisateur délimite l’acte
constaté sur la vidéo en précisant son début et sa
fin, et il choisit l’étiquette correspondante dans le schéma
d’annotation défini au préalable en XML.
Figure 4 : Exemple d’annotation sous Anvil
Le temps de travail nécessaire pour annoter une minute de
vidéo est variable selon la densité des annotations. La
durée moyenne peut être estimée à une heure de
travail d’annotation par minute de vidéo. Dans cette phase
exploratoire, un test de qualité du codage a été
effectué sur un extrait de trois minutes qui a été
annoté par un autre membre de l’équipe. L’application
du test statistique de l’accord interjuges Kappa proposée par (Cohen, 1960) a
donné de très bons résultats. Ces derniers portent
cependant sur un nombre d’annotateurs et une durée
d’annotation insuffisants pour être significatifs. Dans une phase
ultérieure, ces annotations pourront être validées avec
plusieurs annotateurs et sur des durées d’enregistrement
significatives. Dans un premier temps, elles nous servent à
définir les valeurs initiales des paramètres spécifiant le
comportement de l’agent.
5. Analyse des relations entre direction du regard et actes
pédagogiques
Dans cet article, nous nous focalisons sur
l’étude du regard de l’enseignant. Le corpus annoté
que nous avons constitué a fait l'objet d'une étude par analyse
statistique des annotations. Les annotations sont stockées par ANVIL dans
des fichiers XML. Nous avons développé en Java un programme
prenant en entrée ces fichiers XML et permettant d'obtenir, d'une part
des éléments statistiques de base concernant les annotations
(nombres d'occurrences, durées moyennes, etc.) et, d'autre part, la
probabilité de cooccurrence entre les types d’annotations et la
direction du regard. Dans l'objectif de réalisation d'un agent
pédagogique, ces données sont ultérieurement
utilisées pour spécifier le comportement de l'agent. Ces valeurs
définissent la probabilité avec laquelle l'agent dirige son regard
vers l'un de ces quatre centres d'attention.
Dans cette section, nous présentons les résultats obtenus et
l’interprétation que nous en faisons. Nous distinguons deux grandes
catégories d’annotations : d'une part, celles pour lesquelles les
valeurs de cooccurrence obtenues restent stables d'un élève
à un autre et, d'autre part, celles pour lesquelles ces valeurs varient
de manière importante en fonction de l'élève. Les profils
cognitifs des élèves produits par Pépite permettent de
situer les élèves par rapport à la connaissance attendue
à ce niveau scolaire en algèbre. Nous voulons étudier
l’influence de ce niveau de compétence de l'élève sur
ces différents comportements. L’étude de cet
échantillon devra bien sûr être consolidée par une
étude sur un panel d’élèves plus important. Le
tableau 1 indique comment nous avons évalué ce niveau de
façon grossière (faible, élevé) en fonction des
profils cognitifs calculés par Pépite.
5.1. Annotations dont la corrélation avec la direction du regard est
indépendante du niveau de l’élève
Nous classons dans cette catégorie les annotations pour lesquelles les
calculs statistiques donnent des résultats similaires pour les trois
élèves étudiés. Le tableau 2 synthétise
les résultats observés.
Annotation |
Direction du regard |
élève |
supports |
Poser une question |
0,4 |
0,6 |
Demander de faire |
0,12 |
0,88 |
Rétablir la confiance après déstabilisation |
0,65 |
0,35 |
Faire référence à une partie
précédente |
0,06 |
0,94 |
Introduire une étape |
0,2 |
0,8 |
Envisager une étape |
0,3 |
0,7 |
Signaler un traitement incorrect |
0,09 |
0,91 |
Signaler un traitement correct |
0,21 |
0,79 |
Inciter à expliciter une connaissance |
0,13 |
0,87 |
Faire un rappel |
0,14 |
0,86 |
Comportement émotionnel |
0,24 |
0,76 |
Tableau 2 : Corrélation types
d’annotations – direction du regard dans les cas indépendants
du niveau de l’élève
Poser une question.
Selon notre étude, lorsque l’enseignant pose une question,
l’élève est le point de focalisation du regard avec une
probabilité de seulement 0,4, contre 0,6 pour le support
d’enseignement (document de travail ou profil de
l’élève). D’un point de vue général,
nous pourrions nous attendre à ce que, dans une situation de
communication interpersonnelle, le locuteur regarde son interlocuteur
lorsqu’il lui pose une question. Dans une situation de communication
enseignant-élève avec support d’enseignement, il n’est
cependant pas surprenant que ce dernier représente un point
d’attention privilégié, spécialement en
algèbre où la formulation numérique ou algébrique
écrite est très présente et non ambigüe. Nous
constatons que le temps d’attention visuelle portée sur les
supports d’enseignement prend ici le pas sur celui où elle est
portée sur l’élève.
L’étude des annotations montre, de plus, que les questions
posées à un élève sont souvent accompagnées
de gestes déictiques par lesquels l’enseignant pointe des
informations présentes sur le support d’enseignement. Un travail
à venir pourra corréler ces gestes déictiques avec la
direction du regard.
Demander de faire.
Sur cette annotation, notre étude montre une probabilité de
regarder les documents supérieure à 0,8.
Ces demandes ont, par exemple, pour objectif d’amener
l’élève à reformuler, donner une explication,
accomplir une tâche ou bien corriger une erreur. La probabilité
élevée peut s’expliquer par la nécessité de
bien cibler la tâche demandée et d’éviter toute
incompréhension ou confusion. Ici encore, l’écriture
mathématique sur le support d’enseignement joue en cela un
rôle essentiel. Comme pour l’acte poser une question, cet acte de
langage est souvent accompagné par un geste déictique vers le
support d’enseignement.
Rétablir la confiance après déstabilisation.
Nos résultats statistiques montrent que l'enseignant regarde
l'élève (probabilité de 0,65) plutôt que les supports
(probabilité de 0,35).
Lorsque ses points faibles, erreurs ou difficultés sont
exposés, l’apprenant peut être déstabilisé et
perdre confiance en lui. L’enseignant intervient alors pour
rétablir cette confiance. Cela se fait le plus souvent en encourageant
l’élève et en rappelant certains de ses points forts,
réussites ou de ses qualités. La probabilité
observée s'explique selon nous, par le besoin d'évaluer les
réactions de l’élève et, en particulier, les
émotions que celui-ci manifeste. L'enseignant oriente son discours en
fonction de ce retour.
Faire référence à une partie précédente.
La probabilité de regarder les supports dépasse 0,8 lorsque
l'enseignant fait référence à une partie
précédente de la séance. L'enseignant regarde
l'élève (probabilité inférieure à 0,2) dans
le but de vérifier que celui-ci se rappelle bien la partie
précédente en question. Cet acte de communication verbale consiste
à lier entre elles deux parties de la séance et à montrer
cette liaison à travers des informations recherchées sur les
supports que l’enseignant feuillette (ou parcourt) pour revenir à
la partie précédente (ou à l’écran
précédent).
Introduire une étape/envisager une étape.
Ce type d’annotation intervient lorsque l’enseignant explique le
déroulement de la séance (nous parlons d’étapes pour
désigner des parties de la séance formant une entité du
point de vue de la stratégie pédagogique suivie par
l’enseignant). L'enseignant regarde les supports avec une
probabilité de 0,8 dans le cas d'introduire une étape, et une
probabilité légèrement inférieure à 0,7 dans
le cas d'envisager une étape. L'enseignant, pour présenter
à l'apprenant l'étape en question, s'appuie pour cela sur les
supports ce qui explique ces probabilités élevées.
Signaler un traitement incorrect/signaler un traitement correct.
Il s’agit d’un résultat de validation ou bien
d’invalidation d’une réponse de l’élève
aux exercices. Selon notre étude, la probabilité que
l’enseignant fixe son attention sur le support d’enseignement est
très forte dans les deux cas. Cela peut s’expliquer par la
nécessité de pointer, sur les réponses de
l’élève aux exercices, la source de l’erreur ou bien
l’exercice correctement traité. Nous observons cependant une nette
variation : les chiffres obtenus sont, en effet, de 0,91 pour signaler un
traitement incorrect et de 0,79 pour signaler un traitement correct. Nous
pouvons supposer deux raisons à cela. D’une part, en cas de
réussite l’enseignant encourage l’élève et, en
l’encourageant, il le regarde. D’autre part, le cas d’un
traitement incorrect nécessite de cerner et discuter l’origine de
l’erreur, d’où un temps passé plus important sur le
document de travail.
Inciter à expliciter une connaissance.
L'enseignant regarde les supports avec une probabilité de 0,87. Il
doit en effet orienter l’apprenant en lui expliquant des connaissances
connexes présentes sur les supports ou en lui montrant des mises en
pratique de la connaissance à expliciter. L’enseignant regarde
l’apprenant pour observer l'effet de son incitation sur
l'élève. Cette interrogation visuelle peut avoir lieu au cours de
l’incitation, auquel cas l'enseignant adapte son intervention en fonction
du retour que ce regard lui apporte. Il se peut aussi que ce regard intervienne
à la fin de l’incitation.
Faire un rappel.
La probabilité de regarder les supports est de 0,86. En
général, l’objet du rappel est une connaissance
déjà abordée, un savoir-faire pratiqué dans un
exercice précédent, une information déjà
citée pendant la séance. Les supports servent dans tous les cas de
référence, ce qui explique la probabilité
élevée de les regarder. Dans de rares cas, le regard est
principalement adressé à l’élève. Il s'agit
alors de rappels dont l’objet est une définition. Le regard de
l’enseignant est toujours orienté vers l’apprenant en fin de
rappel, afin d'évaluer le souvenir et la compréhension de
l'élève sur l'élément rappelé.
Comportement émotionnel
Nous avons mentionné que l’empathie de l’enseignant envers
l’élève était omniprésente dans le corpus.
Nous avons par ailleurs relevé des occurrences où
l’enseignant manifeste la surprise. Nous obtenons une probabilité
de 0,76 que cette émotion soit identifiable alors que l’enseignant
regarde les supports. Suite à ce résultat nous pouvons formuler
deux hypothèses. La première est que l’enseignant
évite de se montrer dans une situation qui pourrait entraîner une
certaine déstabilisation de l’apprenant. La deuxième
hypothèse est que la source de ces manifestations de surprise provient
des supports. Par exemple, l’enseignant peut relever une réponse
incorrecte parmi les réponses de l’élève aux
exercices alors qu’il considère que cette question relève de
connaissances acquises par l’apprenant.
5.2. Annotations dont la corrélation avec la direction du regard
dépend du niveau de l’élève
Nous présentons ci-dessous des annotations pour lesquelles les calculs
statistiques donnent des résultats similaires pour les deux
élèves classés faibles, et différents pour
l’élève classé fort. Le tableau 3
synthétise ces résultats.
Annotation |
Direction du regard |
Elève fort |
Elèves faibles |
élève |
supports |
élève |
supports |
Informer |
0,67 |
0,33 |
0,33 |
0,67 |
Résumer |
0,13 |
0,87 |
0,46 |
0,54 |
Valoriser |
0,49 |
0,51 |
0,3 |
0,7 |
Tableau 3 : Corrélation types
d’annotations – direction du regard dans les cas dépendants
du niveau de l’élève
Informer
Dans le cas d'un élève faible, la probabilité pour que
l’enseignant regarde l’élève est de 0,33. Au
contraire, si l'élève est classé fort, cette
probabilité s’élève à 0,67.
Nous constatons donc qu'une partie du temps que l’enseignant passe
à regarder les supports de l’élève faible est
consacrée à regarder l’élève fort. Les
élèves faibles ont souvent des difficultés à
traduire en français des expressions mathématiques. Une
interprétation possible est que l’enseignant appuie davantage son
discours sur l’écrit pour donner des informations à un
élève faible.
Résumer
La probabilité de regarder un élève faible est de 0,46
contre 0,13 pour un élève fort. Lorsque l'enseignant résume
le travail d’un élève faible, il prend soin de ne pas le
démoraliser et tente au contraire de le motiver pour le travail à
venir visant la mise en cause de ses erreurs. Nous constatons que, dans ce cas,
l'enseignant consacre un temps presque égal aux supports sur lesquels se
trouvent les informations à résumer, et à
l'élève pour le motiver et pour vérifier qu’il suit
bien l’intervention.
Valoriser
La probabilité de regarder un élève faible est de 0,30
contre 0,49 pour un élève fort. Une interprétation possible
est que les élèves plus faibles sont moins sûrs d’eux
et ont plus de difficultés à soutenir le regard d’un adulte.
L’enseignant peut regarder le support pour éviter de gêner
l’élève. Une interprétation alternative est
qu’il est difficile pour l’enseignant de trouver des arguments pour
valoriser un élève faible et ne pas regarder
l’élève traduit cette gêne.
Dans le contexte de cette étude, ces premières analyses
suggèrent que la gestion des tours de parole ne joue qu'un rôle
secondaire dans la direction du regard de l'enseignant qui dépend surtout
des actes pédagogiques et du niveau de l’élève. Ceci
s'explique, d'une part par le fait que les parties étudiées de
notre corpus (parties bilan) comportent peu d'interactions et, d'autre part, par
le fait que le regard est ici utilisé pour diriger l'attention de
l'apprenant vers des éléments importants des documents de travail.
Cette première étude nous amène à envisager des
analyses complémentaires pour suivre l’évolution temporelle
du regard entre le début et la fin d’un acte (ou d’une
séquence d’actes pédagogiques).
6. Conclusion
Cette étude exploratoire a pour objectif
d’apporter des informations sur le comportement multimodal d’un
enseignant dans une situation de diagnostic lors d’une interaction
dyadique avec un élève en vue de spécifier le comportement
d’un agent pédagogique animé.
Nous avons mis en place une situation d’étude riche, qui nous a
permis de recueillir un corpus vidéo conséquent.
L’étude que nous présentons ici ne porte que sur trois des
huit vidéos collectées et une seule des deux enseignantes
filmées. Il s’agit donc d’une étude exploratoire dont
l’objectif principal est de développer la méthodologie par
analyse de corpus dans le contexte des agents pédagogiques animés
et des EIAH. Nous utiliserons ce corpus et cette méthodologie d’une
part pour affiner les premiers résultats présentés dans cet
article et, d’autre part, pour des analyses complémentaires
liées par exemple aux réactions émotionnelles de
l’apprenant (afin d’étudier l’impact des actes
pédagogiques de l’enseignant).
Concernant notre première question de recherche sur les actes
pédagogiques, à partir de travaux existants et du contexte
particulier de notre situation, nous avons identifié les actes
pédagogiques de l’enseignant dans cette situation. A partir de
cette analyse et des travaux de l’équipe du LINC sur
l’analyse d’expressions multimodales, nous avons mis au point un
schéma d’annotation. Une partie du corpus a été
annotée suivant ce schéma. Concernant la question du rapport entre
le verbal et le non verbal dans une situation de diagnostic lors d’une
interaction dyadique d’un enseignant avec un élève, nous
nous sommes limités à l’étude des relations entre les
actes pédagogiques et l’orientation du regard de l’enseignant
entre l’élève et les deux documents (sur papier et sur
écran) supports du diagnostic. Des calculs statistiques ont
été appliqués sur les annotations. Ces premiers
résultats suggèrent un lien entre la direction du regard et,
d’une part, l’acte pédagogique et, d’autre part, le
niveau de l’élève. De plus, ces statistiques nous permettent
de définir des valeurs par défaut pour les paramètres
spécifiant la direction du regard de l’APA entre l’apprenant
et les documents sur lesquels repose le diagnostic.
Concernant les émotions, toute l’attitude des
élèves montre une charge émotionnelle très forte sur
l’ensemble de la séance où l’image de
l’adolescent est en jeu (au moins en tant qu’élève de
mathématiques). L’enseignante que nous avons étudiée
est une enseignante expérimentée qui ne manifeste ni
colère, ni impatience, ni joie excessive, mais cherche à
désamorcer la charge affective pour faire réfléchir
l’élève sur ses forces et ses faiblesses et sur les attentes
de l’institution. Notre étude ne permet donc pas de
présenter un éventail large d’émotions. Cependant,
elle suggère que certains comportements peuvent être des
indicateurs d’émotion et que l’enseignante est très
attentive à l’aspect affectif dans le rapport au savoir des
élèves.
Nous nous sommes ainsi centrés sur l’élément le
plus frappant de notre corpus à savoir l’empathie exprimée
par la direction du regard. Nous poursuivons l’étude de deux autres
modalités : la déictique et le sourire en tant
qu’indices pour déceler une émotion (par exemple
éviter de regarder l’élève peut traduire une
gêne). De plus, dans l’une des vidéos que nous avons
laissée de côté une autre attitude est apparue : le
jeu. L’enseignante donne des défis à un élève
assez particulier et doté d’une forte personnalité. Elle le
taquine lorsqu’il ne relève pas le défi et bien sûr
le félicite quand il le relève. Cette attitude nous semble une
perspective d’étude intéressante pour modéliser une
des attitudes possibles d’un APA dans la stratégie de correction. A
contrario, avec des élèves plus inhibés, la même
enseignante, pressée par le temps ne réussit pas à
établir le contact, et a ressenti cette séance comme un
échec.
Notre étude nous conforte dans l’hypothèse que la
communication affective, qu'elle concerne les expressions d'émotions ou
d'attitudes, est un facteur indispensable à prendre en compte dans
l'enseignement. Un corpus comme celui que nous décrivons ici peut aider
à terme à spécifier des agents pédagogiques
animés ayant différents rôles ainsi qu'à
étudier la manière dont la communication affective
s'intègre à l'interaction enseignant - élève (Baylor et Ebbers, 2003).
Cela nécessite la définition de schémas d’annotation
adaptés à ce types de données pour représenter les
états affectifs observés côté élève et
côté enseignant, ainsi que l'expressivité des comportements
associés (Martin, 2006).
Remerciements
Ce travail a été financé partiellement par
l’Agence Universitaire de la Francophonie. Nous tenons à remercier
Catherine Pelachaud, Marion Tellier, Mamadou Sanghare et Ibrahima Niang pour
leurs précieux conseils, ainsi que les deux enseignantes et les huit
élèves pour leur participation à la situation
d’étude présentée ici.
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Pépite, Actes de la conférence EIAH2005, Environnements
Informatiques pour l'apprentissage humain, Montpellier, INRP,
p. 297-308.
1 AIDA (Approche Interdisciplinaire pour les
Dispositifs Informatisés d’Apprentissage) est un plan pluriannuel
de formation regroupant plusieurs équipes de recherche en EIAH de la
région parisienne dont le LINC, le CRIP5 et Didirem.
2 http://www.iut.univ-paris8.fr//Accueil/Recherche/TechnoCom/MICAME
3 http://pepite.univ-lemans.fr/
4 http://www.dfki.de/~kipp/anvil/
A
propos des auteurs
Mohamedade FAROUK est doctorant en Informatique au
Laboratoire d'Informatique et Communication (LINC) de l'Université Paris
8. Ses recherches portent sur les Agents Conversationnels Pédagogiques
(ACP). Il s'intéresse à la spécification du
comportement d'un ACP qui donne un retour d'évaluation à un
apprenant. Sa thèse s'effectue en collaboration avec le projet
Pépite et dans le cadre du Programme PluriFormation AIDA (Approche
Interdisciplinaire pour les Dispositifs informatiques d'Apprentissage)
piloté par l'Université Paris 6.
Adresse : IUT de Montreuil, 140 rue de la Nouvelle France, 93100 Montreuil
Courriel : m.farouk@iut.univ-paris8.fr
Jean-Hugues RÉTY est maître de conférences en
Informatique à l'Université Paris 8. Ses recherches dans le
domaine des EIAH portent sur l'utilisation d'agents conversationnels
animés dans un contexte d'apprentissage. Il s'intéresse aussi au
récit et au scénario intéractifs. Il dirige actuellement
sur ce thème un projet à la Maison des Sciences de l'Homme
Paris-nord.
Adresse : IUT de Montreuil, 140 rue de la Nouvelle France, 93100
Montreuil
Courriel : jh.rety@iut.univ-paris8.fr
Elisabeth DELOZANNE est docteur en informatique de
l'université du Maine depuis 1992. Chercheure en EIAH, elle travaille sur
des projets pluridisciplinaires qui visent à produire des logiciels pour
assister les enseignants dans la prise en compte de la diversité
cognitive de leurs élèves, spécialement en
mathématiques. Membre du Conseil National des Universités, elle
est actuellement Maître de Conférences à l'Université
Pierre et Marie Curie. Elle est très concernée par la
dissémination des résultats de la recherche dans l'enseignement
secondaire et universitaire.
Adresse : L'UTES, Université
Pierre et Marie Curie, 4 place Jussieu 75270 Paris cedex 05
Courriel : elisabeth.delozanne@upmc.fr
Brigitte GRUGEON-ALLYS est docteur en Didactique des
Mathématiques de l'université Paris 7 depuis 1995. Chercheure en
EIAH, elle collabore à des projets pluridisciplinaires exploitant des
résultats de didactique dans la conception de logiciels pour
différencier les apprentissages en algèbre
élémentaire. Elle est actuellement Maître de
Conférences à l’IUFM d’Amiens - Université
Jules Verne. Elle est très investie dans la formation des enseignants de
mathématiques.
Adresse : IUFM d’Amiens, Centre de Beauvais, 3 rue Bossuet, 60000 Beauvais
Courriel : grugeon@club-internet.fr
Nelly BENSIMON est maître de conférences en
informatique à l’Université Paris 8. Après avoir
mené des recherches en TAL, elle a créé, au début
des années 2000, une équipe de recherche autour de thèmes
de l’IHM parallèlement à la structuration du
département informatique de l’IUT de Montreuil. Elle s’est
personnellement investie dans les recherches centrées sur les agents
pédagogiques. Elle dirige actuellement l’IUT d’Orsay,
Université Paris Sud 11.
Adresse : IUT d’Orsay, Plateau de
Moulon, 91400 Orsay
Courriel : nelly.bensimon@u-psud.fr
Jean-Claude MARTIN est Maître de Conférences
en Informatique et effectue ses recherches au LIMSI depuis 1991. Habilité
à Diriger des Recherches en décembre 2006 il étudie la
communication multimodale dans des contextes d’interactions entre
personnes ou d’interactions entre une personne et un ordinateur, et plus
particulièrement les différences individuelles en terme
d’expression et de perception multimodale de comportements sociaux, la
spécification de comportements multimodaux expressifs à partir de
corpus multimodaux, et l’évaluation de l’interaction entre
des utilisateurs et des agents conversationnels animés.
Adresse : LIMSI, BP 133, 91403 Orsay
Cedex, France
Courriel : martin@limsi.fr
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