Visualisation interactive de traces et
réflexivité : application à l’EIAH collaboratif
synchrone eMédiathèque
Damien Cram, Denis Jouvin, Alain
Mille
LIRIS UMR
5205 CNRS, Université de
Lyon
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RÉSUMÉ : Cet
article présente un outil de visualisation interactive de traces
d’interactions dans le cadre d’une activité
d’apprentissage collaboratif synchrone. Cet outil a été
développé en collaboration entre l’entreprise eLycée
S.A.S., et une équipe de recherche travaillant sur
l’ingénierie de l’expérience tracée et les
EIAH. L’hypothèse de facilitation de la tâche
d’apprentissage par les processus métacognitifs liés
à une activité réflexive est à la base de la
contribution. L’article est l’occasion de situer
précisément les enjeux du travail engagé, de décrire
l’environnement et les outils développés, et de
présenter les propriétés des modèles sous-jacents.
Bien que cet outil de visualisation de traces n’ait pas encore fait
l’objet d’expérimentations, les tests techniques
auprès d’un public varié ont rencontré une forte
adhésion. L’article pointe les aspects génériques des
mécanismes de traçage développés, en particulier les
possibilités de faire évoluer dynamiquement l’environnement
par l’utilisateur mais aussi par les concepteurs d’activités
et les enseignants.
MOTS CLÉS : Traces
d’utilisation ou d’interactions, plate-forme collaborative
synchrone, apprentissage à distance, visualisation interactive de traces,
réflexivité. |
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ABSTRACT : This
paper presents an interactive visualization tool for interaction traces, in the
context of a synchronous collaborative e-learning activity. This tool has been
developed by an e-learning company, eLycée, in collaboration with a
research team working on e-learning, interaction traces, and experience reuse.
This work adopts the grounding hypothesis that metacognitive processes and
reflexive activities can facilitate learning. The paper presents the specific
issues of such usage trace construction and visualization, the design of the
hosting collaborative synchronous platform, and the associated tools and
underlying models properties. This tool has so far not been experimented with
students, but the technical tests with various researchers have been very
promising and encountered a wide acceptance. The paper also points out the
generic aspects of the tracing mechanisms, and the possibility for the student,
teacher and designer to configure, update and extend it dynamically.
KEYWORDS : Usage
traces, interaction traces, synchronous collaborative platform, e-learning,
interactive trace visualization, reflexivity.
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1. Introduction
Il
existe entre autres deux types d'usage des traces dans les EIAH. Le premier
concerne la collecte des traces d'interactions lors d’activités
d’apprentissage médiées par un EIAH pour les analyser
ensuite. Le deuxième consiste à élaborer des indicateurs
à partir de traces d'interactions pour mettre à disposition des
apprenants ou des enseignants des tableaux de bord de l'activité en
cours. Mais dans ce deuxième cas, les traces d'interactions liées
à l'activité sont en général "cachées"
à celui qui les produit. Dans cet article nous adoptons
l'hypothèse que la visualisation des traces par celui qui les produit
favorise les processus métacognitifs lors de l'activité
d'apprentissage, notamment les processus liés à la
réflexivité. Notre objectif ici est de préciser les
propriétés attendues d’un EIAH collaboratif synchrone
tracé, et de proposer des principes, des méthodes et les
premières pistes pour concevoir de tels environnements. Une
deuxième étape de notre démarche de recherche est
d'évaluer le degré de réflexivité
supplémentaire apportée par la visualisation réflexive de
traces chez l'apprenant lors de ses activités. Cette deuxième
étape n'est pas l'objet de l'article, elle fera l'objet de recherches
futures, plus orientées vers les sciences humaines. Le concept de
réflexivité est introduit ici comme principale motivation dans la
conception du système de visualisation de traces que nous
présentons dans la suite.
Après avoir précisé le contexte de ces recherches
(section 1), nous
parcourons l'état de l'art en matière de systèmes à
base de traces dans les EIAH et de visualisation de traces (section 2), et nous positionnons ce
travail par rapport au CSCW et au CSCL. Deux points principaux sont ensuite
abordés dans l'article : le premier est la présentation de la
plate-forme d'apprentissage en ligne eMédiathèque (section 3), et de son architecture
à base de réification d'actions qui permet un traçage
précis lors des activités ; le deuxième est
l'explication du fonctionnement du système de visualisation de traces que
nous proposons d’installer dans eMédiathèque (section 4). La
section 5 présente
l'interface de l'outil de visualisation et l'illustre par un scénario de
collaboration très simple : le cas d’une activité de
co-traduction de bandes dessinées par un binôme d'étudiants.
La restriction de l'activité à un binôme plutôt
qu'à un groupe appauvrit certes la dimension collaborative de
l'activité mais a pour avantage de valider l'outil et de présenter
son interface de manière plus simple. La section 6 explique comment le
traçage d'une activité pédagogique supplémentaire
peut être envisagé a posteriori grâce à la
généricité et l’extensibilité du
système. La section 7 présente les
perspectives de recherche maintenant ouvertes par la présence d'une telle
visualisation interactive de trace selon trois axes : l'apport
réflexif du système, les possibilités de partage et de
réutilisation d'expérience, et enfin l'awareness collaboratif apporté par la présence des traces d’une
activité collective dans l'environnement.
1.1. Contexte : eLycée et sa plate-forme
eMédiathèque
eLycée S.A.S. est une jeune entreprise innovante proposant un service
d’enseignement à distance du français, adressé en
premier lieu à des étudiants français ou francophones
résidant à l’étranger, et n’ayant pas la
possibilité, pour des raisons financières ou géographiques,
d’intégrer un lycée ou une école française
dans le pays d’accueil. Pour ce faire,
eLycée1 a
développé un environnement de classes virtuelles, fondé sur
des technologies récentes en matière de
vidéoconférence et de partage collaboratif. A la différence
de nombreux services d’enseignement à distance plus classiques, le
modèle de classes virtuelles d’eLycée est un modèle
synchrone, dans lequel les élèves et l’enseignant se
retrouvent simultanément, communiquent et collaborent dans un espace
virtuel par le biais d’outils collaboratifs synchrones et
multimédias, dans un contexte technique de
vidéoconférence2.
Les principales caractéristiques du modèle pédagogique
d’eLycée sont d’une part d’instaurer
l’élève comme principal acteur du processus
d’apprentissage, et d’autre part de favoriser les processus
métacognitifs liés à la réflexivité. Pour y
parvenir, eLycée base les activités pédagogiques sur la
co-construction de documents multimédia (textuels, vidéo, audio ou
mixtes), en binômes ou en groupes. Les documents ainsi produits peuvent
ensuite être sélectionnés et exposés aux parents ou
professeurs par le biais d’un portfolio, actuellement sous la forme
d’un blog de classe ou d’élève.
La facilitation des processus métacognitifs est, quant à elle,
liée aux outils collaboratifs et au traçage, de façon
à ce que les élèves puissent avoir une vision de
l’activité des autres, de l’activité de leur groupe,
et de leur propre activité. Des phases ou exercices mettant en œuvre
explicitement cette réflexivité peuvent ainsi être incluses
dans l’activité même par les enseignants : critiques
mutuelles lors de l’édition d’un tableau blanc, correction
des productions des autres, revue des erreurs d’écriture commises,
des mots ou tournures ayant posé des difficultés, etc.
Étant donnés ces besoins originaux, innovants par rapport
à l’offre des outils habituels, eLycée a
développé eMédiathèque. eMédiathèque est une plate-forme collaborative synchrone
incluant une infrastructure de traçage, un système de
visualisation interactive de la trace, et un certain nombre d’outils
collaboratifs tracés.
1.2. eMédiathèque, une plate-forme de CSCL tracée
Une tendance que l’on peut constater aujourd’hui dans
l’enseignement à distance est celle du constructionnisme (Papert, 1993),
et plus particulièrement du constructionnisme social, dans
laquelle les apprenants sont impliqués dans la création de
documents ou d’artefacts, de façon collaborative, afin
d’améliorer leur apprentissage et leur ressenti. La démarche
pédagogique d’eLycée (eLycéeMethod, 2007) va tout à fait dans le sens de cette approche.
Il nous parait important de souligner que la synchronie des interactions,
rendue possible par les plates-formes dites collaboratives synchrones, donnent à
l’enseignement à distance en classes virtuelles une
véritable dimension collaborative, vivante, et vécue comme telle
par les apprenants et l’enseignant. Elle permet un degré de
collaboration beaucoup plus conscient que le mode asynchrone. Le bouclage action
– feedback entre les participants étant beaucoup plus
rapide, les interactions sont plus efficaces, et l’awareness de
groupe en est également renforcée.
L’utilisation d’un environnement informatique pour effectuer une
activité médiée d’apprentissage collective contraint
évidemment les modalités de communication, mais elle
présente par contre une propriété unique impossible dans
les conditions du présentiel ou de médiation par des outils de
simple communication (téléphone, visioconférence simple,
etc.) : les interactions entre acteurs et entre acteurs et environnement,
passent obligatoirement par l’environnement informatique, elles peuvent
donc être représentées sous une forme codifiée, et
éventuellement "réifiées" lorsque cette codification est
associée à une sémantique d’un niveau suffisant, et
peuvent donc être mémorisées, et exploitées en tant
que ressources nouvelles pour l’activité. L’environnement
informatique particulier qu’est la plate-forme collaborative apporte donc,
outre des facilités de co-construction de documents, une mémoire potentielle des
interactions. Notre travail sur les traces vise à exploiter au
mieux cette mémoire.
1.3. Visualisation interactive de traces en temps réel
Nous revendiquons donc le statut de ressources complémentaires pour
les traces d’interactions et il convient que ces ressources soient
disponibles au moment même de l’activité, avec les outils
adaptés à leur utilisation métacognitive par les acteurs de
la situation d’apprentissage. La particularité
d’eMédiathèque est de permettre le traçage en temps
réel, ce qui ouvre un certain nombre de possibilités, notamment
dans l’assistance à l'apprenant. Ce que nous présentons ici
est un système de visualisation interactive par l’apprenant de ses
propres traces d’utilisation, pendant le cours de son activité.
L’objectif à la base de notre démarche est ambitieux :
offrir un terrain supplémentaire et spécialisé pour
faciliter la réflexivité de l’apprenant dans ses
activités pédagogiques. Nous désignons ici par
activité réflexive "une activité se prenant, au moins en
partie, elle-même pour objet" (Ollagnier-Beldame, 2006).
L'intérêt apporté par la réflexivité au
cours de l'activité a été pointé dans de nombreux
travaux (Mollo, 2002),
notamment lorsqu’elle met en œuvre des processus
d’apprentissage (Masciotra, 2005).
Pour que l’apprenant puisse reconnaître son activité dans
sa trace, il faut qu’elle soit signifiante dans le cadre de son
activité, et chaque fois que l’apprenant effectue une action
significative, celle-ci doit apparaître dans sa trace. Si la trace est
trop verbeuse ou trop silencieuse, l’apprenant risque de ne pas y
prêter attention et ne sera pas encouragé à consulter son
expérience d’utilisation. Le système de collecte
d'eMédiathèque fournit une trace modélisée initiale,
qui décrit les interactions dans un langage orienté outil et
exhaustif ; nous l'appelons trace
première. Pour créer une trace significative et de
grain judicieux à partir de cette trace, nous mettons en place un
mécanisme de transformation en deux étapes. Premièrement,
une transformation statique permet
d’interpréter et d'abstraire la trace première dans le
contexte de l’activité réalisée. Deuxièmement,
un ensemble de transformations dynamiques permet à l’utilisateur de manipuler sa trace décrite dans le
langage de l'activité, pour y faire apparaître les
éléments qu’il souhaite.
2. État de l’art
2.1. Plates-formes collaboratives synchrones et de
vidéoconférence orientées enseignement
Nous
désignons par plate-forme collaborative synchrone, un environnement et
ensemble d’outils collaboratifs permettant à n participants
à une session collaborative de communiquer via différents
médias, comprenant généralement les messages
instantanés (le chat) et si possible l’audio et la
vidéo, et via le partage, et donc la co-construction, de documents
électroniques. Le terme synchrone signifie que toute communication ou
partage s’effectue en temps réel, par opposition au mode asynchrone
ou différé. Le partage d’un document, tel qu’un
tableau blanc, consiste à rendre collectives toutes les modifications
faites sur le document (à une granularité donnée), en temps
réel. Notons que la messagerie instantanée peut être vue
comme un document partagé dont la seule modification possible est
l’ajout de messages.
Le marché de la formation à distance, que ce soit dans le
milieu éducatif ou en entreprise, est en pleine croissance, et il existe
de nombreuses plates-formes collaboratives synchrones, avec
vidéoconférence, comprenant des outils collaboratifs tels que
messages instantanés, tableau blanc partagé, co-navigation et
partage d’application.
Parmi les plus complètes, nous pouvons notamment citer la plate-forme Elluminate3, la plate-forme Wimba4, la plate-forme Breeze5 d’Adobe, la
plate-forme Marratech6, ou
encore la plate-forme LearnLinc de iLinc7. Ces plates-formes de
vidéoconférence sont souvent associées dans leur
exploitation à des systèmes de gestion de contenu
pédagogique tels que Blackboard8 ou Moodle9. Elles apportent avant
tout une dimension synchrone et collaborative à l’enseignement
à distance.
Il est intéressant de constater que ces plates-formes regroupent des
fonctionnalités grandement similaires, même si elles varient en
qualité, à savoir :
- la vidéoconférence, n-n pour
l’audio, souvent limitée à 1-n pour la
vidéo ;
- la messagerie instantanée, avec émoticônes,
collective et parfois privée ;
- une liste active des participants, indiquant leur statut, et
permettant des interactions simples de type "lever la main" ou "répondre
par oui ou par non" ;
- la co-navigation Web, généralement sur une seule
page à la fois, ou encore la projection partagée de
présentations (de type PowerPoint), page par page ;
- le partage d’application (de type VNC), où les
participants voient le bureau ou une partie du bureau, par exemple la
fenêtre d’une application, d’un des participants ;
- et, le plus souvent, l’enregistrement des sessions.
Cette dernière possibilité nous intéressera
particulièrement : elle peut s’apparenter à une forme
rudimentaire de traçage. Toutefois, telle une séquence
vidéo, la trace résultante est totalement monolithique et opaque,
et ne peut qu’être rejouée de bout en bout : elle reste
donc peu exploitable dans notre contexte et notre problématique. Un tel
enregistrement ne peut en effet pas être représenté de
manière discrétisée et graphique simple ; la
présenter à l’utilisateur en temps réel n’a que
peu de sens tant il sera difficile de "s’y retrouver" rapidement.
Étant des logiciels propriétaires, ces
plates-formes sont d’autre part très difficiles voire impossibles
à tracer (c'est-à-dire à instrumenter en vue de
traçage). Malheureusement, aucune solution Open Source n’atteint
actuellement le niveau de finition, de complétude et de performance
requis pour ce type d’activité. Enfin, ces plates-formes
intègrent généralement mal le contenu de type rich
media dans leurs différents outils collaboratifs.
2.2. Conception et traitement informatique de la trace dans les EIAH
Nous appelons "trace d’interactions" tout objet informatique dans
lequel s’accumulent des données à propos des interactions
entre un système informatique et son utilisateur. Dans les EIAH, comme
dans les autres environnements informatiques, les traces d’interactions
constituent donc une source d’information sur l’expérience
d’utilisation et font l’objet de nombreux travaux de recherches qui
tentent de mettre à profit cette source d’expérience. (Hilbert et Redmiles, 2000) décrivent des techniques pour extraire des connaissances sur la
facilité d'utilisation des systèmes informatiques à partir
des évènements de l'interface. Des outils d'analyse des
comportements à partir de données séquentielles sont
également étudiés, et formalisés par (Sanderson et Fisher, 1994).
Mais l’idée de réutiliser informatiquement
l’expérience pose le problème fondamental de la
modélisation de celle-ci. (Iksal et Choquet, 2005) utilisent le langage UTL (Usage Tracking Language) pour
représenter le plus génériquement possible la trace
d’une activité pédagogique. L'approche MUSETTE
(Modéliser les Usages et les Tâches pour Tracer
l'Expérience) ne se limite pas aux EIAH et propose un cadre
générique pour la modélisation de l'expérience dans
le cadre de sa réutilisation pour l’assistance à base de
traces. Une implémentation de Musette a été
réalisée dans le cadre de la conception assistée par
ordinateur (Champin, 2003).
D’autres systèmes utilisent les traces d’interactions
à des fins d’analyse a posteriori des usages et des
activités, soit dans le but de quantifier certains usages (Rossi et al., 2005),
soit pour extraire des motifs fréquents dans l’activité
tracée (Georgeon et al., 2006) et étudier les comportements des utilisateurs à partir de ces
motifs.
On peut trouver des réutilisations des traces dans les EIAH aussi bien
pour l'assistance à l'apprenant que pour l'analyse de son
activité. Mais quel que soit le type de réutilisation des traces
d’interactions qui est faite, le besoin de définir un cadre formel
commun à tout travail sur les traces se fait sentir. Nous le
résumons ci-dessous en nous fondant sur les travaux
développés dans le cadre du Projet "Personnalisation des EIAH" du
Cluster ISLE de la région
Rhône-Alpes10.
2.3. Le Système à Base de Traces modélisées
2.3.1. Architecture du Système à Base de Traces
modélisées
Le Système à Base de Traces
modélisées (SBT) (Settouti et al., 2007) formalise les traitements à appliquer à la donnée "trace"
depuis sa collecte jusque dans ses applications dans un cadre très
générique. Il s'applique à tout type d'environnement
tracé, en particulier aux EIAH. La gestion des traces dans
eMédiathèque respecte ce type d'architecture. Comme le montre la figure 1, un SBT est
composé de plusieurs modules interdépendants.
Figure
1. Schéma simplifié d’un
Système à Base de Traces
Le système de collecte capture les interactions par
l'intermédiaire de sources de traçage, et
créé une première trace : la "trace première".
Le système de transformation constitue le cœur du SBT. Il
permet d'obtenir d'autres traces à partir des traces collectées.
Le choix du modèle de transformation à appliquer à
une trace dépend de l'intention d'utilisation de cette trace.
L’ensemble des traces collectées et transformées est alors
accessible par l'intermédiaire d'un système de requête et d'un système de visualisation. Ce système de
visualisation doit donner la possibilité d'avoir une vue ergonomique
et potentiellement interactive sur les traces du SBT, afin de permettre
l'analyse et l'interprétation de celles-ci. Le système de
visualisation peut s'appuyer sur le système de requête. A
l'heure actuelle, les systèmes utilisant des traces possèdent
généralement un module de visualisation, mais le fonctionnement
d’un système de visualisation générique n'a
pas été étudié. L’exploration d’un
système générique de visualisation interactive de trace est
abordée en section 3.
2.3.2. Enjeu de la collecte de la trace première
L'étape de collecte de la trace première est cruciale, car la
valeur de tout travail reposant sur des formes transformées ou
dérivées de celle-ci dépend de sa qualité. Par
"qualité", nous entendons surtout son exhaustivité dans les objets
d'intérêt tracés et son grain. Il est souvent
argumenté que les fichiers logs constituent un bon support
d’analyse de l’expérience d’utilisation d’un
système (Roussel et al., 2006).
En pratique, réutiliser les logs à ces fins mène
à se confronter à des problématiques de manque de contexte
des informations qu'ils véhiculent, de manque de structure dans ces
données, de trop grand volume de données à traiter par
rapport au besoin, ou encore d'inadéquation des données pour
l’analyse d’une activité.
C’est pourquoi toute analyse à base de logs doit
s'accompagner d'un effort de restructuration et de remise en contexte des
informations dans l’activité, par exemple par le biais de la
visualisation d'une vidéo de l'activité loguée (Avouris et al., 2005).
De plus, les fichiers logs sont bien souvent des données
accessibles depuis le serveur, ce qui ne permet pas de les réutiliser en
local et en temps réel comme nous le souhaitons dans le cas de la
visualisation interactive de traces pour la réflexivité.
Notons qu'un fichier log est un objet créé par le concepteur
pour être utilisé à des fins d’information technique,
pour le débogage ou le dépannage par exemple. C'est la raison pour
laquelle il est inapproprié de le réutiliser pour des analyses de
haut niveau sémantique comme l'interprétation d'une
activité.
Les traces, au sens où nous l’entendons dans cet article, sont
des objets spécifiquement réalisés pour la
modélisation et la réutilisation de l’expérience d'un
utilisateur. La trace est le plus souvent trace d’interactions,
c'est-à-dire que la donnée source qui permet de la construire est
l’interaction humain / machine. La trace s’enrichit à chaque
nouvelle interaction au fur et à mesure que l’activité se
déroule, en prenant en compte le contexte de chaque action
réalisée. C'est donc un objet dynamique, qui peut être
disponible en temps réel et qui peut être modifié,
requêté ou visualisé.
2.4. Visualisation de traces et de données s’apparentant
à des traces
Dans (Ollagnier-Beldame, 2006),
l'auteur distingue entre autres deux catégories de systèmes
utilisant des traces : les systèmes "présentant
l’histoire interactionnelle à l’utilisateur avec des
possibilités de simple navigation", et les systèmes
"présentant l’histoire interactionnelle avec des
possibilités d’interactions sur les entités constitutives de
la trace et sur la trace elle-même". Les systèmes appartenant
à chacune de ces deux catégories mettent en place une
visualisation.
Dans la première catégorie, on trouve la représentation LifeLine de (Plaisant et al., 1996) qui permet facilement au lecteur de remettre en contexte des
éléments ponctuels d’une histoire ou de corréler
certains évènements grâce à des lignes de vie
superposées sur un axe temporel linéaire horizontal. D'autres
formats de l'expérience d'utilisation peuvent être mis à
disposition de l'utilisateur. Dans l'EIAH Simple, les apprenants
échangent des segments vidéo de leurs actions permettant de
partager plus facilement leur expérience (Plaisant et al., 1999).
Avec PadPrints (Hightower et al., 1998),
une carte de navigation représente cette histoire. Parfois, c'est
l'expérience d'utilisation de plusieurs utilisateurs qui est
visualisée. Le système FootPrints (Wexelblat et Maes, 1999) permet aux utilisateurs de laisser des annotations en format texte sur les
éléments significatifs de l'environnement pour les utilisateurs
futurs. La visualisation des traces d’une activité
pédagogique proposée par (Marty et al., 2007) permet de mettre en avant des périodes significatives de
l’activité où l’apprenant est en difficulté
grâce à des zones d’ombre.
Dans le cas de l'EIAH PIXED (Heraud et al., 2004),
l'apprenant peut voir l’état de son parcours pédagogique
grâce à un réseau notionnel annoté permettant
de construire un "chemin d’expérience" pour le guider dans ses
choix de ressources pédagogiques. Ce chemin d’expérience est
une représentation transformée de la trace d’apprentissage
selon un objectif d’orientation de l’activité
d’apprentissage. Cette représentation explicite et
structurée du passé de l’activité favorise
l’auto-évaluation, l’auto-interrogation sur certains concepts
précédemment abordés, et la révision si
nécessaire.
D'autres systèmes réutilisent les traces qui proviennent de
sessions d'apprentissage pour établir une vue d'ensemble de la classe. (France et al., 2007) utilisent les faces de Chernhoff (Chernhoff, 1973) pour représenter en temps réel l'état d'avancement de
chaque élève dans son activité d'apprentissage. Les faces
de Chernhoff de tous les élèves sont disposées dans des
graphiques permettant de visualiser l'état d'avancement
général d'une classe par rapport à l'état
d'avancement de chaque individu, comme pourrait le faire un enseignant en
présentiel. Le système CourseVis de (Mazza et Dimitrova, 2003) est comparable, mais utilise des matrices (2D ou 3D) et des sphères de
tailles différentes pour représenter les scores de chaque
étudiant pour les activités qu'il a effectuées selon
plusieurs dimensions.
Enfin, les études faites avec l’environnement DREW
(Dialogical Reasoning Educational Web tool) (Séjourné et al., 2004) montrent que les apprenants exploitent les traces d’activité
(chat de DREW en particulier) au profit des processus réflexifs de
l’apprentissage. C’est en situation collaborative que les
élèves sont capables de revenir sur leurs traces, et de
co-construire un diagramme qui organise et hiérarchise les arguments
élaborés pendant l’activité pédagogique. Il
est intéressant dans le cas de cette étude de voir à quel
point les auteurs de la trace deviennent alors acteurs d'un certain nombre de
transformations de celle-ci : sélection, suppression,
réduction, construction.
2.5. Synthèse : les particularités liées au
"collaboratif temps réel"
Il existe des théories et des
classifications générales de la visualisation de données,
et notamment sur le sens que la structure d'une représentation est
capable de transmettre à son lecteur (Lohse et al., 1994), (Novick et Hurley, 2001).
Cependant il n’est pas facile d’en déduire comment construire
une visualisation de traces d’interactions personnelles pour la
réflexivité. En pratique, ce choix dépend du contexte
d'application des traces. Ce qu'il y a de commun à toutes les
visualisations de données s'apparentant à des traces, c'est la
composante temporelle et historique forte à faire valoir lors de la
représentation. Les expérimentations menées sur les
systèmes présentés en section précédente
montrent globalement que les utilisateurs sont disposés à faire
l’effort de consulter leur expérience d’utilisation pour
tenter de la mettre à profit dans leur propre activité.
L’approche que nous adoptons dans cet article reprend les conclusions
de (Séjourné et al, 2004),
mais nous souhaitons que la trace d’activité soit
expressément affichée à l’utilisateur pour
qu’il existe une conscience de trace chez l'apprenant. L’analyse de
l’activité faite à l’aide de l’instrumentation
de DREW montre bien que la visualisation et la manipulation par le sujet des
traces "spontanées" de son activité sont un moyen d'encourager les
processus métacognitifs qui en permettent l’appropriation.
Deux
nouvelles contraintes sont apportées par le caractère "temps
réel" de la visualisation. Premièrement, la visualisation ne doit
pas créer de surcharge cognitive chez l'apprenant, car
l’exploitation de ses traces ne constitue pas son activité
principale, mais enrichit simplement les possibilités offertes. Pour
cela, les fonctions de la visualisation doivent être simples et
intuitives ; les opérations possibles sur la trace doivent
être faciles d’appropriation. La deuxième contrainte est plus
matérielle : l'espace de représentation de la trace est
restreint, car l'environnement doit consacrer l'essentiel de la surface de
l'écran à l'activité pédagogique. En
conséquence, les possibilités en termes d’espaces graphiques
sont assez réduites.
Dans eMédiathèque, nous avons choisi de mettre en place des
fonctions simples pour l'utilisateur : trier des éléments
contenus dans la trace, filtrer certains éléments de la trace,
regrouper des éléments, remettre un élément de la
trace dans son contexte d’utilisation, segmenter la trace en plusieurs
segments ou épisodes, afficher simultanément deux traces
différentes pour les comparer, supprimer certains éléments,
choisir l’apparence visuelle de certains éléments, etc.
D’autres fonctions choisies par un enseignant par exemple pourraient
compléter la palette disponible selon une intention pédagogique ou
didactique donnée.
Il est clair qu’un enjeu majeur du CSCW, et par voie de
conséquence du CSCL, est la notion d'awareness collaboratif, comme
le montrent (Dourish et Bellotti, 1992), (Gutwin et. al, 1996b).
Le lien avec les traces collectives tient d'une part du fait que nous
traçons une activité collaborative, et que cette trace doit
être liée à la conscience des autres pour faire sens, et que
d’autre part la visualisation d’une trace collective constitue en
soi un outil de collaboration, et promeut, nous l’espérons,
l'awareness collaboratif (par exemple en permettant de voir
l’activité d’autres membres du groupe, même si le
résultat de leur action n’est pas visible dans ce qui est
partagé). Bien que le deuxième point soit une motivation majeure
dans les perspectives de notre travail (cf. perspectives en 7.1 et 7.3), cet article se focalise
sur le premier, à savoir les apports et les contraintes de l’aspect
collaboratif de l’activité dans la construction et la visualisation
de la trace.
3. Plate-forme collaborative synchrone eMédiathèque
Nous
désignons par "environnement eLycée" l’ensemble des
logiciels et des services en ligne mis à disposition des étudiants
et enseignants par eLycée. Cet EIAH adhère au concept de classe
virtuelle. Il peut être décrit plus généralement
comme une plate-forme collaborative synchrone de e-learning, mettant en
œuvre différents outils collaboratifs à vocation
principalement pédagogique.
L’environnement eLycée est composé principalement des
éléments suivants :
- un gestionnaire de contenu pédagogique (CMS pour Course
Management System), fournissant essentiellement du contenu Web et rich
media (clips audio ou vidéo), et quelques services web
exploités par eMédiathèque ;
- un certain nombre d’outils ou services en ligne
intégrés ou référencés dans les pages Web
délivrées par le CMS (par exemple l’éditeur de texte
collaboratif writely de Google, un système de blog, des
dictionnaires en ligne, etc.) ;
- et enfin la plate-forme collaborative eMédiathèque.
EMédiathèque est le logiciel client, au sens informatique du
terme, développé par eLycée, et constitue le point
d’accès à l’environnement eLycée. eLycée
fait également usage de la plate-forme Marratech, en complément
d’eMédiathèque, pour gérer la
vidéoconférence. eMédiathèque intègre
Marratech de manière à présenter l’ensemble comme un
seul et même environnement à l’utilisateur.
3.1. Fonctionnalités transverses
Au sein de l’environnement eLycée, eMédiathèque a
principalement deux rôles : d’une part, un rôle fort
d’intégration. eMédiathèque gère à la
fois la connexion aux différents services de l’environnement
eLycée, par un mécanisme commun et unique d’authentification
(single sign on), et l’intégration graphique et ergonomique
des différents outils et services dans un tout cohérent ; et
d’autre part, la mise en œuvre effective de divers outils
collaboratifs synchrones originaux, nécessaires aux activités
pédagogiques d’eLycée.
En plus de ces deux fonctions premières, eMédiathèque
fournit plusieurs fonctionnalités transverses liées aux besoins
d’eLycée évoqués en introduction :
- la mise à jour automatique du logiciel, et en particulier
le déploiement automatique de nouvelles fonctionnalités sous forme
de plug-ins ;
- la prise en compte du rich media dans les outils
collaboratifs (tableau blanc avec rich media ; partage et
visualisation synchrones de clips vidéo ou audio, etc.) ;
- une interface utilisateur conviviale et très versatile,
permettant l’intégration visuelle de divers outils
hétérogènes, entièrement configurable par
l’utilisateur ;
- et enfin un système de traçage de
l’activité de l’utilisateur, permettant de collecter en temps
réel ses interactions avec l’outil, sous forme d’actions
cohérentes et contextualisées, et constituant ce que nous nommons
la trace première.
3.2. Choix technologiques et architecture réseau
Le choix technologique pour eMédiathèque s’est
porté sur l’environnement d’exécution Eclipse RCP pour
de nombreuses raisons, dont voici les principales. Il s’agit d’un
environnement d’exécution basé sur Java et
indépendant du système d’exploitation. Il est compatible
OSGi et par là-même fournit les mécanismes de base
permettant la mise à jour automatique et le déploiement dynamique
de plug-in. Eclipse RCP fait l’objet de nombreuses extensions et
librairies (nous utilisons notamment Eclipse Modeling Framework, voir
section 3.5.3), et est
doté d’une communauté d’utilisateurs importante.
Du point de vue de l’IHM, l’interface utilisateur proposée
par Eclipse RCP est tout à fait adaptée (gestion simultanée
de multiples documents, vues périphériques), et
paramétrable par l’utilisateur. Les possibilités notamment
de réorganisation de l’espace de travail (juxtaposition et
empilement d’éditeurs et de vues) sont assez uniques. En outre, les
librairies graphiques SWT, et GEF pour le tableau blanc, apportent un niveau de
finition et de rendu particulièrement intéressant. Enfin, SWT
permet d’intégrer le navigateur Web "natif" du système
d’exploitation sous-jacent (Internet Explorer sous Windows, Safari sous
Mac OS X, Firefox sous Linux) dans l’application, sous forme
d’onglets, or la volonté d’eLycée était
initialement de concevoir eMédiathèque comme un navigateur Web
enrichi et instrumenté.
Du point de vue de l’architecture réseau, eLycée a choisi
de se baser sur le protocole XMPP (eXtensible Messaging and Presence
Protocol), ainsi que deux extensions répandues (XEP-0045 group
chat, et Jingle). Ce protocole, recommandé par l’IETF, est
suffisamment ouvert et extensible pour répondre aux besoins de partage
d’actions d’eMédiathèque : utilisant XML comme
syntaxe, il s’harmonise d’autre part bien avec EMF. Il s’agit
d’un modèle de communication pair à pair (point à
point) dans sa forme la plus simple, mais est tout à fait comparable aux
systèmes orientés messages par souscription publication (de type
JMS publish/subscribe) lorsque l’on considère
l’extension group chat, et la possibilité
d’interconnecter plusieurs serveurs XMPP. Par rapport à des
standards de systèmes orientés messages plus
généraliste, XMPP présente une sémantique plus
proche de nos besoins (mettant en jeu des utilisateurs, des sessions
multimédia, des salons de discussion, etc.), et garantit de meilleures
possibilités d’interopérabilité avec des outils
collaboratifs existants.
3.3. Interface utilisateur configurable
L’interface utilisateur d’eMédiathèque (voir la
copie d’écran, figure 9) est basée sur
les concepts de vues et d’éditeurs venant du framework Eclipse RCP (Eclipse Rich Client Platform). Dans cet environnement,
l’utilisateur dispose d’une zone d’éditeurs,
encadrée sur la figure
9, dans laquelle chaque éditeur représente un contexte ou un
document donné (par exemple un tableau blanc), matérialisé
sous la forme d’un onglet. Comme nous pouvons le constater sur la figure,
les éditeurs peuvent également être juxtaposés
verticalement ou horizontalement, subdivisant ainsi à volonté la
zone d’éditeurs en sous zones.
Cette zone d’éditeur est elle-même entourée des
vues périphériques, qui peuvent elles aussi être
disposées, empilées, ou juxtaposées les unes par rapport
aux autres, selon la volonté de l’utilisateur. A la
différence des éditeurs, les instances de vues sont
généralement uniques : nous trouverons ainsi une seule vue
"Media Files", etc.
Les principaux intérêts de cette organisation sont :
d’une part une facilité accrue d’intégration visuelle
et ergonomique de différents outils collaboratifs
hétérogènes, présentés sous la forme de vues
ou éditeurs autonomes ; d’autre part une très grande configurabilité de l’environnement par
l’utilisateur ; et enfin une similarité avec les navigateurs
Web modernes à onglets tels que Firefox ou Internet Explorer 7.0. En
l’occurrence, eMédiathèque est souvent
présenté aux utilisateurs comme un navigateur Web enrichi de
capacités de collaboration et de traçage.
3.4. Outils collaboratifs d’eMédiathèque
EMédiathèque fournit actuellement
quatre principaux outils collaboratifs.
La navigation Web partagée (co-navigation) permet de naviguer
sur des pages Web de manière collaborative, en effectuant des push Web (envoi d’une page vers les autres participants de la classe). Les
enseignants peuvent alors utiliser cet outil comme mécanisme de
présentation collective. Les plates-formes de
vidéoconférence citées dans l’état de
l’art fournissent généralement cette fonction, toutefois
elles ne permettent l’affichage que d’une seule page à la
fois, et le type de contenu Web pouvant être affiché est souvent
très limité. EMédiathèque autorise l’ouverture
de plusieurs onglets de navigation partagés simultanément, ce qui
permet non seulement d’organiser le cours de façon plus
élaborée (par exemple, mettre en vis-à-vis deux
séries de pages, l’une d’un exercice et l’autre de son
corrigé), mais aussi facilite l’usage par les élèves
de cet outil, car ils peuvent ainsi intervenir sur leurs propres sessions de
navigations, en étant autonomes, sans pour autant être intrusifs
sur la session de co-navigation de l’enseignant.
La visualisation synchrone de ressources multimédia est une
fonctionnalité unique d’eMédiathèque qui permet de
diffuser dans le cadre d’une classe des fichiers multimédia, de
type image, vidéo, audio ou flash, par le biais
d’eMédiathèque. Bien qu’à première vue
redondante avec l’affichage de contenu Web, elle a deux
intérêts majeurs : d’une part, un programme
résident (comparable au mode résident ou iconisé des
logiciels de messagerie instantanée tels que MSN ou Skype) permet de
pré télécharger ces ressources multimédia
volumineuses avant la classe, ce qui évite les délais et les
problèmes de bande passante ; d’autre part, les ressources
ainsi gérées par eMédiathèque peuvent être
lues de façon synchrone : un participant à la classe peut
"pousser" une ressource particulière (comparable aux push Web),
puis démarrer, arrêter la lecture, etc., de manière
partagée. Les ressources peuvent bien entendu être également
lues de façon autonome par les utilisateurs. Un autre avantage pour nous
est que la navigation (au sens de lecture) du clip multimédia est
tracée.
Le tableau blanc partagé. Similaire aux tableaux blancs
partagés présents dans des plates-formes telles que Marratech ou
Elluminate, il offre toutefois la possibilité d’ouvrir plusieurs
tableaux blancs simultanément, et permet donc la juxtaposition de deux
tableaux blancs, ou bien d’un tableau blanc avec une page web ou une
ressource multimédia. Cette possibilité de juxtaposition facilite
la mise en œuvre de nombreux scénarii pédagogiques, tels que
les commentaires de clips vidéo, d’images, de chansons, ou autres.
Enfin, le tableau blanc d’eMédiathèque est
entièrement tracé, et, en résonance avec la visualisation
interactive de la trace, est l’objet d’un certain nombre
d’applications auxiliaires de la trace telles que : défaire /
refaire ; revenir à un état particulier du tableau
blanc ; recréer des objets effacés ou hors contexte.
Enfin, la messagerie instantanée est comparable aux messageries
instantanées présentes dans la plupart des plates-formes
collaboratives synchrones, et est tracée.
3.5. Mise en œuvre des traces dans eMédiathèque
3.5.1. Architecture logicielle centrée sur les actions
tracées
La plate-forme
eMédiathèque a été conçue dès
l’origine avec l’idée d’une part de tracer les actions
significatives de l’utilisateur, et d’autre part de permettre le
partage réseau de ces actions. En conséquence, son architecture
s’articule autour des notions
d’action et de commande utilisateur11. Une
caractéristique importante des actions est que, même à ce
niveau "proche de l’outil", elles doivent être obligatoirement
perceptibles, c'est-à-dire donner lieu à un feedback visible par l’utilisateur dans l’interface.
Il est important de noter que toutes les traces produites sont
collectées par le logiciel client, à la source, et sont totalement
inaccessibles au serveur. Notre éthique par rapport à
l’aspect « privé » de la trace est qu’une
trace diffusée ou partagée doit l’être explicitement.
Par défaut, seules les actions déjà partagées, donc
publiques pour le groupe, sont accessibles dans la trace collective.
Les actions manipulent un modèle (ou représentent la
manipulation d’un modèle), comprenant des entités
structurées, elles-mêmes représentant l’état
courant des différents documents ouverts, et de leur contenu. Ces actions
et entités sont tout à fait compatibles avec les actions et
entités observables d’un modèle de trace, et constituent
donc dans le cadre d’eMédiathèque le modèle de trace
première.
Figure 2. Architecture suivant le design pattern MVC centrée
sur les actions tracées
La conception d’eMédiathèque suit le patron de conception
MVC (Modèle – Vue – Contrôleur), comme le montre la figure 2, avec une séparation nette entre
l’IHM qui constitue la vue, les entités observables qui constituent
le modèle, et l’infrastructure d’exécution des
commandes qui constitue le contrôleur. D’un point de vue technique,
l’originalité d’eMédiathèque est que toute
action y est réifiée par un objet la représentant
explicitement. Ces actions ou commandes sont exécutables,
c'est-à-dire que les classes correspondantes encapsulent le code de
l’action permettant de modifier le modèle, et symétriquement
de représenter cette modification. La mémorisation par le
contrôleur des actions effectuées forme la trace première.
Bien qu'orientée outil, puisque définie par le concepteur, la
trace première ne contient que des actions perceptibles par
l’utilisateur, et reste donc assez proche de son langage.
La figure 2 montre notamment que toute
interaction utilisateur / système modifiant potentiellement le
modèle passe par le contrôleur (2 sur la figure), puis par le
modèle (3 et 4 sur la figure), pour revenir par le contrôleur (5),
et arriver sur l’IHM (6). Les commandes jouent à la fois le
rôle de "requêtes utilisateur", lorsqu’elles n’ont pas
encore été exécutées, et le rôle
d’actions observées réifiées, lorsqu’elles ont
été exécutées et sont mémorisées dans
la trace première. Les commandes contiennent toutes les informations
nécessaires à leur exécution : elles
représentent en quelque sorte le delta entre deux états du
modèle, de manière déclarative. A noter que certaines
actions ne modifient pas le modèle, tout en étant perceptibles par
l’utilisateur.
3.5.2. Lien entre traçage et partage des actions
La réification des actions utilisateur n’a pas pour seule
vocation le traçage des actions dans la trace première, mais
également le partage collaboratif du modèle. En effet, un moyen
élégant de parvenir à du collaboratif synchrone, est de
faire en sorte que toute action sur une entité partagée soit
sérialisée et propagée par le réseau, et
réinterprétée sur les postes des différents
participants à la classe.
Il faut remarquer que, à la différence d’approches de
"type VNC", ou seuls des événements de très bas niveau
(clics de souris, touches de clavier), sans sémantique, circulent sur le
réseau, ici des actions déjà structurées et
associées à une sémantique de "niveau relativement haut"
sont communiquées : cela augmente considérablement les
possibilités d’interprétation et de raisonnement sur ces
actions.
Figure 3. Architecture logicielle
centrée sur les actions tracées et partagées
La figure 3 reprend le
schéma de la figure 2, en y ajoutant une
boucle des actions ou commandes partagées vers le réseau
Internet : le serveur collaboratif a pour fonction de redistribuer les
événements, représentés par les actions
sérialisées, aux différents participants concernés,
et bien sûr de gérer la session globale (connexion et
déconnexion) associée à la classe.
Ce principe particulièrement simple de conception permet
d’affirmer que dans ce contexte, "tout ce qui est partagé peut
être tracé, et tout ce qui est tracé est a priori partageable", moyennant relativement peu d’efforts. C’est en partie
autour de ce principe qu’a été conçu
eMédiathèque.
3.5.3. Utilisation d’EMF pour modéliser la trace
La conception des
modèles de trace a été réalisée avec le framework EMF d’Eclipse (Eclipse Modeling Framework). En
quelques mots, ce framework permet la génération,
l’opérationnalisation et l’exploitation d’un
modèle de données structuré, de nombreuses
possibilités de réflexivité sur ce modèle, et ouvre
des perspectives intéressantes comme par exemple l’édition
graphique des modèles de traces au sein même
d’eMédiathèque. En outre, EMF facilite la
sérialisation en XML/XMI des instances du modèle utilisé
dans l’application, à savoir les traces, les documents, les
métadonnées liées aux traces, les configurations de
visualisation.
Enfin, EMF est de plus en plus utilisé, et fait déjà
l’objet d’outils génériques de requêtage (EMF
Query), de visualisation et d’édition (avec le Graphical
Modeling Framework), de persistance en bases de données (via Service Data Object, ou encore le projet Teneo), ce qui ouvre des
perspectives particulièrement enthousiasmantes pour l’analyse de
traces. 12
3.5.4. Exemple de trace première produite
Figure 4. Exemple de trace première produite
La figure 4 présente un exemple d’un très court épisode de trace
première produite par eMédiathèque, et visualisé
à l’aide d’une vue rudimentaire de la trace première,
sans aucune transformation. Cette vue n’est pas destinée à
être présentée à l’utilisateur, car trop
verbeuse et technique, mais donne un bon aperçu des informations
présentes dans la trace première. Les icônes à gauche
correspondent aux types d’action, et l’arborescence permet
d’accéder à toutes les informations tracées.
4. Visualisation interactive de traces
Dans cette section, nous développons une des
possibilités offertes par un système collaboratif tracé en
temps réel tel qu’eMédiathèque. Il s’agit de la
réutilisation de la trace produite pour l’afficher à
l’utilisateur et lui permettre d’interagir avec elle. La
visualisation que nous mettons en œuvre dans eMédiathèque est
la même pour l'apprenant que pour l'enseignant, c'est pourquoi nous
utilisons indifféremment le terme utilisateur pour désigner
l'individu qui fait usage de la plate-forme et à qui est destiné
le système de visualisation de traces. L'enseignant et
l'élève disposent donc dans le cas présent des mêmes
possibilités de visualisation, en revanche il est fort probable qu'ils
n’en feront pas le même usage. Nous discuterons ces points en
section 7.
4.1. Définitions
Pour la suite, nous donnons quelques définitions :
- Trace : Ensemble structuré qui
représente l’histoire d’interaction de l’utilisateur du
système et son expérience d’utilisation. Une
définition formelle de la trace est donnée dans (Settouti et al., 2007).
Dans cet article on définit une trace comme une séquence
d’observés (cf. figure 8).
- Un observé est une unité interactionnelle qui
compose la trace. Il contient tous les éléments de contexte de
l’action effectuée qu’il représente :
l’acteur qui la réalise, le type d’action
réalisée, la ou les entités impactées, etc.
- Le modèle de trace est l’ensemble des concepts
et relations types qui décrit les éléments (acteurs,
entités et actions) qui peuvent être contenus dans la trace, et
comment ils s’organisent dans la trace.
- La trace première est la trace directement produite
par le système de collecte et décrite dans le langage du
concepteur. Toutes les informations sur l’expérience tracée
utilisées dans notre système de visualisation proviennent de cette
trace première ou bien sont déduites des informations de la trace
première.
- Enfin nous reprenons le terme de trace
métier utilisé par (Georgeon et al., 2006) pour définir une trace qui représente l’expérience
d’une activité donnée et qui est décrite dans le
contexte de cette activité. Elle contient donc un vocabulaire, et une
sémantique compréhensible par l’utilisateur qui verra cette
trace.
4.2. Traces centrées utilisateur liées à une
activité
Pour parvenir à une trace métier
à partir de la trace première, il faut réaliser un certain
nombre d’opérations, car la trace première présente
deux inconvénients principaux et ne peut être
présentée telle quelle à l’utilisateur.
Premièrement, elle est trop verbeuse car elle trace toute
l’utilisation de la plate-forme de manière exhaustive.
Deuxièmement, elle est décrite dans le langage de conception, qui
n’est pas facilement compréhensible et inadapté à
l’activité que mène l’utilisateur. Nous supposons en
effet une plate-forme tracée relativement neutre par rapport à
l’activité, dans le sens où elle ne prescrit pas de
réaliser une activité plutôt qu’une autre. En
conséquence, la trace première contient des éléments
d’un niveau sémantique proche de l'outil. Pour obtenir une trace
métier, il faut que son modèle de trace soit plus
précis et prenne en compte le cadre et la sémantique de
l’activité.
Plus précisément, pour obtenir une trace qui fait sens dans le
cadre d’une activité activité1, il faut que son
modèle de trace (MT1) décrive le contexte de
cette activité, et qu’une transformation transformation1 construise la trace métier 1 conforme à MT1 à partir de la trace première conforme au modèle de trace première (MTp). Ainsi, la trace métier 1 représente l'histoire de l'activité 1 (cf. figure 5). Pour n activités différentes à tracer, il faudra
définir n modèles de trace métier et n transformations d'abstraction sémantique. Ces transformations mettent
en jeu un certain nombre d’opérations : des suppressions
d’observés, des ajouts d’éléments, des
substitutions d’observés, etc.
Figure 5. Obtention d’une trace métier
4.3. Transformations de la trace métier par l’utilisateur
La trace métier que nous construisons n’est pas modifiable
directement par l’utilisateur. En réalité, pour transformer
sa trace métier, l’utilisateur configure un certain nombre de
transformations liées à la visualisation. Un Visualiseur calcule la trace vue par l’utilisateur à partir de la trace
métier et de la configuration des transformations (cf. figure 6).
Figure 6. Mécanisme d’interactions avec la trace
métier
L’objet Configuration de visualisation contient les
règles supplémentaires de transformation de la trace métier
que le Visualiseur applique. On y trouve notamment : une liste des
règles de filtrage, une liste des règles de tri, des masques
visuels qui définissent quelles propriétés des actions,
acteurs et entités sont visibles sur la trace. Chaque configuration
représente le "delta" entre la trace métier et la trace vue.
Finalement, la trace vue par l’utilisateur dépend
entièrement de la trace métier et de l’objet Configuration de visualisation. Si l’un des deux est modifié
alors la trace vue est modifiée. Cette approche présente
l’avantage de permettre à l’utilisateur de pouvoir visualiser
la même trace métier selon des angles différents,
correspondant mieux à la singularité de son activité en
contexte.
4.4. Architecture de la visualisation interactive de trace en temps
réel
La figure 7 montre
l’architecture globale du système de visualisation. A chaque
interaction entre l’utilisateur et la plate-forme observée par le
système de collecte, une action est ajoutée à la trace
première. A chaque activité qui est tracée est
attaché un transformateur qui permet de construire la trace métier
correspondante à partir de la trace première. Lorsqu’une
action est ajoutée à la trace première, tous les
transformateurs sont notifiés, ils interprètent la nouvelle action
et modifient les traces métier. L’utilisateur de la plate-forme
choisit la trace métier qu’il souhaite visualiser (plusieurs traces
métier peuvent être visualisées en même temps). A
chaque ajout d’action dans la trace métier par le transformateur,
le Visualiseur recalcule la trace vue, ainsi que lorsque
l’utilisateur modifie la configuration de la trace vue.
Figure 7. Schéma d’architecture globale de la
visualisation interactive de traces
Nous pouvons distinguer deux phases dans le processus de transformation de la
trace première en trace vue par l’utilisateur. La première
phase consiste à abstraire la sémantique de la trace
première pour décrire l’activité à partir des
outils et ressources, et non plus l’utilisation de la plate-forme. Nous
appelons cette phase transformation
statique, car elle ne peut pas changer pendant
l’exécution. C’est avant le lancement de la plate-forme que
les transformations qui permettent d’obtenir les traces métier sont
décrites. A ce stade du processus de transformation, la trace est
toujours un objet informatique, mais les données qu’elle contient
ont été sélectionnées et éventuellement
créées pour une activité métier donnée.
La deuxième phase, celle qui permet à l’utilisateur une
interaction avec la trace, est appelé transformation dynamique, car configurable
en temps réel, à l’exécution du système. Cette
phase de transformation dynamique regroupe des transformations structurelles de
la trace (suppression d’éléments, tri, et autres
opérations paramétrées par l’utilisateur) puis une
transcription graphique de la trace obtenue. La vue de cette trace est donc
singulière à l’utilisateur tout en étant relative au
modèle métier.
4.5. Mise en œuvre
Toutes les traces du système à
base de traces, y compris la trace première, sont
implémentées conformément au modèle de trace de la figure 8. La
sémantique associée à ce modèle est la
suivante : une trace est composée de plusieurs actions observables,
qui peuvent chacune être locale à l’environnement de
l’utilisateur ou partagée par tous les utilisateurs. Chaque action
est réalisée par un acteur et impacte (au moins) une entité
du système.
Figure
8. Modèle de trace commun à toutes les
traces
Le système de transformation statique comporte des opérations
relativement complexes. Pour l’heure, elles sont
implémentées en langage Java dans des classes spécifiques.
Le système de transformation dynamique qui permet la visualisation
graphique interactive est implémenté dans une classe Java
générique qui applique les transformations
paramétrées par l’objet Configuration de
visualisation. Les transformations implémentées par ce Visualiseur sont : le tri, le filtrage, la suppression, le
regroupement ou la fusion d’éléments similaires, le masque
visuel. Cette étape de transformation dynamique est
générique à toutes les traces ; elle ne souffre pas
d'une dépendance à l'activité comme la transformation
statique.
5. Exemple et scénario d’application
L’activité
pédagogique qui illustre notre système de visualisation
interactive de trace est une version très simplifiée d’une
activité qui est couramment réalisée en situation
réelle avec les élèves d’eLycée, à la
différence près que ceux-ci ne disposent pas encore du module de
visualisation de traces que nous exposons ici, et que pour maximiser le
traçage nous ignorerons la possibilité de converser oralement, la
problématique de traçage des communications audio n'ayant pas
encore été traitée.
5.1. Description de l’activité de co-traduction d’une
planche de bande dessinée
Les élèves sont répartis en
binôme. Chaque binôme doit traduire une planche de la bande
dessinée "Astérix" de l’anglais vers le français. Ils
partagent donc la version originale de cette planche sous forme d’image.
Un tableau blanc partagé contient des zones de texte qui
représentent les bulles que les élèves remplissent de leurs
traductions. Ils peuvent discuter, échanger, et négocier la
traduction commune qu’ils affecteront à chaque bulle par
l'intermédiaire d'un chat.
5.2. Limites du scénario choisi
Le choix d'une activité collaborative faisant intervenir deux acteurs
seulement est assez limitatif en matière de collaboration par rapport
à des activités faisant intervenir plusieurs contributeurs. Par
exemple, une particularité est que toute action qui n'est pas
réalisée par l'un est nécessairement l'œuvre de
l'autre. Ainsi, chaque acteur sait qui est l'auteur de chaque action sans avoir
besoin de se référer à une assistance comme pourrait
l'être la trace.
Nous rappellerons cependant que le but de l'article n'est pas d'analyser les
collaborations induites ou assistées par la visualisation
réflexive de traces, mais de présenter les moyens mis en
œuvre pour permettre cette dernière. Le scénario choisi a
uniquement pour but de valider techniquement le système de visualisation
de trace et d'illustrer les concepts informatiques présentés dans
les sections précédentes.
5.3. Scénario illustré pour deux bulles
5.3.1. Aperçu de l’environnement tracé
Deux acteurs (Denis et Damien) traduisent deux bulles de cette
planche. La figure 9 montre
l’état de l’environnement de Denis au bout de quelques
minutes.
Figure
9. Aperçu de l’environnement au bout de
quelques minutes de l’activité
La vue en bas à droite est le chat. Le cadre noir contient les
éléments partagés par les deux élèves :
l'image représentant l’original à traduire, le dictionnaire,
et le tableau blanc contenant les zones de texte correspondant aux traductions.
En bas à gauche on trouve toutes les ressources média disponibles,
et enfin en haut à gauche, la vue sur la trace de l’activité
de co-traduction.
Figure 10. Aperçu de la vue "Traces"
Une autre vue est disponible dans l'environnement mais n’est pas
affichée sur cette capture, il s’agit de la vue "Traces" (cf. figure 10). Cette vue affiche
toutes les traces disponibles dans l’environnement, indique le
modèle de trace de chacune et précise celles qui sont actuellement
vues par l’utilisateur. Sur la figure 10, trois traces sont
disponibles : la trace première, la trace d’une
activité de co-exploitation de ressources, et la trace d’une
activité de "co-traduction de bande dessinée", qui est
actuellement visualisée par l’utilisateur comme indiqué sur
la vue.
5.3.2. Aperçu de la trace
Figure
11. Aperçu de la trace métier de
co-traduction de bandes dessinées en version non-filtrée (a) et en
version filtrée (b)
Le cadre (a) de la figure
11 montre la trace non filtrée. Chaque ligne représente une
action observée de la trace métier. Pour chaque action, nous
pouvons voir l'acteur de l'action, le type de l'action réalisée
(envoi de message, édition, consultation de ressources ou recherches de
mots) et l'entité impactée. Chacun de ces trois
éléments peut optionnellement être accompagné d'une
icône et d'une couleur. Sur la Figure 12, d’autres
onglets sont disponibles. Deux d'entre eux fournissent la liste des acteurs
(cadre (a)) qui ont contribué à l’activité et la
liste des entités impactées (cadre (b)) avec toutes leurs
propriétés. Enfin, un onglet permet de visualiser le modèle
de trace de l’activité sous forme d’arbre (cadre (c)).
L'apprenant peut utiliser cet onglet pour connaître le descriptif de
l'activité (actions possibles, entités possibles et acteurs
possibles) et la légende correspondante.
Figure 12 Aperçu des onglets de la vue "trace"
5.3.3. Aperçu des services d’interactions avec la trace
Les menus et la barre d’outils permettent d’effectuer les actions
suivantes :
- activation du regroupement de deux actions successives de
même type, effectuées par le même acteur et sur la même
entité ;
- séparation de la trace en n traces qui
représentent chacune la contribution de chaque utilisateur, les fragments
de trace générés étant accessibles à la
visualisation par la vue "Traces" (cf. figure 10) ; cette
fonctionnalité permet notamment la comparaison graphique des
contributions de chacun à l’activité ;
- suppression d’une action observée si
l’utilisateur estime qu’elle n’est pas
significative ;
- ajout et suppression des règles de filtrage sur les
acteurs, actions ou entités ;
- ajout ou suppression de règles de tri des
actions ;
- modification du masque visuel des actions, permettant de choisir
quels éléments du modèle de trace sont affichés dans
l'onglet "Trace" ; l’utilisateur peut par exemple choisir de ne pas
afficher les entités s’il juge la vue trop chargée, ou de ne
pas afficher d’icône pour représenter les types
d’acteur, etc.
- enregistrement de la configuration au format XML.
Dans notre scénario, nous supposons que l’utilisateur estime que
la trace est trop polluée par les actions de type Consult (consultation d'une ressource), et qu’il ne souhaite plus les voir
dans la trace. Il peut installer une règle de filtrage sur les actions de
type Consult comme le montre la figure 13.
Figure 13. Mise en place d’un filtre sur les actions de type Consult
Le cadre (b) de la figure 11 résulte de
cette opération de filtrage. Les actions de type Consult (consultation des ressources) sont cette fois-ci absentes de la vue. En
conséquence la trace est plus légère en actions ; nous
pouvons plus facilement y distinguer les éléments clés de
l’activité.
6. Extensibilité et généricité de
l’approche
6.1. Architecture modulaire en plug-ins
L’architecture
logicielle mise en place pour réaliser eMédiathèque
s’appuie sur une infrastructure orientée composants permettant de
définir l’application comme un assemblage de plug-ins qui
apportent chacun une contribution au fonctionnement du système.
eMédiathèque est ainsi composé : de quatre plug-ins (Cobrowser, Media, Whiteboard, Chat)
implémentant chacun un des outils collaboratifs présentés
en section 3.4, d’un plug-in central "Client eMédiathèque" qui gère la
session de l’élève et l’interopérabilité
de tous ces services au sein du même environnement, ainsi que le
traçage primitif, et du plug-in "SBT" qui écoute la trace
première créée par "Client eMédiathèque" et
construit les traces métiers liées aux activités en cours
et affichées aux utilisateurs.
Dans une application Eclipse RCP, un mécanisme de contribution
déclarative des plug-ins permet de définir des points
d’extension auxquels les plug-ins peuvent contribuer. Nous avons
ainsi défini un point d’extension "activité / trace
métier".
Le premier avantage de cette approche, par rapport à notre
problématique de traces visualisées spécifiques aux
activités, est que les fonctions de traçage de chaque
activité peuvent être fournies par des plug-ins séparés (Activité 1, ..., Activité n),
indépendants. Chacun de ces plug-ins apporte les
éléments de modélisation de l’activité et de
transformation de la trace première nécessaires à sa
visualisation. La section 6.2 détaille la
constitution d’un tel plug-in. Au final, le plug-in "SBT"
collecte toutes les activités disponibles et les rend visualisables.
Figure 14. Schéma de contribution et
dépendance des plug-ins d’eMédiathèque
Le deuxième bénéfice est la possibilité
d’ajouter de nouvelles activités, sans nécessité de
réinstallation ou de redémarrage
d’eMédiathèque : une nouvelle activité rendue
disponible sur le serveur sera automatiquement téléchargée
et installée ou mise à jour dans eMédiathèque, de
façon quasi transparente pour l’utilisateur. Cet effort de
généricité et de modularité dynamique dans
l’implémentation de la plate-forme permet donc l’introduction
et la mise à jour fréquente d’activités
tracées, indispensables à toute exploitation et déploiement
dans un environnement réel.
6.2. Ajout d’une nouvelle activité tracée
Nous rappelons que la
trace première est neutre par rapport à l'activité
réalisée et qu'elle doit donc être transformée pour
être spécifique à l'activité ajoutée (cf.
section 4.2). L’ajout
d’une nouvelle activité pédagogique tracée dans
eMédiathèque, sous forme de plug-in, nécessite trois
étapes. Cette procédure ne concerne que la partie statique de la transformation de trace, et pas la partie dynamique.
6.2.1. Étape 1 : conception du modèle de trace de
l'activité
La première étape consiste à réaliser le
modèle de trace métier de l’activité à tracer,
c’est-à-dire définir les entités et les actions qui
font sens dans le cadre de l'activité pédagogique. On pourrait
donc également désigner ce modèle de trace
métier par modèle d'activité.
La figure 15 représente le modèle de trace (simplifié) pour
l’activité de co-traduction de bandes dessinées et ses
relations avec le modèle de trace générique de la figure 8. Trois nouvelles
classes d'actions ont été créées par rapport aux
classes déjà définies pour le modèle de trace
première : la lecture d’une ressource (Read), la
consultation d’un dictionnaire (ConsultDict) et
l’édition (Edit), par spécialisation des classes
d'action de la trace première : Focus, Navigate et Modify. Une nouvelle classe d’entité a été
créée : le dictionnaire (Dictionary). Il s’agit
ici d'une activité qui réutilise et étend beaucoup de
classes du modèle de trace première, mais il se pourrait que
d'autres activités nécessitent la redéfinition de nouvelles
classes d'actions et d'entités, sans rapport avec le panel
d’actions de la trace première : un tel modèle de trace
spécialiserait donc directement les classe abstraites Action et Entity.
Figure 15. Modèle de trace
étendu pour la co-traduction de bandes dessinées (sous
forme de diagramme de classes UML)
6.2.2. Étape 2 : réalisation du transformateur
Le transformateur implémente la transformation statique ; son
rôle est de construire au fil de l’eau la trace métier
à partir de ce que contient la trace première (cf. figure 7). Il
interprète chaque nouvelle action de la trace première et
construit éventuellement, en fonction de cette nouvelle action et
d’informations de contexte, une action métier significative dans le
cadre de l’activité.
Par exemple, lorsque la trace première contient une action de type
"modifier" (Modify) et que l’entité concernée est une
zone de texte (entité de type Text), alors le transformateur de
l’activité co-traduction crée une action Edit dont le
paramètre delta représentant la chaîne de
caractères qui a été éditée est
calculé à partir de l’ancienne chaîne de
caractère (attribut oldValue de l'action de type Modify) et
la nouvelle (attribut newValue de l'action de type Modify).
Similairement, l’action de lecture (Read) correspond à la
mise au premier plan d’une page ou d’une ressource pendant une
durée supérieure à un certain seuil (action de type Focus dans la trace première, augmentée d'un
chronométrage).
La charge de définir ces transformateurs revient à une personne
ayant la double compétence de pédagogue pour identifier les types
d'entités et d'actions significatifs dans l'activité et
d'informaticien pour implémenter le modèle de cette
activité ainsi que les transformations permettant de transformer la trace
première en une trace métier spécifique à cette
activité. Nous proposons de le désigner par « concepteur
d’activité ». Un éditeur de modèles de
trace et de transformations est en cours de développement au LIRIS, mais
pour l'heure ces étapes sont réalisées en Java.
6.2.3. Étape 3 : définition des métadonnées
de visualisation
Cette étape consiste à affecter à chaque
élément du modèle de trace des métadonnées de
visualisation qui définissent la correspondance entre les
éléments du modèle de trace et des propriétés
visuelles (nom, couleur, image). Concrètement, nous associons à
chaque élément de la trace (actions, acteurs, entités, et
leurs attributs) un descripteur de visualisation. Par exemple, à chaque
élément de type Action est associé, entre autres, un
descripteur (ComponentTypeInfo) qui représente le type
d’action. Ce descripteur fournit pour ce type
d’élément une image, une couleur et un nom. Ces
métadonnées fournissent également au mécanisme de
visualisation une liste exhaustive de tous les types d’actions,
d’entités et d’acteurs possibles dans cette activité,
ainsi que leurs attributs. A terme, nous envisageons d’utiliser un
mécanisme d’annotation du modèle de trace pour
représenter ces métadonnées de visualisation.
7. Conclusion, discussions et perspectives
L’EIAH
eMédiathèque est une plate-forme qui a été
conçue pour tracer en temps réel et de manière exhaustive
l'usage de toutes les fonctionnalités de la plate-forme par l'apprenant,
grâce à un mécanisme de réification des actions. Par
une transformation statique de la trace obtenue configurée au
préalable de la session d'apprentissage en ligne, puis chargée
dans eMédiathèque, la plate-forme instancie pour chaque type
d'activité pédagogique une trace métier dont la
sémantique est celle de l'activité qu'elle représente. Tout
utilisateur de la plate-forme (apprenant, enseignant, etc.) peut visualiser ses
propres traces pendant le cours de l'activité et effectuer des
opérations basiques sur ces traces comme le tri des
éléments qu'elle contient, le regroupement, le filtrage, et le
mode d’affichage des propriétés ou entités (les
masques visuels) ; nous appelons ces opérations les transformations dynamiques.
La mise en œuvre du traçage d'une nouvelle activité se
matérialise par l'ajout d'un plug-in qui se greffe au
système de visualisation en apportant trois éléments :
le modèle de trace métier de l’activité, les
règles de transformation à appliquer à la trace
première pour obtenir une trace de ce modèle, et les
métadonnées qui permettent d’afficher graphiquement les
propriétés de la trace métier (noms, images et
couleurs).
Il convient de préciser que les mécanismes de traçage et
de visualisation interactive de la trace pour la réflexivité
peuvent s'appliquer à d’autres types d’activités, qui
ne soient ni forcément dédiées à l'apprentissage, ni
forcément collaboratives. Les concepts abordés dans cet article
ont majoritairement été traités du point de vue de leur
faisabilité et de leur réalisation informatique, toutefois les
perspectives ouvertes par un tel système sont nombreuses.
7.1. Vers une assistance réflexive à base de traces
Nous avons évoqué la
réflexivité dès l'introduction car c’était
l'objectif initial du projet et notre système a été
bâti selon l'hypothèse qu'une visualisation par l'apprenant de ses
traces d'activité personnelles favoriserait son activité
pédagogique. Le besoin "d'assistance métacognitive" à
l'utilisateur d'un système est de plus en plus communément
reconnu, particulièrement pour les applications collaboratives (Dimitracopoulou et Bruillard, 2006).
Dans l'approche qu'un utilisateur peut se faire d'un dispositif, (Richard, 1983) distingue deux logiques qu'il peut mettre en œuvre. La logique de
fonctionnement s'applique lorsque l'utilisateur connait le résultat
de chaque commande du dispositif et agit en fonction de cette connaissance du
fonctionnement du dispositif. La logique d'utilisation régit ce
que l'utilisateur sait effectuer à l'interface du dispositif comme suite
d'actions pour obtenir le comportement souhaité, sans forcément en
comprendre le fonctionnement interne. Dans la même lignée, (Mille et Prié, 2006) parlent de logique de conception pour désigner l'usage du
système telle que prévu par le concepteur et de logique
d'utilisation pour désigner l'usage réel ou
désiré par l'utilisateur. Les auteurs expliquent qu'il existe dans
tout système un hiatus entre la logique de conception et la logique
d'utilisation et défendent que présenter systématiquement
un retour à l’utilisateur de ce qu’il fait et de
l’impact qu’il a sur son environnement permettra de réduire
ce hiatus.
La réflexivité dans eMédiathèque peut s'effectuer
à trois niveaux : la réflexivité de l'apprenant en
temps réel par visualisation de ses traces pendant son
activité ; la réflexivité de l'apprenant a
posteriori par visualisation des traces d'une activité
passée ; et ce que nous désignons ici par
"réflexivité de groupe" concernant la possibilité pour un
participant à l'activité de se positionner par rapport à
celle du groupe auquel il appartient par consultation des traces. A l'heure
actuelle, nous n'avons pas pu confirmer ou infirmer ces hypothèses de
manière scientifiquement fondée. Cependant nous disposons de deux
retours d'expérience sur notre système.
Le premier provient d'une expérimentation réalisée sur
eMédiathèque par des membres de notre équipe de recherche.
Chaque participant s'est attelé à l'activité décrite
en section 5.1 en
binôme. Le but de cette expérimentation était de valider
techniquement le prototype développé, de susciter des remarques
spontanées de la part des participants sur les fonctionnalités du
système, l'ergonomie, et de préparer le terrain pour des
expérimentations futures "grandeur nature", réalisées avec
des étudiants en réelle situation d'apprentissage, en vue
d'anticiper les difficultés éventuelles de leurs mises en place et
de savoir orienter les activités vers des situations permettant
d'observer des usages réflexifs de la trace.
Le deuxième retour d'expérience dont nous disposons provient
cette fois des étudiants participant aux sessions en classes virtuelles
de la société eLycée. Dans la version
d'eMédiathèque qu'ils ont à leur disposition, les
étudiants ne peuvent pour l'instant visualiser que leurs traces
premières (cf. figure
4), censées être non facilement réutilisables dans le
contexte d'une activité pédagogique. Nous avons pu constater des
situations de réutilisation de la trace élémentaire, comme
le rechargement d'entités précédemment fermées dans
l'espace ou la remise en contexte temporelle de certaines actions
réalisées, grâce à l'information temporelle des
actions.
Les prochains travaux sur la réflexivité du projet
relèveront des sciences cognitives et traiteront les
problématiques suivantes : quelles sont les situations favorables
à la réflexivité lors d'une activité
pédagogique collaborative ? Quels sont les apports de la
réflexivité dans les processus d'apprentissage ? Comment
mesurer le "taux de réflexivité" d'une activité ?
7.2. Vers un partage d'expérience à base de traces
documentarisées
Nous entendons par documentarisation d’épisodes de la
trace le fait de donner à un épisode de trace
(généralement métier), défini et visualisé
par un utilisateur, le statut de document à part entière, au
même titre qu’une autre ressource mise à disposition de
l’utilisateur par la plate-forme (tableau blanc, vidéo, etc.). Un
tel épisode de trace peut alors être visualisé,
partagé, annoté, et faire l’objet de requêtes de
recherche dans une base d’épisodes de traces.
eMédiathèque permet d’ores et déjà de
sauvegarder un épisode de trace. En effet, la trace vue par
l'utilisateur est le résultat d'un couplage par le Visualiseur de
la trace métier et d'une certaine Configuration de
visualisation, la trace métier étant elle-même
élaborée à partir de la trace première et
d'un Transformateur dédié à l'activité (cf. figure 7). Ainsi la
donnée de la trace première et de la Configuration de
visualisation permet de restituer la trace vue.
eMédiathèque persiste donc un épisode de trace vue en sauvegardant l'épisode de trace première correspondant
et la Configuration de visualisation.
Cette séparation de la présentation (objet Configuration de
visualisation) et du contenu (trace première) permet à
différents utilisateurs de la plate-forme de visualiser différents
épisodes sous le même point de vue, mais également de
visualiser le même épisode sous différents points de vue. En
pratique, on peut imaginer qu'un enseignant visualise un épisode de trace
d'un étudiant préalablement mis en partage pour mieux situer ses
difficultés et lui donner une meilleure assistance. Un système de
partage et d'échange d'épisode est à implémenter
dans eMédiathèque, mais il nous faut d'abord ajouter des
possibilités d’annotation d'épisodes et de recherche sur des
bases de traces, qui feront eux aussi l’objet de recherches futures.
7.3. Vers un "awareness collaboratif" à base de traces
La portée "apprentissage en situation
collaborative" découle naturellement du fait que la plate-forme
applicative abordée dans cet article est une plate-forme collaborative
synchrone pour l'apprentissage. La première conséquence est que
les traces sous-jacentes à la visualisation de traces comportent une
dimension collaborative. En effet, la trace présente dans l'environnement
eMédiathèque de chaque utilisateur comporte deux types d'action.
Les actions locales sont celles qu'il a réalisées dans son
environnement sans impacter les ressources partagées. Par exemple,
naviguer sur Internet peut se faire en session locale. Les actions
partagées sont celles qui s'effectuent sur des ressources
partagées, comme les tableaux blancs, les sessions Web partagées,
etc. Dans ce cas, les actions réalisées apparaissent dans les
traces de chacun.
De cette manière, eMédiathèque contribue à
la problématique de l'awareness dans les environnements
collaboratifs distribués en temps réel. L'awareness collaboratif peut se définir comme la compréhension en temps
réel du travail effectué par les participants sur l'espace
partagé : d'où ils travaillent, de ce qu'ils font, de leurs
futures intentions (Gutwin et. al, 1996b).
Par exemple, dans leur système en vues "Radar", (Gutwin et. al, 1996a) portent le focus de l'espace de travail partagé sur certaines zones
précises par des rectangles spécifiant quel participant travaille
sur la zone focalisée, ce qu'il est en train de voir de l'espace
partagé par des vues résumées et des données
personnelles le concernant (nom, photo...). La trace est certainement une source
riche en information pour aider à bâtir des systèmes
d'awareness collaboratif mais nous pensons que la trace elle-même,
visualisée par les utilisateurs à travers le système que
nous avons présenté ici, peut contribuer à cet awareness.
Prenons l'exemple d'une activité d'un élève de la classe
en train de regarder une vidéo ou d'effectuer une autre action pendant
qu'un deuxième élève écrit sur le tableau blanc
partagé. Dans ce cas l'apparition d'une action de type "Ecrire" dans la
trace du premier élève, dont l'auteur est le deuxième
élève, lui permet d'être informé que la production
commune aux élèves de la classe est en train d'évoluer sans
lui. Les expérimentations prévues sur cette plate-forme devront
également permettre d'établir la contribution de notre
système de visualisation interactive de traces à
l'awareness collaboratif et d’observer dans quelles mesures
l'élève est conscient des contributions effectuées par
chacun des autres participants de la classe par la trace.
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2 http://www.marratech.fr/
3 http://www.elluminate.com
4 http://www.wimba.com
5 http://www.adobe.com/products/breeze/
6 http://www.marratech.com
7 http://www.ilinc.com, en
particulier le produit LearnLinc
8 http://blackboard.com/
9 http://moodle.org/
10 http://cluster-isle-eiah.liris.cnrs.fr/
11 Une commande étant une
action ré exécutable, et dans certains cas annulable ; dans
le cadre de cet article, la différence entre action et commande
n’est toutefois pas significative.
12 voir la page d'accueil du
projet EMF pour plus de détails sur ces différentes
technologies : http://www.eclipse.org/modeling/emf/
A
propos des auteurs
Damien CRAM est doctorant au laboratoire LIRIS depuis
Avril 2007 au sein de l'équipe SILEX (Supporting Interactions by Learning
from Experience), animée par Alain MILLE. Il a récemment
été diplômé de l'Ecole Centrale de Lyon et d'un
Master Recherche en Informatique en Intelligence Artificielle et a
réalisé son stage de fin d'études sous l'encadrement de
Denis JOUVIN et d'Alain MILLE, dans le cadre du projet eLycée. Son projet
de recherche consistait à étudier la visualisation des traces
d'interactions en temps réel pour la réflexivité et
à en développer un prototype sur l'EIAH eMediatheque.
Adresse : LIRIS UMR 5205 ,
Université de Lyon, Université Claude Bernard, Bâtiment
Nautibus (710), 43, Boulevard du 11 Novembre 1918, 69622 VILLEURBANNE CEDEX
France
Courriel : damien.cram@liris.cnrs.fr
Toile : http://liris.cnrs.fr/damien.cram
Denis JOUVIN est depuis deux ans directeur technique et
ingénieur R&D de eLycée S.A.S., une entreprise d'enseignement
à distance du français, et parallèlement post-doctorant au
laboratoire LIRIS, dans l'équipe SILEX (Supporting Interactions by
Learning from Experience), où il travaille notamment sur l'usage des
traces dans les plateformes collaboratives synchrones orientées
e-learning. Après avoir obtenu le diplôme d'ingénieur INSA
en informatique, il a effectué son doctorat en informatique sur une
thématique Systèmes Complexes et Systèmes Multi-Agents,
à l'université Claude Bernard Lyon 1, et en collaboration avec le
laboratoire d'intelligence artificielle (AI Lab) du KAIST, en Corée du
Sud. Il a par ailleurs travaillé plusieurs années à
l'étranger (Corée du Sud, Laos, Vietnam) comme ingénieur
informatique.
Adresse : LIRIS UMR 5205 ,
Université Claude Bernard Lyon 1, Bâtiment, Nautibus, 43 Boulevard
du 11 Novembre 1918, 69622 Villeurbanne Cedex, France
Courriel : denis.jouvin@liris.cnrs.fr
Toile : http://liris.cnrs.fr/denis.jouvin
Alain MILLE est professeur à
l’université Lyon1, chercheur au LIRIS UMR CNRS 5205.
Informaticien, il s’intéresse à l’ingénierie de
l’expérience tracée et en particulier à
l’exploitation de cette expérience tracée pour faciliter les
usages TIC. Animateur de l’équipe SILEX (Supporting Interactions by
Learning from Experience) de l’axe thématique COSYCO (Connaissance
et Systèmes Complexes) du laboratoire, il est responsable
également d’une structure de recherche pluridisciplinaire (PPF
Apprentice) spécialisée sur la question de l’apprentissage
avec les TICE. Dans le domaine des EIAH, il s’intéresse
spécifiquement aux usages réflexifs de l’expérience
tracée facilitant l’appropriation des différentes facettes
EIAH et le partage d’expérience dans le cadre de
l’apprentissage collaboratif.
Adresse : LIRIS UMR 5205 ,
Université de Lyon, Université Claude Bernard, Bâtiment
Nautibus (710), 43, Boulevard du 11 Novembre 1918, 69622 VILLEURBANNE CEDEX
France
Courriel : alain.mille@liris.cnrs.fr
Toile : http://liris.cnrs.fr/alain.mille
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