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L'exploitation d'Objets Pédagogiques Interactifs à
distance : le projet FORMID
Viviane GUÉRAUD, Jean-Michel
ADAM, Jean-Philippe PERNIN, Gaëlle CALVARY, Jean-Pierre DAVID
Laboratoire
CLIPS-IMAG, Grenoble
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RÉSUMÉ : Cet
article présente des travaux menés conjointement par les
équipes ARCADE et IIHM. L’équipe ARCADE
s’intéresse à la création et à
l’exploitation à distance de situations actives
d’apprentissage. Il s’agit d’assister le formateur en tant
qu’auteur dans la phase de création, et en tant que tuteur dans la
phase d’exploitation au sein d’une classe virtuelle. Le concept de
scénario pédagogique est un élément-clé entre
ces deux phases : il permet aux formateurs de proposer aux apprenants des
activités précises sur des Objets Pédagogiques Interactifs
(OPIs : simulations, micro-mondes...) ; il nous permet
également d’assister les formateurs dans leur tâche de suivi
de classe. Le projet FORMID a donné naissance à une plate-forme
mettant concrètement en œuvre ces propositions.Nous
présentons dans un premier temps les modèles conceptuels sur
lesquels nous nous appuyons pour mettre en place des situations
d’apprentissage fondées sur l’exploitation d’OPIs. Nous
abordons ensuite la phase de création des situations
d’apprentissage, en présentant l’outil-auteur de
scénario ainsi que les mécanismes et outils permettant le
contrôle d’un OPI par un scénario. Nous étudions
ensuite la phase d’exploitation en explicitant les fonctions à
proposer au tuteur pour le suivi à distance et en détaillant les
propositions originales du projet FORMID. Enfin, nous présentons la
plate-forme FORMID réalisée : son architecture logicielle, la
méthode utilisée pour la conception des IHM, et les IHM
concrètes résultantes.
MOTS CLÉS : Environnements
Informatiques d’Apprentissage Humain, Formation Ouverte et A Distance,
Apprentissage actif, Scénario pédagogique, Objets
pédagogiques, Plate-forme, Suivi à distance, Tutorat, Classe
virtuelle, Outil-auteur.
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ABSTRACT : This
paper describes a joint research of the ARCADE and IHM teams. The ARCADE team is
interested by creation and distant exploitation of active training situations.
The goal is to assist the trainer in his authoring role during the creation
phase, and in his tutoring role during the exploitation phase in the context of
a virtual classroom. The concept of pedagogical scenario is a key element
between these two phases : trainers use it to propose to learners precise
activities on Interactive Pedagogical Objects (OPIs : simulations,
micro-worlds...) ; we use it to assist trainers in their classroom
monitoring task. The FORMID project has resulted in a computer platform
implementing concretely these proposals.We first present the conceptual models
which we use to implement learning situations based on exploitation of OPIs. We
consider next the phase of creation of learning situations, with the
presentation of the scenario authoring tool and of the mechanisms and tools used
by a scenario to control an OPI. We then study the exploitation phase and we
show which functions the tutor needs for remote monitoring. We detail the
original proposals of the FORMID project. Finally, we present the FORMID
platform : its software architecture, the design of its interfaces, and the
resulting man-machine interfaces.
KEYWORDS : Computer
Environment for Human Learning, Open and Distant training, active learning,
pedagogical scenario, pedagogical objects, platform, distant learning, tutoring,
virtual classroom, authoring tool.
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1. Introduction
Aujourd'hui,
de nombreux travaux concernent l'exploitation de classes virtuelles, espaces
dématérialisés au sein desquels interagissent à
distance apprenants et tuteurs pour mener à bien des tâches
d'apprentissage individuelles ou collectives. Dans un premier temps, l'attention
s'est concentrée sur l'utilisation de plates-formes de formation
ouverte et à distance (en anglais Learning Management Systems ou
LMS). Ces systèmes techniques, aujourd'hui
en nombre très important (plus de 230 LMS
recensés début 2003 sur le site de Thot [Thot03]),
mettent à disposition des différents acteurs de la formation
(apprenants, tuteurs, concepteurs pédagogiques, gestionnaires,...)
un ensemble de fonctions visant à faciliter la mise en place et
l'exploitation de ces nouvelles situations d'apprentissage à distance
[Oravep00],
[Eifel02]. Ces
environnements permettent de mettre en œuvre des cursus de formation
en intégrant notamment la mise à disposition de ressources
pédagogiques variées, la planification des activités
de l’apprenant, la gestion des communications entre apprenants et
enseignants.
Comme le souligne R. Faerber [Faerber01],
la génération actuelle des plates-formes de formation à
distance intègre un ensemble d'outils d'un point de vue technique,
mais ne les place pas explicitement dans un cadre pédagogique.
Rob Koper [Koper01]
renforce encore cette critique en faisant remarquer que les LMS
actuels ne sont pas adaptés à toutes les situations
mais favorisent implicitement un type d'apprentissage déterminé
se concentrant davantage sur les ressources et les outils proposés
que sur les activités de l'apprenant. Partant de constats identiques,
plusieurs auteurs [George01],
[Després01],
[Faerber01]
soulignent les difficultés rencontrées pour développer
des usages qui diffèrent d'un usage "standard"
caractérisé par (1) un modèle pédagogique
fondé principalement sur la transmission de connaissances, (2)
une communication limitée aux relations entre un tuteur et un apprenant
isolé et (3) un mode de fonctionnement et d'exploitation asynchrone.
D’autres types d’apprentissage, basés sur des approches
constructivistes ou socioconstructivistes, sont pourtant envisageables. La
théorie de l’activité et la théorie de l’action
située placent respectivement l'instrument et le groupe comme des
pôles supplémentaires à la classique triade apprenant
– enseignant – connaissance
[Leontiev75],
[Engestrom87].
L'apprentissage ne peut être conçu uniquement comme une simple
transmission de savoir mais doit répondre aux deux exigences
suivantes : (1) l'apprentissage doit requérir une interaction
sociale et de la collaboration et (2) les connaissances doivent être
présentées dans un contexte authentique (i.e. exigeant la mise en
œuvre de ces connaissances). Il semble alors intéressant
d’appliquer ces approches au contexte de l'apprentissage à distance
médiatisé par ordinateur et d’être capable de
proposer, dans ce cadre, des situations d’apprentissage respectant ces
deux caractéristiques. Face aux difficultés que cela
présente, les travaux actuels de recherche dans ce domaine donnent
généralement priorité à l’une ou l’autre
de ces exigences. Les approches de télé-apprentissage par projets
et plus largement du CSCL (Computer-Supported
Collaborative Learning) privilégient par exemple l'apprentissage
collectif, au sens générique défini par
[George01].
La perspective de recherche adoptée par l’équipe
ARCADE1 vise à mettre
en place des Situations d'Apprentissage Actif ou Situations
Actives d’Apprentissage (SAA)
dans lesquelles l'apprenant interagit étroitement avec un dispositif
l'induisant à une découverte-construction de connaissances.
De telles approches correspondent à l'utilisation de télé-manipulations
[LelevéAl02],
de micro-mondes [SouryLavergne98],
de simulations [DeJongVanJoolingen98],
[Pernin96],
ou d'environnements interactifs d'apprentissage en autonomie, tels qu'ils
sont par exemple pratiqués dans l'apprentissage des langues [HérinoPetitgirard02].
Nous introduisons ici le terme générique d'Objet
Pédagogique Interactif (OPI)
pour désigner le dispositif logiciel support de ce type d'apprentissage.
A titre d'exemple, un OPI peut être
un simulateur de processus physique, un micro-monde tel que Cabri-géomètre
[Cabri04], un
dispositif de programmation/pilotage de robot à distance tel que
Roboteach [Leroux03],
un dispositif d'entraînement au geste chirurgical [ConoleAl03].
Contrairement à un objet pédagogique "expositif",
c’est-à-dire dédié à la transmission
de connaissances, un OPI comprend en son
sein un modèle de calcul capable de modifier son état interne
et sa représentation en fonction des manipulations de l'apprenant.
Afin de favoriser la mise en place de Situations Actives
d’Apprentissage, notre objectif est
d’assister les formateurs dans leurs
différentes tâches. En effet, indépendamment de
l’approche pédagogique employée, F. Peccoud
[Peccoud00] constate
que la formation individualisée à distance est nettement plus
coûteuse en personnel enseignant que l'organisation classique. Ce fait
s’explique par la multiplicité des tâches à effectuer
pour aller de la conception à l'exploitation d'un dispositif
d'apprentissage à distance, ainsi qu’à leur
complexité respective.
La première difficulté réside dans la
création des Situations Actives
d’Apprentissage. S’il est, en effet, relativement
aisé pour les formateurs de proposer des documents expositifs
(complétés par des évaluations automatisées de type
QCM), il est beaucoup plus complexe de concevoir et
de mettre en œuvre des situations actives basées sur des
OPIs. Comment faciliter la création de
telles situations d’apprentissage par les formateurs
eux-mêmes ? Ceci constitue le premier axe de nos propositions.
La deuxième difficulté concerne
l’exploitation des Situations Actives
d’Apprentissage. Il s’agit d’en assurer la mise en
œuvre pour l’apprenant et de faciliter le tutorat associé. De
façon générale, l'importance du tutorat dans le
succès d'une formation à distance est aujourd'hui reconnue, en
particulier parce qu'il permet de rompre l'isolement de l'apprenant et
d'entretenir sa motivation. Cet aspect a même été pris en
compte dans certaines définitions officielles relatives aux formations
ouvertes et/ou à distance : "La simple
fourniture de matériels ou de cours en ligne n'a pas la nature d'action
de formation professionnelle... sans accompagnement humain technique et
pédagogique"
[Dgefp01]. Pourtant,
deux écueils majeurs ont été repérés :
le premier concerne l'importance des coûts engendrés par les
activités de tutorat (directement proportionnels au nombre
d’apprenants) ; le second est relatif à la complexité
de la tâche cognitive pour un enseignant en situation de tutorat de classe
virtuelle. Si l'on désire favoriser la mise en place de formations
à distance, des efforts doivent donc être accomplis pour faciliter
la tâche du tuteur sans diminuer pour autant la qualité du suivi.
Ceci constitue le deuxième axe de nos propositions.
Le projet FORMID (FORMation Interactive à Distance), initié
conjointement par les équipes ARCADE et IIHM2
du laboratoire CLIPS3 s’est
donné pour but de définir un environnement logiciel permettant
la mise en œuvre de Situations Actives d'Apprentissage fondées
sur l'exploitation à distance d'Objets Pédagogiques Interactifs
dans un contexte de classe virtuelle. Le terme de classe virtuelle [Gil00]
désigne ici le groupe d’individus inscrits à un cursus
de formation à distance, c’est-à-dire un ensemble
d’individus qui vont être amenés à interagir
entre eux et/ou avec leur formateur tout au long de leur apprentissage4.
Le point de vue que nous privilégions est celui du formateur. Assister
les formateurs pour la création de Situations Actives d’Apprentissage
est possible grâce aux modèles et outils issus de travaux
antérieurs de l’équipe ARCADE. Le concept de scénario
pédagogique en est un élément - clé. Les scénarios
pédagogiques spécifiés par les formateurs permettent
la mise en œuvre dans une classe virtuelle des situations d’apprentissage
correspondantes. Ils permettent également d’assister les
formateurs dans leur tâche de suivi de la classe. Le suivi est envisagé
de façon tant synchrone qu’asynchrone alors que les possibilités
de suivi sont en général limitées au suivi asynchrone
dans les plates-formes d’enseignement à distance. Le prototype
d'environnement réalisé est appelé plate-forme FORMID.
Nous avons travaillé au sein de ce prototype sur différentes
Situations Actives d’Apprentissage basées sur des OPIs.
La suite de l'article est organisée de la façon
suivante :
La section 2 présente les modèles conceptuels sur lesquels nous
nous basons pour mettre en place des situations d'apprentissage fondées
sur l'exploitation d’OPIs.
La section 3 se concentre sur la phase de définition des situations
d'apprentissage, en précisant la façon de construire un
scénario destiné à cadrer et contrôler
l’activité d’un apprenant sur un
OPI.
La section 4 est consacrée à l'étude de la phase
d'exploitation à distance des situations d'apprentissage en abordant en
détail le point de vue du tuteur dans son rôle de suivi des
apprenants.
La section 5 est dédiée à la description de la
plate-forme FORMID développée. Nous l’examinons sous
deux angles : l’architecture logicielle et l’interaction
Homme-Machine.
2. Situations actives d'apprentissage : le concept
de scénario pédagogique
Historiquement, l’équipe ARCADE s’est
en premier lieu intéressée à des Situations Actives
d'Apprentissage (SAA) basées sur un
type particulier d’OPIs : les
simulations. Nous présentons tout d’abord les principaux
résultats de ces travaux, en explicitant le modèle de conception
préconisé et le concept de scénario pédagogique.
Nous discutons ensuite du domaine de validité de ces propositions
en étudiant son extension aux Situations Actives d'Apprentissage
basées sur la manipulation d'OPIs quelconques. Enfin, nous
explicitons les apports de notre approche à base de scénarios
dans différents contextes d’apprentissage.
2.1. Un modèle de conception de Situations Actives
d’Apprentissage
Nous appelons "simulations pédagogiques"
les logiciels proposant des Situations Actives d'Apprentissage basées
sur des OPIs de type simulation (OPI - simulation).
L’étude de la production de simulations pédagogiques
a fait l'objet de différents projets de type industriels (MELISA
[Pernin96]
avec Hewlett-Packard, TPEC - Technical Planning
Education Center) et européens (ARIADNE
,
et ARIADNE II). Nous avons développé
différents systèmes-auteurs (MELISA
et GENESIMU [Pernin98],
[GuéraudPernin99]
pour TPEC, OASIS
[Cagnat00],
[Guéraud98],
[CortésGuéraud98]
pour ARIADNE). Une synthèse de
ces travaux est fournie dans le numéro spécial de Sciences
et Techniques Educatives consacré à la simulation [GuéraudAl99].
Nous en donnons ici les résultats utiles à la compréhension
du projet FORMID.
Un premier modèle de conception, nommé
MARS
[Pernin96],
décompose une simulation pédagogique en quatre composants :
le Modèle abstrait qui décrit le
système simulé ;
la Représentation qui définit les interfaces
manipulées par l'utilisateur ;
les Associations qui permettent d'intégrer le
Modèle et la Représentation afin d'obtenir
l’OPI - simulation proprement dit ;
le Scénario pédagogique qui définit
les activités pédagogiques basées sur
l’OPI - simulation.
L’outil-auteur OASIS permet de développer une simulation
pédagogique selon ce modèle. La Situation Active
d’Apprentissage obtenue est le résultat de ces quatre composants,
comme le montre la figure 1.
Figure 1 : Conception d’une SAA incluant
simulation et scénario.
G. Cortés
[Cortés99]
propose d’envisager plus globalement la conception d’une simulation
pédagogique comme :
d'une part, la conception de
l’OPI - simulation, n'incluant
aucun objectif ni assistance pédagogiques (composants
MAR : Modèle, Représentation et
Associations) ;
d'autre part, la conception du Scénario
pédagogique qui permet de spécifier l'activité
proposée sur
l’OPI - simulation : les
objectifs donnés à l'apprenant, le contrôle qui sera
effectué sur son activité, l'assistance qui lui sera
proposée.
Selon ce nouveau modèle de
conception, une Situation Active d’Apprentissage est
constituée de deux composants,
l’OPI - simulation et le
scénario pédagogique. Cette vision permet davantage de
souplesse : il devient en particulier possible de définir des
scénarios pédagogiques sur des
OPIs - simulations existants (disponibles
sur le Web par exemple), qu'ils soient ou non réalisés selon le
modèle MAR. Un tel scénario peut
être créé à l’aide d’un simple
éditeur de texte en respectant un format de description précis, ou
bien grâce à un outil-auteur spécialisé. Ceci permet
aux formateurs de réutiliser des
OPIs - simulations existants et de les
adapter à leur public et à leur pédagogie, en construisant
leurs propres scénarios. Les SAA ainsi
spécifiées sont alors mises en œuvre pour les apprenants
grâce à notre moniteur de scénario (cf. figure
2).
Figure 2 : Conception d’une SAA par la
définition d’un scénario sur un
OPI - simulation existant.
2.2. Le concept de scénario pédagogique
Revenons maintenant plus précisément
sur le concept de Scénario
pédagogique. Le scénario a un triple
rôle :
il définit précisément
l'activité proposée aux apprenants sur
l’OPI – simulation ;
il spécifie également le contrôle qui
sera fait de la progression de l'apprenant durant cette activité ;
il détermine enfin l'assistance pédagogique
qui lui sera fournie automatiquement en fonction de sa
progression.
Notre concept de scénario est distinct du concept de
"scénario d'enchaînement
pédagogique" souvent présent dans les plates-formes de
Formation Ouverte et à Distance. Un scénario d'enchaînement
permet de spécifier comment vont s'enchaîner les différentes
activités pédagogiques alors que notre scénario concerne
une activité et permet de suivre la progression d'un apprenant vers
l’objectif fixé par celle-ci.
Un scénario pédagogique est ainsi défini par :
la situation initiale et l'objectif à
atteindre ;
les situations correspondant aux étapes de
résolution pertinentes ;
les situations particulières à observer
(contraintes à respecter, erreurs classiques, dangers
potentiels,...) ;
la réactivité permettant d’assister
l’apprenant en fonction de sa progression ; elle détermine les
réactions du système (retours d’information, aide, retour au
début d’étape,...) associées aux différents
contrôles (étape réussie ou non, situation
particulière atteinte, objectif atteint ou non).
Lorsqu’il est exécuté, un tel scénario ne
contraint pas l'apprenant à atteindre l’objectif selon une
progression unique mais permet de valider un ensemble de solutions. En effet, le
formateur fixe les étapes qu'il juge incontournables ainsi que leur
ordre ; le système vérifiera si les situations correspondant
à ces étapes se réalisent successivement, mais ne
contrôlera pas la façon dont l'apprenant procède pour
parvenir à la fin de chaque étape. Le système pourra
toutefois détecter que l'apprenant atteint (au passage) une situation
particulière si le formateur l'a spécifiée comme situation
à observer.
Lors de son exécution, le scénario permet d’observer les
résultats du comportement de l’apprenant sur
l’OPI-simulation. En repérant un
certain nombre de situations remarquables (franchissement d’étapes,
situations d’erreurs,...), il établit automatiquement un diagnostic
de l’activité de l’apprenant. Ce diagnostic se situe à
un niveau comportemental, c’est-à-dire, selon la
définition de
[Wenger87],
qu’il décrit les comportements sans tenter de percevoir
l’état des connaissances que l’apprenant a mises en
œuvre.
Une fois défini par le formateur, le scénario permet de
proposer différents modes de travail à l'apprenant. Un mode
"apprentissage" et un mode
"évaluation" sont par exemple proposés
dans OASIS. En mode "apprentissage", outre la
consigne globale, l'apprenant reçoit la consigne de la
1ère étape et peut disposer de l'aide
éventuellement prévue pour celle-ci. Lorsqu'il pense avoir
réussi cette étape, l'apprenant demande la validation de son
travail et reçoit l'évaluation correspondante. Dès qu'une
étape intermédiaire est réussie, la consigne de
l'étape suivante est affichée. L'apprenant peut à tout
moment abandonner une étape et passer à la suivante (le
système plaçant alors la simulation comme s'il venait de
réussir l'étape). S'il atteint une situation
"à observer", le retour d'information et
l'action prévus sont alors déclenchés. Le même
scénario, assorti d’un temps limite spécifié par le
formateur peut être exécuté en mode
"évaluation" : l'apprenant essaie
d'atteindre l'objectif final dans le temps prescrit, sans aide ni retour
d'information. Le contrôle prévu par le scénario est alors
mis en œuvre par le système pour produire un rapport final
consignant les faits observés (étapes réussies ou non,
situations à observer atteintes,...). Dans le cadre du projet
FORMID, seul le mode "apprentissage" a
été exploité.
2.3. Le modèle de scénario pédagogique
Nous avons vu qu’un scénario est globalement
défini par la situation initiale, l’objectif à atteindre,
les différentes étapes de résolution et situations
à observer, ainsi que la réactivité. Nous allons
maintenant préciser les différents composants de ce modèle
dont une représentation arborescente est donnée en figure
3. Un exemple simple de scénario est décrit en annexes 1
et 2.
Un scénario est défini par son titre,
l’énoncé général, et les
différentes étapes de résolution (au minimum une
étape). L’étape est considérée comme un
sous-objectif à atteindre et l’apprenant doit valider
successivement toutes les étapes pour réussir l’exercice (en
mode de travail "apprentissage"). Il peut toutefois
demander à abandonner l’étape courante pour passer à
l’étape suivante. Un retour d’information
général est prévu en cas de réussite globale de
l’exercice ainsi qu’en cas d’échec.
Chaque étape est caractérisée par :
un libellé qui indique de façon
brève l’objectif essentiel de l’étape. Il permet de
repérer les étapes autrement que par un simple
numéro ;
un énoncé qui constitue la consigne
spécifique à l’étape ;
un état initial :
l’état initial de l’étape 1 est utilisé par le
moniteur de scénario pour initialiser l’OPI au début de
l’exercice. L’état initial d’une étape i
(i>1) est utilisé lorsqu’un apprenant demande à passer
à l’étape i sans avoir réussi l’étape
i-1. Dans le cas "normal" où l’apprenant
passe à l’étape i après avoir réussi
l’étape i-1, l’OPI reste dans
l’état courant dans lequel l’a placé
l’apprenant. Un état initial est constitué d’un
ensemble de valeurs de variables de la simulation ;
les caractéristiques de la validation de
l’étape : elles comprennent une situation permettant de
valider l’étape ainsi que la réactivité
associée en cas de réussite comme en cas d’échec. La
situation permettant de valider l’étape décrit
l’objectif à atteindre par l’apprenant dans
l’étape, en précisant un ensemble de variables ainsi que les
conditions à remplir par ces variables. Lorsque l’apprenant demande
à valider l’étape, le moniteur de scénario
évalue si l’état courant de
l’OPI satisfait ces conditions et
détermine ainsi si l’étape est réussie ou non.
Celui-ci gère alors la réactivité associée, ici
réduite à un simple retour d’information.
un ensemble éventuellement vide de
situations à observer (aussi appelées
contrôles) : un libellé est spécifié pour
chacune. Une situation à observer peut correspondre à un
état attendu. Elle est alors décrite par un ensemble de
variables ainsi que les conditions à remplir par ces variables. Le
moniteur de scénario consulte ces variables tout au long de
l’étape en cours et détecte ainsi le fait que
l’OPI ait atteint une situation à
observer. Une situation à observer peut également correspondre
à un
événement5.
Cette possibilité est surtout exploitée lorsque l’on veut
observer une opération "fugitive" qui ne se
traduit pas forcément par un changement de valeurs de variables.
La situation à observer est alors décrite par le nom de
l’opération correspondante. Dans tous les cas, un retour
d’information à l’intention de l’apprenant peut
être spécifié.
Figure 3 : Représentation arborescente
d’un scénario.
2.4. Domaine de validité de nos propositions
Nous avons présenté dans les
sections 2.1 à 2.3, les propositions faites par l’équipe
ARCADE dans le cadre de travaux antérieurs sur la conception de
SAA basées sur des
OPIs-simulations : le modèle de
conception préconisé (figure 2), le concept de scénario
pédagogique et son modèle détaillé (figure 3). Ces
propositions ont été validées dans le cadre de
différentes expérimentations, pour la production, dans des
disciplines diverses, de SAA basées sur des
simulations
[CortésGuéraud98],
[Pernin98]. Nous
faisons maintenant l’hypothèse qu’elles sont exploitables de
façon plus générale pour des
SAA basées sur un type quelconque
d’OPI. Le modèle de conception (figure
2) est transposable et offre les mêmes avantages. Le scénario
permet de définir l’activité proposée sur
l’OPI (situation initiale et objectif
à atteindre), le contrôle de la progression de l’apprenant
dans cette activité (étapes de résolution pertinentes,
situations à observer) et l’assistance qui lui sera fournie
(réactivité). Nous pensons que le modèle de scénario
présenté précédemment offre suffisamment de
généralité pour qu’il soit applicable à
d’autres OPIs que des simulations.
Nous testons actuellement cette hypothèse à l'aide de
différentes études de cas, notamment au sein du projet
IMAG6 e-Xperience
[Desmoulins01] et
de l'équipe-projet MeTAH7
[Nicaud02]. Deux cas
se présentent selon que l'on dispose préalablement ou non de
l'OPI support de l'activité. Lorsque
l'OPI existe déjà, il convient de
vérifier si notre modèle de scénario permet d'exprimer le
contrôle souhaité par le formateur. Lorsque l'activité
souhaitée ne peut se contenter d’OPIs
existants et nécessite de créer un nouvel
OPI, il convient de respecter le modèle de
conception. Il s’agit en particulier de bien séparer ce qui ressort
du scénario pédagogique de ce qui est inhérent au logiciel
à contrôler (OPI). Faute de quoi,
l'OPI inclurait du contrôle
pédagogique, la compatibilité avec un autre scénario ne
serait pas assurée, et l'OPI serait peu
réutilisable pour d'autres situations d'apprentissage. L’une de ces
études
[Sosnowski02],
[Guéraud03]
concerne une Situation Active d’Apprentissage proposée par le
LIDSET8 et consistant pour
l’apprenant à construire un protocole expérimental en chimie
[GiraudAl03]. Notre
modèle de conception a permis de dissocier
l'OPI proprement dit (le logiciel de construction
de protocole) du scénario pédagogique fixant les objectifs, le
contrôle de l'activité et l'assistance fournie. Le scénario
résultant a pu être spécifié à l'aide de notre
modèle de scénario.
Notons que nous savons greffer un scénario sur un unique
OPI mais que nos outils (système-auteur et
moniteur de scénario) ne sont actuellement pas prévus pour
construire une SAA qui nécessiterait la
manipulation en parallèle de plusieurs OPI s
distincts. Le développement d’un composant logiciel
supplémentaire serait nécessaire pour assurer cette
fonctionnalité.
Considérer notre approche à base de scénarios valide
pour le contrôle de l’activité et l’assistance
d’un apprenant travaillant sur un OPI
quelconque nous amène à situer nos travaux par rapport aux
recherches de G. Paquette sur les systèmes conseillers
[PaquetteAl94],
[PaquetteTchounikine02].
Un système conseiller est un système d’assistance qui
observe les actions de l’apprenant sur les logiciels qu’il utilise,
en déduit les conseils à lui apporter et les délivre. Un
système conseiller est prévu pour se greffer sur un ensemble de
logiciels utilisés par l’apprenant. La construction de
systèmes conseillers est confiée à des concepteurs
spécifiques et représente une lourde tâche (création
des graphes organisationnels liés aux logiciels à observer,
définition des graphes des tâches de l’apprenant,
identification – validation - contextualisation des conseils,
stratégie de résolution dans le cas de conseils concurrents,
etc.). Visant des situations d’apprentissage plus précises (un
objectif fixé à l’apprenant sur un OPI), nous pouvons
directement offrir aux formateurs la possibilité de définir
à la fois la situation d'apprentissage, le contrôle qui sera fait
par le système et l'assistance associée. L'idée est ainsi
qu'un formateur "prépare" un scénario
comme il prépare un exercice pour la séance du lendemain. Nous
verrons que le scénario est construit très rapidement par le
formateur et directement exploitable par l'apprenant grâce à notre
moniteur de scénario (cf. section 3). Ceci constitue une
différence importante entre nos propositions et les travaux sur les
systèmes conseillers ; l’usage visé n’est pas le
même et les approches sont complémentaires.
Examinons maintenant ce que peut apporter le concept de scénario dans
le cadre de divers contextes d’apprentissage.
2.5. Apports potentiels des scénarios pédagogiques
Les scénarios pédagogiques, et les
Situations Actives d’Apprentissage qu’ils représentent,
peuvent être exploités dans différents contextes :
apprentissage autonome, enseignement présentiel,
enseignement à distance.
Nous regroupons ici pour simplifier, sous le vocable scénario,
à la fois le "scénario" en tant que
description, et le "moniteur de scénario" qui
suit la progression de l’apprenant par rapport à ce
scénario.
Dans les différents contextes d’apprentissage, le
scénario permet :
de mettre en place concrètement la situation
d’apprentissage pour l’apprenant : mise à
disposition de l’OPI dans la situation
initiale prévue, présentation de l’objectif à
atteindre puis des sous-objectifs - étape par
étape ;
d’assister l’apprenant pendant sa progression
vers l’objectif fixé : détection automatique des
situations prévues par le formateur (étapes de résolution,
erreurs classiques,...) et exécution de la réactivité
associée.
Lorsqu’il ne s’agit pas d’un apprentissage autonome, les
situations de tutorat peuvent revêtir différentes formes selon les
caractéristiques de synchronisme et de lieu choisies. Le tableau 1 en
donne un exemple académique dans le cas de Travaux Pratiques
(TP).
Mode |
Salle de TP
(même lieu) |
TP à distance |
Tutoré
Synchrone
(même instant) |
TP
en classe, dans une plage horaire définie.
Le tuteur humain est présent dans la salle. |
Les
étudiants sont répartis géographiquement,
mais travaillent dans une plage horaire définie, pendant
laquelle le tuteur humain est connecté à distance. |
Tutoré
asynchrone |
TP
en libre service.
Le tuteur humain intervient en différé. |
Les
étudiants travaillent de façon répartie dans
l’espace et dans le temps.
Le tuteur humain, distant, se connecte en
différé. |
Tableau 1 : Différentes situations de
tutorat dans l’exemple académique des Travaux Pratiques.
Dans ces différentes situations, le scénario permet
également d’assister le formateur dans sa tâche de suivi en
le déchargeant tout d’abord d'une partie de son travail. En effet,
l'assistance automatisée apportée individuellement aux apprenants
permet au formateur, pour les situations qu’il a prévues,
d’éviter les tâches d’assistance
répétitives et de se consacrer aux questions complexes.
C’est un apport incontestable pour tout enseignant devant assister les
apprenants, en présence ou à distance, en direct ou en
différé.
En outre, les informations issues de l’exécution d’un
scénario par un apprenant (étapes réussies ou non,
situations à observer détectées,...) sont précieuses
pour le suivi puisqu’elles permettent d’apprécier sa
progression. Elles donnent une image synthétique de l’avancement de
l’apprenant vers l’objectif fixé. Elles sont significatives
pour le formateur puisqu’il a lui-même spécifié ce qui
devait être observé. Une des idées mises en œuvre dans
FORMID est de fournir ces informations au formateur, en direct ou en
différé, selon des vues synthétiques ou
détaillées, pour le suivi individuel des apprenants comme pour le
suivi d’une classe.
Dans le cas par exemple de TP à distance (synchrones ou pas),
ces informations permettent au formateur d’apprécier la progression
et de voir les difficultés des apprenants (échec
répétitif à une étape, erreur
détectée,...). Elles peuvent sembler moins indispensables lors
d’un TP en classe où la communication directe avec les
apprenants est possible. Il n’empêche qu’elles permettraient
à l’enseignant d’avoir une vision plus précise de
l’avancement de son groupe et qu’elles lui éviteraient
d’interroger chacun sur l’historique de son travail. Dans le cas de
TP à effectuer en libre service, elles permettraient
également d’avoir, avant le rendu final, une meilleure image de
l’activité des apprenants.
Nous avons vu que le scénario permet d’établir un
diagnostic de l’activité de l’apprenant, à un niveau
comportemental, sans préjuger de l’état des
connaissances que l’apprenant a mises en œuvre. Signalons toutefois
qu’un ensemble de connaissances est implicitement lié à
chaque scénario : les pré-requis de la situation
d’apprentissage, ses objectifs en termes d’acquisition de
connaissances et de savoir-faire, les connaissances à mettre en
œuvre dans les différentes étapes, les lacunes dans ces
connaissances pouvant conduire à des comportements erronés... Cet
ensemble de connaissances peut permettre au formateur d’établir
également un diagnostic de l’activité de l’apprenant
à un niveau épistémique, c’est-à-dire
relatif aux connaissances de l’apprenant. Nous pouvons avoir un
aperçu de la volonté de l’auteur du scénario
d’atteindre ou non ce niveau épistémique, en observant la
réactivité spécifiée dans le scénario. En
effet, les messages destinés aux apprenants peuvent, par exemple,
être de simples constats ou recommandations effectués au niveau
comportemental ("la température atteinte par
le système est trop élevée, il convient de...")
ou bien faire état de la connaissance qui fait sans doute défaut
à l’apprenant et qui explique le comportement erroné
("La loi de... stipule que...").
L’ensemble des connaissances liées à un scénario
n’est actuellement pas intégré explicitement à
celui-ci. Certains travaux de l’équipe visent à faire
exprimer ces informations par l’auteur. Elles peuvent alors servir de base
à l’établissement automatique d’un diagnostic au
niveau épistémique
[Doufar02]. Par
ailleurs, l’accès à ces informations favoriserait la
réutilisation de scénarios en permettant à des formateurs
(autres que l’auteur initial) d’évaluer plus facilement
l’apport des situations d’apprentissage correspondantes et la
pertinence de celles-ci dans leurs propres contextes d’enseignement.
En résumé, le scénario pédagogique permet
donc :
de mettre en place concrètement la Situation Active
d'Apprentissage pour l'apprenant ;
d'assister l'apprenant pendant sa tâche de
résolution de problème ;
d'assister le formateur dans sa tâche de suivi de
deux manières : d'une part, en le déchargeant d'une partie de
son travail par l'assistance automatisée apportée aux apprenants
pour les situations qu'il a prévues ; d'autre part en lui
fournissant, par le biais d’une plate-forme telle que FORMID, les
informations qu'il juge pertinentes pour apprécier la progression tant
individuelle que collective des apprenants.
Nous allons dans les sections suivantes détailler deux axes utilisant
le concept de scénario : la création par les formateurs de
Situations Actives d'Apprentissage (section 3) et l'exploitation de ces
situations dans le contexte de la FOAD - Formation
Ouverte et A Distance - (section 4).
3. Créer des situations actives d'apprentissage
Comme nous l'avons vu précédemment,
la spécification d'une Situation Active d'Apprentissage repose
sur la définition de deux entités : l'OPI
d'une part, le scénario pédagogique d'autre part. La façon
de concevoir et de réaliser des OPI
ne sera pas explicitée dans cet article bien qu’elle fasse
l’objet de travaux au sein de l’équipe ARCADE ;
le cas de la création de simulations est présenté
dans [GuéraudAl99].
Nous nous intéressons ici à la création de scénarios
pédagogiques.
Lors de son exécution, le scénario permet d’observer les
résultats du comportement de l’apprenant sur
l’OPI. Nous expliquons dans un premier
temps comment nous assurons la mise en place de la Situation Active
d’Apprentissage et le contrôle des manipulations de
l’apprenant sur l’OPI en fonction des
objectifs et de la progression fixée dans le scénario. Nous
précisons ensuite les outils mis à disposition des formateurs pour
créer les scénarios.
3.1. Contrôle d’un OPI par un scénario
Lorsqu’un scénario est
exécuté, il s’agit tout d’abord de mettre en place la
Situation Active d’Apprentissage : démarrer
l’OPI considéré, le mettre dans
la situation initiale prévue et donner à l’apprenant les
consignes correspondantes. Il s’agit ensuite de surveiller
l’évolution de l’OPI
manipulé par l’apprenant par rapport aux différentes
situations attendues par le scénario et de réagir en
conséquence selon la réactivité spécifiée. Le
moniteur de scénario, est responsable de ces différentes
tâches. Certaines d’entre elles nécessitent
d’interopérer avec l’OPI et
imposent de ce fait un certain nombre de contraintes techniques sur
l’OPI.
3.1.1. Contraintes techniques permettant le contrôle d’un OPI
par un scénario
Techniquement, pour pouvoir être
contrôlé par un scénario pédagogique, un
OPI doit fournir un ensemble de services. Ces
services permettent de contrôler l'OPI lors
de l'exécution du scénario : démarrer et arrêter
l'OPI, le mettre dans une certaine situation,
recevoir de l’OPI les informations permettant
de tester les situations de l'OPI par rapport aux
différentes situations définies dans le scénario.
Gloria Cortés propose dans sa thèse
[Cortés99]
un ensemble minimum de services requis de
l’OPI. Cet ensemble peut être
structuré en quatre rubriques concernant :
la référence :
l’OPI peut fournir la liste de ses variables,
événements, états et objets inspectables ;
l’inspectabilité :
l'OPI peut délivrer à la demande, des
informations sur son état courant et les valeurs de ses
propriétés ;
l’observabilité :
l'OPI peut signaler l'occurrence
d'événements ;
la scriptabilité :
l’OPI permet de modifier son
état.
Gloria Cortés propose également une architecture de type
client-serveur, nommée ARGOS, avec
l'OPI comme serveur et l'application de
contrôle pédagogique comme client. Les services fournis par
l'OPI et l'architecture de communication
proposée permettent d'assurer le contrôle de
l'OPI lors de l'exécution du
scénario ; ils sont également exploitables par le
système-auteur lors de la création même du
scénario.
Notons que les contraintes imposées aux objets pédagogiques par
les comités de normalisation (IEEE-LTSC
[IEEE04],
AFNOR
[AFNOR01],
ADL
[ADL03])
n’incluent actuellement pas un tel ensemble de services
[Pernin03]. Nos
travaux abordent en effet des aspects non couverts de façon
classique : la manipulation d’OPIs -
objets pédagogiques particulièrement réactifs aux
comportements des apprenants - et un suivi fin de l’apprenant
lorsqu’il manipule de tels OPIs.
Précisons que SCORM intègre
toutefois une forme de suivi en recommandant qu’un
"objet de contenu partageable" (constitué
d’un contenu pédagogique et d’un composant de contrôle)
soit capable de délivrer un état résultant de la
manipulation de l’apprenant ; cet état peut prendre six
valeurs distinctes (passed, completed, failed, incomplete, browsed, not
attempted). Nous constatons que la préoccupation est ici centrée
sur le fait de pouvoir agir, en fonction du résultat, sur
l’enchaînement des activités à proposer et que les
propositions faites par SCORM ne peuvent
permettre un suivi fin de l’activité elle-même.
En attendant une évolution des standards vers la prise en compte de
ces aspects, il convient soit de développer de nouveaux
OPIs fournissant les services requis, soit
d’ajouter ces services à des OPIs
existants par le biais d’adapteurs logiciels. Précisons maintenant
le rôle du moniteur de scénario.
3.1.2. Le moniteur de scénario
Le moniteur de scénario permet tout d'abord
à l'apprenant de piloter des scénarios (choix d'un
scénario, démarrage et arrêt d'un scénario, demande
de validation d’étape,...) et de recevoir les consignes
émanant du scénario.
De plus, grâce aux services fournis par
l’OPI évoqués
précédemment, le moniteur utilise l'interface logicielle de
l'OPI pour piloter celui-ci (le démarrer,
l'arrêter, le mettre dans une certaine situation,...) et pour
connaître les valeurs des variables et états de
l'OPI, ainsi que l'occurrence
d'événements. Il est ainsi capable de :
contrôler la validation des étapes :
chaque étape à atteindre correspond à des conditions sur
l'état de la simulation. Lorsque l’apprenant demande la validation
de l’étape en cours, le moniteur demande à
l’OPI de lui fournir son état et
vérifie que cet état correspond à une situation attendue,
c’est-à-dire que les propriétés attendues sont toutes
vérifiées ;
détecter que des situations à observer sont
atteintes. Deux mécanismes sont possibles. Un mécanisme de
consultation périodique de l’état de
l’OPI permet de repérer les situations
attendues définies dans le scénario comme un ensemble de valeurs
atteintes par un ensemble de variables de
l’OPI. Par ailleurs, le moniteur peut
être averti par l’OPI de la survenue
d’un événement qui caractérise une situation à
observer.
En outre, le moniteur de scénario gère la
réactivité et assure l’enchaînement des étapes,
en fonction des résultats des validations d’étapes et des
situations particulières détectées.
Ayant précisé les conditions requises pour
l’élaboration de scénarios ainsi que l’outil
permettant leur mise en œuvre, nous présentons maintenant
l’outil-auteur permettant la création de scénarios.
3.2. La création de scénario
Nous avons vu que le scénario peut
être exprimé sous la forme d’une description textuelle
obéissant à une grammaire spécifique. Il peut être
construit à l’aide d’un simple éditeur de texte ou
grâce à un outil spécialisé. L’outil-auteur de
scénario que nous proposons s’appuie sur le fait qu’au moment
où le formateur souhaite créer un scénario, il dispose
déjà de l’OPI nécessaire
offrant les services précédemment énoncés. Le
principe de l'outil est alors le suivant :
le formateur manipule
l’OPI pour atteindre les situations
pertinentes pour le scénario (situation initiale, situation visée
pour chaque étape intermédiaire et finale, situations à
observer,...) ;
il "photographie" chacune de ces
situations, ce qui correspond à l’enregistrement des valeurs les
caractérisant ;
il peut ensuite, par édition, élargir chaque
situation (hormis la situation initiale) pour décrire l'ensemble des
situations acceptables ou à observer.
Outre la définition des différentes situations, le formateur
décrit la réactivité associée : les
différentes consignes, les retours d'information et actions
associés à la réussite et à l'échec pour
chaque étape, les retours d'information et actions à
réaliser lors de la détection de "situations
à observer".
La création de scénarios selon ce principe a été
expérimentée avec l’outil OASIS dédié
à la création de SAA basées
sur des simulations. Très simple d’usage, l’outil permet en
outre de garantir la faisabilité des scénarios
créés. En contrepartie, l’approche retenue comporte
certaines limites, par exemple pour définir des scénarios
basés sur des situations initiales aléatoires. Nous avons
préalablement tenté d'utiliser des formalismes d'expression
beaucoup plus puissants pour la création de scénarios. Nous avons
par exemple proposé un formalisme
[Bordon95]
inspiré des techniques de représentation utilisées en
IHM pour la modélisation des tâches.
Ce formalisme, ramenant finalement l'auteur à une tâche proche de
la programmation s'est malheureusement avéré beaucoup trop
complexe à utiliser pour le public visé de formateurs (a priori
non spécialistes en programmation).
Nous avons dans cette partie examiné comment un formateur peut
créer des situations d'apprentissage à l'aide
d'OPIs et de scénarios pédagogiques.
Intéressons-nous maintenant plus spécifiquement à
l'exploitation de telles situations d'apprentissage dans le cadre de la
FOAD.
4. Exploiter des situations actives d’apprentissage
Nous nous
intéressons ici à une exploitation
à distance des Situations Actives
d’Apprentissage, même si nous avons évoqué le fait que
les scénarios et la plate-forme FORMID pouvaient aussi être
utiles dans le cas d’exploitation en enseignement présentiel.
L’exploitation à distance exige certaines tâches
préalables de type administratif (inscription des apprenants ainsi que
des enseignants en charge du suivi, etc.). Nous avons naturellement
géré ces aspects dans la plate-forme FORMID, tout en nous
axant principalement sur les tâches d’ordre pédagogiques.
En particulier, FORMID permet au formateur d’organiser le
travail des apprenants en différentes séances. Chaque
séance est constituée d’un ensemble de SAA (aussi
appelées exercices) proposées aux apprenants dans un ordre
prédéfini, sans que celui-ci leur soit imposé. Le groupe
peut travailler de manière synchrone avec un mécanisme de
rendez-vous, mais le travail en mode asynchrone est également
possible.
La phase d’exploitation proprement dite concerne à la fois les
apprenants et les formateurs. Pour les raisons énoncées
précédemment, nous avons exploré ces deux points de vue, en
donnant priorité à celui du formateur en situation de suivi. Nous
pensons que le suivi des apprenants en situation d’apprentissage actif est
spécifique et qu’il ne peut se suffire des fonctionnalités
habituellement offertes dans les plates-formes de
FOAD. C. Després propose un modèle de
suivi dédié à ce type d’apprentissage
[Després01].
Après avoir présenté ce modèle nommé
SAAD (Suivi d’Activités d’Apprentissage à
Distance), nous situons les apports essentiels du projet FORMID
relativement aux composants fonctionnels de SAAD. Nous détaillons
ensuite les propositions originales du projet FORMID.
4.1. Les fonctions pour le suivi d’apprentissage à
distance
C. Després a étudié
d’un point de vue fonctionnel la tâche du tuteur chargé du
suivi d’apprenants en situation d’apprentissage actif à
distance. Le contexte de l’apprentissage était ici la robotique
pédagogique, le suivi considéré était un suivi
synchrone. Le modèle SAAD, conçu de façon
itérative et participative, décrit l’ensemble des
fonctionnalités à intégrer dans un environnement
informatique supportant l’activité du tuteur. Sur la base de ce
modèle, l’environnement ESSAIM (Environnement de Suivi
pédagogique Synchrone d’Activités d’apprentIssage
Médiatisées) a été construit et
expérimenté. Examinons tout d’abord le modèle
SAAD.
4.1.1. Le modèle SAAD
Le modèle SAAD,
présenté en figure 4 s’articule autour de trois grandes
composantes : la perception de l’activité de
l’apprenant, le soutien à l’apprenant et la gestion de
l’activité de suivi.
La perception de l’activité de l’apprenant est
indispensable au tuteur pour qu'il soit en mesure de décider quand
intervenir, et également pour qu'il comprenne le contexte du travail de
l'apprenant lorsque celui-ci le sollicite. L’un des éléments
essentiels de cette perception est la possibilité de visualiser
"le parcours de l’apprenant",
c’est-à-dire son état d’avancement par rapport
à l’objectif final et aux objectifs intermédiaires de
l’activité d’apprentissage. Afin d’affiner la
compréhension de ce que fait l’apprenant, le tuteur peut
également être amené à consulter ponctuellement
"le détail de ses actions". Dans
le cas où l’activité demandée conduit
l’apprenant à réaliser "des
productions", celles-ci doivent être consultables par le tuteur. De
plus, le système informatique peut effectuer une certaine analyse
qualitative de l’activité de l’apprenant et en déduire
"les avertissements" à
présenter au tuteur. La perception de l’activité de
l’apprenant est ainsi supportée par quatre grandes
fonctionnalités permettant de consulter le parcours de l’apprenant,
le détail de ses actions, ses productions ainsi que les avertissements
issus d’une analyse de son activité.
Le soutien à l’apprenant est assuré par le tuteur,
soit de sa propre initiative, soit sur demande de l’apprenant. Il
nécessite des moyens de "communication"
adaptés et peut être facilité par le
"partage de l’espace de travail de
l’apprenant". Une "assistance
informatique" peut également apporter automatiquement un
soutien à l’apprenant en fonction de son activité. Le
soutien à l’apprenant est en conséquence supporté par
trois fonctionnalités : la communication, le partage de
l’espace de travail de l’apprenant et l’assistance
informatique procurée à l’apprenant.
Enfin, un certain nombre de fonctionnalités relèvent de la
gestion de l’activité de
suivi. Il s’agit notamment de l’identification des
apprenants, de la consultation de l’historique des interventions et de
l’annotation par le tuteur de ses interventions, ainsi que de la gestion
des demandes de soutien.
Figure 4 : Le modèle SAAD de C.
Després.
Les fonctionnalités présentées ci-dessus sont
proposées de façon générale pour le suivi synchrone
de Situations Actives d’Apprentissage mettant en jeu un objet réel
ou virtuel. Comme le fait remarquer C. Després, la façon de mettre
en œuvre certaines de ces fonctionnalités peut dépendre des
structures choisies pour les parcours et les activités. C’est le
cas par exemple de la représentation du parcours de l’apprenant et
du détail de ses actions, ainsi que des méthodes d’analyse
employées pour émettre des avertissements.
De façon similaire, nous pensons que les fonctionnalités
proposées répondent globalement aux besoins du suivi et que ce
modèle conçu pour un suivi synchrone est également
exploitable, au moins dans ses grandes lignes, quand il s’agit d’un
suivi asynchrone sur le même type d’activités. Les mises en
œuvre de certaines fonctionnalités pourraient cependant
différencier par leurs formes.
Situons maintenant les apports du projet FORMID par rapport à
ce modèle.
4.1.2. FORMID et le modèle SAAD
Au sein du projet FORMID, notre
volonté est de faciliter la tâche de suivi en exploitant au mieux
les scénarios pédagogiques. Chaque scénario fournit des
indications sur la progression de l’apprenant au sein d’une
activité et permet d’assister celui-ci en fonction de sa
progression. Nous avons donc concentré prioritairement nos travaux (1)
sur les fonctionnalités de perception de
l’activité et (2) sur la fonctionnalité de
soutien à l’apprenant, en
particulier par assistance automatique.
Concernant la perception de l’activité, nous pouvons constater
que le modèle SAAD se centre sur la perception de
l’activité de chaque individu, sans se soucier de la perception
plus globale de l’activité du groupe. Cela s’explique
à première vue parce qu’il s’agit
d’activités à caractère individuel et non
d’activités collectives au sens de
[George01] ; la
perception de l’activité de la classe est censée
résulter simplement de la perception successive des activités des
différents apprenants de la classe. Nous pensons qu’une telle
approche contribue à la surcharge cognitive du tuteur et qu’il est
nécessaire de lui offrir une perception
synthétique de l’activité de la classe (ou
d’un sous-groupe), en complément de la perception de
l’activité d’un apprenant. Ceci constitue un apport
original du projet FORMID et nous pensons que cette fonctionnalité
devrait être ajoutée au modèle SAAD (en poursuivant
la dynamique de conception itérative initiée par C. Després
lui-même) et mise en œuvre dans les plates-formes de
FOAD.
Une autre originalité du projet FORMID est d’offrir
systématiquement une assistance automatique à l’apprenant.
Cette assistance automatique, spécifiée dans le scénario,
est directement active dès l’instant où l’apprenant
débute la situation d’apprentissage correspondante. Si de tels
assistants sont prévus dans le modèle
SAAD, C. Després souligne le fait que leur
conception et leur réalisation sont complexes (il préconise
d’ailleurs de réaliser plusieurs assistants, chacun
dédié à une tâche particulière, plutôt
qu’un seul assistant pour l’ensemble des tâches). De plus,
avec FORMID, le tuteur peut définir/modifier lui-même
l’assistance à apporter aux apprenants. Nous apportons ainsi une
contribution particulière à la fonctionnalité de
soutien automatique à
l’apprenant, selon une approche complémentaire
à celle proposée par C. Després.
La fonctionnalité de gestion de
suivi a été abordée, sans être
étudiée dans toutes ses dimensions.
Nous explicitons successivement ces différentes fonctionnalités
pour FORMID.
4.2. Perception de l’activité de l’apprenant
Pour percevoir l’activité d’un
apprenant, C. Després propose au tuteur de consulter le parcours de
l'apprenant et le détail de ses actions ainsi que ses productions et les
avertissements émis par le système. Examinons les propositions de
FORMID.
Pour nous, le "parcours de
l’apprenant" est tout d’abord sa progression au sein
de la séquence d’exercices (SAA)
proposée pour la séance.
En ce qui concerne "le détail des
actions", le niveau de détail à atteindre pour
suivre la progression d’un apprenant au sein d’un exercice peut
être discuté. Il ne peut s’agir d’une trace brute
montrant la succession des actions élémentaires
opérées sur l’interface (telle région de
l’écran a été cliquée). Celle-ci serait en
effet inexploitable par le tuteur en situation de suivi car les
événements produits par les apprenants au niveau de
l’interface sont trop éloignés de la sémantique de la
tâche pour véritablement informer le tuteur de la nature des
difficultés. Nous considérons, comme J-M. Labat, que
"le système doit fournir des indicateurs
d’un plus haut niveau d’abstraction qui l’aident à
apprécier... surtout qualitativement le travail"
[Labat02]. Mais au
delà de la trace brute, il existe une multitude de niveaux
possibles : opérations sur l’OPI
(l'interrupteur X a été fermé), états de
l’OPI
(l’OPI a été mis dans
l'état Sx), etc. Il nous faut choisir le niveau optimal permettant au
tuteur d'avoir la perception la plus efficace de l'activité de
l'apprenant.
Nous proposons ici la notion de "perception
sémantique de l'activité" basée sur les indicateurs
fournis par le scénario pédagogique au fur et à mesure de
la séance. Nous offrons au tuteur la possibilité d’observer
pour chaque exercice :
quelles sont les étapes pour lesquelles
l’apprenant a demandé (au moins) une validation ;
pour chaque étape ayant fait l’objet
d’au moins une demande de validation, le nombre de validations
successivement demandées ainsi que le résultat de ces
validations : réussite ou échec ;
pour chaque étape travaillée, quelles sont
les "situations particulières à
observer" atteintes par l’apprenant et le nombre de fois où
chacune d’elles a été atteinte. Ceci permet par exemple au
tuteur de repérer les erreurs typiques commises par l’apprenant
dans l’étape, de voir les erreurs qu’il commet de
façon répétitive, d’apprécier la façon
dont il aborde l’étape, la chronologie des détails
observés, etc.
Le tuteur a l’avantage de pouvoir fixer le niveau de détail dont
il souhaite être averti (granularité des étapes de
résolution, situations à observer) lorsqu’il crée le
scénario, ou lorsqu’il le modifie suite à
l’expérience acquise au cours d’une séance par
exemple.
Certains des éléments mentionnés
précédemment peuvent être considérés comme des
"avertissements" délivrés
par le système. C’est le cas par exemple du résultat de la
validation d’une étape qui fournit en soi une appréciation
qualitative du travail. Cela peut également être le cas pour les
"situations à observer" qui peuvent être
considérées comme positives (par exemple, une procédure
facultative mais recommandée a été effectuée) ou
négatives (par exemple, une erreur a été commise).
D’autres peuvent être considérées comme neutres,
c’est-à-dire comme éléments d’information
contribuant à la compréhension du travail de l’apprenant
sans qu’ils soient jugés.
Concernant la "consultation des
productions", nous nous sommes davantage
intéressés dans FORMID à fournir des informations
sur la façon d’obtenir un résultat que sur le
résultat lui-même. La "consultation des
productions" de l’apprenant n’est donc pas encore
intégrée, mais elle nous semble tout à fait
complémentaire de notre approche.
Au sein de notre équipe, d’autres travaux abordent la perception
de l’activité de l’apprenant d’une façon
beaucoup plus subjective. En supposant que la vidéo de l’apprenant
en cours de travail soit disponible pour le tuteur, il s’agit de
détecter les indices (postures, gestes, expressions faciales)
révélant un certain état d’esprit de
l’apprenant
[DuboisAl02],
[Dubois02],
[AdamAl02]. Ajoutons
qu’une détection automatique d’indices significatifs par des
techniques de reconnaissance visuelle
[Maisonnasse02]
permettrait de donner au tuteur des
"avertissements" au niveau d’un
apprenant, comme au niveau d’une classe.
Ayant caractérisé la perception de l’activité de
l’apprenant que nous offrons au tuteur, voyons maintenant comment nous lui
fournissons une perception plus globale de l’activité de la
classe.
4.3. Perception de l’activité de la classe
Nous avons vu l’importance pour le tuteur de
disposer d’une perception synthétique de l’activité de
la classe elle-même. Il s’agit tout d’abord de pouvoir
comparer l’avancement respectif des apprenants dans la séquence
d’exercices de la séance, ainsi que la progression respective au
sein des étapes de résolution de chaque exercice. Une telle vue
permet au tuteur de situer l’avancement "moyen"
du groupe ainsi que de repérer les apprenants qui progressent
particulièrement lentement ou au contraire très rapidement.
Le tuteur peut également détecter les étapes qui posent
particulièrement problème à un certain nombre
d’apprenants puisqu’elles feront sans doute l’objet de
nombreuses tentatives infructueuses de validation et de détection
d’erreurs.
Ces informations synthétiques permettent au tuteur d’obtenir un
diagnostic de l’activité de la classe, de repérer rapidement
où se situent principalement les difficultés rencontrées
par la classe (ou par un sous-groupe d’apprenants). Il pourra ainsi
réagir de façon plus efficace en intervenant pour la classe
entière (ou pour le sous-groupe concerné) lorsqu’il constate
qu’une même difficulté bloque les apprenants.
Les informations données au niveau de l’apprenant (progression
dans les exercices, validations d’étapes, situations
particulières observées dans une étape) sont donc
également disponibles de façon synthétique au niveau de la
classe. Un niveau intermédiaire, celui d’un sous-groupe
d’apprenants sélectionnés, est également disponible.
Nous verrons en section 5 les interfaces concrètes de consultation de ces
informations.
4.4. Soutien à l’apprenant
Une grande partie du soutien à
l’apprenant, nommée "assistance
informatique" dans le modèle SAAD est dévolue dans
FORMID au scénario qui assiste l’apprenant durant la
résolution d’un exercice. Comme nous l’avons
déjà précisé, l’assistance à apporter
à l’apprenant est spécifiée dans le scénario
et elle est active pour l’apprenant dès qu’il démarre
l’exercice correspondant. De ce fait, l’auteur du scénario
(qui peut être le tuteur) définit lui-même le niveau
d’assistance automatique. Le tuteur pourra, au fur et à mesure de
son expérience en encadrement de ce type d’exercices,
améliorer le scénario et aboutir à un scénario
optimal qui prendra au mieux en charge toutes les erreurs que les apprenants
produisent de façon répétitive. Il sera alors
libéré de certaines tâches de suivi
"routinières" et pourra consacrer un maximum
de son temps à un soutien nécessitant tout son savoir-faire.
Dans FORMID, le soutien à l’apprenant est aussi possible
grâce à une fonctionnalité de
"communication" entre apprenant et tuteur,
à l’initiative de l’un ou de l’autre. C. Després
préconise deux modes de communication pour le soutien synchrone : la
communication audiovisuelle et la communication textuelle. La première,
établie entre un tuteur et un apprenant, favorise un espace
d’intimité et de confiance et permet de réduire
l’ambiguïté en négociant une compréhension
commune d’un objet ou d’une situation. La seconde, moins intrusive,
mais aussi moins exclusive, permet de présenter une information de
façon précise et objective. Dans FORMID, nous avons
prioritairement mis en œuvre une communication textuelle. Nous avons
parallèlement mené un certain nombre de travaux concernant
d’autres types de communication. Une étude cognitive sur les moyens
de communication privilégiés par les tuteurs en situation de suivi
fait l’objet d’un travail de thèse
[TajariolAl03].
De façon générale, la communication sera d’autant
plus efficace que le tuteur perçoit mieux l’activité de
l’apprenant.
Nous n’avons pas encore intégré de fonctionnalité
de "partage de l’espace de travail de
l’apprenant" bien que nous pensions que cette fonction
soit utile pour faciliter un soutien très précis. Dans le cas
général, les informations données par le scénario
sont plus riches qu’un simple écran faisant apparaître
l’état courant de l’OPI
puisqu’elles retracent un certain historique de l’activité de
l’apprenant sur l’OPI. C.
Després signale par ailleurs que la prise en main par le tuteur de
l’écran de l’apprenant n’est pas souhaitable, car il
est pédagogiquement plus stratégique pour le tuteur de
"faire-faire" plutôt que de faire
lui-même ; la possibilité de pointer sur l’interface
distante se révèlerait donc utile.
Examinons à présent la fonctionnalité de gestion de
l’activité de suivi.
4.5. Gestion de l’activité de suivi
La fonctionnalité de gestion de
l’activité de suivi n’a pas été
étudiée de façon approfondie dans FORMID.
L’identification des apprenants est réalisée
grâce à leur nom et à leur photo. Les interventions ayant
pour l’instant exclusivement lieu sous forme de communication textuelle,
l’historique des interventions est disponible à ce niveau.
Il conviendrait de traiter à part cet historique si la forme des
interventions se diversifiait, comme cela est préconisé dans le
modèle SAAD. L’annotation des interventions est
également une fonctionnalité qu’il serait intéressant
d’intégrer.
Les apprenants peuvent demander de l’aide. Chaque demande d’aide
(ou "appel") est liée, d’une
part, à l’apprenant qui l’émet, d’autre part, au
contexte dans lequel elle est émise (exercice et étape
concernés). A tout moment le tuteur peut répondre à une
demande d’aide (en entrant en communication textuelle avec
l’apprenant), celle-ci restant alors dans l’historique des appels
mais étant considérée comme satisfaite. La mise en attente
d’un appel, prévue dans le modèle SAAD, est ici la
réponse par défaut du système. Le rejet d’un appel
également prévu par le modèle SAAD n’est pour
le moment pas possible dans FORMID. Par contre, un apprenant a la
possibilité d’annuler une demande d’aide
précédemment émise. Enfin, le déclenchement par le
tuteur d’une assistance informatique en réponse à un appel
n’a pas ici de sens puisque l’assistance informatique est toujours
active pour l’apprenant. La gestion des appels des apprenants est à
la charge du tuteur, sans notion de priorité, ce qui peut rendre sa
tâche difficile en cas de forte demande.
4.6. Synthèse
Nous retrouvons dans FORMID une partie des
caractéristiques du modèle SAAD. Les indications
sémantiques fournies par les scénarios pédagogiques
permettent des propositions originales pour la perception de
l’activité des apprenants et pour le soutien par assistance
informatique. Nous avons ajouté au modèle SAAD une
fonctionnalité de perception de l’activité de la classe. Nos
propositions concernent un suivi pédagogique d’activités
organisées en séances, que celles-ci aient lieu en mode synchrone
ou asynchrone. La figure 5 constitue un résumé de nos propositions
par rapport au modèle SAAD.
Figure 5 : synthèse des propositions de
FORMID par rapport au modèle SAAD.
Dans la section suivante, nous présentons plus concrètement la
plate-forme FORMID, à travers son architecture logicielle et ses
interfaces homme-machine.
5. La plate-forme FORMID
La plate-forme FORMID est conçue pour accueillir diverses Situations
Actives d’Apprentissage, assurer leur mise en œuvre pour les
apprenants et faciliter le suivi de l’activité de la classe
par le tuteur. Les situations d’apprentissage actuellement disponibles
concernent l’informatique, la physique et la chimie. Conformément
à ce qui a été énoncé en section 2,
chaque Situation Active d’Apprentissage est constituée d’un
OPI et d’un scénario. Les OPIs
sont soit des simulations (simulation d’un processeur [DavidAl02],
simulation d’un spectrophotomètre [Sosnowski02],...)
soit des micro-mondes (construction de circuits électriques [AdamAl86],
[CoquelleAl88]).
Afin de servir de base à l’illustration de FORMID, nous
présentons tout d’abord comme cas d’étude une
Situation Active d’Apprentissage basée sur la simulation d’un
processeur. Les deux sections suivantes sont respectivement consacrées
à l’architecture logicielle et aux Interfaces Homme-Machine
(IHM) de FORMID.
5.1. Cas d’étude
Le cas d’étude s’inscrit dans
le domaine de l’apprentissage de la structure générale
d’un processeur et de la programmation logicielle. Il porte sur
la représentation des nombres entiers en machine. Les apprenants doivent
réaliser, en langage d’assemblage, des programmes d’addition
de deux nombres, l’addition pouvant donner lieu à des
débordements. Il s’agit, par ce type d’exercices, de
familiariser les étudiants avec :
la manipulation de nombres entiers
représentés sur 8 bits avec la convention habituelle de
représentation des nombres négatifs (complément à 2)
et leur écriture sous la forme de constantes
hexadécimales ;
les notions de débordement et de report
abordées en cours, en particulier l’impact des
opérations sur les bits du registre
d’état.
La Situation Active d’Apprentissage proposée est basée
sur l’utilisation d’un simulateur de processeur M6800. Le simulateur
permet aux étudiants :
de saisir un programme en langage
d’assemblage ;
d’effectuer l’assemblage du programme,
c’est-à-dire sa traduction en langage machine. Le code objet est
alors chargé en mémoire dans la zone réservée au
programme à exécuter ;
d’exécuter pas à pas le programme objet
en observant les changements de valeur qui s’opèrent sur les
registres et la mémoire pendant l’exécution du programme.
Une étude des situations d’apprentissage basées sur ce
simulateur est présentée dans
[Ouazib03]. Le
scénario pédagogique retenu pour ce cas d’étude
invite les apprenants à écrire un programme qui additionne les
entiers placés dans les mots d’adresse 2 et 3 et range le
résultat dans le mot d’adresse 1. En cas de débordement, il
convient d’enregistrer la valeur 1 dans le mot d’adresse 0. Le
scénario prescrit séquentiellement trois étapes : (1)
la programmation de l’enregistrement des données en
mémoire ; (2) la programmation de l’addition en exploitant un
registre de l’unité arithmétique et logique ; (3)
l’adjonction des instructions nécessaires à la
détection d’un débordement éventuel. Les situations
à observer sont, pour chaque étape, les opérations
d’assemblage (correctes ou incorrectes) et les exécutions de
programme (correctes ou incorrectes).
Le scénario est décrit intégralement en annexe 1. Sont
précisés pour chaque étape : son énoncé,
l’initialisation de la simulation en début d’étape,
les caractéristiques de la validation d’étape et les
situations particulières à observer durant l’étape.
Par exemple, pour l’étape 1, l’énoncé invite
les apprenants à écrire un programme qui mémorise
respectivement dans les mots d’adresse 2 et 3 les valeurs 0x2B et 0x56,
puis à assembler et exécuter le programme. La validation de
l’étape se fera au regard du contenu des mots d’adresse 2 et
3. Ils devront respectivement valoir 0x2B et 0x56. Un message
d’information est spécifié pour le succès ou
l’échec dans la réalisation de l’étape.
Figure 6 : le simulateur de processeur.
La simulation est illustrée en figure 6. Dans cette fenêtre,
chaque registre est visualisé dans une zone d’affichage
particulière. Pour des raisons pédagogiques, la mémoire est
divisée en deux parties : la zone des données où sont
mémorisées les informations manipulées par le programme
écrit par l’apprenant et la zone programme qui contient le code
machine correspondant au programme source donné par
l’élève dans la zone de travail du bas (blanche). La zone
basse de l’espace est réservée à l’affichage de
messages provenant de l’assembleur ou de l’interprète du
langage machine. Sur cette figure, l’exécution de
l’étape 1 est terminée : les mots mémoire 2 et 3
contiennent bien les valeurs attendues. On voit également que la zone de
travail contient un programme de quatre instructions, la zone programme de la
mémoire contient sa traduction en code machine (8 mots).
Les sections suivantes présentent, sur ce cas d’étude,
l’architecture logicielle et les IHM de
FORMID.
5.2. Architecture logicielle
La plate-forme FORMID est basée sur
une architecture client-serveur classique. Après avoir donné une
vue générale de l’organisation logicielle, nous
présentons chacun des composants de la plate-forme.
5.2.1. Architecture générale de la plate-forme
La figure 7 présente l’organisation
générale de la plate-forme. Les choix technologiques
réalisés évitent aux utilisateurs d’avoir à
installer un logiciel spécifique sur leur poste ; un navigateur
récent est suffisant. Chaque utilisateur accède à la
plate-forme via une URL, un serveur http fournit les pages html ainsi que les
applets java assurant des fonctions spécifiques.
La page de l’étudiant comporte trois applets :
l’OPI sur lequel il va
travailler : dans notre cas d’étude il s’agit du
simulateur de processeur ;
le moniteur de scénario : il interprète
le scénario pédagogique associé à la situation
d’apprentissage et contrôle l’activité de
l’apprenant sur l’OPI ;
la communication : elle offre toutes les fonctions de
communication entre le poste étudiant et le serveur FORMID,
notamment l’authentification.
La page du formateur comporte une applet de suivi qui lui permet :
de s’authentifier auprès du
serveur ;
de sélectionner la séance et le groupe dont
il veut assurer le suivi ;
de suivre la progression des apprenants durant cette
séance ;
de communiquer avec les apprenants de son
choix.
En complément du serveur web, la communication entre les utilisateurs
est assurée par le serveur FORMID qui est une application java.
Les applets de communication des postes clients communiquent avec ce serveur par
des sockets spécifiques.
Figure 7 : Architecture générale de la
plate-forme FORMID.
Le serveur FORMID assure la gestion de la base de données, il
gère aussi bien les connexions des différents clients que la
circulation des données entre eux. L’application du formateur, qui
est une applet Java, permet de sélectionner une séance et un
groupe de travail. Les différents scénarios et
OPIs associés aux exercices de cette
séance sont envoyés vers les postes apprenants en début de
séance. Les scénarios sont représentés sous forme de
documents XML.
5.2.2. Le serveur FORMID
Le serveur sert d’intermédiaire pour
les communications entre les étudiants et les professeurs. Il gère
la base de données. Il assure l’identification des clients et leur
connexion à la plate-forme. Les requêtes d’accès
à la base de données sont exécutées par le serveur,
en fonction des opérations demandées par les postes clients. Les
résultats sont transmis au(x) poste(s) concerné(s).
Pour résumer, le serveur FORMID assure :
la connexion et l’authentification des
utilisateurs,
le transfert des messages entre le professeur et les
étudiants,
la gestion de la base de données de la
plate-forme.
Une interface graphique permet de visualiser, sur la machine qui
héberge le serveur, les noms des personnes connectées.
5.2.3. La base de données
La base de données de la plate-forme
contient les caractéristiques de toutes les entités
manipulées. Nous avons fait le choix d’une base de données
relationnelle MYSQL, pour nous permettre de
consulter et éventuellement de modifier facilement son contenu via notre
serveur http, car une interface web est fournie pour l’administration des
bases de données hébergées.
Les entités représentées dans la base de données
sont les suivantes :
les apprenants,
-
les groupes d’apprenants,
les enseignants,
les séances de travail
prévues : exercices, groupe d’étudiants et enseignant
concernés, durées,
les exercices disponibles sur la plate-forme :
OPIs et scénarios (identification, nombre
d’étapes, scénario en
XML),
les données sur la progression des
apprenants.
Pour chaque apprenant nous mémorisons :
-
les détails des étapes réalisées
pour chaque exercice de chaque séance,
-
les dates et heures de début et de fin de chaque
séance, session, exercice et étape.
-
les historiques des états
des OPIs,
enregistrés aux moments spécifiés par l’enseignant
(validation d’étape, situations à observer) dans
le scénario. Les états des OPI
s sont de plus conservés en XML
en vue d’une exploitation future par l’outil de suivi
destiné à l’enseignant.
La volonté d’autoriser dans FORMID un suivi asynchrone
(en plus du suivi synchrone) nous conduit à stocker dans la base de
données de nombreux détails sur l’activité des
apprenants. Ces détails pourraient simplement être transmis
à l’application de suivi qui mettrait directement à jour les
données correspondantes dans l’interface, si FORMID
n'autorisait que le suivi synchrone d'une séance.
5.2.4. Le poste de l’apprenant
Selon la situation, l’apprenant peut choisir
de travailler en étant connecté au serveur de FORMID,
c’est-à-dire en bénéficiant de l’ensemble des
fonctionnalités de FORMID (suivi, communication, etc.) ou bien de
manière autonome (non suivie). En mode autonome, la gestion des messages
et l’enregistrement de traces sont désactivés. Le
scénario reste cependant actif pour l’apprenant. Nous
considérons pour la suite que l’apprenant travaille en étant
connecté au serveur de FORMID.
Lorsque l’apprenant démarre une séance de travail, il se
voit proposer l’ensemble des exercices prévus dans la
séance. Le choix d’un de ces exercices rend actifs
l’OPI concerné ainsi que le
scénario correspondant à l’exercice. L’apprenant est
alors assisté, étape par étape, en fonction des indications
du scénario. Il peut également demander spécifiquement de
l’aide au tuteur. Les informations sur son activité sont
stockées dans la base de données. Si l’apprenant travaille
en mode synchrone, il est connecté en même temps que le tuteur et
les autres apprenants. Sa progression au sein des exercices, ses demandes
d’aide sont directement visibles pour le tuteur qui peut alors
réagir en direct. S’il travaille en mode asynchrone, les
informations sur son activité ne seront disponibles pour son tuteur que
lorsque celui-ci se connectera. Les réactions et réponses du
tuteur seront également transmises à l’apprenant, de
façon différée.
Nous avons vu que l’apprenant dispose sur sa page html de
l’OPI sur lequel il travaille, du moniteur de
scénario et de l’application de communication.
L’OPI est une applet pouvant
être utilisée indépendamment de la plate-forme
FORMID. Dans le cadre d’une utilisation dans FORMID, elle
doit vérifier les propriétés (références,
inspectabilité, observabilité et scriptabilité)
préconisées en section 3.1 pour être contrôlable par
un scénario. A un instant donné, l’état de
l’OPI est constitué des valeurs de
l’ensemble des variables inspectables de
l’OPI.
Le moniteur de scénario permet la sélection par
l’apprenant d’un exercice et interprète le scénario
fourni par le formateur pour un exercice dès que l’apprenant
démarre cet exercice. Comme nous l’avons vu
précédemment (section 3.1.2), le moniteur est chargé de
gérer l’interface de pilotage d’exercices pour
l’apprenant, présenter les consignes et initialiser l’OPI,
contrôler la validation des étapes, détecter que des
situations à observer sont atteintes, gérer la
réactivité et assurer l’enchaînement des
étapes.
De plus, dans FORMID, le moniteur de scénario envoie au serveur
les informations détectées, afin que celles-ci soient
exploitées par l’application de suivi du poste formateur. En vue
d’une exploitation future, il envoie également l’état
du simulateur lors de toute validation d’étape et lorsqu’une
situation particulière est détectée.
L’applet de communication effectue la connexion et les
échanges des données avec le serveur pour le suivi de
l’activité de l’apprenant, la messagerie et les demandes
d’aide. Elle a plusieurs objectifs :
elle permet à un apprenant de s’identifier
auprès du serveur. Chaque apprenant appartient à un groupe.
Dès que le formateur responsable de ce groupe se connecte,
l’apprenant en est informé.
elle offre la possibilité à un apprenant de
communiquer avec le formateur par l’intermédiaire d’un
système de messagerie.
elle permet à un apprenant de demander de
l’aide à un formateur. Ce dernier est informé de la demande
d’aide de l’apprenant.
5.2.5. Le poste de l’enseignant
L’applet de suivi que manipule le formateur
lui permet de s’authentifier auprès du serveur, de
sélectionner la séance et le groupe dont il veut assurer le
suivi ; de suivre ce groupe durant la séance et de communiquer avec
les apprenants.
Les informations qui sont visualisées de manière
synthétique sont les suivantes :
informations sur l’identité des apprenants et
sur leur connexion à la plate-forme,
dialogues avec les apprenants,
demandes d’aide (et leur contexte en termes
d’exercice et d’étape)
exercices et étapes réalisés, par
apprenant et pour le groupe,
détails de chaque étape de chaque exercice,
par apprenant.
De plus, dans le cas d’étude présenté, les
situations particulières observées (assemblage et
exécution) peuvent donner lieu à un certain nombre d’erreurs
qu’il est possible de classifier. Les erreurs concernant par exemple
l’assemblage peuvent être regroupées selon qu’elles
concernent l’adressage, le branchement, la syntaxe (pour le code de
l’opération, le label ou l’opérande) ou encore la
valeur de l’opérande. Nous avons saisi l’occasion que
nous fournissait cette situation d’apprentissage pour tester
l’idée de classifier les erreurs possibles et de montrer au tuteur
comment se répartissent les erreurs des apprenants au sein de cette
classification. Cet axe est encore en cours d’étude et ne fait pas
aujourd’hui l’objet de propositions systématiques pour toute
situation d’apprentissage. Dans le cas d’étude, la typologie
d’erreurs est fournie par le formateur (elle est décrite de
façon optionnelle dans le scénario) et l’applet de suivi se
charge de montrer au tuteur comment se répartissent les erreurs des
apprenants.
De façon générale, les informations de suivi sont
visualisées soit pour le groupe, soit pour un apprenant particulier, soit
encore pour un sous-groupe donné d’apprenants.
Le formateur peut également savoir quels étudiants sont
connectés au système, et être informé de toute
demande d’aide émanant d’un apprenant.
Après la description de l’architecture de la plate-forme
FORMID, nous en présentons l’ingénierie de
l’interaction Homme-Machine.
5.3. Interfaces Homme-Machine
Cette section est consacrée à
l’ingénierie de l’Interaction Homme-Machine. Elle
décrit la méthode de conception appliquée pour la
création du prototype de FORMID puis présente les
Interfaces Homme-Machine (IHM) des postes
formateurs et apprenants.
5.3.1. Méthode de conception
La méthode de conception s’inscrit
dans les approches basées modèles
[Szekely96]. Ces
approches structurent le processus de conception d’une IHM autour de la
production d’un ensemble de modèles :
des modèles initiaux, définis par le
concepteur ;
des modèles transitoires, obtenus par
réifications (ou affinements) successives des modèles
initiaux.
Les modèles initiaux comprennent traditionnellement :
le modèle des tâches utilisateur : par
définition, une tâche est un couple <but,
procédure>. Le but décrit l’objectif que
l’utilisateur souhaite atteindre, la procédure
précise la façon selon laquelle l’utilisateur compte
atteindre ce but. En pratique, la procédure est une décomposition
récursive de la tâche en sous-tâches, les sous-tâches
étant reliées entre elles par des relations logiques et/ou
temporelles [Balbo94].
Par exemple, pour suivre une séance (c’est le but du
formateur), le formateur compte suivre l’avancement des apprenants et
éventuellement communiquer avec eux (c’est sa
procédure) ;
le modèle des concepts : les concepts se
réfèrent à des données relevant du domaine
applicatif traité, par exemple ici la notion d’exercice, de demande
d’aide, etc. Le modèle des concepts décrit ces
données. Il se limite, en pratique, aux données manipulées
par l’utilisateur.
Avec l’informatique diffuse, la modélisation du contexte
d’usage s’impose, donnant lieu à trois modèles
initiaux supplémentaires
[CalvaryAl02] :
l’utilisateur qui désigne un utilisateur
représentatif du public ciblé ; par exemple, dans
FORMID, une personne francophone, formateur ou apprenant selon le poste
considéré, familiarisée à l’usage de
l’informatique mais non experte dans ce domaine ;
la plate-forme qui se réfère à
l’ensemble des dispositifs matériels et logiciels sous-tendant
l’interaction ; par exemple, dans FORMID, on suppose une large
surface d’affichage (écran 1280x1024), assortie d’un couple
clavier/souris ; si, à l’avenir, un tableau magique
[BérardAl00]
était envisagé pour la fonctionnalité de soutien à
l’apprenant, la présence d’une caméra et d’un
vidéo-projecteur devrait figurer dans le modèle de la
plate-forme ;
l’environnement qui représente
l’environnement physique, social, etc. hébergeant
l’interaction ; dans FORMID, seul un requis de
luminosité pour la lisibilité de l'écran est
formulé.
Les modèles initiaux (tâches, concepts, utilisateur,
plate-forme, environnement) alimentent un processus de réification
engendrant successivement des modèles transitoires jusqu’à
l’obtention de l’IHM (dite finale). Ces
modèles sont :
le lien Tâches-Concepts qui décore les
tâches des concepts qu’elles manipulent. Typiquement, pour
l’apprenant, la tâche Réaliser exercice manipule le
concept d’exercice ;
l’interface abstraite qui structure
l’IHM en espaces de travail. Un espace de
travail est un "lieu d’activité virtuel offrant les
éléments nécessaires à la réalisation
d’une ou plusieurs tâches"
[Normand92]. Un
espace de travail devient typiquement, dans
l’IHM finale, un canevas ou une
fenêtre. L’interface abstraite identifie les espaces de travail, les
enchaînements entre espaces (aussi dits navigation entre espaces) ainsi
que leur contenu conceptuel. Typiquement, le concept d’exercice
sera rendu observable dans l’espace de travail hébergeant la
tâche Réaliser exercice. Le choix de la
représentation (texte, image, etc.) relève de l’interface
concrète ;
l’interface concrète matérialise les
espaces de travail en termes de canevas ou fenêtres, les concepts en
objets d’interactions (aussi dits widgets, par exemple les
libellés, les champs texte, les boutons radio, les cases à cocher,
etc.), la navigation en objets de navigation (aussi dits widgets de navigation,
typiquement les boutons, les onglets, les liens hypertexte,
etc.).
L’IHM finale est obtenue par codage puis
compilation ou interprétation de l’IHM
concrète.
Les réifications, c’est-à-dire les affinements successifs
des modèles initiaux, s’appuient sur un ensemble
d’heuristiques telles que les critères et recommandations
ergonomiques
[ScapinBastien01].
Typiquement, pour la production de l’interface abstraite, le
critère de
"Guidage -sous-critère
Groupement/Distinction entre items" militera
pour un regroupement, au sein d’un même espace de travail, de tous
les concepts manipulés dans une même tâche. Au niveau de
l’interface concrète, le critère de
"Gestion des erreurs-sous-critère
Protection contre les erreurs" prônera
l’usage d’objets d’interaction proactifs tels que les menus
par exemple. Ces objets, contrairement à des champs texte par exemple,
protègent l’utilisateur contre toute erreur de saisie.
Les modèles initiaux peuvent être
référencés dans le processus de conception à tout
niveau de réification. Néanmoins, plus ils seront
référencés tard dans le processus, plus la validité
des modèles transitoires en aval sera forte. Typiquement, si dès
le lien Tâches-Concepts, on suppose un certain type de plate-forme,
c’est-à-dire si on y référence explicitement le
modèle de la plate-forme, alors les interfaces abstraite, concrète
et finale qui en découlent pourraient devenir obsolètes dès
lors que la plate-forme d’exécution s’écarterait du
profil ciblé.
La figure 8 représente le processus de conception tel
qu’appliqué dans FORMID :
le lien Tâches-Concepts dépend des
modèles des tâches, des concepts et de
l’utilisateur ;
l’interface concrète émet des
hypothèses quant à la plate-forme (grand écran) et à
l’environnement (bonne luminosité).
Figure 8 : Méthode de conception
appliquée dans FORMID. Adaptée de
[CalvaryAl02].
Le lien Tâches-Concepts étant intrinsèquement
dépendant des modèles des tâches et des concepts, la
qualité de ces modèles est déterminante. Aussi, pour les
tâches, nous sommes-nous basés sur une approche à base de
scénarios, ce terme étant ici considéré dans sa
dimension IHM. En IHM,
un scénario9
(désormais appelé scénario d’usage pour éviter
toute confusion avec les scénarios pédagogiques) se
réfère à une histoire réelle ou fictive impliquant
des personnages, des objets et mettant en scène des
événements dans des environnements. Ces scénarios peuvent
être contés de façon narrative ou imagée (on parle
alors de story board). Dans le cadre de FORMID, les
scénarios d’usage ont été exprimés sous forme
textuelle. Leur intérêt est de favoriser et faciliter
l’exploration d’idées et de voies prometteuses en conception
d’IHM
[Preece94].
Par exemple, pour le cas d’étude énoncé en section
5.1, nous avons considéré le scénario suivant :
"Un vendredi 21 septembre, Marc Dupont, enseignant en
programmation logicielle encadre la première séance de
programmation en licence d’informatique. Les étudiants sont
répartis en groupes : c’est le groupe 1 qui commence. Tous les
étudiants sont présents à l’exception de
Véronique Duchemin. La séance se compose de quatre exercices, le
premier portant sur la représentation en machine des nombres entiers.
Alors que, très vite, deux étudiants l’accomplissent
aisément, neuf étudiants rencontrent des difficultés, ne
sachant comment commencer. Quatre ont réalisé avec succès
l’étape 1, consistant à mettre en mémoire les deux
nombres impliqués dans l’addition. Marc Dupont les encourage. A ce
moment, trois élèves demandent de l’aide. Marc Dupont leur
communique un indice...".
L’analyse des scénarios d’usage permet d’identifier
les tâches utilisateur ainsi que les concepts manipulés dans les
tâches. Par exemple, la tâche Suivre séance manipule
les concepts de Séance et de Groupe (ici la première
séance du module de programmation logicielle pour le groupe 1 de la
licence d’informatique). Cette tâche s’affine
récursivement en un ensemble de sous-tâches dont Suivre
avancement pour la perception de l’activité de
l’apprenant et Communiquer pour le soutien à
l’apprenant. Ces tâches seront organisées en un modèle
des tâches tel que celui du poste formateur présenté dans la
section suivante.
Le modèle des concepts peut être décrit par un diagramme
des classes UML. La figure 9 en propose un
extrait.
Figure 9 : Un extrait du modèle des concepts
pour FORMID.
Les sections suivantes sont respectivement consacrées aux
IHM des postes formateur et apprenant. Ces
IHM ont été obtenues par
l'application de la méthode ici décrite.
5.3.2. Poste formateur
L’analyse des scénarios d’usage
a conduit au modèle des tâches présenté en Figure 10.
Ce modèle est exprimé dans le formalisme ConcurTaskTrees
via l’environnement CTTE (ConcurTaskTrees
Environment)
[PaternoLeonardi94].
Les notations sont fournies en annexe 3. Ce modèle exprime le fait
que :
- Suivre une séance consiste à consulter les
informations relatives à la séance (vérifier la
filière, le groupe, le module et le numéro de séance) et
suivre son groupe (percevoir l’activité des apprenants et leur
apporter un soutien au sens SAAD) ;
- Suivre un groupe consiste à suivre l’avancement de
ce groupe dans la réalisation des exercices (progression dans la
séquence d’exercices et dans les étapes de chaque exercice)
puis éventuellement à communiquer (typiquement avec les apprenants
en difficulté ou ayant posé une question) ;
- Suivre l’avancement consiste à examiner, de
façon détaillée, le travail d’un ensemble
d’apprenants (le groupe, un sous-groupe ou un individu) sur une partie de
la séance (la séance entière, un exercice ou une
étape). Le choix des apprenants se fait au regard de la progression
observée de façon synthétique ou détaillée
(cf. figure 5), des demandes d’aide et des questions en attente ;
- Communiquer consiste à consulter les messages
reçus, éventuellement répondre et émettre de
nouveaux messages. Les messages reçus peuvent être filtrés
selon leur type (demande d’aide ou non) ou leur émetteur. Emettre
un message consiste à spécifier le destinataire, consulter
l'historique des messages échangés avec cet interlocuteur,
formuler le contenu du message puis l'envoyer.
Figure 10 : Une version simplifiée du
modèle des tâches du formateur
(selon les notations
ConcurTaskTrees).
Conformément à la méthode de conception exposée
en section 5.3.1, le modèle des tâches guide
l’établissement de l’interface abstraite. Typiquement, elle
sera ici composée de deux espaces de travail principaux pour Consulter
infos séance et Suivre groupe. Ces espaces de travail seront
accessibles à tout moment.
Le modèle de la plate-forme supposant un large écran, les
espaces de travail seront, dans l’interface concrète,
incarnés par des canevas hébergés dans une même
fenêtre. La navigation entre ces canevas sera nulle,
c’est-à-dire que ces canevas seront directement observables, par
opposition à des canevas parcourables via, par exemple, des onglets, des
boutons d’activation ou des index de défilement. Ce choix se
justifie par le critère d’ergonomie "Charge de
travail", plus précisément son sous-critère
"Brièveté"
[ScapinBastien01]
qui appelle, en particulier, à des actions minimales. L’absence de
navigation minimisera ici les actions utilisateur. Un deuxième argument
renforce ce choix de mise en œuvre : l’organisation fixe de
l’écran (appelée tuilage par opposition au
multi-fenêtrage
[Nogier01]) est
adaptée à des utilisateurs non experts en informatique. Ces
utilisateurs font ici partie du public ciblé (cf. modèle de
l’utilisateur en section 5.3.1).
La figure 11 représente l’écran du poste formateur. On y
retrouve les deux espaces de travail mentionnés : Consulter infos
séance dans le bandeau supérieur ; Suivre groupe
dans le reste de la fenêtre. Récursivement, et conformément
au modèle des tâches, l’espace de travail de Suivre
groupe se décompose en deux espaces de travail : Suivre
avancement en partie médiane de la fenêtre ;
Communiquer en partie basse. Suivre avancement requiert le choix
des apprenants en partie gauche (mosaïque des visages), le choix de la
partie de la séance dans le bandeau supérieur de la zone
médiane droite (centre d'intérêt), puis la consultation de
l’avancement en partie basse de cette même zone. L’espace de
travail de Communiquer se décompose bien en deux parties
respectivement dédiées à la consultation des messages
reçus et à l’envoi de nouveaux messages.
Figure 11 : Poste formateur, vision de
l’avancement de tous les apprenants sur la séance
entière.
De façon plus détaillée :
Le bandeau supérieur (Consulter infos
séance) rend observables la filière, le module, le
numéro de séance et le numéro de groupe. Ces informations
sont représentées sous forme textuelle ;
-
Dans le bandeau gauche de la zone médiane (Spécifier
apprenants), une représentation de type mediaspace a été
adoptée (Portholes [GirgensohnAl99]
ou Comedi [CoutazAl99]) :
la notion de classe virtuelle est représentée par une
mosaïque des photographies des apprenants à l’image
d’une vraie classe. Ce choix respecte le critère ergonomique
de compatibilité [ScapinBastien01],
ici la métaphore du monde réel. Chaque photographie
est assortie d’une case à cocher qui permet la sélection
d’un, de plusieurs ou de tous les apprenants, en vue d’un
examen détaillé ; l’espace de travail Consulter
avancement se met à jour en conséquence. En cas
d’absence de l’apprenant, la photographie est grisée.
Elle est sinon assortie d’une icône rendant observables
les éventuelles demandes d’aide. La localisation de cet
espace de travail se justifie par le tracé régulateur
des ergonomes qui stipule que les zones de sélection doivent
être préférentiellement hébergées
à gauche de l’écran [Nogier01].
Cet espace permettant la sélection de l’entité
d’intérêt (groupe/apprenant), il était donc,
au regard de cette recommandation, justifié de lui accorder
la partie gauche de l’écran ;
L’espace de travail Suivre avancement
permet, en partie haute, par un système de boutons, de
sélectionner la séance, un exercice ou une étape dans un
exercice donné. La partie basse affiche alors l’avancement des
apprenants sélectionnés sur cette partie de la séance.
Dès lors qu’au moins deux apprenants sont
sélectionnés, seule une information synthétique est
restituée sur chacun. Les figures 11 et 12 montrent par exemple
l’avancement de tous les étudiants sur une séance
entière (figure 11), et sur une étape donnée (figure 12).
Dans ce dernier cas, les différents contrôles sont alors
observables ainsi que les validations d’étape. Les erreurs sont
consultables par point de contrôle. Si un seul apprenant est
sélectionné, cet avancement synthétique est assorti
d’informations détaillées (figure 13). La qualité
du travail (correcte ou incorrecte) est reflétée par une couleur
(vert si juste, rouge si incorrecte). L’avancement synthétique est
estampillé d’informations relatives aux demandes d’aide. Un
accès aux erreurs (par navigation cette fois) est offert s’il y a
lieu (figure 14) On notera au sujet de cet espace de travail deux
améliorations possibles : l’intégration d’une vue
en œil de poisson ("fish eye view"
[Furnas86]) dans la
mosaïque pour mettre en exergue les apprenants
sélectionnés ; le recours à un mur en perspective
("perspective wall"
[Card91]) pour pallier
le problème des ascenseurs horizontaux (scrolls) lorsque la
séance se compose d’un grand nombre d’exercices et/ou
d’étapes.
Figure 12 : Poste formateur, vision de
l’avancement de tous les apprenants sur une étape donnée.
Dans l’espace de travail Communiquer, les
messages reçus peuvent être filtrés selon leur type (demande
d’aide ou tous) et leur émetteur (apprenants
sélectionnés, tous ou apprenants en particulier). De la même
façon, le formateur peut émettre un message à
l’attention de tous, des apprenants sélectionnés ou
d’un apprenant en particulier.
Figure 13 :Poste formateur, vision de
l’avancement d’un apprenant sur une étape donnée.
Figure 14 : Poste formateur, vision des erreurs
commises par un apprenant sur un contrôle donné.
La section suivante est consacrée au poste apprenant.
5.3.3. Poste apprenant
La même méthode de conception a
été appliquée pour l’ingénierie du poste
apprenant. L’analyse des scénarios fait apparaître trois
tâches principales dans l’activité de
l’apprenant :
le pilotage de l’exercice (sélection de
l’exercice, validation de l’étape courante,...). Ces
tâches sont génériques : elles existent quel que soit
l’OPI considéré (ici le
simulateur de processeur). La présentation de cette tâche peut donc
être la même quel que soit
l’OPI ;
la résolution de l’exercice par la
manipulation de l’OPI : cette
tâche est intrinsèquement liée au sujet de
l’OPI.
L’IHM est donc spécifique au sujet
traité ;
la communication avec le formateur : cette tâche
est générique, valable quels que soient l’exercice et
l’OPI
considérés.
Au regard du critère ergonomique de
"Guidage–sous-critère
Groupement/Distinction entre items",
l’interface abstraite structure l’IHM
en trois espaces de travail. La généricité des tâches
variant, il a été décidé, au niveau de
l’interface concrète, d’incarner ces espaces en
fenêtres. La figure 15 présente
l’IHM du pilotage de l’exercice. Elle
se structure en deux espaces de travail :
à gauche, les commandes et la sélection de
l’exercice ;
à droite, la consultation des informations relatives
à l’exercice choisi et à l’étape en
cours.
Cet agencement de l’espace respecte le tracé régulateur
des ergonomes : commandes en haut, sélection à gauche. On
notera, sur cette figure, le chargement de l’étape 1 de
l’exercice 4.
Figure 15 : Fenêtre de pilotage de
l’exercice.
6. Conclusion et Perspectives
A l’origine du
projet FORMID se situe la volonté de l’équipe ARCADE
de mettre à profit, dans des contextes de
FOAD, son expérience de la production de
Situations Actives d’Apprentissage. Le modèle de conception
préconisé met l’accent sur un composant particulier :
le scénario pédagogique. Les scénarios représentent
un atout réel pour faciliter l’exploitation de Situations Actives
d’Apprentissage. Ils permettent notamment d’offrir des
fonctionnalités originales de suivi à distance, comme le montre la
plate-forme FORMID réalisée.
La conception de cette plate-forme a fait l’objet d’une
originalité méthodologique consistant à marier
l’ingénierie des EIAH et
l’ingénierie des IHM. La motivation
était double : éviter le biais classique de la
non-qualité de l’IHM dans
l’évaluation de l’environnement et en corollaire rapprocher,
sur une problématique commune, deux équipes du même
laboratoire. Il ne s’agissait pas ici d’évaluer la
qualité des IHM, mais l’impact de
l’environnement sur la fonction de suivi. L’idée était
donc de produire des IHM dans le respect
d’une méthode de conception et des recommandations ergonomiques
pour gommer le biais de l'IHM dans
l'évaluation de l'environnement. Il s’agit maintenant d’en
confirmer l’utilité et l’utilisabilité de façon
prédictive et expérimentale en contextes significatifs.
Ces recherches ont soulevé beaucoup de questions et ouvert des pistes
qu’il convient de continuer d’explorer. Citons-en quelques-unes.
Notre modèle de scénario, déjà validé pour
la conception de SAA basées sur des simulations, devrait encore
être confronté à l’étude et la
réalisation de nombreuses SAA utilisant d'autres types
d'OPIs. Il paraît également
souhaitable d’étudier l’intégration à ce
modèle, de données épistémiques ainsi que les
mécanismes qui permettraient de délivrer automatiquement un
diagnostic à ce niveau (épistémisque). L’étude
de situations d’apprentissage collectif devrait également nous
conduire à définir un modèle de scénario
collaboratif. Ces différents aspects sont en cours d’étude
au sein de divers projets.
Les fonctionnalités proposées pour le suivi des Situations
Actives d’Apprentissage, et notamment pour la perception de
l’activité des apprenants, constituent une base qui doit être
affinée et complétée. Ainsi la possibilité pour le
tuteur de percevoir la distribution des erreurs des apprenants selon une
classification d’erreurs liée à l’exercice nous
paraît un exemple intéressant à explorer. D’autre
part, le tuteur a la possibilité de spécifier dans le
scénario ce qu’il veut observer du comportement de
l’apprenant. Il serait souhaitable d’aller plus loin dans cette
adaptabilité et de lui permettre d’influer par exemple sur la
façon dont il va être averti (forme des visualisations,
degré d’urgence, etc.). Nous imaginons également qu’un
tuteur pourrait au cours d’une séance, et en fonction des
comportements qu’il observe sur un exercice, modifier le scénario
correspondant pour corriger une consigne, ajouter des situations à
observer, améliorer le suivi automatique, etc. de façon à
ce que ces modifications soient immédiatement prises en compte pour la
suite de la séance.
Nous avons axé prioritairement notre travail sur les fonctions de
perception de l’activité des apprenants et sur le soutien
automatique à leur apporter. Il conviendrait d’élargir notre
contribution en approfondissant maintenant d’autres fonctions de
l’activité de suivi.
Le point de vue que nous avons adopté est essentiellement celui du
formateur. Il paraît pourtant évident que les informations fournies
au tuteur pour percevoir l’activité de la classe pourraient aussi
être utiles aux apprenants eux-mêmes. Un apprenant pourrait ainsi
évaluer ses compétences au regard de celles de ses
collègues, repérer plus facilement où se situent ses
difficultés (exercices et étapes concernés, erreurs
détectées), voir quels apprenants pourraient l’aider dans
telle étape (parce qu’ils l’ont réussie), ou quels
apprenants (également en difficulté) il pourrait contacter dans
une perspective d’entraide. Ces informations destinées aux
apprenants constituent ce que nous avons appelé leur
"carnet de bord"
[Harkouk03].
La plate-forme FORMID reste naturellement perfectible et pourrait
intégrer certaines des avancées évoquées en
perspectives ou les résultats d’autres travaux de recherche. Elle
pourrait également fusionner avec d’autres plates-formes. Nous
avons par exemple intégré le concept de scénario à
la plate-forme multi-agents BAGHERA
[WebberAl01],
[Baghera02]
dédiée à l’apprentissage de la résolution de
problèmes et de la preuve en géométrie.
De façon plus générale, nous poursuivons des travaux
spécifiques "plate-forme" en participant à différents
groupes de travail au niveau grenoblois dans le contexte de
l’équipe-projet MeTAH du CNRS
[Nicaud02], en France
dans le cadre de réseau thématique pluri-disciplinaire RTP 39
[RTP3904], et
désormais au plan international au sein du réseau
d’excellence européen Kaleidoscope
[Kaleidoscope04].
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Annexes
1. Cas d’étude : le scénario pédagogique
Titre : Addition de deux entiers relatifs
représentés sur 8 bits
Enoncé : Ecrire un programme qui additionne les entiers
placés dans les mots 2 et 3, et range le résultat dans le mot 1.
S’il y a débordement, enregistrer la valeur 1 dans le mot
d’adresse 0.
Etapes : l’exercice est divisé en 3
étapes :
la programmation de l’enregistrement des
données en mémoire ;
la programmation de l’addition en exploitant un
registre de l’unité arithmétique et logique ;
l’adjonction des instructions nécessaires
à la détection d’un débordement
éventuel.
Situations à observer : sont exprimées ci-dessous
les situations à observer communes à toutes les étapes de
l’exercice. Il s’agit ici de repérer :
tout assemblage, correct ou incorrect,
toute exécution, correcte ou
incorrecte.
Aucun feedback pédagogique n’est à délivrer quand
une de ces opérations est détectée. Le résultat de
l’opération est donné par le simulateur de processeur.
Les situations à observer spécifiques à une étape
particulière sont, le cas échéant exprimées
ci-dessous (par étape).
Détail des étapes : est donné en figure
16.
Figure 16 : Le détail des étapes du
scénario pour le cas d'étude.
2. Cas d’étude : le scénario en XML
Le scénario est donné en figure 17. Les
détails des étapes sont décrits dans les figures 18
à 20
Figure 17 : Le scénario en
XML pour le cas d'étude
Figure 18 : Détail
XML de l'étape 1
Figure 19 : Détail
XML de l'étape 2
Figure 20 : Détail
XML de l'étape 3
3. Notations ConcurTaskTrees
ConcurTaskTrees
distingue quatre types de tâches :
les tâches abstraites,
représentées par un nuage, se décomposent en un ensemble de
sous-tâches ; elles peuplent les noeuds non feuilles de l’arbre
des tâches ;
les tâches utilisateur,
représentées par un humain, dénotent des tâches
mentales ;
les tâches d’interaction,
représentées par un humain en interaction avec une machine,
dénotent des tâches d’interaction avec le système
interactif ;
les tâches d’application,
représentées par une machine, dénotent des tâches
système, c’est-à-dire prises en charge par le système
interactif.
Dans un modèle des tâches, les sous-tâches sont
reliées entre elles par des relations logiques et/ou temporelles. Les
opérateurs sont donnés en figure 21.
Figure 21 : Les opérateurs de la notation
ConcurTaskTrees.
A
propos des auteurs
Viviane GUÉRAUD est Maître de
conférences en informatique à l'Université Stendhal
Grenoble-3 depuis 1990. Membre du laboratoire CLIPS de l'IMAG, elle est
actuellement responsable adjointe de l'équipe ARCADE. Ses recherches en
ingénierie des EIAH visent à assister les formateurs pour la
production d'objets interactifs d'apprentissage, la création de
scénarios pédagogiques, et le suivi des apprenants lors de
l'exploitation de ces objets scénarisés.
Adresse : Equipe ARCADE, Laboratoire
CLIPS- IMAG, BP 53, 38041 Grenoble Cedex 9, France
Toile : http://www-clips.imag.fr/arcade/
Courriel : Viviane.Gueraud@imag.fr
Jean-Michel ADAM détient un doctorat en
informatique. Il est maître de conférences à
l'Université Pierre Mendès France de Grenoble depuis 1987 et
membre de l'équipe ARCADE du laboratoire CLIPS de l'IMAG. Ses travaux
portent sur deux thèmes : l'instrumentation du tuteur dans son
activité de suivi d'activités pédagogiques à
distance, et la communication médiatisée enseignant-apprenant,
plus particulièrement la prise en compte des expressions faciales et
posturales.
Adresse : Equipe ARCADE, Laboratoire
CLIPS- IMAG, BP 53, 38041 Grenoble Cedex 9, France
Courriel : Jean-Michel.Adam@imag.fr
Jean-Philippe PERNIN, responsable de
l'équipe e-Praxis au sein de l'INRP et membre du laboratoire CLIPS-IMAG,
s'intéresse particulièrement à l'intégration de
ressources pédagogiques au sein de scénarios d'apprentissage, en
tenant compte des approches actuelles de normalisation. Auteur du modèle
MARS
(Modèle-Association-Représentation-Scénario), il
étudie les différentes phases du cycle de vie des objets
d'apprentissage et des scénarios depuis leur création à
l'aide d'environnements dédiés jusqu'à leur exploitation
dans le contexte de la classe.
Adresse : Equipe ARCADE, Laboratoire
CLIPS- IMAG, BP 53, 38041 Grenoble Cedex 9, France
Courriel : Jean-Philippe.Pernin@imag.fr
Gaëlle CALVARY, ingénieur ENSIMAG,
docteur en informatique, rejoint l’Université Joseph Fourier et le
laboratoire CLIPS-IMAG en 2000 après 8 ans d’expérience en
entreprise. Enseignant/chercheur en Interaction Homme-Machine
(IHM), elle se spécialise dans la
"Plasticité des Interfaces" pour une adaptation des systèmes
interactifs à leur contexte d’usage. Cette propriété,
née de l’informatique diffuse, se situe à la
frontière du Génie Logiciel et de l’IHM.
Adresse : Equipe IIHM, Laboratoire CLIPS-
IMAG, BP 53, 38041 Grenoble Cedex 9, France
Courriel : Gaelle.Calvary@imag.fr
Jean-Pierre DAVID est enseignant-chercheur au
laboratoire CLIPS de la fédération IMAG. Il s’est investi
dans l’approche par objet pour la conception de micro-mondes
d’apprentissage des mathématiques, puis dans la réalisation
de générateurs d’Objets Pédagogiques tels que GenEval
puis GenDoc. Partenaire actif du projet
ARIADNE, il est membre du comité
scientifique de la fondation européenne ARIADNE dont il est le
correspondant à l'Université Joseph Fourier.
Adresse : Equipe ARCADE, Laboratoire
CLIPS- IMAG, BP 53, 38041 Grenoble Cedex 9, France
Courriel : Jean-Pierre.David@imag.fr
1 Ateliers de Réalisation
et de Conception d’Applications Destinées à
l’Education.
2 Ingénierie de
l'Interaction Homme-Machine.
3 Communication Langagière
et Interaction Personne-Système.
4 Il ne désigne pas le
dispositif technologique de formation à distance synchrone reproduisant
dans le virtuel le concept de classe physique.
5 Précisons qu’une
telle possibilité n’existait pas dans OASIS et qu’il
nous a fallu plusieurs fois ajouter artificiellement une variable à la
simulation pour être capable d’observer certaines situations depuis
le scénario. En contrepartie, elle impose à
l’OPI d’être capable
d’avertir de l’occurrence de certains événements, le
simple fait de fournir sur demande la valeur des variables ne suffisant plus
dans ce cas (cf. section 3).
6 Institut de
Mathématiques Appliquées de Grenoble.
7 Modèles et Technologies
pour l’Apprentissage Humain, Equipe-projet du CNRS.
8 Laboratoire Interdisciplinaire
de Didactique des Sciences Expérimentales et Techniques,
Université Joseph Fourier, Grenoble.
9 "A
scenario is a personalized, fictional story with characters, events, products
and environments. They help the designer to explore ideas and the ramifications
of design decisions”
[Preece94].
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