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Construction d'une base de connaissances et d’une
banque de ressources pour le domaine du téléapprentissage
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RÉSUMÉ : Cet
article pose les prémisses du développement
d’une base de connaissances et d’une banque de
ressources (ou objets pédagogiques) en téléapprentissage
permettant aux chercheurs de référencer les
ressources de ce domaine à l’aide de spécifications
standards fondées sur une ontologie du domaine et de
les intégrer en regard de la description d’un
ensemble d’activités à des fins de recherche
et d’enseignement. Les ressources sont référencées
par des métadonnées utilisant une ontologie
du domaine et leur recherche est guidée par des cas
d’utilisation décrivant les activités
où ces ressources seront utilisées ou produites.
Ontologie et cas d’utilisation sont définis à
l’aide d’un système graphique de représentation
des connaissances. Nous concluons en généralisant
cette démarche par la description d’un processus
applicable à une diversité de domaines de connaissances.
MOTS
CLÉS : Gestion des connaissances. Référentiels
de ressources. Objets pédagogiques, Ontologies. Modélisation
des connaissances. Web sémantique.
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ABSTRACT : This
article sets the foundation for the development of a knowledge
base and a resource (learning object) repository in the domain
of telelearning, enabling researchers to reference resources
in this domain using standard specifications based on domain
ontology and to integrate them according to a set of research
or teaching activities. The resources are referenced with
metadata based on domain ontology and their search is guided
by use cases describing activities where these resources are
used or produced. The ontology and the use cases are defined
using a graphical knowledge representation system. We conclude
by generalizing this approach through the description of a
general process applicable to a diversity of knowledge domains.
KEYWORDS : Knowledge
Management. Resource Repositories, Learning Objects. Ontologies.
Knowledge Modeling. Semantic Web.
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1. Introduction
Depuis quelques années, la prise de conscience de la nécessité
de gérer les connaissances (knowledge management)
amène un nombre croissant d’organisations à
formaliser les connaissances et surtout à soutenir
leur utilisation, notamment par une réingénierie des
processus de travail et de formation et par l’utilisation
des technologies de l’Internet [DavenportPrusak98],
[Sveiby01].
Par ailleurs, un mouvement international a pris forme pour l’élaboration
de standards permettant de construire et d’interopérer
des répertoires de ressources ou d’objets d’apprentissage
(Learning object repositories) [Wiley02].
Ce mouvement a donné naissance à plusieurs initiatives
d’envergure auxquelles participent des organisations telles
que le IMS Global Learning Consortium, IEEE-LTSC (LOM),
Dublin Core et ADL (SCORM).
Ces deux démarches convergent et s’intègrent
dans une autre entreprise visant à construire le "Web
sémantique" [BernersLee01],
[Nillson01].
Cet article a pour but d’analyser ces convergences en prenant
comme exemple la construction d’une base de connaissances
et de ressources en téléapprentissage.
La gestion des connaissances est un processus qui englobe la gestion
informatisée des documents ou des données, mais qui
la dépasse. Elle vise d’abord le partage des connaissances
disponibles dans une organisation et l’accroissement des compétences
des personnes qui y travaillent, plutôt qu’une simple
mise en disponibilité d’informations ou de documents.
De plus, la gestion des connaissances intègre le traitement
de connaissances de plus haut niveau que les données et les
informations factuelles ou conceptuelles. Elle s’intéresse
aux principes, aux modèles, aux théories, aux processus
ou aux méthodes, notamment aux connaissances tacites des
experts, ainsi qu’aux opérations et aux principes de
décision qui en découlent.
Ce nouveau phénomène met beaucoup plus d’emphase
que par le passé sur les connaissances et les compétences
des personnes oeuvrant dans l’organisation car, contrairement
aux informations pouvant être rendues accessibles dans des
bases de données ou de documents, les connaissances de plus
haut niveau nécessitent un processus d’acquisition
et une maintenance qui passent par la formation continue des personnes.
L’ingénierie pédagogique joue ici un rôle
central. On peut la définir comme une méthode grâce
à laquelle des concepteurs peuvent construire et maintenir
un système d’apprentissage, en s’appuyant sur
deux processus principaux :
-
l’extraction
des connaissances, processus permettant de transformer
les connaissances des experts dans un domaine sous forme d’informations
organisées, de savoirs qui pourront être rendus
disponibles à l’ensemble de l’organisation ;
-
l’acquisition
des connaissances, processus inverse qui consiste
à transformer, par l’apprentissage, les informations
et les savoirs disponibles à l’organisation en
connaissances internalisées par le personnel sous la
forme de nouvelles compétences.
La modélisation des connaissances d’un domaine est
l’élément qui relie ces deux processus. Des
modèles de connaissances sont produits par l’ingénierie
des connaissances et servent d’intrant à l’acquisition
des connaissances et à la formation. Elle permet aussi de
préciser des cas d’utilisation décrivant les
acteurs, les opérations qu’ils régissent et
les ressources qu’ils utilisent ou produisent au cours du
traitement lorsqu’ils mettent à contribution des connaissances
d’un domaine, ce qui permet en retour, de valider et d’étendre
constamment le modèle ou l’ontologie d’un domaine.
La gestion des ressources (ou des objets d’apprentissage)
peut être définie comme un processus multiacteurs dans
lequel des personnes jouant le rôle d’éditeurs
repèrent des ressources intéressantes et les décrivent
par des fiches de métadonnées, dont l’ensemble
constitue un référentiel de ressources (Learning
objects repository). À l’aide de ce référentiel,
des utilisateurs recherchent des ressources, y accèdent,
les utilisent et donnent une rétroaction sur l’usage
de la ressource à l’intention des autres acteurs, dans
le but d’améliorer le référentiel.
Les ressources peuvent être de taille et de nature très
différentes. Certaines ont un caractère pédagogique
et portent des informations servant explicitement à l’acquisition
et à la construction de connaissances et des compétences.
Elles se présentent sous forme de documents (ou matériels)
de divers types: textes, présentations audiovisuelles, didacticiels,
multimédias, sites Web. D’autres ressources permettent
de traiter ces informations de diverses façons. Ce sont les
outils informatisés, les moyens de communication et les services
offerts par des personnes sur les réseaux. Enfin, le regroupement
des deux types de ressources dans des événements d’apprentissage,
des cours ou des programmes de formation fournit une autre catégorie
de ressources.
Cet article vise à définir les bases d’un développement
intégré de deux projets en cours au Centre interuniversitaire
de recherche sur le téléapprentissage (CIRTA).
Le premier a pour but de créer un référentiel
de ressources en téléapprentissage permettant aux
intervenants et aux chercheurs dans ce domaine de référencer
les ressources à l’aide de spécifications standards,
dans le but de les intégrer par la suite dans des environnements
de téléapprentissage, à des fins de recherche
et d’enseignement. Le second a pour objectifs de créer
une base de connaissances en téléapprentissage par
le développement d’une ontologie du domaine et de regrouper
l’expertise sur le téléapprentissage dans des
ressources référencées en fonction de cette
ontologie. Par ailleurs, une ontologie de tâche permet de
définir différents cas ou scénarios d’utilisation
de ces ressources, identifiées grâce à leur
référencement en fonction de l’ontologie du
domaine.
Les trois sections suivantes visent respectivement à définir
des cas d’utilisation de la base de connaissances en téléapprentissage
et du référentiel des ressources qui lui est associé,
à présenter une première ontologie du téléapprentissage,
et à préciser de quelle façon cette ontologie
pourra contribuer à gérer les ressources de téléapprentissage
en fonction de divers cas d’utilisation. La section 5 présente
un exemple de démarche soutenue par un environnement basé
sur l’intégration des ressources en fonction des cas
d’utilisation. Finalement, la section 6 généralise
cette démarche dans le but de jeter les bases d’une
métaméthode servant au développement intégré
de bases de connaissances et de ressources dans divers domaines
de connaissances.
2. Cas d’utilisation et ontologie
de la tâche
Plaçons-nous d’abord du point de vue des futurs usagers
d’une base de connaissances en téléapprentissage.
Certains usagers peuvent vouloir faire une recension d’écrits
sur un sujet donné dans le domaine, d’autres construire
une formation des maîtres sur le téléapprentissage,
d’autres encore, conseiller des étudiants gradués
dans leurs travaux de recherche sur le téléapprentissage,
d’autres enfin, utiliser des méthodes et des outils
de téléapprentissage pour construire un cours de littérature
ou de physique, etc. Le tableau 1 énumère certains des cas
d’utilisation1 identifiés
lors d’une analyse préliminaire des objectifs et des
usages possibles d’une base de connaissances en téléapprentissage.
On y distingue trois grandes catégories d’utilisateurs :
les concepteurs d’environnements de téléapprentissage,
les formateurs ou professeurs oeuvrant dans un contexte de téléapprentissage
et les chercheurs ou étudiants chercheurs dans le domaine
du téléapprentissage. Les premiers recherchent surtout
diverses formes d’assistance méthodologique, pédagogique
ou technique, notamment des documents, des outils et des plateformes
pour l’élaboration d’environnements de téléapprentissage.
Les seconds désirent obtenir des informations sur les différents
rôles qu’ils sont appelés à jouer dans
un environnement de téléapprentissage, ainsi que des
pratiques exemplaires et des conseils pour exercer ces rôles.
Finalement, les chercheurs et les étudiants-chercheurs voudront
principalement obtenir un accès à des résultats
de recherche sur les différentes dimensions du téléapprentissage.
Pour chacune des grandes catégories d’utilisateurs,
le tableau 1 présente certains processus (cas
d’utilisation) dans lesquels ces utilisateurs peuvent vouloir
s’engager. Dans tous les cas d’utilisation, l’usager
de la base de connaissance devra pouvoir repérer des ressources,
les obtenir et les consulter et possiblement les commenter et les
utiliser pour en produire de nouvelles. Pour ce faire, il utilisera
divers outils de traitement de l’information et de communication
ou des services de facilitateurs ou d’experts.
Type d'utilisateur |
Cas d'utilisation |
1. Concepteurs d’environnements de téléapprentissage
(TA) |
1.1 S’informer sur le processus d’ingénierie
du TA (procédures, acteurs, intrants, principes, produits,
etc.).
1.2 Identifier des outils d’ingénierie du TA (et
si possible, en télécharger des versions d’essai).
1.3 Identifier des modèles et des exemples d’environnements
de TA existants et accéder à certains d’entre
eux.
1.4 Télécharger des outils pour évaluer
ses compétences de conception en téléapprentissage.
1.5 Télécharger des documents de la base afin
de les utiliser comme matériel pédagogique (tel
quel ou adapté).
1.6 Télécharger des outils d’évaluation
d’environnements de TA afin d’évaluer ses
propres environnements de TA.
1.7 Identifier des experts-concepteurs de TA et interagir avec
eux. |
2. Formateurs oeuvrant dans un contexte de TA |
2.1 Orienter sa propre pratique du téléapprentissage
sur la base d’études de cas et de conseils fournis
dans la base.
2.2 Télécharger des outils permettant de faire
une évaluation réflexive de sa propre pratique
du téléapprentissage.
2.3 Alimenter les échanges au sein d’une communauté
de pratique de formateurs. |
3. Chercheurs ou étudiants dans le domaine du TA |
3.1 Utiliser des données d’expérimentations
déjà réalisées pour faire des analyses
et dégager des résultats.
3.2 Trouver des outils utiles pour réaliser une expérimentation
(protocoles, lettres de consentement, outils de collecte de
données, outils et méthodes d’analyse de
données, etc.).
3.3 Situer ses propres objets de recherche au sein d’une
vision d’ensemble du domaine du TA.
3.4 Rassembler des informations utiles pour alimenter des travaux
de recherche (préparation de projets, rédaction
d’articles, etc.).
3.5 Constituer des listes de références bibliographiques.
3.6 Identifier des problématiques de recherche. |
Tableau 1 : Un ensemble de cas d’utilisation
en téléapprentissage (TA)
Figure 1 : Un exemple de modèle d’un
cas d’utilisation : la conception d’un projet de
recherche
Les cas d’utilisation les plus fréquents ou jugés
les plus importants pourront faire l’objet d’un modèle
de processus mettant en évidence les acteurs, les principales
opérations qu’ils régissent, ainsi que les intrants
et les produits de ces opérations. La figure
1 présente un tel modèle graphique pour le cas
d’utilisation concernant la préparation de projets
sur le téléapprentissage par une équipe de
recherche (tableau 1, cas 3.4).
L’intérêt d’un modèle2
de processus est de faire apparaître, dans leur contexte d’utilisation,
les ressources requises (identifiées par des rectangles gris
dans la figure 1) pour les principales opérations (représentées
par des ovales) ainsi que celles produites par ces opérations
(rectangles noirs). Les ressources, intrants à une opération
ou produites par une opération, peuvent être repérées
et associées à l’opération par l’usager,
où elles pourront être intégrées à
la base de ressources par l’usager et réutilisées
par d’autres usagers par la suite. Un tel modèle facilite
également la définition et le choix des outils de
traitement de l’information ou de communication requis pour
soutenir les diverses opérations identifiées par le
modèle, par exemple un outil de production d’une bibliographie
commentée ou un outil de communication pour échanger
avec des experts répertoriés dans la base de connaissances.
Un modèle comme celui de la figure 1
est une instanciation d’une ontologie de tâche particulière
[GuarinoGiaretta95],
[ChandrasekaranAl98],
décrite dans [PaquetteRosca03]
sous le terme de "modèle de diffusion".
Tel qu’indiqué par les symboles graphiques utilisés
à la figure 1, cette ontologie de
tâche est définie par :
-
une hiérarchie d’opérations
décomposant la tâche principale en sous-tâches,
phases, étapes, etc., ces opérations étant
reliées, des plus complexes vers les plus simples, par
des relations de composition (C) ;
-
des ressources, intrants ou produites par ces
opérations, ou encore des ressources de support à
la réalisation de l’opération, reliées
à celles-ci par des relations intrant/produit (I/P) ;
-
des acteurs régissant ces opérations,
reliées à celles-ci par des relations de régulation
(R).
Tous les cas d’utilisation de la base de connaissances en
téléapprentissage seront représentés
par des modèles semblables construits sur la base de cette
ontologie de tâche. Le cas présenté dans la
figure 1 est un peu particulier car un seul acteur
(un chercheur) régit toutes les opérations, mais en
général, un cas d’utilisation mettra en jeu
plus d’un acteur.
Par la suite, la description des opérations, les ressources
de support aux opérations, et les documents, intrants ou
produits par les opérations, pourront être intégrés
dans des environnements de support à la tâche destinés
à chaque catégorie d’acteurs. Par exemple, un
environnement correspondant au processus illustré à
la figure 1, destiné aux chercheurs en téléapprentissage,
pourra regrouper les ressources (documents, outils, services) autour
des opérations à effectuer telles que la conception
de projets, l’utilisation et analyse des données expérimentales,
la revue de littérature, l’aide au référencement
des résultats de recherche, etc.
3. Ontologie du domaine
L’examen des cas d’utilisation, puis leur formalisation
à l’aide d’une ontologie de tâche sous
la forme de modèles graphiques, mettent en évidence
la nécessité d’une représentation structurée
du domaine, acceptée et partagée largement par l’ensemble
des utilisateurs de la base de connaissances et de la banque de
ressources. En d’autres termes, il s’agit, dans l’exemple
examiné ici, de définir une ontologie, un modèle
des connaissances en téléapprentissage.
En philosophie, on appelle "ontologie"
une théorie concernant les types d’objets qui existent
indépendamment de tout agent extérieur les connaissant.
L’ontologie, en tant que discipline philosophique, étudie
ces théories de l’existence.
L’intelligence artificielle a adopté le terme "ontologie"
en lui donnant le sens plus restreint de définition formelle
d’un système de représentation des connaissances
d’un domaine. La représentation des connaissances est
le thème central de ce domaine des sciences cognitives qu’est
l’intelligence artificielle, lequel se fixe un double but :
1) comprendre le fonctionnement de l’intelligence humaine
par la reproduction de certains de ses processus par des programmes
informatiques, et 2) prolonger ou soutenir l’intelligence
humaine en construisant des agents intelligents capables de réaliser
diverses tâches évoluées, ce qui nous intéresse
ici.
Selon Gruber [Gruber93],
"an ontology is an explicit specification
of a conceptualization". L’ontologie est un système
de termes primitifs utilisés dans la construction de systèmes
artificiels ou une "métabase de connaissance"
[Mizoguchi00].
En ce sens, l’ontologie est un type particulier de modèle
de connaissances [Paquette02]
permettant de construire une ou plusieurs bases de connaissances
du même type.
La majorité des auteurs s’entendent sur le fait qu’une
ontologie se compose :
-
d’une ou plusieurs taxonomies regroupant
des concepts du domaine ordonnés hiérarchiquement
en classes et sous-classes par un lien de spécialisation
(S);
-
de relations entre les concepts d’une même
taxonomie ou de taxonomies différentes;
-
d’axiomes ou de règles d’inférence
permettant de définir des propriétés de
ces relations.
Illustrons ces idées à l’aide d’un exemple
simple. On peut s’intéresser aux professions des personnes
en décrivant une taxonomie de professions représentée
par le modèle MOT de la figure
2.
Figure 2 : Un exemple d’une ontologie
simple
Sur ce modèle, la classe des personnes, regroupant des individus
tels que Paul, Jean ou Marie, est subdivisée en sous-classes
telles que "Employés de bureau", "Professionnels" ou "Ouvriers"
et celles-ci, en sous-classes plus spécialisées comme
"Avocats", "Informaticiens" ou "Médecins". Cette ontologie
contient également des relations de parenté
entre des personnes telles que "est frère de", "est père
ou mère de", "est oncle de" et "est ancêtre de". Ces
propriétés sont représentées sur le
modèle par des principes élémentaires (hexagones
gris dans la figure), appelés aussi "propriétés".
Si on assigne des individus précis à X et Y, ces principes
deviendront des assertions : "Jean
est frère de Marie" ou "Jean
est oncle de Paul".
On complète la définition de la base de connaissances
en ajoutant trois règles d’inférence ou axiomes
représentés dans le modèle par des principes
(hexagones noirs sur la figure) établissant des liens entre
les relations. Le premier axiome permet de définir la relation
"est oncle de" en fonction des relations "est frère de" et
"est père ou mère de". Les deux autres axiomes permettent
de définir la relation "est ancêtre de" en fonction
de la relation "est père ou mère de". Néanmoins,
la base de connaissances pourrait être complétée
par une règle affirmant que les mots "ancêtre"
et "ancestor" ont la même signification.
Les deux axiomes suivants définissent ces deux termes comme
équivalents : "Si X ancêtre
de Y, alors X ancestor de Y", "Si X ancestor
de Y, alors X ancêtre de Y". Ces deux axiomes permettraient
à un agent informatique de traiter des informations dans
les deux langues. On peut aussi utiliser des axiomes pour surmonter
des différences terminologiques dans deux sites traitant
du même sujet, mais qui utilisent des termes différents
ayant la même signification.
Les ontologies peuvent améliorer le fonctionnement du Web
de multiples façons, notamment pour accroître la précision
des recherches d’information. Le fondateur du Web et actuel
directeur du consortium W3, Tim Berners-Lee, propose avec ses collègues
[BernersLee01]
de doter l’Internet d’informations dont la signification
est interprétable par un programme informatique, celui-ci
pouvant faire des recherches d’information de façon
plus intelligente que maintenant. Le Web sémantique n’est
pas un autre réseau Internet mais une extension de celui-ci
contenant de plus en plus de pages pointant sur des descriptions
du sens des informations qui s’y trouvent, et donc interprétables
par un agent informatique de recherche3.
Compte tenu des millions, sinon des milliards, de pages actuellement
accessibles dans l’Internet, le passage au Web sémantique
est absolument essentiel. Il ne se fera pas du jour au lendemain,
mais il est déjà commencé. Il se réalisera
probablement domaine par domaine par les membres d’une communauté
de pratique intéressés par un même domaine et
qui procède à sa définition [BernersLee01].
C’est ce que nous voulons commencer à faire pour notre
domaine de recherche, le téléapprentissage. Même
dans un domaine spécialisé en émergence comme
celui-là, il existe des centaines de chercheurs qui participent
annuellement à des dizaines de colloques et qui ont déjà
produit des milliers de documents, d’outils et de ressources
sur le sujet.
La figure 3 présente une
première ontologie du domaine du téléapprentissage
qui devra être approfondie par la recherche et la collaboration
entre chercheurs sur le plan international. On y retrouve trois
taxonomies : celle des acteurs subdivisés en
apprenants et en facilitateurs de divers types, celle des opérations
telles que "construire des connaissances" et "produire des ressources",
et celle des objets d’apprentissage ou ressources,
subdivisés en ressources d’apprentissage ou de soutien
à l’apprentissage.
Figure 3 : Modèle principal d’une
ontologie du téléapprentissage
La figure 4 développe quelque
peu la taxonomie des opérations. Outre la relation de spécialisation
(S) entre classes et sous-classes, les modèles de
la figure 3 et de la figure 4, font apparaître les diverses relations
présentées à la figure 5, telles que la relation de régulation
(R) entre un acteur et une opération, les relations
intrant (I/P) entre une ressource et une opération
ou produit (I/P) entre une opération et une ressource.
La relation de composition simple (C) ou de composition multiple
(C*) entre un objet et ses composantes permet notamment de
définir un groupe de personnes et les acteurs qui le composent,
un groupe de ressources et ses composantes ou un groupe d’opérations
et ses composantes. D’autres relations pourront également
être définies entre les objets du modèle en
précisant les types d’objets impliqués et en
remplaçant ultérieurement le terme "est associé
à" par un terme plus précis qui devra alors être
défini4.
Figure 4 : Sous-modèle de l’ontologie
du téléapprentissage
Pour compléter l’ontologie, il nous reste à
définir des règles d’inférences ou axiomes
définissant certaines propriétés des relations.
Le tableau 2 en présente quelques exemples
avec une représentation graphique correspondante5.
Ces exemples mettent en évidence la réutilisation
des relations dérivées telles que "consulte
ou utilise" dans l’énoncé d’autres
axiomes.
Relation
"classe1 est sous-classe de classe2"
|
Relation
"acteur régit opération"
|
Relation
"ressource est intrant de opération"
|
Relation
"opération produit ressource"
|
Relation
"classe1 se compose de classe2"
|
Relation
"classe1 est associée à classe2"
|
Figure 5 : Convention de représentation
graphique des relations de l’ontologie
AXIOME |
REPRÉSENTATION GRAPHIQUE |
Si un acteur A régit une opération B et que
cette opération a pour intrant une ressource R, alors
A consulte ou utilise R. |
|
Si un acteur A régit une opération B et que
cette opération produit une ressource R, alors A produit
R. |
|
Si un acteur A se compose (est un groupe) d’acteurs
A et si A régit une opération B, alors B est une
opération de collaboration. |
|
Si un acteur A1 consulte ou utilise une ressource R produite
par un acteur A2 lors d’une opération O de type
assistance, alors A2 est un facilitateur. |
|
Tableau 2 : Quelques exemples d’axiomes
du domaine du téléapprentissage
4. Les ressources et leur gestion
Nous allons maintenant examiner comment une ontologie comme celle
qui vient d’être esquissée peut être utilisée
pour nous aider à repérer et à traiter des
ressources dans le cadre de cas d’utilisation concrets comme
celui présenté à la figure
1. Pour ce faire, nous compléterons d’abord l’ontologie
du téléapprentissage par une taxonomie des ressources,
puis nous discuterons de l’intégration des taxonomies,
des relations et des axiomes d’une ontologie dans des outils
informatisés de gestion des ressources.
Nous utilisons le terme "ressource" que nous trouvons plus
large que celui d’"objet d’apprentissage"
(learning objects). Beaucoup d’auteurs tels que Wiley
[Wiley02]
préfèrent limiter la notion d’objets d’apprentissage
à des ressources sous forme de fichiers numériques.
Dans la pratique toutefois, la plupart des projets de "learning
objects repositories" prennent en compte également les
outils, et parfois les moyens de communication ou les services offerts
par des acteurs à d’autres acteurs. Dans les systèmes
de téléapprentissage, on voudra également référencer
des documents imprimés, des documents audiovisuels sur support
analogique, et également des services de conseil, d’aide
technique ou autres qui sont également des composantes indispensables
au fonctionnement d’un environnement de téléapprentissage.
De plus, nous voulons pouvoir traiter non seulement les ressources
destinées aux apprenants, mais aussi celles dont les autres
acteurs (formateurs, présentateurs, gestionnaires, concepteurs,
etc.) auront besoin pour effectuer leurs tâches. On ne peut
qualifier ces ressources d’"objets d’apprentissage"
sauf dans le sens d’"objets pour soutenir
l’apprentissage".
Ces considérations nous ont conduit à la taxonomie6
des ressources présentée au tableau 3 sous la forme
d’une arborescence multicritères. Ce dernier terme
signifie qu’une classe de ressources peut être subdivisée
selon plus d’une hiérarchie classe/sous-classes. Par
exemple, les documents pourront être classifiés selon
le type de média, le type de support, le type de structure
d’information, donc selon plusieurs classes permettant de
les décrire et de les repérer.
Classes de ressources |
Classes de dernier niveau |
1. Document/matériel |
|
Par type de média |
|
Matériel multimédia
|
BD multimédia - Hypermédia, multimédia
hiérarchique - Multimédia linéaire |
Matériel unimédia
|
BD texte/image - Didacticiel linéaire - Didacticiel
hiérarchique - Hypertexte |
Matériel audiovisuel
|
Audio - Diaporama -Vidéo |
Matériel texte/image
|
Banque de données non informatisée
- Image - Texte linéaire |
Matériel physique
|
Maquette fixe - Maquette manipulable - Montages ou ensemble
á assembler |
Par type de support |
Analogique - Imprimé - Numérique |
Par type d'information |
|
Exposé
|
Ouvrage didactique - Discours/conférence -
Rapports - Thèses et mémoires - Tutoriel
|
Liste et tableaux
|
Banque de données - Bibliographie/ Webographie
- Dictionnaire - FAQ - Tableau synoptique - Typologie/taxonomie
|
Gabarit
|
Exercice - Formulaire - Grille d'analyse - Questionnaire
- Test
|
Représentation de situation
|
Documentaire - étude de cas - Jeux - Pièce de théâtre - Roman - Simulations
|
Représentation d'objets
|
Animation/film - Carte géographique - Dessin/peinture/sculpture - Diagramme -
Maquette/prototype - Modèle/schéma - Photo/image
|
Par fonction |
Organisationnel - Pédagogique - Promotionnel |
Par mode de composition |
Homogène - Hétérogène - Incluant outils |
2. Outil/application |
|
Par type d'usage |
|
Assistance navigation
|
Aide en ligne - Aide contextuelle - Conseiller - Navigateur
graphique - Système expert
|
Communication
|
Courriel - Fax - Forums
- Transfert de fichier (FTP) - Audio/ visioconférence
- Chat - Partage d'application - Téléphonie/IP
|
Autogestion
|
Autodiagnostic - Planification - Progression de groupe - Profil
de compétences - Bilan d'évaluation des
compétences - Calendrier - Profil personnel - Agenda
|
Gestion pédagogique
|
Assistance/animation - Progression de groupe - Évaluation
des travaux - Gestion des résultats
|
Gestion
|
Administration - Registrariat - Technologie
|
Conception/médiatisation
|
Modélisation - Ingénierie pédagogique - Éditeurs média
|
Recherche
|
Moteurs de recherche - Bibliographie - Bases de données
|
Par type de support |
Informatisé - Électrique - Mécanique - Optique |
3. Services fournis par des acteurs |
|
Encadrement pédagogique |
Conseil - Orientation - Évaluation |
Information - contenu |
Animation |
Organisation logistique |
Par profil de compétence |
Support technologique |
Registrariat, composition des groupes, Administration |
Communication |
Ordinateurs, logiciels, réseaux
ADSL - Modem téléphonique - Modem câble
- Émetteur radio-TV - Satellite - Sans fil terrestre |
Milieux de formation |
Classe - Bibliothèque - Médiathèque
- Musées - Forêt - Labo |
4. Cours/événements |
|
Par types d'activités |
Évaluation - Assistance - Autogestion - etc. |
Par modèle de diffusion |
Autoformation - Classe distribuée - Support á
la performance - Formation en ligne - Communauté de
pratique |
Par structure des événements |
Mono-niveau (Répertoire, ramifié, linéaire)
- Multiniveaux (hiéarchique, en réseau) |
Par type d'unité d'apprentissage |
Orientée évaluation - Orientée étude
de cas - Définie par des compétences - Axée
sur la performance - Orientée "problème"-Orientée
"processus"- Orientée "projet" |
Par types de modèles de fonction |
Scénario
pédagogique - Gestion des connaissances - Gestion des
compétences - Gestion des ressources - Évaluation
des apprentissages - Autogestion des apprentissages - Conception
du système d'apprentissage - Production et assemblage
des matériels - Gestion des dossiers des utilisateurs |
Tableau 3 : Une taxonomie de ressources
Une taxonomie aide à référencer ou à
repérer des ressources en spécifiant leurs propriétés
au moyen de ce que l’on appelle des métadonnées.
Une fiche de métadonnées est semblable aux fiches
de références d’une bibliothèque ou d’une
médiathèque; on y retrouve des champs tels l’auteur,
le contenu, la localisation dans la bibliothèque, les droits
d’accès, des références administratives
et techniques, ainsi que des relations avec d’autres ressources.
Dans le cas des ressources disponibles sur le Web, bien que l'Internet
nous ait fourni des standards comme HTTP, FTP et HTML qui facilitent
énormément la recherche d’information, il ne
fournit actuellement aucune façon fiable de faire des recherches
sur le Web, notamment selon des critères comme la date de
création des informations, leur taille ou d’autres
critères pertinents pour leur utilisation en éducation.
Les spécifications élaborées par des organismes
tels que IMS [IMS00]
et IEEE-LTSC [IEEE01]
visent à remédier à ces problèmes et
constituent un élément important pour construire un
Web sémantique et faciliter la réutilisation des ressources
au-delà des plateformes.
À titre d’exemple, dans un effort de simplification,
le protocole CANCORE [Friesen01]
inclut huit des neuf catégories principales de la norme IMS/IEEE-LOM.
La catégorie "Général" décrit les fonctions
indépendantes du contexte de la ressource : titre, langue,
taille et description du contenu. La catégorie "Cycle de
vie" décrit les circonstances du développement de
l'objet : ses promoteurs, ses développeurs et autres
participants, la date de sa création et le numéro
de version. La catégorie "Métamétadonnées"
décrit la fiche de métadonnées elle-même :
auteurs et valideurs de la fiche, langue de la fiche, date de création
ou de validation. Les catégories "Technique" et "Éducatif"
décrivent le format technique de la ressource, soit la taille,
l'emplacement et les conditions d’accès, ainsi que
son contexte éducatif tel que le niveau d’âge,
le niveau scolaire, le rôle et la langue des utilisateurs.
La catégorie "Droits" permet de spécifier si des conditions
monétaires ou autres sont rattachées à l’utilisation
de la ressource. La catégorie "Relations" permet d’établir
des liens entre les ressources, par exemple, telle ressource est
une version d’une autre ressource ou contient telle autre
ressource. Finalement, la catégorie "Classification" permet
à une organisation d’ajouter une ou plusieurs taxonomies
pour décrire par exemple le contenu de la ressource en fonction
de classifications comme Dewey, Eric, Library of Congress, ou de
classifications maison sur le type de ressource ou sur les habiletés
requises ou visées.
Dans le gestionnaire de ressources développées pour
le système EXPLOR@
[Paquette01b]
présenté à la figure 6,
nous avons retenu les spécifications CANCORE,
auxquelles nous nous proposons d’ajouter certaines taxonomies
présentées plus haut dans la partie "Classification".
La première fenêtre illustre l’intégration
de la taxonomie des ressources de téléapprentissage;
le choix d’une ou plusieurs catégories permettant de
décrire les ressources de téléapprentissage
selon qu’elles traitent de tel ou tel type de ressource. Soulignons
que la taxonomie des ressources peut jouer deux rôles. Dans
le premier, elle permet de caractériser une ressource sur
le téléapprentissage selon qu’il s’agit
d’un document, d’un outil, d’un service fourni
par des personnes ressources ou d’un cours ou événement
d’apprentissage. S’il s’agit d’un document
par exemple, on pourra spécifier le type de média,
de support, de structure d’information et de fonction à
l’aide des termes de la taxonomie des ressources. C’est
là l’un des critères de recherche possible dans
le référentiel des ressources.
Dans son deuxième rôle, plus intimement lié
aux cas d’utilisation d’une base de connaissances sur
le téléapprentissage, la taxonomie des ressources
sert à définir un aspect du contenu des ressources
de téléapprentissage : de quel type de connaissances
les ressources recherchées traitent-elles? En coordination
avec ce second rôle, on pourrait faire intervenir également
la taxonomie des opérations et des acteurs, ce qui permettrait
de spécifier plus précisément le contenu des
ressources de téléapprentissage que nous recherchons.
On pourrait par exemple lancer des recherches comme la suivante :
"trouver tous les documents, les outils et les experts compétents
qui traitent des jeux et des simulations (type de ressource) pour
des apprenants du secondaire (type d’acteur), dans des
activités de collaboration (type d’opération).
Figure 6 : Caractérisation d’une
ressource à l’aide de taxonomies dans le gestionnaire
de ressources Explor@2
Par ailleurs, les relations7
et les axiomes de l’ontologie permettraient d’augmenter
l’efficacité des agents de recherche. Par exemple,
une recherche de documents portant sur les opérations d’autogestion
permettra de repérer non seulement ceux qui spécifient
explicitement ce type d’opération, mais aussi ceux
qui traitent d’opérations particulières d’autogestion
comme la planification par les étudiants de leurs travaux.
La relation de spécialisation (S) définie dans l’ontologie
permet à l’agent informatique de retracer ces documents.
Par ailleurs, l’application d’une règle d’inférence
comme "Si un acteur A se compose d’acteurs
a et si A régit une opération B, alors B est une opération
de collaboration" permettra de repérer non
seulement les ressources qui traitent explicitement de la collaboration,
mais aussi celles traitant d’opérations régies
par un acteur composé (un groupe).
5. Environnement d’utilisation des
connaissances et des ressources
Le système
EXPLOR@-II [Paquette01b]
permet de créer des environnements flexibles et ouverts regroupant
des ressources à partir des cas d’utilisation et de
leurs modèles de tâche. Utilisons comme exemple le
cas d’un chercheur en téléapprentissage impliqué
dans trois des cas d’utilisation présentés au
tableau 1 dont celui de la conception d’un projet de recherche
présenté à la figure 1. Ce modèle permet de construire l’arborescence
suivante :
1- Conception dun projet
Définition du cadre théorique
- Faire une revue de littérature
- Références
- Liste dexperts du domaine
- Bibliographie commentée
- Produire un texte synthèse
- Élaborer une problématique
- Question de recherche
- Problématique
- Justifier le projet
- Définition de lapproche méthodologique
- Liste de ressources méthodologiques
- Inventaire des instruments retenus
- Établissement du calendrier
- Outil de planification
- Inventaire des tâches
- Établissement du budget
- Gabarit budgétaire
- Budget
|
2- Analyse de la banque de données expérimentales
|
3- Caractérisation des travaux de recherche |
Cette arborescence est une structure de tâche dans laquelle
les cas d’utilisation peuvent être ajoutés les
uns à la suite des autres. Le début de l’arborescence
portant sur la conception de projets de recherche est obtenu à
partir du modèle de la figure 1 sur la base des liens de composition entre
les opérations. Le dernier niveau (les feuilles) contient
le nom des ressources, intrants ou produites (en italique), dans
chaque opération parent (du niveau précédent).
EXPLOR@-II met à la disposition
des usagers divers outils permettant de construire de telles arborescences
et d’associer aux nœuds de l’arborescence des descriptions
et des conseils, ainsi que des ressources repérées
ou publiées à l’aide du gestionnaire de ressources.
La figure 7 présente certains
de ces outils. La première fenêtre est le tableau de
bord de l’acteur, grâce auquel un chercheur obtient
un accès à divers éditeurs dont l’éditeur
des activités, ouvert dans la deuxième fenêtre.
C’est cet outil qui permet d’éditer l’arborescence
et de décrire les différentes opérations et
les ressources d’un cas d’utilisation où intervient
l’acteur. La troisième fenêtre est un appel au
gestionnaire de ressources qui permet d’associer au nœud
sélectionné dans l’arborescence, une ressource
repérée et référencée par le
gestionnaire de ressource. Le repérage de la ressource peut
se faire à l’aide de moteurs de recherche sur le Web,
par navigation (browsing) sur le poste de travail et le réseau
local où se trouve l’utilisateur ou en utilisant le
module de recherche propre au gestionnaire de ressource. Ce dernier
utilise les métadonnées référençant
les ressources à l’aide de l’ontologie du téléapprentissage.
Voici une démarche typique d’un utilisateur de cet
environnement :
-
L’utilisateur sélectionne l’opération
"faire une revue de la littérature"; il peut consulter
les notes, les conseils ou les ressources définissant
cette opération.
-
Il se positionne ensuite un niveau plus bas dans
l’arbre des tâches et lance une recherche pour obtenir
une liste de références et de personnes ressources
qu’il consulte à l’aide des outils de communication
intégrés dans le menu "Collaboration".
-
À l’aide d’un éditeur
intégré dans le menu "Site Web" de son environnement,
il construit une bibliographie commentée.
-
Il décide de publier cette bibliographie
à l’intention des membres de son équipe
de recherche en utilisant le gestionnaire de ressources intégré
au menu "Conception" de son environnement; il référence
la nouvelle ressource à l’aide des métadonnées
appropriées et la publie tout en créant une annotation
qui amorcera les échanges avec d’autres utilisateurs
de cette ressource.
-
Il passe à l’opération suivante
"Produire un texte synthèse".
Figure 7 : L’environnement Web d’un
utilisateur de la base de connaissances et de ressources
6. Construction d’une base de connaissances
et de ressources (BCR)
Nous allons maintenant généraliser
cette démarche de façon à ce qu’elle
puisse s’appliquer à d’autres domaines que le
téléapprentissage. La figure 8 présente une démarche générale,
situant la démarche particulière que nous avons suivie
dans les sections précédentes comme une instanciation
de ce métaprocessus.
Le développement d’une BCR est réalisé
par une équipe de concepteurs et d’experts dans le
domaine d’application, en interaction avec un groupe d’utilisateurs.
L’équipe de concepteurs construit une banque de cas
d’utilisation en consultant des experts et de futurs utilisateurs
du domaine. Elle développe une ontologie de la tâche
et une ontologie du domaine et participe à la spécification
des outils de gestion des ressources et de traitement des informations.
Figure 8 : Le métaprocessus de construction
d’une base de connaissances et de ressources (BCR)
Les utilisateurs emploient ces outils, notamment le gestionnaire
de ressources pour consulter, utiliser et annoter des ressources.
Ils produisent également des métadonnées de
référencement de nouvelles ressources qui sont intégrées
au référentiel. À leur tour, ces nouvelles
métadonnées de référencement et les
dialogues d’annotation au sujet des métadonnées
existantes alimentent l’équipe de concepteurs, leur
permettant d’étendre l’ontologie, d’ajouter
ou de préciser des cas d’utilisation et d’établir
les spécifications de nouveaux outils de traitement.
Le modèle de la figure 9
précise ce processus en identifiant deux nouveaux acteurs
qui collaborent avec l’équipe de concepteurs. Un modélisateur
construit un modèle de tâche des cas les plus intéressants
de la banque de cas. Ces modèles seront ensuite examinés
par un analyste informatique pour établir les spécifications
des outils de recherche et de traitement de l’information.
En collaboration avec le modélisateur, l’informaticien
définira des interfaces de présentation des listes
de ressources et des modes d’intégration de l’ontologie
dans des agents informatiques de recherche.
Figure 9 : Le métaprocessus de construction
d’une base de connaissances et de ressources (suite)
Construire une ontologie revient à construire une théorie
d’un domaine de connaissances. L’ontologie étant
une forme particulière de modèle des connaissances,
on peut appliquer des techniques générales de construction
de modèles [Paquette02]
qui débutent par l’identification du but du modèle
ou de l’ontologie à partir des cas d’utilisation.
Sur cette base, on peut particulariser les cinq processus de base8
de la modélisation comme suit.
-
Identifier les composantes de l’ontologie :
concepts, relations, axiomes devant figurer dans l’ontologie
initiale.
-
Prioriser les connaissances de l’ontologie
initiale et leur associer des sous-modèles.
-
Développer par des sous-modèles
l’ontologie par niveaux, notamment les taxonomies de base
regroupant les principaux concepts, ainsi que les relations
et les axiomes
-
Co-référencer les connaissances
s’il y plusieurs domaines ou types de concepts qui doivent
être associés.9
-
Valider et documenter l’ontologie, puis
assurer son évolution et sa maintenance.
7. Conclusion
Le processus itératif que nous avons décrit permet
de spécifier les ressources nécessaires aux acteurs
dans leurs rôles de traitement des connaissances. Inversement,
l’utilisation de ces ressources dans le traitement du domaine
permet de faire évoluer le modèle du domaine et les
modèles des fonctions d’utilisation. Ces modèles
permettent à leur tour d’identifier de nouvelles ressources,
amorçant ainsi un nouveau cycle.
Cette métaméthode de recherche et de développement,
de représentation et de transfert des connaissances, a été
appliquée et validée à plusieurs reprises au
cours des huit dernières années, notamment en ingénierie
pédagogique (la méthode MISA), pour la modélisation
d’une école informatisée clés en main
[Basque99]
et pour la définition d’un gestionnaire de ressources
[Paquette03].
Toutefois, l’intégration d’une ontologie d’un
domaine dans un gestionnaire de ressources reste une question largement
inexplorée. Elle nous apparaît centrale pour la construction
d’environnements d’apprentissage, de recherche ou de
travail collaboratif ayant un sens pour leurs usagers, et plus généralement
pour l’implantation d’une culture de gestion des connaissances
dans les organisations.
Les aspects sociologiques du métaprocessus de construction/utilisation
d’une base de connaissances et de ressources devront également
faire l’objet de recherches intensives pour lever les barrières
à l’implantation des environnements de téléapprentissage
et le support aux communautés de pratiques [Wenger98],
moyens essentiels favorisant la gestion des connaissances dans les
organisations.
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier Valorisation-Recherche
Québec (VRQ) pour son soutien
financier.
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to Instructional design theory: a definition, a methaphor, and a
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Technology/Association for Educational Communications of Technology.
À propos des auteurs
Directeur
du Centre interuniversitaire de recherche sur le téléapprentissage
(CIRTA) et chercheur au Centre de recherche LICEF (Laboratoire en
informatique cognitive et environnements de formation) de la Télé-université
qu'il a fondé en 1992, Gilbert PAQUETTE est titulaire
de la Chaire de recherche du Canada en ingénierie cognitive
du téléapprentissage. À l'origine de plusieurs
projets de recherche-développement stratégiques dans
les domaines de la gestion des connaissances, de l'ingénierie
pédagogique et de la formation à distance, il a publié
trois livres et plusieurs articles scientifiques dans ces domaines.
Jacqueline
BOURDEAU, Ph.D. en technologie éducationnelle, professeure
à Télé-université et à l'Université
du Québec à Chicoutimi, s'intéresse aux applications
de l'intelligence artificielle en éducation, parmi lesquelles
l'ingénierie ontologique. Elle a exploré la représentation
des connaissances théoriques dans un système-auteur
intelligent et cherche à relier cette représentation
avec des fonctionnalités d'un environnement interactif de
formation. Elle est actuellement directrice du Centre de recherche
LICEF de la Télé-université.
France
HENRI détient un Ph.D. en technologie de l’éducation.
Elle est professeure à la Télé-université
où elle a conçu et dirigé plusieurs cours à
distance se rapportant aux usages des technologies de l’information
et de la communication. Elle est membre fondateur du Centre de recherche
LICEF et, comme chercheure, elle concentre ses travaux sur l’apprentissage
collaboratif et sur l’ingénierie des environnements
d’apprentissage en mode virtuel.
Josianne
BASQUE détient un doctorat en psychologie. Elle est professeure
à la Télé-université en technologies
appliquées à l'éducation. Elle est également
chercheure au Centre de recherche LICEF ainsi quau Centre
interuniversitaire de recherche sur le téléapprentissage
(CIRTA). Dans ses recherches, elle s'intéresse à l'ingénierie
pédagogique, à la co-construction de connaissance
et dhabiletés métacognitives à l'aide
des TIC, à lusage des cartes de connaissances à
des fins dapprentissage ainsi quà la recherche
et au traitement de linformation dans des environnements dapprentissage
informatisés. Michel LEONARD détient une maîtrise
en éducation de l'université de Montréal. Depuis
1995, il travaille comme professionnel de recherche au centre de
recherche LICEF. Il a contribué au développement et
à la validation des méthodes TéléFormation
MultiMédia (TFMM) et Méthode d’Ingénierie
des Systèmes d’Apprentissage (MISA), et des systèmes
d'ingénierie pédagogique tels que l’Atelier
de Génie Didactique (AGD), le logiciel de Modélisation
par Objets Typés (MOT) et, finalement, l’Atelier Distribué
d’Ingénierie d’un Système d’Apprentissage
(ADISA).
Marcelo
MAINA détient une maîtrise en sciences de la communication
de l’Université de Montréal. Il travaille comme
assistant de recherche au LICEF pour le projet de création
d’une base de connaissances en téléapprentissage
et pour un projet visant le développement d’outils
de soutien à la conception collaborative. Il est chargé
de projet à la Faculté de l’éducation
permanente de l’Université de Montréal pour
l’utilisation des nouvelles technologies dans l’enseignement.
Adresse : 4750, avenue Henri-Julien,
Montréal (Québec), Canada H2T 3E4
Courriel : licef@licef.teluq.uquebec.ca
Toile : www.cirta.org
Courriel : www.licef.teluq.uquebec.ca
[1] La notion de
cas d’utilisation utilisée ici, proposée initialement
par Ivar Jacobson, est intégrée dans le UML, l’Unified
Modeling Language, méthode de modélisation utilisée
en génie logiciel [Boosch99].
[2] La méthode
de représentation des connaissances MOT (modélisation
par objets typés) utilisée dans cet article est décrite
dans [Paquette02].
[3] Le langage XML permet
de créer une description structurée du contenu d’une
page Web, laquelle peut ensuite être interprétée
par des scripts ou des programmes informatiques. La signification
de ce contenu peut être spécifiée par un protocole
de description de ressources appelé RDF (Ressource
Description Framework). Celui-ci représente les connaissances
sous la forme de triplets, lesquels peuvent être rédigés
en langage XML. Un triplet met en relation un sujet, une relation
et un complément, ce qui permet de faire des assertions élémentaires
à propos de personnes, de pages Web ou de tout autre type
d’objet. Par exemple, dans un ensemble de page Web à
propos des relations de parenté entre des personnes, le RDF
permettra de représenter des assertions impliquant ces personnes
et des relations telles que "est frère de" ou "est père
ou mère de". Ainsi, à partir des assertions "Jean
est frère de Nathalie" et "Nathalie
est mère de Nicole", et de la règle de définition
"Si X est frère de Y et Y est mère
de Z, alors X est oncle de Z", un agent informatique de recherche
pourra déduire que "Jean est oncle de
Nicole" sans que cela ne soit écrit explicitement
comme information sur une page Web. On peut alors parler d’agents
intelligents, puisque ceux-ci peuvent déduire des informations
qui ne sont pas explicitement énoncées.
[4] Les relations S,
R, I/P C et C* utilisées ici ont une sémantique précise
définie dans le cadre du système de représentation
MOT. Voir à cet effet [Paquette02]
[5] Voir aussi [PaquetteTchounikine02]
pour une discussion d’autres règles d’inférences
liées aux relations du système de représentation
MOT.
[6] Cette taxonomie regroupe
plusieurs typologies intégrées dans la méthode
d’ingénierie des systèmes d’apprentissage
(MISA 4.0) [Paquette01a].
Elle est simplifiée pour les besoins de cet article.
[7] La seconde fenêtre
de la figure 6 illustre ce fait
en montrant qu’il est possible d’intégrer des
relations à un gestionnaire de ressources. Cependant les
relations sont définies entre les ressources, et non entre
les connaissances traitées dans la ressource. La figure illustre
tout de même une façon d’intégrer les
taxonomies et les relations d’une ontologie pour des recherches
dans un Web sémantique.
[8] On retrouve une démarche
analogue en cinq phases dans [Staab01].
[9] Par exemple, Jin
et al. [Jin99]
proposent de créer un système auteur de matériel
éducatif fondé sur deux ontologies, l’une décrivant
la tâche d’apprentissage par des concepts représentant
les rôles, et l’autre décrivant les concepts
représentant le domaine d’application. C’est
également l’approche utilisée par EXPLOR@-II,
laquelle est basée sur la méthode d’ingénierie
pédagogique MISA [Paquette99].
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