Modélisation d’une Interaction Didactique
Distante Individuelle Synchrone (ID2IS)
Nathalie
MASSEUX PAEDI,
IUFM d'Auvergne
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RÉSUMÉ : Notre
objectif est de saisir la complexité "temps réel"
d’une interaction didactique médiée par
ordinateur. Les expérimentations, instrumentées
par un dispositif de visiocommunication et de partage d’environnement
de travail, nous ont conduit à préciser les
influences concomitantes des déterminants technologiques
et humains sur une interaction caractérisée
par deux processus : enseigner et apprendre. La spécificité
de notre démarche consiste à mettre en synergie
cette approche (inhérente aux champs IHM & CSCW),
avec l’approche systémique du didacticien. Cela
nous permet de modéliser graduellement l’interface
du dispositif, l’environnement de chacun des acteurs
et l’univers partagé par les acteurs aux différentes
phases de l’interaction. Cette modélisation,
formalisée au moyen du logiciel MOT, est appliquée
à l’interprétation d’une interaction
en géométrie supportée par Cabrigéomètre.
MOTS
CLÉS : visiocommunication, interaction didactique synchrone,
transposition informatique, micromonde, géométrie,
milieu didactique, environnement partagé, modalité,
Interaction Didactique Assisté par Ordinateur.
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ABSTRACT : Our
goal is to grasp the “real time” complexity of
a didactical interaction supported by computer. The experiments,
instrumented by a device of video-communication and shared
environment of work, led us to specify the concomitant influences
of technological and human determinants on an interaction
characterized by two processes : teaching and learning.
The specificity of our approach consists in putting in synergy
this reasoning (inherent in the fields HCI & CSCW), with
the systemic reasoning of the didactician. That enables us
to gradually modelize the device’s interface, each actor’s
environment and the universe shared by the actors at different
steps of the interaction. This modelization, formalized using
the MOT software, is applied to the interpretation of an interaction
in geometry supported by Cabri-geometry.
KEYWORDS :
visio-communication, synchronous didactical interaction, computering
transposition, micro-world, geometry, didactical milieu, shared
environment, modality, Computer Assisted Didactic Interaction.
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1. Introduction
Nous définissons le champ de l'interaction didactique assistée
par Ordinateur (ID2IS) comme champ
d'étude des interactions entre les trois pôles du système
didactique [Brousseau86]
à savoir : deux humains distants, l'un apprenant, l'autre
enseignant et un dispositif informatique.
Le travail présenté dans cet article relève
du champ de l'interaction didactique assistée par ordinateur
et a pour objet d'étude l'interaction didactique distante
individuelle synchrone (ID2IS). Notre
travail a pour but d'identifier les spécificités de
l'ID2IS.
Pour amorcer l'étude de l'ID2IS,
nous procédons à son investigation croisée.
Cette investigation cible une question initiale : la médiation
de l'interaction didactique par un dispositif informatique l'influence-t-elle
? Si oui, comment ? Répondre à cette question sans
réduire sa complexité propre exige son investigation
mutuelle par le didacticien et l'informaticien. Sans quoi, l'informaticien
serait tenté de l'investir sous l'angle interaction humain
machine (IHM) centré sur le
dispositif informatique comme médiateur d'une interaction
entre humains, réduisant l'interaction didactique à
une communication quelconque et neutralisant, de fait, sa singularité
didactique. Quant au didacticien, il serait tenté de l'explorer
sous l'angle de l'interaction didactique centrée sur les
acteurs humains avec leurs conceptions relatives aux connaissances
en jeu dans l'interaction minimisant l'influence du potentiel d'interaction
du dispositif informatique.
Comme préalable à la mise en œuvre de notre
stratégie de modélisation, nous explicitons dans une
première partie, les fondements théoriques et la méthodologie
de notre modélisation de ID2IS.
Nous présentons successivement les outils théoriques
qui cadrent notre démarche de modélisation. Nous avons
mobilisé ces outils conjointement pour la faire aboutir.
Un premier cadrage didactique est instrumenté par le concept
d'interaction didactique au sens de la théorie des situations
puis par le concept de transposition informatique. Un deuxième
cadrage motive le choix méthodologique d'utilisation de l'éditeur
MOT pour formaliser graphiquement notre modèle conceptuel
et fonctionnel de l'ID2IS. Il résume
son formalisme pour faciliter la lecture des modèles présentés
ultérieurement. Un troisième cadrage est fourni par
un travail antérieur de définition et de modélisation
du caractère multiforme d'une interface homme/machine inscrit
dans le champ du travail collaboratif entre pairs.
En deuxième partie de l'article, nous présentons
notre modélisation des pratiques expérimentales de
l'ID2IS observées. L'organisation
séquentielle de ces pratiques est précisée.
Un premier niveau d'analyse des pratiques de diagnostic coopératif
est conduit. Une modélisation de l'environnement d'un acteur
(enseignant ou apprenant) s'appuie sur cette analyse. Nous explicitons
deux étapes de la modélisation. Une première
étape est consécutive à la prise en compte
du processus d'activation de faits passés de l'ID2IS.
Une deuxième étape est induite par l'asymétrie
de perception et d'inférence qui distingue l'enseignant de
l'apprenant.
En troisième partie de l'article, nous étendons notre
investigation à la modélisation de l'univers partagé
dans l'ID2IS. Nous introduisons un modèle générique
de l'ID2IS, centré sur l'univers artificiel en
tant qu'outil d'aide à la détermination de l'univers
partagé par l'enseignant et l'apprenant. Nous précisons
les notations utilisées pour modéliser cet univers
partagé. Nous exposons ensuite une modélisation de
la phase de diagnostic coopératif de l'ID2IS en
quatre étapes. Nous en déduisons les propriétés
de la phase de diagnostic. Nous résumons l'application de
cette investigation à la phase d'interaction collaborative
de l'ID2IS qui suit celle de diagnostic. Pour ce faire,
nous livrons un extrait de protocole de cette phase d'interaction
en l'accompagnant de ses propriétés.
Enfin, nous concluons en situant l'apport de notre travail de modélisation
l'ID2IS relativement aux objectifs de recherche visés
par le département STIC2
du CNRS et à la tendance actuelle
des travaux exposés aux colloques Environnements Interactifs
d’Apprentissage avec Ordinateur (EIAO),
Artificial Intelligence and Education (AIED),
Computer Supported Collaborative Learning (CSCL),
Interaction Homme Machine (IHM) et
World Conference on Computers in Education (WCCE).
C'est une occasion d'argumenter la finalité des STIC
concrétisée dans notre travail. Nous évoquons
également le prolongement de ce travail en explicitant ses
perspectives.
2. Fondements théoriques et méthodologie
de notre modélisation de ID2IS.
Avant d'entamer notre modélisation,
il convient d'expliciter notre problématique et d'en situer
les ancrages théoriques des champs IHM et didactique que
nous allons mobiliser dans ce travail.
Compte tenu de la multiplicité des travaux axés,
plus ou moins directement, sur l'enseignement à distance,
notre intention est de souligner ici ceux qui explicitent les éléments
théoriques se rapportant à notre problématique.
Une synthèse des études expérimentales sur
l’enseignement à distance [DessusLemaire97]
montre que les recherches en EAD se
sont focalisées sur la mise en œuvre expérimentale
de la technologie et explicitent rarement leur approche théorique.
Cette tendance ne facilite pas l’articulation de notre travail
avec les études mentionnées dans cette synthèse.
Comment investir notre objet d'étude sans en dénaturer
la complexité singulière qui motive notre travail
? Nous avons introduit son investigation par une première
question : la médiation de l'interaction didactique par un
dispositif informatique l'influence-t-elle ? Si oui, comment ?
Poser cette question est une manière de privilégier
un angle d'approche particulier de cet objet parmi d'autres. Il
s'agit d'une investigation centrée sur l'objet interaction
didactique défini et largement exploré
par les didacticiens.
Une hypothèse est sous-jacente à cette investigation
didactique : celle de l'influence du dispositif informatique sur
cet objet initial. Cette hypothèse s'appuie, en partie, sur
des travaux antérieurs de didactique axés sur un concept
didactique connexe : la transposition informatique [Balacheff91],
concept résumé dans le paragraphe 3.3. Nous lions
ce processus de transposition à une des conceptions de l'interface
à savoir : l'interface en tant qu'espace interactif
et sémiotique hétérogène [PochonGrossen97].
Nous explorons la singularité sémiotique de l’interface
d’un micromonde dans le prolongement d’autres travaux
tels que [HoylesNoss92]
en l’intégrant dans une interface dédiée
à l’interaction distante. Nous avons antérieurement
nourri cette approche d'une étude des propriétés
modales de l'interface d'un environnement support d'une régulation
distante de l'interaction didactique par l'enseignant [Masseux00].
Conjointement à cette conception de l'interface, nous abordons
la complexité d'interaction homme/machine pour l'éducation
en terme d'asymétrie d'interaction homme/machine pour l'apprenant
et l'enseignant engagés dans une interaction didactique distante.
Celle complexité a récemment été pointée
en terme de distinction d'espaces cognitifs entre utilisateur notamment
entre un concepteur expert et un utilisateur novice [Linard01].
Notre investigation nous a conduit à considérer cette
asymétrie discriminante entre un enseignant, expert du savoir
à enseigner et régulateur averti de l'interaction
didactique et un apprenant, apprenti constructeur des objets de
connaissances manipulables à l'interface d'un micromonde.
Pour situer cette complexité dans le contexte d'une interaction
distante entre un apprenant et un enseignant, nous avons exploré
des investigations en IHM et en Computer-Supported
Cooperative Work (CSCW). Une investigation
visant à modéliser les environnements utilisateurs
d'espace de travail partagé [Caelen96]
dans un contexte de travail coopératif a retenu notre attention.
Nous interrogeons l’extension de son domaine de validité,
à savoir la communication entre pairs, à l'interaction
entre personnes douées d'aptitudes cognitives distinctes.
Pour y répondre, nous avons d'une part approfondi notre hypothèse
d'asymétrie d'interaction homme/machine à partir de
nos travaux précédents sur l'enseignement à
distance synchrone [Masseux00].
D'autre part, nous avons confronté cette investigation à
d'autres travaux axés sur les capacités de perception
et d'inférence d'informations partagées en temps réel
et potentiellement mutualisables [ZouinarSalembier00],
[HeathLuff91]
pour le pilotage de tâches distribuées. La contrainte
du temps réel de l'interaction didactique synchrone revêt
de nombreuses similitudes avec les situations d'interaction coopérative
synchrone finalisées par la prise de décision en temps
réel appliquée, entre autres domaines, au contrôle
aérien. Ce rapprochement nous invite à considérer
les tâches utilisateurs de pilotage en temps réel,
mises en œuvre dans une interaction didactique, tant par l'enseignant
(régulation de l'interaction apprenant/milieu didactique
informatisée) que par l'apprenant (action sur les modalités
visuelles support des connaissances à l'interface du milieu
didactique informatisé).
Cette complexité du temps réel d'interaction homme/machine
dans le domaine de l'enseignement à distance est une des
conséquences du caractère dynamique des processus
d'apprentissage et d'enseignement. Si cette complexité est
omise dans les travaux se prévalant de l'enseignant à
distance distinguant approximativement, voir omettant, ces processus
en jeu dans les phases d'interaction asynchrone et synchrone, nous
sommes pour notre part, de par la nature de notre objet d'étude,
motivée par l'étude approfondie de cette complexité.
3. Modélisation de l'interaction
didactique distante individuelle synchrone (ID2IS)
Notre démarche de modélisation a pour but de répondre
à la question suivante : les propriétés
du modèle IHM de l'environnement s'articulent-elles aux faits
saillants des observations révélés par l'analyse
didactique des interactions observées ? Pour y répondre,
nous partons de l'hypothèse que s'il existe des corrélations
entre ces modèles, elles nous renseignent sur l'impact du
dispositif informatique influant le processus d'interaction didactique.
3.1. L'ID2IS cadrée par la théorie des situations
La stratégie de modélisation de l'ID2IS
que nous avons conduite a pour fondement la modélisation
de l'interaction didactique cadrée par la théorie
des situations [Brousseau86].
La didactique a pour objet, l'étude des conditions et des
processus d'apprentissage dans un système de contraintes,
le système didactique. Le système didactique est un
système dont les trois pôles (enseignant, élève,
milieu) interagissent. Un milieu, au sens de la théorie des
situations, est porteur de connaissances visées par l'apprentissage.
L'interaction didactique se joue entre les trois pôles du
système pour être productrice de nouvelles connaissances.
Figure 1: Interaction didactique distance individuelle
synchrone
Cette dynamique d'interaction est soumise à au moins deux
contraintes. Une contrainte temporelle : l'apprentissage doit
s'accomplir dans une durée déterminée. Une
contrainte épistémologique : la connaissance,
ou la compétence, acquise doit être conforme à
une référence institutionnelle (connaissance de référence).
Dans ce système, l'enseignant interagit avec l'élève
et le milieu didactique avec l'intention de provoquer et de contrôler
l'apprentissage, c'est-à-dire de le réguler. Ainsi,
pouvons-nous considérer la formalisation du didacticien comme
systémique et interactionniste. En se sens, elle rejoint
l'approche interactionniste des théories sociocognitives
de l'action mais sans illusion de transparence du support informatique
de l'action.
L'interaction didactique, médiée par notre dispositif
est schématisée selon la figure 1.
Les pratiques d'ID2IS observées illustrent le
rôle de régulateur de l'interaction élève/dispositif
tenu par l'enseignant pour contrôler l'activité d'apprentissage
de l'élève. Cette régulation s'effectue soit
directement auprès de l'élève via l'interface
de communication audio/vidéo, soit par modification de l'interface
des applications partagées (micromonde et site web).
L'implication du dispositif informatique dans l'ID2IS
consiste en deux rôles : un rôle de médiateur
de la communication entre humains et un rôle de composante
informatisée de milieu didactique. La contrainte de distance
entre les acteurs est une variable géographique que nous
situons dans un cadre théorique didactique. Ce qui importe
pour le didacticien, ce n'est pas la distance en soi mais l'instrumentation
informatique de cette distance relativement à son objet d'étude.
Nous posons en hypothèse que cette variable aurait le même
impact sur l'interaction didactique entre un élève
et un enseignant situés dans deux pièces distinctes
voisines. Ceci est une hypothèse acceptable à condition
que le contexte humain, matériel et temporel de l'interaction
didactique soit identique par ailleurs, c'est-à-dire en dehors
des moments d'interaction didactique contraints par la distance.
3.2. Interface de l'ID2IS
Pour intégrer les rôles de médiateur de communication
et de composante de milieu didactique informatisé, l'interface
du dispositif est constituée de trois applications, l'une
interfacant la médiation audio/vidéo de la communication,
une deuxième interfacant le micro-monde (lieu de résolution
de la situation problème dans laquelle l'apprenant est engagé),
la troisième interfacant l'énoncé de la situation
problème en cours de résolution.
Nous avons choisi d’abord de procéder à une
modélisation IHM modulaire de ces trois interfaces, puis
de les réunir dans un modèle intégrateur. Cette
modélisation a pour but d'articuler les propriétés
du modèle IHM de l'environnement aux faits saillants des
observations révélés par l'analyse didactique
de l'interaction faisant l'hypothèse que le dispositif informatique
influe le processus d'interaction didactique et réciproquement.
Figure 2 :Image écran de l'interface
de l'ID2IS
3.3. Réactivité de l'interface de l'ID2IS sur le
processus d'interaction didactique
Pour préciser ce qu'un didacticien entend par non transparence
de l'interface du dispositif informatique sur l'ID2IS,
revenons au processus de transposition informatique [Balacheff91],
concept apparu avec la genèse de la didactique computationnelle
[Vergnaud92].
Ce concept formalise le processus de transformation du savoir, du
fait de son implémentation informatique et de l'impact de
cette transformation sur l'apprentissage de l'élève.
Le codage informatique d'un savoir à enseigner dans un environnement
de type EIAO conditionne le sens de
la connaissance que va construire l'élève. Ainsi,
notre investigation situe le processus de transposition informatique
dans un nouveau champ d'application, celui de l'interaction didactique
distante médiée par un dispositif informatique. Pour
formaliser cette intention de transformation de connaissance dans
notre investigation IHM, nous avons choisi d'utiliser le logiciel
de modélisation par objets typés (MOT) [Paquette96]
de représentation graphique de modélisation de connaissances
évolutives. Nous en résumons le formalisme dans le
paragraphe suivant pour faciliter la lecture des formalisations
graphiques qui composent notre modélisation IHM.
3.3.1. Outil de formalisation du modèle de l'interface
H/M (logiciel MOT)
L’éditeur MOT a été conçu
et développé au Centre de recherche LICEF
(Laboratoire d’informatique cognitive et environnements de
formation), il est utilisé notamment en ingénierie
de systèmes d’apprentissage. Il est fondé sur
des travaux en sciences cognitives qui visent à intégrer
les points de vue conceptuel et fonctionnel des connaissances. Cet
éditeur nous est apparu pertinent pour modéliser une
interface Homme/Machine dans une perspective Computer-Supported
Collaborative Learning (CSCL).
L'éditeur MOT regroupe un certain nombre d’icônes
graphiques représentant, d'une part, les différents
types de connaissances (concrètes : les faits, abstraites :
les concepts, les procédures et les principes) et d'autre
part, les divers types de liens (composition, régulation,
spécialisation, précédence, intrant/produit,
instanciation) entre types de connaissances.
Tableau 1 : Formalismes MOT de types de connaissances
Tableau 2. Formalismes MOT de types de liens
entre types de connaissances
3.3.2. Formalisation IHM du processus de transposition informatique
La transposition informatique, est ici modélisée
avec l'éditeur MOT comme un processus de transformation
de la connaissance à enseigner, en connaissance implémentée
sous contrainte des formalismes interne (codage) et externe (représentation
graphique) du langage de programmation. Celle-ci est composée
de modalités d'interaction via lesquelles l'utilisateur va
pouvoir interagir à l'interface écran du logiciel.
Ces modalités sont, soit de type actionnel (exemple :
sélection, déplacement, rotation...), soit de type
visuel. Ce dernier étant au minimum doté d'une représentation
graphique statique et au mieux doué d'un comportement dynamique
porteur du sens de la connaissance manipulée à l'interface
du dispositif.
Figure 3 : Modélisation MOT de
la transposition informatique
3.4. Modèle IHM de l'univers d'un utilisateur de dispositif
informatique
Si le concept de transposition informatique souligne l'influence
des contraintes de codage informatique des connaissances sur la
transformation de leur sens, il ne permet pas de questionner avec
complétude l'interdépendance des connaissances et
de leur support matériel de formalisation. En didactique
des disciplines, l'étude de l'influence de la représentation
externe a été amorcée [LabordeCapponi94],
elle n'a pas produit, à notre connaissance, d'outils conceptuels
spécifiques de la didactique qui nous permettent de préciser
cette interdépendance. C'est l'approche IHM de modélisation
de l'univers d'un utilisateur qui nous permet d'approfondir l'hypothèse
de réactivité de l'interface d'un dispositif informatique
avec un utilisateur.
Nous l'avons investi par un travail antérieur de définition
et de caractérisation des interfaces IHM [Caelen96].
Pour modéliser le caractère multiforme d'une interface
H/M, J.Caelen s'appuie sur les éléments suivants :
l'usager, les univers de l'usager et son environnement (ensemble
d'univers). Parmi les univers d'usager, il définit l'univers
artificiel, l'univers réel proche et l'univers réel
lointain. Cette modélisation oppose les qualificatifs artificiel
et réel des univers utilisateurs. Artificiel qualifie ce
qui est produit par une technique et non par la nature, et réel
ce qui existe réellement. L'univers artificiel Ua est
représentés dans la machine. L'univers réel
proche Urp est l'ensemble des objets du monde réel
de l'utilisateur. L'univers lointain proche Ulp est l'ensemble
l'ensemble des objets partagés de l'espace de travail et
des objets du monde réel éloignés de l'utilisateur
et rendus perceptibles ou artificiellement perceptibles par la machine.
Sa définition de l'environnement utilisateur tient en cette
égalité : EH = Ua + Url
+ Urp.
4. Modélisation des pratiques expérimentales
d'ID2IS observées
Avant l'établissement d'une communication entre l'élève
et l'enseignant, les deux acteurs travaillent de manière
autonome sur leur machine. Quand un élève sollicite
un enseignant à distance, l'ID2IS s'initialise
avec l'activation de canaux d'audio et visiocommunication. Elle
se stabilise en quelques secondes avec l'activation de la fonctionnalité
de partage d'applications sur les exécutables de la machine
élève. Dans cette configuration initiale de la communication
H/M/H, l'élève montre son travail à l'enseignant
tout en interagissant avec les applications installées sur
sa machine via sa souris et son clavier. Du côté enseignant,
les médias capteurs, souris et clavier, changent d'état.
Le clavier est inhibé et un clique de souris de l'enseignant
dans une des fenêtres d'applications partagées lui
permet de prendre le contrôle de l'interaction sur le poste
élève. Pour ces deux configurations de la communication
H/M/H, les modes de communication bidirectionnels (simultanéité
temporelle) sont l'audio et la visiocommunication.
4.1. Organisation séquentielle des pratiques de l'ID2IS
Le contexte institutionnel et social d'usage du dispositif d'ID2IS
conditionne une organisation séquentielle de l'interaction
didactique en trois phases.
– Une phase autonome d'apprentissage :
elle est antérieure à la visio-interaction avec l'enseignant.
L'apprenant utilise les applications, traitement de texte et Cabri-géomètre,
disponibles sur son ordinateur pour résoudre un problème
de géométrie. L'apprenant et l'enseignant peuvent
dans cette phase communiquer de manière asynchrone (courriel,
envoi de fichiers) pour organiser le temps pédagogique à
longue échéance (gestion des objectifs d'apprentissage
d'un trimestre, énoncé de problèmes accompagnés
de consignes personnalisées de résolution).
– Une phase de diagnostic coopératif :
quand l'apprenant rencontre une difficulté de résolution
ou s'il désire avoir une évaluation de l'enseignant
sur son travail en cours, il peut appeler l'enseignant via la visiocommunication.
Une phase de télépréceptorat s'engage alors.
L'objet de cette phase est d'établir de manière coopérative
un diagnostic des difficultés de l'apprenant. Pour permettre
ce diagnostic, ils décident de partager les applications
(Cabri-géomètre et site web de géométrie)
en un espace de travail commun. Ils se voient, se parlent et ont
les mêmes possibilités d'actions sur les applications
qu'ils ont choisies de partager pour aboutir à un premier
niveau de diagnostic. Le diagnostic est coopératif au sens
où les deux acteurs de l'ID2IS assurent des tâches
différentes participant à la finalité de diagnostic.
L'enseignant questionne l'apprenant et manipule la construction
géométrique de l'apprenant qui commente oralement
sa construction à l'enseignant.
- Une phase d'interaction H/M collaborative :
l'apprenant et l'enseignant s'engagent dans une manipulation des
objets présents à l'interface des applications partagées.
Cette phase d'interaction est supportée par une communication
synchrone dont les faits partageables sont, soit des faits présents
qui se produisent dans l'interaction temps réel apprenant/enseignant,
soit des faits passés produits par l'apprenant dans une phase
antérieure à l'interaction synchrone. L'apprenant
attend de cette phase une aide effective de l'enseignant pour surmonter
ses difficultés. Cette phase d'interaction H/M est collaborative
au sens où les deux acteurs assurent des tâches identiques
de manipulation de la construction géométrique (sélection,
déplacement, effacement, création d'objets géométriques)
à l'interface du dispositif.
4.2. Modélisation des pratiques de diagnostic coopératif
de l'ID2IS
Pour illustrer les différents phases d'interaction en temps
réel de l'ID2IS , nous présentons, ci-après,
les transcriptions de deux protocoles d'interactions didactiques
motivées par des intentions différentes de l'enseignant :
d'une part, poser un diagnostic des difficultés de l'apprenant,
et d'autre part, remédier à ses difficultés
en coopérant avec lui dans l'interaction avec le milieu didactique
informatisé.
4.2.1. Pratiques de diagnostic coopératif observées
L'extrait de protocole, étudié ici, est représentatif
d'une pratique de diagnostic réitérée par plusieurs
dyades enseignant/apprenant lors des expérimentations. Nous
avons organisé la transcription des protocoles en trois colonnes.
Dans la première et la deuxième colonne figurent respectivement,
les modalités visuelles et actionnelles de l'univers artificiel
partagé en temps réel par l'enseignant et l'apprenant,
les modalités verbales du même univers. La troisième
colonne montre les modalités visuelles et actionnelles de
l'univers artificiel passé de l'apprenant pour faciliter
l'interprétation de l'ID2IS par le lecteur. Ainsi,
les copies d'écran de cette troisième colonne ne sont
pas partagées en temps réel par les deux acteurs de
l'ID2IS.
Dans cet extrait, l'apprenant vient d'appeler l'enseignant. Il
lui permet de visualiser l'énoncé de l'exercice 9
en partageant l'application web de géométrie
qui comporte une base d'exercices et dont cet exercice fait partie.
Après avoir lu l'énoncé et visualisé
la figure de géométrie construite par l'apprenant
dans le micromonde pour résoudre l'exercice, l'enseignant
interroge l'apprenant pour savoir comment celui-ci a abouti à
cet état actuel de la construction. Pour amorcer une interprétation
de l'ID2IS en référence au modèle
IHM d'univers utilisateur décrit au paragraphe 3.4., nous
commentons dans le paragraphe suivant les quatre étapes du
protocole A.
Figure 4 : Protocole A
4.2.2. Analyse des pratiques de diagnostic coopératif observées
Etape 1 : l'ID2IS
s'amorce avec le partage de l'univers artificiel de l'apprenant
qui a pour intention de permettre à l'enseignant de voir
son travail. Cette intention s'interprète sous l'angle de
notre modélisation, en une volonté de l'apprenant
de rendre perceptibles à l'enseignant les modalités
visuelles représentatives de son travail. Ces modalités
participent du milieu didactique informatisé au même
titre que celles représentant l'énoncé de l'exercice.
Plus précisément, ces modalités visuelles correspondent,
d'une part, à la représentation textuelle de l'énoncé
de l'exercice, d'autre part, à la représentation graphique
de la figure géométrique construite par l'apprenant
lors de sa phase d'apprentissage autonome. L'enseignant interroge
ensuite l'apprenant pour connaître les étapes antérieures
de sa construction. Les modalités visuelles de l'univers
artificiel qu'il partage en temps réel avec l'apprenant ne
lui permettent que de faire des suppositions quant à la procédure
complète de construction conduite par l'apprenant.
Etape 2 : l'apprenant
communique verbalement à l'enseignant la procédure
de construction qu'il a activée ultérieurement. A
cette étape, celle-ci montre que l'apprenant avait antérieurement
activé la troisième icône graphique pour visualiser
le menu déroulant des objets géométriques constructibles
sous Cabri-géomètre et activé la commande
de construction d'un segment [AB].
Pour répondre à la question de l'enseignant, il est
donc amené à transposer verbalement les modalités
visuelles et actionnelles de son interaction passée avec
le milieu didactique informatisé en modalités orales
adressées à l'enseignant.
Etape 3 : l'enseignant
poursuit son investigation pour compléter ses premières
hypothèses de construction de la figure géométrique
par l'apprenant. Cette fois, il demande à l'apprenant l'autorisation
d'interagir directement sur la figure qu'il a construite au lieu
de continuer à questionner l'apprenant et d'attendre que
celui-ci lui commente oralement le déroulement de sa construction
passée. Compte tenu du grand nombre d'étapes de la
construction, nous faisons l'hypothèse que ce changement
de stratégie d'explicitation de l'univers artificiel passé
de l'apprenant est initié par l'enseignant pour réduire
sa charge cognitive. Comme pour l'étape 2, nous avons fait
figurer les modalités visuelles et actionnelles passées
de l'univers artificiel de l'apprenant dans la troisième
colonne du tableau pour faciliter l'interprétation du lecteur.
Elles montrent que l'apprenant avait antérieurement activé
la cinquième icône graphique pour construire une droite
parallèle au segment [AB]
et passant par le point D.
Etape 4 : avec l'accord
de l'apprenant, l'enseignant s'engage dans une interaction directe
avec la figure représentative de la construction. Simultanément,
il verbalise, à l'intention de l'apprenant, une modalité
textuelle (parenthèse autour de DC) perçue à
l'interface de l'énoncé de l'exercice. Il l'invite
ainsi à confronter sa construction aux données de
l'énoncé. La répartie de l'apprenant à
cette invitation lui apprend que celui-ci a négligé
cette modalité visuelle. L'enseignant souligne cette omission
en exprimant vivement le droit légitime pour chacun d'interpréter
différemment un même fait. Un fait est ici considéré
comme une modalité générique pouvant se spécialiser
(au sens de MOT) soit en modalité visuelle, soit en
modalité verbale, soit en modalité actionnelle. La
modalité visuelle en jeu ici est le couple de parenthèses
qui formalise l'objet géométrique droite. Cette différence
d'interprétation se traduit dans notre modélisation
en considérant une asymétrie de perception/inférence
d'une modalité visuelle par les deux acteurs de l'ID2IS.
Elle traduit la distinction des profils cognitifs de l'apprenant
et de l'enseignant. L'asymétrie de perception constatée
dans le présent protocole consiste en une opposition de perception,
un fait pouvant être perçu par l'enseignant et non
perçu par l'apprenant. En tant que didacticien, nous supposons
que cette distinction est consécutive à la mobilisation
par l'enseignant d'une conception complète et stable de la
connaissance "droite" alors que l'apprenant en a une conception
non encore stabilisée. Ainsi, peut-il, tantôt inférer
la modalité visuelle "(DC)" en construisant la représentation
graphique d'une droite DC (conception valide), tantôt inférer
la modalité visuelle "(AB)" en construisant la représentation
graphique d'un segment AB (conception erronée). A cette étape
4, l'apprenant n'a pas eu l'intention d'inférer le formalisme
textuel "parenthèse".
Dans la suite du déroulement de l'étape 4, l'enseignant
communique verbalement à l'apprenant son intention de chercher
ce fameux point F. Il qualifie ce point de fameux dans la mesure
où son comportement dynamique n'est pas conforme à
celui qu'il présageait. L'enseignant s'avère en quête
de faits qui puissent confirmer l'hypothèse initiale qu'il
s'est faite à propos de la construction engagée par
l'apprenant. De son côté, l'apprenant communique verbalement
son hypothèse à l'enseignant : "...vous
l'avez effacé, je pense". Cela montre qu'il n'a
pas perçu l'écart de comportement dynamique du point
F diagnostiqué par l'enseignant. Ce dernier procède
à un déplacement concentrique du point A qui lui permet
d'interpréter cet écart. A cet instant, il a lié
les multiples inférences de faits consécutives à
son interaction directe avec le milieu didactique informatisé
et peut exprimer un diagnostic : "Voilà
! C'est que ta figure... elle n'est pas correcte...".
A ce stade de la modélisation de l'ID2IS, rappelons
que les inférences de l'enseignant se sont construites dans
une situation d'interaction directe avec le milieu didactique informatisé
et à partir de son profil cognitif. Ce dernier est fixé
par ses connaissances de la discipline (la géométrie)
et du logiciel avec lequel il interagit (le micromonde de géométrie).
Par la suite, l'enseignant invite l'apprenant à interagir
avec le milieu didactique selon des étapes qu'il propose.
A ce stade de l'ID2IS, la phase de diagnostic est achevée,
nous étudions dans le paragraphe suivant le type de régulation
de l'ID2IS conduit par l'enseignant dans le but de remédier
aux difficultés de l'apprenant.
4.3. Modélisation de l'environnement d'un acteur de l'ID2IS
induite par les pratiques de diagnostic coopératif
A l'issu de l'analyse précédente, à savoir,
celle d'une pratique représentative du diagnostic coopératif,
nous synthétisons les premières propriétés
de l'ID2IS.
Cette analyse met en évidence deux propriétés
de l'ID2IS : l'activation de faits passés d'interaction
de l'apprenant avec le milieu didactique et l'asymétrie de
perception et d'inférence des deux acteurs de l'ID2IS.
4.3.1. Etape de modélisation induite par le processus d'activation
de faits passés
La réactualisation, engagée coopérativement
par les deux acteurs, nous conduit à considérer la
succession d'actions et de rétroactions, effectuée
par l'élève à l'interface du milieu didactique
lors de la phase d'apprentissage autonome, comme constitutive du
processus de construction du sens d'une connaissance.
L'asymétrie de perception/inférence, révélée
par la non inférence par l'apprenant d'un fait perçu
et inféré par l'enseignant, nous amène à
modéliser des faits inclus dans l'univers artificiel de l'apprenant.
Ces faits sont potentiellement perceptibles et inférables
mais ne sont pas forcément perçus et inférables
par l’apprenant.
Nous avons intégré le processus de réactualisation
d'un fait dans la modélisation de l'ID2IS. Pour
ce faire, nous avons utilisé les concepts de virtuel et d’actuel
mobilisés dans des travaux [Bachimont96]
axés sur la réactivité du support informatique.
B.Bachimont distingue la raison graphique
contextualisée au support papier, de la raison
computationnelle supportée par l'outil informatique.
Il propose ainsi de différencier un fait virtuel d'un fait
actuel comme suit : "Un mode inactuel de la présence
: le virtuel, c'est ce qui est là, avec nous ou devant nous,
mais qui n'est pas actuel, qui ne possède pas d'effectivité
dans la réalité." Ainsi lorsque l'enseignant
propose à l'élève d'interagir directement avec
sa construction géométrique en sélectionnant
et en déplaçant des objets géométriques
pour distinguer les comportements dynamiques valides de ceux non
valides de ces objets, il procède à une actualisation
de modalité virtuelle. Cette actualisation le renseigne sur
le sens des objets géométriques construits par l'apprenant.
La pertinence épistémique de cette actualisation est
d'autant plus probante que la spécificité de Cabri-géomètre
est de contraindre le comportement de dynamique des objets géométriques
en cohérence avec les propriétés euclidiennes
des connaissances qu'ils représentent graphiquement.
L'icône graphique d'un objet géométrique est
une modalité visuelle présente à l'interface
H/M, mais son icône demeure virtuelle tant qu'un acteur de
l'ID2IS ne l’actualise pas en la manipulant par
une action (production de modalité actionnelle). Considérer
la réactivité du support informatique revient à
avancer que l'outil technique est porteur de sens. Nous partageons
cette hypothèse : manipuler une connaissance via sa
représentation graphique et dynamique à l'écran
participe au processus de construction du sens de cette connaissance.
Ainsi, nous proposons la définition suivante de l'univers
artificiel de l’apprenant en situation d'ID2IS :
Il se compose de deux univers :
l'univers virtuel UV et l'univers actuel UA. Soit Ua = UV + UA.
L'univers virtuel UV est l'ensemble des objets virtuels
de connaissance représentés dans la machine. L'univers
actuel UA est l'ensemble des connaissances actualisées
par une interaction d'un des acteurs de l'ID2IS sur des
éléments de UV. Réinvestissant la
démarche de modélisation de J.Caelen [Caelen96],
décrit au paragraphe 3.4., en la contextualisant à
l'ID2IS et en l'enrichissant de faits saillants de l'analyse
de la phase de diagnostic, nous proposons la modélisation
suivante de l'environnement apprenant :
EA = UV + UA + Url
+ Urp
Figure 5 : Environnement apprenant dans le
contexte de l'ID2IS
4.3.2. Etape de modélisation induite par l'asymétrie
de perception/inférence des deux acteurs de l'ID2IS.
Pour modéliser cette asymétrie de capacité
de perception et d'inférence des acteurs qui se révèle
dans l'instantanéité de l'ID2IS, nous avons
exploré les travaux issus du champ CSCW axés sur l'étude
des conditions de prise de décision collaborative en temps
réel. Comme nous l'avons évoqué dans le paragraphe 2 (Fondements théoriques
et méthodologiques de notre modélisation de l'ID2IS),
nous avons retrouvé dans l'ID2IS une dimension
de pilotage en temps réel similaire à celle qui singularise
la prise de décision en temps réel appliquée
au domaine du contrôle aérien.
Dans le cas de l'ID2IS, ce pilotage consiste en une
régulation multimodale en temps réel de l'interaction
apprentissage/milieu didactique informatisé qui a fait l'objet
d'un travail précédent [Masseux00].
Notre but est ici d'intégrer cette complexité du temps
réel.
Dans le cadre du développement d'un modèle inférentiel
de la communication, Sperber [Sperber89]
considère qu'un fait est manifeste pour un individu quand
celui-ci est capable d'en construire une représentation et
d'accepter cette représentation comme vraie ou probablement
vraie [SperberWilson89].
Un fait manifeste pour un individu est un fait qui a la caractéristique
d'être perceptible et inférable par cet individu.
Ainsi, si nous revenons à la modalité visuelle "[DC]"
de l'énoncé de l'exercice (modalité considérée
comme un fait non perçu et non inféré par l'apprenant
contrairement à l'enseignant), nous traduisons l'asymétrie
de perception et d'inférence des deux acteurs de l'ID2IS
comme suit :
A l'instant t4 (correspondant à l'étape
4 du protocole A), la modalité visuelle "[DC]"
est un fait non manifeste pour l'apprenant et un fait manifeste
pour l'enseignant. Nous accompagnons cette proposition d'une hypothèse
: cette modalité visuelle n'a pas été manifeste
pour l'apprenant aux instants antérieurs à l'instant
t4. Cet instant est pour l'enseignant révélateur
de la non manifesteté de ce fait pour l'apprenant.
L'asymétrie étudiée peut être qualifiée
d'asymétrie de manifesteté pour les deux acteurs
de l'ID2IS. L'apprentissage est un processus dynamique
que l'enseignant diagnostique, en validant ou invalidant, la propriété
manifeste d'un fait pour l'apprenant à l'instant ti
de l'ID2IS. Ce type de validation est un des outils de
diagnostic mis en œuvre par l'enseignant dans l'ID2IS,
nous verrons dans le paragraphe suivant qu'il n'est pas exclusif.
Intégrer la notion de manifesteté dans notre
modélisation de l'ID2IS, nous conduit à
préciser notre modèle. Nous distinguons alors dans
l'univers virtuel UV (ensemble des objets virtuels de
connaissance représentés dans la machine), les objets
virtuels manifestes des objets virtuels non manifestes pour un individu
à un instant "t" de l'ID2IS. Par suite, l'univers
actuel UA qui est l'ensemble des connaissances actualisées
correspond à l’ensemble des faits devenus manifestes
(l'actualisation d'un fait consistant en la transformation d'un
fait non manifeste en un fait manifeste par un individu).
Ainsi, nous avons :
EA (t) = UV (t)+ UA (t) + Url
(t) + Urp (t),
tel que :
UVirtuel(t) = MNM (t) avec MNM (t)
: modalité non manifeste à l'instant t,
et
UActuel (t) = MM (t) avec MM (t)
: modalité manifeste à l'instant t.
Figure 6 : Modèle de l'environnement
d'un acteur de l'ID2IS
5. Modélisation de l'univers partagé
dans l'ID2IS
Lors les étapes précédentes de modélisation,
notre but était de modéliser l'environnement d'un
acteur de l'ID2IS. À cette étape de la
modélisation, notre objectif est de modéliser les
environnements des deux acteurs et leur intersection en terme d'environnement
partagé. Comme précédemment, les environnement
des acteurs sont modélisés à partir de faits
(modalité visuelle, actionnelle, orale, gestuelle) et de
processus de traitement de faits (production, inférence).
L'environnement partagé par l'enseignant et l'apprenant sera
déduit de l'intersection de leurs univers actuels respectifs.
Cet environnement partagé ne figure pas sur le modèle
générique dans la mesure où il est instancié
de manière dynamique à chaque étape du processus
étudié. Nous le préciserons dans le paragraphe
suivant.
5.1. Modèle générique de l'ID2IS avec partage
d'environnement
Figure 7 : Modèle générique
de l'ID2IS avec partage d'environnements
Pour modéliser chacune des étapes de la phase de
diagnostic, nous avons choisi de centrer la formalisation MOT
de notre modèle sur les univers actuels et les univers réels.
Ce choix s'est imposé en considérant que la complexité
du temps réel de l'ID2IS, étudiée
à ce stade de la modélisation, se joue dans le processus
d'actualisation et dans celui de communication orale entre l'enseignant
et l'apprenant distants. De plus, représenter la totalité
du modèle à chaque étape de la modélisation
aurait surchargé les schémas et rendu leur interprétation
moins aisée. Néanmoins, il va s'en dire que l'instanciation
de cette partie de modèle pour chaque étape du processus
de diagnostic s'intègre dans le modèle générique
de l'ID2IS représenté figure
7.
Nous définissons l'univers partagé de l'ID2IS
comme l'intersection des univers actuels respectifs de l'enseignant
et de l'apprenant. Cette intersection est constituée des
recouvrements de sens portés par les représentations
respectives de modalités virtuelles identiques. Modéliser
ainsi l'univers partagé revient à considérer
le caractère implicite du sens qui se construit au fil des
interactions successives de l'apprenant avec le milieu didactique
informatisé. Pour accéder à ce sens, l'enseignant
tend à actualiser les interactions de l'apprenant avec la
machine en les rejouant, c'est-à-dire en les mimant par interaction
directe avec la machine. Le chercheur qui observe et analyse l'ID2IS
est un peu mieux placé que l'enseignant pour accéder
à l'explicitation de ce sens : il rejoue également
des interactions utilisateurs/machine, mais autant de fois qu’il
le juge nécessaire et sans contrainte d’inférence
en temps réel.
5.2. Notations utilisées pour modéliser l'univers
partagé de l'ID2IS
Nous résumons dans le tableau, ci-dessous, les notations
utilisées dans notre modélisation de l'univers partagé.
Tableau 3 : Notations du modèle
de l'ID2IS
Nous entendons ici par représentation d'un acteur à
propos d'une modalité de l'univers virtuel, ce qu'il en a
perçu et inféré relativement à son univers
cognitif propre.
5.3. Instanciation du modèle générique de
l'ID2IS pour la phase de diagnostic
5.3.1. Modélisation de l'étape 1 de la phase de
diagnostic
Au début de cette étape, l'apprenant vient de partager
l'énoncé de l'exercice qu'il résout ainsi que
la figure géométrique (figure 1)
à laquelle il a abouti après avoir activé successivement,
l'ensemble des commandes lui permettant de créer les objets
géométriques constitutifs de sa figure. Son univers
actuel est constitué, d'une part, des modalités visuelles
qui lui sont manifestes (MVMA) à
savoir : sa représentation de l'énoncé
(RA - énoncé exercice
9) et celle de sa figure géométrique (RA
– figure 1) et d'autre part, des modalités actionnelles
qui lui sont manifestes (MAMA) à
savoir : les commandes activées lors de sa construction
géométrique (RA - commandes
figure 1).
A cette même étape, l'enseignant lit l'énoncé
de l'exercice et perçoit la figure géométrique
(figure 1) construite par l'apprenant. A cet instant, l'univers
actuel de l'enseignant est constitué exclusivement d'une
modalité visuelle qui lui est manifeste (MVME)
: sa représentation de l'énoncé. N'ayant
pas encore interagit via la souris et le clavier avec cette figure,
son univers actuel ne contient aucune modalité actionnelle
manifeste (MAME = Ø).
Figure 8 : Instanciation du modèle (étape
1 de la phase de diagnostic)
Presque immédiatement après, l'enseignant demande
à l'apprenant comment celui-ci a construit le parallélogramme
qu'il perçoit sur sa figure. Cette expression orale adressée
à l'apprenant est modélisée en une première
modalité orale de l'enseignant (MOE1)
constitutive de l'univers réel proche de l'enseignant (URPE)
correspondant à l'univers réel lointain de l'apprenant
(URLA). L'existence de cette modalité
orale montre que l'enseignant a perçu et inféré
le parallélogramme visible sur la figure construite par l'apprenant.
Le type interrogatif de son expression nous montre que l'enseignant
ne sait pas comment l'apprenant a procédé pour construire
ce parallélogramme. A cet instant, l'ensemble des modalités
visuelles manifestes pour l'enseignant se précise : il comprend
l'objet parallélogramme de la figure 1.
L'ensemble de ses modalités actionnelles reste vide. Dans
cette étape 1, l'univers actuel partagé est exclusivement
constitué des recouvrements de sens portés par les
représentations respectives des modalités virtuelles
identiques, à savoir : l'énoncé de l'exercice
9 et le parallélogramme de la figure 1.
5.3.2. Modélisation de l'étape 2 de la phase de
diagnostic
Figure 9 : Instanciation du modèle
(étape 2 de la phase de diagnostic)
5.3.3. Modélisation de l'étape 3 de la phase de
diagnostic
Figure 10 : Instanciation du modèle
(étape 3 de la phase de diagnostic)
5.3.4. Modélisation de l'étape 4 de la phase de
diagnostic
Figure 11 : Instanciation du modèle
(étape 4 de la phase de diagnostic)
5.3.5. Propriétés des univers instanciés
lors de la phase de diagnostic
La modélisation des phases de diagnostic observées,
nous conduit à caractériser les différents
univers constitutifs de l'environnement de l'ID2IS comme
suit :
− Propriétés de l'univers actuel de l'apprenant
:
Il est invariant : l’ensemble de ses modalités
actionnelles et visuelles manifestes ne change pas (MAMA = Cste
et MVMA = Cste).
− Propriétés de l'univers actuel de l'enseignant
:
Initialement, l’ensemble de ses modalités actionnelles
manifestes est vide (MAME initial = Ø). Puis le nombre de ses
modalités visuelles manifestes s'accroît (MVME croît).
Puis, l'enseignant active une première modalité actionnelle
(MAME devient non vide). Enfin, le nombre de ses modalités
actionnelles manifestes s'accroît (MAME croît) au fil de ses
manipulations.
− Propriétés de l'univers actuel partagé
:
Au début d’une phase de diagnostic, l’univers
actuel partagé est vide (MAMP initial = Ø). Nous constatons
une absence de modalités actionnelles manifestes partagées
par les deux acteurs.
Ensuite, il y a incrémentation du nombre de modalités
visuelles manifestes considérées par l'enseignant
comme partagées (manifestes pour les deux acteurs) tant que
l'enseignant n'a pas interagi via le clavier et la souris sur des
modalités visuelles manifestes de son univers actuel (si
MAME=Ø alors MVMPcroît). La non permanence visuelle du point
F qui est tantôt visible, tantôt invisible lors du déplacement
du point A par l'enseignant en est un exemple : elle est inférée
par l’enseignant et non par l’apprenant.
Enfin, il y a suppression des modalités visuelles considérées
comme mutuellement manifestes par l'enseignant (MVMP décroît) au
début du diagnostic puis avérées non manifeste
pour l'apprenant (exemple : le formalisme textuel de jeu de parenthèses
signifiant le statut de droite est soustrait des modalités
visuelles manifestes partagées à l'étape 3
du diagnostic).
5.4. Application du modèle générique pour
la phase d'interaction collaborative
5.4.1. Pratiques observées dans la phase d'interaction
collaborative
La phase de diagnostic coopératif est suivie d'une phase
d'interaction collaborative. L'ensemble des expérimentations,
nous montre qu'à l'issu d'un diagnostic d'inadéquation
de la construction géométrique de l'élève,
les deux acteurs coopèrent pour produire des modalités
visuelles et actionnelles visant à corriger la construction.
La suite du protocole précédent, fournit une illustration
de cette production coopérative de modalités visuelles
et actionnelles.
L'extrait de protocole, étudié ici, est représentatif
d'une pratique collaborative d'ID2IS. Il synthétise
les faits saillants de cette pratique concourants à plusieurs
observations impliquant des dyades enseignant/apprenant.
Figure 12 : Protocole B
5.4.2. Propriétés des univers instanciés
lors de la phase d'interaction collaborative
Les propriétés de l'univers
actuel de l’enseignant se distinguent selon les
trois profils d'enseignant suivant :
− profil 1 : l’enseignant laisse, très souvent,
l'apprenant interagir via le clavier et la souris. Il n’enrichit
pas son univers actuel de nouvelles modalités actionnelles
manifestes (MAME = Cste).
− profil 2 : l’enseignant modifie ponctuellement une
variable du milieu didactique ainsi son univers actuel s’accroît
de quelques modalités actionnelles manifestes (MAME croît).
− profil 3 : l’enseignant monopolise l'interaction
via le clavier et la souris, il laisse rarement l'apprenant interagir
via la souris et le clavier avec le milieu didactique. Son univers
actuel s’accroît significativement (MAME croît significativement)
Propriété de l'univers actuel d'un enseignant constatée
quel que soit son profil : le nombre de ses modalités visuelles
manifestes s'accroît (MVME croît significativement).
Propriétés de l'univers
actuel de l'apprenant :
− L’ensemble de ses modalités actionnelles manifestes
s’accroît significativement (MAMA croît significativement)
si l’enseignant a le profil 1 ou le profil 2, l’enseignant
incitant le plus souvent l'élève à interagir
lui-même via le clavier et la souris.
− Son univers actuel stagne (MAMA = Cste) si l’enseignant
a le profil 3. Le nombre de ses modalités actionnelles
manifestes ne s'accroît pas puisque l'enseignant monopolise
l'interaction via le clavier et la souris.
− Son univers de modalités visuelles manifestes croît
(MVMA croît), quel que soit le profil de l'enseignant. L'apprenant
peut voir à tout instant les modalités visuelles que
l'enseignant active et entendre à tout instant le commentaire
de l'enseignant à propos des modalités visuelles qui
lui sont manifestes.
Propriétés de l'univers
actuel partagé :
− Quelque soit le profil de l'enseignant, l’ensemble
des modalités visuelles manifestes partagées s’accroît
(MVMP croît significativement).
− Si l’enseignant a le profil 1 ou le profil 2, l’ensemble
des modalités actionnelles manifestes croît significativement
(MAMP croît significativement). Dans le contexte d’un mombre
de modalités visuelles manifestes partagées croissant,
cela permet à l'élève de relier sa représentation
d'une modalité visuelle à celle de la modalité
actionnelle via laquelle il a manipulé la modalité
visuelle en jeu.
− Si l’enseignant a le profil 3 : l’ensemble
des modalités actionnelles manifestes partagées est
sensiblement constant (MAMP ≅ Cste) car l'enseignant monopolise
l'interaction via le clavier et la souris. Dans le contexte d’un
accroissement du nombre de modalités visuelles partagées,
cela ne permet pas à l'élève de manipuler la
représentation d'une modalité visuelle via une modalité
actionnelle. Dans ces conditions, l'apprenant ne peut pas inférer
une représentation de la modalité actionnelle dotée
de ce potentiel.
5.4.3. Nature de la complexité temps réel de ID2IS
L'analyse des instanciations successives des univers acteurs en
terme de propriétés rejoint l'approche de la complexité
temps réel intrinsèque à la perspective de
l’apprentissage situé et du champ CSCW.
Cette complexité a été exprimée par
Paul Dourish dans son intervention au colloque EUROCSCL
2001. Pour lui, la signification de l'expérience pour
l'utilisateur est créée en temps réel, elle
n’est pas définie à l’avance ni structurée,
c’est la conséquence de son engagement dans l'interaction.
Elle est négociée entre les personnes qui interagissent.
6. Conclusion
L'explicitation de notre investigation croisée, Didactique
et IHM, illustre la fertilité
de cette confrontation et apportent des réponses à
un questionnement orienté CSCL.
Notre démarche d'investigation de l'ID2IS nous
a permis en premier lieu d'identifier les questions singulières
soulevées par cet objet d'étude puis d'expliciter
la complexité de cet objet d'étude qui confirme sa
consistance originale. L'analyse des protocoles expérimentaux
illustre une complexité du temps réel de l'ID2IS formalisée
dans notre modélisation. Il était nécessaire
de confronter les approche didactique et IHM pour intégrer
les caractéristiques des interactions expérimentales
observées.
Si notre travail n'a pas été initié par le
champ d'étude CSCL3 stricto
sensu, il lui emprunte sa méthodologie et ses outils. La
CSCL est un champ appliqué des sciences cognitives que nous
investissons ici via la mise en œuvre de modèles et
théories computationnelles articulant des concepts de didactique
et d'IHM pour étudier les représentations externes
de connaissances partagées par l'apprenant et l'enseignant
lors d'une interaction en temps réel. Cette étude
nourrit celle de l'évolution des conceptions des connaissances
d'un apprenant, favorisées ou contraintes par ces représentations
externes. Le dispositif informatique n'est plus réduit à
sa technologie mais revêt une dimension conceptuelle porteuse
de métaphores cognitives.
À ce stade de notre recherche, cette modélisation
n'a pas pour intention de livrer un modèle clé en
main pour le développement informatique d'un système
d'aide à l'ID2IS. Cette intention relève
d'une perspective de ce travail. Son ambition actuelle est de décrire
et de formaliser la complexité inhérente à
l'ID2IS. Celle-ci nous apparaît légitime
à l'heure où les colloques EIAO, AIED, CSCL, IHM et
WCCE font état de l'absence de modèles précis
de l'apprentissage sous-jacents à de nombreux travaux. Pour
exemple, le dernier colloque EUROCSCL
a été l'occasion de constater que la focalisation
sur la coopération oubliant l’apprentissage est gênante.
Ce constat nous questionne : comment apprécier
la validité de l'architecture d'un système informatique
d'aide à l'apprentissage qui n'explicite pas le modèle
d'apprentissage sur lequel il s'appuie ? La validité des
travaux relatifs aux STIC doit-elle se réduire au critère
d'applicabilité immédiate compte tenu de sa dimension
technologique intrinsèque ? Est-ce à dire que le champ
de recherche des STIC doit être perçu comme un domaine
d'application de travaux fondamentaux sur l'apprentissage qui seraient
conduits dans d'autres domaines de recherche ? Le travail visé
par cet article revendique une finalité des STIC : être
le champ de recherche qui confronte et articule les différents
champs d'investigation concernés par l'influence réciproque
entre les processus humains d'apprentissage et d'enseignement et
le support informatique de sa réalisation.
7. Perspectives
Le prolongement de ce travail s'oriente vers la spécification
et le développement d'outils informatiques distribués
d'aide au diagnostic et à la régulation en temps réel
de l'ID2IS. Nous travaillons plus particulièrement
à l'élaboration de l'architecture conceptuelle d'un
système informatisé d'aide à ce type d'interaction.
Les principes et aboutissants de cette démarche ont été
explicité récemment [NigayCoutaz96].
Ils démontrent qu'il n'y a pas unicité d'architecture
pour un système informatique donné mais plusieurs
architectures correspondant à des perspectives différentes.
Appliquer ce principe pour élaborer l'architecture d'un système
d'aide à l'ID2IS revient à questionner
la nature des critères actuellement utilisés pour
évaluer l'interface Homme/Machine d'un dispositif informatique
utilisé pour l'enseignement. Ces critères sont, à
l'heure actuelle, validés pour les systèmes d'informations
au sens large c'est-à-dire sans qu'on puisse distinguer les
finalités d'un système de transmission des informations
de celles d'un système d'apprentissage au sens constructiviste
du terme.
Remerciements
L'auteur tient à remercier les différents acteurs,
institutionnels ou individuels, impliqués dans la réalisation
des expérimentations qui ont nourri ce travail. Les expérimentations
exploitées ici ont été supportées par
deux plateformes expérimentales. La DATAR Auvergne est remerciée
pour son soutien financier à la réalisation de la
plateforme d'enseignement et de formation à distance des
IUFMs du Massif Central, plate-forme support des expérimentations
actuelles de l'ID2IS. Les enseignants et les élèves
des établissements primaires et secondaires de la région
Auvergne impliqués dans le projet DATAR et du Lycée/collège
du CHU de Grenoble sont également chaleureusement remerciés
pour leur implication soutenue dans les programmes expérimentaux
d'usage de ces deux plateformes.
Références
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[1] PAEDI : Processus d'Action des
Enseignants, Déterminants et Impacts
[2] Sciences et technologies de
la communication et de l'information
[3] CSCL : Computer Supported Collaborative
Learning
À propos de l'auteur
Nathalie
MASSEUX est Maître de Conférences en Informatique
à l'IUFM de Clermont-Ferrand. A l’issue d’un
DEA de Didactique des disciplines scientifiques, elle conçoit
et développe, pour les élèves ingénieurs
de l’ENSIEG, un environnement d'apprentissage fondé
sur un modèle des connaissances de l’automatique et
axé sur la simulation (thèse de l'Institut National
Polytechnique de Grenoble, 1995). Lors d’un post-doctorat
dans l'équipe EIAH du laboratoire Leibniz (IMAG, Grenoble),
elle développe la plate-forme TéléCabri et
en encadre les expérimentations. Elle pilote actuellement
un projet de recherche et de développement de l'enseignement
et la formation à distance, supporté par la plate-forme
des IUFM du Massif Central. Elle contribue à la création
de la jeune équipe de recherche PAEDI à l'IUFM d'Auvergne
en axant ses travaux sur les déterminants et impacts des
processus d’interaction didactique médiés par
la machine. Son travail est motivé par la confrontation et
l’articulation des champs d’investigation IHM, CSCW
et didactique, concernés par l’influence réciproque
entre le processus humain d’apprentissage et le support informatique
de sa réalisation.
Adresse : 20, avenue R. Bergougnan
63039 Clermond-Ferrand Cedex 2
Courriel : nmasseux@auvergne.iufm.fr
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