Revue RITPU
Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire - "Bien-être et numérique, quels enjeux pour l'apprentissage et l'enseignement au postsecondaire?"
Gaëlle Molinari, Université de Genève et UniDistance
Bruno Poellhuber, Université de Montréal
Caterina Mamprin, Université de Moncton
Les deux dernières décennies ont témoigné d’un intérêt croissant pour le bien-être dans divers domaines, y compris la pédagogie universitaire, avec la mise en place d’initiatives visant à soutenir le bien-être des personnes apprenantes et enseignantes, et l’expansion du corpus de recherche sur le sujet. Le bien-être est reconnu comme un concept polysémique, multidimensionnel et ancré dans un contexte particulier (Ryff et al., 2021). Par exemple, Huta (2016, p. 215) regroupe les définitions du bien-être en quatre ensembles, les orientations de vie (p. ex. souhaiter éprouver du plaisir, souhaiter développer son plein potentiel), les comportements (p. ex. s’engager dans de nouvelles activités), les expériences personnelles (p. ex. vivre des émotions positives ou négatives), et le fonctionnement de l’individu (p. ex. s’autoréguler, s’adapter à son contexte de vie). En ce qui concerne l’apprentissage, les recherches mettent en évidence des retombées positives du bien-être sur les performances académiques et la réussite éducative ce qui favorise «l’atteinte du plein potentiel de tous et toutes» (Tsakpinoglou et Véronneau, 2022, p. 898). Par exemple, Yu, Shek et Zhu (2018) montrent que le bien-être est un prédicteur positif de la réussite académique, et que l’engagement peut jouer un rôle de médiateur dans la relation à long-terme entre le bien-être et la réussite. Pour certains, le bien-être pédagogique des personnes enseignantes, qui se construit dans l’environnement complexe d’apprentissage, avec les personnes étudiantes, les collègues et tous les autres membres de la communauté scolaire, peut également avoir des répercussions positives sur le climat académique et les relations interpersonnelles (Soini et al., 2010). Ainsi, il est essentiel de comprendre les conditions optimales qui favorisent non seulement la réalisation du plein potentiel de chaque individu, mais aussi la création et le maintien d’une relation éducative épanouissante et durable (Mamprin et Thiam, sous presse). La pédagogie universitaire est de plus en plus marquée par l’utilisation croissante des technologies numériques, ce qui soulève des interrogations sur la place et les retombées du bien-être dans ce contexte d’apprentissage et d’enseignement. Ces questions ont gagné en importance lors des études menées pendant la pandémie COVID-19, qui ont examiné les effets de l’enseignement entièrement à distance sur la motivation et l’engagement des personnes étudiantes (p. ex., Chouinard, Roy, Carpentier et Bowen, 2022) ainsi que l’influence du bien-être psychologique des personnes étudiantes sur leur apprentissage (p. ex., Heo et al., 2022). Par ailleurs, les recherches sur le processus d’acceptation du numérique dans l’enseignement et l’apprentissage empruntent des modèles tels que le TAM (Technology Acceptance Model) qui intègrent des facteurs d’acceptation comme le contrôle perçu, la motivation et les émotions (Venkatesh, 2000) lesquels sont associés à certaines conceptions du bien-être. Enfin, la recherche dans le domaine des technologies positives pour l’apprentissage (Molinari, Fenouillet et Lavoué, 2021) explore les manières d’utiliser et de concevoir des environnements numériques d’apprentissage afin de promouvoir le bienêtre et la motivation des personnes apprenantes (Molinari, Poellhuber, Heutte, Lavoué, Widmer et Caron, 2016).
Les déclarations d'intention sont attendues pour le 15 août 2023 et les articles complets pour le 01 décembre 2023.
Articles en anglais acceptés.
Dernière mise à jour : 17 juillet, 2023 - 18:20