92e Congrès de l’Acfas
À la recherche des médias automatisés :
penser le rôle des «intelligences artificielles» et des algorithmes dans la communication médiatisée aujourd’hui
Les propositions doivent être envoyées au plus tard pour le 14 février 2025 par courriel, dans des documents de traitement de texte (extension. odt, .docx ou .doc) à Jerry Jacques (jerry.jacques@uclouvain.be).
Un seul membre du comité d’organisation se chargera de collecter les propositions de communication. Il vérifiera leur caractère anonyme avant de les soumettre aux autres membres de l’organisation pour évaluation.
Le comité sera également attentif à retenir des propositions issues de plusieurs disciplines, et émanant d’une diversité de profils (statut professionnel, origines géographiques, genre…).
Chaque proposition comprendra :
le titre de la contribution (180 caractères maximum, espaces compris) ;
un résumé anonymisé en français (1 500 caractères maximum, espaces compris), présentant clairement :
la problématique de la contribution ;
le ou les objectifs de la communication, et ce, en lien avec la thématique du colloque ;
la méthodologie de la recherche (si applicable) ;
les résultats (si applicable) ;
quelques références permettant d'asseoir la proposition dans la littérature et reprise dans une bibliographie (format APA, 7e édition).
dans un document séparé, le nom, l’affiliation et les coordonnées du ou des présentateur·trices, ainsi qu’une courte biographie (300 caractères maximum, espaces compris). Les noms et affiliations des éventuels coauteur·trices doivent également être mentionnés.
La pertinence des propositions de communications sera évaluée au regard de la capacité à contribuer à la problématique proposée dans le cadre de cet appel.
Les contributions doivent être en français, selon les politiques de l’ACFAS. Toutefois, les collègues allophones sont invité·es à soumettre leur proposition afin de favoriser les échanges interdisciplinaires. Des stratégies d’inclusion pourront être développées pour les accueillir.
Les participant·es au colloque seront invité·es, à la suite de l’évènement, à soumettre une version étendue de leur contribution à un numéro thématique sur les médias automatisés de la revue Recherches en communication, éditée par le Pôle de Recherche en Communication de l’UCLouvain (https://ojs.uclouvain.be/index.php/rec/index). Ces propositions seront évaluées dans le cadre d’un processus de double aveugle, en accord avec la politique éditoriale de la revue. Des précisions supplémentaires concernant cet appel à communication seront données pendant le colloque.
Problématique du colloque
Le grand public, tout comme les professionnel·les de nombreuses disciplines, ont aujourd’hui de plus en plus accès à des dispositifs numériques promettant de communiquer de manière « autonome », « intelligente » ou « générative ». Ces derniers, en recourant à des processus algorithmiques et utilisant dans la plupart des cas l’apprentissage automatique (machine learning) sur base de grands ensembles de données (textes, images, audios ou vidéos), sont annoncés par les industriels comme étant dotés de capacités révolutionnaires, susceptibles d’avoir des effets massifs sur l’environnement informationnel et médiatique contemporain. Ces dispositifs et leurs effets sont aujourd’hui une question clé débattue dans l’espace public, bien qu’il semble parfois difficile de sortir des discours simplistes, exagérément enthousiastes ou, à l’inverse, alarmistes. La rhétorique de la « disruption » mise en place par leurs concepteurs, ainsi que la haute technicité de ces artéfacts compliquent le développement d’un regard distancié, réflexif, voire critique à leur égard. Ce colloque souhaite contribuer à cette entreprise critique en interrogeant la dimension médiatique de ces innovations.
Anderson et Meyer (1988) définissent un média comme une « activité humaine distincte qui organise la réalité en textes lisibles en vue de l’action ». Plus qu’un simple support sémiotique, un média est également une performance interprétative dont la réussite est concomitante à l’environnement social dans lequel elle s’intègre. Les systèmes de recommandations et, plus récemment, les agents conversationnels sont des exemples parmi d’autres d’automates organisant des systèmes symboliques. L’intervention humaine, loin d’être supprimée, est alors délocalisée autour de ces dispositifs, dans des tâches de configuration, pilotage ou maintenance de flux informationnels. Est-ce que l’automatisation de cette organisation du réel est toutefois productrice de « textes lisibles » (au sens de Anderson et Meyer) ? Quelles formes d’actions sociales pourraient alors être soutenues par ces textes ? Peut-on, dès lors, parler de « médias automatisés » ? En retour, quelles sont les conséquences pour notre compréhension de ce qu’est un média ?
L’ambition de ce colloque est de réunir des personnes intéressées à contribuer à ce questionnement, en partageant leurs réflexions théoriques ou méthodologiques, ou leurs résultats de recherche. Il vise à la mise en commun d’expertises complémentaires pour aborder la question de l’influence des systèmes artificiels intelligents (Andler, 2023) et des processus qui les sous-tendent (algorithmes, machine learning, big data, etc.). L’objectif est par la mise en commun des expertises de contribuer à la construction d’une analyse critique des questions informationnelles, communicationnelles et médiatiques posées par ces innovations. Bien que le questionnement autour des «médias automatisés» trouve son origine dans le champ de l’information et de la communication, l’objectif est de dépasser cet ancrage pour entrer dans un dialogue fécond avec d’autres disciplines (droit, histoire, informatique, ingénierie, psychologie, éducation, etc.). Quelles opportunités pourraient être offertes par des approches interdisciplinaires structurées autour des défis communicationnel et médiatique posés par ces nouveaux dispositifs numériques ? Comment ces différentes disciplines peuvent-elles puiser dans leur histoire, tout en inventant, si nécessaire, de nouveaux outils conceptuels et méthodologiques, pour contribuer à l’analyse critique de ces innovations ?
À titre indicatif, nous distinguons cinq axes qui pourront structurer ce colloque :
Axe 1. Pratiques et usages des médias automatisés
Quels usages personnels et professionnels des médias automatisés se mettent en place ?
Face à des dispositifs opaques, quels sont les tactiques et les bricolages mis en place par les usager·ères de ces automates pour contourner les usages prescrits, explorer leurs limites ou en proposer des critiques ou de nouvelles perspectives ?
Est-ce qu’une culture technique ou des savoirs informels émergent parmi les non-expert·es ?
Axe 2. Enjeux éducatifs des médias automatisés
Quelles sont les méthodes d’éducation aux médias automatisés et par les médias automatisés ?
En quoi cette automatisation demande-t-elle de repenser (ou non) les référentiels de compétences en littératie numérique, médiatique et informationnelle ?
Axe 3. Enjeux informationnels des médias automatisés
Quelles sont les implications des médias automatisés sur les dynamiques de collecte, de production, et de diffusion de l’information ?
Quels sont les défis et opportunités pour les métiers de l’information face à l’automatisation (p. ex. contextualisation, vérification, certification) ?
Les récits produits ou amplifiés par des systèmes automatisés participent-ils à l’homogénéisation des imaginaires culturels ?
Axe 4. Histoire et évolution des médias automatisés
En contrepoint de ce discours de la disruption promu par les acteur·trices économiques, quelles sont les continuités techniques, politiques, sociales ou médiatiques qui tissent l’histoire de ces technologies ?
Dans l’histoire de nos disciplines, quels cadres théoriques et méthodologiques sont pertinents pour aborder ces phénomènes sociotechniques ?
Axe 5. Conception et éthique des médias automatisés
Comment concevoir des automates garantissant une herméneutique durable de nos données numériques ? Quels mécanismes sémiotiques devraient-ils permettre ?
Quelles représentations mentales de ces systèmes susciter chez leurs utilisateur·trices ? Quelles modalités d’interfaçage sont plus à même d’y parvenir ?
Quelles sont les responsabilités éthiques et sociales pour les concepteurs, les distributeurs et les utilisateurs de ces technologies ?
Dernière mise à jour : 14 janvier, 2025 - 15:52