Persister dans la conception de son environnement personnel
d’apprentissage : Contributions et complémentarités de
trois théories du self (autodétermination, auto-efficacité,
autotélisme-flow).
Jean HEUTTE (équipe Trigone-CIREL EA 4353, Lille1 et ESPE Lille Nord de
France) RÉSUMÉ : Cette
contribution a pour objet la proposition d’un modèle sociocognitif
de la persistance à développer un Environnement Personnel
d’Apprentissage (EPA) du point de vue de l’étudiant.
Après avoir replacé la problématique du
développement de l’EPA dans sa perspective sociotechnique, il
s’agit de synthétiser les aspects essentiels de trois
théories du self (cf. l’autodétermination,
l’auto-efficacité et l’autotélisme - flow), en vue de
mettre en exergue les complémentarités de ces trois
théories pour appréhender le phénomène de la
persistance, au regard du développement de l’EPA. In fine, la prise
en compte de cette complémentarité ouvre des pistes originales de
recherches théoriques et empiriques sur les EPA, notamment dans la
perspective de mettre en lumière certains éléments
constitutifs d’un environnement optimal d'apprentissage.
MOTS CLÉS : autodétermination,
auto-efficacité, autotélisme – flow, environnement optimal
d’apprentissage, environnements personnels d’apprentissage
ABSTRACT : This
paper presents a socio-cognitive model of student’ persistence to develop
a Personal Learning Environment (PLE). Following the presentation of the
problematic of the PLE in its socio-technical perspective, we will endeavour to
synthesize key aspects of three theories of the self (see self-determination,
self-efficacy and autotelism - flow) to highlight their complementarity to
better understand the phenomenon of persistence, in terms of development of the
PLE. Ultimately, the inclusion of the original tracks opens complementary
theoretical and empirical research on the PLE, particularly in view to highlight
some elements of an optimal learning environment.
MOTS CLÉS : self-determination,
self-efficacy, autotelism - flow, optimal learning environment, personal
learning environment
Introduction
En 1377, à l’époque du
Moyen-Âge de la société occidentale, l’historien,
père de la sociologie, Abd al-Rahmân Ibn Khaldûn
écrivait « le développement des connaissances et des
compétences est atteint par la discussion, l’apprentissage
collectif et la résolution des conflits cognitifs par le
co-apprentissage1 ». Depuis la
nuit des temps, de l’arbre à palabre au Massive open online course
(MOOC), la construction et la diffusion sociale des connaissances est un des
éléments qui fondent l’humanité via
l’activité humaine. En tant que tel, ne serait-ce que de part la
façon dont il est nommé, l’environnement personnel
d'apprentissage (EPA) est résolument au coeur de nombreuses tensions qui
concernent la dimension psychosociale de l’individu : entre le
personnel et le collectif, entre environnements /espaces
privés et environnements /espaces de partage, entre
individu et communautés...
Dans cette perspective, empruntant à Carré
(Carré, 2005),
sa définition de l’apprenance, nous définissons une
communauté d’apprenance comme étant une
« communauté favorisant l’émergence, la croissance
et/ou le maintien d’un ensemble stable de dispositions affectives,
cognitives et conatives, favorables à l’acte d’apprendre,
dans toutes les situations formelles ou informelles, de façon
expérientielle ou didactique, autodirigée ou non, intentionnelle
ou fortuite »
(Heutte, 2013),
p. 122. L’étude des communautés d’apprenance participe
à une meilleure compréhension du déploiement de
l’écologie de l’apprenance. Dans cette perspective, la
construction d’un EPA par
l’étudiant2 contribuerait
à outiller (idéalement à fluidifier) l’articulation
entre des niveaux de réflexivité individuels et/ou
collectifs entre des espaces personnels, partagés et/ou publics.
Cet article a pour objectif principal la proposition d’un cadre
théorique pour l’analyse de l’EPA en tant
qu’élément constitutif de l’environnement optimal
d’apprentissage de l’étudiant, dans une perspective
sociocognitive. La proposition est argumentée en trois parties.
La première partie souhaite éclairer certaines
caractéristiques de l’EPA qui nécessitent de le penser en
tant qu’outillage (à la fois processus et produit) d’une
alternance entre des épisodes autodidactiques réflexifs
(Cyrot, 2007) ;
(Cyrot, 2009) et
des temps de médiation ou d’étayage en interaction avec des
autres, via des communautés d’apprenance et/ou des
institutions. Cette préoccupation conduit à s’interroger sur
l’importance de la part des autres dans l’agentivité de
l’apprenant, notamment dans sa persistance à vouloir
s’outiller pour pouvoir comprendre : seul... mais jamais vraiment sans des
autres...
La deuxième partie souhaite mettre en évidence
l’importance de certains déterminants de la persistance à
vouloir comprendre avec des autres, en tant que « moteur »
du processus de conception d’un EPA du point de vue de l’apprenant.
Elle synthétise les aspects essentiels de trois théories du
self (cf. l’autodétermination,
l’auto-efficacité et l’autotélisme - flow), en vue de
mettre en exergue, dans une troisième partie, les
complémentarités de ces trois théories et de proposer un
modèle sociocognitif pour appréhender le phénomène
de la persistance, au regard du développement de l’EPA.
Enfin, nous conclurons cet article par l’ouverture sur des pistes de
recherches concernant la contribution de l’EPA à la
définition de l’environnement optimal d’apprentissage, ainsi
que les rapprochements possible entre EPA et d’autres concepts ,
via une vision asiatique du knowledge management.
1. Perspective sociotechnique de l’EPA
1.1. Un environnement personnel pour mieux contribuer avec des autres :
connexion postmoderne des hupomnêmata et des gymnásions.
Foucault
(Foucault, 1983)
a été l'un des premiers à réévaluer le
rôle et l'importance des hupomnêmata
(ὑπόμνημα : carnet de
notes, carnet de travail, registre...) dont Sénèque,
Epictète ou Plutarque notamment firent grand usage. Il s'agissait de
dispositifs techniques d'écriture, organisé dans des formes
diverses, évolutives, constitués principalement selon un principe
d’accumulation sélective : un
« environnement » personnel permettant
l’enregistrement des savoirs glanés.
« Il ne faudrait pas envisager ces hupomnêmata comme
un simple support de mémoire, qu'on pourrait consulter de temps à
autre, si l'occasion s'en présentait. Ils ne sont pas destinés
à se substituer au souvenir éventuellement défaillant, Ils
constituent plutôt un matériel et un cadre pour des exercices
à effectuer fréquemment : lire, relire, méditer,
s'entretenir avec soi-même et avec d'autres, etc. Et cela afin de les
avoir, selon une expression qui revient souvent, prokheiron, ad manum, in
promptu. « Sous la main » donc, non pas simplement au sens
où on pourrait les rappeler à la conscience, mais au sens
où on doit pouvoir les utiliser, aussitôt qu'il en est besoin, dans
l'action. Il s'agit de se constituer un logos bioèthikos, un
équipement de discours secourables, susceptibles - comme le dit Plutarque
d'élever eux-mêmes la voix et de faire taire les passions comme un
maître qui d'un mot apaise le grondement des
chiens3. Et il faut pour cela qu'ils
ne soient pas simplement logés comme dans une armoire aux souvenirs mais
profondément implantés dans l'âme, « fichés en
elle » dit Sénèque, et qu'ils fassent ainsi partie de
nous-mêmes : bref, que l'âme les fasse non seulement siens, mais
soi. »
(Foucault, 1983)
p. 6.
Cependant, aussi personnels qu'ils soient, ces hupomnêmata ne
doivent pas être compris comme des journaux intimes
(cf. littérature chrétienne
ultérieure4), car en tant que
tels, ils ne constituent pas un récit de soi-même :
« il s'agit non de poursuivre l'indicible, non de
révéler le caché, non de dire le non-dit, mais de capter au
contraire le déjà-dit ; rassembler ce qu'on a pu entendre ou lire,
et cela pour une fin qui n'est rien de moins que la constitution de
soi. »
(Foucault, 1983)
p. 8. L'écriture des hupomnêmata constitue selon Foucault un
relais important dans la subjectivation du discours avant sa formalisation
médiatisée, notamment via des interactions
langagières avec des autres. Ainsi, bien qu’étant des
« espaces personnels », les hupomnêmata ont
aussi vocation à permettre de mieux préparer les
conférences philosophiques, exercices littéraires ou autres joutes
oratoires dans les portiques du gymnásion
(γυμνάσιον :
gymnase).
Via cette évocation, nous pouvons identifier quelques fonctions
basiques, intemporelles et incontournables qui peuvent aujourd’hui motiver
la construction d’EPA :
- se constituer un logos bioèthikos personnel
(accumuler, collecter, organiser, sélectionner, trier...) ;
- s’outiller pour que cet « équipement de
discours » soit facilement disponible, prokheiron, ad manum, in
promptu, le plus souvent désormais accessible d’un clic
(souris) ou d’un doigt (écran tactile) ;
- formaliser ce que l’on pense avoir compris via des
espaces de médiatisation/publication sélectifs, selon un continuum
de porosité de ces espaces, du plus strictement privé
(réflexif et intime) au complètement public, en passant par
différents espaces plus ou moins largement partageables avec des autruis
significatifs
(Mead, 1963).
L’EPA permet donc d’outiller l’alternance entre des
épisodes autodidactiques réflexifs
(Cyrot, 2007) ;
(Cyrot, 2009) et
des temps de médiation ou d’étayage en interaction avec des
autres. Pour reprendre la métaphore du déploiement de
l’écologie des communautés d’apprenance
(Carré, 2005) ;
(Heutte, 2011b),
la construction de l’EPA va conforter l’écosystème
(son biotope, comme sa biocénose) dans lequel Homo sapiens
retiolus (c.f. Homme « qui pense en
réseau ») va pouvoir « utiliser de façon
raisonnée, toutes les technologies qui sont à sa disposition,
notamment, pour créer de la valeur (information, connaissance et/ou
savoir), en interaction avec des réseaux de pairs et d’experts,
via les réseaux numériques »
(Heutte, 2005) ;
(Heutte, 2010).
Sans nécessairement chercher à trancher entre une conception
des EPA en tant qu’assemblages de services web institutionnels, ou en tant
que bricolages conçus et créés par les étudiants
pour soutenir leurs apprentissages formels ou non formels, nous
référant au concept d’agentivité
(Bandura, 2001) ;
(Bandura, 2008),
nous souhaitons considérer que l’étudiant/l’apprenant
est à la fois produit et producteur de son environnement
d’apprentissage :
- produit, car il est tributaire des conditions institutionnelles
et/ou techniques liées aux outils à sa disposition (ou
institutionnellement mis à sa disposition), ce qui va
nécessairement avoir un impact sur son pouvoir d’apprendre ;
- producteur, car il peut toujours
détourner/déjouer/contourner les usages prescrits de ces outils, y
compris par exemple pour choisir de ne pas se servir de ceux qui sont
institutionnellement mis à sa disposition et d’en utiliser
d’autres qui lui semblent plus pratiques
(Bonfils et Peraya, 2011).
Partant du principe selon lequel la conception d’un dispositif de
formation se poursuit dans l’usage qui en est fait par les apprenants
(Astier et al., 2012),
l’EPA n’échappe en rien aux questions concernant la
porosité et la perméabilité des espaces public,
privé, institutionnel
(Caron et Varga, 2009)
qu’il chevauche. Quelle qu’en soit la conception retenue, la tension
liée à l’interconnexion entre la sphère
personnelle/privée et la mise en réseau avec autrui (en tant
qu’individu ou qu’institution) est clairement au cœur de
l’EPA. De ce fait, la persistance du processus de construction et de
révision réflexive régulière de son EPA par
l’étudiant/apprenant, ne peut à l’évidence
s’envisager sans la prise en compte de ses interactions avec un
environnement social, lui-même lié à un contexte singulier.
1.2. Un environnement personnel connectable à des
communautés
Dans le contexte d’une société dite "2.0", la
capacité pour les individus, comme pour les organisations,
d’identifier "qui sait quoi" et de se connecter les uns aux autres pour
favoriser la création de nouvelles connaissances est devenue
stratégique. Ainsi, les opportunités offertes par les
réseaux numériques font la part belle aux compétences
favorisant les connaissances connectives de leurs membres. De ce fait, elles
bousculent les méthodes et les compétences nécessaires pour
décider, pour travailler et pour comprendre "avec des autres". Elles
influent aussi sur les frontières des "collectifs pour apprendre". Ce
contexte offre à l’évidence un terrain pour la recherche
dans le champ de l’autoformation sociale. Cette dynamique est
vraisemblablement le moteur des communautés d’apprenance
(cf. définition p.2).
Le passage de la notion de groupe à celle de communauté
(Wenger, 2007)
introduit une nuance rendant moins évidente la forme des
« collectifs pour apprendre »
(Heutte, 2011b).
De même, le caractère formel des tâches, des pratiques ou des
centres d’intérêt qui réunissent les individus, sera
variable selon le type de communauté. Suivant les besoins/objectifs de
son propriétaire, la construction de l’EPA consistera donc à
le connecter à diverses communautés. La force du lien avec ces
communautés fluctuera en fonction de ses intérêts et de ses
besoins. Les différents types de communautés peuvent par ailleurs
être classés selon une sorte de continuum depuis (1) celles
constituées de vastes réseaux d’individus ni
réellement identifiés, ni réellement choisis car ils sont
principalement perçus en tant que (trans)porteurs potentiels
d’information à (2) celles qui sont constituées
d’individus qui sont tout à fait identifiés car clairement
choisis (parfois cooptés) en tant que tel, en fonction de
caractéristiques ou de compétences particulières
(Heutte, 2005).
Suivant le type de communauté, les contraintes fonctionnelles et
techniques sont différentes : il est donc important pour les
institutions souhaitant contribuer au développement d’EPA par les
étudiants de bien les identifier.
Quatre types de communautés d’apprenance peuvent être
distingués
(Heutte, 2005) ;
(Heutte, 2013) :
- Communautés d’intérêt : la
dissémination de l’information.
Ce type de communauté rassemble des individus qui partagent des
idées, des croyances, une cause commune ou simplement une
proximité propice à l’échange. Ces communautés
sont parfois implicites. Elles constituent de temps à autre des
réseaux souterrains de pouvoir. Deux lois expliquent ce "pouvoir" : la
loi de Metcalfe, (cité par Glider
(Glider, 1993))
« l’influence d’un groupe augmente au carré du nombre de
participants » ou la loi de Reed
(Reed, 1999)
partant du principe que les réseaux encourageant la construction de
groupes qui communiquent créent une valeur qui croît de
façon exponentielle avec la taille du réseau. Ces lois de
croissance indiquent comment la connectivité potentielle crée la
valeur d’un réseau pour ses usagers. Les communautés
d’intérêt sont ouvertes, elles jouent un rôle dans la
dissémination d’informations. Par ailleurs, appartenir à
plusieurs communautés d’intérêt permet
d’être plus réceptif aux signaux faibles annonciateurs
d’innovations. Techniquement, cela se traduit par exemple par le besoin de
pouvoir intégrer dans son EPA des outils de réseautage
(e.g. Facebook, Tweeter, Youtube...), ainsi que des agrégateurs de
flux. Cela implique aussi le cas échéant de disposer
d’outils de publication permettant la syndication de contenus (cf.
participation au MOOC ITYPA).
- Communautés de pratiques : l’identification des flux de
connaissances.
Dans une communauté de pratique les membres s’identifient par
des pratiques communes. Ils s’engagent à s’entraider,
échanger de l’information, apprendre les uns des autres, construire
des relations, partager leurs savoir-faire. La communauté de pratique est
informelle et spontanée, mais moins ouverte qu’une
communauté d’intérêt. Souvent, les individus doivent
être cooptés pour en devenir membre. Ce sont essentiellement les
flux de connaissances qui caractérisent les communautés de
pratiques. Techniquement, cela se traduit par exemple par le besoin de pouvoir
intégrer dans son EPA des alertes issues de forums (publics comme
privés), mais aussi des outils de gestion de son capital social, comme
ceux fournis par certains réseaux sociaux professionnel (e.g.
LinkedIn, Viadeo, Xing...).
- Communautés de projet : la création collective de
valeur.
Une communauté de projet est centrée sur la tâche. Le
flux d’information et de connaissance y est important, mais totalement
dédié au projet. Il s’agit de délivrer un rendu, un
produit ou une prestation, dans un délai alloué. Les acteurs ont
un rôle donné. Pour être efficace, une communauté de
projet ne peut compter trop de membres. Au-delà d’une dizaine, il
est généralement conseillé de créer des
échelons intermédiaires. Le nombre 13 est superstitieusement
souvent évoqué comme une limite à ne pas dépasser...
Techniquement, cela se traduit par exemple par le besoin de pouvoir connecter
son EPA à des environnements numériques de travail, des espaces de
travail partageables, des outils de gestion électronique des documents,
de gestion de projet (agenda partageable, gestionnaire de tâches,
téléconférence...)
- Communautés épistémiques : la création
collégiale de connaissances.
Une communauté épistémique est centrée sur la
connaissance. Elle est constituée d'un nombre restreint de membres
reconnus et acceptés, le plus souvent selon un principe de cooptation.
Ces derniers travaillent sur un sous-ensemble conjointement défini de
questions en lien direct avec la création de nouvelles connaissances
(Cowan et al., 2000).
Les membres d'une communauté épistémique acceptent de
contribuer ensemble selon une autorité procédurale. Une telle
autorité peut se définir comme, « un ensemble de
règles ou de codes de conduite définissant les objectifs de la
communauté et les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre
et régissant les comportements collectifs au sein de la
communauté »
(Cohendet et Diani, 2003)
p. 705. Cette structuration autour d’une autorité
procédurale est acceptée car elle est essentielle à la
création de nouvelles connaissances. Techniquement, cela se traduit par
exemple par le besoin de pouvoir connecter son EPA à un système de
gestion de publications collectives (workflow permettant l’édition,
le commentaire, l’évaluation, la révision, la publication de
contenus...).
Au-delà de ces objets communs, il convient aussi, et peut-être
avant tout de garder à l’esprit que la force d’une
communauté d’apprenance est liée à la force des liens
qui (ré)unissent ces membres
(Granovetter, 1973).
Comme cela sera détaillé dans la suite de cet article, le
sentiment d’appartenance sociale (lié au besoin de se sentir
reconnu et accepté par des autruis significatifs) est l’un des
moteurs essentiels de la persistance à vouloir contribuer avec des
autres.
1.3. Un environnement personnel connectable à des institutions
Comme évoqué précédemment, en tant que tel,
l’environnement d’un EPA peut être multiforme, voire
très hétéroclite. Sur un plan matériel, il peut
intégrer un lieu physique réel (une pièce, un bureau, un
espace réservé « à
soi »/préservé « pour soi »...),
avec éventuellement des ouvrages et des documents divers (classés
dans des étagères, selon un vrac , plus ou moins structuré
en strates archéologiques...), des dispositifs « penses
bêtes » (tableau, post-it®, ordinateur,
accès au cloud...), des outils permettant la structuration et la
médiation dans d’autres espaces (réels, comme
virtuels/organisés dans une métaphore informatique), avec
d’autres personnes, notamment des autruis significatifs (en
présence, comme à distance). Bien entendu, qu’il soit
envisagé en tant que produit, comme en tant que processus, la dynamique
de la construction de son EPA par l’apprenant intéresse, ou pour le
moins questionne, les institutions éducatives et les organismes de
formation. Au-delà d’une problématique principalement
centrée sur les outils informatiques permettant le stockage temporaire de
documents, il convient désormais à l’évidence de
privilégier les infrastructures et services numériques favorisant
l’exploitation des flux de données et d’information entre les
EPA et les espaces institutionnels, dans un écosystème aux
interactions multiples, centrée autour du principe de flux persistants,
activables par son propriétaire, en l’occurrence ici
l’étudiant, en fonction de ses intentions et projets.
La question de l’institutionnalisation de la construction d’EPA
par les étudiants dans un processus pédagogique, comme celle de
ses éventuelles connexions avec des plateformes de formation ou des
systèmes d’information n’est pas sans rappeler les nombreuses
questions soulevées par la problématique de
l’institutionnalisation des démarches du ePortfolio. Tout
d’abord parce que l’EPA de certains étudiants peut parfois se
limiter à un ePortfolio, mais aussi parce que l’EPA peut le cas
échéant permettre de produire des ressources en vue
d’alimenter un environnement institutionnel d’apprentissage, voire
un système ePortfolio5.
La synthèse des recommandations d’un grand nombre
d’acteurs impliqués dans des projets ePortfolio, effectuée
par Heutte et Jézégou
(Heutte et Jézégou, 2012)
fait apparaître trois préoccupations majeures qui semblent tout
à fait applicables pour les EPA :
- La première préoccupation consiste à se centrer
principalement sur la démarche EPA (intégrée dans un
processus pédagogique) plutôt que sur l’outil EPA
(intégré dans un système d’information) en tant que
tel, tout en repérant les conditions institutionnelles et
éducatives permettant de soutenir cette démarche.
- La deuxième préoccupation interroge une inversion de
paradigme culturellement et institutionnellement délicate : d’une
logique d’enseignement plutôt centrée sur «
l’activité de transmission de savoirs par les enseignants »
à « une logique de construction de compétences centrée
sur l’apprentissage et la construction de connaissances par
l’étudiant ». En effet, la démarche
nécessite de mieux considérer autrement les acquis de la
formation, au-delà des contenus des curricula, pour davantage
raisonner « compétences » et valorisation des acquis de
l’éducation, de la formation et de l’expérience
(cf. learning outcomes). Cette inversion de paradigme, à laquelle
participe la démarche EPA, peut nécessiter une formation et un
accompagnement non seulement en direction des enseignants, mais aussi des
étudiants. D’une manière générale, il
s’agit de développer un enseignement davantage centré sur la
construction de connaissances et de compétences par
l’étudiant lui-même, tout en lui mettant à disposition
un ensemble de ressources éducatives qu’il devra s’approprier
avec l’aide de l’enseignant. Une telle évolution induit la
décentration d’un enseignement régi par la logique de
transmission de contenus pour s’orienter vers un modèle
centré sur l’aide à l’apprentissage. Ainsi, ce
déplacement traduit une mutation pédagogique à laquelle les
enseignants doivent être sensibilisés, préparés et
formés.
- La troisième préoccupation est liée au fait que
l’EPA est un objet personnel appartenant à son auteur, en
l’occurrence l’étudiant. De plus, il doit être
connectable à des systèmes institutionnels d’information, de
formation et de valorisation. Il s’agit de penser la
malléabilité et la porosité dans l’ensemble des
dispositifs techniques afin de permettre des flux d’échanges entre
la personne, les entreprises, les organismes de formation dans le contexte de la
formation tout au long de la vie.
La construction et la mise à jour de l’EPA est surtout et avant
tout une démarche qui doit avoir du sens pour l’étudiant. On
peut d’ailleurs légitimement se poser la question de savoir si
l’institutionnalisation de l’EPA est réellement pertinente.
En effet, le processus perdra pratiquement toute valeur éducative
s’il est perçu par les étudiants comme une activité
en plus (en trop ?), ou pire encore, comme une nouvelle forme de
« devoir à rendre ». Trop souvent hélas, le
gouffre qui sépare les intentions du dispositif pédagogique
rêvé par des enseignants-concepteurs d’un dispositif qui
se veut émancipateur de celui qui est vécu ou
détourné par des étudiants-consommateurs d’un
service dont la seule finalité perçue est la délivrance
d’un diplôme est considérable. Cela conduit parfois
d’ailleurs à des situations grotesques dans lesquelles les
étudiants se contentent de singer les attendus des enseignants, le temps
d’obtenir une note, avec l’intention de pouvoir « passer
à autre chose » dès que
possible6, car cette activité
exigeante demande du temps et de la persistance
(Gauthier et Jézégou, 2009).
Ainsi, en sus de la difficulté de maintenir la motivation des
institutions et des équipes pédagogiques impliquées dans
des démarches de construction et de mise à jour d’EPA par
les étudiants, il convient aussi de s’interroger sur les
motivations peuvent soutenir leur persistance à le mettre à jour,
indépendamment d’une démarche de formation formelle
institutionnalisée, mais plutôt dans le cadre de la formation
« tout au long et tout au large de la vie »
(Carré, 2005).
Pour notre part, nous souhaitons poursuivre notre intention
d’éclairer les déterminants psychosociaux de cette
persistance : « seul... mais jamais vraiment sans des
autres »
2. Vers un modèle sociocognitif de la persistance :
éclairer la part du rapports aux autres dans l’agentivité
personnelle.
Pour le profane ou le politique, la motivation
apparaît comme une « baguette magique » qui permettrait de
résoudre la plupart de nos soucis individuels ou collectifs
contemporains. « Pourtant, ce mot si commun n’est apparu que
très récemment et son usage s’est propagé seulement
à partir du milieu du vingtième siècle
(Mucchielli, 1981 ; Feertchak, 1996)
»
(Fenouillet, 2012)
p. 1. L’étude scientifique de la motivation bien que relativement
récente n’est pas moins foisonnante. Fenouillet
(Fenouillet, 2012)
s’est arrêté au nombre « magique » de 101
théories de la motivation identifiées depuis James
(James, 1890) ou
McDougall
(McDougall, 1908)
qui peuvent être considérées comme étant à
l’origine des premiers travaux scientifiques sur ce que nous appelons
aujourd’hui la motivation.
S’inspirant de la définition de Vallerand et Thill
(Vallerand et Thill, 1993),
Fenouillet introduit une nuance entre la notion de force, qui est
particulièrement bien adaptée pour qualifier la motivation
d’un point de vue interne, et les déterminants de cette force qui
peuvent être internes ou externes, en proposant : « La motivation
désigne une hypothétique force intra-individuelle
protéiforme, qui peut avoir des déterminants internes et/ou
externes multiples, et qui permet d’expliquer la direction, le
déclenchement, la persistance et l’intensité du comportement
ou de l’action. »
(Fenouillet, 2012)
p. 9.
Ainsi, selon Fenouillet, il est nécessaire de distinguer la motivation
qui reste un hypothétique phénomène interne, de ses
déterminants qui peuvent également être internes mais aussi
externes. Par exemple, si la menace d’une sanction (déterminant
externe) peut expliquer le changement de comportement d’un
élève, elle ne caractérise pas la nature de la force (ou
motivation) qui modifie le comportement. Cette sanction doit avoir un relais
interne par exemple en termes de peur, de honte ou d’anxiété
pour expliquer la nature de la force (ou motivation) qui entraîne le
changement de comportement. « Il n’existe pas une seule forme de
motivation. La motivation est avant tout un terme générique,
généralement utilisé à défaut d’une
spécification plus précise sur la nature exacte de la force qui
produit un comportement ou une action. En fonction du contexte, d’autres
termes peuvent être utilisés pour définir plus
précisément la nature de cette force. Les notions telles que
"but", "besoin", "émotion", "intérêt", "désir",
"envie", et bien d’autres encore, peuvent être utilisées pour
une description plus précise. »
(Fenouillet, 2012)
p. 9.
Enfin, Fenouillet
(Fenouillet, 2012)
p. 4 souligne que l’introduction des modèles volitionnels
(Heckhausen, 1986) ;
(Achtziger et Gollwitzer, 2008) ;
(Gollwitzer, 1999) ;
(Kuhl, 1987)
installe un changement paradigmatique : la motivation ne cherche plus seulement
à expliquer le comportement mais aussi la persistance de l’action.
Ainsi, l’impact de la motivation ne peut donc être restreint au seul
comportement, mais doit être étendu à l’action. Cette
dernière peut être envisagée comme une succession de
comportements. Dans cette perspective, une action ne peut persister que si elle
est entretenue et entretient en retour la motivation. Quels que soient les
dispositifs pédagogiques, la question des déterminants de la
persistance des étudiants est récurrente. Elle encore plus vive
avec l’actualité des MOOC, dispositifs généralement
en mesure de perdre, peu ou prou, la moitié des étudiants chaque
semaine...
Poursuivant notre perspective d’une vision de l’EPA en tant que
dispositif d’apprentissage « seul... mais jamais vraiment
sans des autres », nous souhaitons tenter d’éclairer
la part du rapport aux autres dans l’agentivité personnelle
(Heutte, 2011b),
via l’étude des contributions et
complémentarités de trois théories du self
(cf. l’autodétermination,
(Deci et Ryan, 2002),
l’auto-efficacité
(Bandura, 2005)
et l’autotélisme
(Csikszentmihalyi, 2006)).
Pour ce faire nous devons tout d’abord présenter chacune de ces
théories.
2.1. La théorie des besoins psychologiques de base : clarifier
les sources du climat motivationnel
Selon Laguardia et Ryan
(Laguardia et Ryan, 2000)
p. 284, « la théorie de l’autodétermination adopte
le concept de l’eudémonie ou de la réalisation de soi comme
critère d’existence de bien-être mais, de plus, elle
définit explicitement ce qu’il faut entendre par la
réalisation de soi et par quels processus elle est atteinte ».
En effet, la TAD soutient que les humains ont des besoins psychologiques
fondamentaux et que la satisfaction de ces besoins psychologiques fondamentaux
est essentielle à leur croissance, à leur intégrité
et à leur bien-être. Ainsi, quand ces besoins sont satisfaits,
l’organisme connaît la vitalité (Ryan et Frederick, 1997,
cités par Laguardia et Ryan
(Laguardia et Ryan, 2000)),
la congruence interne (Sheldon et Elliot, 1999, cités par Laguardia et
Ryan
(Laguardia et Ryan, 2000))
et l’intégration psychologique
(Deci et Ryan, 1991) :
comme ces besoins fournissent une grande partie du sens et des intentions
sous-jacents à l’activité humaine, leur satisfaction est
ainsi vue comme un but "naturel" de la vie
(Deci et Ryan, 2000).
La TAD « propose une psychologie sociale du bien-être
psychologique »
(Laguardia et Ryan, 2000)
p. 284. Elle explique les conditions sous lesquelles le bien-être
d’un individu est facilité au lieu d’être
entravé en spécifiant quels sont les besoins psychologiques
fondamentaux :
- définir le minimum requis pour qu’une personne soit
en santé ;
- prescrire ce que le milieu doit fournir pour qu’elle se
développe et s’épanouisse psychologiquement.
Ainsi, la TAD maintient que, d’une façon innée,
l’humain tend à satisfaire trois besoins psychologiques
fondamentaux, à savoir le besoin d’autodétermination, le
besoin de compétence et le besoin de relation à autrui
(Deci et Ryan, 2000) ;
(Deci et Ryan, 2008) ;
(Laguardia et Ryan, 2000).
- L’autodétermination réfère au
sentiment de se sentir à l'origine ou à la source de ses actions,
de sorte qu’elle est en congruence avec elle et qu’elle
l’assume entièrement
(deCharms, 1968) ;
(Deci et Ryan, 1985).
Cependant, agir de façon autodéterminée ou de façon
autonome ne veut pas dire agir seul : il convient de bien distinguer
l’autonomie et l’individualisme. Nous serions même
tenté de dire que paradoxalement, il est presque impérativement
nécessaire d’être avec d’autres pour ressentir
réellement son autonomie, notamment quand il sera possible de percevoir
qu’ils respectent nos choix, même s’ils ne les partagent
pas.
- La compétence réfère à un
sentiment d’efficacité sur son environnement
(Deci, 1975) ;
(White, 1959), ce
qui stimule la curiosité, le goût d’explorer et de relever
des défis. À elle seule, l’efficacité ne suffit pas
toutefois à susciter le sentiment d’être
compétent ; elle doit comprendre aussi le sentiment de la prise en
charge personnelle de l’effet à produire
(Laguardia et Ryan, 2000).
Là encore, il est difficile de ressentir réellement sa
compétence sans quelque part sa "confirmation" par d’autres.
Souvent, certaines de nos compétences sont d’abord perçues
par d’autres alors que nous n’en avons même pas conscience.
Cette révélation, et donc le bien-être psychologique qui en
découle, ne peut s’effectuer sans eux.
- Le besoin d’être en relation à autrui
implique la perception de l’affiliation et le sentiment d’être
relié à des personnes qui sont importantes pour soi
(Baumeister et Leary, 1995) ;
(Ryan, 1991).
Ressentir une attention délicate et sympathique confirme alors
qu’on est quelqu’un de signifiant pour d’autres personnes et
objet de sollicitude de leur part.
Dans une recherche concernant l’impact du climat scolaire sur la
motivation, Leroy constate que « c’est principalement via
la signification que donnent les élèves à leur
environnement scolaire que les comportements de l’enseignant affectent les
apprentissages »
(Leroy, 2009) p.
157. Ainsi, c’est au travers de la mesure de la qualité des
relations interpersonnelles et du sentiment d’acceptation (entre les
étudiants, comme vis à vis des enseignants) que
s’appréhende notamment le sentiment d’appartenance sociale
(Heutte, 2011b).
Dans nos travaux (ibid.), nous avons eu l’occasion de souligner
que des trois besoins psychologiques de base, le dernier historiquement
énoncé par Deci et Ryan, à savoir
l’affiliation est, sans pour autant remettre en cause la
complémentarité de ces trois besoins, selon nous, certainement le
plus important : c’est à l’évidence celui qui est
le plus "humain", peut-être tout particulièrement parce qu’il
permet d’entrevoir l’impérieuse nécessité
d’une part d’humanité dans l’humain. Cela trouve tout
particulièrement son sens dans le contexte de la construction d’un
EPA en vue de maintenir le lien avec une communauté d’apprenance.
En effet, que pourrait-il y avoir de plus satisfaisant que de sentir que
l’on fait partie d’une communauté qui, tout en acceptant
l’éventuel l’éclectisme de certains de nos choix dans
la sélection des éléments qui nous permettent de construire
nos connaissances (ce qui conforte notre besoin d’autonomie), reconnait la
qualité et la pertinence de la façon dont nous articulons ces
éléments pour exprimer ce que nous pensons avoir compris (ce qui
conforte notre besoin de compétence). Ne serions-nous pas prêt
à accomplir certaines tâches, bien au-delà d’un
intérêt intrinsèque personnel, juste pour s’assurer
que pouvoir continuer à faire partie de cette communauté qui
satisfait tous nos besoins psychologiques de base ?
2.2. L’agentivité et l’auto-efficacité : le
pouvoir de croire qu’on peut
Selon Bandura
(Bandura, 2001),
« l'être humain n'est pas simplement l'hôte et spectateur
de mécanismes internes orchestrés par des événements
du monde extérieur. Il est l'agent plutôt que le simple
exécutant de l'expérience. Les systèmes sensoriels, moteurs
et cérébraux constituent les outils auxquels les personnes ont
recours pour réaliser les tâches et atteindre les buts qui donnent
sens, direction et satisfaction à leur
vie »7.
Dans cette perspective, l’agentivité peut être
définie comme :
- le fait d’exercer une influence personnelle sur son propre
fonctionnement et sur son environnement
(Bandura, 1986) ;
- la puissance personnelle d’agir
(Ricœur, 2000) ;
- le pouvoir personnel et collectif d'agir
(Nagels, 2005)
Le sentiment d'auto-efficacité constitue la croyance que
possède un individu en sa capacité de produire ou non une
tâche
(Bandura, 1982) ;
(Bandura, 2003).
Plus grand est le sentiment d'auto-efficacité, plus élevés
sont les objectifs que s'impose la personne et l'engagement dans leur poursuite
(Bandura, 2003).
Selon Carré
((Carré, 2003),
préface in
(Bandura, 2003)
p. IV), « d’après Bandura, le système de croyances
qui forme le sentiment d’efficacité personnelle est le fondement de
la motivation et de l’action, et partant, des réalisations et du
bien-être humains. Comme il l’indique régulièrement,
avec une clarté et une force de conviction rares, « si les gens
ne croient pas qu’ils peuvent obtenir les résultats qu’ils
désirent grâce à leurs actes, ils ont bien peu de raisons
d’agir ou de persévérer face aux difficultés
»
Les croyances d’auto-efficacité des élèves et des
étudiants sont positivement associées à l’acquisition
directe des apprentissages et à la réussite scolaire
(Bandura, 2003)
; (Leroy, 2009),
mais également via la préférence pour des
tâches présentant un certain niveau de nouveauté.
« Ainsi, plus l’élève aura confiance en sa
capacité à exécuter les tâches scolaires, plus il
s’orientera vers des activités qu’il perçoit comme des
défis personnels. On voit en cela que les élèves
possédant de fortes perceptions d’efficacité
n’hésitent pas à exprimer des aspirations surpassant leur
niveau actuel de réussite et se disent prêts à faire des
efforts pour dépasser leurs performances habituelles
(Bandura, 2008).
Cette vision optimiste quant aux capacités scolaires s’avère
ainsi une condition nécessaire à l’utilisation de
stratégies d’apprentissage considérées comme
adaptatives en contexte scolaire. »
(Leroy, 2009) p.
158.
Le sentiment d'auto-efficacité est un construit multifactoriel.
Bandura
(Bandura, 2003)
établit une distinction entre les résultats tangibles et les
attentes d'efficacité, de telle sorte que les gens peuvent croire que
certaines actions vont produire certains résultats (attentes de
résultats), mais s'ils ne se sentent pas capables d'exécuter ces
actions, ils ne pourront ni les initier ni persister à les accomplir
(attentes d'efficacité).
Nous inspirant des propos de Bandura
(Bandura, 1986),
nous estimons que « l’auto-efficacité (personnelle
comme collective) renvoie aux jugements que les personnes font à propos
de leur(s) capacité(s), personnelle(s) comme collective(s), à
organiser et réaliser des ensembles d’actions requis pour atteindre
des types de performances attendus, mais aussi aux croyances à propos de
leurs capacités à mobiliser la motivation, les ressources
cognitives et les comportements nécessaires pour exercer un
contrôle sur les événements de la vie »
(Heutte, 2011b)
p. 91. Ces croyances constituent le mécanisme le plus central et le plus
général de l’agentivité.
Selon Fontayne
(Fontayne, 2007),
le sentiment de contrôle que les personnes développent à
propos des évènements qui jalonnent leur vie est en grande partie
influencé par leur perception d’efficacité. Les croyances
d’efficacité se construisent à travers différents
processus cognitifs individuels qui exercent une influence unique sur le
sujet : les expériences de maîtrise, les expériences
vicariantes, les persuasions sociales, les états physiologiques et
émotionnels
(Bandura, 1997).
La théorie sociale cognitive étend le concept
d'agentivité humaine jusqu'à l'agentivité collective
(Bandura, 1997).
La croyance qu'ont les gens de pouvoir produire collectivement des
résultats souhaités est une composante essentielle de
l'agentivité collective. Les réussites des groupes ne sont pas
seulement générées par le partage des intentions, du savoir
et des compétences de ses membres, mais également par la synergie
des dynamiques interactives et coordonnées qui caractérisent leurs
transactions. Étant donné que la performance collective d'un
système social implique des dynamiques transactionnelles,
l'efficacité collective perçue est une propriété
émergente au niveau du groupe ; elle n'est pas simplement la somme
des croyances des individus en leur efficacité. Cela dit, il n'existe pas
d'entité émergente qui opèrerait indépendamment des
croyances et des actions des individus qui composent le système social.
Ce sont les personnes qui agissent conjointement à partir de croyances
partagées, non pas un esprit de groupe désincarné qui
réfléchit, vise des résultats, se motive et régule
son action à cette fin. Les croyances d'efficacité collective
servent des fonctions semblables à celles du sentiment
d'efficacité personnelle et fonctionnent au travers de processus tout
à fait analogues
(Bandura, 1997).
Des études empiriques en provenance de divers champs de recherche
confirment l'impact de l'efficacité collective perçue sur le
fonctionnement du groupe
(Bandura, 2000).
D'autres études ont examiné les effets qu'exercent des croyances
d'efficacité collective développées naturellement sur le
fonctionnement de divers systèmes sociaux. Dans leur ensemble les
résultats montrent que plus l'efficacité collective perçue
est forte, plus les aspirations d’un groupe et son investissement dans ses
projets sont élevés, plus il résiste face aux obstacles et
aux revers, meilleurs sont son moral, sa résilience face au stress et ses
performances.
Dans le contexte de la construction d’un EPA au sein d’une
communauté d’apprenance, les expériences vicariantes
(notamment le fait de pouvoir observer les réussites des pairs dans la
maîtrise des outils), la multiplication des occasion
d’expériences de maîtrise (de part la diversité et la
sophistication incrémentale des activités à accomplir), les
persuasions sociales (notamment encouragements des enseignants), peuvent
provoquer des états physiologiques et émotionnels qui vont
contribuer à renforcer le sentiment d’efficacité personnelle
comme collective.
2.3. L’autotélisme : l’émotion de
l’expérience optimale (état de flow)
Dans les années 1970, au cours de ses études doctorales, le
psychologue hongrois Csikszentmihalyi étudie plus particulièrement
ce que ressentent de nombreuses personnes (artistes, sportifs, joueurs
d’échec...) qui consacrent beaucoup de temps et
d’énergie à des activités pour le simple plaisir de
les faire sans recherche spécifiques de gratifications conventionnelles
comme l’argent ou la reconnaissance sociale. Ainsi progressivement,
Csikszentmihalyi
(Csikszentmihalyi, 1990)
identifie les conditions de l’expérience optimale liée
à un état psychologique subjectif spécifique qu’il
appelle "flow". Le flow se manifeste souvent quand il y a perception d’un
équilibre entre les compétences personnelles et les exigences de
la tâche (la "demande"
(Engeser et Schiepe-Tiska, 2012)).
En contexte éducatif, le flow est, par exemple, ressenti quand
l’ensemble des actions à réaliser pour comprendre, notamment
celles qui réclament une attention particulièrement soutenue,
semblent "couler de source", avec une telle fluidité telle
qu’à aucun moment l’apprentissage ou la compréhension
ne seront interrompus par une quelconque inquiétude concernant ce
qu’il faut faire pour y parvenir ou ce que les autres pourraient en
penser. Bien que la définition du concept ait légèrement
évoluée depuis les années 70 (pour revue voir
(Heutte, 2011b) ;
(Heutte et al., 2014c)),
celle-ci fait actuellement l’objet d’un large consensus
(Engeser et Schiepe-Tiska, 2012).
Selon Nakamura et Csikszentmihalyi
(Nakamura et Csikszentmihalyi, 2009),
le flow est caractérisé par : (1) concentration intense
et focalisée sur l’instant présent, (2) fusion de
l’action et de la conscience, (3) absence de préoccupation à
propos du soi et dilatation de l'ego - épanouissement de la dimension
sociale du soi, (4) contrôle de l'action (5) altération de la
perception du temps et (9) bien être procuré par
l’activité en elle-même (activité
autotélique).
L’expérience optimale apparaît lorsqu’il y a une
correspondance adéquate (un équilibre optimal) entre le
défi (les exigences de la tâche) et les compétences. Par
nature, l’expérience optimale exige une concentration totale de
l’attention sur la tâche en cours, de sorte qu’il n’y a
plus de place pour la distraction. Cette concentration va temporairement
occulter les aspects déplaisants de la vie, les frustrations ou les
préoccupations quotidiennes. Dans le cadre d’un apprentissage,
l’expérience optimale est plus particulièrement ressentie
dans les phases qui nécessitent une importante mobilisation de
compétences : le flow est un état psychologique dans lequel
le sujet se sent simultanément cognitivement efficace, motivé et
heureux de progresser. Moneta et Csikszentmihalyi
(Moneta et Csikszentmihalyi, 1996)
évoquent la métaphore d’une action se déroulant sur
le faîte d’un toit en pente : l’échec ou la
réussite tiennent à peu de choses (incertitude/risque), cependant
compte tenu de l’équilibre optimal entre le défi et ses
compétences, ainsi que de son expérience, l’apprenant
perçoit progressivement que l’objectif est probablement accessible.
Ainsi, au cours d’une phase d’apprentissage, au fur et à
mesure que l’apprenant s’aperçoit qu’il progresse dans
la compréhension de ce qu’il souhaitait étudier, ce
sentiment le portera et le poussera à s’appliquer de plus en plus,
en lui procurant un tel bien-être, qu’il souhaitera que cette
expérience (émotion liée à la perception de cette
progression) se prolonge. C’est d’ailleurs pour continuer à
ressentir le flow qu’il persistera dans l’apprentissage, y compris
parfois en se fixant lui-même de nouveaux objectifs, afin de maintenir le
sentiment de progresser sur une ligne de faîte de plus en plus haute
(cf. Figure 1) : faire plus vite ou faire mieux, par exemple en
optimisant ses actions ou les ressources à sa disposition.
Figure 1 • Représentation
tridimensionnelle du flow
d’après(Moneta, 2012))
traduction personnelle.
L’expérience optimale entraîne des conséquences
très importantes : meilleure performance
(Jackson et Csikszentmihalyi, 1999),
créativité, développement des capacités, estime de
soi et réduction du stress
(Csikszentmihalyi, 2006).
Un ensemble d’études (pour revue, voir
(Delle Fave et al., 2011))
apportent des résultats concourants et montrent l’importance
d’autres concepts dans l’expérience du flow. Comme, par
exemple, des liens positifs entre la motivation et le flow, ainsi que des liens
négatifs entre le flow et l’anxiété ou le
désengagement
(Asakawa, 2004).
2.3.1. Le flow dans les environnements numériques
Des travaux récents font état du grand intérêt et
du caractère prometteur des recherches concernant le flow dans les
environnements numériques
(Choi et al., 2007) ;
(Pearce et al., 2005).
En effet, le flow est une variable explicative très
régulièrement évoquée pour comprendre les
expériences positives avec les ordinateurs (pour revue, voir
(Heutte, 2011b)),
et plus récemment, pour ce qui concerne l'usage d'internet
(Chen, 2006) ;
(Novak et al., 2000).
Cette théorie a notamment été utilisée afin de mieux
appréhender l'absorption cognitive
(Agarwal et Karahanna, 2000)
pendant les activités d'exploration
(Ghani, 1995);
(Webster et al., 1993),
de communication
(Trevino et Webster, 1992),
d'apprentissage
(Ghani, 1995),
d’utilisation de serious game
(Fu et al., 2009) ;
(Heutte et al., 2014c).
2.3.2. Le Flow en contexte éducatif
Un nombre grandissant de recherches s’intéressent à
l’impact du flow en contexte éducatif, par exemple pour
étudier la motivation des élèves de collèges
(Rathunde et Csikszentmihalyi, 2005) ;
(Fenouillet et al., 2014)
ou dans des lycées
(Peterson et Miller, 2004) ;
(Fenouillet et al., 2014)
ou dans des universités
(Caron et al., 2014) ;
(Heutte, 2011b) ;
(Heutte et al., 2014a) ;
(Heutte et al, 2014b) ;
(Heutte et al, 2014c) ;
(Heutte et al., 2014d) ;
(Shernoff et al., 2003).
Turner et Meyer
(Turner et Meyer, 2004)
ont notamment étudié l’impact du soutien et de
l’étayage des étudiants par les enseignants sur le flow. Il
est parfois courant d’observer dans des espaces virtuels de formation
formels comme informels, des hyperconnectants enthousiastes capables de
catalyser une dynamique collective positive
(Heutte et Casteignau, 2006)
donnant l’impression qu’ils le font sans revendication ou attente de
gratification particulière : comme s’il le faisait juste pour le
plaisir
(Heutte, 2010).
L’intérêt de ces personnes pourrait parfois juste être
guidé par l’envie de vivre des temps forts collectifs pour
« apprendre » et « connaître »
(Heutte, 2011b).
Afin de pouvoir mieux appréhender le flow en contexte éducatif
(via la construction de l’échelle de mesure EduFlow), Heutte
et ses collègues
(Heutte et al, 2014b)
retiennent 4 dimensions : (1) l’absorption cognitive, (2)
l’altération de la perception du temps, (3) l’absence de
préoccupation à propos du soi, et (4) le bien-être
procuré par l’activité en elle-même. Ces quatre
dimensions éclairent remarquablement la persistance du comportement des
apprenants en contexte de formation.
2.3.3. L’absorption cognitive : quand plus rien ne peut
perturber.
L’expérience de flow est décrite par de nombreuses
personnes comme un des meilleurs moments de leur vie au cours duquel les actions
se déroulent avec une extraordinaire impression de fluidité, en
ayant le sentiment d’être très à l’aise, sans
avoir l’impression de devoir faire un effort pénible. Dans cet
état, ils étaient tellement complètement impliqués
dans l’activité que plus rien d’autre ne pouvait les
perturber. Au-delà du plaisir lié à l’activité
et de la persistance liée à l’intérêt
intrinsèque pour l’activité, l’immersion totale dans
l’activité est un aspect central de l’expérience de
flow
(Csikszentmihalyi et al., 1993)
;
(Ellis et al., 1994) ;
(Ghani et Deshpande, 1994) ;
(Heutte et al, 2014b).
Après échanges avec Agarwal et Karahanna, et avec leur accord,
nous suggérons d’en étendre et d’en revoir la
définition originale (Agarwal et Karahanna 2000), pour proposer de
définir l’absorption cognitive (AC) comme un état de profond
engagement focalisé sur la volonté de comprendre avec, comme sans,
l’usage des technologies numériques. Cet état est
« lié à un épisode d'attention totale
(expérience optimale d’apprentissage) qui ‘absorbe’
(qui focalise) entièrement les ressources cognitives au point que plus
rien d'autre n’importe que de comprendre, ce qui a notamment pour
conséquence immédiate que pratiquement plus rien ne peut
effectivement perturber la concentration exclusivement centrée sur la
compréhension »
(Heutte, 2011b)
p. 105. Ainsi, nous considérons l’AC comme « une
focalisation exclusive, extrême et apaisante, liée à un
état de concentration totale dans une activité »
(Heutte, 2011b)
p. 107. Trivialement, nous sommes tenté de dire, qu’à ce
moment-là, le sujet "fait le vide autour de lui/est dans sa bulle", alors
que le plus souvent, il serait certainement plus juste de dire que "le vide/la
bulle se fait autour de lui" car, l’AC est liée à un
intérêt intrinsèque "envahissant" pour
l’activité et se produit à certains égards aux
dépens du sujet, en dehors de sa volonté : quand le sujet est en
quelque sorte pris au piège de son propre intérêt pour
l’activité ! »
(Heutte, 2011b)
p. 105. Dans les activités induites par la motivation intrinsèque
à comprendre, l’AC est l’un des éléments
fondamental du rapport au savoir et de la motivation à apprendre : un
état dans laquelle l’ensemble des ressources cognitives du sujet
sont exclusivement mobilisées autour de la cognition
(Heutte et al., 2014b).
Dans la contexte de la construction d’un EPA au sein d’une
communauté d’apprenance, l’absorption cognitive va provoquer
l’altération de la perception du temps (ce qui va prolonger la
persistance des étudiants dans la construction et la mise à jour
de leur EPA, ainsi que dans l’interconnexion avec les autres), une absence
de préoccupation à propos du soi (ce qui va faciliter la demande
d’explication ou d’aide en cas de manque de compétence ou
d’incompréhension). Enfin, cette expérience optimale va
provoquer un bien-être qui incite à augmenter le défi pour
ressentir à nouveau l’état de flow. En tant que tel, un
environnement d'apprentissage qui soutient le flow (l'expérience
optimale) est un environnement optimal d'apprentissage
(Heutte, 2014).
3. Proposition d’un modèle sociocognitif de la
persistance : contribution et complémentarité de
l’autodétermination, de l’auto-efficacité et de
l’autotélisme.
Bien que chacune des trois théories
évoquées dans les lignes précédentes contiennent une
prise en compte de la dimension sociale de l’individu, en tant que telles,
elles ne permettent pas réellement d’éclairer la persistance
de l’étudiant à construire et à mettre à jour
de son EPA, en tant que dispositif d’apprentissage personnel, mais qui ne
peut se concevoir pleinement « sans des autres ».
C’est dans cette dernière partie que nous souhaitons proposer un
modèle sociocognitif de la persistance via les contributions et
complémentarités de trois théories du self
(cf. l’autodétermination,
(Deci et Ryan, 2002),
l’auto-efficacité
(Bandura, 2005)
et l’autotélisme
(Csikszentmihalyi, 2006)).
D’un point de vue sociocognitif, il est en effet possible de se sentir
littéralement porté par le contexte collectif, boosté par
le flow et le sentiment de vivre une expérience optimale
d’apprentissage, notamment du fait que nos choix sont respectés ou
suivis (ce qui conforte notre besoin d’autodétermination), ainsi
que par des feedbacks positifs quant à la qualité de nos
contributions (ce qui conforte notre besoin de compétence
(Deci et Ryan, 2000)).
La conjugaison de ces besoins psychologiques de base a une incidence sur le
bien-être et le sentiment d’efficacité personnelle, comme
collective. Il s’agit-là de conditions essentielles à la
persistance dans les efforts pour partager, acquérir et construire des
connaissances, dans la mesure où elle pousse à s’impliquer
bien souvent au-delà de ce qu’il est possible de réaliser
seul. Ainsi, les contributions et complémentarités de ces trois
théories du self offrent un cadre d’analyse pertinent pour
éclairer l’implication (motivation) et la persistance (volition) de
l’étudiant dans le désir de progresser,
d’acquérir de nouvelles compétences, de comprendre et donc
de vouloir, via le développement d’un EPA, se former et
apprendre par soi-même et à certains égards pour les autres,
afin de pouvoir être reconnu et accepté dans une communauté,
en tant que sujet sachant. Cette expérience est si gratifiante, elle
procure une telle émotion, qu’elle justifie à elle seule que
ceux qui l’ont vécu (au moins une fois) se donnent parfois beaucoup
de mal pour réunir toutes les conditions afin de pouvoir la revivre
à nouveau. Ainsi, pouvons-nous considérer que le sentiment
d’acceptation est l’un des déterminants essentiels de la
persistance à vouloir s’outiller afin de pouvoir contribuer dans
des communautés d’apprenance, notamment via la construction
et la mise à jour de son EPA.
C’est dans le but d’éclairer la construction dynamique, de
ces communautés d’apprenance que nous avons suggéré
le Modèle heuristique du collectif individuellement motivé
(MHCIM, cf. Figure 2) développée selon
l’hypothèse que le bien-être psychologique est une des
conditions du développement optimal des individus, des groupes et des
organisations
(Heutte, 2011b).
Élaboré et validé initialement dans le cadre d’une
étude impliquant plus de 700 étudiants, nous en avons
envisagé l’extension pour étudier la persistance à
vouloir travailler et apprendre avec des autres dans des contextes variés
(Heutte, 2012).
Les résultats de cette étude
(Heutte, 2011b)
sont conformes à tous les travaux concernant le climat motivationnel (pour
revue
(Tessier et al., 2006)) :
ils mettent en évidence l’importance de la perception de
l’affiliation sur le bien-être psychologique
(Deci et Ryan, 2000),
notamment que la qualité des relations interpersonnelles (QRI), tout
particulièrement avec les enseignants (QRIp), est un
antécédent du bien-être (FlowD4) des étudiants.
Nos résultats
(Heutte, 2011b)
p. 191 mettent en évidence :
- La très forte contribution de la perception de la
qualité des relations interpersonnelles (QRI) au sentiment
d’acceptation (ACC) que ce soit respectivement avec les enseignants ou
avec les étudiants.
- La contribution des perceptions de l’affiliation avec les
enseignants sur celles concernant les étudiants est plus
élevée pour la qualité des relations interpersonnelles
(QRI) que pour le sentiment d’acceptation (ACC).
- La contribution de la perception du sentiment d’acceptation
(ACC) au bien-être (FlowD4) est plus marquée avec les enseignants
qu’avec les étudiants.
La qualité des relations interpersonnelles avec les enseignant (QRIp)
est pour ainsi dire le point de départ d’une sorte dynamique
positive qui impacte la qualité des relations interpersonnelles entre les
étudiants (QRIe), ainsi que sur leur sentiment d’acceptation avec
les enseignants (ACCp) comme avec les étudiants (ACCe) et leur
bien-être (FlowD4). Il apparaît ensuite
(Heutte, 2011b)
p. 196, d’une part (1) que le sentiment d’efficacité
personnelle (SEP) des étudiants est davantage lié à la
perception de la qualité des relations interpersonnelles avec les
enseignants (QRIp) qu’avec les étudiants (QRIe), d’autre part
(2) que le sentiment d’efficacité collective des étudiants
(SEC) est davantage lié au sentiment d’acceptation par les
étudiants que par les enseignants. Enfin, dans le modèle
testé
(Heutte, 2011b)
p. 194, il apparaît que l’auto-efficacité a un pouvoir
explicatif élevé (50% de la variance) de l’absorption
cognitive. L’examen du niveau de signification associé aux
coefficients de régression met par ailleurs en évidence que la
contribution du SEC à l’absorption cognitive (FlowD1) est nettement
plus importante que celle du SEP.
Ainsi, ces résultats mettent en évidence l’impact
essentiel, du soutien des besoins d’appartenance sociale des
étudiants par les enseignants. Il s’agit de l’une des
conditions nécessaires pour qu’au sein de la communauté
d’apprenance les liens entre les étudiants et leur SEC soient
suffisamment forts pour induire leur absorption cognitive (FlowD1). Nous pouvons
formuler l’hypothèse que l’altération de la perception
du temps (FlowD2), l’absence de préoccupation à propos du
soi (FlowD3), ainsi que le bien-être (FlowD4) provoqué par
l’absorption cognitive (FlowD1) vont avoir un impact respectifs sur la
persistance dans la création ou la mise à jour de l’EPA (du
fait de la perte de la notion du temps), la qualité de
l’apprentissage (du fait qu’en état de flow, faire appel
à la communauté pour comprendre n’a pas d’impact sur
l’ego) et l’intention de maintenir les conditions du renouvellement
de cette expérience émotionnelle liée au plaisir de
s’apercevoir que l’on comprend.
-
Figure 2 Modèle heuristique du collectif
individuellement motivé (MHCIM) : Les influences de
l’affiliation, de l’auto-efficacité et du flow sur le
bien-être.
(Heutte, 2011a)
p. 239
QRIr : qualité des relations interpersonnelles avec ceux qui
sont responsables du dispositif
QRIa : qualité des relations interpersonnelles avec ceux qui
travaillent ou apprennent dans le dispositif
ACCr : sentiment d’acceptation avec ceux qui sont responsables du
dispositif
ACCa : sentiment d’acceptation avec ceux qui travaillent ou
apprennent dans le dispositif
SEP : sentiment d’efficacité personnelle
SEC : sentiment d’efficacité collective
FlowD1 : absorption cognitive
FlowD2 : altération de la perception du temps
FlowD3 : absence de préoccupation à propos du soi /
dilatation de l’ego
FlowD4 : bien-être
Ce modèle qui se veut aussi dynamique considère que la
boucle volitionnelle du SEC (SEC à absorption cognitive à bien-être à SEC à
absorption cognitive à bien-être
à...) est pour ainsi dire alimentée
par deux flux complémentaires (cf. Figure 2) :
- l’ensemble des variables qui renforcent les conditions du
flow (notamment l’absorption cognitive), à savoir, le SEP et le
SEC ;
- l’ensemble des variables qui renforcent les
caractéristiques (les effets) du Flow (notamment le bien-être),
à savoir, le sentiment d’affiliation avec ceux qui travaillent et
apprennent dans le dispositif (QRIa/ACCa), ainsi qu’avec ceux qui sont
responsables de l’organisation du dispositif (QRIr/ACCr).
Ces flux se combinent entre eux pour renforcer le bien-être et la
persistance à vouloir contribuer avec des autres : la boucle
volitionnelle du SEC serait ainsi l’un des constituants essentiels de
cette spirale positive et optimale à mettre en œuvre.
La proposition du MHCIM permet d’envisager le principe d’une
ingénierie de formation autotélique dont l’énergie
principale est co-produite par les interactions et surtout les contributions des
membres de la communauté d’apprenance. S’appuyant sur le
principe de l’apprentissage en tant que participation légitime
périphérique
(Lave et Wenger, 1992),
la prise en compte incrémentale de l’expertise des membres de la
communauté peut permettre aux créateurs/concepteurs de la
communauté de changer le statut des novices afin de pouvoir les
intégrer progressivement, de façon incrémentale, dans des
groupes en charge de la régulation de la communauté. Dans
l’absolu, un système autotélique massivement multiapprenants
(couplage idéal d’EPA et de communautés d’apprenance,
à mi chemin entre un jeu massivement multi-joueurs en ligne et un MOOC)
peut même échapper au système d’éducation
formel ayant été le cas échéant à
l’origine de sa conception : le système devient
autopoïétique dans la mesure où il auto-produit sa propre
gouvernance.
4. Eclairer certains éléments constitutifs d’un
environnement optimal d'apprentissage : quelques pistes de recherches
originales et prometteuses.
Reprenant le fil de nos propos, les premières
pistes de recherche auxquelles nous pensons concernent plus
particulièrement les EIAH. Nous avons évoqué dans la
première partie de ce texte de nombreuses fonctionnalités qui nous
semblaient constitutives d’un EPA en tant que dispositif
d’apprentissage permettant de s’outiller pour pouvoir mieux
comprendre « seul... mais jamais vraiment sans des
autres... ». Cependant, nous sommes loin d’avoir
cerné l’ensemble des besoins, et surtout des contraintes
institutionnelles, pédagogiques et techniques. Nous avons laissé
de nombreuses questions en suspend, comme par exemple : Comment
résoudre la tension entre la perspective d’un EPA dont la
construction et la mise à jour relèvent exclusivement de la
responsabilité de l’étudiant, tout en s’assurant que
cet EPA sera à la fois potentiellement connectable à des
communautés d’apprenance et à des systèmes
d’information, des infrastructures et services numériques
institutionnels ? Quelle(s) porosité(s) et quelle(s)
malléabilité(s) prévoir entre les systèmes
institutionnels et l’écosystème de l’EPA ?
Comment outiller la transformation d’un flux d’information en une
connaissance construite et objectivée en interaction avec des
autres ?
Sans minorer ces questions fondamentales concernant le biotope des
communautés d’apprenance, nous souhaitions surtout attirer
l’attention sur l’importance des interactions nécessaire
à la persistance à vouloir comprendre « seul... mais
jamais vraiment sans des autres... » : la biocénose
des communautés d’apprenance. En effet, au-delà de la
qualité des infrastructures numériques, nous soutenons que la
persistance des étudiants dans la construction et la mise à jour
de leur EPA repose en grande partie sur des déterminants
psychosociaux.
Compte tenu de très nombreux relatifs échecs concernant
l’introduction d’innovations sociotechniques dans les dispositifs
pédagogiques, il conviendra dans un premier temps d’étudier
les représentations des étudiants : Quel(s) sens donnent-ils
à la construction d’un EPA ? Cette construction est-elle
réellement perçue comme une occasion de développement
personnel, ou plutôt comme un exercice scolaire ? Comment faire en
sorte que l’étudiant soit concepteur d’un environnement qui
réponde à ses besoins ? A quelles conditions est-ce
possible ?
Bien entendu, l’étude de l’évolution des
perceptions des enseignants offre également de nombreuses pistes de
recherche : Quelles sont leurs conceptions de l’EPA ? Comment
conçoivent-il l’intérêt de la construction d’un
EPA par l’étudiant ? Comment prennent-ils en compte cette
démarche dans leurs actes pédagogiques ? Comment les
accompagner (le cas échéant, les former) pour renforcer la
réussite de leurs initiatives ?
Concernant notre proposition d’un modèle sociocognitif de la
persistance de la construction d’un EPA par l’étudiant, les
premières pistes de recherche concernent tout d’abord
l’étude de ses éventuels effets sur l’évolution
de la satisfaction des besoins psychologiques de base : Les
étudiants développent-ils des compétences qui les rendent
plus autonomes ? Se sentent-ils académiquement/professionnellement
plus compétents ? Quels sont les effets du soutien de la construction
d’EPA sur la qualité des relations interpersonnelles entre
étudiants comme avec les enseignants ? Les étudiants
développent-ils le sentiment d’appartenance à des
communautés d’apprenance ?
La théorie sociale cognitive offre des perspectives de recherche qui
peuvent par exemple se center plus particulièrement sur
l’auto-efficacité des étudiants, comme des
enseignants : Quelle est l’évolution du sentiment
d’efficacité personnelle de l’ensemble des acteurs dans
l’usage des outils nécessaires à la construction de
l’EPA ? Quels sont les déterminants du renforcement du
sentiment d’efficacité personnelle et/ou collective des
étudiants comme des enseignants ? Comment accompagner (le cas
échéant, former) l’ensemble des acteurs ?
Pour sa part, l’autotélisme suggère plus
particulièrement l’étude des éventuels effets de la
construction d’un EPA sur le flow des étudiants : La
démarche renforce-t-elle l’absorption cognitive des
étudiants ? L’altération de la perception du temps
prolonge-elle la persistance des étudiants dans la construction et la
mise à jour de leur EPA ? L’absence de préoccupation
à propos du soi favorise-t-elle l’interconnexion avec les
autres ? Quels sont les liens entre les dimensions du flow et
l’auto-efficacité personnelle comme collective ?
Enfin, nous souhaitons inscrire nos propos dans le champ de la psychologie
positive
(Seligman et Csikszentmihalyi, 2000) ;
(Gable et Haidt, 2005).
Dans la mesure où l’intention de la construction d’un
environnement optimal d’apprentissage est de contribuer au flow (à
l’expérience optimale) en contexte éducatif, cette
préoccupation constitue un axe spécifiquement dédié
à la recherche en psychologie positive dans le champ de
l'éducation et de la formation (cf. psychologie de
l'éducation positive), à savoir, selon Heutte et ses
collègues
(Heutte et al., 2013),
l'étude scientifique des conditions et des processus qui contribuent
à l’épanouissement et/ou au fonctionnement optimal :
- des apprenants, personnels de l'éducation ou de la
formation et autres acteurs de la communauté éducative ;
- des communautés (réelles, comme virtuelles)
dans lesquelles ils travaillent ou apprennent ;
- des systèmes, organismes ou dispositifs
d'éducation et de formation.
Ce triple niveau d’interrogation (individu, groupe et organisation)
semble ouvrir sur de nombreuses pistes de recherches originales, prenant
pleinement en compte la dimension à la fois intime et sociale de
l’émotion liée au plaisir de comprendre, laissant ainsi
entrevoir des rapprochements féconds entre EPA et ePortfolio
(Gauthier et Pollet, 2013),
elearning
(Downes, 2009) ;
(Jézégou, 2012a) ;
(Jézégou, 2012b),
gestion personnelle des connaissances
(McFarlane, 2011),
connectivisme
(Siemens, 2005),
auto-formation éducative
(Poisson, 1997) ;
(Jézégou, 2006) ;
(Jézégou, 2008)
ou encore intelligence collective
(Levy, 1997).
En guise d’ouverture conclusive, nous souhaitons attirer
l’attention sur la pertinence de la vision asiatique du knowledge
management. Celle-ci considère en effet que les connaissances les plus
stratégiques sont souvent collectives et tacites. Ainsi le "savoir qui"
pourrait être encore plus stratégique que le "savoir quoi".
Là où certains imaginent que pour pouvoir résoudre un
problème inconnu, il suffit de "stocker la connaissance de ceux qui
savent" pour maîtriser leur savoir afin de trouver la solution,
d’autres préfèrent "favoriser les flux
d’échanges entre ceux qui savent" et leurs faire confiance pour les
laisser co-construire de nouveaux savoirs afin de trouver la solution. Cela
revient à dépasser la logique des infrastructures et services,
pour penser les TIC en termes de déploiement des technologies de
l’intelligence collective
(Heutte, 2005),
au service du fonctionnement optimal des communautés d’apprenance
qui composent l’organisation et ses dispositifs de travail ou de
formation.
Nonaka et Konno
(Nonaka et Konno, 1998)
proposent ainsi un modèle de création spiralaire des connaissances
(cf. Figure 3) qui intègre quatre modes de conversion du savoir
selon les trois niveaux (individu, groupe et organisation) dont
l’articulation permet d’entrevoir de nombreuses interactions
fécondes entre EPA et communautés d’apprenance, au service
de l’intérêt mutuellement bénéfique des
individus, des groupes et de l’organisation dans laquelle ils travaillent
ou apprennent :
- Tacite vers tacite : socialisation (entre des individus =
connaissance « sympathique », liée à
l’empathie) ;
- Tacite vers explicite : extériorisation (entre des
individus au sein d’un groupe = connaissance « conceptuelle
», liée à l’articulation) ;
- Explicite vers explicite : combinaison (entre des groupes au
sein d’une organisation = connaissance « systémique
», liée aux connexions) ;
- Explicite vers tacite : intériorisation (individu au
sein de son groupe et de l’organisation = connaissance
« opérationnelle », liée à
l’incarnation).
Figure 3 Modèle de la création
spiralaire des connaissances
(Nonaka et Konno, 1998))
p. 43, traduction personnelle.
Cela nous permet de venir réinterroger l’environnement optimal
d’apprentissage, avec un autre éclairage : celui de la logique
du lieu8. Selon Nonaka et ses
collègues
(Nonaka et al., 2000),
l’environnement optimal serait le “Ba” : un espace social
partagé qui transcende les frontières cognitives, sociales ou
organisationnelles en permettant la confrontation des idées pour faire
émerger de nouvelles connaissances (cf. Figure 4).
La conjonction de tous ces éléments est un
événement qui transforme le rapport au savoir et à la
connaissance. Quant à l’émotion ressentie à ce
moment-là, elle constitue l’un des moteurs de la persistance : si
apprendre est rarement une partie de plaisir, comprendre (faire comprendre, se
faire comprendre, être compris...) peut être totalement jubilatoire.
Cette expérience est si gratifiante qu’elle justifie à elle
seule que ceux qui l’ont vécu (au moins une fois) se donnent
parfois beaucoup de mal pour réunir toutes les conditions afin de pouvoir
la revivre à nouveau. Ainsi, est-il possible de considérer que
certains (cf. l’épicurien de la connaissance
(Heutte, 2010))
se régalent du savoir, de la connaissance et surtout de la
compréhension (du plaisir de s’apercevoir que l’on comprend)
dans un rapport presque charnel au savoir.
Figure 4 : Concept de Ba (Nonaka et Toyama,
2003 traduction
Heutte(Heutte, 2014)))
A la lumière des différents éléments qui viennent
d’être détaillés dans les lignes
précédentes, il est possible d’ouvrir la réflexion
sur ce qui semble caractériser cet écosystème. A
l’évidence, l’environnement optimal d’apprentissage
doit a minima permettre de conforter :
- le besoin d’autodétermination, de compétence
et d’appartenance sociale de l’ensemble des acteurs ;
- leur sentiment d’efficacité personnelle, comme
collective ;
- leur persistance à vouloir comprendre, apprendre et
travailler ensemble, en assurant leur bien-être psychologique.
Cela revient à inventer une pédagogie de l’innovation en
privilégiant une approche à la fois systémique (partant du
principe que l’innovation institutionnelle est un préalable
à l’acceptation de l’innovation pédagogique et/ou
technologique) et socio-cognitive, pour tenter de co-construire
collégialement cet environnement avec l’ensemble des acteurs : ceux
qui doivent apprendre et travailler ensemble, comme ceux qui sont responsables
(directement, comme indirectement) de leurs conditions de travail ou
d’étude. Dans la mesure où ils favorisent un climat
motivationnel de nature à renforcer le flow des apprenants (cf.
Figure 2), tous ces éléments sont des variables contributives de
la conception d’un environnement optimal d’apprentissage.
L’étude scientifique des conditions et des processus qui
contribuent à l’émergence, la croissance et/ou le maintien
d’un environnement optimal d’apprentissage ouvre de nombreuses
pistes de recherche (dans des champs disciplinaires et interdisciplinaires
variés) qui confortent la posture systémique de la psychologie de
l’éducation positive.
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1 « ...... (sauf erreur de notre
part...)
2 Dans ce document, la forme
masculine est utilisée sans aucune discrimination et uniquement dans le
but d'alléger le texte.
3 Plutarque, De
tranquillitate, 464e. (De la tranquillité de l'âme, trad. J.
Dumortier et J. Defradas, in Oeuvres morales, Paris, Les Belles Lettres, «
Collection des universités de France », 1975, t. VII, 1re partie, p.
98 [N.d.E.].)
4 Dans la Vita Antonii,
Anastase (Anastase, 357/1989) présente la notation écrite des
actions et des pensées comme un élément indispensable de la
vie ascétique, de même qu’« on ne forniquera pas
devant témoin [...], l'écriture remplace les regards des
compagnons d'ascèse : rougissant d'écrire autant que d'être
vus, gardons-nous de toute pensée mauvaise... », ainsi,
« ce que les autres sont à l'ascète dans une
communauté, le carnet de notes le sera au solitaire. »
5 Selon Ravet (2009), le dispositif
technique ePortfolio doit être réfléchi en tenant compte de
ces trois niveaux d’organisation :
- Le système de gestion de ePortfolios (SGeP) est un
dispositif technique permettant à une organisation de gérer un
ensemble de ePortfolios en adéquation avec le système
d’information et la gestion du dispositif, telle qu’elle sera
définie au préalable par l’organisation.
- Le système ePortfolio (SeP) est un ensemble de
services numériques institutionnels permettant à une personne (ou
une organisation) d'archiver les résultats de ses apprentissages, de les
relier entre eux et à d'autres sources d'informations (autres documents,
bases de données de compétences) et de publier des portfolios
adaptés aux besoins d'audiences particulières. C’est
également dans le SeP que s’organisent les échanges entre
les acteurs (étudiants, enseignants, tuteurs, maîtres de stage,
administration...).
- Le ePortfolio (eP) est un espace personnel de
l’étudiant/apprenant avec un ensemble de services lui permettant
d’organiser ses données.
6 Dans un établissement
où en Master 1 il était proposé un temps de
formation/accompagnement pour la création ou la mise à jour de son
porte-feuille d’expérience et de compétence (PEC), une
étudiante de répondre : “Moi je n’en ai pas besoin, le
PEC je l’ai déjà, je l’ai passé
l’année dernière : on n’avait pas le choix,
c’était obligatoire dans mon ancien
établissement...Ça prend du temps, je n’ai vraiment pas
compris à quoi ça peut servir...Je me suis fais avoir une fois,
ça m’a suffit...”
7 Adaptation par S. Brewer et P.
Carré de l’article : Social cognitive theory : An agentic
perspective, Annual Review of Psychology, 2001. 52 : 1-26,
publiée dans (Carré & Fenouillet, 2008)
8 La logique du lieu (場所的論理 bashotekironri), si
chère au philosophe japonais Nishida, permet de donner un sens
philosophique à une certaine capacité mimétique propre
à la culture japonaise, consistant notamment à se vider de son soi
propre pour mieux comprendre la connaissance de l’autre
A
propos des auteurs
Régulièrement missionné depuis plus
de 20 ans afin de favoriser le déploiement des usages pédagogiques
des technologies numériques, expert auprès du ministère de
l'éducation nationale, puis de celui de l'enseignement supérieur
et de la recherche français, chargé du pilotage de projets
nationaux pendant une dizaine d’années, Jean Heutte est
actuellement responsable de l’évaluation de la qualité des
formation, des enseignements et du fonctionnement (EQFEF) de l’ESPE Lille
Nord de France et chercheur permanent au sein de l’équipe Trigone
du laboratoire CIREL de l’université de Lille1. Ses travaux
s’inscrivent dans le champ de la psychologie de l’éducation
positive, ils sont principalement consacrés à
l’étude des déterminants motivationnels de la persistance de
l’apprentissage humain dans des communautés de travail ou de
formation.
Adresse : équipe
Trigone-CIREL EA 4353, Lille1 et ESPE Lille Nord de France, CUEEP, Cité
scientifique (Bureau B6-209)
59 655 Villeneuve d'Ascq CEDEX -
Courriel : jean.heutte@univ-lille1.fr |