Technologies et formation à distance
Richard Hotte Centre
de recherche LICEF/CIRTA
Pascal Leroux LIUM,
Université du Maine
RÉSUMÉ
: Notre intention, dans ce papier introductif, est de
préciser les contextes universitaires et les approches pédagogiques
sous-jacentes dans lesquels les travaux en formation en ligne sont
engagés et l’influence de ces contextes sur ces mêmes
travaux. Ce positionnement devrait faciliter la lecture, l’interprétation
et la compréhension des articles de ce numéro spécial
voire de s’assurer, par la même occasion, de l’intelligibilité
du discours actuel sur la formation à distance. Nous voulons
rendre accessible les contributions à ce numéro aux
deux cultures francophones universitaires principalement concernées,
la France et le Québec, où l’expérience
de la formation à distance et, également, l’usage
des technologies de l’information et de la communication en
éducation nous apparaissent marquées par des différences
significatives.
MOTS
CLÉS : Enseignement en présence/formation
à distance, formation en ligne, technologies de l’information
et de la communication, apprentissage
ABSTRACT : In
this paper, our aims is to clarify the university contexts and underlying
instructional approaches in which on-line education works are engaged
and the influence of these contexts on this same works. This positioning
should facilitate the reading, interpretation and understanding
of the articles of this special issue, as well as ensure the intelligibility
of the current trends on the distance education. We want to make
sure that the contributions to this issue are within the reach of
both French-speaking academic cultures, France and Quebec. We have
the feeling that there are significant differences between French
and Quebecer experiences concerning the distance education and the
use of ICT in education
KEYWORDS : Face-to-face
teaching, distance learning, e-learning, Information and communication
technologies (ICT), learning
1. Introduction
La réception des articles pour l’élaboration
de ce numéro spécial nous a confortés dans
l’idée qu’il était intéressant
d’essayer de mettre en perspective les travaux de recherche
en formation en ligne, c’est-à-dire, une formation
qui utilise Internet pour sa diffusion1,
selon les contextes éducatifs dans lesquels ils sont réalisés.
En effet, les approches, paradigmes et solutions liés aux
recherches menées nous paraissent dépendre souvent
du vécu du chercheur ou plutôt de l’enseignant/chercheur
et de l’établissement dans lequel il pratique sa recherche.
Les problématiques et les approches pédagogiques mises
en œuvre sont la plupart du temps très différentes
entre une université à distance et un campus universitaire.
Notre intention, dans cet éditorial, est donc de préciser
les contextes universitaires et les approches pédagogiques
sous-jacentes dans lesquels les travaux en formation en ligne sont
engagés et l’influence de ces contextes sur ces mêmes
travaux. Ce positionnement devrait, nous semble-t-il, faciliter
la lecture, l’interprétation et la compréhension
des articles de ce numéro spécial voire de s’assurer,
par la même occasion, de l’intelligibilité du
discours actuel sur la formation à distance. Nous voulons
rendre accessible les contributions à ce numéro aux
deux cultures francophones universitaires principalement concernées,
la France et le Québec, où l’expérience
de la formation à distance et, également, l’usage
des technologies de l’information et de la communication en
éducation nous apparaissent marquées par des différences
significatives.
Nous voulons également éviter de confondre formation
à distance et formation en ligne dans un contexte éducatif
où se croisent recherches et pratiques innovantes en provenance,
à la fois, d’universités en présence
et d’universités à distance. L’univers
éducatif de la formation en ligne se caractérise par
l’intégration des technologies de l’information
et de la communication comme support à l’enseignement
et à l’apprentissage. Plus spécifiquement, notre
ambition est de re-situer la formation à distance dans sa
perspective historique et culturelle, d’une part, et d’indiquer
les questionnements relatifs au rôle des technologies comme
support à l’activité des acteurs engagés
dans la formation en ligne, d’autre part.
Cet éditorial nous amène à explorer le champ
de la formation à distance en tenant compte d’une part
de son lien avec la formation en présence et, d’autre
part, avec la formation en ligne. Il nous apparaît qu’historiquement,
l’enseignement en présence incarné par l’université
campus et la formation à distance2
par l’université à distance, sont, tout compte
fait, demeurés relativement étrangers l’un à
l’autre. Schématiquement, professeur et étudiant
sont le plus couramment, les deux acteurs clés de l’enseignement
en salle. Quant à la formation à distance, ce sont
professeur, apprenant et formateur3.
Enseignement en présence et formation à distance incarnent
des modèles pédagogiques qui leur sont propres et
qui déterminent leurs pratiques d’enseignement et de
formation.
Aujourd’hui, la conjonction de ces pratiques sur le terrain
de la formation en ligne rend difficile une conceptualisation partagée
de ce que sont ces acteurs et une représentation claire et
commune de leurs activités respectives étant donné
la spécificité et la singularité des univers
pédagogiques en cause. C’est pourquoi prétendre
que la formation à distance et la formation en ligne ne font
qu’un est non seulement une erreur historique mais aussi et
surtout épistémologique. La formation en ligne, issue
de l’intégration des technologies de l’information
et de la communication est un mode de formation qui donne lieu à
un ensemble d’innovations technologiques et pédagogiques
en conviant à son développement autant les pédagogues
et les didacticiens que les informaticiens. La formation en ligne
allie la recherche et la pratique de terrain, cette dernière
se caractérisant par des initiatives fort diverses.
Ce texte introductif comprend trois parties. La première
se centre d’abord sur les aspects de la formation universitaire
à distance en tant que composante standard de plusieurs systèmes
éducatifs nationaux. Puis, la cohabitation de la formation
campus et de la formation à distance est discutée
ainsi que leur pratique pédagogique et l’arrivée
des technologies de l’information et de la communication comme
une occasion de coopération entre ces deux types de formation
dans la définition de la formation en ligne. La deuxième
partie touche aux interrogations posées par les chercheurs,
particulièrement des universités campus sur les pratiques
mises à jour par la formation en ligne, souvent transposées
des pratiques des universités à distance, concernant
le support aux activités des acteurs, principalement, de
l’apprenant et du tuteur. La troisième partie présente
le contenu de ce numéro spécial tout en demeurant
attentif au cadre fourni par cette introduction.
2. Technologies et formation universitaire
à distance
L’Open University de la Grande-Bretagne, la Télé-université
du Québec ou le Centre National d’Enseignement à
Distance (CNED) de France n’ont pas attendu l’économie
du savoir ou la société de l’information pour
développer le secteur de la formation à distance.
Le CNED, bien qu’en tête de liste des établissements
français de formation à distance, ne constitue pas,
à proprement parlé, un établissement universitaire
de formation à distance. Son originalité, selon Jacques
Perriault [Perriault95],
réside dans la multiplicité de ses rôles dont
celui de formation universitaire en coopération avec des
universités campus et le Centre national des arts et métiers
(CNAM). Le fait que le CNED ne fasse plus de recherche aujourd’hui
l’éloigne des modèles universitaires qui revendiquent
l’articulation entre l’enseignement et la recherche.
Néanmoins il reste encore perçu comme l’établissement
de formation à distance de référence en France.
Michael Power [Power02]
précise que, dans le contexte de l’enseignement supérieur,
l’enseignement à distance a connu une évolution
rapide qui l’a amené de son berceau, les campus universitaires
dits "traditionnel"4,
à des université d’enseignement à distance,
universités sans campus conçues selon un modèle
industriel de design, de production et de diffusion du savoir à
distance [Keegan94].
L’engagement progressif des universités campus dans
la diffusion des cours à distance au cours des années
80, firent d’elles, selon Power [Power02],
au fils des ans, de véritables universités bimodales.
Par ailleurs, Contamines et Hotte [ContaminesHotte01]
indiquent que la rencontre entre pratiques pédagogiques institutionnalisées
et technologies de l’information
est dialectique. Elle permet de questionner les pratiques en place
et de proposer des situations d’apprentissage nouvelles intégrant
les technologies de l’information
et épousant la nature technologique de notre quotidien.
Notre objectif dans cette section est de donner un point de vue
de l’évolution historique de la formation à
distance universitaire vers la formation en ligne en introduisant
des éléments montrant l’influence réciproque
entre pratiques pédagogiques et technologies au fil de cette
évolution.
2.1. Formation à distance universitaire : une initiative
anglosaxonne ?
C’est la création de la British
Open University en 1969 qui marque le début de
l’enseignement à distance comme mode institutionnel
universitaire de formation. Cette initiative des travaillistes britanniques
répond à un désir d’accroître l’accessibilité
de l’éducation universitaire aux étudiants défavorisés
tout en brisant les contraintes spatio-temporelles de l’enseignement
universitaire traditionnel. Ce gouvernement travailliste voyait
dans cette institution un outil qui permettait aux défavorisés
de suivre des formations universitaires [Perriault95].
Au Canada, les gouvernements du Québec et du Manitoba ont
emboîté le pas par la création, en 1972, sur
le modèle de l’Open University, de deux universités
unimodales de formation à distance : la Télé-université
pour le premier et de l’Athabasca University
pour le second. Pour Kashitsin [Kashitsin96]
it seems that they (professionals who initiated
the Télé-université and Athabasca University)
were really interested to create absolutely new, innovative approach
in education, to create the learning environment for special conditions
in different parts of Canada. En France, c’est à
partir de 1985 que les effectifs de la formation à distance
décollent. Dans le même temps, les technologies de
l’information et de la communication sont au point notamment
magnétoscopes et minitels. La culture générale
s’imprègne de l’usage de ces techniques, contrairement
à la période antérieure où il était
de bonne mise de renâcler à leur emploi [Perriault95].
C’est aussi dans les années 80 que les universités
campus adoptèrent la bimodalité pour tenter de s’adapter
à une série de changements dus à des modifications
économiques et sociales en offrant des cours à distance.
Toutefois, comme le note Power [Power02],
le développement et le fonctionnement de cette bimodalité
ne semblaient pas uniformes dans les universités campus où
se développait un ensemble d’actions, d’initiatives
qui, tout en étant très variées quant à
la méthodologie du design pédagogique et aux
technologies utilisées dans la diffusion de l’enseignement
demeurait peu documenté, contrairement aux établissements
unimodaux de formation à distance qui dès leur ouverture
produisaient des cours selon le modèle industriel, ce qui
nécessitait la division et la spécialisation des tâches
et l’économie d’échelle [Power02].
Les années 90 ont vu plusieurs universités vouées
à la formation à distance comme l’Open
University, la Télé-université
et l’Athabasca University
intégrer l’usage des technologies de l’information
et de la communication dans la médiatisation et la diffusion
de leur enseignement. Ces universités apportaient un remède
à la solitude de l’étudiant à distance,
en rendant opérationnels des systèmes de communication
assistée par ordinateur. Avec un modem et un logiciel de
communication, l’ordinateur ouvrait les portes d’un
nouvel univers virtuel en mettant en interaction personnes et idées.
Aussi isolé que soit l’étudiant à distance,
l’université, revêtant la forme d’un petit
serveur entretenu par un animateur de réseaux, n’était
plus qu’à quelques touches de clavier [Hotte98].
2.2. Le choc des modèles pédagogiques
Il ne faut pas être dupe en se plaisant à croire que
cette propension des universités campus vers des structures
bimodales de formation constituait une intégration des pratiques
pédagogiques en cours dans la formation à distance.
Au contraire, ces décisions sont motivées par un esprit
de concurrence d’une part, ou s’inscrivent dans une
stratégie de régionalisation de manière à
satisfaire les besoins de nouveaux bassins d’étudiants,
d’autre part. C’est aussi dans cet esprit que sont nées
les approches françaises visant à se doter de campus
ou d’universités virtuelles au nom de l’intégrité
territoriale régionale. Jacques Perriault
[Perriault95] constate que la régionalisation, décidée
en France en 1981, conduit les collectivités territoriales
à de multiples initiatives de développement de formations
ouvertes et à distance, notamment le Nord – Pas de
Calais, les Pays de Loire, Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes
et le Conseil Général de la Vienne. Les ministères
de l’éducation nationale et de la recherche du gouvernement
français5 ont lancé
successivement, en 2000, 2001 et 2002, trois appels à projets
pour la constitution de "Campus numériques
français" 6 dans
le but d’arriver à construire une offre nationale de
formation ouverte et à distance (FOAD)
de qualité et compétitive sur le marché international.
On note qu’en avril 2003, 64 campus numériques FOAD
sont labellisés. Au fil des ans, la formation à distance
se présente comme une solution somme toute économique
aux besoins d’actualisation des connaissances et des savoir-faire
de la main-d’œuvre en fonction des exigences du marché.
Les technologies de l’information et de la communication contribuent
largement à la promotion de la formation à distance
par le développement et le raffinement des télécommunications,
définies, grossièrement, comme la communication entre
des personnes et des ordinateurs localisés à des points
éloignés. Dès lors deux formes d’enseignement,
l’une sur campus et l’autre à distance se côtoient
dans une même université et visent, toutes les deux,
le développement de connaissances chez un apprenant
Cependant, lorsque l’on compare la pratique d’enseignement
en vigueur sur campus avec celle à distance, on constate
rapidement que l’une et l’autre peuvent s’exercer
de manière fort différente. Sur campus, le professeur
est l’acteur principal de l’enseignement. Il diffuse,
à l’oral, son savoir à un groupe d’apprenants
réunis dans une salle et il encadre directement la démarche
d’apprentissage de chacun.
Dans ce virage vers la formation à distance, certaines universités
campus qui optent pour la bimodalité (enseignement en présence/formation
à distance) ont une tendance à adopter une approche
en formation à distance qui reproduit le modèle pédagogique
campus, en véhiculant les connaissances à distance
par une mise en contact direct (synchrone) du professeur et des
étudiants géographiquement éloignés.
Ces formes d’intervention à distance font, en général,
abstraction du temps. Elles visent plutôt à recréer
un lien avec le professeur cela, en négligeant parfois les
contraintes professionnelles, familiales et sociales de l’apprenant,
en général, un adulte [Hotte98].
Les universités campus ont continué de pratiquer
une méthodologie de design pédagogique peu
industrialisée, s’appuyant principalement sur la relation
professeur-étudiants, même lorsque l’enseignement
était médié et assisté par les technologies.
Elles empruntent des technologies permettant le maintien en place
de l’approche magistrale campus et l’intervention professorale
demeure axée sur son enseignement [Power02].
Ces technologies offrent donc au professeur, héritier d’un
modèle éducatif millénaire, la possibilité
d’une interaction professeur-groupe d’apprenants en
temps réel. L’initiative
du Campus virtuel suisse (CVS), constate Jean-Luc Gurtner [Gurtner02],
a popularisé la notion d’enseignement virtuel et fait
naître un peu partout un optimisme souvent exagéré
sur les bénéfices à attendre d’une telle
innovation et aussi, et peut-être surtout, sur la facilité
avec laquelle on allait pouvoir les obtenir. C’était
oublier que l’enseignement virtuel n’est pas seulement
un changement de technologie ni même une innovation pédagogique,
c’est un véritable changement de paradigme.
Et pour John Daniel [Daniel96],
ce changement de paradigme est "moving the
focus to learning, rather than teaching".
Selon Keegan [Keegan86],
la formation à distance se caractérise par les éléments
suivants :
-
une séparation presque permanente du professeur
et de l’apprenant ;
-
une influence directe de l’établissement
d’enseignement sur la planification et la préparation
du matériel d’apprentissage, ainsi que sur les
services dispensés à l’étudiant ;
-
une utilisation de moyens techniques dans un
processus de médiatisation du contenu ;
-
un accès de l’étudiant à
un système de communication pour lui permettre d’établir
un contact avec son établissement de formation ;
-
une absence quasi régulière de
groupe d’apprentissage, la formation étant perçue
davantage comme un acte individuel que collectif7.
Il est clair que l’apparition de la formation à distance
dans l’enseignement supérieur a mis en évidence
les différences profondes entre les pédagogies campus
souvent à caractère artisanal, c’est-à-dire
fondées sur l’initiative créative du professeur
comme l’unique artisan de son enseignement dans sa forme et
son contenu, et celles mises en place par la formation à
distance à caractère industriel fondées
sur une utilisation massive de la technologie éducative.
L’université à distance pratique un enseignement
complètement médiatisé8,
occasionnant, dans le temps et dans l’espace, une séparation
quasi-complète du professeur et de l’étudiant.
La diffusion des enseignements privilégie le mode asynchrone
et se réalise surtout au moyen de technologies unidirectionnelles.
L’encadrement pédagogique est offert par des tuteurs
en mode asynchrone utilisant le courrier postal ou électronique,
et le forum de discussion en ligne ainsi que de manière synchrone
par téléphone en communication individuelle et de
groupe (audioconférence) pour rejoindre leurs étudiants
et pour leur fournir le soutien nécessaire à la réalisation
de leur apprentissage. Aux dires de Jacques Perriault [Perriault95],
dans les pays anglosaxons, les correcteurs, car il identifie deux
qualifications principales qui traditionnellement distinguent les
professeurs de la formation à distance (la rédaction
et la correction), ont eu de tout temps une fonction de tutorat
qui n’existe pas dans le système français. Le
tuteur est en fait un conseiller pédagogique affecté
à chaque étudiant. Perriault [Perriault95]
ajoute qu’ "en France, beaucoup
de professeur-correcteurs évoluent progressivement vers cette
fonction de tuteur".
Pour assurer le développement (conception et production)
d’un cours à distance, la majorité des établissements
universitaires unimodaux de formation à distance ont opté
pour l’équipe pédagogique ayant à sa
tête un professeur assisté d’un pédagogue
et d’autres spécialistes venant du secteur de l’édition
et de la production. Selon cette démarche, un cours est développé
grâce aux efforts d’une équipe de spécialistes
en conception et en production, en suivant un long processus de
design et de rédaction. Tout y était différent
du cours traditionnel puisqu’on remettait en question certaines
prémisses pédagogiques relatives au contact professeur-étudiant
[Power02].
Les conditions de réussite de la formation à distance
sont au nombre de quatre pour John Daniel [Daniel96].
Ce sont :
-
la qualité irréprochable des contenus
de cours qui, tout compte fait, sont aisément accessibles.
Ces contenus sont donc validés selon un processus de
qualité faisant appel à des spécialistes
externes ou internes, selon le cas.
-
un important personnel d’encadrement (suivi)
dont le rôle est d’accompagner l’étudiant
à toutes les étapes de son parcours, de son inscription
à l’obtention de son diplôme.
-
une logistique sans faille pour donner à
chacun accès au matériel approprié au moment
souhaité. Par exemple, certaines universités offrent
une inscription continue, ceci signifie qu’un étudiant
peut s’inscrire à n’importe quel jour de
l’année et suivre son cours.
-
une forte base de recherche et de développement.
2.3. À l’heure des technologies
La formation à distance, souligne Power [Power02],
a finalement franchi le seuil de sa quatrième génération
grâce aux multiples possibilités qu’offre le
WEB. Le tableau 1 Historique de la formation à distance
du point de vue des technologies utilisées illustre
les diverses phases de la formation à distance jusqu’à
l’ère des technologies de l’information et de
la communication. La ligne supérieure marque le passage du
plurimédia individuel (PMI)
au multimédia (MM), toujours
en mode individuel et local. La ligne inférieure indique
l’évolution de la formation à distance vers
la formation en ligne en passant du plurimédia collectif
(PMC) vers des environnements distribués
d’apprentissage (INTERNET).
Tableau 1. Historique de la formation à
distance du point de vue des technologies utilisées
La phase 1 est celle de l’enseignement par correspondance
(C). Elle précède la mise en place de réels
établissements universitaires de formation à distance.
La phase 2 se caractérise surtout par l’utilisation
de plusieurs média individuels (PMI), d’où le
terme plurimédia pour les désigner, et par l’encadrement
individuel des étudiants assisté par le téléphone
et le courrier postal.
Les phases 3 et 4 qui constituent la troisième génération
de la classification de Power [Power02]
correspondent à l’introduction de la communication
assistée par ordinateur dans la formation à distance
(PMC) et à l’usage d’hypermédia
en réseaux (INTERNET) pour
la diffusion des contenus. À la phase 3, on retrouve davantage
les plurimédia collectifs (PMC)
formés, d’une part, par le matériel de contenu
et d’apprentissage édité en plusieurs formats
(papier, audio, vidéo et numérique) que l’étudiant
reçoit par courrier postal et, d’autre part, la communication
assistée par ordinateur, dédiée à la
communication entre apprenants et, entre apprenants et tuteurs.
Avec la venue de l’ordinateur personnel à la maison,
la communication assistée par ordinateur, nommée,
dans un contexte éducatif, télématique pédagogique,
s’est imposée comme une nouvelle réalité
de l’environnement multimédiatisé d’apprentissage
pour l’étudiant à distance. Elle se définit
comme l’association de l’informatique et des télécommunications
dans l’offre d’un ensemble de services rendus disponibles
par un réseau de communication et accessibles par des ordinateurs
et des personnes localisés à des points éloignés.
Elle se présente comme une solution intéressante aux
contraintes de temps et d’espace auxquelles est soumise la
formation à distance, en rendant possibles la mise en communication
continue des étudiants localisés en des endroits différents
et disponibles à divers moments, ainsi que la formation de
réseaux d’échanges entre des groupes d’étudiants.
Le développement, l’expérimentation et l’usage
de modèles d’encadrement pédagogique assisté
par ordinateur en formation à distance [Hotte93]
ont instauré une suprématie du groupe sur l’individu.
Dans les faits, un glissement de l’individu vers le groupe
a été observé dans l’intervention tutorale
modifiant le rôle traditionnel du tuteur en celui de facilitateur,
exercé dans un contexte de téléapprentissage
coopératif [Hotte98].
À la phase 4, on introduit les hypermédias accessibles
sur les réseaux par l’intermédiaire d’Internet,
ce qui a permis de concevoir et de développer des environnements
interactifs d’apprentissage distribués alliant, cette
fois-ci, information et communication (INTERNET).
Ces environnements sont le produit d’une ingénierie
des systèmes d’apprentissage dont le scénario
pédagogique est le rouage central.
La quatrième génération qui correspond aux
phases 5 et 6 du tableau 1 est en cours. On y retrouve l’usage
intensif du multimédia (MM),
soit des formations qui intègrent les divers formats (papier,
audio, vidéo et numérique) sur un seul support. Le
produit est accessible, en mode local, sur le poste de l’apprenant.
Cependant, cette quatrième génération se caractérise
surtout par la formation en ligne (phase 6) qui est vite devenue
un carrefour où se rencontrent l’université
et l’entreprise d’une part, mais, surtout l’université
campus et l’université à distance, d’autre
part.
3. Sur le terrain de la formation en ligne
La formation en ligne se fonde sur l’utilisation quasi exclusive
des technologies de l’information et de la communication qui
deviennent alors une composante de la formation elle-même.
La formation en ligne est une construction techno-pédagogique,
c’est-à-dire émergeant de la rencontre de nécessités
pédagogiques et de possibilités technologiques. Ce
caractère technopédagogique de la formation en ligne
met en évidence des pratiques de la formation à distance
fondées sur une méthodologie de design pédagogique
et sur un usage des médias peu mis en œuvre, jusqu’à
aujourd’hui, par les universités campus. Ces pratiques
mises à jour par la formation en ligne amènent alors
les universités campus à les interroger ouvertement
et, le cas échéant, à les enrichir d’un
éclairage nouveau ; c’est ce que nous allons montrer
dans cette partie. Cependant ceci ne se fait pas aisément
et, par le fait même, confirme notre prétention énoncée
plus tôt, c’est-à-dire que la conjonction des
pratiques de l’enseignement traditionnel et de la formation
à distance sur le terrain de la formation en ligne rend difficile
une conceptualisation partagée de ce que sont ces acteurs
et une représentation claire et commune de leurs activités
respectives.
La formation en ligne, selon Paquette [Paquette00],
est gérée par un formateur, un tuteur dans la majorité
des cas, effectuant des présentations et coordonnant des
interactions en différé (mode asynchrone) avec un
groupe d’apprenants. Il assume principalement un rôle
de coordination des activités des apprenants, d’animation
des échanges entre apprenants et, surtout, de suivi de l’apprentissage
de chaque apprenant en fonction du scénario pédagogique.
En formation en ligne, apprenants et formateurs se retrouvent donc
liés dans une activité de construction de connaissances
qui se doit d’être informatiquement supportée
afin de pallier les contraintes liées à la distance.
3.1. Le soutien aux apprenants
Les formations à distance sont souvent considérées
comme la planification d’un aménagement des connaissances
de manière à ce que l’interaction directe, donc
sensible, s’établisse entre un champ de connaissances
aménagé, médiatisé et un étudiant
ou des étudiants [RigaultRicciardi82],
[BergerAl00]
plutôt qu’entre un professeur et son ou ses étudiants.
L’inconvénient d’une telle approche pourrait
être de surestimer les capacités
d’autonomie des étudiants. En effet, suivre une formation
en ligne requiert des aptitudes particulières telles que
:
-
identifier le dispositif de communication à
distance dans lequel on se situe, à choisir en fonction
de la situation un mode de communication synchrone ou asynchrone,
en point à point ou multipoints, à évaluer
et à gérer le temps d’utilisation d’un
média, à formuler linguistiquement le problème
rencontré [Perriault96] ;
-
savoir se débrouiller seul en situation
complexe mais aussi à collaborer, à s'orienter
dans les contraintes et les nécessités multiples,
à distinguer l’essentiel de l’accessoire,
à ne pas se noyer dans la profusion des informations,
à faire les bons choix selon de bonnes stratégies,
à gérer correctement son temps et son agenda [Linard00] ;
-
fixer son propre cadre de travail ; car,
comme le précise Boullier [Boullier00]
c’est sans doute ce qui est le plus difficile dans la
formation en ligne et c’est pourtant ce qui est présenté
comme la suprême liberté.
Cet ensemble d’aptitudes, et il en manque certainement, montre
le degré de compétences requis pour suivre une formation
en ligne. Cette capacité de gestion le plus souvent métacognitive,
autrefois exigée des seuls cadres supérieurs, devient
un prérequis pour tous alors qu’elle est faible ou
absente chez une majorité d’individus [Linard00].
On pourrait penser que cette autonomie, tant désirée,
s’acquiert avant l’entrée à l’université
mais il n’en est rien [Quéré02].
Une des raisons semble être le fait que la plupart des gens
ne connaissent pas vraiment leur potentiel d'apprenant car, leur
expérience d’apprentissage et leur vécu se limitent
à être enseignés. Le résultat est qu'ils
n'ont jamais appris à apprendre. En poussant plus avant,
on pourrait être amené à penser que cette absence
d’autonomie serait un des facteurs qui expliquerait les taux
élevés d’abandon en formation à distance.
Il est donc important de prendre en compte cette faiblesse ou absence
d’autonomie chez une majorité d’étudiants
et de les aider à la développer car, comme le précise
Linard [Linard00],
l’autonomie n’est pas une
simple qualité mais un mode de conduite intégrée
(une métaconduite) et, pour la plupart des individus, cette
conduite ne faisant pas naturellement partie de leur répertoire,
elle doit être apprise. Nous ne serons donc pas
étonnés que des travaux de recherche en cours, plutôt
menés par des chercheurs travaillant en université
campus, portent sur l’identification de types d’activités
et de formes de synergies entre la machine, les apprenants et les
enseignants à mettre en œuvre pour soutenir l’apprenant
à distance dans une démarche d’apprentissage
autonome.
3.2. Le soutien aux tuteurs
L’expérience acquise depuis de nombreuses années
au sein des universités à distance montre qu’un
suivi pédagogique permanent des étudiants constitue
un des points essentiels pour que le système fonctionne [Linard00].
Des travaux menés sur les tuteurs dans le projet LEARN-NETT
[CharlierAl99],
nous retenons, parmi les difficultés repérées,
celles :
-
du manque de régularité des échanges
entre apprenants et tuteurs ;
-
de la surcharge d’informations à
transmettre aux étudiants ;
-
du choix du moment opportun (et nécessaire)
pour la directivité.
Le choix du meilleur moment pour intervenir est d’autant
plus difficile que le tuteur travaille en aveugle
[DHalluinAl01].
Le tuteur doit essayer de comprendre, de déchiffrer, de reconstituer
un puzzle d’activités des stagiaires sans avoir toutes
les données. Dans certains contextes de projets distribués,
l’enseignant n’est plus à même d’appréhender
directement la progression individuelle des apprenants dans leurs
productions intermédiaires [BergerAl00].
Pour résoudre ce problème des travaux, issus d’université
campus, proposent de soutenir informatiquement les enseignants en
vue du suivi pédagogique individuel ou collectif des activités
[Leroux03],
[Pernin99].
L’enseignant actif auprès des étudiants au moment
de leur apprentissage à distance correspond à toute
la préoccupation qu’a depuis toujours la formation
en présence dans son projet de diffuser ses enseignements
à distance. Pour l’université à distance,
avec son expérience de l’encadrement pédagogique
confié à des tuteurs agissant comme des acteurs intermédiaires
entre le professeur et l’apprenant au cours de la formation,
cet effort de soutenir informatiquement l’enseignant sera
dirigé vers les tuteurs et pour les mêmes raisons que
celles évoquées précédemment.
4. Le contenu du numéro spécial
La formation en ligne se répand rapidement. Déjà
des milliers de cours sont disponibles sur Internet, quel que soit
l’endroit où l’on décide de les suivre,
et peu importe le moment [Paquette02].
Toujours selon ce dernier, le vaste mouvement irréversible
qui nous conduit vers une société du savoir met en
évidence l’importance nouvelle que prend l’apprentissage
humain. La formation en ligne s’impose comme une réponse
adéquate aux soucis des gouvernements et des administrations
de proposer des modes de formation ouverts et à distance
pour mieux s’arrimer aux exigences d’une société
du savoir et, surtout, pour relever les défis imposés
par la mondialisation de la formation. Pour Jacques Perriault [Perriault95],
cette mondialisation vient du fait que toutes les régions
du monde connaissent un développement similaire de la formation
à distance, aussi bien les régions développées
que celles en voie de développement. Toutes butent en effet
sur l’incapacité des systèmes éducatifs
à satisfaire globalement la demande. Désormais, ajoute-t-il,
formation ouverte et nouvelles technologies sont prises en main
par les gouvernants pour faire face à ces problèmes.
Est-ce que le dialogue entre les deux mondes de l’enseignement
en présence et de la formation à distance est vraiment
amorcé dans le cadre de la formation en ligne ? Les efforts
sont-ils concertés pour se doter comme le souligne John Daniel
[Daniel96]
d’une technology-based teaching qui, selon lui, est
le véritable but ? Ces efforts sont soutenus par l’apport
des informaticiens qui viennent se joindre aux pédagogues
et aux didacticiens pour la conception et le développement
de plateformes informatiques dédiées à la formation
à distance mais également pour participer aux activités
touchant les questionnements de l’heure comme, entre autres,
les normes et standards [David03],
la définition des objets pédagogiques et leur interopérabilité
[Pernin03].
Ce premier numéro spécial de STICEF - Technologies
et formation à distance - regroupe toutes ces
préoccupations à saveur technologique bien sûr
mais aussi à saveur pédagogique. Il quête auprès
des chercheurs et praticiens, œuvrant dans des contextes universitaires
soit campus, soit à distance, le fruit de leur travail qui
prend la forme, d’une part de méthodes, de techniques
et d’outils développés et expérimentés
dans des usages auprès de sujets engagés dans des
apprentissages à distance et, d’autre part, d’interventions
sur le terrain menées par des pédagogues au statut
divers dans le but d’enrichir l’offre de formation de
leur établissement d’enseignement.
Les articles rassemblés ici sont de provenance diverse :
universités unimodales à distance dont les principaux
travaux sont issus d’une réflexion sur l’ingénierie
des systèmes d’apprentissage, universités campus
en phase d’exploration des technologies pour introduire la
formation à distance comme mode de diffusion de ses enseignements
ou, encore, de praticiens pédagogues ou informaticiens qui
s’adonnent à des travaux collaborant ainsi à
l’enrichissement du domaine de la formation en ligne. L’ensemble des articles
accueillis traite de recherches ou d’expériences menées
dans les contextes d’enseignement et de formation tels que
nous les avons abordés dans cette introduction.
Dans un premier temps, nous y retrouvons des travaux menés
par des équipes rattachées à des universités
à distance comme c’est le cas pour les articles de
Gilbert Paquette et al sur la construction et la gestion d’une
banque de ressources en téléapprentissage à
partir d’une ontologie, d’Aude Dufresne et al sur un
modèle générique d'assistance aux acteurs du
téléapprentissage qui permet de décrire des
systèmes d’assistance pour tout système informatisé
distribué ou non, quel que soit le domaine de connaissances
et quel que soit l’acteur du téléapprentissage
(apprenant, concepteur, formateur-tuteur, etc.) qui utilise l’assistance,
et de Valéry Psyché et al qui, pour sa part, explore
le potentiel de l’ontologie et de l’ingénierie
ontologique pour augmenter l’intelligence dans les environnements
de formation à distance.
Dans un deuxième temps, nous y retrouvons des travaux issus
d’individus et menés dans des contextes de formation
plus traditionnels comme c’est le cas de ceux de Nathalie
Masseux qui tente de saisir la complexité « temps réel
» d’une interaction didactique médiée
par ordinateur, de Sébastien George qui essaie de déterminer
les comportements sociaux d’apprenants engagés dans
une conversation textuelle synchrone à distance et de Max
Giardina et Oubenaissa Laila qui présentent deux dimensions
d'un projet de téléapprentissage où se conjuguent
apprentissage et enseignement. Ces deux derniers auteurs proposent,
pour l'amélioration de la qualité des cours en ligne,
qu'une attention particulière soit accordée aux compétences
sociocognitives visant la négociation, l'argumentation et
la restructuration des connaissances. À ces trois derniers
articles, s’ajoute celui d’André Tricot et Fabienne
Plégat-Soutjis qui présentent ce que pourrait être
une approche ergonomique de la conception d’un dispositif
de formation utilisant les TIC et visant à améliorer
le travail des concepteurs et des utilisateurs de tels dispositifs
de formation en les aidant à élaborer et à
partager une représentation commune du but et du processus
de conception.
Ces sept articles de recherche sont complétés par
deux rubriques qui décrivent chacune une expérience
de terrain singulière qui, malgré son intérêt,
ne pouvait être considérée comme une contribution
réellement scientifique au domaine. En revanche, ces deux
expériences de terrain nous sont apparues suffisamment intéressantes
et significatives dans le contexte de ce numéro spécial
sur Technologies et formation à distance pour les publier
sous forme de rubrique. La première, signée par Michel
Arnaud, aborde la question des comportements des étudiants
et s’interroge sur l’application du modèle collaboratif
à des cohortes nombreuses en utilisant des outils informatiques
permettant de démultiplier l’action des tuteurs. La
deuxième, celle de Lydie Réné-Boullier, porte
sur la mise à distance du diplôme en ingénierie
de communication technologique et industrielle (DICIT) à
l’Université Technologique de Compiègne (France).
Plus particulière, cette rubrique s’attarde sur le
rôle du coordinateur pédagogique et sur l’accompagnement
personnalisé des étudiants, dans ce contexte particulier
de formation à distance.
Remerciements
En premier lieu, nous tenons à remercier le comité
de rédaction de la revue STICEF d’avoir accepté
que nous réalisions ce numéro spécial Technologies
et formation à distance et pour son soutien tout
au long de sa préparation
En deuxième lieu, nous voulons souligner l’assistance
que nous a apportée Éric Bruillard, directeur de la
revue STICEF, par ses conseils judicieux et, surtout, pour avoir
accepté généreusement de relire l’introduction
de ce numéro.
En troisième lieu, nous souhaitons souligner la participation
de Pierre Gagné, professeur à la Télé-université
et directeur du Groupe interuniversitaire de recherche en formation
à distance (GIREFAD) et de Sébastien
George, maître de conférence à l’Institut
national des sciences appliquées (INSA)
de Lyon et chercheur au laboratoire Interaction Collaborative, Téléformation,
Téléactivités (ICTT)
de Lyon. Les deux ont accepté d’effectuer une dernière
lecture de l’introduction.
Enfin, nous tenons à témoigner notre gratitude à
la Commission permanente de la coopération scientifique franco-québécoise
qui a financé pendant quatre ans les deux phases d’un
projet nommé LÉA,
projet commun au Laboratoire d’Informatique de l’Université
du Maine (LIUM) en France et au Centre de recherche LICEF
(Laboraoire en Informatique cognitive et environnements de formation)
au Québec. C’est par l’intermédiaire de
ce projet que nous avons pris conscience des conceptions variées
de la formation à distance dans ses intentions, dans la définition
de ses pratiques et dans le développement et l’usage
de dispositifs issus de la technologie et, cela, autant entre nos
pays qu’au sein de nos pays.
Références
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Site Internet
SDTICE : www.educnet.education.fr/superieur/campus.htm
(avril 2003)
[1] Ce terme est propre
à la formation à distance qui rend accessibles à
distance les formations par des moyens de communication. Elle emprunte
le terme à la radiodiffusion.
[2] Nous emploierons
le terme formation à distance
pour désigner, à la fois, l’activité
d’enseignement et l’activité d’apprentissage,
les deux, bien évidemment, séparées dans le
temps ainsi que dans l’espace et réalisées d’une
part, par le professeur concepteur et, d’autre part, par l’étudiant.
Nous réservons le terme enseignement à distance pour
désigner l’activité d’enseignement dans
le sens commun du terme.
[3] Dans le contexte
des universités de formation à distance comme, entre
autres, l’Open University, l’Athabasca University
et la Télé-université, le formateur est un
tuteur. Le tuteur est un acteur différent du professeur que
nous considérons comme un acteur intermédiaire entre
le professeur, concepteur de la formation et l’apprenant qui
réalise les apprentissages qui lui sont proposés.
Son rôle principal est d’assurer un encadrement (suivi)
de la démarche d’apprentissage de l’étudiant
au moment où ce dernier la réalise. Nous entendons
par encadrement pédagogique le suivi des apprentissages à
distance.
[4] Power utilise ici
le terme "traditionnel" dans le même
sens que Keegan [Keegan 96] dans l’intention de distinguer
ce type d’établissement du type d’établissement
d’enseignement à distance.
[5] L’information
concernant la constitution des campus numériques en France
provient du site du ministère français de la jeunesse,
de l'éducation nationale et de la recherche, direction de
la technologie – SDTICE :
www.educnet.education.fr/superieur/campus.htm,
2003.
[6] On définit
le campus numérique comme un dispositif de formation centré
sur l’apprenant proposant des services innovants par les technologies
numériques.
[7] Le groupe
d’apprentissage se définit ici comme le
regroupement physique des apprenants
dans un même lieu et à un même moment dans une
démarche collective d’appropriation de connaissances
et d’acquisition de savoir-faire, par la réalisation
d’activités inhérentes à un programme
de formation. C’est pourquoi l’expression acte
collectif est associée à ce type de
formation.
[8] Selon Power [Power02],
le terme médiatisation se réfère à une
application systématique de divers médias dans le
développement de cours modulaires et diffusés à
distance, ce qui a pour résultat un niveau variable de substitution
médiatique du professeur auprès de ses étudiants.
A propos des auteurs
Richard
HOTTE possède un doctorat en technologies de l’information
appliquées à la formation et à la communication
(didactique des disciplines) de l’Université Paris
7 – Denis Diderot. Il est professeur à la Télé-université
et chercheur au Centre interuniversitaire de recherche en téléapprentissage
(CIRTA) auquel est affilié le
Centre de recherche LICEF de la Télé-université
où il mène des travaux portant sur des thématiques
liées aux Communautés virtuelles et formation, à
la relation pédagogique dans des environnements distribués
d’apprentissage, aux formateurs en ligne et à l’instrumentalisation
des acteurs - concepteur, formateur, apprenant - dans
la formation en ligne. Ses interventions touchent l’encadrement
pédagogique assisté par ordinateur, l’émergence
de leaders au sein d’environnements d’apprentissage
distribués, les communautés de pratique/collectifs
intelligents d’apprentissage. Richard Hotte s’intéresse
également à la réalisation d’environnements
d’apprentissage, ainsi qu’aux enjeux sociaux, culturels,
économiques, organisationnels et éducatifs des technologies
de l’information.
Adresse : 4750 avenue Henri-Julien
Bureau 100
Montréal, (Québec) H2T 3E4, Canada
Courriel : rhotte@licef.teluq.uquebec.ca
Pascal
LEROUX est Professeur en informatique à l'université
du Mans et chercheur au LIUM. Ses activités
de recherche concernent les environnements informatiques pour l'apprentissage
humain (EIAH) et plus particulièrement
les environnements de supports de projets dans des contextes de
formation en présence et à distance. Une première
originalité de ses travaux est de s'intéresser au
partenariat machine/formateur. Une seconde est de se préoccuper
de problématiques d'ingénierie éducative en
robotique pédagogique.
Adresse : Laboratoire d’Informatique
de l’Université du Maine (LIUM)
Institut d'Informatique Claude Chappe
Avenue Olivier Messiaen, 72085 Le Mans cedex 9, France
Courriel : Pascal.Leroux@lium.univ-lemans.fr
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